Le secteur sauvegardé d`Arles - Patrimoine de la ville d`Arles

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Le secteur sauvegardé d`Arles - Patrimoine de la ville d`Arles
Le secteur sauvegardé d'Arles
Pourquoi les secteurs sauvegardés
L’intérêt historique, culturel et esthétique des villes anciennes ne peut pas se résoudre à la seule
superposition de leurs éléments remarquables. Si à une époque, le patrimoine bâti se limitait
aux monuments historiques, à partir du milieu du XXe siècle, cette notion s’est étendue aux
ensembles urbains.
Pour éviter les destructions massives des centres ville, à la fin des années 1950, prônées par
l’idéologie hygiéniste dans le cadre d'opérations de rénovation urbaine, la loi Malraux a
proposé une vision plus fine de la prise en compte des problèmes urbains en considérant que
la dynamique urbaine doit s'appuyer sur la ville existante. Contre la destruction et la rénovation
des quartiers anciens, elle a proposé des outils réglementaires et financiers qui en permettent la
conservation et la mise en valeur.
La loi du 4 août 1962 a mis en place un dispositif spécifique, le plan de sauvegarde et de mise
en valeur, qui remplace le plan d'occupation des sols à l'intérieur du périmètre du secteur
sauvegardé.
Dès qu'il est opposable (applicable) ce document sert :
• à l'identification et à la protection des éléments constitutifs du patrimoine urbain,
• à la gestion opérationnelle prenant en compte les aspects sociaux, économiques et
juridiques,
• comme guide pour la restauration et la mise en valeur.
Le pari d'André Malraux, en 1962, que l'on peut considérer aujourd'hui comme réussi, était de
concilier deux impératifs qui pouvaient paraître jusque là opposés : conserver notre patrimoine
architectural et améliorer les conditions de vie et de travail des Français.
Lorsqu'il a été créé en 1966, quatre ans après le vote de la loi, le secteur sauvegardé d'Arles a
fait l'objet d'un long travail d'étude avant d'être soumis à l'enquête publique en 1987. La raison
d'une aussi longue maturation, après l'intervention de trois chargés d'étude, est le décalage
entre les objectifs avant-gardistes de la loi Malraux et l'évolution des mentalités concernant le
patrimoine et plus particulièrement le patrimoine urbain.
En effet, entre le début des années 1960 et la fin des années 1980, le rapport de force entre les
responsables de l'aménagement et les défenseurs du patrimoine s'est radicalement inversé.
L'opinion publique s'est de plus en plus intéressée à cette question, ce qui permet à l'ensemble
des responsables administratifs et politiques de mettre en place des outils de protection avec
une grande aisance. Si on examine les trois dossiers rendus par les chargés d'étude désignés par
l'Etat : Messieurs Patout, Canac et Joly, on s'aperçoit que, même si ces architectes ont été
choisis pour leur compétence en matière de patrimoine et d'urbanisme, ils ont fait des
propositions très différentes les unes des autres.
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Le secteur sauvegardé d’Arles
Le périmètre du plan de sauvegarde et de mise en valeur d'Arles englobe tous les îlots situés à
l'intérieur de l'enceinte. Cette emprise correspond à la ville médiévale, dans son état tardif, et
recouvre les quartiers les plus anciens tel que l'Hauture ou la Cité dont les fondements
remontent à l'Antiquité.
Ce territoire limité par les remparts, présente des caractéristiques urbaines très particulières,
fruit d'un long travail de sédimentation de la ville et de superpositions parfois étonnantes qui
en font un site exceptionnel.
Certains îlots contiennent des vestiges importants de monuments antiques d'époque galloromaine réinvestis depuis la période médiévale jusqu'à nos jours. Une grande partie du
patrimoine monumental d'Arles est donc cachée dans les intérieurs d'immeubles ou dans les
caves et n'est visible que par les occupants des lieux.
D'autres richesses artistiques sont situées sur le domaine public, sur les façades, mais sont
dissimulées par des enduits. Les campagnes de ravalement de façade sont donc des occasions
privilégiées de remettre au jour des ouvertures anciennes voire des décors peints ou sculptés.
Ce travail délicat doit être conduit avec précaution, en prenant soin de choisir les techniques
de nettoyage appropriées.
La mise en oeuvre du règlement du secteur sauvegardé a du intégrer la présence de ce
patrimoine identitaire de la ville en établissant un ensemble de mesures de protection. Un
principe simple peut être retenu : tous les éléments architecturaux remarquables situés à
l'extérieur ou à l'intérieur des immeubles sont à conserver et à mettre en valeur. Le règlement
du plan de sauvegarde encourage la conservation des dispositions intérieures sans en faire une
règle absolue. La création architecturale a sa place à l'intérieur du secteur sauvegardé dans
l'objectif d'établir un dialogue intéressant entre patrimoine et modernité.
Ces règles sont traduites par un document graphique qui détermine une hiérarchie entre les
monuments historiques, les immeubles dont les façades ou les intérieurs sont à conserver, les
immeubles faisant l'objet d'une servitude d'alignement ou de démolition et ceux de droit
commun qui ne font l'objet d'aucune remarque.
La protection des espaces urbains est également un des objectifs du plan de sauvegarde. La
mise en valeur de séries d'immeubles du même type, le traitement des places, la conservation
des alignements d'arbres et des espaces boisés sont réglementés en laissant, une fois encore,
une certaine souplesse dans les aménagements et la fonctionnalité des lieux.
L'esprit du secteur sauvegarde d'Arles, consiste ainsi à conserver le mieux possible tout ce qui
concourt à l'identité de la ville, tout en laissant une place importante à la création
architecturale, loin de l'idée d'une ville-musée. C'est un lieu de rencontre privilégié entre
mémoire et projet.
Les pages qui suivent résument en quelques points les repères identitaires de la ville.
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Toits et terrasses
Autrefois, la fonction d'un toit, sur une maison, n'était que de fournir un abri et la pièce qu'il
couvrait n'était bien souvent qu'un grenier. Maintenant de nombreuses terrasses ont été créées,
d'autres aménagées et prennent, par notre goût de la lumière, la qualité de pièces de séjour
d'été. Poussés par le même intérêt, et par la possibilité de percer les toits, l'on voit de plus en
plus de pièces à vivre se loger en combles. Il est donc essentiel de soigner l'esthétique de ce qui
sera notre perspective habituelle dans l'avenir. Choix des matériaux nobles, soin dans
l'exécution, le splendide paysage des toits d'Arles ne doit rien perdre de sa qualité.
Menuiseries
Pour qui prend le temps de les observer, les menuiseries anciennes méritent le titre d'oeuvres
d'art. Matériaux nobles, recherche constante de la juste proportion, soin extrême apporté à
l'exécution, en font des pièces uniques, d'une qualité remarquable. La recherche de nouvelles
performances techniques nous amène, à tort ou à raison, à l'idée de les remplacer. Outre le fait
que la rentabilité réelle du changement reste à étudier pour chaque cas, il convient de mesurer
la qualité de ce que l'on veut sacrifier. Pour conférer du caractère aux menuiseries nouvelles, il
est possible de réemployer les ferrages anciens.
Ferronnerie, serrurerie
Les héritiers du savoir-faire immémorial des façonneurs de métal, les ferronniers ont laissé à
Arles au XVIIIe siècle, d'exceptionnels témoignages de virtuosité, pièces uniques pensées,
dessinées et réalisées par ces artisans. Le XIXe siècle connaîtra l'âge d'or de la fonte qui rend
accessible le prix de décors extrêmement élaborés. Il nous est donc imposé, pour ne pas faire
trop pâle figure devant ces grands ancêtres, de prendre exemple, lorsque nous devons
compléter ou restaurer ces ouvrages, sur leur goût si subtil de la proportion.
Façades
Comme un visage humain, la façade d'un immeuble, qu'il soit palais, maison ou écurie, reflète
son ou ses histoires, son âge, sa santé. Lorsqu'on restaure une façade, il est important de ne pas
banaliser ses caractéristiques, qui la rendent unique. C'est là un exercice périlleux, car il faudra
s'interroger sur chaque phase de travail, de la tâche la plus générale au détail le plus tenu. La
condition essentielle d'une réussite est de parvenir à lire ce qui la compose et qu'il faudra
respecter.
Commerces, enseignes
Depuis le déplacement d'une partie de l'offre commerciale en périphérie des villes, la lente
disparition des boutiques dans les centres semblait inéluctable. Or, nous avons constaté un
maintien du nombre des commerces, puis un redémarrage parfois étonnant de ce secteur. Mais
le commerce a changé ; il est devenu évident que la concurrence avec les zones commerciales
ne pourrait se faire que si l’offre était spécifique. Les produits de qualité présentés dans un
cadre élégant et agréable trouvent naturellement leur clientèle dans les centres des villes. Un
ingrédient essentiel de la réussite d’un commerce est son intégration à l’immeuble, à la rue, à
l’îlot. La sobriété, alliée à l’esprit d’insertion, permet le dialogue du patrimoine et de la pratique
commerciale.
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Les intérieurs
La protection qui s’exerce sur les bâtiments du secteur sauvegardé ne s’arrête pas aux seuils des
maisons. En effet, afin d’éviter les destructions, par ignorance ou par intérêt, d’éléments bâtis
de grande qualité (cheminées, escaliers, décors…) une disposition réglementaire prévoit que les
travaux intérieurs doivent être autorisés par l’Architecte des Bâtiments de France. Le maintien
et la restauration d’éléments authentiques constituent un enjeu culturel certes, mais aussi un
intérêt économique, car la valeur d’un immeuble conservé est toujours supérieure à celle d’un
immeuble transformé, même avec des prestations de qualité.
Projet urbain : un centre historique vivant
L'intervention dans le centre historique de la ville ne doit pas se limiter à des actions «
esthétiques » sur le domaine privé et sur l'espace public. Elle s'appuie sur une stratégie globale
visant à faire du centre ville un lieu propice à l'accueil des visiteurs mais aussi un lieu de vie
pour les habitants, un lieu de travail pour les entreprises.
Diversifier et améliorer l'habitat
L'opération programme pour l'amélioration de l'habitat (O.P.A.H.) actuelle couvre la totalité
du centre ancien. Les diverses O.P.A.H. précédentes ont largement contribué à l'amélioration
générale du secteur sauvegardé. Le processus de paupérisation est maintenant enrayé. Dans le
cadre de la nouvelle O.P.A.H., l'effort devra être maintenu pour augmenter l'offre de
logements à loyer maîtrisé, dans le centre, tout en l'accentuant sur les propriétés publiques à
valoriser (école Portagnel, hôtel de Chartrouse, îlot Léon Blum).
Diversifier l'offre commerciale, densifier le circuit, mener une action sur les
devantures et enseignes
Un circuit commercial cohérent, permettant un cheminement, a été déterminé. Il a été
partiellement aménagé pour ce qui concerne les voiries ; il le sera totalement à terme. Mais
l'aménagement de ce circuit ne peut être une fin en soi, car il faut que la cohérence s'exerce
aussi, tant pour compléter l'offre commerciale que pour obtenir des devantures de qualité, de
belles enseignes, l'amélioration du stationnement, les expériences de piétonisation. Les
animations commerciales doivent accompagner cette priorité.
Accompagner les sites culturels majeurs, restructurer les ensembles culturels,
afficher l'image des espaces structurants
Si les monuments mythiques du patrimoine que sont l’amphithéâtre et le théâtre antique ainsi
que le théâtre municipal ont pu trouver projet et financement pour leur restauration et leur
aménagement, en respectant autant le monument que le lieu de spectacle, il ne faut jamais
négliger leur position dans la ville et le lien qu’il faut rendre évident pour l’usager. L’espace
public doit être progressivement amélioré au bénéfice du piéton par une reprise du
revêtement, voire de la configuration des sols (places de la République, du Forum, Wilson,
Voltaire, belvédère de la Major, promenade des remparts, boulevard des Lices. Par ailleurs, la
mise en valeur de grands axes doit être confortée, notamment par la signalétique :
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• le long des quais, depuis la gare S.N.C.F., par la mise en scène du musée Réattu, du musée
de l'Arles et de la Provence antiques (plan lumière, cheminement, confortement des quais),
• le long des boulevards depuis les ateliers S.N.C.F. via Saint-Césaire, le théâtre municipal,
jusqu'au pont van Gogh.
Accueillir des entreprises
Dans l'exploitation économique de la filière patrimoine-culture, il est possible d'attirer, en
centre ville, des entreprises que l'on peut installer dans des lieux emblématiques du patrimoine,
raccordés à des réseaux à haut débit. Le succès de l'implantation du L.E.R.M., dans les anciens
réservoirs d'eau de la ville, la confirmation du projet du médiapôle Saint-Césaire articulé au
projet des ateliers S.N.C.F.
Qualifier l'occupation et l'image du domaine public
L'on découvre, au hasard d'une promenade à Arles, de nombreux espaces dont le charme est
évident, mais qui sont, la plupart du temps, dégradés. Leur requalification passe par :
• un traitement du sol,
• une carte de gestion du domaine public à négocier avec les usagers
• un plan propreté saisonnier, accentué par des mesures concernant l’action civique des
citoyens (toilettes, gestion des déchets),
• un plan signalétique progressivement appliqué et un règlement local de publicité approuvé.
Effectuer des travaux en secteur sauvegardé
La gestion du secteur sauvegardé :
La gestion du secteur sauvegardé est assurée par l'architecte des Bâtiments de France qui
exerce ses fonctions au sein du Service départemental de l'architecture et du patrimoine,
échelon déconcentré du Ministère de la culture et de la communication. Depuis l'approbation
du plan de sauvegarde et de mise en valeur, toute modification, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur
des immeubles doit recevoir son accord. Il a, de plus, une fonction de conseil. Il est assisté, sur
ce périmètre et pour cette tâche, par le Service patrimoine de la Ville d'Arles.
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Les procédures administratives :
Les formulaires suivants sont disponibles au Service de l'urbanisme de la commune d'Arles, 5,
rue du Cloître - Téléphone : 04 90 49 36 31.
Le permis de construire : la demande de permis de construire est nécessaire lorsque il y a
création de volumes nouveaux (superficie de plus de 20 m2), un changement de destination
des locaux existants (modification d'un local commercial en local d'habitation par exemple) ou
une modification de la toiture du bâtiment si il y a surélévation et création d'un plancher
supplémentaire.
Démarche à suivre: remplir le formulaire de demande de permis de construire et y joindre les
pièces suivantes :
• le plan de situation du terrain, • un extrait du plan cadastral, • le plan de masse des
constructions édifier, • les plans des différentes façades, • le plan des travaux et la superficie de
plancher concernée en surface hors-d'oeuvre brute et en surface hors-d'oeuvre nette, pour les
travaux portant sur un bâtiment existant, • des photographies.
Déposer le dossier, en 5 exemplaires, au Service de l'urbanisme ou le transmettre à la mairie
d'Arles par pli recommandé avec accusé de réception. Délai d'instruction : le service
instructeur vérifiera si le dossier est complet et vous enverra dans les 15 jours une lettre vous
informant du délai d'instruction, fixé, en général, à 3 mois.
La déclaration de travaux : la déclaration de travaux est nécessaire lors de la modification de
la réfection d'une toiture, de la modification des ouvertures, des fenêtres, des vitrines, des
devantures et notamment lors de l'édification d'une terrasse et la création d'une surface
supplémentaire ne dépassant pas 20 m2.
Démarche à suivre ; remplir le formulaire de déclaration de travaux exemptes de permis de
construire et y joindre les pièces suivantes :
• un plan de situation, • un plan de masse de la construction, • un schéma des façades, • des
photographies.
Déposer le dossier, en 4 exemplaires, au Service de l'urbanisme ou le transmettre à la mairie
d'Arles par pli recommandé avec accusé de réception. Délai d'instruction : le service
instructeur vérifiera si le dossier est complet et vous enverra dans les 15 jours une lettre vous
informant du délai d'instruction, fixé, en général, à 2 mois.
La demande de permis de démolir : la demande doit être faite pour toute démolition
partielle ou totale de tout bâtiment
Démarche à suivre: remplir le formulaire et y joindre les pièces suivantes :
• le plan de situation du terrain, • le plan de masse du ou des bâtiments à démolir et à
conserver, • les documents photographiques faisant apparaître les conditions de son insertion
dans les lieux environnants.
Transmettre le dossier, en 4 exemplaires, à la mairie d'Arles par pli recommandé avec accusé
de réception.
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Autre formulaire : L'autorisation spéciale de travaux (A.S.T.) : elle est nécessaire lors des
travaux intérieurs (parties communes et privatives) par exemple remise à neuf des sols, des
murs, des plafonds, interventions sur les cages d'escaliers.
Démarche à suivre : la fiche est à retirer au S.D.A.P. (Service départemental de l'architecture
et du patrimoine), antenne d'Arles, 3, rue du Cloître - Téléphone : 04 90 96 48 14. Les pièces à
joindre en complément de la fiche sont :
• un plan de situation, • un extrait cadastral, • une description des travaux envisagés, • des
plans et des photos de l'état des lieux, • des plans et des photos de l’état projet par montage
calque ou dessin.
Transmettre le dossier au S.D.A.P., auprès de l'architecte des bâtiments de France. Le délai
d'instruction est d'un mois.
N.B. : Les démarches sont différentes pour un immeuble classé monument historique ou
inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques.
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