À toi gendarme, À toi policier, à toi journaliste, À toi citoyen. Je veux

Transcription

À toi gendarme, À toi policier, à toi journaliste, À toi citoyen. Je veux
A toi Cabu, je veux te dire que tes dessins ont bercé mon enfance, que ton sourire malicieux et ton coup de
crayon ont égayé mes mercredi alors que je ne savais pas encore lire; je veux te dire que je te pleure.
A toi Wolinski, je veux te dire que ton irrévérence, ta truculence m'ont appris à prendre les choses graves
avec légèreté et humour; je veux te dire que je te pleure.
A toi Charb, je veux te dire que le journal dans lequel tu as œuvré a éveillé ma conscience politique, qu'il m'a
suivi semaine après semaine tout au long de mes études, qu'il m'a fait grandir intellectuellement et
spirituellement; je veux te dire que je te pleure.
A toi Tignous, je veux te dire que tes dessins ont toujours correspondu à ce qu'au fond de moi je ne pouvais
pas parfois exprimer avec des mots; je veux te dire que je te pleure.
A toi Oncle Bernard, je veux te dire que depuis ma salle de bains chaque vendredi matin j'écoutais tes avis
d'économiste, ces économistes que tu savais si bien vilipender, tu m'as appris que le système économique ne
devait être qu'un outil et pas un dogme, que les valeurs dites de gauche, d'humanité et de solidarité pouvaient
s'accorder avec le principe de réalité économique; je veux te dire que je te pleure.
A toi Franck BRINSOLARO, je veux te dire ma reconnaissance, mon profond respect pour la
détermination que tu as manifesté en assurant la protection de Charb et au delà en assurant la protection de nos
libertés, et ce au péril de ta vie; je veux te dire que je te pleure.
A toi Ahmed MERABET, je veux te dire ma gratitude et mon profond respect, je veux te dire que tu as
payé de ta vie pour la plus noble des causes, celle de "garder la paix", celle d'assurer notre sécurité, celle de
garantir le respect de notre liberté; je veux te dire que je te pleure.
A toi Clarissa JEAN PHILIPPE, je veux te dire que tu aurais du rester parmi nous pour t'apercevoir que
les fonctions de policier municipal recouvrent le même caractère indispensable au "vivre ensemble", que les
règles que tu étais chargée de faire respecter s'inscrivent dans les valeurs les plus fondamentales de la
République; tu as payé de ta vie bien trop tôt; je veux te dire que je te pleure.
A toi Charlie qui es descendu dans la rue, qui a affirmé son attachement à notre liberté de penser, de
s'exprimer, de se moquer, par ta mobilisation tu as fermé la bouche à ceux qui martèlent sans cesse qu'il n'y a
plus de valeurs, que l'individualisme est la seule religion, tu as alors prouvé que nous sommes tous unis par des
valeurs communes et que celles-ci méritent que l'on se mette debout côte à côte pour faire front. Je veux te dire
merci et que cela doit durer.
A toi musulman, et d'ailleurs peu importe ta religion, je veux te dire que tu n'as pas à avoir peur, que tu n'as
pas à te justifier, que tu n'as pas à craindre pour l'exercice de ton culte tout simplement parce que ceux qui sont
morts ces derniers jours l'ont été en raison de leur amour de la liberté, du respect de l'autre, je veux te dire que tu
n'as rien à voir avec ces assassins qui n'auront d'ailleurs aucune place auprès du dieu qu'ils invoquent pour
justifier les atrocités commises seulement issues de leur cerveau malade.
A toi assassin numero 1, à toi assassin numero 2, à toi assassin numero 3, dont les noms ne méritent pas
d'être écrits, le combat que vous avez pensé mener n'a pas atteint son objectif, je veux te dire que tu nous as
blessé mais pas tué, au contraire tu nous as renforcé, tu nous as rappelé, au prix du sang, que nous bénéficions
de ce qu'il y a de plus précieux: la liberté, tes coups de feu n'ont pas brûlé notre presse, n'ont pas anéantis nos
valeurs, au contraire elles se sont hissées au plus haut pour être brandies comme un étendard universel. Je veux
te dire que je ne te pleure pas mais que je rêvais de te voir vivant face à ce bloc que finalement tu as malgré toi
érigé, je rêvais de voir les lois de ma chère république que tu méprises s'appliquer à toi dans toute son essence,
de voir la justice rendue au nom du peuple français, te voir entravé et encadré de policiers pour te dire en face
combien l'horreur de tes actes n'aura pas servi tes prétendues convictions. Je veux te dire que tu n'es pas mort
en martyr mais en simple chien enragé qu'on abat parce qu'il n'y a pas d'autre issue.
À toi gendarme, À toi policier, à toi journaliste, À toi citoyen. Je veux te dire merci d'être là
pour toutes ces raisons.*
A toi Charlie. A toi République. A toi France. Je veux juste te dire que je suis fière d'être une infime
parcelle de Toi.
AUTEUR ANONYME

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