La sexologie rencontre les autres disciplines : saison 2
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La sexologie rencontre les autres disciplines : saison 2
Journal de la Fédération Française de Sexologie et de Santé Sexuelle #1 Mai 2011 5es Assises Françaises de Sexologie et de Santé Sexuelle « La sexologie rencontre les autres disciplines : saison 2 » Montpellier – du 22 au 25 mars 2012 www.ff3s.com santé publique / 12 des spots contre les violences sexuelles Cette campagne vise à enseigner aux enfants leurs droits de fixer des limites et de dénoncer les abus. Psycho / 12 Travestissement Médical / 16 Le temps du couple Edito Sexologie, une histoire en mouvement Marie Hélène Colson [email protected] La sexologie est une discipline neuve. Elle s’est progressivement affirmée depuis une trentaine d’années, en réponse à de nouveaux besoins, à de nouvelles aspirations des individus et des couples. Portée par la libéralisation de la parole et la médiatisation de la sexualité, elle s’est renforcée avec l’avènement des aspirations au bonheur et au plaisir, de toute une génération de baby-boomers. Une demande nouvelle, soutenue par des ressources nouvelles elles aussi, avec la commercialisation de molécules novatrices, au secours des défaillances sexuelles principalement masculines. Venue de Californie, la sexologie française a peu à peu mérité ses lettres de noblesse, en se construisant, en s’identifiant comme une discipline à part entière, portée par différents courants de pensée et par les systèmes thérapeutiques qui l’ont fondée. Avec le temps, en France, la sexologie s’est progressivement affirmée comme un territoire croisé, riche de sa transversalité, de ses différences, entre médecins ou pas, universitaires ou pas. Un carrefour de réflexion et d’action thérapeutique original et efficace. Le bilan de notre action au sein de nos sociétés savantes est particulièrement positif. Ensemble, nous avons affirmé notre expérience, notre professionnalisme, et notre identité. Ensemble nous avons progressé pas à pas dans la reconnaissance de la validité scientifique et de l’importance thérapeutique de notre profession. Nous avons conçu, mis en œuvre et donné une dimension nationale à l’enseignement universitaire de la sexologie. Nous avons créé Sexologies, la revue scientifique, indexée, des Sexologues français et européens. Nous avons publié, puis actualisé des recommandations de prise en charge thérapeutique de la dysfonction érectile destinées aux médecins non sexologues, et nous allons continuer dans cette voie pédagogique. Nous avons structuré et commencé à mettre en œuvre la formation continue envers les médecins et les non médecins. Aujourd’hui, après un long chemin, nous célébrons enfin l’avènement de la FF3S, Fédération française de sexologie et de santé sexuelle. L’union de nos forces vives, celles de la SFSC et de l’AIHUS, va nous permettre d’accéder à une étape essentielle de notre développement. Il nous faut aujourd’hui privilégier la reconnaissance accrue de notre profession auprès des instances universitaires et de santé. Nous ne pourrons pas continuer à nous renforcer sans une participation plus active aux grands débats qui mobilisent aujourd’hui notre société. L’objectif de la FF3S est de nous permettre de disposer d’un espace privilégié de représentation pour notre profession. La FF3S doit être le fer de lance des actions communes à mener en direction de la défense des intérêts des sexologues, conjointement au SNMS. Elle doit nous permettre de devenir l’interlocuteur de référence et le partenaire privilégié des grandes instances et des medias. Nous devons intervenir activement, et à un niveau national, dans les grands débats d’aujourd’hui impliquant la sexualité : violences conjugales, criminalité sexuelle, harcèlement sexuel, sexualité sur internet et pornographie, grandes actions de prévention envers l’enfance et l’adolescence, contraception, éducation sexuelle, éducation thérapeutique, procréation médicalement assistée, MST et Sida, etc. Nous nous devons d’apporter notre expertise aux grands débats d’idées, actuellement laissés à la seule discrétion des medias, qui généralisent des normes anarchiques, édictées sans validité ni scientifique, ni éthique, ni morale, vides de cohérence interne. Aux besoins sociétaux d’aujourd’hui, à ces nouvelles urgences, nous devons opposer de nouvelles ressources. La FF3S est l’outil qui va nous permettre de continuer à nous développer autrement, dans une société au paysage profondément remodelé. La FF3S n’a pas vocation à se substituer aux sociétés savantes qui la constituent. L’AIHUS et la SFSC restent les garants du contenu scientifique, moral, éthique, de la sexologie française. Il nous reste encore à structurer une véritable théorie scientifique autour d’une clinique encore en pleine définition, à continuer à valider nos systèmes thérapeutiques par un renforcement de nos publications. Cela reste le rôle de nos sociétés savantes et de leurs commissions de recherche. Pierre Costa est le Président de notre fédération et Marc Ganem en est le Vice Président. Tous deux ont mandat pour nous représenter, à la fois auprès des grandes instances et auprès de l’industrie pharmaceutique. Leur action, soutenue par la force unie de nos deux sociétés savantes, sera décisive. Le site internet de la FF3S, principalement tourné vers le grand public, est destiné à devenir l’un des grands moyens de diffusion de notre compétence professionnelle, de notre validité scientifique, et de notre éthique. Il servira d’outil d’éducation thérapeutique envers le grand public, mais aussi de moyen de formation pour les professionnels de santé souhaitant s’initier ou se perfectionner à la sexologie et/ ou à la médecine sexuelle, par des modules de e-learning. Il servira aussi de lien entre nos membres et aux étudiants de nos enseignements grâce à des espaces et des forums dédiés. Nous comptons sur vous tous pour y participer activement et le faire vivre. Chacun d’entre nous peut y contribuer et je demande à nouveau à tous ceux qui souhaitent s’y impliquer plus activement de se rapprocher de moi. Nous comptons sur vous tous pour y participer activement et le faire vivre. Chacun d’entre nous peut y contribuer et je demande à nouveau à tous ceux qui souhaitent s’y impliquer plus activement de se rapprocher de moi. Nous avons aujourd’hui, l’occasion d’écrire une nouvelle page d’histoire de la sexologie française grâce à la FF3S. C’est elle qui nous permettra de continuer à nous développer, tous ensemble, en disposant de moyens d’action plus puissants et plus efficaces. Nous pourrons ainsi nous préparer à relever les défis toujours plus difficiles d’une société en pleine redéfinition. • # 1 / Mai 2011 3 Agenda 6èmes JOURNEES FRANCO-MAROCAINES DE GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE Du 12 au 15 mai 2011 (Hôtel Kenzi Menara) MARRAKECH (Maroc) www.lesjfm.com 2ème CONGRES DU GROUPE D’EUTDE SUR LA MENOPAUSE ET LE VIEILLISSEMENT HORMONAL Du 13 au 14 mai 2011 – (Hôtel Marriott) PARIS (France) www.gemvi.org les journées sexogyn Du 27 au 28 mai 2011 – (Hôtel Mercure Centre) MARSEILLE (France) www.gynecomarseille.com 13TH WORLD CONGRESS ON MENOPAUSE Du 8 au 11 juin 2011 – ROME (Italie) www.imsroma2011.com WAS – 20TH WORLD CONGRESS FOR SEXUAL HEALTH Du 12 au 16 juin 2011 – GLASGOW (Grande Bretagne) E-mail : [email protected] LES TRANSVERSALES Du 22 juin au 25 juin 2011 – BIARRITZ (France) www.congresmedical-team5.com/transversales2011 CIFAS – 6ème CONGRES INTERNATIONAL FRANCOPHONE SUR L’AGRESSION SEXUELLE Du 12 au 14 septembre – (Palais des Congrès) MONTREUX (Suisse) www.unil.ch/cifas2011 14th CONGRESS OF THE EUROPEAN SOCIETY FOR SEXUAL MEDICINE Du 1er au 4 décembre 2011 – MILAN (Italie) www.essm.org Retrouvez toutes les manifestations sur www.ff3s.com sexologos est édité par la Fédération Française de Sexologie et Santé Sexuelle Président Pierre Costa vice-président Marc Ganem 4 Mai 2011 / # 1 secrétaire général Marie-Hélène Colson trésorier David Zarouk FF3S Siège social 215 chemin de la Pimprenelle 30000 Nîmes REALISATION EDITION 326 Bureaux de la colline 92213 Saint Cloud Cedex Tél. 01 49 10 38 92 Fax 01 49 10 00 56 [email protected] www.r-events.fr S Sommaire #1 Mars 2011 14 4 SexoAgenda 6 Santé 12 18 à la une Du monde Publique SexoFormation SexoMéd 14 Le temps du couple 17 SexoEn crise Académie des Sciences Sexologiques : Actualité et Devenir SexoPsy 18 Travestissement 21 SexoPsycho Et si la sexualité était de « nature initiatique »… 22Quand le symptôme sexuel vient dire le conflit 25 SexoBillet d’humeur « En somme l’âge médical peut commencer » Jules Romains (Knock) 22 80 euros : Membres titulaires (chèque libellé à l’ordre de la SFSC) Comprenant l’abonnement gratuit à 40 euros : Membres attachés ou FMC (chèque libellé à l’ordre de la SFSC) Comprenant l’abonnement gratuit à Abonnement préférentiel à la revue “Sexologies” organe scientifique de la FF3S : 80 euros (chèque de 70 euros à l’ordre d’ELSEVIER MASSON – la SFSC prend 10 euros à sa charge sur cet abonnement) Je souscris à : Coupon et chèque à renvoyer à SFSC - 32, av. Carnot, 75017 Paris Nom : Profession : Adresse : Téléphone : Prénom : Date de naissance : $ 2011 Cotisation 26 SexoArt E-mail : # 1 / Mai 2011 5 à la une DYSFONCTIONS SEXUELLES FEMININES Quand, pourquoi et comment en parler avec les urologues ? Les dysfonctions sexuelles féminines (DSF) sont fréquentes et souvent associées à des pathologies urogynécologiques. Certaines peuvent être prises en charge par les urologues. Il ne faut donc pas hésiter à les évoquer avec les patientes. 20 à 50 % des femmes souffriraient de dysfonctions sexuelles à un moment de leur vie et dans une enquête américaine, 25 % seulement des praticiens interrogés ont reconnu avoir abordé la question de la sexualité avec leurs patientes. Quatre types de DSF sont décrits : les troubles du désir, de l’excitation, de l’orgasme et les dyspareunies. Chaque diagnostic est divisé en primitif ou acquis, général ou situationnel, organique ou psychogène. Différentes pathologies peuvent induire des DSF : l’âge et la ménopause bien sûr, mais aussi des pathologies chroniques (neurologiques, cardiovasculaires, cancéreuses), le diabète, la chirurgie pelvienne, les syndromes dépressifs, le poids de l’éducation… Les DSF sont fréquentes (de 40 à 60 % selon les études) chez les femmes dont le partenaire présente une dysfonction érectile (DE). De plus, la présence d’une DSF est un facteur prédictif négatif de prise en charge des DE. Cependant, il n’y a pas de corrélation entre la présence de DSF et l’étiologie de la DE (Greenstein, 2006). Chez les femmes présentant des troubles du bas appareil, on observe une prévalence élevée de DSF (troubles de désir, douleur et diminution de la satisfaction) liée à l’anxiété et à la baisse d’estime de soi. Un syndrome anxiodépressif est souvent retrouvé chez ces patientes. L’incontinence urinaire a un fort retentissement sur la sexualité et deux études ont montré une amélioration de la DSF après correction du trouble par l’oxybutinine (Ditropan). Les DSF sont aggravées quand des troubles de la statique pelvienne sont associés à l’incontinence d’effort. Il en est de même des prolapsus sévères qui s’accompagnent d’une incontinence. En ce qui concerne la prise en charge thérapeutique des DSF, la rééducation pelvipérinéale améliore la sexualité par renforcement du plancher périnéal. Le traitement de l’incontinence par bandelettes TOT (Trans-Obturator Tape) ou TVT (Tension-Free Vaginal Tape) améliore aussi les DSF. La chirurgie des prolapsus améliore les DSF quelle que soit la voie d’abord. AFU 2010 6 Mai 2011 / # 1 1 Français sur 5 s’est déjà inscrit sur un site de rencontres Un français sur cinq a déjà été inscrit sur un site de rencontres, « à la recherche de l’amour pour une nuit ou pour la vie, d’un échange, d’une amitié » et les hommes sont plus nombreux que les femmes à faire la démarche, selon une étude CSA pour Orange et le magazine TerraFemina. Le succès de Meetic, poids lourd du secteur, a fait des petits : quelques 2 000 sites internet spécialisés existent, qui visent les quelques 15 millions de célibataires français. 1 français sur 5 (20 %) a déjà été inscrit sur un de ces sites, 8 % l’étant toujours actuellement et 12 % s’étant désinscrits. Les hommes sont un peu plus nombreux à avoir fait la démarche : 23 % contre 17 % chez les femmes, tous âges confondus. 67 % des femmes âgées de 25-49 ans indiquent s’être désabonnées car elles avaient rencontré quelqu’un – sans préciser si cette rencontre s’est faite grâce au site web ou pas – contre 46 % des hommes du même âge. « Internet est devenu un partenaire technologique pour trouver quelqu’un pour la nuit ou pour la vie, on connaît désormais tous quelqu’un qui a trouvé quelqu’un sur internet ou qui y va dans ce but », souligne le sociologue Pascal Lardellier cité dans l’étude. « D’après ce baromètre, 62 % des français pensent que ces sites ne servent qu’à multiplier les conquêtes, et nouer des relations courtes. Les hommes le pensent plus que les femmes -66 % contre 58 %. Et d’autres en profitent pour se faire des amis, tout simplement », résume l’enquête. « Il y a une dédramatisation de ces sites, y aller n’a plus rien de sulfureux » estime M. Lardellier, un phénomène qu’il nomme « droit au libertinage ». Cette enquête a été réalisée auprès de 988 personnes interrogées en ligne du 18 au 22 novembre. UNE STATUE GéANTE DE FEMME NUE DéCLENCHE UNE LEVéE DE BOUCLIERS EN TOURAINE Un projet de statut monumentale d’une femme nue, appelée à surplomber une abbaye historique aux portes de Tours, suscite une virulente polémique : les opposants crient à l’hérésie et une pétition appelant à sa délocalisation a déjà recueilli plus de 4 000 signatures. Au milieu de sa fonderie-atelier de Rochecorbon près de Tours, le sculpteur de renom Michel Audiard, auteur du projet de « Femme Loire » financé sur ses propres deniers et par du mécénat d’entreprise, s’amuse de toute cette agitation. La statue, représentant une femme nue allongée et accoudée sur le sol, mesurera 17 mètres de haut et 40 de long, et sera faite de carton, de plâtre et de chaux. Sous ses immenses jambes repliées doit être construit un espace vitré appelé à accueillir visiteurs, expositions et spectacles. Ce sera « un marqueur identitaire régional », visible notamment par les millions d’automobilistes empruntant l’A10 Paris Bordeaux, assure l’artiste rendu célèbre par ses stylos sculptés prisés de Bill Clinton ou Madonna. L’emplacement : un terrain prêté à l’artiste par la municipalité, qui surplombe, caché par les arbres, le site historique de l’Abbaye de Marmoutier, sur la rive nord de la Loire en face de Tours. La pétition a été lancée par un comité qui se veut apolitique et agit au nom de la défense de l’Abbaye de Marmoutier, fondé par Saint Martin au 4e siècle, situé au cœur du Val de Loire inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Le texte a recueilli en quelques semaines plus de 4 000 signatures : responsables d’associations, élus, catholiques ou simples citoyens outrés. Sur le site de la pétition comme sur Facebook ou Twitter, les détracteurs sont vent debout. Pas tant contre la statue elle-même mais contre son emplacement prévu. « Honte », « provocation » reviennent en boucle. Mot du Président de la Sfsc Se reconnaître et être reconnu… E n ce 1er avril 2011 la SFSC a élu son nouveau Président et à travers ma candidature une équipe qui a recueilli la confiance du Conseil à l’unanimité. Le chemin parcouru depuis la naissance de la SFSC en 1974 est aussi impressionnant que riche d’enseignement de la part de ceux qui ont osé ouvrir la voie, jusqu’à faire admettre non sans mal la notion légitime de santé sexuelle, au-delà des préjugés et des tabous. Le chapitre de la vie de la SFSC durant les 16 dernières années a été écrit sous la Présidence du Dr Marc GANEM dont je tiens à saluer ici, au nom des membres de la SFSC, la constante pugnacité alliée à la sagesse non moins volontaire du Dr Nicole ARNAUD-BEAUCHAMPS (Vice Présidente) et à la persévérance méticuleuse du Dr Arnaud SEVENE, honnête homme par excellence au sens humaniste. Le passage de témoin revêt à mes yeux un double impératif : se reconnaître et être reconnu. Continuer à se reconnaître dans la SFSC sera une préoccupation pour chacun de ses membres se revendiquant d’appartenir à une société savante et d’utilité publique. Ensemble, médecins et non médecins abordant le champ de la sexologie avec autant de formations spécifiques que de sensibilités diverses, continuent de faire évoluer les concepts touchant à la sexualité humaine, grâce au partage de leurs expériences professionnelles et/ou leurs travaux scientifiques. Être reconnu implicitement à travers la SFSC, elle-même visible et crédible autant auprès des instances politiques de santé et les organismes universitaires faisant autorité qu’aux yeux du grand public -nos patients- toujours désireux de s’informer et de faire confiance à bon escient. Ambitieux défi en effet que cette reconnaissance en miroir : il sera relevé par l’approfondissement de nos connaissances sur tous les aspects de la sexologie déclinés dans nos séminaires, congrès et assises, et ce, grâce au soutien de nos partenaires de l’industrie pharmaceutique, qui ont parfaitement saisi le formidable levier de progrès que constitue cette unique transversalité entre les différentes disciplines se relayant et se reliant les unes aux autres. La SFSC doit sa vitalité à l’extraordinaire élan donné par nos aînés et à la force de conviction des passionnés de la formation continue. La SFSC se sait et se veut toujours être reconnue par son abord raisonné de toutes les thématiques, par ses postures raisonnables, et par son engagement dans des pistes de réflexion en résonance avec les valeurs actuelles professionnelles et sociétales. David Zarouk # 1 / Mai 2011 7 Du monde 12 KILOS EN TROP, SEXE EN MOINS Une étude récemment commanditée en Angleterre par une marque de produits amincissants cherche à prouver que les femmes minces font plus l’amour que les femmes grosses. Parmi 3 000 femmes interrogées, plus de la moitié des « tailles 36 » disent avoir fait l’amour dans les sept derniers jours précédant l’étude. En revanche, 12 % des obèses affirment ne pas avoir eu de relations sexuelles depuis un an et 6 % disent ne pas avoir eu d’aventures depuis six mois. On suppose que le but de l’enquête est de pousser les femmes fortes à faire un régime en leur donnant une motivation supplémentaire… Mais la vraie question est ailleurs. Qu’est ce qui empêche vraiment ces femmes de profiter des plaisirs charnels ? Dans une société où la quête de la perfection physique (passant obligatoirement par la minceur) est le nouveau Graal, ceux et celles qui ne correspondent pas à cet idéal ont tendance à s’exclure d’eux-mêmes. La représentation de soi est essentielle dans le fonctionnement du désir féminin. Le manque de confiance en soi, l’ignorance choisie ou la haine de son propre corps ne mettent pas dans des dispositions érotiques idéales. Loin s’en faut. Concrètement, avoir des formes peut être un atout de taille, car la sensualité se niche aussi dans la chair : une belle poitrine débordant du soutien-gorge, ou des fesses généreusement appétissantes… Mais les hommes aiment les femmes plantureuses qui s’assument et non celles qui se cachent… L’AMOUR DICTÉ PAR LES BACTERIES ? Foin des élans du cœur et des sentiments élevés, ce sont plus prosaïquement nos bactéries digestives qui écriraient notre carte du Tendre ! Si l’on suit Rosenberg et coll. qui ont étudié de près la drosophile, la petite mouche choisit son âme sœur en fonction de la bactérie prédominante dans son intestin. Ils ont divisé une population de mouches en 2 groupes et nourri le premier à base de fécule et l’autre à base de sucre de malt. Remises toutes ensemble au bout d’un an de ce régime, on s’aperçoit que chacune choisit pour s’accoupler une drosophile nourrie de la même manière. L’analyse de la flore digestive montre une prédominance de Lactobacillus plantarum suite au régime à base de fécule, associée à une présence particulière de phéromones. Lorsque l’on ajoute un antibiotique qui élimine les bactéries, l’accouplement se fait au hasard et les phéromones ont disparu. Rosenberg ne voit pas l’organisme vivant isolé comme unité de base de la sélection naturelle mais celui-ci inclut dans un milieu biologie très large, qu’il nomme « holobiont », auquel contribuent tous les partenaires de l’organisme… jusqu’à ses bactéries saprophytes. Bactéries et organisme évoluant la main dans la main et non chacun pour son propre compte. Proc Natl Acad Sci, en ligne le 2 décembre 2010 L’amygdale, une formation cérébrale impliquée dans le contrôle des réponses comportementales, telles que la peur ou l’anxiété, présente des différences en fonction du sexe, mais dont la nature est encore mal comprise. Des Américains apportent un éclairage nouveau en objectivant une genèse plus importante des astrocytes au niveau de l’amygdale médiane en cours de développement chez les rates que chez les rats. Les endocannabinoïdes sont à la base de cette différence et l’administration d’un agoniste non sélectif des récepteurs aux cannabinoïdes induit une modification du comportement social ludique des rates nouveau-nées en le rapprochant de celui des mâles. La seule chose qu’on savait, jusqu’ici, des différences sexuelles au niveau de cette forma8 Mai 2011 / # 1 tion cérébrale est que la taille de l’amygdale médiane est plus importante chez les adultes de sexe masculin. L’équipe de Margaret McCarthy va aujourd’hui plus loin. Ces chercheurs ont d’abord découvert que l’amygdale de rates nouveau-nées présente, au 4ème jour après la naissance, davantage de nouvelles cellules que celles des mâles. Par ailleurs, l’administration d’un agoniste non sélectif des récepteurs CB1/2 aux cannabinoïdes (le WIN) abolit cette différence, ce qui suggère le rôle de ces derniers dans la prolifération cellulaire plus importante observée chez les femelles. La réalisation d’une épreuve « open-field » montre, de façon étonnante, une « masculinisation » du comportement des jeunes rates après traitement par l’agoniste WIN. Dans ce test, les rats mâles passent davantage de temps à jouer. Par contre, le traitement WIN n’a aucun effet sur l’anxiété ou les réponses locomotrices, également explorées par l’open-field. Les auteurs estiment qu’il serait intéressant, désormais, d’explorer l’action des hormones gonadiques sur le système cannabinoïde endogène et sur la genèse des cellules nerveuses afin de resituer cette découverte dans le contexte de l’organisation des différences sexuelles au cours du développement cérébral. DL Krebs-Kraft, MM McCarthy et coll. Sex difference in cell proliferation in developing rat amygdala mediated by endocannabinoïds has implications for social behavior. Proc Natl Acad Sci USA (2010). Publication en ligne © Dreamstime.com / Droits réservés Pourquoi les amygdales cérébrales diffèrent selon le sexe La vie de la Sfsc Révérence J ’ai annoncé au cours de notre dernier Conseil d’Administration ma décision de démissionner de mon poste de Président de la SFSC après seize ans à la tête de notre société savante. En effet, quand le Docteur Gérard Valles a souhaité que je reprenne la SFSC derrière ses membres fondateurs, ils l’ont créée en 1974, je ne savais absolument pas où nous allions aller. Il me semble, et je vais le partager avec vous, que ce chemin a permis à la SFSC de garder sa notoriété et sa place dans le paysage de la Santé Sexuelle en France. Une de mes premières décisions a été d’arrêter l’enseignement de la SFSC et de déléguer, en accord avec le Professeur Navratil, l’enseignement de la sexologie à l’intérieur des DIU, ce qui désormais est la règle. Ensuite, la SFSC et moi-même avons eu l’honneur de nous voir déléguer par la WAS la responsabilité d’organiser en juin 2001, au Palais des Congrès, le Congrès Mondial de Sexologie. Ce fut plus qu’un succès, un triomphe. En effet, nous avons accueilli plus de 3 000 délégués venant de 87 pays différents et pour la première fois, les laboratoires pharmaceutiques se sont intéressés à la sexologie française. Dans la foulée, j’ai eu l’honneur d’être nommé Président de la WAS pendant quatre ans. J’ai pu restructurer la WAS un peu comme la SFSC afin de la rendre plus opérationnelle. J’ai eu le privilège de diriger la délégation de la WAS à Genève où avec l’OMS, nous avons travaillé en conclave avec 80 experts internationaux pour revisiter les définitions de « sexe », « sexualité » et surtout « santé sexuelle ». Cette rencontre nous a amenés à prendre conscience de l’importance de la santé et des droits sexuels pour tous et en partant j’ai laissé la WAS, transformée dans son appellation, car désormais, elle s’appelle WORLD ASSOCATION FOR SEXUAL HEALTH. Une des tâches de la SFSC a été de tendre la main vers l’AIHUS afin d’unir nos efforts pour promouvoir la sexologie en France. Après plusieurs années d’attente, le Professeur Costa et l’AIHUS se sont unis à la SFSC pour proposer ce que nous demandions : un seul Congrès par an, qui s’appelle désormais les Assises et qui pour la quatrième année consécutive sont et seront un succès à NANTES du 31 mars au 3 avril 2011. Ensuite, et c’était logique, la SFSC et l’AIHUS ont créé l’organe représentatif de la sexologie française par rapport à tous nos organismes de tutelle : la Fédération Française de Sexologie et de Santé Sexuelle. Cette fédération va pouvoir dialoguer d’une seule voix et nous permettre, souhaitons-le, d’avoir un jour une reconnaissance complète de notre savoir faire et d’obtenir, sur le plan économique, une cotation spécifique qui nous permettra de faire honorer dignement nos consultations. J’ai le bonheur d’avoir signé beaucoup d’éditoriaux dans votre revue qui s’appelle SEXOLOGOS et qui me semble avoir toujours intéressé les 6 000 personnes qui la reçoivent trois fois par an. Comme vous le verrez, SEXOLOGOS fait peau neuve, se diversifie, s’étoffe et laissera de plus en plus la place au dialogue avec l’ensemble de ceux et celles qui s’intéressent à la réflexion, à la formation et à la pratique en sexologie. La misère sexuelle est toujours présente, elle ne s’éradiquera que si nous sommes tous unis et si nous croyons en ce que nous faisons. Dernière chose avant de vous quitter, j’ai eu l’honneur de recevoir officiellement le 7 décembre 2010 la Chaire UNESCO « Santé Sexuelle et Droits Humains ». Avec le Dr Troussier qui assurera les fonctions de Directeur de cette Chaire, un sacré challenge nous attend pour pouvoir œuvrer à améliorer ce qui ne va pas dans le domaine de la Santé Sexuelle au niveau mondial. C’est pour cela que je me suis autorisé à tirer ma révérence, sans pour autant arrêter de travailler avec vous tous dans le champ de la Sexologie, avec l’espoir de vous retrouver rapidement. Dr Marc Ganem # 1 / Mai 2011 9 Publique LA GREFFE RENALE EST POSSIBLE CHEZ LES PORTEURS DU VIH 10 Mai 2011 / # 1 DES SPOTS CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES Le Conseil de l’Europe lance une campagne pour lutter contre les violences sexuelles sur les enfants et améliorer la coopération internationale dans la poursuite des criminels. Elle s’appelle « UN sur CINQ » car, « en Europe, un enfant sur cinq est victime d’abus sexuel ». « Tous les jours, des enfants sont victimes d’abus, souvent commis par des gens auxquels ils font confiance », a expliqué Maud de Boer Buquicchio, secrétaire générale adjointe du Conseil. La campagne vise à enseigner aux enfants âgés de 4 à 7 ans leurs droits de fixer des limites et de dénoncer les abus ; elle comprend une série de spots télévisés, un livre pour enfants, des affiches et un site internet. www.onnetouchepasici.org ENQUETE SUR LE SIDA Que pensent les Français du sida ? « Santé magazine » a voulu savoir. L’enquête réalisée OBEA/ Intraforces auprès d’un échantillon représentatif de la population française a montré que seulement une petite majorité est concernée. Alors que 55 % ont répondu que le Sida les touche de près ou que la maladie les concerne parce qu’elle devrait concerner tout le monde, ils sont 45 % à déclarer ne pas être concernés, parce qu’ils considèrent ne pas faire partie des groupes à risques ou parce qu’ils estiment que cette maladie n’est pas si fréquente en France. Quant au dépistage, 53 % n’ont jamais fait le test, ceux qui l’ont fait (47 %) l’ont réalisé quand ils ont rencontré leur compagnon (31 %), lors d’une grossesse (9 %) ou après un rapport à risque (7 %). Le succès de la mesure phare du plan Sida d’une proposition systématique de dépistage à l’ensemble de la population n’est pas acquis. Un espoir cependant, les français estiment à 48 % ne pas être suffisamment informés sur les risques de transmission et sur le dépistage. Santé Magazine – Novembre 2010 © Dreamstime.com / Droits réservés La transplantation rénale donne-t-elle de bons résultats chez les patients infectés par le VIH ? Dans une cohorte soigneusement sélectionnée, les taux de survie des patients et des greffons à 1 et 3 ans se montrent élevés, sans augmentation des complications associées à l’infection virale. Seul point préoccupant, le taux de rejet élevé, qui indique la nécessité d’améliorer l’immunothérapie. De nombreuses questions se posent. Les patients infectés par le VIH peuvent-ils être traités sans risque par des immunosuppresseurs ? Peut-on donner simultanément des immunosuppresseurs et des antirétroviraux, avec des taux sanguins prévisibles, étant donné les interactions médicamenteuses complexes ? La néphropathie liée au VIH pourrait-elle récidiver dans le rein transplanté ? Enfin, est-il éthique de soustraire un rein du pool de donneurs lorsque l’efficacité et la sécurité de cette greffe chez les patients contaminés par le VIH n’ont pas été établies ? Stock et coll. publient, dans le « New-England Journal of Medicine », les résultats d’une expérience multicentrique de transplantation rénale chez les patients infectés. Ils montrent la faisabilité de l’approche. Le taux de rejet est bien plus élevé que prévu. Il est estimé à 31 % à 1 an et à 41 % à 3 ans, ce qui est de 2 à 3 fois plus élevé que le taux de rejet chez les patients non infectés par le VIH. En dehors de ce problème, l’infection par le VIH est restée sous contrôle chez les patients, avec des taux de cellules T CD 4 stables et peu de complications associées au virus. La prochaine étape sera de développer des traitements efficaces pour toutes les maladies rénales liées au VIH avant qu’elles ne progressent vers l’insuffisance rénale terminale. New England of Medicine, 18 novembre 2010, Stock et coll., p 2004 et 2058. La vie de l’Aihus Age de Raison, de Maturité et de Challenge ! L’AIHUS, déjà 30 ans. L ’AIHUS, c’est une histoire construite au fil du temps, grâce aux femmes et aux hommes de cette association, véritables pionniers et ouvriers, inlassables et toujours enthousiastes. Depuis 1981, que de chemin parcouru par cette force tranquille ! • Une édification forte et une reconnaissance institutionnelle de la sexologie, l’AIHUS a œuvré pour la fondation de l’indispensable implantation universitaire de cette discipline. Les pionniers de l’AIHUS, tous enseignants et créateurs des diplômes universitaires français de sexologie, ont ainsi mis les bases de la reconnaissance en 1996 de cette formation par le conseil de l’ordre des médecins et en 2010 son travail avec le CCPIU (Conseil de Coordination Pédagogique Inter Universitaire) a également pu faire créer un DIU national pour les professionnels du soin non issus de la filière médicale. • L’AIHUS a aussi été maître d’œuvre de recherches du champ de la prise en charge des dysfonctions sexuelles, a collaboré à la création de la revue Sexologies qui est devenue la revue scientifique de la FFSSS, a travaillé à l’éthique de la profession, a permis la création de commissions de travail (sexologie médicolégale, violences sexuelles), a mis en place des recommandations en médecine générale pour une meilleure prise en charge de la dysfonction érectile, a été le berceau de l’ASCLIFF et de bien d’autres associations et initiatives enrichissantes… Apres neuf ans de Présidence unanimement appréciée et respectée de tous, Pierre Costa et le CA, ont permis à l’AIHUS une position enviable et installée dans le paysage de la Médecine Sexuelle en France ; Pierre a pris en charge la direction de la Fédération Française de Sexologie et Santé Sexuelle qui représente une mission importante pour l’avenir de la sexologie en France tout en restant au Conseil d’administration ; il a donc naturellement laissé sa place de président et l’AIHUS a élu une nouvelle équipe pour les 3 ans à venir. La présidente, élue a l’unanimité, Mireille Bonierbale que nous connaissons tous, membre fondateur en 1981 avec pour Vice-président Robert Porto, qui lui aussi fait partie de ces grands Fondateurs sans oublier Marie Chevret-Measson et Nadine Grafeille, passées dans le nouveau comité des experts de l’AIHUS. Le nouveau secrétaire général, Antoine Faix, Urologue montpelliérain, élève de Pierre Costa et d’Henri Navratil, fait partie de la génération montante pour l’avenir de la sexologie avec Kamel Ben Naoum un autre élève de Pierre Costa. Autres nouvelles émules de ce conseil d’administration, Audrey Gorin-Lazard, élève de Mireille Bonierbale et Pierre Martin-Vauzour (Trésorier Adjoint), élève de Nadine Grafeille. Patrick Blachère (Secrétaire adjoint), homme d’expérience, travaillera conjointement avec Antoine Faix, afin de garder une ligne directrice forte et assurer la continuité de l’AIHUS renforcée par la présence de Pierre Bondil, Philippe Brenot, Catherine Cabanis, Marie-Hélène Colson, Pierre Desvaux, Alain Giami, Joëlle Mignot, Sylvain Mimoun, Jean Peyranne et Michèle Bonal qui reste la trésorière générale. Patrick Leuillet et Francis Collier sont présents pour la région Lille Amiens et nous soulignons le retour de Martine Potentier. Il faut noter encore une fois, que l’AIHUS se fait remarquer par une grande représentativité dans son conseil d’administration sur l’échiquier national, ce qui illustre son rayonnement. L’AIHUS compte à l’heure actuelle plus de 400 membres actifs et ne cesse de recruter des nouveaux membres chaque année. L’AIHUS va donc écrire une nouvelle page de son histoire, assurer sa pérennité en développant les idées novatrices et en soutenant les jeunes sexologues qui les portent comme la défense des droits des victimes de violences sexuelles, aider la fédération française de sexologie pour la promotion de la santé sexuelle et de la profession de sexologue, développer la formation continue idéalement validante avec l’accompagnement dans la pratique quotidienne. Alors NE LACHONS RIEN, ENSEMBLE par respect pour le passé si proche et si riche et pour le bien de chacun d’entre nous, pour l’avenir de cette profession qui est surtout une passion, celle de l’être humain et sexué. Le bureau de L’AIHUS Vous pouvez envoyer toutes vos questions et suggestions à : [email protected] www.aihus.fr # 1 / Mai 2011 11 Formation JOURNEES DE FORMATION CONTINUE EN SEXOLOGIE - SFSC LE POULIGUEN - LA BAULE (44) – Les vendredi 3 et samedi 4 juin 2011 (pont de l’Ascension) 2 Séminaires OGC* indemnisés pour les médecins conventionnés. Vendredi 3 juin 1 Prise en charge du transsexualisme (8h30 - 17h30) Les nouvelles dispositions légales sur les prises en charge du transsexualisme. Les réponses cliniques à la souffrance des sujets, les stratégies de prise psychologique, hormonale ou chirurgicale. Mais bien au-delà, une réflexion sur l’identité sexuelle. Qu’est ce qui fait le sexe : le biologique ou le genre ? Organisateur-animateur : Eric Tanneau Experts : Gilles Formet et Michèle Pujos-Gautraud Samedi 4 juin 2 Troubles gênants du comportement sexuel des personnes âgées et/ou dépendantes (8h30 - 17h30) Méconnus mais fréquents, ces troubles du comportement sont mal vécus par l’entourage à un moment où l’on parle du 5ème risque pris en charge par la Sécurité Sociale. Mais ils existent aussi chez les plus jeunes (traumatisés crâniens, patients psychiatriques). Déroutant pour les soignants, aggravant le fardeau des aidants quand ils se dévoilent au grand jour, ces troubles sont à prévenir et traiter car ils sont source de souffrance, d’accélération du déclin cognitif et de la perte d’autonomie du patient. Organisateur-animateur : Eric Tanneau Expert : David Zarouk En prime : Soirées FAF** le vendredi 3 juin 3 Dépression et troubles de la sexualité (18h30 - 22h30) Une association plus que fréquente, des interactions dans les traitements. Comment concilier les prises en charge ? Organisateur-animateur : Eric Tanneau Expert : Gilles Formet JOURNEES DE FORMATION CONTINUE EN SEXOLOGIE - SFSC PARIS (75) – Les vendredi 30 septembre et samedi 1er octobre 2011 Séminaires OGC* indemnisés pour les médecins conventionnés. 1 Prise en charge du transsexualisme 2 Troubles gênants du comportement sexuel des personnes âgées et/ou dépendantes 3 Effets indésirables sexuels des psychotropes 4 Prise en charge des patients auteurs de violences sexuelles 5 Cancer colorectal et troubles de la sexualité 6 Comment aborder la sexualité en médecine de premier recours ? Inscriptions 7 Cancer du sein et troubles de la sexualité 12 par courrier auprès de : Dr Eric Tanneau 11 bis, avenue Mac Mahon 75017 Paris en joignant : un chèque d’adhésion de 40 € valable pour l’année 2011 au nom de la SFSC ; un chèque de caution de 180 € à valoir pour l’année 2011 Mai 2011 / # 1 et qui vous sera restitué en fin d’année, sauf utilisation à titre de dédommagement des frais engagés en cas de désistement de moins de 15 jours avant le séminaire ou en cas de non-participation à l’intégralité du séminaire ; une feuille de soins barrée par journée OGC (donc 2 feuilles au total) ; une photocopie de l’attestation envoyée par l’URSSAF sur demande, stipulant que vous avez bien réglé votre contribution pour la formation professionnelle. Les auteurs sont responsables du choix et de la présentation des contenus de cette publication, ainsi que des opinions qui y sont exprimés lesquelles ne reflêtent pas nécessairement celle de l’UNESCO et ne l’engage pas. Chaire Unesco Santé Sexuelle & Droits Humains L’inégalité entre les peuples et entre les hommes a subverti le respect élémentaire de la personne humaine, or la sexualité est à la base de la construction de l’humanité et tous les indicateurs de santé liés à la sexualité sont alarmistes. Cette Chaire a pour but d’aider à construire une politique internationale de prévention et de réduction des risques sexuels. Elle est légitimée par la protection des jeunes vis à vis des violences et la lutte contre les violences de genre, les mutilations sexuelles, l’exploitation sexuelle, la pornographie ou encore la lutte contre les préjugés sexistes ou homophobes. La Chaire a comme vocations : Assurer une éducation positive à la sexualité pour tous ; Faire face aux nouveaux défis en anticipant les besoins des générations futures ; Promouvoir l’égalité devant la santé sexuelle ; Développer les compétences des différents acteurs de la recherche, des associations et des politiques en renforçant leurs liens ; Contribuer à la diffusion des valeurs fondées sur la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ; Donner une base éthique aux relations sexuelles. La Chaire est un réseau international de partenaires qui contribue au développement humain durable, dans le domaine de la sexualité et des droits humains, grâce à ses activités dans : L’enseignement mené en partenariat international : - Diplôme universitaire Université Paris Diderot : « Conseiller en santé sexuelle » ; - Création de pôles d’excellence en Santé sexuelle et Droits Humains dans le cadre de la coopération Nord – Sud – Sud ; - Jumelage avec des centres de Santé Sexuelle existants ; - Partenariat dans le cadre du réseau UNITWIN La recherche et l’intervention : en soutenant des actions innovantes en santé sexuelle sur le terrain. L’élaboration de recommandations consensuelles internationales sur les objectifs majeurs et prioritaires en Santé sexuelle et des Droits Humains en collaboration avec les grands organismes et ONG mondiales. L’attribution d’un label « Chaire Unesco » qui permet aux secteurs privés et publics de s’engager, au travers d’un partenariat, fondé sur le respect des standards de la Santé Sexuelle et des Droits Humains. la dissémination du concept « Human Earth ». Cette entité sera au service de l’ensemble des professionnels en éducation pour la santé et en éducation sexuelle, des journalistes, des décideurs politiques et religieux et des acteurs associatifs représentant les usagers. Pendant son premier exercice, cette Chaire devra mettre en place : Une formation nationale de 3ème cycle pour 20 conseillers en Santé Sexuelle par an (promotion de 1 an) ; Créer 14 pôles d’excellences dans le cadre d’une coopération nord-sud-sud ; Jumeler 10 centres de Santé Sexuel avec convention de partenariat ; Former 112 formateurs et 360 conseillers en santé sexuelle à l’internationale ; Réaliser 3 colloques nationaux, 2 conférences de consensus internationale, l’ouverture d’un site Internet, la création d’un programme UNITWIN reposant au minimum sur trois conventions de partenariat. Dr Marc Ganem, Président Dr Thierry Troussier, Directeur 32 Av Carnot 75017 PARIS Tél. +33 (0)1 45 72 67 62 [email protected] [email protected] www.human-earth.org 14 Mai 2011 / # 1 revoir (avec, éventuellement, un classement par ordre de préférence). À l’issue de la soirée, les organisateurs mettent en rapport ceux qui souhaitent mutuellement se retrouver. Une manière plus simple de faire fonctionner le jeu est d’asseoir tous les participants à des tables, deux par deux. Au bout des fameuses sept minutes, les hommes (par exemple) changent de place et vont à la table suivante. La rencontre fonctionne par un turn-over rapide des participants. Les promoteurs de cette méthode considèrent qu’elle est adaptée au mode de vie urbain contemporain : anonymat et vitesse. La méthode est considérée comme basée sur la première impression et mue par un souci de rapidité et d’efficacité maximale… Sept minutes pour une rencontre, sept heures pour une unique nuit d’amour, sept jours pour une lune de miel enchanteresse mais non renouvelable, sept mois pour consumer une passion avant rénovation, sept ans de réflexion avant fermeture définitive et un ou plusieurs enfants à partager… Le couple a-t-il un avenir ? La précision des enquêtes démographiques indiquant, année après année, la réduction à peau de chagrin de la durée moyenne de la vie conjugale souligne l’opportunité de cette question. Depuis bien longtemps, des hommes et des femmes racontent dans l’intimité de mon cabinet ce que le cinéma raconte dans l’intimité des salles obscures : des histoires de doutes el - Dreamstim e.com L e speed dating (anglicisme signifiant littéralement « rendez-vous rapides ») est une méthode de rencontres amoureuses en série. Dans un lieu choisi, un grand nombre de célibataires triés sur le volet pour leurs caractéristiques proches (âge, catégorie socio professionnelle, revenus) sont mis en rapport par deux, autour d’une table, et éventuellement devant un verre, selon une durée prédéterminée (typiquement sept rendez-vous de sept minutes chacun). Traditionnellement, un signal sonore est émis pour indiquer la fin de la durée impartie : en faisant sonner une cloche, ou tinter un verre. La conversation peut porter sur n’importe quel sujet en respectant deux règles : aucune coordonnée personnelle ne doit être échangée, et aucun participant ne doit dire à l’autre s’il souhaite le revoir. À l’issue de chaque rendezvous, les célibataires sont invités, chacun de leur côté, à émettre une appréciation confidentielle sur la personne qu’ils viennent de rencontrer, et à dire s’ils consentent à la © Donald Sawv SexoMéd Serge HEFEZ Unité de thérapie familiale Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent Hôpital de la Pitié-Salpêtrière. LE TEMPS DU COUPLE et d’infidélités, de passion et de violence, d’espoirs fous et de désespoirs sans fond, de bonheurs et de chagrins. Des histoires d’amour et de désamour, des quêtes éperdues, des scènes, des déchirements, des retrouvailles, des aveux, des secrets qui se libèrent, des révélations… Et surtout des transformations, des mises en mouvement, des changements d’éclairage, des entrebâillements, des libérations, parfois presque imperceptibles, mais si vivantes et si puissantes ! Si j’ai vu en trente ans changer les scènes de la vie conjugale, c’est parce que la vie des individus et de leurs couples a changé. Ils viennent, de plus en plus tôt – parfois quelques mois à peine après s’être rencontrés –, non plus parce qu’ils ne parviennent pas à faire évoluer, à transformer leur lien conjugal, mais bel et bien parce qu’ils ont du mal à le créer. Comment désamorcer les conflits ? Sortir de la répétition ? Que faire pour supporter l’étrangeté radicale de l’autre ? Quelle place donner à la fidélité, à la sexualité, aux enfants ? Et surtout, parfois quelques semaines après la rencontre, comment résister à l’épreuve du temps, ce temps qui désormais s’accélère et nous dévore comme hier. Cronos ses enfants… Et si l’on y parvient, comment aménager le temps pour l’autre et le temps pour soi, le temps du couple et celui de la famille, du travail, des loisirs, de la vie sociale ? Pour les couples contemporains, chaque étape de la vie commune semble une épreuve aussi compliquée à réussir que la quadrature du cercle. Je vois mes patients, bien plus qu’auparavant, être aux prises avec le fantasme d’un couple magnifié, idéalisé, objet de toutes les recherches et de toutes les convoitises : ce même couple que leur vantent les sites de rencontre, les coachs conjugaux, la presse féminine, les chansons, les films et la littérature. Et je les vois désespérer de ne pas être à la hauteur vertigineuse de cet impossible, sans pour autant cesser d’essayer, inlassablement… Fini le temps du couple marié et indissoluble, monstre hybride à deux têtes. L’époux et l’épouse, l’homme et la femme, le père et la mère ne sont plus définis par leurs statuts complémentaires, mais par les relations égalitaires qu’ils expérimentent au quotidien. Dès lors, le psychisme en liberté s’oppose à la contrainte des règles et des rôles préétablis. En passant de la complémentarité à la symétrie, le couple se retrouve dans une situation nouvelle de rivalité, où chacun se demande qui des deux est plus égal que l’autre ; qui aime le plus ; qui donne le plus ; qui est le bourreau et qui est la victime ; qui gagne et qui perd. Une source de questions inépuisable, qui alimente à l’infini les scènes d’aujourd’hui. Il me revient comme un leitmotiv dans les thérapies conjugales, cette exigence de liberté, cette injonction à être soi, ce rêve mythique d’un individu souverain, seul maître de son destin. Toute dépendance concourt à repérer en soi les traces archaïques d’une ancienne dépendance infantile qu’il convient de terrasser. âgés de trente-cinq ans, en couple depuis sept ans, ils sont parents d’un petit garçon de quatre ans, et souhaitent selon leurs propres termes « lui éviter tout traumatisme lié à cette séparation ». Ils veulent également s’informer : « nous avons opté pour une garde alternée et nous voudrions savoir si c’est, comme on le dit, contraire à l’épanouissement de notre enfant ». Ils sont « Que sont donc les angoisses « archaïques » dont nous parlent les auteurs modernes ? Elles sont l’effet des passions narcissiques, (…) là où amour et destructivité affectent d’un même souffle le Moi et l’objet. Elles sont les passions au sens strict, c’est-à-dire des amours qui font souffrir, au point de s’en défendre par un sacrifice aliénant ». André Green, Le Travail du négatif, Éditions de Minuit, 1993 Dans ce contexte, la représentation du contrat conjugal a complètement changé. Nous sommes passés en quelques années du CDI au CDD : l’idée même de la séparation fait partie du contrat initial comme une figure moderne du destin. Preuve de sa capacité d’indépendance, gage de maturité, il faut pour réussir sa vie réussir ses séparations successives. La soumission à cette nouvelle norme est totalement ignorée et ne peut donc être critiquée. La dimension narcissique du pacte conjugal a pris les devants : être aimé pour soi-même, pour la totalité de soi, dans un véritable processus de confirmation identitaire. Le sujet s’engage entièrement dans la relation amoureuse en mettant en jeu tout ce qui le constitue comme sujet : le sentiment de ses propres limites, de la possession de soi-même et de ses désirs, avec le risque d’une perte de soi ou tout au moins d’une certaine image de soi. La vie amoureuse est précisément ce qui met en cause les frontières du moi, frontière entre sujet et objet interne, entre « je » et « nous », entre monde intérieur et réalité extérieure. La réassurance est au rendez-vous mais le danger d’anéantissement ou de fusion n’est pas loin ! Cécile et Thomas sont venus me consulter après avoir pris la décision de se séparer. Tous deux sympathiques et enjoués, passionnés par leur travail, l’un dans l’audio-visuel, l’autre dans le cinéma, semblent d’accord sur tout, chacun complétant les phrases commencées par son conjoint. Mais pourquoi diable se séparent-ils ?! Leur rencontre fut un véritable coup de foudre suivi d’une intense relation passionnelle. Ils plaquent leur travail et partent pendant deux ans « faire la route », pour un tour du monde enchanteur. De retour en France, ils reprennent sans difficulté leur vie professionnelle, trouvent un logement et décident au bout d’un an d’avoir un enfant. Le petit Théo achève de combler leur bonheur ; ils fondent avec lui une famille idéale, emmènent leur « petit bout » partout dans leur cercle d’amis, partagent équitablement les tâches de la vie quotidienne. Et puis ? Et puis, « la vie reprend le dessus »… Les câlins, les petites attentions se font plus rares… ô, pas de crises, bien sûr, mais un quotidien qui s’étire avec monotonie, les courses, le petit à aller chercher à l’école… Chacun investit davantage son travail, chacun songe à l’avenir avec appréhension : « ça ne serait que cela la vie, ce petit bonheur tiède et étriqué ? ». Cécile tente une aventure lors d’un déplacement professionnel et avoue immédiatement cette infidélité à Thomas, car « il est hors de question de lui cacher quoi ce soit » ; celui-ci # 1 / Mai 2011 15 reconnaît un peu penaud qu’il s’est « laissé tenter » à une ou deux reprises… Ils se confient leur désarroi, leur désir intense de vivre d’autres passions, d’autres rêves, d’autres voyages… et c’est sans la moindre larme, sans la moindre dispute, mais dans la certitude de faire au mieux pour le bonheur de chacun qu’ils décident cette séparation. Tout s’organise, Thomas loue un appartement au coin de la rue ; ils veulent rester de grands amis, un père et une mère exemplaires pour le petit Théo qui, du reste, n’a manifesté « aucune réaction particulière » à l’annonce de cette séparation. Mais Cécile, dont les parents ont divorcé quand elle avait cinq ans sait bien qu’un déchirement souterrain peut occasionner de grandes blessures. Comment les lui éviter ? La confrontation avec ce couple « d’accord sur tout », y compris sur cette séparation joyeuse, m’avait, je m’en souviens, plongé dans un profond malaise, non dénué d’irritation, contre eux bien sûr, mais aussi contre moi-même. Au fond, qu’est-ce que je prétends donc soigner en « thérapie de couple » ? Suis-je un « galvanisateur » de désir, un réanimateur de liens moribonds, un donneur de bon conseils, un garant de l’ordre social (« mais enfin, faites tout de même un effort pour construire une famille, ça n’est quand même pas si difficile ! ») Si au moins ce couple s’interrogeait sur cette séparation, j’aurais pu tenter un travail avec chacun, explorer chez Cécile ce processus de répétition, ce télescopage entre son histoire et sa vie présente. Et du reste, qu’est-ce qui me troublait tant chez eux, leur certitude tranquille, l’étroitesse de leur demande, ou leur aspect si terriblement normal et désespérément contemporain ? Cette petite vignette clinique peut paraître bien superficielle. Elle m’est apparue néanmoins exemplaire d’un mouvement de fond, d’une logique de l’individualisme et de la poursuite éperdue du bonheur qui mène bien souvent à l’impasse de l’obsession de soi, de la gratification immédiate, du désir inquiet et perpétuellement inassouvi. La conjugalité se décolle irrémédiablement de la parentalité. Les forces centripètes qui disloquent les couples s’opposent aux forces centrifuges qui soudent chaque parent individualisé à « son » ou à « ses » enfants dans un lien d’identification projective surinvesti et anxieux. Du reste, voici que me revient Cécile quelques mois plus tard. Elle est seule, elle traverse une profonde dépression. Thomas file le parfait amour avec une jeune femme que Cécile connaît bien, avec qui elle avait eu l’occasion de travailler quelques années auparavant. En proie à une insatisfaction vague et diffuse, à la sensation d’une vie atone et sans but, à des ressentis tenaces de vide et d’angoisse, elle « ne se reconnaît pas » elle-même. Son métier l’ennuie, elle éprouve une difficulté croissante à s’entendre avec les autres. Elle ressent douloureusement le besoin de « s’accrocher » à Théo, et ne supporte plus les séparations occasionnées par la résidence alter16 Mai 2011 / # 1 née. Mais lorsque Théo est là, il lui « prend la tête », il est trop capricieux, il l’empêche de vivre. Des vagues de rage destructrice contre ellemême et contre autrui l’envahissent, la submergent et l’inquiètent considérablement. Le contraste entre la Cécile d’aujourd’hui et la jeune femme enjouée et sûre d’elle, rencontrée il y a plusieurs mois, est particulièrement saisissant. N’est-elle pas atteinte des effets secondaires d’une « pathologie de la liberté » ? Jusqu’à quel point l’amour se doit-il d’être l’unique fondement des liens de parenté et d’alliance ? Dans la souffrance de sa solitude, dans cette ambivalence douloureuse qu’elle ressent pour son fils, Cécile mesure après-coup ce superbe défi de nos contemporains qui se voudraient les seuls forgerons de leurs liens affectifs. C’est précisément cette illusion qui alimente une immense « fatigue d’être soi ». Dans la légende, Narcisse pleure quand il prend conscience qu’il est lui-même l’objet de son amour. Il veut alors se séparer de sa propre personne et se frappe jusqu’au sang avant de dire adieu au miroir fatal et de rendre l’âme. André Green a largement souligné que le narcissisme de vie se déployait dans un mouvement de balance entre libido d’objet et libido du moi. Le sujet trouve dans l’amour qu’il se porte à lui-même une compensation à la perte de l’amour fusionnel : le narcissisme est alors effet de liaison, ou plutôt de re-liaison. Dans cette séparation d’avec Thomas qui n’en n’est pas une, Cécile ne peut se recentrer sur ellemême. L’expérience du décentrement est mise à l’épreuve du ressentiment, de la haine et du désespoir. La retraite vers l’unité ou la fusion avec l’objet idéalisé ne sont plus possibles : c’est le repli narcissique, narcissisme de mort qui devient la recherche du néant, de l’abaissement des tensions au niveau zéro, de la mort psychique. Je tiens à toi, se murmurent les amoureux dans le feu de la rencontre. Puis rapidement ils se posent la question de ce qui les fait tenir ensemble, énigme, convenons-le, qui traverse tout l’espace des sociétés démocratiques. Plus une société est hiérarchique, aristocratique, religieuse, moins les hommes ont besoin de s’unir pour agir car ils sont, selon l’expression de Tocqueville, « tenus ensemble ». Les liens institués, libérés de la subjectivation du temps, sont par essence éternels. Comme le souligne Louis Dumont , ce qui caractérise les sociétés individualistes est que les valeurs d’interdépendance sociale sont hiérarchiquement subordonnées aux valeurs de l’indépendance des individus. L’homme se conçoit alors lui-même comme possesseur d’un capital, d’un potentiel, qu’il gère pour en extraire une plus-value de jouissances et de capacités relationnelles. Il a beau vivre plus vieux, le temps commence alors à lui manquer ! Je n’irais pas comme certains jusqu’à prétendre que la structure psychique de l’homme contemporain « sans gravité » s’est transformée en quelques décennies. Alain Ehrenberg démontre magistralement comment toute une dramaturgie sociale s’est ainsi construite sur le remplacement des valeurs de l’appartenance par celui des valeurs de choix en décrivant à l’envie la désorganisation inédite de la personnalité individuelle, ce qui permet d’articuler le mal commun et le mal individuel. L’autonomie serait devenue destructrice. L’individu se définirait uniquement par ses choix et l’exhibition de la jouissance lèverait totalement les limites de l’encadrement institutionnel. Cette nouvelle conception de l’individu souffrant opère à coup sûr un glissement du pathogène au normatif. Le passé malgré son âpreté joue le rôle d’un idéal imaginaire de vie commune dans laquelle les gens savaient où ils étaient et qui ils étaient : les générations s’y succédaient en étant structurées par les conflits, les classes s’y affrontaient clairement et les névroses étaient l’expression nette de ces conflits au sein des individus produisant de beaux et francs symptômes. Mais les dizaines de Cécile et de Thomas, ni psychotiques ni « border line » auxquels je suis tous les jours confronté et que guettent la régression narcissique et son cortège de dépressions me feraient dire plus volontiers que le couple et la famille d’aujourd’hui baignent dans un contexte de « narcissisation » au sens où comme le souligne Kernberg , « les changements dans la culture contemporaine affectent les modes de relation d’objet ». Ne pas prendre en compte la dimension sociale du narcissisme nous mènerait à ignorer ce qui abonde dans la vie quotidienne : terreur de la dépendance à autrui associé à une angoisse du vide et de la solitude, immense rage réprimée et désirs oraux impétueux et insatisfaits. Et qui s’associe à des traits caractéristiques de la société contemporaine comme la peur intense de vieillir, la perception différente du temps, la fascination de la célébrité, la peur et l’exaltation de la compétition… 1 GREEN André, Narcissisme de vie, narcissisme de mort, Editions de Minuit, 1983 2 DUMONT Louis, Essais sur l’individualisme, Paris, Le Seuil, coll. Points essais, rééd. 1991 EHRENBERG Alain, La Société du malaise, Odile Jacob, 2010 4 KERNBERG O, « Narcissisme normal et narcissisme pathologique », Nouvelle revue de psychanalyse, 1976, n°13 3 Académie des Sciences Sexologiques Actualité & Devenir L a sexologie française traverse actuellement une crise existentielle : nécessité d’une médecine sexuelle basée sur la physiopathologie de la fonction sexuelle, nécessité de maintenir l’approche psychique de la sexualité, rapprochement de la SFSC et de l’AIHUS… Quelle est, quelle sera la place de notre déjà vieille Académie au sein de cette évolution ? Je veux d’abord vous présenter des excuses sur le déroulement de la journée du 23 janvier 2011, insuffisamment préparée par moi en raison de soucis personnels heureusement dissipés depuis. Je pense qu’elle a été malgré tout passionnante avec l’intervention de Daniel Sibony le matin, mais tout autant avec celles de Charles Gellman, de Ludwig Fineltain et de J.R. Dintrans l’après-midi. Je crois qu’il est indispensable de rappeler que cette journée Gérard Valles est effectivement depuis sa création une journée et non pas une matinée suivie d’un déjeuner ! Cette année nous étions vingt le matin et huit l’après midi : ce n’est pas acceptable, audelà d’une impolitesse c’est une offense faite à nos trois amis qui ont fait l’effort d’une réflexion et de nous en communique le fruit. J’ai eu le sentiment désagréable que la plupart des participants venaient seulement pour écouter la « vedette » et déjeuner, ce n’est pas cela le but de l’ASS ! J’entends bien que chacun avait d’excellents prétextes mais ce genre de désertion devrait rester l’exception alors que cela devient de plus en plus la règle. Depuis son origine cette journée a lieu l’avant dernier dimanche de janvier, il suffit à chacun d’en faire à l’avance une priorité (il y a toujours un train ou un avion qui part deux ou trois heures plus tard). Il y a aussi ceux que cela n’intéresse pas, je peux le comprendre, mais qu’ils le précisent d’emblée ! Dorénavant les inscriptions ne se feront que pour les personnes qui s’engageront, sauf cas de force majeure, à rester de 9h30 à 17h. Une Académie est faite d’académiciens et dans notre cas ces académiciens ont toujours été les membres du CA de la SFSC, ce qui n’exclut pas la participation de tout sexologue intéressé par le débat. Pour l’avant dernier dimanche de janvier 2012, après concertation entre certains d’entre nous et aussi pour tenir compte de quelques critiques je vous propose comme thème : « Confrontation de nos méthodes thérapeutiques », sujet à traiter non pas de manière abstraite mais à partir de cas cliniques concrets comportant aussi bien échecs que réussites (quatre cas par exemple) sous la supervision neutre d’un épistémologue suscepti- Sexo En crise ble d’en dégager les conclusions méta-sexologiques. Cette nouvelle réunion se déroulera donc le dimanche 22 janvier 2012 de 9h30 à 17h en un lieu qui vous sera précisé deux mois à l’avance mais obligatoirement dans Paris intra muros. J’espère que nous pourrons continuer l’action de notre Académie dans l’esprit et la forme dans lesquels elle a été conçue par les fondateurs dont nous avons la chance de compter encore parmi nous deux membres éminents : Charles Gellman et Ludwig Fineltain, c’est-àdire un colloque permettant d’aborder en toute liberté d’esprit ce qui n’est pas traité dans nos congrès i.d. le rapport de la sexualité avec la médecine, la psychologie, la philosophie, la sociologie, l’anthropologie. L’ASS n’a pas vocation d’être un moment de formation ouvert à un vaste public mais un moment de réflexion et de débats entre personnes concernées et aussi, ne l’oublions pas, un moment d’amitié. Bien entendu puisque nous voilà maintenant réunis au sein de la Fédération nous invitons chaleureusement les membres de l’AIHUS à venir travailler et échanger avec nous à cette occasion, Mireille Bonierbale en a donné l’exemple éminent il y a deux ans. Je reste à l’écoute de vos suggestions ! Amitiés à tou(te)s Claude Esturgie # 1 / Mai 2011 17 SexoPsy Travestissement L Dr Charles Gellman (Paris) Neuropsychiatre Sexologue Article paru dans « Le dictionnaire de la pornographie » PUF Ed. 2005 18 Mai 2011 / # 1 e travestissement (transvestisme, travestisme, éonisme, cross dressing) consiste en s’habiller et se comporter comme appartenant à l’autre sexe : la femme s’habille comme un homme, l’homme s’habille comme une femme. La fréquence et la durée de l’habillement chez les travestis sont variables, le plus souvent épisodiques. Dans le comportement de travestissement, on peut distinguer deux approches. L’une accentue les aspects érotiques et sexuels. L’autre accentue plutôt les aspects d’appartenance à l’autre genre, et un certain malaise dans le genre d’origine. Dans ce cas, le travestissement peut être considéré comme un trouble de la genralité ou une dysphorie de genre. La genralité est le sentiment d’appartenir à une identité masculine ou féminine, ce sentiment n’étant pas forcément lié à l’identité anatomique. Il arrive souvent que le transvestisme soit confondu avec l’homosexualité ou avec d’autres variations sexuelles. Les travestis peuvent avoir des tendances homosexuelles aussi bien que hétérosexuelles ou asexuelles (en fonction de leur orientation psychologique). L’orientation sexuelle est en général indépendante de l’identité de genre. Portraits Le travestissement occasionnel ou utilitaire : carnaval, soirées festives C’est le cas le plus fréquent, à caractère ludique lors de fêtes, carnavals, manifestations culturelles, sportives comme le marathon du Médoc qui réunit 8 000 participants et où l’on remarque des gaillards musclés courant en tutu rose de ballerine. L’option utilitaire est illustrée par le film « Madame Doubtfire ». Daniel Hillard (Robin Williams) adore ses 3 enfants. Aussi quand sa femme demande le divorce et obtient leur garde, © Travesti – Toile de Bernard Buffet / Droits réservés le déchirement est terrible. Pour se rapprocher d’eux, il décide de se métamorphoser en une respectable nounou anglaise, Madame Doubtfire, et se fait embaucher par son ex-femme. Le travesti homosexuel ou lesbien Ce travesti masculin, s’affiche en femme avec maniérisme pour satisfaire son homosexualité. C’est une situation fréquente et qui contribue à entretenir la confusion entre travestissement et homosexualité. « La Cage aux folles » est une boîte de nuit qui présente un spectacle de travestis, dont la vedette est Zaza (de son nom Albin). Il forme avec Renato un vieux couple homosexuel. Dialogue : Renato : « Essaye de marcher comme John Wayne ». Albin s’exécute, dans une démarche plus chaloupée que jamais. Renato, désespéré par le résultat « Ça, c’est John Wayne jeune fille »... Le travesti lesbien est en général marié, souvent père de famille, son orientation est hétérosexuelle, il adore les femmes d’où le terme de « saphien » créé par Charles Fourier et reprit comme « lesbien » par Paul Eluard. Il se travestit de façon épisodique en serveuse, infirmière ou pute. L’épouse est au courant et accepte la situation. « Le terme français de lesbien [caractérise] complètement un profil sexuel et affectif masculin bien précis. (...) Le profil lesbien comporte tout un ensemble de traits associés et interdépendants : - Image de la femme vécue comme complice, égale et active, féminisme, - Antijalousie, générosité naturelle et altruisme, - Pratiques amoureuses lesbiennes (complicité amoureuse totale, recherche et réalisation des désirs de l’autre et de son plaisir, don réciproque et double découverte, amour-communication/ échange), - Amitié amoureuse qui ne dissocie pas la communication culturelle et affective de la tendresse physique : donc rejet du dualisme judéo- chrétien, - Attirance d’abord pour la personnalité et donc vécu sensuel d’anatomies non dissociées de toute la personne et non systématiquement conformes aux canons officiels, - Et donc comme chez nombre de féministes, rejet fréquent des accessoires « féminin » associés au modèle machiste de la femme qu’on consomme dans un emballage de luxe ritualisé, - Tendresse et grande sensibilité physique et morale souvent fragilisante, - Refus des valeurs et attitudes de rivalité/domination, - Et culture de l’amitié totale, généreuse. Il s’agit en fait de l’existence intégrée dans un individu de sexe masculin et hétérosexuel d’un ensemble de valeurs féminines qui le conduisent à avoir aux femmes, bien qu’homme, une relation analogue à celle des lesbiennes… Le profil lesbien se définit ainsi en totale opposition aux valeurs machistes. Il ne « prend » pas une femme, une amie qui se « donnerait » ou lui « accorderait ses faveurs ». Il aime et ne consomme pas l’autre. Il aime une autre égale, semblable et différente, il l’aime heureuse, dans ses désirs, même pour d’autres ». Le travesti transsexuel, le transgenre, le queer Le transsexuel a le sentiment irrésistible d’appartenir à l’autre sexe, adapte son comportement, son habillement à cet autre sexe, et quête inlassablement une assistance médicochirurgicale qui lui permettra de retrouver ce qu’il croit être sa vraie nature. James Morris décrit un cas de transsexualité : le sien (« L’Énigme », Gallimard). Dès l’âge de 4 ans, James Morris a la certitude d’être une fille dans un corps de garçon. (...) Aucun transsexuel n’a jamais été guéri par des thérapeutiques psychiatriques. La recherche médicale la plus récente offrait une solution : faute de pouvoir modifier l’esprit, modifier le corps, par un traitement aux hormones, d’abord, suivi d’une intervention chirurgicale. Le transgendériste, le 3e sexe, va encore plus loin dans la complexité, et accepte un mélange de genres sur sa personne physique. Ainsi un homme biologique vit en femme, féminisé par les vêtements et l’hormonothérapie, tout en conservant son pénis ; une femmes biologique ayant subi une mastectomie (ablation des seins) sans traitement hormonal, androgynisant son corps sans le viriliser vraiment ; ou encore une personne gardant son sexe anatomique féminin et pouvant s’en servir pour le plaisir, tout en se sentant masculin, et voulant vivre au masculin ; intéressé par la modification de son corps dans le sens de la virilisation, mais non par la phalloplastie. Au départ, le terme «queer» (pédé bizarre) était une insulte homophobe. Le courant queer a repris par dérision l’appellation à son compte et regroupe celles et ceux qu’on a étiquetés de perversion, de déviance, les parias, les inclassables qui vivent dans les marges de l’identité sexuelle et de la normalité. On y retrouve des transsexuels, des bisexuels, des adeptes du SM, du fétichisme, du piercing, de l’automutilation. Le chanteur queer Marylin Manson « eonist » avec implants mammaires et pénis tatoué, est un des champions de la provocation, de l’affrontement contre les normes sexuelles et morales sur un mode anarchiste. Il glorifie la pornographie dans son clip vidéo récent « Mobscene » et dans « Gâteau et sodomie ». Extrait : « Beaucoup trop de défécations orales / Merdes blanches, agenouillez-vous / C’est l’heure des gâteaux et de la sodomie / Je suis le dieu de la baise » (www.mansonlegion.com) Le travesti fétichiste Le travesti fétichiste, se travesti pour ressentir une excitation érotique. Les vêtements féminins (vinyle, dentelles, petites culottes, strings, jarretelles, collants) sont autant de stimulants de l’érection et de masturbations. Un exemple brillant et sulfureux est celui de Pierre Molinier, l’androgyne ténébreux du surréalisme, ami d’André Breton, photographe érotique qui se mettait en scène lui-même pour se représenter en guêpière, bas noirs ou résilles, et qui aura donné à l’érotisme fétichiste une dimension artistique. « Notre mission sur la terre est de transformer le monde en un immense bordel. » Le travesti prostitué Annonce : « Travesti soumis, reçoit H/couple. Fétichiste SM, fessée, scato, boit urine et sperme. S’exhibe rasé, portes jarretelles, escarpins. Possibilité de vous travestir. » Dans ce domaine les travestis brésiliens « les brésiliennes » ont acquis une notoriété internationale. Dans le film de Beatriz Flores Silva : « Putain de vie/En la puta vida » Elisa prostituée prend conscience de son état d’exploitée. Une guerre de territoire s’est déclenchée entre les « Uruguayens » et leurs concurrents travestis brésiliens. Le meurtre d’un travesti brésilien fait basculer les choses. Elisa décide de dénoncer Placido son proxénète, et les autres maquereaux, qui sont lourdement condamnés. Histoire belge : Pourquoi les français ont-ils vraiment des raisons d’être fiers d’être champions du monde de foot ? - Parce que c’est bien la première fois qu’ils arrivent à baiser les Brésiliens ailleurs qu’au bois de Boulogne. Drag Queens, les « Reines » Un drag queen est un acteur masculin habillé d’une façon extrêmement provocante : robes multicolores, chaussures hautes comme des échelles, perruques figées et exubérants bijoux de pacotille. Les drag imitent et parodient sur scène, au cabaret, au théâtre, des icônes comme Marilyn, Marlène Dietrich, Judy Garland… Le transvestisme féminin, féministe et politique L’habit ferait-il le mari ? L’exemple d’un female husband, James Allen (1787-1829) qui fut pendant 21 ans le mari d’Abigail, mourut à la suite d’un accident du travail. C’est à cette époque que les médecins découvrirent qu’Allen était une femme. De nombreux journaux britanniques en parlèrent. La liste est longue des saintes, soldates, ouvrières, voyageuses, artistes, amantes, qui ont, à travers les siècles, endossé un habit masculin interdit et sont ainsi sorties, de plein gré ou non, de l’enfermement d’un destin sexué univoque. Dans le film western de Maggie Greenwald sorti # 1 / Mai 2011 19 SexoPsy Bibliographie Femmes travesties : un « mauvais » genre de Christine Bard et Nicole Pellegrin. Revue CLIO - oct. 1999 Le voile, l’objet manqué de Jacques LACAN. Séminaire du 6 février 1957. Molinier de Pierre MOLINIER - 1969. L’Énigme de James MORRIS Gallimard Paul Éluard a cent ans de Gérard VERROUST - Colloque International de Nice - janvier 1996 20 Mai 2011 / # 1 en 1993, The Ballad of Little Jo, l’héroïne a le choix entre deux modes de vie, mère de famille ou putain. Mais elle choisit une troisième voie, la plus intrépide : être un homme, dont elle prend l’allure et les habits, alors qu’elle est « femme » et qu’elle le redeviendra, à la fin de l’histoire, pour l’amour d’un immigré, Chinois et persécuté. Les femmes travesties, font parfois rire. Valérie Lemercier dans sa comédie, Le Derrière (1999), incarne un jeune gay. On rit de ses mésaventures de femme (de « pisseuse » en l’occurrence) travestie et de l’image caricaturale de l’homosexualité masculine. À chacune/chacun, son image de la fille en garçon, et le look vestimentaire qui va avec : complet trois pièces avec gilet, salopette, cuirasse, strass, smoking, perfecto, pourpoint, monocle, chevelures rases, musculatures gonflées... Le transvestisme féminin fut d’abord un moyen de survie : déguisement des persécutées et des amoureuses, habillement commode des pauvresses et des patriotes. Il leur permit aussi de rendre visibles des revendications de liberté physique, d’égalité économique et de dépassement du cadre binaire des relations de sexe. Images de subversion politique et/ou d’affirmation d’une identité sexuelle non conforme. Le transvestisme féminin connaît lui aussi des références historiques, des personnages célèbres. Le chevalier d’Eon, (d’où la dénomination d’éonisme) par exemple. C’est en 1728 que naquit Charles Geneviève Louis d’Eon de Beaumont. La confusion des prénoms était prémonitoire d’une vie marquée tout entière par l’ambiguïté. Mais ses talents et sa bonne mine le firent bientôt remarquer du Roi Louis XV qui l’embrigade dans ses services de diplomatie parallèle (le « Secret du Roi »), afin d’approcher la Tsarine Elisabeth de Russie, d’Eon se métamorphose en Melle Lia de Beaumont. George Sand, Colette portaient des habits d’homme, s’assimilant ainsi à la frange littéraire et subversive de l’époque. Marlène Dietrich joua de l’ambiguïté en frac et en chapeau claque. De nos jours il est courant pour une femme de s’habiller en pantalon, en homme, voire de porter des accessoires masculins plus ou moins féminisés (cravates, pataugas, gros godillots). Depuis l’émancipation des femmes, résultat des mouvements féministes et des garçonnes des années 1920, qui coupèrent leurs cheveux, fumèrent le cigare, arboraient le frac, la masculinisation de l’allure des femmes est devenue banale. Modèle de l’uniformisation du « look » unisexe : le trio incontournable du jean – T-shirt – baskets. S’il est permis pour les femmes de porter un habit masculin, les femmes exagérément masculines (« butch » : « camionneuses »), subissent parfois de la discrimination. Psychologie du travestissement Un thème aussi complexe recouvrant des comportements infiniment variés, ne peut s’expliquer simplement. Nous nous contenterons des théories de deux grands penseurs, Szondi et Lacan. Pour Léopold Szondi, psychiatre, la figure d’identité, comme être sexuel complet, est celle de l’androgynie : « L’Etre-complet, l’être-total, c’est l’êtredouble hermaphrodite. Tout puissant est l’être qui possède les deux organes sexuels ; il est tout puissant parce qu’il n’a pas besoin d’un autre être pour accéder à la complétude ». « Tout homme, dit Szondi, a été cet être double dans la phase la plus ancienne de son ontogenèse, comme cellule sexuelle primaire (ovocyte ou spermatocyte), avant que s’opère la partition en deux cellules sexuelles (ovule et spermatozoïde), de la réunion desquelles naît l’individu ». « Cet être-double est naturellement anérotique puisque l’attraction érotique est l’apanage des êtres unisexués, lesquels aspirent précisément à la complétude par le biais de l’accouplement avec un autre être unisexué. La partition de la cellule primaire fait perdre à l’individu son intégrité, il devient un « demi-être ». De cette condition de « demi-être » naît naturellement l’aspiration à l’être complet et la tendance à attendre la complétude de la part du partenaire de l’autre sexe. Cette aspiration, Platon la baptise Eros. Une personne peut être définie comme normale dans la mesure où il lui suffit de pratiquer le coït avec un partenaire pour trouver la complétude. Si ce moyen ne réussit pas, il y a un trouble du « besoin de complétude ». » Le transvestisme serait ainsi un retour symbolique à l’être-double androgyne, tout puissant. Pour Jacques Lacan, psychanalyste « le transvestiste… est quelqu’un qui s’identifie à la mère phallique en tant que d’autre part elle voile ce manque de phallus. Car aussi bien n’avons-nous pas attendu Freud pour aborder la psychologie des vêtements : dans tout usage du vêtement il y a quelque chose qui participe de la fonction du transvestisme, et si l’appréhension immédiate, courante, commune de la fonction du vêtement est de cacher les pudeurs (pudenda ?). Les vêtements ne sont pas seulement faits pour cacher ce qu’on en a au sens d’en avoir ou pas, mais aussi précisément de ce qu’on n’en a pas. L’une et l’autre fonction sont essentielles. Il ne s’agit pas essentiellement et toujours de cacher l’objet, mais aussi bien de cacher le manque d’objet ». Alors somme nous tous des travestis ? Et si la sexualité était de « nature initiatique »… L a sexologie tente de traiter les liens possibles entre le corps et la psyché mis en cause dans le symptôme sexuel. Ainsi doit-elle considérer le symptôme sexuel au delà des concepts cartésiens dualistes qui opposent corps et psyché. Dès lors, le patient est considéré dans sa globalité. C’est la prise de conscience d’Eros qui va permettre le rétablissement du lien entre Psyché et Soma. Eros est cet élan de vie poussant l’individu à aller vers l’inter-relationnel. Ainsi, pouvons-nous dire que la sexologie est une thérapeutique qui tient compte de la subjectivité intimement reliée à l’autre où elle ramène le somatique au psychique et inversement, le psychique au somatique. En fait, le psychique est relationnel comme le somatique. Le psychologique et le somatique s’inscrivent tous les deux dans une organisation relationnelle où Eros préside. La sexologie est donc une entreprise pluridisciplinaire qui associe plusieurs niveaux dans la fonction érotique. Le psychosexologue clinicien va donc aider à intégrer les troubles sexuels dans une dysfonction relationnelle en explorant les trois niveaux de la fonction érotique : 1 Soma génétique, hormonal, fonctionnel, sensoriel. 2 Eros énergie, émotionnel, relationnel, affectif. 3 Psyché idées, imaginaire, symbolique, esthétique, spirituel. Le travail psychosexologique est de créer un pont entre ces trois niveaux de la fonction érotique : Soma, Eros, Psyché. Car il n’y a pas de conscience sans émotion. Pas de Psyché seule faite de jugements, d’opinions, d’idées, d’imaginaire sans être mis en confrontation à l’autre. Pas de Soma seul, fait d’organicité, de réaction biochimique, endocrinologique, fonctionnelle, de tension musculaire sans connections avec l’imaginaire, l’imaginaire érotique, amoureux, le désir d’union, le désir d’aimer. C’est l’émotion qui permet la conscience de soi. Ainsi pouvons-nous entrevoir la sexologie comme un travail de connections entre les sensations, les images traumatiques, refoulées, les émotions. Elle interroge le corps et l’esprit et inversement, pour prêter attention à un Eros blessé, bafoué, qui veut grandir, progresser dans une nature supérieure de l’amour. Elle retrace la ligne de vie qui décrit les étapes de la vie qui ont entravées son développement d’homme ou de femme vers une sexualité satisfaisante, vers une aptitude à aimer et à être aimer. C’est un chemin d’évolution et de maturation. Quel patient n’a pas confondu sa partenaire avec ses parents faisant de cette fusion amoureuse un remarquable creuset d’illusions de réparer les manques d’amour du passé. Nous avons à l’aider à reconnaître dans sa colère l’expression de la dou- leur des blessures de son enfance. Nous avons à l’aider à comprendre que les attentes de satisfaction complète rappelant l’unité originelle mère-enfant, la nostalgie du paradis perdu, sont réouvertes par les frustrations inévitables et indispensables que sa/son partenaire lui fait vivre. L’autre est un véritable révélateur de l’Eros blessé dans l’enfance et qui doit trouver guérison autrement que dans l’amour fusionnel. Eros doit évoluer et se transformer en un amour mur qui nécessite bien l’aide d’un psychosexologue clinicien. En quelque sorte, l’amour doit devenir cette unité qui diffère de l’amour infantile en ce qu’elle ne désire pas simplement la satisfaction personnelle de ses besoins, mais davantage la satisfaction de l’autre. La difficulté est bien présente pour le psychosexologue, puisqu’il doit aider son patient à pouvoir quitter ses propres besoins narcissiques d’amour liés à une enfance douloureuse autrement qu’en cherchant le Prince charmant ou la Belle au Bois Dormant. Et la gageure paraît d’autant impossible de l’aider à combler son Eros blessé en l’invitant à développer une sensibilité à l’autre, en rejoignant la souffrance de l’autre. Il faudra du temps, souvent le temps de toute une thérapie, ou d’une vie pour que chacun prenne le temps d’écouter Eros blessé de l’autre. Ainsi pourra t-il identifier chez celui-ci les manques et frustrations ayant entravés son devenir d’homme ou de femme. Par cette attention, la compassion, la patience, l’espérance, il fait grandir Eros et s’ouvre à cet amour supérieur qui comble son creux de mère ou de père. C’est là, l’art du psychosexologue à conduire son patient et à le confronter avec les grands thèmes de la vie : l’abandon, l’injustice, le pardon, la vengeance, la haine, l’amour, la naissance, la famille, la mort, la liberté, le bien et le mal, qui par leur élaboration lui permettra de se libérer et de croître dans une position d’homme ou de femme. Et si la sexualité revêtait « une nature initiatique »… Sexo Psycho Laurent Malterre Psychosexologue clinicien - Psychanalyste Auteur de « La guerre des sexes » et « L’unité psychothérapique » Aux éditions L’Harmattan 74, rue des Gravilliers 75003 Paris # 1 / Mai 2011 21 SexoPsy QUAND LE SYMPTOME SEXUEL VIENT DIRE LE CONFLIT O Dr Jean-Michel HAVET Service de Psychiatrie des Adultes C.H.U. – Hôpital Robert Debré 51092 Reims Cedex 22 Mai 2011 / # 1 n trouve généralement à l’origine de toute consultation une symptomatologie ou du tout moins une plainte pour laquelle le sujet et/ou son entourage viennent demander aide et soulagement. La lecture que le praticien fera du symptôme le conduira à mettre en œuvre un type de prise en charge en cohérence avec son interprétation. Il est donc fondamental qu’il soit pleinement conscient des hypothèses qui guident sa pratique afin de pouvoir les modifier si celles-ci ne s’avéraient pas fonctionnelles et opératoires. Le titre même de cet exposé, « quand le symptôme sexuel vient dire le conflit », traduit à l’évidence une conception étio-patho- génique qu’il nous faut expliciter afin de ne pas nous laisser porter par un courant idéologique implicite qui limiterait notre façon de penser et par là même risquerait d’être une source de blocage et d’impasse dans notre activité thérapeutique. Même si le terme de conflit mériterait à lui seul un long débat je m’attacherais essentiellement à l’analyse du concept de symptôme, aux différentes acceptions qu’il sous-entend et à l’usage qu’il peut donc en être fait en pratique. En première analyse, le terme de symptôme en lui-même renvoie à une problématique plus profonde et cachée dont le patient s’attend à ce que le praticien l’identifie afin de lui apporter un remède efficace. Il existe bien des traitements © Dreamstime.com / Droits réservés dits « symptomatiques », mais ceux-ci ont souvent mauvaise presse. En effet, même si le plus souvent la demande initiale du patient est d’être débarrassé de ses symptômes, quelle que soit la méthode employée pour cela, le traitement symptomatique s’il peut apporter au sujet en souffrance un certain apaisement, est censé laisser entier le problème à l’origine du symptôme qui de ce fait sera toujours susceptible de se manifester à nouveau. Etroitement associé donc à la notion de symptôme se trouve la question de la causalité qu’il nous faudra examiner tant du point de vue de sa direction que du point de vue de son origine. Pour ce qui concerne sa direction nous avons été habitués à penser que la cause précède l’effet et donc à nous poser la question du « pourquoi ? ». L’idée sous-jacente est que pour faire disparaître l’effet il faut en supprimer la cause. Outre le fait que la connaissance des causes n’est pas toujours nécessaire et encore moins suffisante à la prise en charge efficace des problèmes et difficultés auxquels nous sommes confrontés (il vaut mieux savoir comment éteindre un incendie que de savoir ce qui la déclenché) le raisonnement causaliste dans cette perspective peut conduire à une régression infinie dans la recherche de la cause de la cause, puis de la cause de la cause de la cause, et ainsi de suite. Par exemple, si je propose que tel ou tel symptôme sexuel est lié à l’attachement irrésolu du sujet à sa mère je peux (je dois ?) me demander quelle est l’origine de cet attachement. Je vais alors découvrir que celui-ci vient de ce que sa mère a éprouvé dans son enfance un sentiment d’abandon de la part de sa propre mère qui elle-même s’est comportée ainsi parce qu’elle avait souffert de l’emprise que sa mère (l’arrière-grand-mère donc de notre patient) avait exercé vis à vis de son autonomie psychique, etc. Il est fort peu probable que ce cheminement, pour intéressant qu’il soit, puisse aider le sujet à venir à bout de son symptôme. Pourquoi arrêterions-nous notre analyse à l’arrière-grand-mère du patient ? Et même si nous le décidions, comment pourrions-nous intervenir pour modifier la conduite de celle-ci ? Par ailleurs, si cette notion de causalité efficiente (pour reprendre la classification Aristotélicienne des causes) ou de cause antécédente (dans une acception plus moderne) est très certainement utile pour la prédiction des résultats attendus de nos actions, elle néglige par son aspect mécanique et déterministe ce qui fondamentalement constitue l’essence de l’être humain, à savoir sa capacité à développer des projets qui repose sur des intentions. En d’autres termes, en matière de comportement humain, il convient de redonner une place à ce qu’Aristote nommait la cause finale, c’est à dire au but conduisant à la mise en œuvre de l’acte. En complète opposition donc avec ce que nous pensions n’être pas possible l’effet (recherché) précède la cause. Il s’agira alors d’envisager le symptôme en tant que praxis dont le sujet est l’acteur et non plus en tant que processus auquel il serait soumis. Ainsi, par exemple, il apparaîtra que tel ou tel symptôme sexuel allégué, que dans ma précé- tentement, cela sera-t-il suffisant pour résoudre le problème ? Le thérapeute ne se retrouvera-t-il pas ainsi invité et impliqué comme tiers dans un conflit sans issue, chargé d’arbitrer le différent et d’être l’allié de l’un ou de l’autre, chacun restant convaincu de son bon droit et campant sur ses positions. Un changement radical de point de vue sera possible en intégrant à notre raisonnement les mécanismes de rétroaction nous conduisant à une Même si tous deux acceptent cette vision du symptôme comme moyen de communiquer à l’autre son mécontentement, cela sera-t-il suffisant pour résoudre le problème ? dente analyse je pensais pouvoir attribuer à tel ou tel désordre psychologique ou psychopathologique que j’étais persuadé d’avoir identifié, a en fait pour fonction de frustrer le ou la partenaire du sujet qui en était porteur. Je vais alors être conduit à me demander d’une part si cela est – ou non volontaire, contrôlé par le sujet et d’autre part quelle peut bien être la raison de ce comportement. Ne cherche-t-il pas par exemple, par ce procédé à se venger d’un préjudice dont il juge son conjoint responsable ? On voit ici apparaître l’idée du symptôme en tant qu’arme dans un conflit conjugal. La question sera alors : comment vais-je pouvoir utiliser cette hypothèse pour aboutir à un résultat thérapeutique satisfaisant pour les deux membres du couple ? En toute logique je devrais chercher le mobile du comportement symptomatique afin de vérifier mon hypothèse. Mais, dans toute histoire conjugale des raisons d’être mécontent existent obligatoirement, chacun étant loin d’être parfait et de satisfaire pleinement l’autre. Le mobile mis ainsi à jour sera-t-il suffisant pour expliquer la situation ? Sa « découverte » permettra-t-elle en ellemême une évolution positive ? On peut en douter. En effet, s’il est fort probable que le conjoint frustré accepte volontiers l’idée de la malignité portée par le symptôme de son partenaire que ma redéfinition propose, il est tout autant probable que l’autre membre du couple rejette cette idée et s’en offusque en mettant en avant sa souffrance et ses difficultés. Mais, même si tous deux acceptent cette vision du symptôme comme moyen de communiquer à l’autre son mécon- modélisation circulaire des processus interactifs dans laquelle les notions de cause et d’effet perdent la pertinence et l’utilité indispensables à nos conceptions précédentes. Cette perspective nous conduits à abandonner l’usage des concepts de cause et d’effet en vertu du fait que les individus sont à la fois agissant et réagissant. C’est la raison pour laquelle chercher à déterminer ce qui est cause et ce qui est effet revient à ponctuer arbitrairement l’interaction pour attribuer à l’un ou à l’autre (selon la façon dont nous ouvrirons la boucle d’interaction) la responsabilité de la problématique. En fin de compte il ne s’agira plus de se demander, « qui fait quoi à quoi » mais, « qu’est-ce qu’ils font ensemble », de quel jeu sont-ils prisonniers ? Ainsi, en présence d’un symptôme sexuel le praticien ne sera intéressé ni par son origine, ni par son but, mais par la façon dont il se pérennise. Il s’enquierera donc de la manière dont le partenaire y réagit et des effets que cette réaction a sur celui qui porte le symptôme. Il évitera ainsi les pièges de la culpabilité et des accusations réciproques de malveillance. Quant au lieu de la causalité nous en avons habituellement – ainsi que nos patients – une compréhension individuelle qui nous conduit à une prise en charge physiologique ou psychopathologique centrée sur le sujet. Si la question du conflit surgit celui-ci sera alors, ainsi que nous l’a enseigné entre autre la psychanalyse, intrapsychique, entre les différences instances de la psychée, entre le moi et le surmoi, entre les désirs et leurs interdits. # 1 / Mai 2011 23 SexoPsy La célèbre phrase de Simone de Beauvoir : « on ne naît pas femme : on le devient » peut tout aussi bien s’appliquer aux hommes. 24 Mai 2011 / # 1 L’un des apports majeurs des thérapies familiales systémiques a été de nous apprendre que le patient n’est pas l’unique propriétaire de ses symptômes dont le sens et la fonction doivent être recherchés dans le contexte où ils sont apparus. Le « choix » d’un symptôme sexuel n’est certainement pas sans rapport avec la structure, la dynamique et l’histoire du couple où il se manifeste et cela peut être exploré au cours de l’entretien. Il sera cependant surtout important de saisir son utilité pour le maintien de ce couple. En effet, on considère dans une perspective systémique que tout symptôme est au service de l’homéostasie familiale et participe au non changement d’une situation qui nécessiterait pourtant le passage à une étape suivante. Un conflit conjugal, pour peu qu’il soit de degré suffisant, devrait trouver sa résolution dans la séparation si la réconciliation n’est pas possible. La focalisation sur le symptôme sexuel peut être envisagée comme le moyen d’occulter le conflit et la séparation qui menace. Dans la perspective de Mara Selvini Palazzoli, le problème est une solution à un autre problème plus grave. Il est donc important de ne pas changer. Et, ce sera ce que l’on pourra constater en interrogeant les membres du couple sur chronologie des évènements dans lesquels le symptôme sexuel est venu prendre place. Une tension existait en général bien avant son installation, tension qui a laissé la place à la recherche de l’origine du symptôme ; tension qui est devenue secondaire et mise en relation avec le symptôme : s’il disparaît, l’harmonie renaîtra. La théorie du constructionnisme social, enfin, associé à la critique féministe des thérapies familiales nous a conduits à remettre en question les idées développées jusque là et qui ne tenaient pas compte des implications de la différence des sexes quant aux rôles joués tant au niveau familial que du couple, et quant aux attentes qui en découlent. L’identité sexuée n’existe pas en dehors du contexte qui la détermine en grande partie : elle n’est pas donnée à priori, mais construite dans la relation en référence aux idées ayant cours dans une société particulière. La célèbre phrase de Simone de Beauvoir : « on ne naît pas femme : on le devient » peut tout aussi bien s’appliquer aux hommes. L’identité sexuée repose sur des schémas sociaux dont il est préférable d’avoir connaissance et qu’il conviendra d’expliciter quand il s’agira d’aborder un symptôme sexuel : qu’est-ce qui pour le patient – et son conjoint – constitue le fait d’être un homme ou une femme, et quelles attentes en découlent ? Ainsi que l’exprime fort bien Peggy Papp : « les identités masculines et féminines ne sont jamais aussi vulnérables que dans la chambre à coucher dans laquelle la signification de ce qu’est « un vrai homme » ou « une vraie femme » est mise en relief de façon pointue et jouée en termes à la fois symboliques et réels. Les besoins sexuels, les fantasmes, les désirs et les attentes des hommes et des femmes s’entrecroisent dans une danse complexe qui peut déboucher tout autant sur une fusion bienheureuse que sur l’aliénation, la frustration et le désappointement ». La valeur des femmes est souvent associée au fait de donner aux autres et d’être responsable de leur bien être émotionnel, ce qui les conduit souvent à mettre leurs propres besoins au second plan et à inhiber leur colère. C’est sans doute pourquoi le conflit chez ces dernières fait le lit de la dépression qui tombe à point pour justifier la baisse ou l’absence de libido. Les hommes restent largement dépendant dans la construction de leur identité masculine de l’idée que l’on attend d’eux la réalisation de performances (professionnelles, sportives mais également sexuelles). La simple idée de se sentir faible ou impuissant leur est généralement insupportable. Combien de fois n’ai je pas entendu des hommes frappés de difficultés ou d’absence d’érection se préoccuper surtout de ce que risque d’en penser leur épouse, plutôt que de s’en inquiéter pour eux-mêmes. Là encore, la dépression sera l’élément indépendant de la volonté propre du sujet qui permettra, à elle seule ou en association aux effets indésirables des antidépresseurs, d’expliquer le désintérêt pour la sexualité et d’éviter le conflit. Savoir retrouver en arrière plan du symptôme l’image idéalisée de l’homme ou de la femme que chacun des membres du couple a intériorisé pour mettre à jour les problématiques souvent conflictuelles qui en découlent s’impose donc comme une priorité pour le thérapeute. C’est à partir de là qu’il pourra avec eux construire une histoire différente dans laquelle le symptôme sexuel n’aura plus sa place. En conclusion, considérer que le symptôme sexuel vient dire le conflit reste essentiellement une hypothèse du thérapeute. Si l’on veut bien admettre que le conflit existe toujours (au moins potentiellement) à partir du moment où deux personnes sont dans une relation suffisamment durable, puisqu’il est impossible que leurs intérêts coïncident de façon permanente, la question sera alors pour le thérapeute de savoir comment il va utiliser cette hypothèse afin d’élaborer une stratégie efficace pour résoudre le problème. Différentes pistes s’offrent à lui que nous n’avons fait qu’esquisser au cours de cet exposé. C eux d’entre vous qui ont eu la chance d’entendre Fabrice handicapé(e)s. Qu’ils ou elles puissent avoir la possibilité de Luchini faire la lecture de Muray au théâtre de l’Atelier recourir si elles le désirent à des professionnel(le)s sexuel(les) n’ont certainement pas oublié sa magnifique tirade dans de bonnes conditions devrait pour moi aller de soi, il sufconcernant les emplois jeunes : « Un bataillon d’agents firait d’étudier comment l’organiser, mais il faudrait au préaladu développement du patrimoine ouvre la marche, suivi pres- ble changer la loi et cesser de condamner la prostitution et son que aussitôt par un peloton d’accompagnateurs de détenus. utilisation comme des délits. Dans cette pratique la personne Puis arrivent en rangs serrés, des compagnies d’agents de ges- resterait sujet de son désir et non pas objet d’une compassion tion locative, d’agents polyvalents, d’agents d’ambiance, d’ad- suspecte même si c’était l’assurance maladie qui jouait le rôle joints de sécurité, de coordinateurs petite enfance, d’agents d’entremetteuse. D’autre part le caractère technique du service d’entretien des espaces naturels, d’agents de médiation, d’aides- rendu aurait l’avantage d’éviter toute équivoque. Ces éducateurs, d’agents d’accueil des victimes et j’en passe. Ferme handicapé(e)s souffrent suffisamment de devoir être assisté(e)s le cortège un petit groupe hilare d’accompagnateurs de person- de diverses manières pour leur épargner une dépendance supnes dépendantes placées en institution… etc. ». À cette énu- plémentaire. Il s’agit d’êtres humains à part entière qui la plumération, il manquait pourtant un métier. Rassurez vous la part du temps ont leur propre sexualité soit solitaire soit partalacune est comblée, j’ai appris à la radio qu’il existe une nou- gée : Isabelle, une de mes patientes I.M.C. qui venait en velle profession : assistant sexuel pour personnes handicapées. consultation en fauteuil roulant a eu un petit garçon qu’elle Vous étiez sans doute au courant, moi, j’ignorais encore – bien élève seule, le père s’étant dérobé, elle est métamorphosée que des politiques nous aient déjà promis une société du soin – depuis cette naissance. Une autre jeune I.M.C. en fauteuil roujusqu’où pouvait aller la sollicitude de certains. lant était parfaitement épanouie dans un couple lesbien avec En réalité tout cela est fort une femme normale, une sérieux : un député de la troisième, Sandra, qui prémajorité prépare un projet pare le concours d’avocat, de loi pour officialiser cette vient en thérapie à la suite fonction comme cela existe d’attouchements par un déjà dans plusieurs pays soignant ! Notre devoir est européens : Danemark, de les aider à oublier leur Belgique, Allemagne et différence et non pas de Suisse. Il est indéniable que leur imposer notre commila fonction sexuelle peut sération sous une forme ou Jules Romains (Knock) poser des difficultés insurune autre. L’Enfer, dit la montables aux personnes sagesse des nations est pavé handicapées et il me semble de bonnes intentions. naturel que ces personnes aient accès à des services sexuels Voyons maintenant du côté des candidats à cet assistanat… rétribués, cela porte un non, vieux comme le métier lui-même, Pascal est, dit-il, le « seul aidant sexuel en France » actuellecela s’appelle prostitution. Au risque de choquer, personnelle- ment, marié, père de famille, épanoui dans son couple, formé ment je pense que la prostitution est une réalité sociale et en Suisse en 2008-2009. J’avoue rester très perplexe sur les humaine à respecter dans la mesure où elle ne s’exerce pas sous motivations inconscientes de cet homme que je veux croire la forme du trafic et de l’esclavage des femmes (ou des hom- sincère : pas de pénétration ni de fellation (fait-il des cunnilinmes, ou des transsexuels) et il me semblerait justifié de décri- gus ?). Il y a des corps à corps dans la nudité, des orgasmes, de minaliser la prostitution et de la reconnaître légalement. l’émotion, de l’aventure ! Avec des hommes comme avec des Ceci étant posé, l’affaire mérite réflexion. J’ai trouvé sur Google femmes ! Quelle peut être la part chez lui d’une nouvelle le témoignage d’un Monsieur qui exerce cette activité, Pascal a déviance que l’on pourrait dénommer handicapophilie ? Quels 50 ans : « avec moi elle a eu envie de découvrir un corps qui ne dégâts psychologiques profonds peuvent créer ces contacts, soit pas juste source de souffrance, mais de plaisir… je ne pro- ces émotions chez des sujets fragilisés par leur handicap ? Par pose pas de rapport sexuel complet, ni pénétration, ni fellation, quelle aberration peut-on en arriver là ? Nous retrouvons la mais j’offre des caresses pouvant aller jusqu’à l’orgasme et des vieille confusion sémantique entre fonction sexuelle et sexuacorps-à-corps dans la nudité (il intervient indifféremment auprès lité. Dans un document publié sur Google, l’argumentation en des femmes et des hommes)… je n’ai pas de limite d’âge mais je faveur de cette pratique est développée à partir de la définition n’accepte pas les moins de trente ans, car la différence d’âge me par l’O.M.S. de la santé sexuelle et du droit de chacun à y accégênerait (sic)… Je demande juste le remboursement des frais de der. Bien entendu nous adhérons tous à cette définition et à ce déplacement mais je trouverais plus sain d’être payé… chaque droit, mais cet exemple nous démontre, me semble t’il, comrencontre est une aventure, l’émotion est là ». Dans les pays où bien nous devons rester vigilants devant les interprétations le métier d’« agent polyvalent de masturbation à domicile hygiénistes que certains peuvent en faire et les dérives inquiépour personnes handicapées dépendantes placées ou non tantes susceptibles d’en découler. en institution » est légal, le prix des prestations varie de 100 à Un projet de société dont la finalité serait le soin témoignerait 150 euros, le temps passé n’étant pas précisé ! de l’irrémédiable vieillesse de cette société. Il faut envisager avant tout ce problème du point de vue des Claude Esturgie Sexo Billet d’humeur du Dr Esturgie « En somme l’âge médical peut commencer » # 1 / Mai 2011 25 Livres Art Sans confiance entre les individus, c’est toute notre société qui s’écroule. La peur, la déraison, la faillite, la guerre, la paranoïa menacent. Pourtant : la judiciarisation des rapports contractuels, le désir de contrôle, la difficulté d’accepter notre part humaine de fragilité, sans laquelle la confiance n’existe pas, engendrent une société ou de la défiance. L’essai magistral de Michela Marzano offre une double perspective historique et philosophique : de la banqueroute de Law (1720) à la crise du prêt interbancaire (2007/2008), de l’égoïsme libéral au doute systématique des théories du complot, du don de soi dans l’amour,de la confiance dans la relation médicale, à la multiplication des conflits juridiques dans la sphère privée (sait-on que 70 % des contentieux au TGI sont familiaux ?), de la crainte de tout perdre à l’éloge de la dépendance, Michela Marzano construit et déconstruit notre rapport à la confiance. Le pilier de notre civilisation. de Michela Marzano, Éd. Grasset Dans son dernier livre, Sex@ mour, Jean-Claude Kaufmann enquête sur les rencontres amoureuses sur Internet, et nous livre quelques clés essentielles du nouveau pays des amours qui n’a rien de merveilleux. Internet a bouleversé les codes de la rencontre entre deux individus. Tout se passe dorénavant avec une incroyable facilité - et rapidité. Résultat : une banalisation de la sexualité qui soulève une question brûlante chez le sociologue : le sexe peut-il vraiment devenir un loisir comme les autres ? de Jean-claude Kaufmann, Éd. Armand Collin Sans oublier… 26 Mai 2011 / # 1 De nombreux individus se disent aujourd’hui libertins : parmi eux, ceux qui fréquentent les clubs et les lieux de rencontres sadomasochistes, échangistes, « fétichismes », de sexualité de groupe, ceux qui s’intéressent également à la pornographie… Ils sont à la recherche de la jouissance totale, et se veulent affranchis de toute contrainte et de tout attachement. Alberto Eiguer décrit ces libertins d’hier et d’aujourd’hui : qu’ont-ils en commun et qu’est ce qui les différencie ? Le libertin est-il un pervers ? Un prédateur ? Jusqu’où est-il prêt à aller pour satisfaire ses désirs ? L’auteur répond à toutes les questions que posent ces personnalités, et donne des perspectives thérapeutiques. Le propos est ponctué de cas cliniques et d’exemples puisés dans la littérature. de Albert Eiguer, Collection : Psychismes, Éd. DUNOD Qui voudrait encore, du moins en Europe, mourir pour Dieu, pour la Patrie, pour la Révolution ? Personne ou presque, mais pour ceux que nous aimons, nous serions prêts à tout. Par-delà l’humanisme des Lumières et ses critiques, par-delà Kant et Nietzsche, une nouvelle spiritualité laïque naît de la sacralisation de l’humain par l’amour. Ce livre raconte son histoire. Il dévoile ses liens secrets avec une autre aventure, celle de la vie de bohème. de Luc Ferry, Éd. PLON « L’amour, c’est comme retrouver un parent perdu, son regard traverse la mort, et, avec lui, surgissent des foules de détails précis, formes, sons, couleurs, odeurs. Une femme vraiment aimée est brusquement la même qu’une autre, très différente, et qu’on n’oubliera jamais. Mais cette matinée aussi est la même qu’il y a vingt ou trente ans, ce rayon de soleil est le même, ce passage de bateaux le même, ces mouettes les mêmes. L’autre, contrairement à la vieille rengaine romantique, est le même quand même. Toute séparation se dissout dans le soir puissant. Les amoureux sont seuls au monde parce que le monde est fait pour eux et par eux. L’amour est cellulaire dans les tourbillons du hasard, et ces deux-là avaient une chance sur quelques milliards de se rencontrer à la même époque. Entre le français et l’italien, il y a une longue et bizarre histoire. Elle ne demande, avec Stendhal, qu’à s’approfondir ». de Philippe Sollers xxxx p., Éd. Gallimard au prochain numéro Dysfonction érectile CIALIS® (tadalafil). FORMES ET PRESENTATIONS (*) : CIALIS 2,5 mg, CIALIS 5 mg, CIALIS 10 mg ou CIALIS 20 mg, comprimés pelliculés. COMPOSITION (*): 2,5 mg, 5 mg, 10 mg ou 20 mg de tadalafil. Excipients: contient du lactose monohydraté. INDICATIONS : Traitement de la dysfonction érectile chez l’homme adulte. Une stimulation sexuelle est requise pour que tadalafil soit efficace. CIALIS n’est pas indiqué chez la femme. POSOLOGIE ET MODE D’ADMINISTRATION (*) : Voie orale. Homme adulte : Dose recommandée : 10 mg à prendre avant toute activité sexuelle prévue, pendant ou à distance des repas. En cas d’effet insuffisant, une dose de 20 mg peut être préconisée. CIALIS peut être pris au moins 30 minutes avant toute activité sexuelle. Fréquence d’administration maximale : une prise par jour (tadalafil 10 mg ou 20 mg n’est pas recommandé pour une utilisation quotidienne prolongée). Chez les patients répondeurs à un traitement à la demande qui prévoient un usage fréquent de CIALIS, la prise d’un comprimé par jour, à des doses plus faibles peut être considérée comme adéquate, la décision dépendant du choix du patient et de l’avis du médecin. Chez ces patients, la posologie recommandée est de 5 mg, une fois par jour, approximativement au même moment de la journée. Réduction possible à 2,5 mg une fois par jour, selon la tolérance individuelle. Hommes âgés ou atteints de diabète ou d’insuffisance rénale légère à modérée : Aucun ajustement posologique. Insuffisance rénale sévère : Dose maximale recommandée : 10 mg. Administration quotidienne non recommandée. Insuffisance hépatique : Dose recommandée : 10 mg. Administration de doses supérieures à 10 mg ou administration quotidienne : aucune donnée. Insuffisance hépatique sévère (ChildPugh, classe C) : données cliniques de tolérance limitées. Une évaluation individuelle attentive du rapport bénéfice/ risque devra être effectuée par le médecin. Population pédiatrique : Non indiqué chez les patients de moins de 18 ans. CONTRE-INDICATIONS : Hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients. Lors des essais cliniques, il a été montré que le tadalafil potentialisait l’effet hypotenseur des dérivés nitrés. Cela résulterait des effets conjugués des dérivés nitrés et du tadalafil sur la voie monoxyde d’azote / GMPc. CIALIS est donc contre-indiqué chez les patients qui reçoivent des dérivés nitrés sous n’importe quelle forme (voir rubrique Interactions Médicamenteuses). Les traitements de la dysfonction érectile, tels que CIALIS, ne doivent pas être utilisés chez les hommes atteints de maladie cardiaque et pour qui l’activité sexuelle est déconseillée. Les médecins doivent évaluer le risque cardiaque potentiel de l’activité sexuelle chez les patients ayant des antécédents cardiovasculaires. Les groupes de patients présentant les antécédents cardiovasculaires suivants n’ayant pas été inclus dans les essais cliniques, l’utilisation du tadalafil est donc contre-indiquée chez : - les patients ayant présenté un infarctus du myocarde au cours des 90 derniers jours, - les patients souffrant d’angor instable ou présentant des douleurs angineuses pendant les rapports sexuels, - les patients ayant présenté une insuffisance cardiaque supérieure ou égale à la classe 2 de la classification NYHA (New York Heart Association) au cours des 6 derniers mois, - les patients présentant des troubles du rythme non contrôlés, une hypotension artérielle (< 90/50 mm Hg) ou une hypertension artérielle non contrôlée, - les patients ayant eu un accident vasculaire cérébral au cours des 6 derniers mois. CIALIS est contre-indiqué chez les patients ayant une perte de la vision d’un œil due à une neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NOIAN), que cet événement ait été associé ou non à une exposition antérieure à un inhibiteur de la PDE5 (voir rubrique Mises en garde spéciales et précautions d’emploi). MISES EN GARDE SPECIALES ET PRECAUTIONS D’EMPLOI (*) : Pour l’ensemble des dosages : Avant d’instaurer tout traitement de la dysfonction érectile, recueillir les antécédents médicaux et réaliser l’examen clinique afin de diagnostiquer la dysfonction érectile et d’en déterminer les causes sous-jacentes potentielles. Des anomalies visuelles et des cas de NOIAN rapportés à la suite de la prise de CIALIS et d’autres inhibiteurs de la PDE5. Le patient doit être averti qu’en cas d’anomalie visuelle soudaine, il doit arrêter la prise de CIALIS et consulter immédiatement un médecin (voir Contre-indications). Les patients doivent être informés du fait de devoir chercher une assistance médicale immédiate s’ils présentent une érection d’une durée de 4 heures ou plus. Utiliser avec prudence en cas de pathologies susceptibles de prédisposer au priapisme ou en cas de malformation anatomique du pénis. L’efficacité de CIALIS n’est pas connue chez les patients ayant subi une intervention chirurgicale pelvienne ou une prostatectomie radicale sans préservation des bandelettes nerveuses. Les patients devront être informés de ne pas associer CIALIS à d’autres inhibiteurs de la PDE5 ou à d’autres traitements de la dysfonction érectile. CIALIS contient du lactose monohydraté. Ne pas administrer en cas d’intolérance héréditaire rare au galactose, de déficit en lactase de Lapp ou de syndrome de malabsorption du glucose-galactose. CIALIS 2,5 mg et 5 mg : Lors de l’initiation du traitement quotidien par tadalafil chez les patients recevant des médicaments anti- hypertenseurs, envisager une adaptation éventuelle de la posologie du traitement antihypertenseur. INTERACTIONS MEDICAMENTEUSES (*) : Les études d’interaction ont été conduites avec la dose de 10 et/ou 20 mg de tadalafil. Certaines antiprotéases (ritonavir ou saquinavir), et d’autres inhibiteurs du CYP3A4 (érythromycine, clarithromycine, itraconazole, kétoconazole et jus de pamplemousse) doivent être co-administrés avec prudence. Risque potentiel d’augmenter les concentrations plasmatiques de tadalafil. Une diminution des concentrations plasmatiques du tadalafil ne peut être écartée lors de l’association à la rifampicine et autres inducteurs du CYP3A4 (phénobarbital, phénytoïne et carbamazépine). Chez un patient prenant CIALIS quelque soit la dose, et chez qui l’administration d’un dérivé nitré est nécessaire pour le pronostic vital, respecter un délai minimum de 48 h après la dernière prise de CIALIS. L’administration simultanée de tadalafil et de doxazosine n’est pas recommandée. Cette association augmente significativement l’effet hypotenseur de cet alpha-bloquant. Cet effet peut se prolonger pendant au moins douze heures et se manifester par des symptômes tels que des syncopes. Utilisation avec prudence du tadalafil chez les patients traités par alpha-bloquants, notamment chez les personnes âgées. Chez les patients traités par antihypertenseurs, le tadalafil 20 mg peut induire une baisse de la pression artérielle, généralement mineure et vraisemblablement sans conséquence clinique. Lors de l’administration concomitante de tadalafil 10 mg et de théophylline : légère augmentation (3,5 battements/min) de la fréquence cardiaque. Même si cet effet est mineur et qu’il n’a eu aucune signification clinique, il doit toutefois être pris en considération en cas d’administration concomitante de ces médicaments. Les concentrations en alcool (concentration sanguine maximale moyenne de 0,08 %) n’ont pas été affectées par l’administration concomitante de tadalafil (10 ou 20 mg). Chez certains sujets, observation de sensations de vertiges et d’hypotension orthostatique. Aucune étude d’interaction spécifique avec les traitements antidiabétiques n’a été conduite. GROSSESSE ET ALLAITEMENT (*) : Données limitées chez la femme enceinte. Par précaution, il est préférable d’éviter l’utilisation de CIALIS pendant la grossesse. CIALIS ne doit pas être utilisé pendant l’allaitement. EFFETS SUR L’APTITUDE A CONDUIRE DES VEHICULES ET A UTILISER DES MACHINES (*) : Les patients doivent connaître la manière dont ils réagissent à CIALIS avant de conduire un véhicule ou d’utiliser des machines. EFFETS INDESIRABLES (*) : Effets très fréquents : céphalées. Effets fréquents : dyspepsie, douleurs dorsales, myalgies. Effets peu fréquents : vision trouble, douleurs oculaires, tachycardie, palpitations, hypotension, hypertension, douleur abdominale, douleur thoracique1. Effets rares : accident vasculaire cérébral1 (y compris évènements hémorragiques), syncope, accidents ischémiques transitoires1, convulsions, amnésie transitoire, anomalie du champ visuel, neuropathie optique ischémique antérieure non-artéritique (NOIAN)3, occlusion vasculaire rétinienne3, perte soudaine de l’audition2, infarctus du myocarde, angor instable3, arythmie ventriculaire3, syndrome de Stevens-Johnson3, érections prolongées, priapisme3, mort subite d’origine cardiaque1,3. (1) La plupart des patients chez lesquels ces évènements ont été rapportés présentaient des facteurs de risque cardiovasculaires préexistants. (2) Des cas de diminution ou de perte de l’audition subite ont été rapportés chez un petit nombre de patients après commercialisation et au cours d’essais cliniques avec tous les inhibiteurs de la PDE5, dont le tadalafil. (3) Des effets indésirables non observés dans les essais cliniques contrôlés versus placebo ont été rapportés lors de la surveillance après commercialisation. SURDOSAGE (*). PHARMACODYNAMIE (*). PHARMACOCINETIQUE (*). DONNEES DE SECURITE PRE-CLINIQUE (*). CONDITIONS PARTICULIERES DE CONSERVATION (*). LISTE I. (*) Pour une information complète, consulter le Résumé des Caractéristiques du Produit disponible sur le site internet de l’AFSSAPS. NUMEROS AU REGISTRE COMMUNAUTAIRE DES MEDICAMENTS : EU/1/02/237/006, 008, 001, 003, 004 : CIALIS 2,5 mg – 28 comprimés pelliculés - CIP 3400938054316 ; CIALIS 5 mg – 28 comprimés pelliculés - CIP 3400938054545 ; CIALIS 10 mg – 4 comprimés pelliculés - CIP 3400936079847 ; CIALIS 20 mg – 4 comprimés pelliculés - CIP 3400936080096 ; CIALIS 20 mg – 8 comprimés pelliculés - CIP 3400936080157. Non remboursé par la Sécurité Sociale. Non agréé à l’usage des Collectivités. Date de dernière révision : 06 septembre 2010. LILLY FRANCE S.A.S. 13, rue Pagès 92158 Suresnes Cedex - Tél. : 01 55 49 34 34 - Information Médicale/ Pharmacovigilance : Tél.: 01.55.49.32.51 ou n° vert 0 800 00 36 36 / Fax : 01 55 49 33 07. Lilly France - Société par Actions Simplifiée au capital de 358 511 701 e - 609 849 153 R.C.S. Nanterre – CIALIS_MLA-version1-septembre2010 Libre d’aimer FRCLS00098 - Novembre 2010 - © Lilly – Tous droits de reproduction réservés. L ’amour nous appartient…