Hantises et fantômes en Languedoc - Infos

Transcription

Hantises et fantômes en Languedoc - Infos
Hantises et fantômes en Languedoc
Quand le chercheur, armé de sa lanterne, remonte la nuit des temps pour fouiller au plus
lointain d’une région riche en légendes, croyances et récits les plus incroyables, il arrive aussi
qu’il soit saisi par le présent... Un présent qui, par le jeu de la transmission orale, deviendra
légende à son tour.
C’est ainsi que l’on bâtit le futur populaire d’un lieu et même d’une région, même si le
populaire peut aussi être dramatique, cruel et douloureux. C’est le cas, je pense, de cette
« maison du pendu » que j’ai découverte il y a quelques années à peine, non loin de Béziers,
en direction de Pézenas.
La maison du pendu
Cette maison, isolée au milieu des vignes est pratiquement abandonnée par son propriétaire. Il
est vrai qu’en raison du caractère insolite et inquiétant de cette maison, nul n’accepte d’y
loger. Une famille complète est pourtant venue s’installer là, un jour, parce que le père avait
trouvé du travail chez un viticulteur de Valros (à quelques kilomètres à peine). Mais ces gens
ne sont restés que trois jours.
Que s’est-il passé ? Il faut tout d’abord savoir qu’en 1978, cette maison a été le théâtre d’un
drame.
Tout a commencé par un accident de voiture dont a été victime la jeune femme qui y logeait
Mais c’est avec le mari que le drame prend corps. Ce dernier, à peine âgé d’une trentaine
d’années. supporte mal la disparition de sa jeune épouse. Un soir de décembre, peu avant
Noël, il accroche une corde à une poutre de la remise et se pend. Auparavant. et fermement
décidé à aller jusqu’au bout, il tue son chien, un berger allemand, d’un coup de fusil.
Depuis ce jour la maison est inhabitable. Voulant en avoir le cœur net, je me suis rendu un
soir sur les lieux, muni de quelques accessoires de circonstance lampe électrique,
magnétophone, détecteur à infrarouges, sans oublier un petit matelas pneumatique dans le cas
d’une attente prolongée.
Mon attente a quand même duré près de deux heures. Et puis tout à coup, des bruits se sont
manifestés.
Sortes de craquements très répétés, deglissements et de coups de plus en plus forts et violents.
Coups dans les murs, sur les portes, celles-ci s’ouvrant comme sous l’effet d’un courant d’air
alors qu’il n’y avait pas de vent ce soir-là. Ces coups me semblaient liés à quelque colère
d’outre-tombe. Il y avait aussi comme des bruits de respiration, quelque chose de froid, tout à
coup, qui m ‘enveloppait dans une ambiance d’oppression et d’angoisse. C’est en effet ce que
j’éprouvais pendant que j’enregistrais les bruits sur mon magnétophone. Et aujourd’hui
encore, quand je les écoute, tout cela est quand même assez impressionnant. Je ne suis pas
facile à décourager et je sais rester maitre de moi en toutes circonstances, mais je dois
reconnaître qu’au milieu de ces phénomènes « paranormaux », je n’étais quand même pas
tellement à mon aise.
J’ai essayé de comprendre et j’ai compris. La personne qui s’est suicidée est toujours là, du
moins son esprit, comme la corde qui, depuis ce jour, est restée accrochée à la poutre. Je
pense que cet homme n’a jamais quitté ces lieux où il a vécu des jours heureux avec une
femme qu’il aimait, m’a-t-on dit, plus que tout au monde. Et on a l’impression qu’il reste
attaché à son petit univers, lequel devient vite un enfer lorsque quelqu’un ose venir le
profaner.
Je n’ai pas insisté, mais je lui ai quand même parlé avant de partir, essayant de lui faire
comprendre que je ne lui voulais aucun mal et que je souhaitais qu’il puisse enfin trouver la
paix dans l’autre monde auprès de sa femme. M’a-t-il seulement compris, je ne sais. Et le
chien ? Ce qu’il y a de plus terrifiant, peut-être, c’est qu’en plus des coups, des frôlements et
des bruits de toutes sortes qui résonnaient dans la maison, je percevais aussi, de temps en
temps, et très nettement, des grognements et des aboiements de chien. Mon magnétophone les
a d’ailleurs très bien enregistrés. C’était la première fois que j’assistais à un tel phénomène.
Surpris, j’ai regardé au dehors, mais il n’y avait rien, ni chien ni personne autour de la maison.
J’étais bien seul au milieu des vignes. Ainsi donc, au bout de vingt ans les aboiements étaient
toujours perceptibles.
Cette histoire est à peine croyable, je le sais, et les journalistes avec lesquels je suis revenu
quelques temps après ont bien entendu, eux aussi, des bruits inconnus, inexplicables, à
l'intérieur de cette maison hantée. Alors ?
Dans une émission de télévision sur FR3, j’ai eu l’occasion de parler de cette affaire.
L’émission était en public et devant l’intérêt manifesté par bon ,nombre de spectateurs,
j‘avais proposé, avec l'accord du propriétaire, de donner la clé de la maison, aux plus
téméraires bien entendu. J’ai eu quarante-huit demandes, mais je n ‘ai pu en satisfaire que
trois, le propriétaire ne tenant pas à ce que sa maison devienne une sorte de musée. J‘ai eu
par la suite des nouvelles de ces courageux volontaires. Je puis affirmer qu‘ils sont revenus
avec des souvenirs qu‘ils se plairont de raconter dans leur vieillesse, à leurs petits-enfants.
Je pense que c’est ainsi, à partir de simples faits, que naissent les croyances et les légendes qui
animent nos régions.
La maison du malheur
Parallèlement à la maison du pendu, nous pouvons aussi parler de la « maison du malheur »
(ostal del malur), qui se trouve non loin de Montréal, à la Caoussado exactement. Il y a là un
puits au milieu d’une vigne, et dont l’histoire est bien connue des Montréalais.
Autrefois à la Caoussado, vivaient deux frères qui furent un jour obligés de partager les
champs familiaux à la mort de leur mère. Il n’en fallut pas plus pour que la brouille s’installe
entre eux, une brouille scellée par une haine mortelle. Et c’est bien ce qui arriva alors que
l’aîné travaillait un matin aux champs, en compagnie de sa femme et de leurs deux jeunes
enfants.
Le jeune frère apparaît, violent, et bien décidé à en finir. Après avoir traité son frère de voleur,
il s’acharne sur lui avec une barre de fer qu’il a pris soin de dissimuler sous sa vareuse,
Ensuite, dans sa folie meurtrière, il s’acharne sur la femme et les enfants qui tentent de
défendre la victime. Eux aussi meurent, la tête éclatée. Le meurtrier qui a perdu tout contrôle
de lui- même, retourne la barre contre sa tête et s’écroule à son tour dans une marre de sang.
Lorsque des voisins découvrent les quatre cadavres quelques heures plus tard, ils transportent
ceux-ci dans une maison voisine qui, pendant longtemps, fut appelée « l‘ostal del malur ». Le
temps a passé, certes, mais les vieux disent encore que les quatre victimes de cette haine
fratricide sont toujours là, autour du puits, fantômes éternels qui apparaissent surtout durant
les nuits d’orage.
Des puits bien mystérieux
Il existe un autre puits mystérieux qui se trouve dans la cité de Carcassonne. La légende
rapporte que les sept archers de saint Gimer ont été précipités dans ce puits pour avoir médit
sur le saint et douté des prétendus pouvoirs du diable.
Les habitants de la cité osaient s’approcher du puits entendaient, la nuit, des gémissements,
des plaintes, des supplications mêlés à des blasphèmes et des imprécations de toutes sortes.
Mais la légende va plus loin et ajoute qu’un curé maudit fut aussi précipité dans ce puits par la
volonté divine, du fait qu’il n’avait pas acquitté les messes dont il avait reçu l’argent en
compensation.
Les cris désespérés du prêtre prévaricateur montaient aussi de ce puits infernal, si bien que les
paroissiens qui allaient à la messe de minuit ne pouvaient que s'apitoyer sur ce désespoir
profond en implorant, auprès de l’Enfant Jésus, la délivrance du malheureux curé.
Le fantôme ambulant
Dans ces régions et surtout dans l’Ariège, on connaît les brouilles et les chicanes qui
divisaient autrefois les familles à propos d’une chèvre venue brouter dans le champ du voisin
ou d’un passage d’un champ à l’autre qu’on ne respectait pas, malgré les alignements imposés
par le cadastre C’est ainsi que nous avons recueilli l’histoire d’un paysan de Montségur qui
avait déplacé la borne de son champ afin de gagner quelques maigres arpents de terrain.
D’après l’histoire, il mourut à quelques temps de là. L’un de ses fils qui un soir passait près
du champ en question eut la surprise de voir le fantôme de son père qui transportait la borne
dans le terrain voisin, pour revenir aussitôt la remettre à son ancienne place et ainsi de suite, et
en disant à chaque voyage : « Aci éar, aci sira. » (Ceci est, ceci restera).
Cela dura plusieurs nuits jusqu’à ce que le fils, excédé par ce manège incessant, aille luimême remettre la borne à sa vraie place. Dès lors, le fantôme ambulant ne reparut plus.
Des marques venues de l’au-delà
D’autres récits sont aussi troublants, tel celui d’un homme qui, une nuit. et à la clarté de la
lune, voit une ombre s’approcher de son lit. Pensant à un fantôme, il lui lance : « hala o bota
marca. » (Parle ou mets une marque.)
L’ombre s’en va et l’homme se rendort. Lorsqu’il se réveille, il constate que la manche de sa
chemise de nuit est marquée par des croix, chacune d’elles indiquant une messe à faire dire.
Tel encore celui de la métairie de Sourdin (hameau de la commune de Verdun) où un revenant
coupable de nombreux délits dont il souffrait après sa mort, venait chaque soir implorer la
pitié. Le métayer lui répondit un jour « Botas i marca. » (Mets-y une marque.) Le lendemain
matin, quand il ouvrit sa porte, celle-ci était marquée par une main de sang.
Hantises et terreurs humaines
Beaucoup de ces histoires font peur, surtout si l’ambiance favorise le phénomène : solitude,
nuit d’orage, proximité d’un cimetière ou mort récente d’un parent ou d’un ami. Un meuble
craque près de vous. vous sursautez comme si un fantôme venait d’entrer dans votre chambre.
Il n’est pas dans mes intentions de critiquer ces personnes dont l’émotivité est suscitée par une
lecture ou un récit portant sur le surnaturel, la sorcellerie ou la magie noire.
Dans les veillées la peur est présente car toujours charriée par les vieilles coutumes et les
superstitions populaires. C’est le reflet des hantises d’autrefois et des terreurs humaines. Dans
la plupart des cas la peur peut se raisonner, mais elle peut être mortelle et cela peut aussi se
produire au cours d’un cauchemar.
On ne peut raisonner ses rêves, on les subit. Personne ne peut maîtriser un cauchemar et il
nous arrive quelquefois de nous réveiller en sursaut, baignés d’une sueur froide et le cœur
battant à grands coups. J’ai connu quelqu’un. autrefois, qui rêvait souvent qu’on l’étranglait.
Il se sentait mourir à chaque fois. La psychanalyse freudienne aurait certainement pu
expliquer son cas en découvrant dans son inconscient quelques traces de névroses
traumatiques attachées à une vie onirique qui ramenait sans cesse le malade à son cauchemar,
avec toujours la même situation qui le réveillait avec grand effroi.
Les choses ont continué ainsi et une nuit l’homme est mort. On l’a trouvé dans son lit, les
mains crispées sur sa gorge. Bien entendu, nul ne peut certifier que ce monsieur a été tué par
son rêve et je ne me hasarderais même pas à le supposer. Mais il n’en demeure pas moins que
le cas est bien troublant. Il méritait d’être cité pour bien comprendre que la peur est
dangereuse. Celle provoquée par les conteurs d’histoires aux veillées nocturnes peut
traumatiser certains individus. surtout si la personne est d’une nature craintive et l’histoire
terrifiante.
Les « fantômes de l’Opéra »
Si la peur est contagieuse, elle est aussi dangereuse et celui qui veut forcer les verrous le fait à
ses risques et périls. J’ai, pour ma part, souvent forcé ce verrou depuis mon enfance, et en
voici un exemple. Autrefois, mes parents, possédaient à Béziers, le sympathique Théâtre des
Variétés où se produisaient toutes sortes de spectacles, depuis l’opérette jusqu’au grand opéra,
en passant par le café-concert et les revues à grand spectacle. Je me souviens d’un petit
bonhomme qui assurait à la fois la conciergerie, l’affichage et le bricolage indispensables à la
bonne marche de l’établissement. Il s’appelait Alexandre, et je parlais souvent avec lui
lorsque je revenais de l’école.
Voilà qu’un jour il me raconta que les artistes décédés reviennent quelquefois sur les scènes
des théâtres où ils se sont produits de leur vivant, qu’on peut les entendre chanter ou les voir
danser. Ces paroles avaient profondément frappé mon imagination et je m’en suis ouvert à
mon père, lequel a souri sans prêter foi, bien entendu, à ces curieux propos.
Mais le doute restait en moi et le soir je m’enfermais dans ma chambre, terrorisé par la pensée
que des fantômes puissent venir dans le théâtre la nuit, et je m’enfouissais sous les draps,
l’oreiller sur la tête.
Cela a duré quelques temps et puis un soir, j’ai voulu savoir. N’y tenant plus, et essayant de
dominer ma peur, j’ai quitté ma chambre et dans l’obscurité je me suis rendu dans la salle de
spectacle à hauteur des fauteuils d’orchestre. J'en ressens encore la terrible impression. Tout
était noir. Par un vasistas laissé ouvert, la pâle clarté de la lune parvenait jusqu’à la scène, ce
qui me permettait d’en distinguer le contour. Je tremblais, mais je me maitrisais tant que je le
pouvais : je voulais savoir.
Et puis, tout à coup, des êtres sont apparus sur la scène, vêtus de toutes sortes de costumes, et
avec des visages cadavériques, sans expression aucune, comme d’atroces poupées qui
dansaient sur une musique que je n’entendais pas. C’était effrayant et je les voyais comme
dans mon imagination, le soir, au lit et enfoui sous les draps.
C’est alors que j’ai entendu du bruit derrière moi. Je me suis retourné, mon père était là. Il
s’était étonné de voir la porte de ma chambre ouverte et avait parfaitement compris ce que je
cherchais. « Tu vois, m’a-t-il dit en me mettant la main sur l’épaule, il n’y a rien, il n’y a
jamais rien eu. On t’a raconté des sottises. »
J'ai regardé la scène : les « fantômes » avaient disparu, il n’y avait plus rien. J’ai compris plus
tard que j’avais moi-même projeté sur la scène les images issues de mon imaginaire. J’avais
vaincu ma peur, certes, mais j’avais appris aussi qu’il existait de fausses croyances
susceptibles de provoquer cette peur terrible, quelquefois paralysante, qui peut aussi conduire
à la mort.
Et puisque nous parlons de fantômes...
Au cours d’une veillée, dernièrement, il m’a été raconté l’histoire d’une jeune fille qui venait
de mourir et qui, peu avant sa mort, avait tricoté un très beau fichu blanc. Mais la mère,
voulant conserver le fichu, en a mis un autre, vieux et troué, dans le cercueil. L’histoire
rapporte que la nuit même de l’enterrement, la fille réapparut devant sa mère pour lui
réclamer le fichu blanc. L’exhumation du corps eu lieu et la mère repentante enveloppa le
cadavre de sa fille du joli fichu blanc. Le fantôme de la jeune fille ne se manifesta plus.
Fantôme à Perpignan ?
On parle du Castillet, cette ancienne prison commune située en plein cœur de la ville et qui
remonte au XVe siècle. Et le fantôme de qui ? Il nous est dit qu’une ouverture pratiquée sur
fenêtre obturée se trouvant à côté de la statue de la Vierge a révélé un réduit d’à peine 3 m de
long sur 80 cm de large. Se trouvait là le squelette d’un enfant reposant sur un terreau
d’environ 60 cm. Et aussitôt, quelques vieilles langues sont allées jusqu’à parler du fantôme
de l’enfant qui hantait le lieu.
On recueillit des lambeaux d’étoffe, un bout de chaussure, une assiette datant de l’époque de
Louis XVI ainsi qu’une cruche. On s’interroge encore syr la véritable identité de cet enfant
martyrisé, mais certains ont émis l’hypothèse qu’il pourrait s’agir du malheureux dauphin
Louis XVII dont le corps n’a jamais été officiellement retrouvé.
Si l’hypothèse est vraie, on peut bien entendu se demander pour quelle raison les
révolutionnaires de 1789 auraient choisi Perpignan pour y conduire le fils du souverain
maudit. Il est vrai aussi que l’histoire a souvent ses petits secrets qui échappent aux historiens.
Quoi qu’il en soit, le mystère demeure et n’est pas près d’être éclairci.
Le spectre d ‘Espéraza
Espéraza, dans l’Aude, a connu en 1230 une sanglante tragédie qui a massacré les défenseurs
de la ville. Guillaume Arnaud aurait trouvé la mort dans ce massacre.
Mais la tradition veut que le spectre du seigneur du lieu vienne se manifester durant les nuits
d’hiver, afin de se rappeler au souvenir des habitants de la cité. Il viendrait tel un fantôme
couvert de draperie blanche mais resterait dans les limites de son ancienne seigneurie, c’est-àdire celles marquées par le ruisseau de Rabanel d’un côté et le ruisseau d’Antugnac de l’autre.
L’anecdote nous est contée par un nommé Fédié, un historien régional qui nous dit que le
fantôme du seigneur Arnaud serait apparut à plusieurs personnes en 1876, mais, hélas ! il ne
nous précise pas où a eu lieu le siège d’Espéraza durant la croisade.
Alors, restons dans la légende.
Histoires d‘outre-tombe
Le Languedoc-Roussillon a aussi ses histoires de l’au-delà et, dans certaines localités les
vieux nous les racontent encore...
Le puits des morts
C’est ainsi que dans la région de Chalabre, à Rivel, on nous parle d’un puits mystérieux qui se
situe dans l’intérieur du château. Y auraient été précipités des hommes et des femmes en
punition de leurs crimes, et en même temps, le carillon de l’église. Et voilà que lorsque
gronde le tonnerre et que l’orage éclate avec rage sur toute la région, des gémissements, des
appels de détresse. des cris montent du puits, auxquels s’ajoutent les furieux carillonnements
des vieilles cloches de Rivel, comme si toutes ces plaintes réclamaient délivrance et
miséricorde.
Le fantôme de Saint-Pons
Les hantises ont aussi d’autres aspects. Non loin de Béziers, vers Saint-Pons, c’est l’histoire
d’un veuf, un nommé Pierre Julliard, qui avait longuement battu et tourmenté sa femme dans
la maison qu’ils possédaient. Après la mort de sa femme, tout se passe bien durant quelques
mois et puis, tout à coup, la maison retentit la nuit de bruits étranges : gémissements, coups
sourds dans les murs, le plancher, le plafond, la cave, sifflements et toutes sortes de tintamarres à tel point que monsieur Julliard dû se résigner à déménager.
Les voisins qui ont aussi entendu les bruits étranges ont déclaré que c’était la défunte femme
qui revenait ainsi se venger des mauvais traitements que son mari lui avait infligés. Le mari en
prit conscience. Dans sa nouvelle demeure les bruits ne se reproduisirent pas, mais lorsqu’il
tentait de revenir dans son ancienne maison, aussitôt le tintamarre recommençait.
Cela s’est passé il y aura bientôt deux cents ans.
Source : Traditions, légendes et sorcellerie de la Méditerranée aux Cévennes de Richard
Bessière, Éditions de Borée, 2004