Etude de l`impact du pâturage sur le bien

Transcription

Etude de l`impact du pâturage sur le bien
Titre de la contribution :
Etude de l’impact du pâturage sur le bien-être des bovins laitiers : création d’une méthode d’évaluation du bienêtre animal
Les coordonnées précises du ou des auteurs
Cécile Guillon-Kroon
Tristan Doublet
Raphael Guatteo
Nathalie Bareille
Un résumé de la contribution
Le contexte de mondialisation et de développement durable conduisent les filières de produits animaux à
chercher une écologisation des modes de production, tel qu’un recours accru au pâturage en élevage bovin
laitier par exemple. Cependant, les conséquences sur leur bien-être (impact sur la santé, le comportement,
l’alimentation) ne doivent pas constituer un frein à leur développement.
En termes de santé animale, la littérature rapporte des impacts positifs du pâturage (Burow et al. 2013, Nielsen
et al. 2011, Regula et al. 2004, Relun et al.2013, Thomsen et al. 2007), avec une réduction de la mortalité et des
boiteries. Néanmoins, plusieurs limites techniques existent avant de considérer le recours au pâturage comme
une solution à généraliser. Ces études ne se sont pas intéressées à l’ensemble des maladies multifactorielles ou
atteintes au bien-être des vaches comme les mammites ou les troubles parasitaires. De plus, certains biais sont
souvent négligés dans les études comme l’effet troupeau, ou la confusion entre changement d’alimentation et
diminution de l’expression du potentiel de production (Chapinal et al. 2011).
Dans le projet de recherche Sant’Innov, ciblé sur l’écologisation des modes de production, les partenaires
souhaitaient comparer entre des lots de vaches laitières pâturant plus ou moins l’incidence des maladies et le
niveau de bien-être animal. Pour ce faire, un réseau de fermes sentinelles (n=30) du Grand Ouest sera
sélectionné sur la base de trois critères (part de prairie dans le système fourrager, types de prairie, usages de la
prairie), et suivi pendant 2 ans pour s’exposer à des situations météorologiques et de croissance d’herbe variées
de même que de disposerf d’un dispositif d’enquête longitudinal à même de démontrer une casuialit entre
pâturage et réduction de l’incidence des maladies..
Toutefois, l’équipe projet a rapidement constaté que l’utilisation de l’outil européen WelfareQuality (Welfare
Quality 2009), biebn que reconnu comme le plus complet et élaboré, ne permettrait pas de répondre aux
objectifs initiaux. En effet, l’outil WelfareQualitya pour principal intérêt une évaluation multicritère du bien-être
animal essentiellement basé sur des observations sur les animaux eux-mêmes, lorsqu’ils sont en stabulation et
non sur leur environnement. Cependant, sa réalisation en ferme est très chronophage (a minima 5h30), n’est
pas dadpaté à une observation en pâture et enfint les pondérations des évaluations élémentaires conduisent à
un nivellement par le bas des évaluations réalisées. De plus cet outil ne s’intéresse qu’aux vaches laitières sans
prendre en compte les jeunes classes d’âge.
Dans le même temps, Terrena, partenaire industriel engagé dans le projet et acteur fort du développement rural
en Pays de la Loire, avait développé une méthode d’évaluation du bien-être des porcs et des volailles de chair
basée comme WelfareQuality sur un ensemble d’indicateur (à l’image de WelfareQuality), mais simplifiée et
adaptée à une utilisation quotidienne par des éleveurs, techniciens et vétérinaires, L’utilisation de cette
méthode est facilitée par le développement conjoint d’une application smartphone de guide et de saisie.
Une première étape a donc été rajoutée au projet, afin de créer un outil permettant d’effectuer les audits
initialement prévus. La méthode d’audit a été développée dans le cadre du PSDR Sant’Innov et l’informatisation
de l’audit est en cours par Terrena. L’application smartphone sera ensuite mise à disposition des différents
intervenants du projet afin de pouvoir réaliser les audits et répondre à la question initiale.
L’objectif de la contribution
L’intérêt de la démarche est de montrer que d’une difficulté rencontrée au départ dans le projet – la mauvaise
opérationnalité de l’outil WelfareQuality pour les acteurs, les partenaires ont su rebondir, pour être capables de
répondre à la problématique de départ dans les temps et budget impartis, mais encore de profiter d’une
dynamique déjà engagée pour conforter à la fois cette dynamique (la démarche Tibena débutée par Terrena
dans d’autres espèces) et le projet en lui-même, en préparant dès le début du projet l’intégration et la diffusion
des résultats, dans un premier temps aux éleveurs engagés dans la démarche et aux adhérents de Terrena, mais
également rapidement au-delà de ceux-ci.
La contribution montrera les interactions fortes entre partenaires dans et hors du projet, et le rôle central
occupé par le stagiaire financé par le PSDR. Elle évoquera également les perspectives d’avenir autour du travail
déjà réalisé, dans l’optique de répondre à la fois à une question scientifique, aux attentes sociétales et de
consommation, et aux problématiques d’accompagnement technique et de communication d’une coopérative.
L’originalité du sujet au regard de la question du développement régional
et territorial
La démarche présentée ici est très novatrice à plusieurs points de vue :
Le partenariat engagé permet d’avoir des apports publics-privés répartis à plusieurs niveau dans le
projet, et de pouvoir à la fois produire des bases scientifiques communes, et diffusables largement à la
suite du projet, et de conforter un projet déjà engagé par le partenaire privé, lui permettant d’avoir un
avantage de communication immédiat.
Le partenaire privé ayant déjà engagé des travaux sur le sujet avec des partenaires non inclus dans le
PSDR, ceux-ci ont pu prendre part au projet et apporter leur expertise via les comités de pilotage
Enfin et surtout, le résultat du projet est très innovant par sa forme : la création de l’application
smartphone rend la méthode immédiatement et largement applicable, et facile d’utilisation. Cela
permettra aussi une diffusion plus rapide auprès de nombreux éleveurs et autres partenaires.
La méthode
1.
2.
Rédaction d’un cahier des charges pour l’outil, répondant aux contraintes de tous les partenaires
Choix des observations à réaliser
Les observations ont d’abord été sélectionnées en fonction de leur validité scientifique (publication
ou dires d’expert). Ils ont ensuite été testés et adaptés en fonction de leur faisabilité en élevage
(pratique, répétabilité, reproductibilité)
3. Formation d’un comité d’experts
Pour conforter les choix issus de la littérature scientifique, et en cas de faiblesse de celle-ci, un
Comité d’Experts s’est réuni pour discuter de la pertinence de chacun d’entre eux.
Les membres en étaient :
o 1 chef de projet (étudiant vétérinaire) et son encadrant
o 2 éleveurs laitiers
o 1 technicien de laiterie
o 1 vétérinaire de production « ruminants »
o 1 représentant de l’IDELE, spécialisé sur les questions de bien-être animal
o 2 représentants de l’UMR Oniris-INRA BioEpAR
o 1 représentant de CIWF, association de défense du bien-être animal
4. Création des échelles de notation pour chaque observation
5. Pondération des évaluations entre elles pour une évaluation synthétique
6. Développement de l’application smartphone (en cours)
Les résultats attendus
A court terme, le livrable de ce projet sera l’application smartphone Tibena, permettant d’évaluer rapidement le
bien-être animal en élevage bovin laitier. La livraison de cette application est prévue pour le début de l’année
2017.
A moyen terme, la question de l’impact du pâturage sur le bien-être et la santé des vaches laitières reste
centrale. Les enquêtes seront réalisées et analysées en 2017. Elles permettront à la fois de mesurer l’impact des
pratiques et de consolider la base de données sur laquelle s’appuie la méthode d’évaluation, donc de la
fiabiliser.
La dimension partenariale et/ou l’intérêt potentiel pour l’action et la
décision des acteurs du développement rural
Le bien-être animal est aujourd’hui une préoccupation croissante pour le consommateur (98% des
consommateurs déclarent s’en préoccuper !) mais aussi pour les producteurs et transformateurs de viande, qui
manquent de moyens pour défendre et mettre en avant leur bonne pratique.
La démarche présentée ici n’a pu être mise en place que grâce à un parfait fonctionnement du partenariat. La
question scientifique initiale, formulée par Oniris a recueilli un écho favorable chez Terrena : elle permettait de
mieux évaluer et comprendre une des demandes majeures des consommateurs, c’est-à-dire le recours accru au
pâturage, dont l’effet bien-être et santé et pourtant mal connu.
Une bibliographie
Burow E, Thomsen PT, Rousing T, Sørensen JT. 2013. Daily grazing time as a risk factor for alterations at the hock
joint integument in dairy cows. Animal, 7, 160-166.
Chapinal N, Carson M, Duffield TF, Capel M, Godden S, Overton M, Santos JE, LeBlanc SJ. 2011. Journal of Dairy
Science, 94, 4897-4903
Nielsen BH, Thomsen PT, Sørensen JT. 2011. Identifying risk factors for poor hind limb cleanliness in Danish
loose-housed dairy cows. Animal, 5, 1613-1619.
Regula G, Danuser J, Spycher B, Wechsler B. 2004. Health and welfare of dairy cows in different husbandry
systems in Switzerland. Preventive Veterinary Medicine, 66, 247-264.
Welfare Quality®., 2009. Welfare Quality® assessment protocol for cattle., Lelystad., the Netherlands. Accessible
on the network website: http://www.welfarequality.net/network/45848/7/0/40
Relun A, Lehébel A, Bruggink M, Bareille N, Guatteo R, 2013. Estimation of the relative impact of treatment and
herd management practices on prevention of digital dermatitis in French dairy herds. Preventive Veterinary
Medecine, 110, 558-562.
Thomsen PT, Søren Østergaard S, Houe H, Sørensen JT. 2007. Loser cows in Danish dairy herds: Risk factors.
Preventive Veterinary Medicine, 79, 136–154