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2112 TEXTE ET MUSIQUE: DICK ANNEGARN MISE EN SCÈNE: STÉFAN SPEEKENBRINK «L’espèce d’oppression dont les peuples démocratiques sont menacés ne ressemblera à rien de ce qui l’a précédée dans le monde.» A. de Tocqueville La démocratie en Amérique Réalité en quête de fiction Dick Annegarn est auteur-compositeur. Son théâtre est un clairon: ses mots se soufflent, se scandent ou se chantent. Le théâtre qu’il conçoit est profond et charnel. Emprunt des questionnements sur notre société et attentif aux sons des mots, au rythme des paroles. Il a écrit 2112 comme un poème épique, il est sorti du format chanson pour se pencher vers l’avenir. Le comprendre au travers de personnages, de situations. Comme Tocqueville au XIX ème siècle, Dick Annegarn parle au futur d’un présent en faillite. Il est ici acerbe dans la fiction. Il rend compte des paradoxes auxquels nous participons quotidiennement, il s’immisce dans nos failles, en écarte les bords en refusant tout manichéisme. Il pousse la pensée écologique dans ses retranchements les plus noirs, celle d’un fascisme d’autant plus fécond qu’il répond au «bien de l’humanité». Tuer tout ce qui nuit à la bonne santé de la planète : belle pensée unique. Depuis longtemps dans la société qu’il décrit, l’ignorance c’est la force1. Avec 2112, Dick Annegarn a créé un futur aux accents fantasques. Improbable peut-être, délectable sûrement. Il propose un texte rude et embryonnaire, qui pointe clairement les conflits mais laisse une grande part à la création quant à sa mise en forme. C’est par la sensation, le rythme qu’il nous entraîne vers le futur. «Ecrire ce qui est ou écrire ce qui vient? Caresser la surface des événements, tracer une cartographie de leur écorce ou au contraire, casser la bogue, extraire le noyau, la semence des temps futurs? Vieux dilemme qui oppose le travail des politologues et celui, plus trouble mais d’une incomparable fécondité, de tous ceux – romanciers, cinéastes, auteurs de BD – qui ont l’audace de s’attaquer aux temps à venir. Si l’on s’en tient à la méthode, il est certain que seuls les observateurs scientifiques de la politique et de l’histoire peuvent prétendre à la rigueur et, en conséquence à la crédibilité. […] Pourtant la fiction qui se revendique ouvertement comme mensonge est, au contraire, une des formes de la vérité. Cette vérité ne se reconnaît pas par sa forme mais par un “son” que l’oreille humaine peut distinguer. Un roman “sonne” juste - ou pas – et conduit à une plus haute compréhension de la profondeur des situations et des acteurs2.” 2112 est constitué de trois parties dans lesquelles ni les thèmes ni les personnages ne sont identiques. Seule, dans ce tryptique, la trame relie chaque partie: à une force vient se heurter une contre force engendrant un conflit qui ne trouvera sa résolution qu’avec la création d’une troisième voix. Cette troisième voix n’est pas un compromis mais une proposition nouvelle née de la compréhension profonde de ce qu’est l’autre. Dick Annegarn confronte des univers considérés comme opposés. Il en décrit les peurs, s’immisce dans les failles de ses personnages. Il passe lui-même par la compréhension des deux forces en question et en vient à dégager des similitudes qui questionnent l’aspect manichéen de notre pensée occidentale. Le cadre de référence est une dictature écologique, la biocratie, dont toute technologie est bannie. On porte du lin, on boit de l’eau de source, tout n’est qu’équilibre et considération. Cette biocratie soigne. Elle soigne tout ce qui vit et chasse et tout ce qui tue. Ce tout-bio dépend des ficelles numériques contrôlées par les biocrates. La biocratie est une démocratie résolument dirigée vers une pensée unique: ne pas nuire. Et dans cette nouvelle forme de fascisme écologique, la répression est invisible. Tout est induit avec amour et acceptation. L’opposition ne peut exister. Les personnes récalcitrantes à cette soft-idéologie sont rééduquées en douceur, avant même de pouvoir imaginer quelconque opposition. 2112 est un triptyque dans lequel trois thématiques sont développées: L’expulsion du territoire national dans France-Asile. L’instrumentalisation de la religion dans les Hiérodules et l’écologisme forcené dans Diacrise. On s’interroge sur l’évolution du statut de l’étranger, de la prostituée et du rebelle face aux fonctionnaires (euxmêmes étrangers), aux religieuses (en lutte avec Dieu) et aux biocrates (attirés par les outils technologiques). ORWEL, Georges, 1984, traduit de l’anglais par Amélie Audiberti, Gallimard, Paris, 1984, p.285. 2 RUFIN, Jean-Christophe, Réalité en quête de fiction, in: Le monde Diplomatique, septembre 2004, p.28. 1 Les trois parties FRANCE-ASILE est la confrontation de deux hommes du même continent, placés d’un coté et de l’autre de la barrière. Chhaya Prak, fonctionnaire silencieux, travaille pour la Police de l’Air et des frontières (P.A.F.). Albin Van Thieu passe devant son guichet avant d’être expulsé du territoire. Il est français de culture et gouailleur de surcroît. Albin se défend de l’injustice de l’état biocratique: J’étais Français de lait Et fier de l’être J’appréciais ces petites lettres Ces cédilles Ces accents circonflexes Articles complexes Concaves convexes Conserver papiers gras Sable morve Mort au rats J’ai dû tout répertorier A travers mes promenades Allées venus D’éternels trottoirs J’ai fais du sport J’en suis pas mort Je fais du vélo Plus vite plus beau J’ai été élevé Dans une école Y allais matin Bouses vides Fesses molles Et le soir J’en avais plein La tête Bon en maths Beau en mèche La mèche? Rebelle Je m’appelle Albin Van Thieu * Chhaya Prak le prend en sympathie, cela retarde son départ. Cependant après trois jours ils se font tous deux éconduire au Vietnam. Chhaya Prak est d’origine cambodgienne, il espérait pouvoir échapper à l’expulsion en respectant les ordres des biocrates. Ils se retrouvent dans le même avion affrété par la P.A.F. en partance pour l’Asie, dont ils ne connaissent rien. *2112, première partie France-Asile, scène 1, pp. 2-3. Albin dans son camp de réfugiés commence à divaguer et les cauchemars deviennent réalité. Il imagine un Chhaya Prak sous la forme d’un demi-dieu qui prendrait le contrôle des êtres vivants. De ce délire Albin en retire une volonté féroce: prendre le pouvoir sur cet adversaire fantasmé. Il en perd son humanité, s’improvise proxénète. S’inspire de la violence ressentie lors de son expulsion du territoire français pour devenir tortionnaire. Trois années plus tard, Albin est devenu très riche, ce qui lui permet de quitter le Vietnam. Avant son départ pour la France il retrouve un Chhaya Prak totalement déliquescent. Il ne le reconnaît pas. L’action des HIÉRODULES se situe dans un des derniers couvent en activité, déserté par les fidèles. Mais trois nonnes se jouent et se rejouent frénétiquement ce qu’elles croient être un culte catholique. Elles ritualisent de vagues restes de pratiques religieuses: se baptisent à tour de rôle, vénèrent un crucifix dont il ne reste qu’un bras et s’imaginent en communion avec Jésus enterré au Cachemire. Simone arrive en grande pompe. C’est une prostituée en fin de carrière qui veut recycler ce monastère en haut lieu de plaisirs. La justification vient d’une tradition où des prêtresse sumériennes, les Hiérodules, faisaient l’amour aux fidèles. Les sœurs prennent rapidement plaisir à respecter les consignes de Simone et servent le sexe comme elle transcendent leur Dieu estropié. Simone prend peur face à de telles lubricités et se questionne sur l’intérêt que peut avoir le sexe en dehors des questions éthiques. Elle conclut qu’une prise en considération à la fois du plaisir charnel et du plaisir spirituel toucherait aux fondements de ce qu’est l’amour. Simone en vient à comparer la recherche du plaisir par le point G, au point de convergence cosmique, le point Oméga: bon, les sœurs culte celles qui restent ce soir je veux du leste il faut renouer avec la théologie il nous faut des colloques des séminaires, de la réflexion serions-nous comme des algues parmi les poissons non ? salamandres, oiseaux, mammifères, prédateurs, prédicateurs l’univers est convergence l’évolution une montée vers la conscience dans l’étoffe de la proximité naissent les tangentes nos âmes s’en élèvent non point isolément le Christ est un axe de souffrance et de délivrance qui passe obligatoirement par la terre et l’homme l’homme est irremplaçable unissons corps et esprit en plus du point d’arrêt le point g et son corollaire le point oméga* DIACRISE, oppose un émissaire de la biocratie à l’un des derniers retors à ce régime écologique et autoritaire. Le suppôt des biocrates prône le biologisme démocratique, tandis que l’autre cherche le plaisir immédiat par des artifices technologiques. Le fonctionnaire a le devoir de ramener cette brebis égarée à la raison en douceur. La force numérique est du coté de la biocratie. Le miroir tendu par le rebelle amène le fonctionnaire à suivre ses instincts. Une assemblée exceptionnelle du gouvernement de 2112 se met en place pour ramener le fonctionnaire à la raison. Celui-ci persiste dans sa quête de plaisir immédiat et donne raison au rebelle. Il s’exclut ainsi de l’état totalitaire, se métamorphosant en un redoutable colérique. Les deux protagonistes se retrouvent dans une communion d’esprit et se mettent en quête d’une troisième voix. De cette Diacrise (crise à deux), va naître une nouvelle conception de ce que peut être l’humain de 2112, ni mouton ni rebelle, obéissant à la fois à ses pulsions et respectant l’écosystème. La liberté? Sa cage est pire qu’une vraie. Son air est vicié. On n’y respire pas. On y aer-o-bie dans la polytopie** *2112, deuxième partie Les Hiérodules, scène 5, p.19. **2112, troisième partie Diacrise, scène 2, p.25. Note de l’auteur Mon point de départ a été la rencontre avec un jeune homme déchiré entre sa culture d’origine et son pays d’accueil. Né en France de parents vietnamiens, ses repères et sa manière de penser sont français. S’intégrer a toujours été au centre de son éducation. Il est quand même perçu comme étranger par ses voisins. Cependant les lois sur l’immigration ont pris une telle tournure qu’il a été rejeté de sa France natale, éconduit au Vietnam dont il ne connaît ni langue ni coutumes. De là j’ai imaginé ce que pourrait être l’avenir, dans une société qui exclut ceux qui n’ont de désir que celui d’une nouvelle communauté. J’ai donné une date à cet avenir: 2112. Le monde de 2112 est une blessure. J’ai décliné deux thèmes qui constituent les fondements de nos sociétés occidentales : la religion et la politique. France-Asile a été complétée par Les Hiérodules et Diacrise. Ainsi 2112 est aujourd’hui un triptyque. C’est une pièce d’anticipation à partir des données politiques et sociales actuelles. Chacun des trois actes est construit de manière semblable: deux forces se confrontent autour de lois d’exception instaurées par le gouvernement en place. Les deux forces ne sont jamais totalement opposées. Il existe toujours en l’une les fondements de l’autre et vice versa. Je me refuse aux clichés. Une religieuse n’est pas forcément moins femme qu’une prostituée. Les déviances d’un système ne sont pas forcément nichées chez l’homme déviant. La société est schizophrénique, elle propose généralement deux directions opposés alors que l’être humain est en soi plus complexe. L’écriture théâtrale m’a permis de développer le dédoublement de valeurs apparemment monolithiques. Je cherche dans l’écriture une chimie. Il faut qu’il y ait une zone de probabilité de rencontrer tel ou tel ion. Ce n’est pas seulement dans la rime, ni par la métrique, c’est une mise en bouche avec ses couleurs, ses sons propres. Une chanson, c’est plus qu’une somme de paroles et de musique. C’est une solution imaginaire. Il faut qu’elle excite l’imagination. Le théâtre est aussi une chimie entre signifiant et signifié entre compréhension sensuelle et intellectuelle Je suis volontairement étranger au français car j’aime en découvrir constamment la résonance. Dans mes chansons je cherche à faire de chaque syllabe un mot, de chaque mot une phrase, chaque phrase une strophe. Désarticulation plutôt qu’articulation. Dans 2112 j’ai pris ce même plaisir à construire et déconstruire le langage des personnages. Ce qui dynamise le spectacle vivant est le verve populaire. Elle se trouve du coté des moussems berbères, du théâtre musical, des numéros de foire, des fêtes paysannes hongroises, des rhapsodies, des joutes. J’aime le théâtre quand il est vécu comme élément constitutif de la vie. Le metteur en scène Stéfan Speekenbrink m’a rejoint dans cette quête. Une alternative aux ordres établis. Il connaît le théâtre d’institution, les auteurs de références, la composition dramatique. Comme moi il propose de transformer le théâtre de l’intérieur. Redécouvrir à chaque instant comment il peut être proche de ses origines festives et musicales. Il cherche à donner corps, souffle et rythme aux textes qu’il travaille, retrouver le chœur et ses ressources dramatiques. Il m’a proposé d’écrire une nouvelle version de 2112 (la première datant de 1994). A présent le poème épique devient plus dramatique. Les conflits sont plus précis et les personnages construits. D’autre part la partie musicale prendra une place importante sous forme de chants a capella. J’interviendrai dans cette nouvelle création en tant que compositeur pour ces voix chantées. La rencontre s’annonce fertile. A la limite entre théâtre et musique – sans frontières. Dick Annegarn Note de mise en scène 2112 est la première pièce de théâtre écrite par Dick Annegarn. Les craintes qu’il peut éprouver face à l’avenir de l’humanité l’ont amené au théâtre. Il y trouve plus que dans le format chanson, le lieu pour développer ses idées. Il interroge la réalité/le présent à partir d’éléments imaginaires du futur. L’anticipation lui permet de creuser dans ce présent, d’en stigmatiser les errances. 2112 met effectivement le doigt sur les dysfonctionnements de nos sociétés occidentales mais propose une forme ludique et poétique en réponse. Le théâtre ne doit pas être uniquement le lieu de la critique : il se doit de proposer une forme. Ici, la parole en chœur est une sorte d’idéalisation de la société se retrouvant dans une communauté. Comme la musique n’a pas d’appartenance, on ne peut se la disputer, elle rassemble. Le mot religion vient du latin: religare, relier, mais depuis longtemps elle ne relie plus les hommes entre eux. La musique par contre conserve cette capacité d’unir dans une communion d’esprit. Elle tisse des liens en dehors de toute croyance, c’est une sorte de religion sociale. Depuis toujours je recherche la musicalité dans le théâtre. Je sens que celle-ci possède une capacité d’évocation plus grande que le langage. La musique donne à voir des mondes, le théâtre donne à entendre des histoires. La musique pousse dans des retranchements intimes dans la mesure où elle donne à chacun le loisir de s’évader. Le théâtre quant à lui est plus didactique, il faut souvent passer par la compréhension pour prendre du plaisir. Le théâtre musical réunit signifiant et signifié : un monde s’ouvre et des histoires s’y déroulent. 2112 est à la fois un texte rythmé, musical ainsi qu’un récit construit. J’écoute les chansons de Dick Annegarn depuis plus de 15 ans. J’ai toujours ressenti une proximité de point de vue, sans pour autant savoir pourquoi. La voix chantée exprime bien plus que les mots qu’elle prononce. Elle exprime l’invisible et par le truchement de l’identification peut nous entraîner du coté du rêve, non seulement individuel mais collectif lorsqu’elle devient spectacle. L’art, comme la magie, est l’intermédiaire entre l’imagination et la réalité. Ses textes sont comme des portes ouvertes. Ses personnages : un bébé éléphant, Ubu, ou plus récemment trois petits cochons, sont des archétypes, ils possèdent une capacité d’évocation qui dépasse leur sens premier, faussement naïf. Ma joie à été grande de découvrir la première version de 2112 dans la mesure ou je me trouvais face à un objet théâtral assez rare: les mots se répondaient les uns aux autres, sans ponctuation, sans didascalies ni même indications sur les personnages, proche en cela de ses chansons mais unique dans ce qu’il y exprime. Dick Annegarn est un ami du verbe3 , son écriture n’est pas celle d’un auteur de théâtre à proprement parler mais s’apparente de la conception postdramatique4. 2112 est un texte à scander, mâcher, déglutir, souffler, chanter... le plaisir vient en le lisant à haute voix; on en sent le rythme et il devient ludique. On veut jouer avec les mots mis bout à bout. C’est par ce biais que je veux aborder son écriture. Utiliser ces mots comme une matière avec laquelle on peut ouvrir les vannes de l’imaginaire. Créer une partition sonore dans un premier temps, un chœur à quatre voix mêlé d’instruments de récupération pour ensuite concevoir une partition corporelle. Pour pénétrer l’univers de Dick Annegarn, nous utiliserons l’art de la rhapsodie, technique antique qui consiste à réciter et chanter des poèmes épiques. Trouver comment les mots écrits peuvent se transformer en une partition, comment le rythme est inhérent à l’écriture, et comment à partir de ces mots rythmés peut naître un vocabulaire commun permettant l’élaboration de situations dramatiques. Il n’y aura pas de coulisses, les acteurs se maquillent et se changent à vue. Le public fera partie intégrante du spectacle dans la mesure ou des gradins seront installés tout autour de la scène. Sur le plateau, sera utilisé tout un attirail d’objets de récupération devenus objets-mémoire, abandonnés, sans identité. Ces objets serviront à la recherche sonore et seront au service de l’imagination des acteurs. Les personnages passeront d’un comédien à l’autre, dans des joutes verbales. Aux situations induites dans 2112 viendront se joindre un jeu entre les acteurs élaboré lors des répétitions. Ils se joueront ainsi des personnages comme les chanteurs le font, passant d’un couplet chanté à un autre habité de sentiments extérieurs à eux-mêmes. Les comédiens à qui j’ai proposé le projet pratiquent la musique et/ou le chant. Dick Annegarn déconstruit le sens des mots en extirpant ce qu’ils ont de sonore. Nous allons déconstruire les gestes du quotidien pour qu’ils deviennent poétiques. Déstructurer un mouvement habituellement lié pour en nommer des sous-parties qui peuvent devenir ainsi des signes visuels et sonores. Comme des onomatopées, ou des sons projetés ils seront à la base d’un langage imaginaire pouvant porter les actions dramatiques. Pour France-Asile, par exemple nous partirons de l’observation de la gestuelle des guichetiers de la police de l’air et des frontière (PAF) pour en retenir les attitudes les plus significatives et pour en constituer un vocabulaire visuel ludique. De même dans Les Hierodules avec le rituel des trois nonnes nous trouverons des mouvements symptomatiques présents dans la religion catholique. A partir de la partition sonore élaborée dans un premier temps (premier mois de répétition) nous joindrons une partition corporelle et propre à chaque comédien. Les gestes comme des motifs musicaux permettront de créer une communication entre eux. D’autre part nous élaborerons des improvisations à partir de la représentation de l’état biocratique exprimé dans Diacrise. Ces improvisations visuelles et sonores permettront, avec le même procédé de partition corporelle, de créer une unité au spectacle et d’en relier les deux autres parties. Ce serait par exemple des mouvements structurés dans l’espace d’un groupe formé de biocrates face au rebelle qui se refuse à tout conformisme. L’un des biocrates se trouve attiré par son attitude. S’ensuit plusieurs mouvements d’humeur : un rejet de la part du rebelle, de même de la part des biocrates qui se sentent dénigrés puis une attirance mutuelle entre le rebelle et le biocrate devenu solitaire créant ainsi à eux deux un nouveau mouvement, une nouvelle voix mêlant plaisir technologique et respect de la nature. Les autres biocrates vont petit à petit suivre le mouvement, le dernier à ne pas vouloir suivre cette nouvelle voix va devenir rebelle. Ces différentes actions peuvent constituer une trame à intégrer en sous-partie entre France-Asile et Les Hierodules. L’avenir selon Dick Annegarn se démarque des visions proposées par les auteurs de science fiction. Donner une représentation scénique de cet avenir en utilisant les moyens techniques serait une erreur. Je préfère rester au présent et chercher/expérimenter avec le plateau ce qu’il pourrait être. Jouer avec le futur plutôt que de le représenter. Trouver à travers le texte ce en quoi la réalité offre déjà de fiction. Le théâtre doit être un lieu où l’on n’est pas contraint de concevoir une vision du monde réaliste mais où l’on a le devoir de s’en amuser. L’amusement est critique et constructif. Le rire d’ailleurs est une ouverture qui permet de goûter ce en quoi le réel est amer. La mise en scène de 2112 sera tout à la fois percutante et colorée. Stéfan Speekenbrink Dick Annegarn organise depuis quelques années un festival intitulé Les amis du verbe ou se rencontre auteurs, chanteurs et musiciens. 4 Pour reprendre ici le titre de l’ouvrage parut à l’Arche en 2002, Le Théâtre Post-dramatique de Hans-Thies Lehmann. 3 L’équipe Dick Annegarn Auteur, compositeur, interprète. Il mène depuis le début des années 70 une carrière francophone sans compromis. Aux flonflons du showbiz, il a longtemps préféré l’exil volontaire et la liberté artistique. Son premier album Sacré Géranium date de 1973, il renferme certains de ses plus grands titres dont Ubu, Bébé éléphant et surtout Bruxelles. En mars 1974, il monte en vedette sur la scène de l’Olympia, concert qui marque sa reconnaissance rapide au sein de la profession. Son deuxième album Je te vois sort en janvier 75, suivi de près d’un troisième Mireille. Il décide ensuite de quitter le monde de la chanson en réaction au conformisme et à l’hypocrisie de ce milieu dont il s’est toujours senti étranger. Il va s’intéresser de très près à la vie associative de la banlieue parisienne et de Lille. En profite également pour voyager. Au niveau musical, Dick Annegarn fait quelques apparitions au cours des années 80. En 1981, il sort l’album Citoyen. En 1984, il publie 140 BXL, suivi en 85 de Frères, un de ses plus beaux albums, arrangé par l’accordéoniste Richard Galliano. Cette année-là, il est l’invité du festival du Printemps de Bourges en avril. En novembre 86, il monte sur la scène du Zénith. Il est aussi un homme de théâtre et aime allier la chanson à la comédie comme dans son spectacle qu’il crée en 1987, Un Belge imaginaire. Quelques années plus tard il écrira la première version de 2112. En novembre 97, sort l’album Approche-toi qui marque son retour médiatique. Il signe chez WEA et fait partie du Label Tôt ou Tard. Son album récemment sorti Plouc confirme sa participation active au renouveau de la chanson française. Stéfan Speekenbrink Metteur en scène, formé aux techniques de Jacques Lecoq, il suit également l’enseignement de l’université paris VIII en art du spectacle et se forme à la mise en scène à l’INSAS (Institut National Supérieur des Arts du Spectacle). Son intérêt pour le travail corporel l’amène aussi à effectuer des stages sur les travaux de Grotowsky, Decroux et Barba. Comédien, il joue notamment pour Claude Buchvald, Ulysse Maj, Jean-Luc Mathevet et Hauke Lanz. Metteur en scène, il travaille sur Sainte Jeanne des Abattoirs de Bertolt Brecht, Un rat qui passe d’Agota Kristof, Les Enfantastiques de Yak Rivais, Gang de Philippe Minyana. Il dirige depuis 7 ans la compagnie l’@spiral et est cofondateur de La compagnie TNT. Dominique Grosjean Comédienne, diplômée de l’INSAS. Se forme par ailleurs à différentes méthodes de la pratique vocale : la technique Feldenkrais avec François Combeau, la pédagogie de la voix en Allemagne avec Ince Reese et Rosa Speckman, ainsi qu’au Etats-Unis avec Kristin Linklater et le chant classique avec Pavee Daloze. Depuis 1980 elle est professeur de formation vocale à l’INSAS et travaille comme comédienne notamment sous la direction de Martine Wijkaert, Ingrid von Wantoch Rekowski, Richard Kalisz et Luc Fonteyn. Elle est co-fondatrice du Créa Théâtre à Bruxelles, réalise de nombreuse adaptations et mises en onde radiophonique pour la radio belge, collabore régulièrement avec le Théâtre Européen de Musique Vivante ainsi qu’avec T&M (Théâtre et Musique). Marie Jacquet Comédienne, diplômée de l’INSAS. Suit une formation corporelle pendant quatre années sous la direction d’Eric Mat (Les baladins du miroir de Belgique) et son intérêt pour le chant l’amène à effectuer des stages avec Maurice Sévenant (Théâtre-Parole de Bretagne). Elle joue pour la compagnie des Bonimenteurs, sous la direction de Dominique Séron et sous celle de Gaspar Leclère. Elle assiste ce dernier dans un spectacle intitulé 1914, le grand cabaret. Elle met en scène le groupe L’Orchestre du Mouvement Perpétuel, vainqueur de la biennale de la chanson française 2004. Elle a joué sous la direction de Stéfan Speekenbrink dans le cadre de son projet Sainte Jeanne des Abattoirs. Nicolas Sanchez Comédien, formé à l’INSAS, aux cours Florent ainsi qu’au conservatoire du XIXème à Paris. Se forme également au chant au conservatoire du XIIIème et à la danse, contemporaine avec Jo Lacrosse et classique avec Bénédicto Cieza au studio Alcazar. Il joue notamment dans Le Précepteur de Brecht. Participe à la compagnie Prospero avec laquelle il créé un spectacle de commedia dell’arte et une création collective dansée et chantée. Il danse également sous la direction de Dietlind Neuhaus (dans Triebgut) et sous celle de Stéfan Speekenbrink dans une petite forme intitulée Le Stratif. Il joue également le rôle de Mauler dans Sainte Jeanne des Abattoirs. François frapier Comédien formé par Jean Chevrier et à l’école Jacques Lecoq. Il a joué avec des personnalités aussi diverses que : Philippe Adrien, Jean Marie Villégier au Théâtre National de Belgique, Michel Dubois, Philippe Berling, Mort Shuman, Philippe Van Kessel, Alain Mollot du théâtre de la Jacquerie dont il est co-fondateur, Jean Pierre Chabrol, Thierry Atlan, Bernard Djaoui, Le NADA théâtre, Guillaume Dujardin au Centre Dramatique National de Besançon, etc. Il a tourné dernièrement dans Ma Meilleure Amie avec Anouk Grinberg réalisé par Elisabeth Rappeneau. Récemment il a joué Dans les villes écrit et mis en scène par Susana Lastréto au Théâtre 14 de Paris ; Le banquet de l’évolution au Théâtre du Diamant Noir à Poitiers ; Vertiges de Maupassant pour sa compagnie Les Rendez-vous de Galatée ; Allers retours de Von Horvath mis en scène par Philippe Van Kessel au théâtre National et La Chambre noire de François Clairenval avec mise en scène d’Olivier Coyette. contact Stéfan Speekenbrink 98, rue du Collège 1050 Bruxelles Belgique tel: 00 32 (0)2 640 76 11 [email protected]