« Le maillot à pois, je me le suis approprié »

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« Le maillot à pois, je me le suis approprié »
SAMEDI 4 JUILLET 2015
SUDPRESSE
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RICHARD VIRENQUE EN A RAMENÉ SEPT À PARIS. UN RECORD !
« Le maillot à pois, je me le suis approprié »
L’édition est symbolique, les
bougies, de sortie. Cette année, le Tour de France célèbre
les quarante ans du maillot à
pois. Ce tricot qui consacre
le panache, la générosité de
l’effort par-delà les cimes,
théâtre rêvé d’un imaginaire
de conquérant tant fantasmé.
Ce tricot, Richard Virenque
en est forcément le meilleur
ambassadeur. Mieux, la figure
tutélaire tant il en est, à jamais,
l’incarnation. «Ce maillot, je me le
suis approprié», pose le grimpeur
français, recordman absolu
avec sept casaques mouchetées.
Soit une de plus que Lucien Van
Impe et Federico Bahamontes.
«Il incarne le courage, le panache,
une certaine forme de témérité aussi
car il ne fallait jamais être avare en
efforts. Ce maillot, il m’allait bien. Je
n’irais pas jusqu’à dire que les gens
c étaient déçus si je ne le ramenais pas
à Paris mais je me sentais poussé
par tout un peuple.»
Quand il évoque ses parties de
t manivelles, fête et faîte d’une
carrière qui compte aussi sept
étapes de prestige au palmarès, de Courchevel à Morzine
en passant par le Ventoux, matisée, les Festina prenaient des
l’œil se veut brillant, comme si produits dopants, les autres étaient
le Varois vivait, une nouvelle des saints. A ce moment-là, les insfois, cette émotion indicible. tances sportives et pénales voulaient
«Je me souviens parfaitement de que je sois le porte-parole de tout
chacune d’entre elles, comme de ma ça. Et ça, c’était hors de question.
victoire à Paris-Tours en 2001, d’ail- Quand on voit que, quinze ans plus
leurs. Là, j’avais la tête sur
tard, le Sénat sort un dosla guillotine et j’ai ensier montrant que sepvoyé un signal fort»,
tante coureurs, dont
«Ce maillo
poursuit-il. Tout
Ulrich et Pantani,
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juste les mains
étaient dopés, on
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de la chose. Mais,
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gardes-à-vue
ont
retenue, sur
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l’année 1998 et
stimulé la pertémérité»de
cette affaire de
sonne de combat
que je suis. Quand le
dopage à jamais
appelée «affaire FesVirenque est blessé, il se
tina» et associée à sa perrelève et il y va. Ma force a
sonne, leader charismatique de été là. J’ai payé très cher mais je suis
l’équipe. Mais jamais sa voix ne revenu. Le «A l’insu de mon plein
se départira de sa sympathie, gré» ? Oui, on m’en parle encore.
de son calme. «C’est le problème La phrase a même été reprise dans
d’un cyclisme malade où seule une Astérix aux Jeux olympiques (rires).
équipe a été accablée de tous les C’était juste une façon à moi d’exmaux. On a payé très cher pour tout pliquer qu’il y avait, derrière tout
le cyclisme. Cette année-là, j’arrivais ça, tout un système», poursuit-il,
en vainqueur potentiel du Tour. posément.
Deuxième l’année précédente, je De retour en 1999 chez Polti
jouais la gagne. La chose a été sché- puis dans les formations de
Patrick Lefevere, il enquillera
encore trois maillots de meilleur grimpeur. Jamais sa popularité ne souffrira de l’épisode,
le public multipliant encouragements et marque de soutien
à son «chouchou». «Ma plus
grosse fierté, c’est le respect de tout
le monde. Du milieu comme du public. Ça veut dire énormément pour
moi. Quand j’avais la tête sous l’eau,
Armstrong était bien protégé mais
lui, il était hué», glisse-t-il. «Mais je
ne suis pas là pour me plaindre. Je
ne suis pas amer. Le maillot à pois?
Il aurait pu y en avoir huit ou neuf.
Il transpire un état d’esprit, celui
d’un coureur de panache, qui ne
calcule pas…»
Sur le vélo, calculer, «Viriink»
comme on dit dans le Sud, ne
l’a jamais fait. Ses coups de pédales avaient la flamboyance
que réclamaient ses ambitions
légitimes. Et c’est tant mieux
pour la beauté du geste, tant
mieux pour le spectacle, tant
mieux pour l’homme, profondément attachant. l
LA JOURNÉE FOLLE DE RICHARD VIRENQUE SUR LE TOUR DE FRANCE
« Je finis le Tour plus fatigué
que quand j’étais cycliste »
Il le concède sans ambages,
ses journées sur le Tour sont
usantes. Certes, il ne tourne plus
les jambes mais, désormais, ce
sont les mains qui chauffent.
Signatures, selfies, sourires… le
septuple maillot à pois n’y va
pas dans la retenue. Comme à
l’époque sur la bécane, finale- ment. «Disons que maintenant, je
ne me ménage pas... mais je suis là
pour ça aussi, pour signer des autographes et faire plaisir aux gens.
Par contre, on me demande souvent
des maillots à pois… Il faudrait que
je songe à ouvrir une fabrique»,
s’amuse-t-il, expérimentant
à chaque sortie sa popularité
à faire pâlir les coursiers actuels. Sur le Tour, son emploi
du temps est chronométré.
Logique, pour l’ambassadeur
d’une marque de montres…
«Le matin, avant l’étape, direction
le village départ où je me rends
aux stands Carrefour et Festina.
Autographes, photos... Juste avant
le départ, j’enregistre une capsule
pour Europe 1 puis Eurosport avant
de me farcir la route jusqu’à l’arrivée
pour prendre l’antenne, en direct,
avec Jacky Durand et Alexandre
Pasteur sur Eurosport. Après l’étape,
j’enchaîne directement avec les Rois
de la Pédale pendant cinquante
minutes. Suivent quarante minutes
de battement, avec d’autres journalistes, avec les supporters,
avant de prendre la route
direction l’hôtel. Bref, la
journée est bien remplie… En fait, je finis le
Tour plus fatigué que
quand j’étais coureur.
Aujourd’hui, je me
mange les kilomètres
au volant, je porte
mes valises, je ne
me préserve plus.
C’est usant mais,
en même temps,
c’est tellement
gratifiant de voir
le regard des gens
que ça compense
largement.» l
« Ma
marionnette
me fait bien
rire»
Les Guignols de l’info
étaient en danger.
S’il en est un qui,
à l’égal de «Super
Menteur» ou de «Sylvestre», a écrit l’histoire
du piquant pastiche, c’est
bien Richard Virenque, récurant dans ses apparitions
avec son maillot Polti. «Cette
marionnette, on m’en parle souvent mais toujours en rigolant.
Leur but, c’est de faire passer un
peu tout le monde pour un guignol, c’est le cas de le dire, et ils
ont brillamment réussi. Honnêtement, il y a certaines séquences qu’ils ont faites qui me
font bien rire. D’ailleurs, quand
j’ai lancé ma marque de boissons énergétiques V7, j’ai même
voulu racheter la séquence avec
le moustique», s’amuse-t-il,
revenant sur ce sketch où,
allongé sur la plage, sa marionnette se fait piquer par
un moustique qui, du coup,
se transforme en avion de
chasse. l
LE POIDS DES POIS
Qui décrochera le maillot de
meilleur grimpeur, cette année?
Richard, l’œil rieur, a bien sa petite
idée. «On l’a vu les dernières années,
c’est souvent un prétendant au
classement général qui finit avec ce
maillot à Paris. Nairo Quintana l’a
fait en 2013 mais la course au jaune
recèle de pièges et prive, bien souvent,
de libertés. C’est d’ailleurs pour ça, en
2003, que je lâche mon maillot jaune dans L’Alpe
d’Huez, pour retrouver les libertés nécessaires.
Cette année, je vois bien Thibaut Pinot le
remporter.» l
l ELIO GERMANI, REPORTERS
« Je vois bien Pinot
consacré cette année »
Souriant, décontracté, disponible, Richard
Virenque a, pendant une bonne heure, répondu
à nos questions, deux jours avant de rejoindre
Utrecht et le grand départ du Tour de France.
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