Men In Black III - Comment ça marche

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Men In Black III - Comment ça marche
DVD
D’Art
d’Art
Les grandes sculptures et peintures du
patrimoine, de l’Antiquité à nos jours,
nous sont exposées de manière brève par
Frédéric Taddéi. Tout est parti d’une série
sympathique diffusée sur France 2 que ce
DVD regroupe bout à bout, en suivant le fil
de la chronologie. Les anecdotes sont captivantes, les explications sont parfois assorties
de tracés qui font apparaître perspectives ou
structures sous-jacentes à une œuvre. Pourtant, ce disque a été réalisé de manière paresseuse sans un effort de montage minimal : pour découvrir chaque œuvre, il faut
avoir la patience de revoir le générique de
début et de fin, le tout pour 1 minute 15
d’explications. De quoi ôter une partie du
plaisir, dommage...
France Télévision Distribution
Men In Black III
Barry Sonenfeld
Lancé en 1997, le tout
premier Men in Black avait
fait mouche à maints
niveaux : un New York
où l’on croise des extraterrestres égarés, des armes
inspirées des comics à la
Flash Gordon, deux héros en
costumes noirs et Ray-Ban se renvoyant la balle, et avant
tout un humour ultra déjanté. Toute une mythologie mise
en place avec brio par Barry Sonenfeld. Un deuxième épisode, tout aussi efficace, a suivi en 2002. Sur ce
troisième volet, pour pallier au look vieillissant de Tommy Lee Jones, le scénariste a choisi de renvoyer l’agent J
(Will Smith) en 1969 afin qu’il soit associé à une version rajeunie de son co-équipier – plutôt convaincant.
Réalisé avec panache et inventivité, MIB III nous offre de spectaculaires séquences de confrontation entre
humains et monstres de tous poils. Toutefois, il ne parvient pas à restituer pas l’infernale jubilation des précédents.
Sony
Terres
de Glace
Survivre sur le territoire de l’Arctique
comme de l’Antarctique est une affaire
de haute vigilance
tant les menaces
abondent : prédateurs affamés, vents
violents, températures glaciales… Ce documentaire nous plonge dans une réalité que
nous n’aurions sans doute jamais connue,
filmée sur le vif. On y voit des oisillons, les
guillemots opérer leur premier vol au péril de
leur vie car s’ils échouent à atteindre la mer,
les renards en feront leur déjeuner. Des
bœufs musqués se livrent à une confrontation sans merci pour avoir l’honneur de féconder une femelle. Durant le répit qu’offrent
le printemps et l’été, des scènes inattendues
se dévoilent : des baleines voyagent sur des
centaines de kilomètres pour atteindre un
lieu où l’océan est peu profond et où elles
pourront se frotter sur le sol et ainsi nettoyer
leur peau. On voit aussi les ours faire semblant de combattre pour le plaisir – ils retiennent leurs coups afin de ne pas blesser
leur adversaire. Au total, près de 6 heures
d’images proprement sublimes.
Koba / BBC Discovery Channel
Daniel Ichbiah
Les Alpes vues du ciel
Miraculeusement conservé en l’état, le territoire des
Alpes abrite de nombreux paysages d’une extrême
beauté notamment au Tyrol, avec des villages où l’on
vit à l’ancienne, de nombreux habitants pratiquant
un artisanat ancestral : fabrication de cloches,
construction de maison dans les arbres, préparation
patiente de gâteaux selon des méthodes qui n’ont
pas changé depuis des siècles… On se délecte de ces
vaux et montagnes et des témoignages de ceux qui y
vivent – comme cet éleveur de huskies qui les utilise
pour le traîner sur les routes. Seule réserve : fallait-il
vraiment consacrer 3 Blu-Rays entiers à une telle
exploration de terres immaculées ?
Pathé
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Musique
Ben Harper
By My Side
Il nous accompagne discrètement, se
rappelle à notre bon souvenir de
temps à autre sans faire de bruit. Ben
Harper opère en catimini, armé de sa
guitare acoustique, livrant ses impressions sous une forme détendue,
avec un mélange savoureux de folk
et de blues. La potion magique est
telle que le public a adhéré en masse.
Signe de la sobriété de ce barde,
transfuge d’une autre époque, c’est
avec la sortie de CD qu’on réalise
soudain qu’il est avec nous depuis dix
huit années déjà… By My Side est
une rétrospective de la carrière de
Ben Harper, composée de morceaux
qu’il a choisis lui-même, sans oublier
un inédit. Il ne reste plus qu’à s’installer sur un fauteuil douillet pour un
pur moment de rêverie.
Olivia
Ruiz
Le Calme et la tempête
De toute la nouvelle vague d’artistes apparus depuis le changement de siècle, Olivia Ruiz est l’une des plus remarquables.
En premier lieu, elle a cet attribut des très grands : elle est unique,
inimitable, que ce soit au niveau de ses textes comme de son habillage sonore mais aussi de son « attitude ». Une fois de plus, la
chiquita nous entraîne dans son univers bien à elle, peignant des
situations baroques qui ne ressemblent qu’à elle (elle photographie des gens heureux pour mieux leur ressembler), assénant
quelques vérités maison (plus j’aime, plus je pique). Comme dans
son troisième opus, celui qui a précédé Le Calme et la tempête,
aucun titre ne semble avoir un impact tout public similaire à ses
tubes du 2ème album : « La femme chocolat » et « J’traîne des
pieds ». Le charme est ailleurs, dans l’atmosphère globale de ce
moment qu’elle nous convie à passer avec elle, de chanson en
chanson, avec au passage, une espagnolade pur jus avec ce qu’il
faut de trompettes et d’accordéons. Cette reprise d’une chanteuse d’origine mexicaine s’appelle « La llorona » et ceux qui l'ont
vue sur scène ont pu en avoir un avant-goût prometteur.
Polydor
EMI
Circus
Melody
Echo Chamber
Tu t’appelles comment ?
- Melody.
- Melody comment ?
- Melody Prochet…
C’est peut-être ainsi que le sieur
Gainsbourg aurait fait la connaissance de cette jeune auteur-compositrice et multi-instrumentiste. Et il
est probable que ce dernier ait été
séduit par les sonorités psychédéliques, les mélodies et l’univers de
cette jouvencelle venue d’ailleurs.
Dans le vidéoclip de sa chanson
« I follow you », Melody joue les
naïades et glisse dans les profondeurs de l’eau, attirant le voyageur
égaré à la façon des sirènes de
l’Odyssée. Les autres chansons ne
sont pas moins envoûtantes, enrobées d’un savant maillage instrumental autour duquel sa voix vient
délicieusement s’enrouler. À suivre.
D’où sort cette bande de
fêtards, aussi habiles sur les
instruments qu’ils le sont à la
composition de ritournelles
entêtantes ? Circus, ce sont
des musiciens réunis par le
chanteur Calogero.
Toutefois, l’atmosphère
générale de cet album
évoque davantage
« Bohemian Rhapsody » de
Queen ou la période Flower
Power des Beatles – toutes
proportions gardées, bien
évidemment – que celle
du répertoire du chanteur
d'« En appesanteur ».
De ce fait, la dénomination
« Circus » (cirque) est fort
bien trouvée car l’humeur
est le plus souvent enlevée,
pétillante, avec juste ce qu’il
faut de mélodrame. Pour
écrire les chansons, Circus a
pu faire appel à des proches
disposant d’un savoir-faire :
Goldman, Marc Lavoine,
Benjamin Biolay… Quant à
Calogero, il tient ici la basse !
Si l’ensemble dérive parfois
vers la variété, le plaisir est
souvent au rendez-vous.
Universal
Domino
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Les Bidochon
Bande dessinée - Humour
Essai
La Fabrique
de la famine
Walden Bello
Des « émeutes de la faim » qui
ont éclaté en 2008 dans une
trentaine de pays de par le
monde (dont l’Indonésie ou
l’Inde), qu’avons-nous retenu ? Rien. Et après avoir créé de
toutes pièces un « marché de la faim », spéculera-t-on bientôt
sur l’eau ? Une idée hélas pas si inenvisageable que ça.
La Fabrique de la famine décortique les incohérences de nos
systèmes financiers internationaux, qui nous enchaînent, pieds
et mains liés, aux cours alimentaires mondiaux.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Le sociologue Walden
Bello, connu pour ses théories sur le développement et inventeur du concept de la « démondialisation », ne se contente pas
d’asséner quelques vérités ; il nous suggère surtout quelques
solutions intelligentes dont la moindre serait un retour à une
agriculture traditionnelle et re-localisée ; à un nouvel équilibre
entre industrie et agriculture. Juste une question de survie pour
les générations à venir.
sauvent la planète
Binet
Environnement, co-voiturage, économie d’énergie
ou tri sélectif, comment de petits gestes individuels,
ajoutés les uns aux autres, peuvent être à même
d’améliorer notre quotidien. Sur le papier, ça a l’air
de plutôt bien fonctionner… Sauf que ces règles
de savoir-vivre appliquées à la lettre par les Bidochon
génèrent plus d’hilarité que de franche efficacité.
N’est-ce pas, après tout, le but recherché par Binet,
le père putatif de Raymonde et Robert ?
« La comédie fonctionne rarement sur ce qui
marche bien, avoue le fabuliste. À ce moment,
je montre des travers qui me touchent et qui se transforment en quiproquos. Je ne cherche
pas à faire une étude sur l’écologie, mais mes exemples, c’est du vécu évident pour tout
le monde : les ampoules basse tension et leurs formes improbables, qui mettent du temps
pour chauffer et sont allumées lorsqu’on ressort de la pièce… Je ne l’invente pas ! »
Au-delà de la farce, l’album met le doigt sur une problématique bien concrète : « Il faut faire
des efforts, faute de quoi la planète risque de disparaître », assure Binet. On le croit
sur parole, reste qu’avec les Bidochon la route risque d’être encore un peu sinueuse !
Fluide Glacial
Roman graphique
Carnets Nord – Éditions Montparnasse
Il était
une fois
en France
Les
Petites
gens
Fabien Nury et
Sylvain Vallée
Vincent Zabus et
Thomas Campi
BD - Histoire
La Terre promise
Fin de la course. On le savait
dès le premier volume, sorti en 2007, tout ça finirait mal. Six tomes plus tard, Joseph Joanovici, un juif rescapé
des pogroms roumains, devenu « Monsieur Joseph », un ferrailleur de Clichy, fournisseur de métal pour les autorités allemandes et pourvoyeur de la Résistance, comparaît devant la
Cour de Justice de Paris. Malgré ses ultimes manœuvres,
l’homme est condamné à cinq ans fermes, à l’indignité nationale à vie et à la confiscation de ses biens. Sale temps pour
celui qui espérait passer entre les gouttes. La ténacité du juge
Legentil aura finalement payé. S’inspirant d’un personnage
authentique, Fabien Nury et Sylvain Vallée conjuguent la
grande et la petite Histoire.
Au-delà de la reconnaissance critique – Prix de la Série, lors
du Festival d’Angoulême 2011 –, les auteurs avouent que :
« La plus grande récompense réside dans le fait que les lecteurs
ressentent les mêmes émotions que nous face à cette histoire :
cela veut dire que notre travail fonctionne, que le résultat est
conforme à nos intentions. C’est une immense chance, d’autant que cela nous est arrivé sur une série au sujet a priori
« difficile ».
Difficile ? Peut-être. Ambitieuse et exigeante ? Sûrement.
Glénat
Le cadre tout d’abord. Une rue
tranquille, bordée par deux rangées
d’immeubles. Les « acteurs », ensuite.
Deux femmes : Irina, une danseuse à la
retraite ; Lucie, une mamie passionnée
de maquettes. Trois hommes : Paul,
un employé aux chemins de fer,
à la section objets trouvés ; Monsieur
Armand, un libraire romantique ; le papa de Louis, un veuf inquiet. Louis, enfin, un ado âgé
d’une quinzaine d’années. Un monde en miniature où chacun vaque à ses occupations sans
toujours faire attention à l’autre. Il suffira de quelques minuscules grains de sable pour
que ce bel ordonnancement vole en éclats, pour que chacun, enfin, déclare à son voisin,
sa voisine, ce qu’il a sur le cœur.
À mille lieues des rodomontades « spectaculaires », Les Petites gens fait entendre sa propre
musique, interprétée en finesse par Vincent Zabus, homme de théâtre et scénariste inspiré,
et par Thomas Campi, un illustrateur italien installé en Chine. De cette leçon d’humanité,
où se marient la tendresse et l’émotion, on retiendra surtout que les « petites » vies n’en
sont pas moins passionnantes que les soi-disant « grandes »… et qu’il ne faut jamais hésiter
à dire à ceux qui nous sont chers qu’on les aime. À lire et faire lire !
Le Lombard
Patrick Gaumer
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