Le temps des marchands de sable ( pdf

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Le temps des marchands de sable ( pdf
M
AGAZINE
MÉMOIRE
Le temps des marchands de sable
La Morinière a abrité une sablière jusqu’en 1975. Celles de Trentemoult vont être tran sférées à Cheviré.
La sablière
des bords
de Sèvre en
service de
1923 à 1975.
Les sablières de Trentemoult en activité de 1969 à 2011.
...celles de Trentemoult
La sablière de la Morinière...
“
J
’ai dragué toute ma vie,… mais du sable
de Loire !” C’est ainsi que Michel Friot,
résume, plein de malice, sa vie de
marchand de sable. Né en 1925, il démarre son
activité en 1942, suivant la voie tracée par son
grand-père et son père. Le dépôt de sable
familial est né en 1923 au pied du pont de la
Morinière, face au quai Léon-Sécher. A ses
débuts, la sablière des bords de Sèvre n’a ni grue
ni trémie. Les mariniers-sabliers déchargent à la
brouette. Assez vite, la mécanisation rend le
travail moins pénible. La matière première
abonde. Michel Friot se souvient que “la Loire
était pleine de sable. On draguait au confluent
de la Sèvre et de la Loire, entre les ponts de
Pirmil et de Pornic”. Le sable est transporté par
des chalands de 26,50 m de long, qui peuvent
acheminer 80 m3, soit environ 150 tonnes. En
ces temps, la Sèvre n’est navigable qu’à marée
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haute. Quand la marée est bonne, deux chalands
pleins se dirigent vers la Morinière, tandis qu’un
troisième repart à vide vers la Loire.
Ce sable est destiné au maraîchage et à la
construction. Les maraîchers, très nombreux à
Rezé, Vertou et Nantes, l’utilisent dans leurs
cultures sous châssis, notamment pour les
carottes et les melons. Le grain du sable de Loire
convient aussi parfaitement à la production de
ciment, les besoins sont énormes pour la
reconstruction d’après-guerre.
La ressource s’épuisant, il faut aller draguer de
plus en plus loin, jusqu’au Cellier. En 1971,
Michel Friot s’associe avec des collègues pour
monter un dépôt de sable sur la Divatte. Celui
de la Morinière, alimenté un temps par des
semi-remorques, ferme définitivement en 1975.
Mais ce n’est pas la fin des marchands de sable
de Rezé.
ès 1969, deux sociétés s’installent
sur des terrains du Port Autonome
à Trentemoult.
Trouillard et fils, devenue SNA, implante
la centrale à béton qui porte aujourd’hui
le pendule de Roman Signer, tandis que
les Sablières de Cheviré gèrent le stock
de sable. “Le site présente l’avantage
d’être proche du gisement, d’une grande
agglomération et des voies de desserte”,
observe Cédric Bouyer, chef du service
animation et gestion de zone au Port de
Nantes Saint-Nazaire. L’activité prend son
essor pour atteindre 200 000 tonnes
annuelles, acheminées en seulement 21
voyages. Les navires ont pris une autre
dimension. Bientôt le lieu de ressource
change à son tour. En 1995, pour arrêter
l’érosion des berges, le dragage en Loire
est interdit. Le sable qui arrive à
D
Michel Friot a
repris l’activité
familiale en 1942
à la Morinière.
Trentemoult est prélevé au large des
côtes. Afin de convenir aux cimentiers et
aux maraîchers, le sable marin doit être
lavé de son sel à l’eau et criblé pour
enlever les coquillages.
Dès 2003, Nantes Métropole étudie un
transfert des activités de Rezé vers
Cheviré aval, où sont déjà installées trois
sablières. L’idée est de réaffecter l’usage
de ces trois hectares : l’embarcadère du
navibus pourrait être aménagé à proximité du Pendule et une esplanade
permettrait d’accueillir des manifestations, des cirques...
Si la destination finale du terrain est à
l’étude, les deux sociétés auront quant à
elles bien quitté Trentemoult d’ici la fin de
l’année. Le terminal sablier de Cheviré,
où le Port a investi 2 M€, les attend pour
cette nouvelle page de leur histoire.
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