Les outils d`aide à la prise de médicaments (2
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Les outils d`aide à la prise de médicaments (2
Par Vicky Tessier B. Pharm., candidate au DESS en pharmacie communautaire, Pharmacie F. Denis et M. Beaudoin, Donnacona Quand vouloir ne rime plus avec pouvoir... Les outils d’aide à la prise de médicaments (2 partie) e Révision scientifique : Frédéric Poitras, B. Pharm., chargé d’enseignement, Faculté de pharmacie, Université Laval Cas clinique 1 Mme C.D. revient vous consulter pour sa mère, qui vit seule et a les mains déformées par une polyarthrite rhumatoïde sévère. Elle apprécie beaucoup les dispositifs que vous lui avez vendus la dernière fois, car ils aident énormément sa mère à instiller ses gouttes ophtalmiques. Cependant, cette dernière arrive difficilement à ouvrir les cases de son pilulier Dispill, celui-ci ayant été géré par son mari, décédé depuis peu. Que pouvez-vous lui suggérer ? Objectifs pédagogiques Permettre au pharmacien de : ✓ connaître les différents outils d’aide à la gestion de la prise de médicaments actuellement disponibles; ✓ cibler le bon outil pour chaque patient en fonction de ses besoins et de ses particularités; ✓ Être à l’affût des nouvelles technologies pour aider à la prise de médicaments (SMS, courriels, etc.). La première partie de cette formation continue portait sur différents outils d’aide à la prise de médicaments en pédiatrie, en soins oculaires et en inhalation. Dans cette deuxième partie, il sera question des piluliers, des alarmes de rappel et des nouvelles technologies de l’information qui peuvent soutenir le patient dans son adhésion au traitement. Démythifier les piluliers Publié grâce à une subvention sans restrictions de Une étude de Lakey et coll. a démontré que, parmi 109 patients de 73 à 98 ans, 82 % utilisaient des outils d’aide à la prise de médicaments. La majorité d’entre eux (62 %) utilisaient un pilulier qu’ils remplissaient eux-mêmes. Par contre, peu de patients connaissaient les autres outils et services offerts par leur pharmacien. Seulement 18 % avaient demandé à un professionnel de la santé de simplifier leur traitement et 40 % ne savaient pas que cela pouvait se faire. Quatre-vingt pour cent de ceux qui avaient demandé une simplification de traitement s’étaient d’abord enquis de l’autorisation de leur médecin1. Il est donc important d’avoir une offre de service claire et de faire savoir aux patients ce que les pharmaciens peuvent faire pour eux. Il est important aussi de simplifier autant que possible le traitement de nos patients avant de recommander un pilulier. En effet, moins la thérapie est complexe, plus l’adhésion au traitement est facilitée. Eisen et coll. ont démontré que l’observance passe de 42 % à 73 % lors d’une prise quatre fois par jour à 73 % à 85 % lors d’une prise uniquotidienne2. Une autre étude menée chez des patients atteints du VIH a révélé que l’utilisation d’un pilulier hebdomadaire augmentait l’adhésion aux antirétroviraux de 4,1 % à 4,5 %. Les probabilités d’obtenir une charge virale égale ou moindre à 400 copies/ml passaient quant à elles de 14,2 % à 15,7 %. Tous les résultats étaient statistiquement significatifs3. On trouve des piluliers pour tous les besoins et tous les goûts. Cette réalité est connue de tous, mais il est bon de se rappeler ce qui existe sur le marché, de même que certaines évidences qui, à la faveur des pressions exercées par l’achalandage, sont parfois oubliées. Bien qu’un pilulier hebdomadaire fasse généralement référence à un boîtier en plastique comportant 28 cases réparties en sept colonnes et quatre rangées4, il est moins restrictif de le qualifier de « boîte à cases multiples où l’on place les médicaments que l’on doit prendre sur une certaine période »5. Il existe principalement deux types de pilulier : les dosettes et les emballages alvéolés. Les dosettes sont des boîtes en plastique dur, avec ou sans fermoir de sécurité, comportant sept colonnes correspondant aux jours de la semaine et des rangées représentant les moments de la prise6. Elles peuvent être remplies par le patient ou par la pharmacie. Les emballages alvéolés (Dispill, Distrimedic, PillPak de Manrex ou Dopac) sont, quant à eux, réalisés par la pharmacie préparatrice et remis ensuite au patient. Les piluliers, dosettes ou emballages alvéolés, sont facilement disponibles auprès des grossistes ou des représentants des compagnies qui les distribuent. Avant de recommander un pilulier, il est important de vérifier la quantité de médicaments pris par le patient, la grosseur des comprimés et le nombre de prises quotidiennes afin de choisir un format approprié, détail parfois omis par certains. Par la suite, il est important de vérifier sa dextérité afin de choisir le type de contenant qui lui convient (alvéoles autocollantes, dosette coulissante, cases à tiroirs ou à couvercles). Son acuité visuelle est aussi importante : plusieurs modèles portent des inscriptions en braille (p. ex., la dosette Maxi ou le pilulier pour vitamines de PharmaSystem); certains ont des inscriptions plus grosses avec des couleurs contrastées afin d’en faciliter la lecture (p. ex., le pilulier matin et soir 7 jours de VitaCarry, blanc avec écriture bleue), d’autres www.ProfessionSante.ca | cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | septembre 2012 1 Tableau 1 Principaux types de pilulier hebdomadaire Dispositif Caractéristiques Exemples Pilulier fixe à sept cases t Prise uniquotidienne t Pilulier Tortue de PharmaSystem, t Indication des jours de la semaine t Rempli par le patient ou le pharmacien t Peut comporter des indications en braille sur chaque case t Avec ou sans alarme intégrée 2,40 $ sans alarme, 10 $ avec jusqu’à quatre alarmes quotidiennes t Ultra Bubble Lok, pilulier pour vitamines de PharmaSystem, 3 $ t VitaCarry planificateur de vitamines, 9,25 $ t VitaCarry pilulier à bouton poussoir, 8 $ Pilulier fixe à 14 cases t Prises biquotidiennes t Indication des jours de la semaine et des moments de t Pilulier pour les vitamines deux fois par jour de PharmaSystem (disponible en différentes grosseurs et couleurs, le Special la prise t Rempli par le patient ou le pharmacien t Peut comporter des indications en braille sur chaque case Edition étant opaque avec des couleurs contrastées pour faciliter la lecture), 2,85 $ t Aide-mémoire à pilules très grand deux fois par jour de PharmaSystem (avec couleurs différentes selon le moment de la prise), 5,75 $ Pilulier fixe à 14 tiroirs t Mêmes caractéristiques que le pilulier 14 cases traditionnel t Les cases s’ouvrent à l’aide d’un bouton, ce qui facilite t VitaCarry pilulier 7 jours matin et soir à bouton poussoir, environ 15 $ l’ouverture en cas de manque de dextérité ou en présence Cas clinique 1 suite Une dosette à tiroirs pourrait l’aider. Étant donné qu’elle pourrait appuyer sur le bouton pour ouvrir ses cases plutôt que de décoller celles d’un pilulier Dispill ou de lever le couvercle d’une petite dosette, la tâche lui paraîtrait probablement moins complexe. Une dosette régulière à languettes pourrait aussi être essayée si le nombre de prises quotidiennes ne convenait pas à une dosette à tiroirs (maximum de deux prises par jour). d’arthrite. Pilulier fixe à 28 cases t Prises jusqu’à quatre fois par jour ou pour 28 jours différents t Indication des jours de la semaine et des moments de t Dosett et Dosett Maxi de PharmaSystem, respectivement 8 $ et 12,95 $ chacune la prise t Rempli par le patient ou le pharmacien t Peut comporter des indications en braille t Est offert avec ou sans fermoir de sécurité Emballage alvéolé t Prises jusqu’à quatre fois par jour t Dispill t Cases précisant la date et le moment de la prise t Distrimedic t Rempli par le pharmacien t PillPak et Medicase de Manrex t Couleurs différentes selon le moment de la prise t Possibilité de pictogrammes pour préciser les moments de la prise t Alvéoles détachables, portatives t N’est pas réutilisable Emballage alvéolé t Prises quotidiennes virtuellement illimitées (DoPill) t Rempli par le pharmacien t DoPill de DoMedic t Cases déterminées par un numéro seulement t Signal sonore et lumineux au moment optimal de la prise ont des couleurs variées pour mieux différencier les moments de la prise (p. ex., aide-mémoire à pilules très grand deux fois par jour de PharmaSystem, où la case du matin est couleur lilas et celle du soir, bleue). Une dosette opaque a l’avantage d’aider le patient à bien lire les informations; à l’inverse, un pilulier transparent, laissant entrevoir les comprimés sous les inscriptions, crée une difficulté de lecture supplémentaire chez la clientèle dont la vision est diminuée. Par ailleurs, un pilulier portant la mention am et pm sera plus facile à lire qu’un autre portant la mention matin et soir en petits caractères. Un patient analphabète pourra bénéficier d’une dosette à cases bleues pour la nuit et roses pour le matin, par exemple l’aidemémoire à pilules très grand deux fois par jour de PharmaSystem. En plus de recommander le pilulier, il est important de donner certains trucs à nos patients en insistant sur leur utilité afin de diminuer les risques d’oubli, tels que garder le pilulier à la vue, associer les prises de médication à des activités de la vie quotidienne bien intégrées et adapter l’horaire de prise selon ces activités (voir tableau I). Alarmes Plusieurs dispositifs d’alarme permettent de promouvoir l’adhésion au traitement et de diminuer les risques d’oubli. Certains sont plus ou moins portatifs vu leur grosseur, tels que MedGlider et Med Reminder, alors que d’autres, de type montre ou téléavertisseur, sont conçus pour rester à portée de la main. Leurs prix varient énormément, soit entre 25 $ et 250 $ environ, selon les options offertes (alarmes sonores, lumineuses, vibrantes, avec messages 2 t Système Web intégré pour le suivi des prises t N’est pas réutilisable t Cases non détachables, beaucoup moins portatif vocaux), la qualité et l’apparence du bracelet, la quantité d’alarmes quotidiennes, la facilité de programmation, la grosseur de l’écran et l’éclairage de ce dernier. Plusieurs modèles sont disponibles sur les sites epill.com ou forgettingthepill.com; quelques-uns seront présentés plus en détail dans les paragraphes suivants. Il ne faut pas oublier que, quel que soit le modèle, un patient arthritique ou ayant une perte de vision aura de la difficulté à programmer ces outils. De plus, certains patients vieillissants ou dont le statut cognitif est diminué seront moins aptes à effectuer des tâches complexes, telles que programmer des dispositifs d’alarme. Le pharmacien pourra donc porter assistance à ces patients. Voici quelques-uns des dispositifs les plus intéressants. MedGlider, de MEDport, est une boîte à pilules portative pouvant contenir jusqu’à quatre doses de médicaments et avoir quatre alarmes quotidiennes associées. Le signal avertisseur peut être un signal sonore, un signal verbal en anglais disant « Time to take your pill », ou un signal visuel (une lumière clignotante). On ne peut malheureusement choisir à la fois le signal sonore et le signal lumineux, car un seul type de signal peut être activé à la fois. Lorsqu’arrive l’heure de la prise du médicament, le signal se déclenche trois fois de suite à une minute d’intervalle. Après ces trois signaux, si l’alarme n’est pas cessée, le message « Missed Pill » s’affiche à l’écran et la case manquée est marquée cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | septembre 2012 | www.ProfessionSante.ca d’un X7. Bien que les réglages ne soient pas des plus compliqués, un aidant peut être nécessaire dans certains cas pour programmer les alarmes. L’alarme sonore quelque peu faible est une limite potentielle pour les patients ayant une acuité auditive diminuée. L’option visuelle lumineuse est alors à privilégier si le dispositif est visible, bien sûr. Ce dispositif est offert dans des sites d’achat tels que e-Bay, e-pill et Amazon.ca pour environ 40 $. Le VibaLITE 8 est une montre, offerte en divers modèles et couleurs, permettant d’avoir jusqu’à huit alarmes quotidiennes : bips sonores, vibration silencieuse ou les deux combinés. L’option vibration assure la confidentialité, tout en étant une solution intéressante dans un environnement bruyant ou en cas de problèmes d’audition. L’écran permet une bonne lecture de l’heure grâce à ses gros caractères et à son rétroéclairage. Ce dispositif est résistant à l’eau, ce qui peut être une caractéristique attrayante pour les patients plus jeunes et actifs (par exemple, des adolescents diabétiques). Son prix varie, selon le modèle désiré, entre 80 $ et 180 $ dans le site de la compagnie, mais il est aussi disponible à meilleur prix dans des sites d’achat tels que e-Bay8. Autre montre utile : la Cadex 12. Elle est disponible en différentes couleurs et en format pour adulte et pour enfant, ce qui est rare pour une montre-alarme. On peut y programmer jusqu’à 12 alarmes quotidiennes et y ajouter un message écrit en 36 caractères maximum. Par contre, il peut sembler fastidieux de programmer ces messages. L’alarme est un bip sonore se répétant toutes les trois minutes, jusqu’à ce qu’elle soit arrêtée par le patient et jusqu’à concurrence de quatre heures de sonnerie consécutives ! Cette montre contient aussi un bouton ALERT qui stocke les mêmes informations qu’un bracelet médical, telles qu’allergies, problèmes de santé, personne-ressource à contacter en cas d’urgence, avec numéro de téléphone, etc. L’écran est facile à lire, ayant des caractères relativement gros. Cette montre est une option intéressante pour les personnes n’ayant pas de problèmes auditifs ainsi que pour les enfants. Par contre, elle est peu discrète, n’a pas d’option de signal vibrant ou visuel, et ne résiste pas à l’eau. Son prix est d’environ 140 $9. Un autre dispositif semblable est l’e-pill Vibrating Pager. Ce téléavertisseur peut contenir jusqu’à 12 alarmes et vibrer ou émettre un signal sonore au moment voulu. Le fabricant insiste sur la forte vibration de l’appareil, qui peut être porté sur soi ou laissé dans le sac à mains. Il se détaille environ 80 $10. Autre outil valable : le Voice Cue qui, plutôt que de simplement sonner, répète un message vocal préenregistré à l’heure désirée. Le patient (ou son aidant) peut enregistrer jusqu’à cinq messages, d’une durée totale maximale de 60 secondes, pouvant être répétés jusqu’à deux Cas clinique 2 Caas clinique 2 suite M. L.G. présente une diminution de sa vision depuis quelque temps. Il voit de moins en moins bien et se demande si vous avez des outils à lui proposer pour facili-iter la prise de ses pilules, puisque les indications sur ses pots sont de plus us en plus petites. fois chacun à l’heure voulue. La durée totale de 60 secondes est un avantage, car elle permet de programmer des messages plus complets que simplement : « C’est l’heure de prendre vos médicaments ! » Le patient ou son aidant peut les personnaliser en mentionnant par exemple la couleur des comprimés, leur appellation, ou encore des indications telles que : « prendre en mangeant » ou « ne pas se recoucher ». La programmation semble assez simple. Par contre, il n’est pas garanti que la qualité de l’enregistrement soit bonne et qu’il puisse être bien compris par une personne dont l’acuité auditive est diminuée ou qui a de la difficulté à distinguer les sons. Un bouton permet d’écouter le message une deuxième fois, jusqu’à une minute après le message initial. Ce délai est plutôt court et pourrait constituer un faux avantage dans certains cas. Cet appareil ne contient pas de signal lumineux ou vibrant et se détaille environ 40 $ sur enablemart.com11. Technologies de l’information L’usage de plus en plus répandu de téléphones intelligents, courriels, messages textes et autres dérivés de iPod dans la vie courante apporte une dimension nouvelle à l’adhésion au traitement. Ces outils multifonctionnels peuvent maintenant rappeler au patient qu’il lui faut prendre son médicament, qu’il soit étudiant ou professionnel établi. Ils peuvent aussi permettre à un aidant naturel de savoir quand appeler son parent afin de vérifier sa prise de médicaments. Plusieurs petites études ont été effectuées sur l’efficacité de cette méthode de rappel, non seulement pour la prise de médicaments, mais aussi pour le contrôle des glycémies, les bonnes habitudes de vie, les rendez-vous médicaux et la contraception12,13,14. Entre autres, au Kenya, les messages textes (SMS) se sont révélés supérieurs aux moyens traditionnels pour susciter l’adhésion à la thérapie antirétrovirale chez 538 patients séropositifs. L’article publié récemment dans The Lancet par le Dr Richard Lester montre qu’un message texte hebdomadaire a amélioré de 12 % l’adhésion à la thérapie, rendant la charge virale indécelable après un an chez les patients à l’étude15. Une étude britannique a, quant à elle, révélé une amélioration de 10 % pour l’adhésion aux corticostéroïdes inhalés chez des patients asthmatiques, grâce à l’utilisation de messages textes personnalisés16. Toujours chez les patients asthmatiques, une étude danoise a démontré une augmentation de 17,8 % de l’adhésion aux corticostéroïdes inhalés sur une période de 12 semaines à l’aide de SMS17. Un article de Miloh et coll., paru dans Paediatrics, rapporte de son côté une amélioration de l’adhésion menant à une réduction des rejets chez de jeunes patients (âge moyen de 15 ans) ayant subi une transplantation hépatique et recevant des messages textes leur mentionnant de prendre leur médication18. Cependant, deux études, une en schizophrénie19 et une autre en hypertension20, n’ont pas montré de réels bénéfices pour cette méthode de rappel. Malgré cela, puisque cette dernière est peu dispendieuse, simple et nécessite peu de manipulations, c’est une piste intéressante à exploiter pour améliorer l’adhésion dans l’avenir. Des études plus nombreuses, menées avec de plus grands échantillons, seront nécessaires afin de vérifier le plein potentiel des textos. La nouvelle technologie permet maintenant d’avoir accès à des applications pour les iPod ou les téléphones intelligents. Elle consiste en des alarmes sonores et/ou vibrantes selon les réglages du téléphone ou du iPod. Une recherche effectuée sur le Net avec un moteur de recherche utilisant les mots « pill reminder apps » permet de trouver facilement plusieurs applications telles que le Pill Reminder pour iPhone ou iPod à 0,99 $ ou encore le Pocket Rx ou le Rx Case Minder à 2,99 $ pour Android. Aussi, des applications telles que MyMedSchedule peuvent envoyer au patient un SMS ou un courriel contenant la photo du médicament à prendre lorsque survient l’heure de la prise. Elles peuvent être très utiles aux patients jeunes, actifs, aux tra- Entrevue-conseil Le choix d’un pilulier Lorsque cela s’impose, il est important de bien choisir le pilulier à partir des caractéristiques du patient et de son traitement. Voici quelques critères à considérer : t Combien de médicaments doit-il prendre quotidiennement ? t Quelle est la taille des comprimés qu’il prend ? t A-t-il un problème de motricité ? Une diminution de l’acuité visuelle ? Un handicap particulier ? t A-t-il besoin d’un dispositif d’alarme associée, afin de diminuer les oublis ? t Cette alarme doit-elle être sonore, lumineuse ou vibratoire ? t Le pilulier doit-il être portatif ? Détachable ? t Sait-il lire ? Préfère-t-il des pictogrammes ou un code de couleur ? t Les caractères sont-ils assez gros ? t Présentez-lui ensuite quelques modèles, mentionnez-lui les particularités de chacun, la raison pour laquelle on en privilégie un plutôt qu’un autre. Laissez-le choisir afin d’augmenter son implication dans son traitement. vailleurs aux horaires variables ou aux camionneurs, par exemple. Les aidants peuvent aussi utiliser des applications de ce type pour penser à téléphoner à leur proche afin de lui rappeler de prendre son médicament. Dopill Le Dopill, concept québécois de la compagnie Domedic, est un outil multifonctionnel. Le Dopac est un pilulier d’alvéoles autocollantes, du même type que le Dispill, qui peut s’insérer dans le Dopill, un contenant « intelligent » distributeur de médicament. Plutôt que de servir quatre prises par jour sur sept jours, le Dopill n’a pas de limite quotidienne quant au nombre de prises, ce qui peut être pratique avec une clientèle parkinsonienne prenant des médicaments six ou huit fois par jour. Les 28 cases numérotées sont programmées à la pharmacie et identifiées par un chiffre plutôt que par un moment de prise. Elles s’allument lorsqu’elles doivent être utilisées. Un signal sonore permet aussi de prévenir le patient de prendre ses comprimés. Les cases peuvent être ouvertes en enlevant l’autocollant ou en perforant la case du doigt. Un système Web intégré permet aux professionnels ainsi qu’aux aidants autorisés d’avoir accès en direct à la prise de médicament du patient, de même qu’à l’historique de la prise. Par contre, l’appareil enregistre le moment où la case est ouverte, et non pas celui où le médicament est pris, ce qui peut venir fausser les données si le patient enlève la case mais n’ingère pas son contenu; par exemple, s’il part avec son médicament au restaurant mais l’oublie, ou s’il ouvre la case mais jette les comprimés. Le dispositif peut aussi « communiquer » avec le patient ou encore son aidant par message texte lorsqu’une dose est omise, afin de s’assurer d’une prise optimale. De plus, un écran indique si le médicament nécessite d’être à jeun ou s’il peut être pris en mangeant; il peut aussi afficher divers messages programmés par le pharmacien. Cet écran est cependant difficile à lire si on ne le regarde pas sous le bon angle. Cet outil peut s’avérer très utile chez une clientèle gériatrique ou atteinte de la maladie d’Alzheimer. Il regroupe en effet plusieurs outils en un et permet ainsi un suivi par l’aidant. Il peut aussi aider les parkinsoniens dans le cas de prises multiples et des moments choisis, ainsi que la clientèle séropositive chez qui on ne Il pou pourrait d’abord être intéressant de vérifier la volonté de ce monsieur d’utivérif liser un autre mode d’administration de médicament, soit une dosette. À cet médi égard, égar il devrait porter son choix sur les modèles opaques avec écriture de gros mod calibre et couleur contrastée afin d’en cali faciliter la lecture. La dosette Special fac Edition noire et or de PharmaSystem Ed pourrait ainsi s’avérer un bon choix. p Un pilulier Dispill pourrait aussi être avantageux étant donné la nonnécessité de préciser les comprimés et les indications. Si M. L.G. préfère les fioles, il lui est toujours possible, jusqu’à un certain point toutefois, d’augmenter les caractères d’impression sur les étiquettes à l’aide des logiciels de traitement des ordonnances. peut se permettre un faible taux d’observance, celui-ci étant établi à 95 % pour l’atteinte des cibles du traitement. Cet appareil intelligent coûte environ 300 $, ce qui peut limiter son utilisation. Il fonctionne avec les interfaces de Mentor et AssystRx. Les frais mensuels s’élèvent à environ 19,95 $ par patient afin de couvrir les frais de services Web intégrés et de pilulier hebdomadaire . Une étude en cours aux Pays-Bas utilise un système Web intégré semblable au Dopill, afin de vérifier son efficacité pour augmenter l’adhésion chez des patients diabétiques de type 222. Il sera intéressant d’en connaître les résultats une fois qu’elle sera terminée. Conclusion Les patients qui n’arrivent pas à prendre leurs médicaments auront probablement plus de facilité avec les divers outils proposés. Cependant, ces derniers se doivent d’être adaptés aux besoins et aux caractéristiques de chacun afin de vraiment favoriser l’adhésion au traitement. Un bon questionnaire et l’implication du patient sont donc essentiels pour toute recommandation de pilulier, de dispositif d’alarme ou de nouvelles technologies. Un outil qui ne s’adapte pas à la réalité du patient sera sous-utilisé et n’atteindra pas le but visé, à savoir améliorer son adhésion au traitement. De plus, le pharmacien doit garder en tête qu’un patient qui, jusqu’ici, prenait mal ses comprimés peut connaître des effets indésirables lorsqu’il se met à adhérer à son traitement (pensons par exemple à un patient hypertendu qui pourrait devenir hypotendu à la suite d’une prise de médication assidue depuis peu). Un suivi serré s’impose donc auprès des patients auxquels nous proposons des outils d’aide afin de vérifier la présence d’effets thérapeutiques ou indésirables, de même que l’efficacité et l’utilisation de ces dispositifs. Il est important pour le pharmacien de se remémorer parfois ce qui existe sur le marché pour aider ses patients et être le mieux outillé possible pour répondre à leurs questions. Même celles qui semblent se répéter souvent sont uniques à chaque patient. j Recommandations au patient Voici quelques conseils pour bénéficier au maximum des avantages des outils d’aide : t Il est préférable de laisser vos piluliers à la vue et vos alarmes à portée de main (ou d’oreilles !) afin de ne pas sauter des prises et de bien entendre les alarmes. t Essayez d’associer une activité de la vie quotidienne à votre prise de médicaments afin de diminuer les oublis. Votre pharmacien peut vous aider à trouver des moments de prise adaptés à votre réalité. www.ProfessionSante.ca | cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | septembre 2012 3 Questions de formation continue Répondez maintenant en ligne sur www.ProfessionSante.ca Adhésion au traitement Références 1. Les outils d’aide à la prise de médicaments 2e partie 2. 3. Question 5 Question 1 Concernant l’étude de Lakey et coll1., lequel des énoncés suivants est faux ? a) Une majorité de patients utilisait des outils d’aide à la prise de médicaments. b) La plupart d’entre eux utilisaient un pilulier qu’ils remplissaient eux-mêmes. c) La majorité des patients a demandé à un professionnel de la santé de simplifier le traitement. d) Plus du tiers d’entre eux ne savaient pas que les professionnels de la santé pouvaient simplifier leur traitement. Question 2 Concernant l’adhésion au traitement et les dosettes, quel énoncé est faux ? a) Il est important de simplifier autant que possible le traitement de nos patients avant de leur recommander un pilulier. b) Moins le traitement contient de prises quotidiennes et de médicaments différents, plus l’adhésion est facile. c) Il est important de vérifier la quantité de médicaments pris par le patient, la grosseur des comprimés et le nombre de prises quotidiennes afin de choisir le type de pilulier à recommander. d) Tous les piluliers sont équivalents, quelle que soit la dextérité ou la vision du patient. Question 3 Concernant les alarmes, quel énoncé est faux ? a) Le MedGlider et le MedReminder sont plus ou moins portatifs, comme les montres ou les téléavertisseurs. b) Les modèles diffèrent selon les alarmes disponibles, la qualité et l’apparence du bracelet, la grosseur de l’écran et l’éclairage de ce dernier. c) Leurs prix varient énormément, soit entre 25 $ et 250 $. d) Une personne arthritique ou âgée peut avoir de la difficulté à programmer ces gadgets. Concernant le VibraLITE8, lequel des énoncés suivants est faux ? a) C’est une montre ayant jusqu’à huit alarmes quotidiennes. b) L’alarme peut être une vibration, un signal sonore ou les deux combinés. c) L’écran est petit et n’est pas éclairé, ce qui limite son utilisation. d) Le dispositif est plutôt simple à programmer et est résistant à l’eau. Question 6 Lequel des énoncés suivants est faux ? a) La Cadex 12 est un téléavertisseur pour adulte ou pour enfant ayant jusqu’à 12 alarmes quotidiennes. b) La Cadex 12 contient un bouton ALERT permettant de stocker des informations médicales. c) Le Vibrating Pager contient aussi 12 alarmes quotidiennes. d) Le Voice Cue permet d’émettre un message vocal préenregistré à l’heure désirée. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. Question 7 Lequel des énoncés suivants sur la nouvelle technologie est faux ? a) Au Kenya, les messages textes se sont révélés supérieurs aux moyens traditionnels pour susciter l’adhésion à la thérapie antirétrovirale chez des patients séropositifs. b) Des études ont démontré que les SMS étaient efficaces pour augmenter l’adhésion chez les jeunes transplantés hépatiques, les asthmatiques, les hypertendus et les schizophrènes. c) Des applications pour iPod ou pour téléphones intelligents sont disponibles pour moins de 3 $ sur le Web. d) Certaines applications permettent même d’envoyer une photo du comprimé à prendre par courriel ou SMS à l’heure programmée. 17. 18. 19. 20. 21. 22. Lakey SL, Gray SL et Borson S. Assessment of older adults’ knowledge of and preferences for medication management tools and support systems. Ann Pharmacother; juin 2009; 43(6): 10119. Epub 26 mai 2009. Eisen SA, Miller DK, Woodward RS. Spitzngel E, Przybeck TR. 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Question 8 Question 4 Lequel des énoncés suivants est faux concernant le MedGlider de MedPort ? a) Cette boîte à pilules portative peut accepter jusqu’à quatre doses de médicaments. b) Le signal peut être sonore, verbal ou lumineux. c) L’alarme peut être programmée jusqu’à quatre fois par jour. d) Les signaux sonore et lumineux peuvent être activés tous les deux en même temps pour favoriser l’adhésion. Concernant le Dopill, quelle affirmation est fausse ? a) Le Dopill offre au pharmacien une communication en temps réel sur la prise de médicament de son patient. b) Un signal sonore et visuel permet de rappeler au patient la prise de son médicament. c) Le dispositif est programmé par le patient. d) Il n’y a virtuellement aucune limite au nombre de prises quotidiennes avec le Dopill. Veuillez noter que les articles de formation continue sont dorénavant valides PENDANT UN AN après leur publication ou mise en ligne. L’Ordre des pharmaciens du Québec accordera 1,5 UFC aux participants qui auront au moins 6 bonnes réponses sur 8. Date limite : 5 septembre 2013 x Adieu télécopieur ! Maintenant, c’est en ligne ! Veuillez noter qu’il n’est désormais plus possible sib e d dee no nous us ffai faire ai parvenir eni nir i vo voss fo form formulaires rmul ullai la de formation continue par télécopieur. Vous devez maintenant répondre auxx questions formation uestions ue stitionss d dee ffo o n ccontinue ntiti nt en n liligne, igne dans le portail Profession Santé. Vous n’êtes pas encore inscrit ? Vous devez d’abord le faire en vous rendant au www.professionsante.ca Une fois votre inscription confirmée et activée, vous pourrez faire votre formation continue en cliquant sur l’onglet «Formation continue», puis sur «FC en ligne». Pour toute question, veuillez communiquer avec : Francine Beauchamp, coordonnatrice de formation continue, par téléphone : 514 843-2595; par courriel : [email protected] 4 cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | septembre 2012 | www.ProfessionSante.ca Publié grâce à une subvention sans restrictions de