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LYCEE TAAONE mercredi 5 octobre 2011 EMBALLAGES ET DEVELOPPEMENT DURABLE Par Bernard Pinet, Consultant en marketing ASC séance publique du 7 avril 2005 Cette présentation est issue d’un article paru dans la Revue française de marketing sous l’égide de l’Adetem en décembre 2004. Table des matières Le libre-service ........................................................................................................................... 2 Progression du libre-service ....................................................................................................... 2 Qu’est-ce qu’un emballage ? ...................................................................................................... 3 Fonctions de l’emballage ........................................................................................................... 3 Les types d’emballages .............................................................................................................. 4 La prévention des déchets d’emballages est une obligation légale dans la perspective du développement durable .............................................................................................................. 6 Exigences de fabrication et de composition des emballages...................................................... 7 Les emballages ménagers ........................................................................................................... 8 Evolution des emballages ménagers .......................................................................................... 9 Christophe RAMA 1 LYCEE TAAONE mercredi 5 octobre 2011 Le libre-service Au lendemain de la dernière guerre, la plupart des produits de consommation courante, notamment les produits frais, étaient encore vendus en vrac. Le lait était acheté dans un pot que l’épicière ou la crémière remplissait. Le beurre était le plus souvent vendu à la motte, les œufs étaient vendus à l’unité. Le vin de consommation courante était acheté à la tireuse ou dans des bouteilles consignées d’un litre. Les produits vendus en vrac ne portaient pas mention de marques et tout au plus le commerçant en signalait-il l’origine. Le papier journal servait à envelopper les fruits et légumes. On allait faire au quotidien ses courses, toujours muni d’un cabas. C’est l’apparition et le développement du libre-service qui a changé la donne. Les premiers libres-services datent des années cinquante. L’augmentation du nombre des emballages a suivi celle du libre-service Le dictionnaire commercial de l’Académie des sciences commerciales, dont je ne saurais trop recommander la consultation en cette instance, donne une définition du LS que je vous laisse regarder. C’est « une méthode de vente selon laquelle le client, à l’intérieur d’un magasin ou d’un entrepôt de gros aménagé à cet effet, choisit librement des marchandises et en prend librement possession en utilisant un panier ou un chariot, sans l’intervention d’un personnel vendeur, le contrôle des achats et leur règlement s’effectuant à la sortie. » Dans le contexte du libre-service, les articles présentés au choix des consommateurs doivent solliciter leur attention, susciter leur désir et en tout état de cause être facilement identifiables et aisément préhensibles. Progression du libre-service Aujourd’hui 85 % des produits laitiers sont achetés dans des grandes ou moyennes surfaces à dominante alimentaire (GMS), 72% des produits d’épicerie, 71% des poissons, crustacés et coquillages, 66% des fruits et légumes et 64% des viandes et produits dérivés. Dans l’alimentation, il n’y a que pour le pain et la pâtisserie fraîche que les grandes surfaces ne se taillent pas la part du lion : elles n’y représentent que 22% du chiffre d’affaires. Par ailleurs 67% des ventes sont réalisées dans les GMS dans le domaine des boissons, 75% dans les produits d’entretien ménager et 54% dans le secteur de la parfumerie et de l’hygiène-beauté. Christophe RAMA 2 LYCEE TAAONE mercredi 5 octobre 2011 En bref, dans ce qu’on appelle les produits de grande consommation (alimentation et boissons, lavage et entretien ménager, parfumerie et hygiène-beauté), la part des GMS s’est élevée en 2001 à 65% en moyenne, ce pourcentage continuant à augmenter avec la montée en puissance du maxidiscompte. Il ne rend pas compte de la totalité de la part du libre-service puisque une bonne partie des magasins d’alimentation de moins de 400 m² est gérée de cette manière. On peut conclure qu’aujourd’hui plus de 72% des ventes de produits de consommation courante sont réalisées dans des magasins en libre-service. Le libre-service a été pendant longtemps l’apanage du commerce à dominante alimentaire jusqu’à ce que des grandes surfaces apparaissent dans le commerce non alimentaire spécialisé et y prennent une part croissante. La part des grandes surfaces non alimentaires spécialisées (GSS) représente aujourd’hui un quart du chiffre d’affaires du commerce non alimentaire spécialisé. Qu’est-ce qu’un emballage ? L’article 2 du décret français du 20 juillet 1998, en application d’une directive européenne de décembre 1994, donne une définition de l’emballage : « est emballage tout objet constitué de matériaux de toute nature destiné à contenir et à protéger des marchandises données, allant des matières premières aux produits finis, à permettre leur manutention et leur acheminement du producteur au consommateur ou à leur utilisateur et à assurer leur préservation. » Donc l’emballage protège le produit, facilite sa manutention, sa conservation, son stockage et son transport. Fonctions de l’emballage Les fonctions de l’emballage sont multiples. L’emballage remplit des fonctions techniques de protection : mécanique, thermique, physicochimique, bactériologique et microbiologique, organoleptique, contre le vol et la démarque inconnue, la malveillance. L’emballage rend des services aux consommateurs : garantie de poids, de volume, adaptation au fractionnement de la consommation, facilité de rangement, de préhension, de transport du magasin au domicile…. Christophe RAMA 3 LYCEE TAAONE mercredi 5 octobre 2011 Il assure différentes fonctions pour les professionnels : mécanisation sur la ligne de production, manutention, palettisation, stockage usine, transport vers des centres de distribution ou d’éclatement, entreposage, groupage, livraison des magasins, mise en rayon, passage en caisse … . Il joue un rôle d’information et de présentation découlant d’obligations légales, de contraintes techniques et d’actions de communication : identification du produit, dénomination, origine, contenance, composition, date limite de consommation, codification EAN, mode d’emploi et conseils d’utilisation, marque, forme, graphisme, offre promotionnelle. Les types d’emballages On distingue plusieurs types d’emballages : l’emballage de vente ou emballage primaire, conçu de manière à constituer, au point de vente, un article destiné à l’utilisateur final ou au consommateur, l’emballage groupé ou emballage secondaire. Il sert à regrouper au point de vente un certain nombre d’articles qui pourraient être vendus séparément. l’emballage de transport ou emballage tertiaire. Il facilite la manutention et le transport d’articles ou d’emballages déjà regroupés, hors conteneurs routiers, ferroviaires, fluviaux, maritimes ou aériens. Prenons des exemples. Un paquet de biscuits constitue une unité primaire d’emballage, laquelle est souvent constituée de plusieurs éléments. Un lot de paquets de biscuits, c’est-àdire le film plastique servant à regrouper plusieurs paquets constitue un emballage secondaire. Une bouteille d’eau minérale constitue un emballage primaire souvent présenté au consommateur par lot de six. Le film de regroupement des bouteilles est une unité secondaire. Un pot de yaourts constitue une unité primaire. Le carton ou pack dans lequel il est inséré constitue une unité secondaire. Christophe RAMA 4 LYCEE TAAONE mercredi 5 octobre 2011 Très nombreux sont les types d’emballages. Dans les emballages primaires on rencontre communément des aérosols, barils, barquettes, bidons, blisters, bocaux, boîtes, bouteilles, briques, cagettes, caisses, coupelles, cubitainers, étuis, feuilles, filets, films, flacons, plateaux, pots, sacs, sachets et tubes. Les emballages de regroupement sont le plus fréquemment des cartonettes ou packs, ou encore des films en plastique. Les emballages de transport sont fréquemment des cartons, des plateaux ou des films. La part croissante prise par le libre-service dans la consommation commercialisable des ménages au cours du dernier demi-siècle a largement contribué à l’augmentation du nombre et de la collecte des emballages, sans pour autant que la vente de produits en vrac soit inexistante dans le libre-service ou que les emballages primaires soient absents des formes de ventes hors libre-service. Des produits sont vendus en vrac dans les grandes surfaces, ou plus précisément non emballés au moment de l’acte d’achat. Une fois pesés ces produits sont mis dans des feuilles de papier, des sacs, des sachets, des boîtes ou autres par les employés des rayons. Il existe donc plusieurs types d’emballages primaires, les emballages utilisés par les fabricants des produits, appelés souvent conditionneurs, et les emballages générés par la distribution pour protéger et aider à transporter les produits au départ non emballés. Ces emballages primaires générés par la distribution sont appelés économat ou encore emballages de service. Les autres emballages générés par la distribution sont les sacs de caisse qui sont des emballages secondaires (de regroupement). Economat et sacs de caisse ne sont pas l’apanage du seul grand commerce d’alimentation générale. Ils existent dans toutes les formes de ventes, mais le grand commerce en représente de loin la plus grande part. Christophe RAMA 5 LYCEE TAAONE mercredi 5 octobre 2011 La prévention des déchets d’emballages est une obligation légale dans la perspective du développement durable Le droit communautaire des déchets et des emballages remonte à une première directive de juillet 1975, complétée par une autre directive de mars 1991 elle-même modifiée par une décision de mai 1996. Cinq grands principes sont à la base du droit communautaire : - la prévention de la formation des déchets et leur revalorisation sont des priorités - la gestion des déchets doit se faire sous contrôle, sans danger pour la santé ni préjudice pour l’environnement - la gestion des déchets doit être planifiée - les déchets dangereux doivent être éliminés - le pollueur doit payer : c’est le principe du pollueur/payeur. La directive européenne du 20 décembre 1994 relative aux emballages et à leurs déchets donne priorité à la prévention et à la réduction à la source, dans la perspective du développement durable. La définition de la prévention est «la réduction de la quantité et de la nocivité pour l’environnement, - des matières et substances utilisées dans les emballages et les déchets d’emballages, - des emballages et déchets d’emballages aux stades de la production, de la commercialisation, de la distribution, de l’utilisation et de l’élimination notamment par la mise au point de produits et de techniques non polluants. » Christophe RAMA 6 LYCEE TAAONE mercredi 5 octobre 2011 Exigences de fabrication et de composition des emballages La directive européenne s’articule autour de trois concepts complémentaires qui sont la prévention quantitative (réduction des emballages à la source) et qualitative (réduction des substances nocives pour l’environnement), la réutilisation et la valorisation. La directive européenne a été transposée en droit français par un décret du 20 juillet 1998. Les exigences qui portent sur la fabrication et la composition de l’emballage sont ainsi formulées : - - - L’emballage doit être conçu et fabriqué de manière à limiter son volume et sa masse au minimum nécessaire pour assurer le niveau requis de sécurité, d’hygiène et d’acceptabilité. L’emballage doit être conçu et commercialisé de manière à permettre sa réutilisation ou sa valorisation, y compris son recyclage, et à réduire au minimum son incidence sur l’environnement lors de l’élimination des déchets d’emballages L’emballage doit être conçu et fabriqué en veillant à réduire au minimum la teneur en substances et matières nuisibles ou dangereuses des matériaux d’emballage et de leurs éléments dans les émissions, les cendres qui résultent de l’incinération ou la mise en décharge des emballages ou encore les résidus des opérations de traitement des déchets d’emballages. C’est pour promouvoir et faciliter la mise en œuvre de la prévention des déchets d’emballage qu’a été créé en 1997 le Conseil National de l’Emballage. Le Conseil National de l’Emballage (CNE) est une association qui regroupe l’ensemble de différents acteurs de la chaîne emballages et dont le rôle en matière de prévention est très important. Ses travaux vont de l’éco-conception aux meilleures pratiques de consommation. Ses adhérents sont : - d’une part des entreprises fabricant des biens de consommation, les producteurs de matériaux d’emballage (plastique, carton, …), les fabricants d’emballages (bouteilles, canettes, aérosols, …), les entreprises de distribution et les sociétés agréées (Eco-Emballages, Adelphe, …), - d’autre part des associations de consommateurs, des associations de protection de l’environnement et l’association des maires de France (collectivités locales). Christophe RAMA 7 LYCEE TAAONE mercredi 5 octobre 2011 Les emballages ménagers Un décret du 1er avril 1992 a imposé aux acteurs économiques dont l’activité est génératrice d’emballages ménagers de contribuer à leur valorisation. Ils peuvent s’en acquitter en adhérant à une entreprise agréée par l’Etat. Cette entreprise apporte alors elle-même une contribution aux collectivités ou à leurs groupements pour développer les dispositifs de collecte, de tri et de valorisation des déchets d’emballages ménagers. C’est dans le cadre de ce dispositif qu’existent aujourd’hui des organismes comme Eco-Emballages et Adelphe qui sont des sociétés de droit privé, agréées par la puissance publique pour des durées limitées reconductibles. Fabricants et distributeurs de produits à usage ménager sont leurs adhérents. Ils leur versent une contribution annuelle qui est fonction du nombre des unités d’emballages primaires et secondaires mis sur le marché et de leurs caractéristiques (taille ou poids unitaire, matériau). Le logo « point vert » apposé sur l’emballage indique que le producteur, l’importateur ou la personne responsable de la première mise sur le marché du produit emballé, s’acquitte de son obligation réglementaire de contribuer à la valorisation des emballages ménagers, dans le cadre du programme développé par ces organismes. Les emballages consignés sont exclus du dispositif ainsi que les emballages repris par le fournisseur au moment de la livraison. L’essentiel des ressources dont disposent les organismes agréés est redistribué aux collectivités locales avec lesquelles sont passés des contrats, pour les aider à mettre en place des procédures de tri sélectif des déchets d’emballages ménagers et ainsi faciliter leur revalorisation. Dans le domaine pharmaceutique, Cyclamed est une association créée par les industriels du médicament et les pharmaciens qui a pour vocation l’élimination directe ou indirecte d’environ 70 000 tonnes par an de déchets issus du médicament ou de ses emballages. Les déchets d’emballages industriels et commerciaux (DIC) dont les détenteurs ne sont pas les ménages font l’objet d’une réglementation spécifique (décret de juillet 1994). Les détenteurs (fabricants, intermédiaires, grossistes, distributeurs) peuvent soit les valoriser eux-mêmes, soit les céder par contrat à un exploitant d’une installation de valorisation ou à un intermédiaire assurant une activité de négoce, transport ou courtage de déchets. C’est le plus souvent dans ce cas de figure que se situent les grandes surfaces. Le dispositif ne s’applique pas aux détenteurs d’emballages produisant un volume hebdomadaire de déchets inférieur à 1100 litres, ce qui concerne un certain nombre de commerces traditionnels. Il est à noter qu’aucun texte ne prend position sur l’utilisation d’un matériau d’emballage plutôt que d’un autre, à l’exclusion bien sûr des matériaux dangereux. Un fabricant de boisson rafraîchissante peut opter pour le matériau de son choix, bouteille en verre, bouteille plastique, brique, boîte (canette) en acier ou en aluminium. Il peut avoir une gamme composée de conditionnements dans des matériaux différents. Il a toute liberté d’arbitrer en fonction de la perception par le consommateur des conditionnements auxquels sa marque est traditionnellement associée, des changements qu’il veut opérer et du coût de chaque matériau (fabrication et transport). Ce qui lui est demandé, c’est de réduire dans le temps le poids unitaire de chaque emballage, c’est-à-dire le corps creux lui-même ou les différents éléments qui l’accompagnent, bouchage, étiquette, Christophe RAMA 8 LYCEE TAAONE mercredi 5 octobre 2011 élément de regroupement. L’accent est mis aussi par le législateur sur la valorisation. Les bouteilles plastiques en PET, par exemple, se recyclent facilement alors que des emballages composites, constitués de plusieurs matériaux ou de plusieurs résines plastiques, peuvent être difficilement valorisés en l’état actuel des techniques. Evolution des emballages ménagers Des études portant sur le volume des emballages ménagers ont été réalisées par la société ESTEM pour le compte d’Ademe, Eco-Emballages et Adelphe. Elle a porté sur les années 1994, 1997, 2000 et 2003. Ces études font ressortir que le volume des emballages ménagers en France métropolitaine est passé de 4,6 millions de tonnes en 1994 à 4,85 en 1997 puis à 4,7 millions de tonnes en 2000 et 4,6 en 2003. Ces chiffres ne prennent en compte que les emballages mis à la poubelle par les particuliers à l’exclusion du commerce, des cafés-hôtels-restaurants et des collectivités diverses. Le tonnage des emballages ménagers a donc retrouvé en 2003 un niveau comparable à ce qu’il était six ans avant. Pendant le même temps, le nombre de produits emballés (unités de ventes consommateur ou UVC) passait de près de 79 milliards à près de 91 milliards, c’est-à-dire augmentait de 15%, du fait de l’augmentation de la consommation de produits emballés. Christophe RAMA 9