La chambre du second - Ecole Française de Curitiba

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La chambre du second - Ecole Française de Curitiba
La chambre du second
Extrait du Ecole française de Curitiba
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La chambre du second
- Littérature - La nouvelle fantastique -
Date de mise en ligne : jeudi 6 décembre 2007
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La chambre du second
Dans le cadre d'une séquence sur le fantastique, Margaux, Aline et Clément ont écrit trois
nouvelles à partir d'une image extraite de l'album "Les mystères de Harris Burdick" de
Chris Van Allsburg. A lire pour frémir de plaisir...
NOUVELLE DE CLEMENT
Clément a choisi ce dessin comme source d'inspiration :
La chambre du second
Je m'appelle David, j'ai 50 ans et je suis physicien. Je vais vous faire le récit d'une étrange histoire qui m'est arrivée il
y a quelques années.
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La chambre du second
Mon ancien collaborateur, Michel Martin, m'avait invité à passer quelques jours de vacances dans sa propriété du
sud de l'Angleterre et je me réjouissais de ces retrouvailles car il y avait bien longtemps que je ne l'avais pas vu. Lors
de notre dernière rencontre, cela faisait plus de cinq ans, Michel m'avait parlé de cette ancienne maison qu'il avait
rachetée à une famille dont le petit garçon avait disparu dans des circonstances mystérieuses. Tout avait
commencé , par une terrible nuit d'orage, lorsque quelqu'un avait laissé la fenêtre du jeune garçon ouverte
...Le lendemain il avait disparu et personne ne le revit. J'avais hâte de retrouver mon ami et de visiter sa demeure. Je
ne fus pas surpris quand je découvris la maison des Martin au creux d'une vallée sombre, entourée d'une épaisse
forêt. Je trouvais cet endroit peu accueillant. Michel vint à ma rencontre : « - Tu n'as pas changé et cette maison m'a
l'air splendide, lui dis-je.
Toi non plus, tu n'a pas changé, me répondit-il. Viens, je vais te présenter ma femme et mon fils Antoine qui est
en train de jouer dans sa chambre. » Nous rentrâmes dans la maison et montâmes au second pour atteindre la
chambre d'Antoine. Un petit garçon aux yeux bleus de six à sept ans était accroupi devant un train électrique. Il leva
les yeux vers moi et j'aperçus dans son regard toute la malice de son jeune âge. Il avait l'air très éveillé et j'en fis la
remarque à Michel qui ajouta qu'Antoine était même parfois un peu trop entreprenant... Cette première journée se
passa rapidement entre la visite du domaine et celle des alentours. Au cours de la soirée, nous évoquâmes bien sûr
la disparition de ce petit garçon, ce qui inquiétait beaucoup Madame Martin. Elle me confia sa peur pour Antoine.
Ses craintes étaient-elles justifiées ? A l'heure du coucher, Antoine m'entraîna dans sa chambre et me montra sur le
mur qui faisait face à son lit l'oiseau « prêt à s'envoler » ; Le papier peint représentait des volatiles. En s'approchant
plus près, on remarquait qu'un des oiseaux allait prendre son envol. Cela me parut étrange. Je laissai la fenêtre
ouverte car il faisait très chaud et retournai auprès des Martin finir la soirée. Cette nuit là, je dormis très mal à cause
de l'orage et des grondements de tonnerre. Il me sembla qu'une fenêtre claquait. Je voulus me lever pour la
refermer, pensant qu'il s'agissait de celle de la chambre d'Antoine, mais une force étrange m'obligea à rester dans
mon lit. Je finis par trouver le sommeil mais au beau milieu de la nuit, je fus réveillé par les cris de madame Martin.
Les hurlements provenaient de la chambre d'Antoine. Je m'y précipitai, vis la fenêtre ouverte et compris rapidement
que l'enfant avait disparu. Sa mère était en larmes, effondrée et j'essayai de la réconforter en lui promettant de tout
faire pour retrouver son fils. Michel l'entraîna dans leur chambre. Resté seul, je me demandai s'il n'existait pas un lien
entre la précédente disparition et celle d'Antoine. J'examinai attentivement la tapisserie, et en particulier l'oiseau qui,
d'après les dires d'Antoine « était prêt à s'envoler ». C'est à ce moment-là qu'il me sembla voir l'oiseau sortir du mur.
Un intense frisson me parcourut. J'étais paralysé par la peur tandis que l'oiseau prenait son envol et faisait lentement
le tour de la pièce en déployant ses ailes. C'est alors que sous mes yeux effarés il se métamorphosa en aigle. Il prit
appui sur le rebord de la fenêtre en me fixant de ses yeux perçants. Je me sentis attiré par une force invincible et me
retrouvai à mon tour en appui sur la fenêtre. L'aigle prit son élan, déploya à nouveau ses ailes qui s'allongèrent au fur
et à mesure de ses battements. Il m'emporta entre ses serres et commença à survoler la maison des Martin. Nous
nous dirigeâmes vers l'épaisse forêt et rapidement je distinguai entre les arbres un nid d'environ un mètre
d'envergure. L'aigle me lâcha au-dessus du nid. Ma chute dura un temps qui me parut interminable et je perdis
connaissance avant d'atteindre le nid. C'est à ce moment-là que je me réveillai en sursaut. J'étais dans la chambre
d'Antoine, les jambes repliées sous le menton. Je transpirais abondamment, incapable de comprendre ce qui m'était
arrivé. Avais-je rêvé, s'agissait-il d'un abominable cauchemar ou avais-je réellement vécu cette terrible mésaventure
? C'est alors que je remarquai que je serrai entre mes doigts une plume d'aigle...Je jetai un oeil dans la chambre :
l'oiseau était à sa place, sur la tapisserie du mur qui faisait face au lit d'Antoine, et la fenêtre était restée grande
ouverte. Michel fit soudain irruption dans la chambre et déclara qu'il avait retrouvé son fils au fond du parc, près de la
forêt, évanoui. Je l'interrogeai aussitôt pour savoir s'il avait retrouvé quelque chose près de lui. Il me répondit qu'il
n'avait trouvé que quelques plumes d'aigle. Michel ne se doutait pas de l'importance de sa découverte. L'enfant
somnambule étaitt-il tombé par la fenêtre ? Mais comment expliquer alors la présence des plumes ? Je fis part de
mes réflexions à Michel et tout deux nous parvînmes à la conclusion qu'il était préférable d'enlever la tapisserie de la
chambre du jeune garçon. Antoine avait insisté pour garder cette tapisserie lorsqu'il avait pris possession de son
domaine. Aujourd'hui, il devenait urgent d'en changer. Je me mis aussitôt à la tâche mais, parvenu au niveau de
l'oiseau « prêt à s'envoler », le papier me résista. Je ne parvenais pas à détacher l'oiseau. C'est alors que Michel, à
l'aide d'une spatule, souleva délicatement le volatile dont les ailes se détachèrent pour s'envoler par la fenêtre....
Clément Stoll 4ème
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