lagoon my 40 - Lagoon Motor Yacht

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lagoon my 40 - Lagoon Motor Yacht
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ESSAI
LAGOON MY 40’
"30 ans c’est beau et enviable. Et
dire que Lagoon fêtait ses 30 ans
l’année dernière aussi… C’est ainsi,
les beaux millésimes se suivent !
Bravo à toute l’équipe du magazine
pour avoir su mener votre "multicoque" depuis tant d’années dans
l’océan de la presse spécialisée !
30 ans pour devenir LA référence
mondiale, c’est une belle histoire
qui ne fait que commencer. Nous
restons et resterons vos plus fidèles
lecteurs."
Un gaillard prêt pour le voyage...
Yann Masselot - Lagoon
Robuste, compact et échouable,
le MY40 est bien adapté à la croisière
buissonnière.
La plupart des powercats du marché sont des unités puissantes et
luxueuses, mais une demande se manifeste également pour des modèles
habitables plus maniables et moins rapides qui disposeraient d’une bonne
autonomie et d’une faible consommation. Le Lagoon 40MY veut répondre à
ce programme. Nous l’avons essayé deux jours en Méditerranée.
Texte : Philippe Echelle
Photos : N. Claris – Ph. Echelle
LE CATAMARAN À MOTEUR,
UN SEGMENT CONVOITÉ
Au début des années 1990, Jeantot
Marine lance les Euphorie 40’ et 44’, qui
connaissent un succès d’estime, mais le
concept transpose trop brutalement une
logique et un design de yachts à moteur
sur une base de catamarans, les puissances utilisées limitent le rayon d’action.
Depuis la fin des années 90, Fountaine
Pajot est le seul à avoir développé une
gamme complète et à croire au
concept... Et il a fallu attendre la décennie
2010 pour assister à un vrai regain d’intérêt de la part de nombreux autres
constructeurs.
TRAWLER CAT, MULTI YACHT OU
CATAMARAN À MOTEUR ?
Ce segment prometteur laissé en relative
jachère a souffert d’une confusion au
sujet de son identité réelle ; en dépit de
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l’appellation trawler des débuts, les multicoques n’ont jamais pris la succession
des croiseurs vagabonds type Grand
Banks et n’ont attiré qu’à la marge la
clientèle moteur traditionnelle. La plupart
des projets ne sont pas parvenus à clarifier leur philosophie en profondeur et à
prendre leurs distances à l’égard du
modèle monocoque, rapide, bruyant et
vorace (à l’exception notable de quelques
superbes heavy duty sobres et endurants). Certes, les qualités de stabilité et
d’habitabilité des plates-formes séduisaient, mais les augmentations de puissance (souvent demandées par les acheteurs, d’ailleurs !) poussaient ces bateaux
en dehors de leur logique profonde,
brouillant image et comportement.
LAGOON ET LES MULTICOQUES
À MOTEUR
Le Power 43’ de Xavier Faÿ et Philippe
Subrero était un excellent bateau en
version 2 x 180 CV, mais la course à la puissance et les ambitions de vitesse altéraient sa fiabilité de transmission et le rendaient gourmand en version 2 x 350 CV.
L’évolution en 44’ n’a pas permis de pérenniser le modèle, et le leader mondial s’est
absenté de cette classe de multicoques.
Le retour d’un catamaran à moteur dont
l’ADN est totalement revisité marque un
positionnement réfléchi et une volonté de
répondre à un programme plus rationnel.
UN CONCEPT ORIGINAL,
PLUS AMBITIEUX QU’IL N’Y PARAÎT
Le MY40 reprend la base du Lagoon 39’,
voilier dont la géométrie lui confère les
qualités d’une plate-forme large et habitable prévue pour la mer ouverte. Cette
assise sur l’eau le destine réellement à la
croisière, avec tous les avantages d’un
espace interne généreux qui met l’accent
sur un programme de vagabondage tranquille. La taille raisonnable lui permet
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aussi de se faufiler dans des ports d’accueil aux installations rustiques (les plus intéressants !) et de fréquenter les mouillages
hors pistes. L’échouage est possible sur les amorces d’ailerons
qui protègent les safrans et les transmissions. La motorisation de
2 x 75 CV est bien adaptée à ce cahier des charges innovant,
sous réserve de troquer vitesse instantanée et accélérations
rageuses contre une glisse de sénateur et une autonomie prometteuse.
UNE SILHOUETTE SYMPATHIQUE
Avec ses jupes rallongées, son petit saute-vent, sa coupole rigide
de protection de timonerie et le mât porte-antenne en croix
(issue du Power 44), le 40MY affirme sa nouvelle identité (le
maintien de la martingale de poutre ne semble pas indispensable). Pour le reste, les attributs confortables d’une base de voilier
confortent la vocation de plaisance flâneuse du bateau et se
substituent sans complexes au design plus arrogant qu’une
conception motor yacht n’aurait pas manqué de faire naître !
Sous l’eau, le tiers arrière des coques a été redessiné pour créer
une voûte porteuse, et les ailerons supprimés au profit de sabots
d’échouage.
UN PLAN D’AMÉNAGEMENT AGRÉABLE À LA MER
Sur ce genre de bateau, les espaces extérieurs participent largement à la qualité de vie ; ils interagissent avec les buts essentiels de la croisière et en déterminent souvent l’agrément. Le
MY40 est un multicoque compact dont les interfaces bateauenvironnement marin sont fonctionnels et simples d’utilisation.
Les bossoirs, les zones de débarquement des jupes indiquent
clairement le rôle prépondérant de l’annexe dans le programme
de loisirs nautiques (la structure de l’échelle de bain à poste fixe
sert également de main courante de sécurité et le logement de
la survie est judicieusement intégré à l’aplomb du tunnel). La
plage avant ménage un grand espace de convivialité ou de
contemplation ; le trampoline est séparé en deux par la poutre
de compression, qui sert aussi de chemin de chaîne pour le
mouillage. L’accès au bain de soleil sur le toit du roof est aisé,
mais le séjour est réservé aux allures stables et calmes. Les
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larges passavants ouvrent sur le salon de cockpit, dont les qualités de lodge modulable ne sont plus à vanter. Bien isolé du
vent, le bimini le protège du soleil, c’est le centre d’activité du
navire. Proche du poste de barre en navigation, il est transformé
par un kit de toiles et devient l’espace à vivre de demi-saison ou
un sas pertinent lors des hivernages à bord. La double baie coulissante fait largement communiquer le salon de pont avec le
cockpit ; le design Nauta est toujours aussi efficace et l’ébénisterie Alpi chêne génère une atmosphère douillette. La perception de la qualité est bonne et résiste à une inspection minutieuse des assemblages. Cuisine, bloc froid, bureau et carré
sont fonctionnels et agréables à l’usage. L’intimité du roof est
préservée par des rideaux occultants faciles à mettre en place.
L’éclairage, direct par plafonniers led et indirect par bandeaux,
procure une ambiance chaude d’une température de couleur
parfaite (l’isolation du tuyau d’alimentation en eau chaude de la
cuisine pourra être renforcée). L’installation d’un chauffage à air
pulsé et d’un dessalinisateur donnera à ce petit baroudeur l’autonomie tous temps que son caractère appelle. Les cabines
(4 dans notre version d’essai) sont parfaitement agencées et
équipées avec le pack confort (isolation, ventilation, rideaux,
moustiquaires…). Il est évident que la version 3 cabines répondra encore mieux aux attentes des propriétaires.
INSTALLATION MOTEURS
Les 2 Yanmar de 75 CV sont des 4 cylindres de 1995 cm3 coiffés de culasses 16 soupapes. Installées en série sur les First 50,
Sense 55 ou Lagoon 420, ces mécaniques développent des
puissances modestes pour des multisoupapes turbo, ce qui
préserve la longévité. Leur poids est de 249 kg avec le saildrive.
La rusticité d’un arbre d’hélice est toujours préférable, mais ce
type de transmission emporte les faveurs des constructeurs
pour sa compacité et sa simplicité de mise en place. Un saildrive
est une mécanique immergée qui devra bénéficier d’un entretien et d’une surveillance qualifiée réguliers. L’accès aux cales
moteurs s’effectue en ouvrant le panneau de pont, puis en retirant le faux plancher d’isolation en 3 parties. L’installation est lisible, l’espace de travail correct, la visibilité des organes est
bonne. Une alarme d’alimentation d’eau de refroidissement
serait précieuse, les orifices d’admission d’une embase
sont petits, donc sensibles aux déchets plastiques, et l’alarme
de chauffe est un pis-aller. L’isolation est correcte, mais des améliorations sensibles peuvent être apportées par des mousses
sandwich combinant isolation et absorption.
ELECTRICITÉ ET CARBURANT
Les 2 réservoirs aluminium de 300 l chacun sont de belle facture
et solidement fixés à la coque, ils disposent de trappes de
nettoyage et pourront être sortis de leur emplacement si nécessaire,
Sa sobriété à la vitesse de croisière prédestine le MY40' aux longues randonnées...
La géométrie de la base voilier d'origine offre une bonne hauteur sous nacelle et des étraves défendues pour la mer agitée.
Les rallonges de jupes traduisent la greffe du tiers arrière de flotteur pour obtenir une voûte plus porteuse
La manœuvrabilité est très bonne, la géométrie originale de ce catamaran de 40' à moteur ménage des espaces à vivre remarquables.
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ESSAI
bravo ! L’emploi de carburant de qualité et la visite régulière des
filtres préviendront les désagréments. On prendra la précaution
de ne pas remplir les deux réservoirs à la même pompe afin
d’éviter une éventuelle pollution simultanée. Chaque moteur
dispose de sa batterie indépendante. Le parc domestique
constitué de 4 x 120 A est logé sous le lit arrière bâbord, il est
solidement saisi au châssis, mais ne dispose pas de couvercle
de protection des bornes, les tableaux des coupe-batteries sont
d’excellente facture et bien positionnés.
ESSAI EN NAVIGATION
Notre navigation s’est déroulée en février au large de la
Camargue au lendemain d’un coup de mistral à plus de
150 km/h, la température "fraîche" nous a fait apprécier l’abri du
roof et son excellente visibilité. J’ai tout de même pu rester plusieurs heures au poste de pilotage, confortablement installé sur
le siège banquette bi-positions. Notre première journée est favorable aux incontournables tests de manœuvrabilité en baie
d’Aigues-Mortes avant de mettre le cap sur le petit port des
Saintes-Maries-de-la-Mer à une vingtaine de milles. Avec un
léger vent favorable au départ, le MY40 atteint sa vitesse de
pointe de 11,8 nœuds à 3400 tr/min. Je stabilise ensuite l’allure
à 11 nœuds (qui est la vitesse de croisière maxi) sur l’ensemble
du parcours (vent de 15 nœuds, de 3/4 avant bâbord) pour arriver avant le crépuscule dans l’entrée du Petit-Rhône. L’assiette
navire est légèrement cabrée à ce régime, le bruit moteur est
présent, sans désagrément majeur. De longues ondulations à
peine perceptibles parcourent le plan d’eau en sens inverse du
clapot, le MY40 en profite pour les chevaucher et parvient à rester sur l’onde quelques centaines de mètres en accélérant
joyeusement à 13,5 nœuds (mesures Garmin Quatix) ! Cette
observation ouvre des perspectives quant à l’intérêt de naviguer
intelligemment en soignant sa météo pour les longs parcours
avec ce type d’unité. Le soir, nous profitons avec réel plaisir de
notre home marin et cuisinons à bord. J’ai constaté en descendant aux côtés de la machine pendant la navigation que le refroidissement de la cale fonctionnait bien et que l’admission-évacuation d’air forcée était efficace. Les températures moteurs
restaient peu élevées et le bruit mécanique harmonieux. Le lendemain, l’exercice est différent, et nous allons profiter du MY40
dans ce que j’estime être sa véritable vocation. Vous avez remarqué que la perception de vitesse est très relative ; Le Toumelin
s’estimait parfaitement heureux à 6 nœuds et s’extasiait lorsque
le Kurun en atteignait 7. Hier, à 11 nœuds de moyenne, nous
abattions vraiment de la route, et en réduisant à 10, nous aurions
parcouru 240 milles en 24 heures… de quoi rejoindre le Nord
Sardaigne ! Par cette splendide matinée d’hiver, je veux installer
un véritable rythme de croisière et tester sur notre étape de
20 nautiques la vitesse que j’établirai avec le MY40 sur un long
parcours. À 8 nœuds, les moteurs se font presque oublier, l’assiette navire est parfaite et ses mouvements souples comme s’il
nageait paisiblement en surface ; la vie domestique peut s’installer comme à bord d’un voilier par beau temps ! À cette allure,
nous consommons 0,96 l/mille et la mare devient nostrum ! Le
rêve d’une flânerie voyageuse en direction de la mer
Tyrrhénienne, des merveilleux mouillages corses et de la Grèce
hors saison nous emporte. Le projet d’un hiver sabbatique se
fait jour (qui semblerait probablement moins attractif en voilier !).
Chauffage, éoliennes, dessalinisateur et panneaux solaires dispenseront le MY40 de prises de quai et autres fils à la patte, et
mon allure de sénateur nous emportera en grand voyage au
moteur avec 600 milles d’autonomie. À peine le temps d’échafauder la future odyssée et d’entamer un petit casse-croûte, le
port est devant l’étrave… dommage ! Un dernier pivotement
pour rentrer en marche arrière dans la place, et constater la parfaite manœuvrabilité du MY40, et c’est (hélas !) fini.
CONCLUSION
L’esprit de ce gaillard de MY40
m’a plu. Il est confortable et spacieux, mais compact en manœuvre de ports et au mouillage.
Simple à comprendre, à utiliser et
à entretenir, ses bonnes aptitudes
de navigation lui ouvrent les
portes du large et du grand vagabondage semi-côtier. Sa puissance moteur modeste correspond à ce que de nombreux amateurs attendent d’un catamaran
de ce type, elle favorise une croisière buissonnière, économique
et respectueuse des autres usagers de la mer (animaux inclus),
tout en offrant des moyennes efficaces sur les parcours de liaison
et de bonnes qualités marines. Ce
bateau est le prototype d’une transition que j’apprécie et d’une
liberté d’action enviable.
LES CONCURRENTS
Modèle
Puissance
Architectes
Prix HT en €
Aquila 38
2 x 100 CV
Morelli/Melvin
287 000
Leopard 39
2 x 60 ou 120 CV
Fountaine Pajot MY37
2 x 110 ou 220 CV
Fusion 40
2 x 150ou 260 CV
Morelli/Melvin
289 000
Daniel Andrieu
284 000
Garry Lidgard
455 000
5- Avec ses 11,90 m, le MY40 a tout d'un grand, mais reste facile à vivre.
6 - Les volumes de cabines sont remarquables, la finition est au rendez-vous.
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7 - Des cuves à gasoil de belle facture, démontables et dotées de trappes de
visite.
DESCRIPTIF TECHNIQUE
Architecte : VPLP
Constructeur : Lagoon
Design intérieur : Nauta
Longueur : 11,99 m
Largeur : 6,70 m
Tirant d’eau : 0,91 m
Motorisation : 2 x 75 CV Yanmar 4JH4 TCE
Transmissions : Saildrives
Alternateurs : 12 V 125 A
Gasoil : 2 x 300 l ou 2 x 400 l en option
Eau douce : 300 l
Prix de base HT : Version 3 cabines 272 00 €/ Version 4
cabines 277 220 €
Principales options prix HT en € Pack équipement confort/électronique : 20 250
Coussins de cockpit et dossier inox : 2 329
Matelas bains de soleil de roof : 1 841
Panneaux solaires 3 x 120 A : 4 435
Toiles de tour de cockpit : 2 466
Convertisseur 12/220/2000 W : 3 065
Dessalinisateur Sea Recovery 65 l/h : 9 859
Chauffage diesel à air pulsé : 10 700
Antifouling et primaire époxy : 1 919
Livraison et mise à l’eau aux Sables d’Olonne : 6 941
Prix HT du bateau essayé : 320 512 €
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La baie vitrée à doubles battants ouvre
un large espace de convivialité, faisant
communiquer salon de pont et cockpit
Le mâtereau porte-antenne
permet d’installer rationnellement
l’électronique et s’intègre bien
dans la silhouette
Le hard top protège
efficacement du
soleil, il est possible
de gréer un kit de
toile
Outre son rôle principal de casquette
pare-soleil et de coupe-vent, le bimini
du MY40 peut aussi accueillir éoliennes
et panneaux solaires pour l’autonomie
au mouillage
Les larges passavants et le
trampoline contribuent à la
sécurité et au plaisir de ce
type de multicoque
Bateau futé
Programme plaisant
◆ Confort à bord
◆
◆
Entretien des saildrives
Absence de protection des bornes
des batteries de service
◆ Isolation moteur perfectible
◆
◆
Le cockpit est bien
sûr un espace à
vivre stratégique,
le kit de toile en
prolonge l’usage
en inter-saison ou
en hivernage
L’échelle de bain à poste fixe
sert aussi de main courante
pour les débarquements en
annexe
L’homme de veille est abrité derrière
le saute-vent et confortablement
installé sur une banquette biplace.
La communication avec l’intérieur
du bateau est immédiate.
Les rallonges de
jupes traduisent
la greffe du tiers
arrière de flotteur
pour obtenir
une voûte
plus porteuse
Les francs-bords généreux
sont appréciables sur un
multicoque à moteur,
ils participent à une bonne
élévation de plate-forme
et réduisent les embruns
Tableau des consommations (essais constructeur)
Tr/min
vitesse en nd
1800
7,35
2150
8,01
2800
9,25
3200
10,2
3258
11,3
Poids du bateau : 11,2 t
Carburant et eau 1 280 kg
Equipage 150 kg
Sécurité et mouillage 220 kg
Soit un déplacement d’environ 13 t
Hélices tripales 18x16 LHSD
consommation pour les 2 moteurs
6,18 l
7,61l soit 0,96 l/mille
18,93 l
28,72 l
33,56 l
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