Note globale sur l`impact de l`itinérance

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Note globale sur l`impact de l`itinérance
SOMMAIRE
1. ETAT DES LIEUX DES DONNEES DISPONIBLES A L’ECHELLE DES ALPES ............................................. 1
1.1. De nombreuses carences dans la connaissance des clientèles itinérantes .................................... 1
1.2. Chiffres clés de l’itinérance ............................................................................................................. 3
1.2.1. La clientèle cyclo....................................................................................................................... 3
1.2.2. La clientèle de randonnée pédestre ......................................................................................... 4
1.2.3. La clientèle vététiste................................................................................................................. 5
2. METHODE D’EVALUATION DE LA PRATIQUE ITINERANTE .......................................................... 6
2.1. L’exemple de la pratique cyclo ........................................................................................................ 6
2.2. Les indicateurs de l’itinérance ......................................................................................................... 7
2.3. Les différents outils de la GTA ......................................................................................................... 7
3. LES IMPACTS ECONOMIQUES DE L’ITINERANCE ........................................................................ 9
3.1. L’allongement de la saison estivale pour les socio-professionnels ................................................. 9
3.2. Une durée de séjour élevée ............................................................................................................ 9
3.3. L’itinéraire comme motivation principale dans le choix de la destination .................................... 9
3.4. Un niveau de dépenses nettement supérieur aux moyennes globales .......................................... 9
4. CONCLUSION ......................................................................................................................... 10
Note globale sur l’impact de l’itinérance / Pôle Veille et évaluation / Décembre 2013 / DM
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Introduction
L’itinérance n’est que très faiblement prise en compte par les observatoires touristiques, qu’ils soient
nationaux, régionaux ou départementaux. Les méthodes d’observation existantes concernent exclusivement
les clientèles en séjours et ne sont pas adaptées à la pratique itinérante qui nécessite d’aborder plus largement
la question de l’impact territorial. Outre la question du choix des champs d’observation pour les organismes
décisionnaires, les spécificités de cette pratique en mouvement – changement d’hébergement chaque jour,
passage d’un territoire administratif à un autre – en font un objet complexe à cerner exigeant la mise au point
d’une méthode adéquate.
1. ETAT DES LIEUX DES DONNEES DISPONIBLES A L’ECHELLE DES ALPES
1.1. De nombreuses carences dans la connaissance des clientèles itinérantes
Les données disponibles sur l’itinérance au sein du massif alpin, en dehors des dispositifs conduits par la GTA,
ont été le fruit d’opérations menées par les collectivités territoriales ou les organismes gestionnaires d’espaces
naturels à travers des enquêtes de fréquentation incluant tout type de pratiques et menées dans une logique
bien spécifique. Ainsi, tous les 5 ans, les parcs nationaux réalisent ce type d’enquête afin d’orienter les choix en
matière d’aménagement des sites et des infrastructures ou d’actions de communication. On peut citer
également l’initiative du conseil général des Alpes de Haute-Provence, lequel a passé commande en 2011
auprès de l’agence de développement touristique du département pour une étude sur la clientèle en
randonnée itinérante avec pour finalité des questions de réaménagement de sentiers. Il est toutefois dommage
que cette étude n’ait pu être pérennisée pour consolider les outils mis en place et assurer un suivi des
évolutions dans le temps.
Globalement, hormis ces quelques exemples et les études menées au sein de la GTA avec des moyens limités,
le constat d’importantes carences dans la connaissance des clientèles itinérantes est manifeste. L’itinérance
pédestre ne bénéficie pas de données actualisées au niveau national depuis 2003 tandis que les clientèles
vététistes ne sont que peu ou pas étudiées. La pratique cyclo est celle qui a été le plus analysée, notamment
dans le cadre de l’engouement pour les vélos routes et voies vertes et grâce à la dynamique européenne
(Eurovélo 6) et désormais française (France Vélo Tourisme).
Les résultats de l’étude sur le poids sociologique et économique de l’itinérance menée en 2009 avec Versant
Sud et Altimax pointait déjà du doigt ce constat. En effet, « si la présente étude a fait émerger de nouvelles
données quantitatives sur une partie des pratiques itinérantes, elle a surtout constaté des carences dans la
connaissance statistique des pratiquants et de leur impact sur l’économie des territoires. »
Note globale sur l’impact de l’itinérance / Pôle Veille et évaluation / Décembre 2013 / DM
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Etat des lieux des études traitant de l’itinérance
Massif alpin
National et
international
Organismes
Pratiques
Année
DGCIS
Chiffres clés du tourisme à vélo en 2012
Cyclo
2013
Atout France
Les clientèles internationales du tourisme à vélo
Cyclo
2012
Atout France
Spécial économie du vélo
Cyclo
2009
Atout France
La pratique de la randonnée pédestre en séjour
touristique en France
Pédestre
2003
GTA
Etude de fréquentation et des retombées économiques
de la Route des Grandes Alpes
Cyclo (toutes
pratiques en
2012)
201213
GTA
Etude de fréquentation et des retombées économiques
des Chemins du Soleil
VTT
201213
Enquête de fréquentation
Pédestre
2012
Enquête de fréquentation
Pédestre
2011
Etude sur la clientèle en randonnée itinérante dans les
Alpes de Haute-Provence
Toutes pratiques
2011
Les APN en Savoie et leurs retombées pour le tourisme
et les loisirs
Toutes pratiques
2011
GTA
Etude sur le poids sociologique et économique de
l'itinérance
Rando + autres
pratiques
2009
GTA /GTV
Les pratiques itinérantes dans le Vercors - synthèse été
Pédestre
2008
GTA
Une traversée des Alpes à VTT taillée pour les jeunes
VTT
2008
GTA
Synthèse internationale de l'évaluation Via Alpina
Pédestre
2007
GTA
L'évaluation de Via Alpina en France
Pédestre
2007
Pédestre
2007
Cyclo
2007
Parc National de la
Vanoise
Parc National des
Ecrins
Agence de
Développement
Touristique des Alpes
de haute-Provence
Agence Touristique
Départementale de la
Savoie
GTA
Vélo Loisir Lubéron
Autres territoires
Etudes
Observation de l'itinérance touristique dans les AlpesMaritimes
Etude sur la satisfaction et les retombées des itinéraires
Vélo Loisir Lubéron
GTA
Notoriété des Grandes Traversées du Vercors
Pédestre
2006
GTA
L'itinérance, un potentiel de développement touristique
pour le Vercors
Pédestre
2006
Sur le Chemin de
Stevenson
Etude des retombées économiques des randonneurs du
chemin de Stevenson
Pédestre
2010 2012
Ministère fédéral de
l’Economie et de la
Technologie en
Allemagne
Etude de fond sur le marché de loisirs et de vacances de
la randonnée
Pédestre
2010
FFR - UMR Espace
Les pratiques et attentes des randonneurs itinérants
Pédestre
2007
CRT Centre – Val de
Loire
Etude de fréquentation et des retombées économiques
de la Loire à vélo
Cyclo
Pluriannuel
Bourgogne Tourisme
Fréquentation et impact du Tour de Bourgogne à vélo
Cyclo
2010
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1.2. Chiffres clés de l’itinérance
1.2.1. La clientèle cyclo
Le tourisme à vélo en France :
6 millions de séjours
5 milliards de dépenses des touristes
16500 emplois touristiques
2 milliards d’euros de valeur ajoutée dans l’économie locale
1 € investi dans le développement de l’infrastructure = 1 € de retombées économiques locales
Une clientèle d’âge mûr (45-75 ans), composée de cadres, professions libérales, les étudiants et les professions
intermédiaires
Recherche confort et authenticité
Prestations : hébergement (hôtel 3-4*), restauration ½ pension, location vélo, transport de bagages
Une pratique importante d’avril à septembre, très soutenue en hors saison
L’itinérance à vélo en France :
85% de clientèle étrangère
0.9 million de séjours itinérants
75€/j. de dépense journalière moyenne
(Cycliste en séjour : 60€/j./pers., touriste en général : 54€/j/pers.)
Les postes de dépenses les plus importants concernent l’alimentation, l’hébergement, le forfait TO.
206M€ de dépenses de transport pour les itinérants dont 23M€ en billets de train
Si les itinérants ne représentent que 15 % des touristes à vélo, ils représentent en revanche plus de 60 % des
dépenses et génèrent plus de 3 millions d’euros de retombées économiques par an.
Séjours itinérants et en étoile de 5 à 10 jours, quelques séjours de 15 jours, des étapes moyennes de 30 à 60
km, des prix des séjours entre 500-800€ en moyenne par personne et par séjour (hors transport jusqu’à
destination)
L’itinérance à vélo dans les Alpes :
Les Alpes attirent de nombreux TO (environ 40)
Principaux marchés émetteurs : France, Allemagne, Etats-Unis, Grande Bretagne
150000 séjours touristiques en Savoie sont liés au cyclotourisme. 10000 journées d’itinérance, dont 8000
journées consommées par la clientèle étrangère.
Le vélo en Savoie représente 11M€ de retombées socio-économiques
Le cyclotourisme, le VTT et le vélo loisirs suscite chaque année 30 000 séjours touristiques en Isère.
Sur la Route des Grandes Alpes, le cyclo représente une pratique fortement génératrice de retombées pour les
territoires avec une dépense moyenne journalière de 89€ par personne, soit 14€ de plus que la moyenne
nationale. Cette pratique génère 4.7€ de retombées économiques locales pour 1€ investi par la GTA.
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1.2.2. La clientèle de randonnée pédestre
La randonnée pédestre en France :
La randonnée est l’activité n°1 des français
35 millions de pratiquants de balade (estimation du Ministère des sports),
15 millions de randonneurs réguliers (estimation de la FF Randonnée),
220 000 licenciés à la FF Randonnée (illustratif d’une pratique globalement peu fédérée),
Pratique de la randonnée par les vacanciers de montagne d’été : 38% pratiquent la balade et 14,8% la
randonnée.
300 000 topo-guides FFR vendus par an
L’itinérance pédestre en France :
Environ 400 000 à 1,2 million de randonneurs itinérants (entre 2,6 et 8% de la population de randonneurs).
L’itinérance pédestre draine un public plus jeune et plus masculin que la pratique à la journée.
Le public de randonneurs itinérants dépense plus que la clientèle en séjour (hébergement et alimentation).
Motivations : la découverte, le dépaysement, la pratique sportive, la santé, l’immersion dans les grands espaces
2 types de clientèles :
L’itinérant « aventurier » : plutôt jeune, privilégiant le bivouac, il ne dépense pas, en moyenne, plus de 50
euros pour son séjour global (moins de trois jours).
L’itinérant « confort » : plus âgée, cette clientèle recherche du confort et est donc prête à dépenser plus. Les
hébergements de type hôtel, chambre d’hôte ou gîte d’étape sont privilégiés.
97 % des plus de 55 ans dépense, en moyenne, plus de 25 euros par nuitée.
Sur le Chemin de Stevenson, la dépense moyenne est estimée à 50 €/j. et par personne pour une moyenne de
8,7 étapes parcourues, soit 467 €/séjour. L’impact du Chemin est ainsi estimée à 2,9 M €/an.
L’étude AFIT de 2003 donnait une dépense moyenne de 40 € / jour pour un randonneur itinérant, soit 4 € de
plus qu’un touriste non-itinérant. Ils dépensent plus du fait de dépenses de restauration bien supérieures à la
moyenne : 8.7€/j. contre 5.3€ /j. pour la moyenne des randonneurs.
L’itinérance pédestre dans les Alpes :
La montagne est la destination phare des randonneurs itinérants (80% des itinérants indiquent que la
montagne est le terrain de prédilection de leur pratique).
En Savoie, sur 2500 randonneurs interrogés, 13% sont des itinérants qui pratiquent généralement pour une
durée de 7 jours.
En Vanoise, les séjours itinérants représentent 11% des visites dans le territoire. Ces séjours ont augmenté de
+3 points entre 2006 et 2012. Les « grands marcheurs » ont en moyenne 44 ans, sont chefs d’entreprise, cadres
supérieurs ou exercent une profession libérale, viennent en groupe (30%), visitent le parc durant un séjour
itinérant (51%).
Dans les Alpes de Haute-Provence, le profil type d’un randonneur itinérant est le suivant :
Une clientèle française (88%) issue de CSP élevées,
Agée de plus de 50 ans mais 1/5 a moins de 35 ans
Une pratique de groupes (en moyenne 5 à 6 personnes) et en autonomie
Une durée moyenne de 12 jours
¼ des répondants n’a consommé aucun service annexe (accompagnateur en montagne, transport de bagages,
demi-pension ou pique-nique)
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1.2.3. La clientèle vététiste
Le VTT en France :
6.6 millions d’usagers du VTT ont été comptabilisés dans l’étude sur l’économie du vélo menée par Atout
France en 2009.
ème
Le vélo et le VTT se placent au 3 rang des sports préférés des 18-25 ans.
Le VTT est une activité en plein essor, qui connait de fortes évolutions depuis 10 ans avec de nombreuses
disciplines existantes (all mountain, cross country, enduro, descente, etc.)
Le VTT est une activité très prisée des jeunes, à la recherche de parcours ludiques et souvent techniques
L’itinérance à VTT en France :
L’itinérance VTT se pratique essentiellement en cross-country (la découverte, les paysages, le côté ludique de la
descente est tout aussi important que la composante sportive et l’effort)
Les grandes traversées à VTT (Vercors, Massif central, Jura, etc.) sont très appréciées de cette clientèle
Les séjours en VTT se déroulent généralement sur une semaine, d’avril à septembre. 89% des pratiquants sont
autonomes.
L’itinérance à VTT dans les Alpes :
Le VTT constitue une activité forte en sensations qui trouve une place de plus en plus large en montagne où il
est identifié comme la seule discipline en progression (source : Altermodal).
La clientèle vététiste est composée en majorité d’hommes et de groupes d’amis. Elle est en moyenne âgée de
35 à 55 ans et bénéficie d’un fort pouvoir d’achat.
Sur les Chemins du Soleil, la fréquentation s’étire de façon quasiment équivalente sur trois saisons (printemps,
été, automne) avec toutefois une affluence marquée au printemps.
La dépense moyenne d’un vététiste en liberté est de 70€ par jour.
Cette pratique génère 3€ de retombées économiques locales pour 1€ investi par la GTA.
Conclusion
L’itinérance constitue une pratique touristique dans l’air du temps, en phase avec les aspirations
contemporaines de voyage – découverte des massifs à un rythme privilégiant les rencontres, le respect des
territoires et le contact avec la nature – et nombreuses sont les destinations à l’intégrer dans leurs axes de
développement stratégiques.
Toutefois, si les territoires s’emparent de cette pratique porteuse, la connaissance de ces clientèles et de leur
impact reste à ce jour très faible, hormis pour la pratique du vélo, qui bénéficie de la dynamique liée à France
Vélo Tourisme et ainsi de moyens importants, bien que restreints à ce jour aux véloroutes et voies vertes.
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2. METHODE D’EVALUATION DE LA PRATIQUE ITINERANTE
L’itinérance est une pratique qui se déroule au plus près du territoire, en solitaire, en groupe ou en famille.
Vécue comme une quête personnelle ou une aventure collective, dans un rythme respectueux des territoires,
elle constitue un véritable voyage riche en découvertes, expériences et rencontres.
Du point de vue touristique, les caractéristiques de cette pratique sont multiples et souvent méconnues,
l’itinérance se limitant pour nombre de partenaires à une pratique de niche, considérée comme faiblement
impactante, à fortiori dans des territoires où les investissements sont prépondérants sur les activités liées à la
neige. Rappelons que sur 10€ investis dans les zones touristiques de montagne, 9€ le sont sur la neige et 1€ sur
1
la diversification .
2.1. L’exemple de la pratique cyclo
L’itinérance à vélo illustre de façon significative l’impact de la pratique itinérante sur la vie économique des
territoires de montagne, notamment en raison du rythme de cette forme de voyage et des longues distances
généralement parcourues. Quand le pratiquant cyclo accomplit 700 km en 7 jours, l’automobiliste les parcourt
en 2 ou 3 jours. Au cours de son périple, le cycliste itinérant change chaque jour de lieu d’hébergement et a
fortement recours à l’hébergement marchand puisqu’il traverse plusieurs territoires. Il s’arrête dans plusieurs
villages au cours de sa journée, dépense plusieurs fois pour se restaurer et se désaltérer, et ainsi répartit ses
dépenses dans diverses structures (café, restaurant, hébergement, petits commerces, etc.).
Sur la Route des Grandes Alpes, le cyclotouriste réalise en moyenne un voyage d’une semaine comprenant des
étapes de plus de 100 km. De niveau d’études supérieures, il a tendance à dépenser plus que la moyenne,
privilégiant les produits du terroir et appréciant la gastronomie.
En 2012, les pratiquants Route des Grandes Alpes ont dépensé en moyenne 89€ par jour et par personne selon
la répartition suivante : hébergement 44€ - restauration 26€ - loisirs 3€ - transport 11€ - services 5€. Ce niveau
de dépenses très élevé est supérieur à la moyenne nationale des cyclos itinérants (75€ par jour et par
personne) et davantage encore des touristes en séjour (56€). Le schéma ci-dessous montre au fil de l’itinérance
la répartition des dépenses au sein des divers villages traversées.
0
1
J1
J2
J3
J4
J5
J6
700 km
Gazette du tourisme n°2214-15 – août 2013.
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2.2. Les indicateurs de l’itinérance
L’itinérance constitue une forme de tourisme diffus rarement prise en compte dans les études de
fréquentation puisque difficilement adaptable aux méthodes d’observation classiques. En effet, la
fréquentation touristique se mesure à travers la fréquentation des hébergements marchands et des sites
payants dans une logique de stock.
Lors de la mise en place d’une évaluation de la pratique itinérante, de nombreuses questions se posent en
amont quant à la définition des champs de l’étude. Les logiques de déplacement liées à la pratique
complexifient le suivi et l’analyse des clientèles. Certaines pratiques comme le bivouac échappent au dispositif
classique d’observation. En outre, les éco-compteurs ne permettent pas de distinguer un itinérant d’un touriste
en séjour pour la plupart des pratiques. Sauf à développer un système relativement coûteux comprenant des
méthodes d’évaluation complémentaires (éco-compteur, comptages et entretiens sur sites, sondages auprès
des professionnels, etc.), correspondant complètement aux besoins la pratique, l’itinérance constitue un objet
relativement complexe en termes d’études statistiques.
La méthodologie employée par la GTA s’appuie largement sur l’implication des professionnels du réseau. Les
données récoltées auprès des hébergeurs et autres professionnels (agences de voyage notamment)
permettent de dresser des tendances significatives sur les clientèles et leurs comportements en apportant une
vision globale des pratiques. Néanmoins, différents freins sont à lever :
Ce système fonctionne si le réseau bénéficie d’une bonne animation,
Les professionnels sont tenus de bien connaître leur clientèle pour repérer et différencier celle que
l’on souhaite observer. Selon la taille de la structure, cela s’avère plus ou moins envisageable. Ce point
peut éventuellement soulever d’autres questions sur la définition des clientèles : la clientèle vient-elle
sur l’itinéraire pour l’itinéraire ? Connait-elle l’itinéraire ?
Les indicateurs sont des outils de suivi et d’analyse de la mise en œuvre et des résultats d’un projet. En matière
de tourisme itinérant, les indicateurs permettant de démontrer l’impact sur la vie économique des territoires
de montagne peuvent être définis de la façon suivante :
Taux de remplissage des hébergements grâce aux itinéraires
Part du chiffre d’affaires réalisé grâce aux itinéraires au sein des hébergements
Nombre de nuitées par zone géographique et répartition des flux le long de l’itinéraire (évolution du
succès de l’itinéraire par portion selon les nouveaux développements)
Dépense moyenne journalière des itinérants et répartition des dépenses par poste (hébergement,
restauration, loisirs, transport, services).
Retombées directes au sein des hébergements = nombre de nuitées * coût moyen nuitée demipension
Retombées économiques locales (toutes dépenses confondues) = nombre de nuitées * dépense
moyenne journalière des itinérants
Retombées économiques sur une portion de l’itinéraire (résultat pouvant ensuite être extrapolé à
l’ensemble de l’itinéraire) = nombre de passages éco-compteur * durée moyenne d’un séjour *
dépense moyenne journalière
2.3. Les différents outils de la GTA
Différents outils ont été mis au point par la GTA afin d’obtenir les données présentées ci-dessus. Chacune des
méthodes est présentée en fonction de ses avantages et ses inconvénients, tant en termes de moyens que de
résultats. Pour compléter la démarche, au regard de la nouvelle stratégie 2014-2020, d’autres outils pourront
être développés dans l’objectif de mieux connaître les clientèles itinérantes potentielles et les moyens de les
conquérir. Ces outils correspondent aux scénarios 4 et 5 dans le tableau. On sort ici du registre de l’évaluation
des itinéraires pour s’ouvrir à des études de clientèles répondant aux problématiques globales de la structure
et permettant d’alimenter la stratégie marketing GTA-MYA.
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Méthodes d'évaluation de l'itinérance
Logique
Scénarios
LOGIQUE ITINERAIRES
Scénario 1 :
Audits pratiquants, hébergeurs,
agences de voyage
Scénario 2 :
Ecocompteurs
LOGIQUE PRATIQUES
Scénario 3 :
Intégration des données existantes
de nos partenaires
Scénario 4 :
Etude de clientèles
au niveau national
Avantages
Pilote
budget
(de 1 à 10)
. Exclue de fait les clientèles non
fréquentantes
GTA
3
. Pas compatibles avec toutes les
pratiques (sauf si entretiens
complémentaires
sur sites)
. Difficulté dans le choix de
l'emplacement
. Coût important
. Nécessiterait un écocompteur par
département
. Piste de travail : s'appuyer sur les
ecocompteurs dont disposent les
partenaires et affiner les chiffres
collectés par des enquêtes terrain
. Expérimentation à prévoir :
comparaison entre ces données et les
résultats du site web (nb de cliks, nb de
téléchargements de roadbooks)
GTA
5
. Homogénéité des données (différentes
méthodologies)
En cours de développement
. Résultats fiables / Fort taux de retour (si
relances téléphoniques)
. Etude des flux de fréquentation
. Relances téléphoniques nécessaires
. Répond à la demande de retour sur
. Tendances plus que statistiques précises
investissement demandé par les financeurs
. Panel non représentatif de pratiquants
. Reconnaissance pour la GTA
. Outil d'animation du réseau
. Peu onéreux
. Résultats quantitatifs fiables
. Permet de déterminer la taille des
groupes et d'affiner les données
qualitatives
. Mutualisation de moyens
. Dimension alpine de l'itinérance
. Etude d'ampleur permettant de disposer
. Coût très important
de données nationales qui manquent
. Traitement des données à externaliser
. Complexité d'organisation
aujourd'hui sur le VTT et le pédestre
(institut de sondage, cabinet d'étude)
. Logique de partenariat à animer (PRNSN,
. Opération de communication
. Cadeaux pour optimiser les taux de
FFC, FFR, Atout France, etc.)
. Financement de la documentation et de sa
retour (nuitées, séjours, topos)
. Lisibilité moidre pour la GTA ?
diffusion
. Carences d'informations sur ces clientèles
. Meilleure connaissance des cibles et de
ses modes de consommation > définition
de typologies de clientèles et orientation
des actions marketing
. Lever les freins de l'itinérance
. Répond aussi bien aux besoins de la GTA
et qu'à
ceux des2013
partenaires
Note globale sur l’impact de l’itinérance / Pôle Veille et évaluation
/ Décembre
/ DM
Scénario 5 :
Etude des clientèles potentielles
pratiquantes mais non itinérantes
ou itinérant ailleurs
> questionnaires pratiquants via
réseaux de partenaires
Remarques
Inconvénients
. Difficultés d'appropriation du
questionnaire par les partenaires
8
. Nécessite beaucoup de main d'œuvre
pour administrer les questionnaires (cf.
Isère Tourisme)
2
Autre
10
GTA ou
autre
8
3. LES IMPACTS ECONOMIQUES DE L’ITINERANCE
Les études réalisées au sein de la GTA depuis quelques années font ressortir un certain nombre d’éléments qui
sont autant d’outils vertueux pour le tourisme alpin. L’itinérance, une pratique de niche ? Certainement, mais
quelles ressources dans cette forme de voyage !
3.1. L’allongement de la saison estivale pour les socio-professionnels
Alors que les stations de montagne connaissent une véritable concentration de la fréquentation durant la
saison estivale (juillet – août), la pratique itinérante est quant à elle maximale en avant et en après-saison. Les
mois de mai et juin constituent une période phare pour les cyclistes et vététistes itinérants, ainsi que, dans une
moindre mesure, le mois de septembre, selon les études de fréquentation menées sur la Route des Grandes
Alpes et les Chemins du Soleil en 2012 et 2013. L’itinérance pédestre bénéfice des mêmes caractéristiques.
A titre de comparaison, en Savoie Mont Blanc, les mois de juillet et août représentent 78% de la fréquentation
estivale.
3.2. Une durée de séjour élevée
Face à la prépondérance des courts séjours, la durée de séjours des touristes itinérants est souvent supérieure
à la moyenne de séjour de l’ensemble des touristes :
 7 jours en moyenne pour les cyclos de la Route des Grandes Alpes avec une pointe à plus de
15 jours en 2012
 11 jours en moyenne pour un itinérant pédestre dans les Alpes de haute-Provence en 2010
 2 nuits en moyenne pour un touriste en Savoie Mont Blanc en été 2012
 5 nuits en moyenne pour un touriste français séjournant en Rhône-Alpes
 7 nuits en moyenne pour un touriste séjournant en région Paca.
En réalité, selon les pratiques et les motivations, les formes de voyage peuvent être très diverses. Le cycliste de
la Route des Grandes Alpes, attiré par le challenge sportif, aura tendance à parcourir l’itinéraire dans son
intégralité, d’une seule traite, tandis que le vététiste des Chemins du Soleil va plutôt fractionner son effort sur
plusieurs séjours de 4 ou 5 jours. La Via Alpina et le GR5 sont également des exemples d’itinérances souvent
parcourues par segment, par massif, avec des séjours se succédant d’année en année, le randonneur reprenant
là où il s’était arrêté l’année précédente, avec au final une itinérance de 4 semaines à 4 mois !
3.3. L’itinéraire comme motivation principale dans le choix de la destination
Le voyageur itinérant décide de sa destination en fonction d’un itinéraire déterminé et préparé à l’avance.
L’itinéraire constitue un objectif en soi et sa motivation principale réside dans le fait de le parcourir dans un
esprit sportif, de découverte, en solitaire ou en toute convivialité. En fonction du type de clientèles et du fait du
rôle vitrine que jouent les grands itinéraires, le choix peut également se porter sur un autre parcours plus
accessible situé sur un des territoires traversés. Les grandes traversées remplissent pleinement leur rôle en
transmettant l’envie de découvrir les territoires qu’elles irriguent, même si cet impact est plus difficile à
mesurer.
3.4. Un niveau de dépenses nettement supérieur aux moyennes globales
Le potentiel économique lié au mode de déplacement des itinérants, qui changent de lieu d’hébergement
chaque jour, est considérable. Lorsque l’hébergement non marchand représente jusqu’à 59.5% des nuitées en
Rhône-Alpes, l’itinérance offre une valeur ajoutée certaine pour les territoires. Les touristes itinérants, qui se
caractérisent par un fort recours à l’hébergement marchand, contribuent fortement à la vie économique des
territoires traversés. La pratique pédestre se distingue sur ce point en ce sens qu’une partie des itinérants au
long cours présente la particularité de privilégier le bivouac.
Note globale sur l’impact de l’itinérance / Pôle Veille et évaluation / Décembre 2013 / DM
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Le niveau de dépenses des clientèles itinérantes s’élève généralement autour de 70€ par jour et par personne.
Pour la clientèle cyclo de la Route des Grandes Alpes, cette moyenne monte à 89€, soit une valeur nettement
supérieure à la moyenne nationale (75€) et aux moyennes constatées chez les clientèles non itinérantes et non
cyclistes. En Rhône-Alpes, la dépense moyenne s’établit à 42€ par personne et par jour. En Paca, celle-ci s’élève
à 64,3€ par nuit et par personne, et ce grâce aux clientèles étrangères qui dépensent plus.
Selon le syndicat des commerçants et artisans de Valberg, sur la Route des Grandes Alpes, « certains
opérateurs réalisent une part très importante de leur chiffre d’affaires estival grâce au passage de tous les
itinérants qui empruntent cette route historique du printemps à l’automne ». Quant aux cyclistes, « ils
consomment globalement 20 euros de plus par jour et par personne qu’un touriste ordinaire qui dépense déjà
entre 50 et 60€ », selon Lucie Menei, secrétaire du syndicat.
En 2012, l’étude réalisée sur la Route des Grandes Alpes sur les pratiques auto – moto – cyclo montrait le poids
économique de ces clientèles à travers deux indicateurs :
Un client sur deux dépense entre 50 et 100€ par jour et par personne, un sur quatre plus de 100€
La clientèle Route des Grandes Alpes représente 20% du chiffre d’affaires des hébergements du
réseau.
4. CONCLUSION
Les observatoires portés par les différentes collectivités en charge du développement touristique ont pour
mission de cerner le poids de l’économie touristique en termes d’emplois, de nuitées et de consommation. Ce
type de dispositifs se base donc exclusivement sur la clientèle en séjours, dans une logique de stock des
populations touristiques et non pas de flux. Il existe finalement très peu de données sur les retombées
économiques de l’itinérance touristique et sur les modes de consommation de ces clientèles.
Toutefois, si aujourd’hui le nombre de partenaires ayant impulsé l’analyse d’une telle pratique est faible, une
dynamique se met peu à peu en place avec des structures qui démarrent une réflexion en ce sens. Savoie Mont
Blanc lance le projet d’un observatoire des activités de nature s’appuyant sur un certain nombre d’écocompteurs basés sur le territoire. Le projet Via Rhôna soulève également la question de l’observation des
pratiques itinérantes à une échelle large. Les moyens investis dans ce projet et le nombre d’éco-compteurs
placés tout au long de l’itinéraire donneront lieu à un dispositif d’évaluation précis.
Par ailleurs, la GTA, dont l’enjeu est de faire de l’itinérance touristique un levier de développement territorial,
s’est donné comme cap de montrer en quoi l’itinérance est un facteur de vitalité pour la montagne tant au
niveau économique que dans la structuration et la coordination des acteurs locaux. Elle a pour cela mis en
place successivement deux types d’évaluation : l’une portant sur les clientèles itinérantes et l’impact territorial
de ses programmes ; l’autre portant sur l’appropriation de l’action de la GTA par les socioprofessionnels du
réseau. En effet, si la légitimité de la GTA réside dans le soutien qu’elle apporte aux économies de montagne,
d’autres éléments sont à considérer en termes d’impact : appropriation par les acteurs locaux, capacité à
expérimenter et mettre en réseau, etc. La production de données quantitatives, ne donne qu’une image
partielle du rôle de l’itinérance dans la structuration de la filière touristique.
Note globale sur l’impact de l’itinérance / Pôle Veille et évaluation / Décembre 2013 / DM
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