Cartes des Religions

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Cartes des Religions
les Cartes des Religions
(d'après "le Dessous des Cartes" – avril 2000)
La Terre compte aujourd'hui 6 Mds d'hab.
et beaucoup d'entre eux ont une foi,
une croyance, une religion ou une quête de spiritualité.
Animisme, Christianisme, Islam, Hindouisme, Bouddhisme,
Judaïsme, religions chinoises,
ce ne sont là que les principales dans le monde, il y a en a bien d'autres.
Quelle est la carte des principales croyances dans le monde en l'an 2000 ?
l'Animisme
Les croyances traditionnelles
remontent à l'apparition de l'Homme.
Aujourd'hui, l'animisme est en effet toujours présent,
mais ses localisations sont approximatives
car il évolue constamment
et subit le métissage des religions plus reconnues.
l'Hindouisme, une religion "locale"
L'Hindouïsme apparaît avec la civilisation de l'Indus.
Numériquement important,
il reste de nos jours très localisé dans le sous-continent indien
et ne s'étend que par les diasporas, sans prosélytisme.
le Judaïsme, petite religion en nombre,
mais très vivante et influente
Historiquement, la 3e grande croyance est le Judaïsme,
la plus ancienne des religions monothéistes.
Aujourd'hui, la population juive est très dispersée entre Israël
et les grands centres urbains
avant tout d'Europe et d'Amérique.
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le Bouddhisme
4e religion dans l'ordre d'apparition sur la terre,
le bouddhisme naît au 6e s. avant notre ère dans l'Himalaya.
Localisé principalement en Asie, il se croise à d'autres religions
ou philosophies locales.
le Renouveau du bouddhisme
Persécuté au 20e s. par les régimes communistes,
le bouddhisme est redevenu populaire en Asie
et dans les pays occidentaux
en se définissant plus comme un mode de vie
que comme une religion.
le Christianisme, une extension mondiale
Le christianisme est la 2e religion du Livre,
elle aussi d'essence monothéiste.
Né au Proche Orient,
le christianisme représente aujourd'hui le tiers de l'humanité
avec trois principales branches :
le catholicisme, l'orthodoxie et le protestantisme.
le Catholicisme
En l'an 2000, la moitié des chrétiens sont catholiques
mais leur répartition a évolué :
en I950, les trois premiers pays catholiques au monde étaient
la France, l'Italie et l'Allemagne.
Actuellement, ce sont
le Brésil, le Mexique et les Philippines.
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l'Orthodoxie
Issue de la séparation
des Empires romains d'occident et d'orient,
elle est très centrée sur le "vieux continent" européen
en Grèce, dans les Balkans et en Russie.
le Protestantisme
Les protestants connaissent aujourd'hui
une expansion importante,
au profit des églises dissidentes
et au détriment des courants traditionnels.
la Géographie de l'islam
Enfin, la dernière des grandes religions monothéistes,
l'islam,
apparaît à la Mecque, au 7e s. de l'ère chrétienne.
La branche sunnite s'étend de l'Afrique de l'Ouest à l'Indonésie,
en passant par le Moyen-Orient
alors que la branche chiite se concentre autour de l'Iran.
Un monde musulman plus asiatique
2e religion au monde numériquement,
les musulmans représentent le 5e de l'humanité.
Dynamique, l'islam croît ostensiblement
mais hors de la zone moyen-orientale :
la moitié des musulmans vit aujourd'hui à l'Est de l'Indus
dans des pays souvent considérés
comme totalement bouddhistes ou hindouïstes.
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Islam et le christianisme apparaissent comme les religions les plus dynamiques.
Elles sont une vocation missionnaire, qui s'exprime
dans leurs livres sacrés et dans la tradition de leur foi.
Si Rome ou la Mecque demeurent respectivement
le cœur du catholicisme et de l'islam,
les centres traditionnels de la foi musulmane et chrétienne
regroupent désormais moins de croyants
que les nouvelles terres évangélisées comme l'Asie pour l'islam
ou l'Amérique latine pour le catholicisme.
On a progressivement un déplacement de la géographie
de certaines des grandes religions dans le monde.
Mais cela ne révèle pas les enjeux et les stratégies politiques.
Si dans les années 1970 / 1980,
on place sur une carte du monde les conflits en cours,
on constate que les guerres sont toutes liées à la rivalité Est-Ouest.
Le moteur de ces guerres est avant tout idéologique.
Si on fait de même 20 ou 30 ans plus tard,
cela conduit à faire comme un tour du monde des conflits religieux.
Mais comment distinguer ce qui relève de la religion,
de l'identité, de la recherche de pouvoir ?
Des conflits où "le religieux" joue un rôle
Si l'on considère comme religieux les principaux conflits actuels,
comme en Irlande du Nord ou au Cachemire,
c'est faire preuve de facilité en ne distinguant pas
les motifs identitaires
ou les luttes de pouvoir
derrière le fait religieux, à l'image de l'Algérie.
le Nigéria, un État multiconfessionnel
Le Nigéria se situe dans la zone de transition africaine
entre monde musulman et monde chrétien.
Concentrés dans le nord et le sud-ouest,
les musulmans représentent 50 % de la population
et ont longtemps dominé le pays.
Les chrétiens, 30 % environ de la population,
habitent le centre, le sud-est
et le nord sous forme de poches minoritaires.
Le reste de la population, animiste,
se trouve dans le sud du pays.
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Des heurts interconfessionnels
Fin 1999, les gouverneurs de plusieurs "États" du nord
ont décidé de faire appliquer la "loi islamique", la Charia.
En février 2000,
les manifestations de chrétiens s'opposant à cette application
ont dégénéré en affrontements meurtriers
avec des musulmans dans les villes de Kaduna et Kachia.
Un conflit religieux
Le massacre de chrétiens au nord a engendré
des massacres de musulmans dans les États chrétiens du sud,
notamment à Aba et Umahia.
Ce sont les événements les plus meurtriers depuis le Biafra.
Il s'agit bien là de conflits d'origine religieuse.
la Minorité copte en Égypte
L'Égypte est essentiellement musulmane,
mais il existe une minorité chrétienne copte
représentant le 10e de la population.
Début 2000, des affrontements entre musulmans et coptes
au sud du Caire ont fait 20 morts et 33 blessés.
La "pistela
islamiste"
necopte
peut être
en compte :
Minorité
en prise
Égypte
officiellement l'islamisme a été éradiqué d'Égypte
et le pouvoir veut maintenir la trêve
avec les extrémistes islamistes.
Toutefois, ceux-ci préfèrent
aux attentats très réprimés contre les touristes,
l'attaque des Coptes, obligeant le pouvoir à prendre des mesures
impopulaires chez les musulmans,
radicalisant ainsi le mouvement islamiste.
Ici, la religion n'est pas la cause,
mais un outil de politique intérieure.
l'Opposition nord-sud en Méditerranée
À l'échelle du bassin méditerranéen,
la rive nord est
essentiellement
chrétienne
l'Opposition
nord-sud
en Méditerranée
avec des catholiques à l'ouest et des orthodoxes à l'est.
Les rives sud et est étant dominées par la religion musulmane,
du Maroc à la Turquie.
L'opposition entre les deux rives
est liée à un écart avant tout socio-économique
mais aussi de représentation entre un nord fantasmé par le sud,
et un sud vu par le nord comme une menace,
du fait d'un amalgame dangereux entre
islam, islamisme et terrorisme.
Cela ne constitue donc pas
une opposition religieuse.
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Interaction politico-religieuse dans les Balkans
Dans le monde balkanique,
le fait religieux inter-agit avec la politique étrangère.
Lors de la guerre en ex-Yougoslavie,
l'église orthodoxe grecque a appuyé la cause nationaliste serbe
contre les musulmans bosniaques ou les catholiques croates.
La religion est ici mise au service de l'identité nationale.
L'Islam est ainsi devenu
un critère de définition de l'identité bosniaque
dans la mesure où il y a peu de différences
entre les différents peuples slaves du sud.
Solidarité religieuse dans un conflit de pouvoir
L'objectif des guerres yougoslaves est la prise de territoire
et non la conversion des populations.
En revanche, les alliances politiques
semblent s'appuyer sur le facteur religieux.
Dans le cas bosniaque par exemple,
une solidarité s'est installée entre Bosniaques et Turcs,
Saoudiens, Koweïtiens, Émirats Arabes Unis ou Malaisiens
en se fondant sur l'Islam.
Les guerres yougoslaves relèvent en réalité
plus du fait politique que du fait religieux.
En résumé : on a au Nigéria, un conflit d'origine religieuse.
En Égypte, la religion est instrumentalisée à des fins de politique intérieure.
Sur chaque rive de la Méditerranée, on a des écarts économiques
et un passé qui forgent d'énormes erreurs de représentations.
Dans les Balkans, la religion est utilisée comme
un moteur de l'identité, pour parvenir à se distinguer de l'autre.
Cette distinction de l'autre à tout prix,
c'est le discours politique extrémiste qui le fabrique.
L'exacerbation des nationalismes passe par une sacralisation,
une exagération de l'identité :
la religion n'est pas un facteur déclenchant,
mais une fois le conflit lancé, la religion est un facteur aggravant.
Au fil de l'histoire, sur quelque 5000 ans, quand on recherche les causes de conflits,
on trouve tout au plus cinq grandes causes de guerre :
la richesse, le territoire, l'identité,
le pouvoir, la gloire.
Dans cette tentative de classement, on comprend peu à peu
qu'il n'y a pas de guerres de religions en tant que telles.
Les guerres de religions sont en fait des guerres pour l'identité
et souvent simplement pour le pouvoir.
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