Fernand Gigon, le plus asiatique des journalistes jurassiens
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Fernand Gigon, le plus asiatique des journalistes jurassiens
n SOCIÉTÉ JURASSIENNE D’ÉMULATION Fernand Gigon, le plus asiatique des journalistes jurassiens V La Société jurassienne pendante, précise Matthieu Gillabert. Outre des articles, reportages audio ou vidéo, Fernand Gigon écrira suite à ce premier voyage deux livres: Chine en casquette, en 1956 et, un an plus tard, Chine cette éternité. Les premiers d’une longue série. d’émulation remet ce samedi sur le devant de la scène une figure du journalisme suisse du XXe siècle, l’Ajoulot Fernand Gigon. V Un colloque à Porrentruy mettra en exergue son travail, principalement Un témoin de l’évolution du métier consacré à l’Est asiatique, témoignage du regard porté à l’époque par la Suisse et l’Occident sur cette région. V Né à Fontenais, ce touche-à-tout a parcouru le monde pour être au plus près de l’actualité, laissant en héritage des milliers d’articles de presse et de reportages. Outre le fruit du travail de séminaire d’étudiants de l’Université de Fribourg et de leurs professeurs, Alain Clavien et le Bruntrutain d’origine Claude Hauser, Séverine Choffat, bibliothécaire cantonale adjointe, présentera lors de ce colloque le fonds Fernand Gigon, déposé à la bibliothèque cantonale, et qui a servi de base à ces travaux universitaires. Alain Campiotti, journaliste au Temps, ancien correspondant à Pékin et à New York, présentera, lui, l’évolution du métier de reporter ces dernières années. Davantage qu’un hommage rendu à ce photoreporter, le colloque qui se déroulera samedi à l’espace Viatte de Porrentruy permettra surtout de se questionner, indique Matthieu Gillabert, modérateur Fernand Gigon, ici en 1956, probablement lors de son tout premier séjour en Chine (photo de gauche), un pays qui le fascine et auquel il consacrera une BIBLIOTHÈQUE CANTONALE FONDS F. GIGON/FOTOSTIFTUNG SCHWEIZ large partie de son travail. A droite, une représentation du paysan chinois, par Fernand Gigon. du colloque et membre du cercle d’études historiques de la Société jurassienne d’émulation. Un clairvoyant amoureux de la Chine En un demi-siècle de carrière journalistique, Fernand Gigon a vu ses reportages publiés dans 200 journaux et magazines à travers le monde. Très connu dans les années 1970, lorsqu’il tenait une chronique dans la Tribune Le Matin, il fut une figure emblématique du paysage médiatique romand, indique Matthieu Gillabert. Né à Fontenais en 1908, Fernand Gigon quittera le Jura dès l’âge de 20 ans pour rejoindre Genève. Il n’en restera pas moins attaché à son canton de naissance. Journaliste – dans un quotidien parisien puis indépendant dès le début des années 1950 – écrivain, photographe et cinéaste, Fernand Gigon est un toucheà-tout qui va partout, pour voir l’actualité par lui-même. D’aucuns diront d’ailleurs qu’il a souvent su comprendre avant ses confrères le poids réel des événements. Si son travail le mène aux quatre coins du monde, c’est indéniablement la Chine qui sera son pays de prédilection. Il sera d’ailleurs l’un des premiers observateurs occidentaux à obtenir un visa, après deux ans d’attente, pour accéder à ce pays alors dirigé par Mao. Il y séjournera pour la première fois en janvier 1956, pour un périple de 4 mois pendant lesquels il fait parvenir à son épouse et secrétaire Monique, à chaque fois qu’il le peut, ses photos et articles manuscrits avec ses instructions. C’est elle qui se charge ensuite de les mettre en forme. Le colloque de samedi ne manquera d’ailleurs pas de saluer son travail à elle aussi, de même que la manière dont Fernand Gigon a pu transmettre ses articles et se battre pour vivre son métier de manière indé- Par ses travaux, il fait découvrir à l’Occident des contrées méconnues. Ses nombreuses productions de livres, d’articles, de photos et de films, révèlent également l’évolution du métier de reporter au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Il devient dans les années soixante l’un des meilleurs connaisseurs de l’Asie et l’un des experts les plus avertis des mutations de cette partie du globe, qu’il analyse dans de nombreux livres, écrits au gré de ses reportages et de la matière qu’il en rapporte. Le colloque Fernand Gigon entre Orient et Occident aura lieu ce samedi 23 août, dès 14 h 30, à l’espace Viatte, à Porrentruy. L’entrée est libre, un apéritif sera proposé à l’issue de la journée, vers 17 h 30. ANNE DESCHAMPS