Le Parisien - 6 mars 2013

Transcription

Le Parisien - 6 mars 2013
AU BOUT DU CONTE
Un film de Agnès Jaoui
Revue de presse
Le Parisien - 6 mars 2013
«Au bout du conte» : Mélancomique ***
Pour ce sixième film écrit ensemble, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri ont mis de
l'assouplissant dans leur radicalité ; quoique chassez le naturel il revient au galop, ils se
rattrapent en une phrase, au tout dernier plan.
Laura (Agathe Bonitzer) croit dur comme fer au prince charmant qui répond au doux nom de
Sandro. Marianne (Agnès Jaoui) est une comédienne qui tente de croire en sa carrière et
monte, en attendant mieux, un conte pour enfants dans lequel elle joue une fée. Pierre
(Jean-Pierre Bacri), moniteur d'auto-école, ne croit en rien et surtout pas dans le bonheur du
couple. Mais quelque chose le travaille.
Depuis qu'une voyante lui a annoncé le jour de sa mort, il fait semblant de ne pas y prêter
d'importance… Dans le rôle de ce personnage déboussolé à l'insu de son plein gré, JeanPierre Bacri se débrouille pour apporter à son jeu une nouvelle nuance mélan… comique qui
est un vrai bonheur et provoque de francs éclats de rire. Le masque de grand méchant loup
va si parfaitement à Benjamin Biolay que c'en est inquiétant. Pour ce sixième film écrit
ensemble, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri ont mis de l'assouplissant dans leur radicalité ;
quoique chassez le naturel il revient au galop, ils se rattrapent en une phrase, au tout dernier
plan.
Revue de presse Au bout du conte - mardi 20 mai à 20h
Théâtre du Parc - 1 avenue du Parc 42160 Andrézieux-Bouthéon - 04 77 36 26 00 - www.theatreduparc.com
Les Inrocks - 5 mars 2013
“Au bout du conte”: le duo Jaoui-Bacri nous enchante encore
Les choses de la vie par Jaoui-Bacri, qui déroulent une nouvelle fois avec bonheur
leur petite musique.
Le duo Jaoui-Bacri a parfois mauvaise presse. On leur reproche leur humanisme d’instits
soc-dem, leur belle âme un peu trop surlignée, leur univers bourgeois fût-il de gauche, leur
pessimisme un peu grisâtre…
Pas faux, mais n’empêche, on aime bien Jaoui-Bacri, leur précision de dialoguistes, leur
humour souvent irrésistible, l’ampleur du nuancier sérieux-comique avec lequel ils essaient
de dépeindre nos existences (Molière en figure tutélaire ?) et leur jeu d’acteur aussi
millimétré que leurs répliques.
Ils ont un savoir-faire, une griffe unique dans notre cinéma, quelque part entre Claude Sautet
en plus comique et Woody Allen en plus français, qui ont déjà fait merveille dans
Smoking/No Smoking, On connaît la chanson ou Le Goût des autres.
Non, ils ne sont pas radicaux, oui, ils sont populaires, mais on préfère mille fois leur façon
digne de faire des entrées aux mauvais coups de casting façon Les Seigneurs ou à l’humour
sociologique-troupier d’Onteniente.
Dans ce film choral impeccablement rythmé, ils livrent une nouvelle tranche des choses de la
vie, sous les auspices du conte et de toutes les formes de croyance (en Dieu, soi, l’autre, le
prince charmant, le père Noël…).
Autour de Jaoui et Bacri s’ébrouent de talentueux nouveaux venus dans leur cercle : Agathe
Bonitzer, plus belle et plus assurée à chaque film ; Arthur Dupont, affublé ici d’un drolatique
bégaiement ; Benjamin Biolay, qui fait parfaitement le grand méchant loup, ou encore la
formidable Dominique Valadié, pointure des planches pas assez souvent vue au cinéma.
Le couple vedette est lui aussi en forme, Bacri déroulant son numéro de bougon dépressif
dans la peau d’un prof d’auto-école athée qui se met à flipper en raison de la prédiction de la
date de sa mort par une amie pseudo-médium.
Au bout du compte, on ne trouvera rien de très novateur dans ce “Marianne, Pierre, Laura et
les autres”, pas plus sur le plan du cinéma que sur celui de la construction dramaturgique.
Jaoui et Bacri ne sont pas des formalistes révolutionnaires mais des artisans qui remettent
toujours leur ouvrage sur le métier, peaufinant leur maîtrise du masque et de la plume.
Comme avec Sautet ou Woody, on ne va pas voir leurs films pour assister à une révolution
esthétique copernicienne mais pour le plaisir de la reconnaissance du même, épicé de
petites variations. Ce contrat-là, Au bout du conte l’honore parfaitement.
Serge Kaganski
Revue de presse Au bout du conte - mardi 20 mai à 20h
Théâtre du Parc - 1 avenue du Parc 42160 Andrézieux-Bouthéon - 04 77 36 26 00 - www.theatreduparc.com
Le Monde - 5 mars 2013
"Au bout du conte" : la fée empotée et l'ogre anorexique
Difficile de savoir si c'est la faute à Facebook, ou si la phrase "c'est compliqué" se serait de
toute façon imposée comme élément d'état civil. Entre marié et célibataire, parent et sans
enfant, cette zone grise du "c'est compliqué" qui permet d'éluder les questions s'est étendue
comme de la moisissure. Pour sortir de cette indécision, Agnès Jaoui s'est emparée de la
plus simple (en apparence du moins) des formes de récit : le conte.
Avec son coscénariste Jean-Pierre Bacri, elle en a composé un entrelacs qui reprend toutes
les figures de la vie intime – le mariage et la séparation, l'éducation des enfants, l'entrée
dans l'âge adulte, l'arrivée de la vieillesse, la disparition. Il y aura plein de fois avant d'arriver
au bout de ces contes, mais à la fin on pourra se retourner et discerner clairement le chemin
parcouru, et la morale de l'histoire. Ce n'est pas si compliqué.
Sandro (Arthur Dupont) tient lieu de prince charmant, étudiant en musique très doué qui
croise le chemin de Laura (Agathe Bonitzer), une princesse héritière dont le père (Didier
Sandre) est probablement un roi cruel et trop aimant, et la belle-mère (Béatrice Rosen) une
sorcière.
On croisera aussi une bonne fée un peu empotée, Marianne (Agnès Jaoui), comédienne à la
peine qui gagne sa vie en mettant en scène de tout petits enfants dans les patronages, et
Pierre (Jean-Pierre Bacri), ogre anorexique qui tente de faire peur aux autres pour qu'ils ne
l'accablent pas de leur affection. Enfin, sur les chemins de la forêt, le loup a les traits de
Benjamin Biolay.
Revue de presse Au bout du conte - mardi 20 mai à 20h
Théâtre du Parc - 1 avenue du Parc 42160 Andrézieux-Bouthéon - 04 77 36 26 00 - www.theatreduparc.com
Si l'on possède bien son Perrault et son Grimm, on repérera les modèles originels qu'Agnès
Jaoui met au service de sa vision du monde. Celle-ci n'a pas beaucoup changé depuis Le
Goût des autres. Il s'agit, dans les histoires qu'écrivent Jaoui et Bacri, de cerner les travers
de l'époque et de les jauger à l'aune d'une morale qui se veut à la fois stricte et généreuse.
Il est arrivé que le premier terme l'emporte sur le second. Au bout du conte penche du côté
de la générosité et de la clémence. Les scénaristes ne croient bien sûr pas plus à la magie
qu'à la religion (ils font aussi le portrait d'une jeune adolescente saisie d'un accès de foi
catholique qui afflige ses parents), mais ici, ils en reconnaissent la nécessité.
D'ailleurs, la mise en scène n'a rien de réaliste. Il y a des décors absurdes qui exacerbent les
travers de la décoration contemporaine tout en évoquant l'univers des illustrations
enfantines, le mouvement général est tour à tour frénétique et rêveur. Les acteurs se
promènent eux aussi entre la stylisation et la satire sociale. Connus ou moins connus, ils
sont tous remarquables. Une mention particulière pour Agathe Bonitzer.
La géométrie particulière de sa beauté avait déjà frappé chez Doillon ou Videau, mais la
jeune actrice s'en était jusqu'ici servie pour créer une distance, pour impressionner. Elle est
ici lumineuse et fragile, une vraie princesse qui mérite un happy end, même si la fée de cette
histoire – Agnès Jaoui – est une adversaire farouche des noces et des couches qui
concluent d'ordinaire les contes.
Thomas Sotinel
Revue de presse Au bout du conte - mardi 20 mai à 20h
Théâtre du Parc - 1 avenue du Parc 42160 Andrézieux-Bouthéon - 04 77 36 26 00 - www.theatreduparc.com

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