Interview au magazine La Vie publiée le 27 novembre 2012

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Interview au magazine La Vie publiée le 27 novembre 2012
Interview au magazine La Vie publiée le 27 novembre 2012
Bernadette Laclais, 45 ans, est maire de Chambéry depuis 2007 et députée depuis juin 2012.
Elle a publié une tribune sur lemonde.fr pour faire part de ses interrogations sur le projet de
loi en faveur du « mariage pour tous ». Ce texte mesuré réclame un débat approfondi et la
possibilité d’un vote en conscience.
Vous avez publié une tribune sur lemonde.fr dans laquelle vous faites part de vos réserves
sur le mariage pour tous. Pourtant, vous avez été élue sur les engagements de François
Hollande. N’y a-t-il pas là une contradiction ?
Durant la campagne, certains de nos concitoyens m'ont interrogée sur cette proposition du
candidat. J'ai toujours souligné sur ce point la distinction entre un engagement entre adultes
et des décisions qui impliquent des enfants. Je l'ai fait publiquement lors d'interviews et de
réunions de campagne.
Pourquoi avez-vous eu besoin de publier cette tribune, en amont du débat à l’Assemblée ?
J’ai publié ce texte pour que personne ne prenne la parole à ma place et ne transforme mon
propos. En effet, je m’étais exprimée au sein du groupe de travail interne au PS sur cette
question, à l’Assemblée nationale, notamment par rapport à un projet d’amendement PMA
portés par certains et, qui va bien au-delà de l’engagement de campagne du président de la
République. Mes propos ayant été repris et déformés dans la presse, j’ai souhaité faire
connaître ma position.
Considérez-vous que vous êtes contre le mariage pour tous ?
Le fait que deux adultes de même sexe souhaitent voir reconnu officiellement leur
engagement, ne me pose pas de problème. Partant de là, l’utilisation du mot « mariage »
non plus. Le PS et la gauche en général veulent reconnaître l’égalité entre les adultes, je le
comprends. Mais quand cela engage des enfants, cela devient problématique.
Ce sont les conséquences pour la filiation qui vous heurtent.
Ouvrir un droit pour tous à l’adoption, reconnaître par la loi un droit à l’enfant,
m’interrogent grandement. Je considère que ce qui doit primer c'est le droit des enfants.
Même si chacun peut constater que le schéma « père, mère, enfants » n’est plus l’unique
réalité de la famille, doit-on, du seul fait de la loi, reconnaître que des enfants adoptés
grandiront dans des familles avec un père et une mère, et d’autres avec deux pères ou deux
mères ? En tout état de cause, du point de vue de l'enfant ce n'est pas la même chose. Au
nom d’une égalité compréhensible entre adultes, doit-on créer par la loi des inégalités entre
enfants ?
Que réclamez-vous aujourd’hui ?
Ce projet de loi nous engage. On ne reviendra pas sur le texte une fois qu'il sera voté. Il faut
donc se donner un temps de dialogue, d'échanges, de débat. Cette loi engage chacun de
nous dans ce qu’il a de plus intime. Nous devons donc avoir la possibilité d’un vote en
conscience.
Votre position se fonde-t-elle sur une foi catholique?
Ce n’est pas une question de foi pour moi. Je suis élue de terrain, j’entends les interrogations
de mes concitoyens et je mesure la responsabilité qui nous revient dans un tel choix.
Célèbrerez-vous des mariages ?
Oui, bien sûr, je suis républicaine. Dès lors que les lois sont votées, elles s’appliquent à tous.
Propos recueillis par Olivia Elkaim