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Y a-t-il des limites à la prise en charge de l’infertilité ? J. B ELAISCH-ALLART, J.M. MAYENGA, V. G RZEGORCZYK-MARTIN, I. G REFENSTETTE, A. CHOURAQUI, O. KULSKI * (Sèvres) Résumé Est-il possible, souhaitable, éthique de fixer des limites à la prise en charge de l’infertilité ? La question est difficile, doit-il exister des limites à la prise en charge en médecine ? Nous avons tenté d’envisager les limites médicales à la prise en charge (âge de la femme, de l’homme, réserve ovarienne perturbée, état de l’utérus, facteurs environnementaux) et les facteurs sociétaux (espérance de vie limitée) et quelques situations particulières (homoparentalité, gestation pour autrui) et de faire la part des choses entre humanisme médical et acharnement déraisonnable. Mots clés : infertilité, infertilité sociétale, âge, réserve ovarienne, homoparentalité, gestation pour autrui * Centre hospitalier des Quatre Villes - Site de Sèvres - Service de gynécologieobstétrique et médecine de la reproduction - 141 Grande Rue - 92318 Sèvres cedex Correspondance : [email protected] 55 BELAISCH-ALLART & COLL. Déclaration publique d’intérêt Je soussignée, Joëlle Belaisch-Allart, déclare ne pas avoir d’intérêt direct ou indirect (financier ou en nature) avec un organisme privé, industriel ou commercial en relation avec le sujet présenté. Est-il possible, souhaitable, éthique de fixer des limites à la prise en charge de l’infertilité ? La question est difficile, doit-il exister des limites à la prise en charge en médecine ? Le problème doit s’envisager sous plusieurs angles : chances de guérison (en l’occurrence probabilité d’obtenir une grossesse), rapport bénéfice-risque, rapport coût-efficacité (on ne peut plus échapper à l’aspect économique). Pour répondre à la question, faut-il se placer du côté de l’individu, de la société, ou essayer de trouver un compromis entre ces intérêts parfois divergents ? L’infertilité est certes désormais reconnue comme une maladie mais ses conséquences sont-elles réellement comparables aux conséquences de certaines maladies tel le cancer ? Face à un couple en mal d’enfant, le médecin doit-il se conduire en technicien prestataire de service et répondre à la demande ou a-t-il le droit (voire le devoir) de s’interroger sur le bien-fondé de la prise en charge ? Le sort de l’éventuel enfant à naître doit toujours être pris en compte, mais peut-on vraiment connaître l’intérêt supérieur de l’enfant ? La clause de conscience admise à l’opposé pour les interruptions volontaires de grossesse a-t-elle une place dans le désir volontaire d’enfant ? Faut-il aider des couples à espérance de vie limitée ou plus caricaturalement dont l’un est en fin de vie ? Si les chances d’obtenir une grossesse sont très faibles, on peut parler de limite médicale (femme âgée pour la reproduction, à réserve ovarienne insuffisante, plus rarement avec un problème utérin majeur), mais il s’agit en fait d’un rapport coût-efficacité car les chances de grossesse sont minimes mais non nulles. Si le traitement ou la grossesse elle-même comporte des risques, il s’agit de problème coût-bénéfice. À côté de ces limites médicales existent aussi les limites sociétales : prise en charge du désir d’enfant des hommes âgés, de l’homoparentalité. La gestation pour autrui (GPA) est-elle une solution médicale quand elle est envisagée pour une infertilité médicale (absence d’utérus) ? Nombreuses sont les questions tant médicales qu’éthiques soulevées par ce sujet qui oppose le droit à l’espoir, les limites de la médecine, le droit au choix des 56 Y A-T-IL DES LIMITES À LA PRISE EN CHARGE DE L’INFERTILITÉ ? modalités du deuil et le risque d’exploitation mercantile d’un désir inaccessible [1], sans oublier l’intérêt supposé de l’enfant éventuel. La loi de bioéthique révisée en juillet 2011 (article 2141-10) indique seulement : « L’assistance médicale à la procréation[...] ne peut être mise en œuvre par le médecin lorsque les demandeurs ne remplissent pas les conditions prévues par le présent titre ou lorsque le médecin, après concertation au sein de l’équipe pluridisciplinaire, estime qu’un délai de réflexion supplémentaire est nécessaire aux demandeurs dans l’intérêt de l’enfant à naître ». C’est donc au praticien, ou plutôt à l’équipe multidisciplinaire, que revient la décision de prendre en charge ou non un couple. Bien que les frontières entre limites médicales et limites sociétales ne soient pas toujours évidentes et soient discutables (l’âge de l’homme est-il une limite médicale ou sociétale ?), nous avons tenté de les séparer pour la clarté de l’exposé. I. LES LIMITES MÉDICALES (ou quand les chance d’obtenir une grossesse sont très faibles…) I.1. Côté féminin I.1.a. Les chances de succès (= la balance bénéfice-risque) L’âge : jusqu’à quel âge peut-on prendre en charge une femme infertile ou partenaire d’un conjoint infertile ? Le désir tardif d’enfant est devenu un réel problème de société. Les progrès de la contraception, les études prolongées, le désir (légitime) de faire carrière, l’instabilité du marché du travail, l’hostilité des employeurs à l’annonce d’une grossesse, tout se conjugue pour que les femmes programment de plus en plus tard leur grossesse, dans l’ignorance voire le déni de la chute de la fertilité avec l’âge. Sans compter celles qui, ayant rencontré tôt (trop ?) l’homme de leur vie, à la quarantaine rencontrent un nouveau conjoint. Autre phénomène actuel de société, le rajeunissement, en 2 générations tout a changé, la femme de 50 ans n’est plus une grand-mère mais une femme jeune à qui le don d’ovocyte permet la maternité ; nous sommes désormais dans la civilisation du « jeunisme ». Nos patientes ont certes quelques excuses, leurrées par le slogan de la contraception « un enfant quand je veux », 57 BELAISCH-ALLART & COLL. dont nul ne leur a donné la vraie interprétation « pas d’enfant tant que je n’en veux pas ». Les médias nous inondent d’images d’heureuses femmes enceintes de quarante ans et plus mais ne parlent jamais de celles (beaucoup plus nombreuses) qui sortent en larmes de nos cabinets. Entre la science aux données décourageantes et peu divulguées et les ventres épanouis des femmes « people » de 40 ans, nos patientes ont choisi de croire ce qui les arrange, avec de plus une méconnaissance absolue des risques de ces grossesses tardives. L’étude de Schwartz et Mayaux sur les inséminations avec sperme de donneur, la première, avait mis en évidence la chute de la fécondabilité avec l’âge de la femme, la baisse la plus importante étant observée entre 26-30 ans et 31-35 ans [2]. En cas de difficultés à concevoir, les couples recourent désormais aux techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP) mais leur efficacité diminue rapidement quand l’âge s’élève, elles constituent donc un piètre remède aux effets de l’âge. En combinant les taux de succès de l’AMP avec les données disponibles sur la variation avec l’âge de la fécondabilité, de la mortalité fœtale et de la stérilité, Léridon a évalué les chances de succès d’un couple cherchant à avoir un enfant selon l’âge de la femme au départ [3] de la façon suivante : – sur 100 femmes cherchant à concevoir à partir de 30 ans, 91 auront un enfant dans les 4 ans sans recourir à l’AMP, 3 y parviendront ensuite grâce à l’AMP, et les 6 autres resteront sans enfant ; – sur 100 femmes cherchant à concevoir à partir de 35 ans, 82 auront un enfant dans les 3 ans, 4 grâce à l’AMP et 14 resteront sans enfant ; – en cas de début de recherche à partir de 40 ans, 57 réussiront dans les 2 ans, 7 en recourant à l’AMP et 36 resteront sans enfant. Les recommandations 2010 du CNGOF sur la prise en charge de l’infertilité ont conclu qu’il est recommandé de ne pas proposer de prise en charge médicale d’infécondité à une patiente au-delà de 43 ans [4]. Le don d’ovocyte certes compense le vieillissement des ovaires mais il n’est autorisé en France que sur la femme en âge de procréer, et la majorité des centres français ne prennent en charge les femmes que jusqu’à 40 ans en raison des délais d’attente, et rares sont les centres qui vont jusqu’à 43 ans, âge limite de la prise en charge par l’assurance maladie. Certains pays prennent les femmes en charge en don d’ovocyte beaucoup plus tard, telle l’Espagne qui accepte les femmes jusqu’à 50 ans. La limite repose alors sur les risques des grossesses tardives. Prématurité, hypertension artérielle, diabète gestationnel, taux de césarienne, mortalité maternelle et périnatale augmentent avec l’âge [5]. 58 Y A-T-IL DES LIMITES À LA PRISE EN CHARGE DE L’INFERTILITÉ ? Si les risques restent limités pour les femmes de 40-45 ans, toutes les études montrent que ces risques augmentent considérablement au-delà [5]. Les femmes de 45 ans et plus qui vont à l’étranger devraient être informées des risques de ces grossesses. La réserve ovarienne La littérature actuelle est assez unanime pour affirmer que les marqueurs de la réserve ovarienne (dosage de la FSH plasmatique, de l’AMH, compte des follicules antraux) prédisent plus la qualité de la réponse ovarienne à la stimulation de l’ovulation (nombre d’ovocytes) que les chances d’obtention d’une grossesse [6, 7]. De plus la valeur de ces marqueurs n’est pas la même chez les femmes jeunes et chez les femmes de 40 ans. Il est donc licite de tenter une AMP chez une femme jeune malgré des marqueurs péjoratifs, par contre il reste déraisonnable de stimuler l’ovulation d’une femme de 40 ans dont la réserve ovarienne est altérée [6]. L’utérus Les anomalies utérines peuvent diminuer les chances d’implantation (synéchies multiopérées, myomes récidivants, exposition in utero au Distilbene®), mais il est exceptionnel qu’elles constituent une contreindication à la prise en charge. Les utérus multiopérés (césariennes, myomes), les antécédents de rupture utérine peuvent légitimement faire hésiter la prise en charge qui ne se concevra qu’au cas par cas avec des couples dûment avertis des risques. L’obésité L’obésité morbide diminue les taux de succès de l’AMP, mais elle augmente aussi les risques de la grossesse pour la mère et pour l’enfant [8]. Elle peut (doit) donc constituer une limite médicale à la prise en charge. Les recommandations pour la pratique du CNGOF ont conclu : « Les patientes obèses doivent être informées du risque de complication obstétricale avant le début de la grossesse. Il est recommandé un amaigrissement avant tout traitement de l’infertilité » [4]. Les facteurs environnementaux Bien que les taux de succès de tous les traitements de l’infertilité soient diminués chez les femmes tabagiques, le tabagisme ne constitue pas en France une limite à la prise en charge de l’infertilité. Quant aux addictions (drogues, alcool), elles constituent plus des limites sociétales. 59 BELAISCH-ALLART & COLL. I.1.b. Quand la prise en charge ou la grossesse est dangereuse pour la femme (= la balance bénéfice-risque) Il est des cas où la prise en charge peut aggraver la pathologie préexistante de la femme (antécédent de cancers), ou encore où la grossesse risque de mettre en jeu la vie de la femme (patientes greffées, syndrome de Turner), qui doivent se discuter de façon multidisciplinaire avec le couple. I.2. Côté masculin : jusqu’à quel âge peut-on prendre en charge un homme infertile ou partenaire d’une conjointe infertile ? Si de nombreuses études sont consacrées aux effets délétères du désir tardif d’enfant chez la femme et à ses conséquences néfastes sur leur fécondité, leur santé ou celle de l’enfant, beaucoup plus rares sont celles consacrées aux conséquences des paternités tardives, volontiers considérées comme « normales ». Certes la physiologie masculine diffère totalement de celle de la femme, et spontanément l’homme peut être père à un âge avancé, mais est-il si anodin d’être père à l’âge d’être grand-père ? Une étude déjà ancienne des CECOS avait montré que le taux de malformation (trisomie 21 en particulier) était plus important lorsque l’âge du donneur de sperme était supérieur à 45 ans [9], données confirmées par l’étude de Zhu qui fait état d’une augmentation des trisomies 21 dès l’âge de 35 ans avec un risque relatif de 3,2 si l’homme a plus de 50 ans [10]. D’autres publications ont depuis confirmé l’effet délétère de l’âge paternel. La fécondité spontanée de l’homme chute avec l’âge dans la majorité des études récentes, avec déclin de la production spermatique et altération des caractéristiques du sperme chez l’homme âgé [11]. De la Rochebrochard et Thonneau ont démontré que le risque de conception au-delà de 12 mois est multiplié par 2,9 lorsque l’homme est âgé de 40 ans et plus, sa compagne ayant entre 35 et 39 ans [12]. L’âge de l’homme a également un effet néfaste sur les taux de succès et de fausses couches après inséminations intra-utérines [13] ou après fécondation in vitro [14]. D’après Thonneau, l’analyse de la littérature permet désormais de conclure à une légère majoration du risque malformatif dans la descendance des hommes entre 40 et 45 ans et à une réelle majoration dès 45 ans, ainsi qu’à une majoration du risque reproductif dès 40 ans si la conjointe est âgée [15]. Les risques sociaux des paternités tardives commencent également à être décrits. Auroux avait montré sur les performances des petits rats, 60 Y A-T-IL DES LIMITES À LA PRISE EN CHARGE DE L’INFERTILITÉ ? puis des humains en cours de service militaire, qu’il était préférable de ne pas être un enfant de père âgé [16]. Les psychiatres sont incisifs sur les pères tardifs et leurs enfants : en résumé, dans l’enfance tout va bien mais tout se gâte à l’adolescence [17] ! Les paternités tardives ont aussi des conséquences familiales sur les enfants précédents qui supportent mal cette deuxième famille de leur père, surtout s’ils sont alors adolescents, et qui entrent dans une rivalité impossible avec leur père, d’où une contestation majeure et des troubles du comportement. Dernier aléa des paternités tardives, il n’y a plus de grands-parents au moment où les enfants en ont le plus besoin, à l’adolescence. Bien sûr il faut se garder de généralisation excessive et ce tableau sombre ne concerne pas tous les enfants nés de pères tardifs ! La différence majeure entre les maternités et les paternités tardives est que ces paternités tardives surviennent habituellement spontanément et que la société n’a pas à intervenir ni à payer, le problème ne concerne alors que le couple (et ultérieurement l’enfant…). La question se pose différemment dès qu’une infertilité du couple existe. Il serait tentant de différencier l’homme vieillissant qui présente un problème spermatique relevant de l’AMP (par souci d’égalité avec la femme, une limite d’âge pourrait être imposée) et l’homme dont la compagne présente pour ellemême une indication à la prise en charge à l’AMP (cas où seul l’âge de la femme interviendrait) [17]. On devine sans peine les dérives possibles pour rajouter une explication féminine à l’infertilité (les trompes ne sont pas vraiment perméables, l’ovulation pas parfaite, etc.). Les hommes âgés qui souhaitent une prise en charge en infertilité ont bien souvent déjà des enfants d’une première union et ont par définition des conjointes qui sont, elles, en âge de procréer et sans enfants, une limite pénaliserait finalement ces femmes. Faut-il donc une limite d’âge masculine à la prise en charge en infertilité ? Cette limite est probablement plus sociétale que médicale. Il n’y a donc pas de bonne réponse à cette question, en âge de procréer, dit la loi, ce qui est à la fois très flou et peut être très judicieux ! Néanmoins, un récent questionnaire sur 600 gynécologues et biologistes français a révélé que près de 90 % des praticiens souhaitent une limite à la prise en charge de la femme en infertilité (avec une limite moyenne de 42,58 ans), mais fait plus surprenant que 76 % des praticiens français seraient désormais favorables à une limite d’âge pour l’homme (âge limite moyen 53,19 ans), taux qui atteint même 80 % chez les médecins qui pratiquent eux-mêmes FIV et IIU [18]. Le bilan de l’application de la loi de bioéthique publié par l’Agence de la biomédecine (ABM) fait état d’un âge limite dans la majorité des centres d’AMP de 60 ans pour la prise en charge de l’homme. Les recommandations pour la pratique 61 BELAISCH-ALLART & COLL. clinique du CNGOF sur la prise en charge de l’infertilité ont conclu : « Il est recommandé de discuter au cas par cas la prise en charge de l’homme infécond à partir de l’âge de 60 ans (accord professionnel) » [4]. II. LES LIMITES SOCIÉTALES Les limites dites sociétales sont encore plus complexes que les limites médicales, et la frontière entre ces 2 limites n’est pas toujours évidente. Faut-il prendre en charge des couples à espérance de vie limitée, patients atteints de mucoviscidose ou HIV positif ? Certains n’hésitent pas à rappeler que nous avons tous une espérance de vie limitée et qu’il faut tenir compte des progrès de la médecine. La pratique d’autoconservation avant traitement potentiellement stérilisant pose de nouveaux problèmes. Par définition, ces autoconservations sont proposées à des personnes atteintes de maladies sévères. Faut-il utiliser ces gamètes tant que le pronostic n’est pas stabilisé ? À l’inverse, le fait de faire attendre le couple, de refuser d’utiliser immédiatement les gamètes conservés ne constitue-t-il pas une autre condamnation ? Les situations socio-économiques précaires, les situations politiques irrégulières en France peuvent poser question pour l’intérêt de l’enfant à naître. Enfin, l’absence de limite du nombre d’enfants du couple pose parfois problème aux gynécologues. Tous les spécialistes de l’infertilité se sont un jour interrogés devant ces couples où monsieur a de son coté 3 ou 4 enfants, madame également, mais il manque l’enfant de l’amour ou parfois même manque le deuxième ou le troisième enfant de ce nouveau couple. Le nombre d’enfants du couple, de l’homme, de la femme devrait-il être pris en compte avant de prendre en charge en AMP ? La loi française ne fixe aucune limite ni à la prise en charge, ni au remboursement, mais certains gynécologues s’interrogent. Le questionnaire GEFF-BLEFO-CNGOF-SFG-FNCGM de 2009 avait révélé que 45,6 % des praticiens seraient favorables à une limite au nombre d’enfants du couple, mais non des enfants de la femme ou de l’homme [18]. 62 Y A-T-IL DES LIMITES À LA PRISE EN CHARGE DE L’INFERTILITÉ ? III. QUELQUES CAS PARTICULIERS III.1. L’homoparentalité En France, seul un couple hétérosexuel formé par un homme et une femme peut avoir recours à l’AMP, ce qui exclut les femmes seules et les couples homosexuels, et cette interdiction vient d’être confirmée dans la loi de bioéthique révisée en juillet 2011. Les femmes seules peuvent adopter en France, pourquoi une telle différence ? Dans la plupart des pays limitrophes, le recours à l’AMP est autorisé aux femmes seules et/ou homosexuelles, ce qui induit un « tourisme » procréatif pour celles qui le peuvent. En Belgique, au Danemark, en Espagne, au Canada, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, les couples homosexuels féminins peuvent recourir aux techniques d’aide à la procréation. Les adversaires de l’accès à l’AMP pour les femmes homosexuelles mettent en avant les incertitudes sur le devenir de l’enfant, l’effet délétère de l’absence de référent paternel et le fait que l’infertilité des couples de même sexe est une infertilité sociétale et non médicale, et donc que les médecins n’ont pas à la prendre en charge, ni la société à payer pour. Pour les couples d’hommes se rajoutent les arguments contre la gestation pour autrui, indispensable dans ce cas. Bien que la réalisation soit plus facile pour les couples de femmes (une simple insémination suffit souvent), certains brandissent l’égalité homme/ femme pour interdire aux couples de femmes l’homoparentalité. Le rapport Leonetti (Assemblée nationale, rapport d’information fait au nom de la mission d’information sur la révision des lois de bioéthique, 2010) a souligné que la possibilité pour toutes les femmes seules de bénéficier des techniques d’AMP conduirait à organiser la conception délibérée d’enfants privés de père, alors même que, depuis les premières lois de bioéthique, prévaut le principe « un père, une mère, pas un de plus, pas un de moins », et qu’à ce titre, par exemple, toutes les garanties ont été apportées par la loi pour que l’enfant issu d’un don de gamètes ait deux parents et que sa filiation ne puisse être remise en cause. De plus, souligne ce rapport, cet élargissement entraînerait une augmentation du nombre de procréations assistées avec tiers donneur… Les difficultés qu’expriment aujourd’hui certains enfants, du fait de l’anonymat du donneur, ne risqueraient-elles pas d’en être aggravées ? À l’inverse, les défenseurs de l’accès à l’AMP pour les femmes seules ou homosexuelles soulignent que si de nombreuses études épidémiologiques avaient montré que les enfants élevés par des mères seules avaient plus 63 BELAISCH-ALLART & COLL. de problèmes psychologiques et réussissent moins bien leurs études que ceux élevés par 2 parents, d’autres études ont démontré que les problèmes financiers, les divorces et le manque d’insertion sociale étaient largement responsables des difficultés des enfants pour ces mères involontairement isolées. Golombok avait démontré que les mères volontairement célibataires ne peuvent pas être comparées aux mères isolées après séparation, divorce ou ayant subi une grossesse accidentelle [19]. Les défenseurs de l’accès à l’AMP en vue d’homoparentalité insistent aussi sur la non-ségrégation, le droit à la liberté individuelle et l’autonomie de tout individu, l’inégalité physiologique homme/femme (les femmes ont de tout temps porté seules les enfants…) et sur les méfaits de l’interdiction absolue qui pousse au nomadisme procréatif et aux difficultés juridiques au retour. Quant au devenir des enfants, de multiples études démontrent que l’orientation sexuelle des parents n’a pas d’impact sur le développement psychosocial des enfants, sur leur vécu ou sur leurs orientations sexuelles [20]. Les données de la littérature suggèrent en effet que la qualité de la parentalité intervient plus que l’orientation sexuelle des parents, et que les enfants de mères lesbiennes ou de pères gays ne deviennent pas plus homosexuels que les autres et ne diffèrent pas des enfants élevés par les hétérosexuels en termes de développement psychologique et d’identité sexuelle [20]. Le comité d’éthique de l’American Society for Reproductive Medicine affirme qu’il y a obligation éthique à traiter également toutes les personnes, quels que soient leur statut marital et leurs orientations sexuelles [21]. En France, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) avait proposé en 2008 d’ouvrir l’accès à l’AMP aux femmes célibataires médicalement infertiles, avec un suivi psychologique. Le Conseil d’État en 2009 a estimé que si la demande d’une meilleure reconnaissance de l’homoparentalité s’accroît et si la question de l’accès des couples de femmes à l’AMP est posée, son émergence à l’occasion du réexamen des lois de bioéthique ne doit pas faire oublier que cette question relève fondamentalement du droit de la famille. Dès lors, « il ne serait pas de bonne législation de la traiter sans prendre en compte toutes ses implications, ni de légiférer sur l’homoparentalité dans le seul cas particulier des demandes d’AMP. Il est vrai qu’une meilleure reconnaissance de l’homoparentalité peut, à certaines conditions, répondre à l’intérêt des enfants élevés par deux adultes de même sexe formant un couple stable et constituant avec ces enfants une famille. Mais il serait peu compréhensible qu’une évolution sociale de cette importance soit initiée dans le domaine de l’AMP, qui relève d’une logique spécifique ». Le rapport Leonetti a signalé que la 64 Y A-T-IL DES LIMITES À LA PRISE EN CHARGE DE L’INFERTILITÉ ? majorité des membres de la mission estime nécessaire de maintenir la condition selon laquelle le couple doit être formé d’un homme et d’une femme. Lors des états généraux de la bioéthique, le « panel citoyens » a proposé que les couples de même sexe puissent adopter, mais s’est clairement prononcé contre la possibilité pour ces couples ainsi que pour les célibataires de recourir à l’AMP. Les membres du panel citoyens du forum de Rennes ont exprimé le souhait que l’AMP demeure un traitement médical palliatif de l’infertilité et ne soit pas une réponse à toute forme de désir d’enfant. Toutefois, l’organisation de ces états généraux, supposés refléter l’avis des citoyens français, a suscité beaucoup de critiques. Trois forums citoyens régionaux ont été organisés : l’un à Marseille (sur la recherche sur les cellules souches et sur l’embryon, et les diagnostics prénatal et préimplantatoire), l’un à Rennes (sur l’AMP) et le dernier à Strasbourg (sur le prélèvement et la greffe d’organes, de tissus et de cellules, et la médecine prédictive et l’examen des caractéristiques génétiques). Pour l’AMP, 14 jurés bretons tirés au sort par l’IFOP ont été formés durant 2 week-ends par des juristes, des psychanalystes, des philosophes et un seul spécialiste de l’AMP. Ces jurés ont interrogé 5 « grands témoins » (Sylviane Agacinski, professeure de philosophie, Brigitte Le Mintier-Feuillet, professeur de droit à la Faculté de Rennes, Philippe Bas, président du groupe de travail du Conseil d’État sur la révision des lois de bioéthique, Geneviève Delaisi de Perceval, psychanalyste, et Jean-Marie Kunstmann, vice-président des CECOS), puis ont rendu leurs verdicts. Cette organisation a amené Jacques Testart à qualifier ces états généraux de leurre démocratique. Différents sondages réalisés en France à l’occasion de la révision des lois ont en effet abouti à des conclusions légèrement différentes. L’enquête réalisée en 2007 par l’Agence de la biomédecine sur les perceptions, attitudes et représentations des Français avait révélé que l’AMP était entrée dans les mœurs : pour 78 % des Français et que si elle était à réserver aux couples hétérosexuels pour 55 % des interrogés, 38 % étaient favorables à l’AMP pour les femmes seules et 29 % favorables pour les couples homosexuels femmes. Un sondage IFOP publié à l’occasion des états généraux de la femme en 2010 révèle que les Françaises seraient à 50 % favorables à ce que les couples homosexuels puissent avoir recours à l’AMP [22]. En France, aucune instance médicale n’a pris officiellement position sur l’homoparentalité. Le sondage réalisé en 2008 par plusieurs sociétés savantes de gynécologie et reproduction avait montré que les médecins n’étaient favorables à la prise en charge en AMP des femmes seules qu’à 26 % et 32 % pour les femmes homosexuelles [18]. À 65 BELAISCH-ALLART & COLL. l’occasion de la révision de la loi, le Sénat en première lecture avait envisagé le droit pour les femmes homosexuelles d’avoir recours à l’AMP. Il n’a pas été suivi. III.2. La gestation pour autrui La gestation pour autrui (GPA) reste interdite en France dans la loi de 2011 mais elle est pratiquée depuis plusieurs décennies dans certains pays étrangers. Il existe 2 types de maternités de substitution trop souvent confondus, selon la provenance de l’ovocyte à l’origine de l’embryon porté [23]. Dans le premier cas, une femme prête son utérus et accueille l’embryon d’un autre couple dont la femme possède des ovaires mais pas d’utérus, soit congénitalement, soit après hystérectomie. Le ou les embryons transférés à la mère porteuse proviennent de l’ovocyte et du spermatozoïde du couple qui va accueillir l’enfant. Les parents sociaux sont les parents génétiques. C’est la mère porteuse qui soulève le moins de réticences et qui est soutenue par nombre de médecins qui prennent en compte la détresse de ces parents qui peuvent obtenir des embryons génétiquement leurs, mais auxquels manque un utérus. L’ovocyte peut aussi provenir d’un don d’ovocyte et du sperme du conjoint du couple qui va accueillir l’enfant. Seul le père est alors le parent génétique. Totalement différent est l’autre type de mère porteuse, celle qui prête son utérus et donne ses ovocytes, et porte donc un embryon issu de son propre ovocyte ; certains parlent alors de procréation pour autrui. Dans tous les cas, à la naissance, la femme qui a porté l’enfant le remet au couple demandeur. Les indications médicales indiscutables de la GPA sont peu nombreuses : femmes nées avec ovaires mais sans utérus (syndrome de Rokitanski-Kuster) ou ayant subi une hystérectomie avec conservation ovarienne. Le syndrome de Rokitanski affecte moins de 100 filles nées par an et les hémorragies de la délivrance ont été estimées à moins de 200 femmes par an par l’Agence de la biomédecine (toutes ne souhaiteront pas avoir un nouvel enfant). Quant aux indications carcinologiques d’hystérectomies avec conservation ovarienne, elles restent rares. L’absence d’utérus de ces indications ne constitue-t-elle pas une infertilité médicalement constatée, selon le terme de la loi autorisant le recours à l’AMP ? Les indications moins évidentes sont les utérus peu favorables à l’implantation après radiothérapie (exposition in utero au Distilbene®, cures multiples de synéchies) ou les femmes pour lesquelles la grossesse serait dangereuse. Les indications très discutables sont les 66 Y A-T-IL DES LIMITES À LA PRISE EN CHARGE DE L’INFERTILITÉ ? échecs répétés de FIV malgré le transfert de multiples embryons de bonne qualité. Enfin, les applications non médicales ou « sociétales » sont celles qui inquiètent le plus la société : tels les couples homosexuels hommes. Quant au souhait d’avoir un enfant génétique tout en refusant les contraintes de la grossesse, il reste une hypothèse d’école qui ne fait actuellement l’objet d’aucune revendication réelle. Les opposants à la GPA mettent en avant les risques de la grossesse pour la femme qui porte l’enfant, les relations in utero de la femme et du bébé et le risque de marchandisation du corps humain. Les études étrangères sur le déroulement des grossesses, le devenir des enfants, celui des mères porteuses sont certes limitées mais rassurantes et semblent démontrer qu’une GPA non commerciale et bien encadrée est possible [24]. La GPA est tolérée en Belgique, au Danemark, en Finlande, au Canada, dans certains états des États-Unis et aux Pays-Bas. Israël et la Grande-Bretagne l’autorisent et l’encadrent. L’enquête ABM sur les perceptions, attitudes et représentations des français (2007) avait révélé que 53 % des Français y étaient favorables, mais les états généraux de la bioéthique se sont prononcés contre. La proposition n° 20 de la mission Leonetti a été : « Maintenir l’interdiction de la gestation pour autrui ». L’académie de médecine a rendu un avis officiel négatif mais clairement non unanime. Pour l’ABM seul le conseil d’orientation s’est exprimé : contre la GPA. Le Conseil de l’ordre des médecins s’est exprimé contre : « Si l’on peut comprendre et accompagner le désir de procréation légitime et naturel des couples stériles et si la procréation médicalement assistée est admise par la loi, des méthodes de procréation qui mettent en jeu le corps et la santé d’autrui ne sont éthiquement et médicalement pas justifiées. L’utilisation du corps d’autrui porte atteinte à la notion même de dignité humaine garantie par la déclaration universelle des droits de l’homme… Le rôle du médecin est, bien sûr, de remédier à ces différences dans la mesure du possible mais il ne peut le faire au prix d’une atteinte à la dignité d’autres êtres humains et au travers d’eux à la dignité de l’espèce toute entière ». Le Comité consultatif national d’éthique a rendu un avis négatif mais 7 rebelles (dont l’auteur de ces lignes) ont signé une note annexe : « Les signataires de cette note expriment le vœu que la GPA strictement encadrée de façon à préserver la dignité et la sécurité de tous les protagonistes impliqués, soit incluse, à titre expérimental, dans la loi à l’occasion de sa future révision ». Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), conscient des opinions divergentes de ses membres, n’a volontairement pas pris parti mais a choisi de proposer au législateur des éléments de réflexion fondés sur la pratique médicale 67 BELAISCH-ALLART & COLL. des professionnels de la naissance et leur engagement éthique : « Les professionnels de la naissance ne sont pas unanimes pour accepter ce type de gestation mais souhaitent, dans le cas où le législateur l’autoriserait en France, que le cadre juridique de cette nouvelle activité soit bien précisé… ». Les 600 gynécologues, obstétriciens et spécialistes de la reproduction interrogés par les sociétés savantes en 2008 étaient à 61 % favorables à la légalisation de la GPA en France (57 % avec encadrement strict) [18]. 10 ans plus tôt, une enquête réalisée par C. Sureau avait au contraire montré que 63 % des médecins étaient formellement opposés à la GPA, en 10 ans le corps médical a donc considérablement évolué [19]. Une proposition du Sénat avait été faite pour légaliser la GPA, elle n’a pas été suivie. III.3. La reproduction post-mortem Lorsqu’un des membres du couple est décédé et que subsistent soit des embryons congelés, soit plus souvent des paillettes de sperme congelé, la femme devrait-elle pouvoir bénéficier d’insémination ou de transfert d’embryons malgré le décès de son compagnon ? Certains médecins s’émeuvent du dilemme qui est alors imposé à la femme qui doit choisir pour ses embryons congelés entre le don à un autre couple, le don à la recherche ou la fin de la congélation. La loi française de bioéthique révisée en juillet 2011 a maintenu l’interdiction de la reproduction post-mortem. CONCLUSION La question des limites à la prise en charge en infertilité est délicate : faut-il prendre en charge tous les couples, quelles que soient leurs chances de succès, leurs situations médicale et socio-économique, ou faut-il limiter la prise en charge aux couples en bonne santé mentale et physique et économique, et qui ont de réelles chances de succès ? L’humanisme médical nous pousserait volontiers à ne pas retenir de limites, mais il faut savoir raison garder, ne pas donner de faux espoirs et ne pas dépenser en vain l’argent de la collectivité. Une attitude compassionnelle excessive, au-delà du raisonnable, serait une manière peu courageuse de déplacer le problème en refusant de confronter le 68 Y A-T-IL DES LIMITES À LA PRISE EN CHARGE DE L’INFERTILITÉ ? couple à ses limites reproductrices. Un juste équilibre devrait pouvoir être trouvé… [26]. Comme l’a écrit Canis, le bon sens et la prise en compte humaine de nos patientes devraient nous guider vers une réponse intermédiaire entre les deux extrêmes [1]. Bibliographie after in vitro fertilization: a metaanalysis and comparison with basal follicle stimulating hormonelevel. Fertil Steril 2005;83:291-301. [7] Broer S, Mol B, Hendriks D, Broekmans F. The role of antimulerian hormone in prediction of outcome after IVF: comparison with the antral follicle count. Fertil Steril 2009;91:705-714. [8] Dechanet C, Belaisch-Allart J, Hédon B. Éléments de pronostic de la prise en charge du couple infécond. J Gynécol Obstet Biol Reprod 2010;39:9-26. [9] Lansac J, Thépot F, Mayaux MJ, Czyglick F, Wack T, Selva J, Jalbert P. Pregnancy outcome after artificial insemination or IVF with frozen semen donor: a collaborative study of the French CECOS Federation on 21 597 pregnancies. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 1997;74:223-8. [10] Zhu J, Madsen K, Vestergaard M, Olesen A, Basso O, Olsen J. 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