GentIl monstre

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GentIl monstre
Interview
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Interview
Gentil monstre
texte - Pauline Labadie
Nom : Bergeron
Prénom : Bibo
Profession : Réalisateur
Film : « Un monstre à Paris » (diffusion : A
ujourd"hui à 15h30 - E2
Mercredi 05 à 10h00 - E2)
« D'où vient l'idée première de " Monstre à Paris " ? » - « Elle vient de
l'intérieur de ma tête, c'est arrivé dès 2000 - 2001, j'avais le projet de faire
un film sur le Paris de 1910, avec tous les codes des films de monstres. La
période me passionne, j'aime Paris du début du siècle, pour tout ce que cela
implique, toutes ces innovations, aussi bien artistiques que scientifiques. Et je
souhaitais aussi faire quelque chose d’absolument musical, parce que je suis
un grand fan de musique. Et je voulais un monstre original aussi ! »
« Combien de temps a duré le travail d'écriture ? » - « Ça a été assez long
pour moi, parce que j'ai commencé à y travailler en août 2005, et j'ai achevé
l'écriture en août 2011 ! Il y a eu une pause de 8 mois entre temps, pour la
recherche de financement. »
« Quelles sont vos sources d'inspirations dans l'animation, ou en tous cas
les artistes que vous admirez ? » - « Je suis un fan des vieux films de Disney,
comme " Le livre de la jungle ", " Peter Pan ", j'aime aussi les récents comme
" Les Indestructibles ", et un des films précédents de Brad Bird, que j'admire
et qui est un des films qui m'a le plus ému, " Le géant de fer ". J'adore " Mon
voisin Totoro ", " Princesse Mononoké ", et " Le Voyage de Chihiro " de
Myazaki. Egalement Tex Avery, et le Coyote et Bib Bip de Chuck Jones. »
« Le personnage principal du film, c'est quand même Paris, au delà de
l'histoire qui s'y déroule ? » - « Oui, j'ai habité à Paris, j'aime profondément
la ville, j'y ai fait mes études, j'ai baigné dans son architecture, ses odeurs,
ses lumières, donc forcément c'est perceptible dans le film. Mais ce qui m’a
passionné dans cette période du début du 20ème siècle, ce sont les balbutiements : de l'automobile, du métro, de l'aviation, de la radio, du disque, de la
chanson populaire, de la médecine moderne, c'était le début de beaucoup de
choses. J'ai pas mal lu sur cette période, qui est fascinante. En 20 ou 30
9
ans, ils ont créé tout ce que l'on utilise aujourd'hui : la médecine, les ondes,
l'automobile, les transports ! J'ai eu envie de faire de la comédie avec ce
matériau-là. Le personnage de Raoul en est le meilleur exemple, il a sa camionnette, il invente des objets farfelus. Le scientifique également, avec son
laboratoire, est un bon exemple de cette vitalité de la recherche. »
« Le film est français, vous avez donc enregistré les voix françaises en
premier ? » - « Nous avons tout fait à l'envers avec ce film, on a marché
sur la tête ! J'ai écrit tout le scénario en français, j'ai pensé mon casting en
français, Vanessa Paradis, François Cluzet, Mathieu Chedid, et j'ai enregistré
toutes les voix américaines d'abord. Je suis parti à Los Angeles, on a fait
le casting, tout enregistré, on a fait toute l'animation sur les voix anglaises,
pour tout refaire doubler par les voix françaises dans un second temps. C'est
une raison purement business. C’est-à-dire que pour vendre un film dans un
pays anglo-saxon, surtout aux Etats-Unis, c’est impossible qu’il y ait des soustitres. Ils n'achètent pas un film familial d'animation où on aurait besoin de lire
des sous-titres. Ce n'était pas mon affaire, c'est une question de facilité de
vente, et nous avons donc fait le film en anglais en premier. »
« D'où vous est venue l'envie de créer un monstre qui serait une puce
géante mélomane !? » - « Mon chat avait des puces, et je me suis dit
pourquoi pas, parce qu'une puce de taille humaine ferait des bonds de 300
mètres de long ! Et j'ai exploité cette idée-là jusqu'au bout »
« Pour la musique originale, vous souhaitiez collaborer avec Mathieu
Chédid depuis longtemps ? » - « J'ai longtemps vécu aux USA, donc je
n'avais pas accès à ce qui se passait culturellement en France. Puis est
arrivé " Amazon.com ", qui m'a permis de me faire livrer des CD, j’ai donc
rattrapé mon retard, en plus de combler une grande nostalgie de mon pays.
J'ai racheté San Severino, tous les Gainsbourg et les Bashung, et Mathieu
Chedid. Lorsque j'ai écrit la phrase qui définit Francoeur (le monstre du film),
" Francoeur est un enfant perdu dans un corps de monstre ", j'avais devant
moi le disque de M, celui où il est avec sa guitare, tout de rose vêtu, avec sa
coiffure avec presque des cornes de diables. Sur l’album il avait un petit côté
diabolique, malgré sa voix d'ange. Et donc c'était lui, et personne d'autre !
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