La sexologie rencontre les autres disciplines : saison 2

Transcription

La sexologie rencontre les autres disciplines : saison 2
Journal de la Fédération
Française de Sexologie et de Santé Sexuelle
#1
Mai
2011
5es Assises Françaises de
Sexologie et de Santé Sexuelle
« La sexologie
rencontre
les autres
disciplines :
saison 2 »
Montpellier – du 22 au 25 mars 2012
www.ff3s.com
santé
publique / 12
des spots
contre les
violences
sexuelles
Cette campagne vise
à enseigner aux enfants
leurs droits de fixer
des limites et de
dénoncer les abus.
Psycho / 12
Travestissement
Médical / 16
Le temps
du couple
Edito
Sexologie, une histoire en mouvement
Marie Hélène Colson
[email protected]
La sexologie est une discipline neuve. Elle s’est progressivement
affirmée depuis une trentaine d’années, en réponse à de nouveaux
besoins, à de nouvelles aspirations des individus et des couples.
Portée par la libéralisation de la parole et la médiatisation de la
sexualité, elle s’est renforcée avec l’avènement des aspirations au
bonheur et au plaisir, de toute une génération de baby-boomers.
Une demande nouvelle, soutenue par des ressources nouvelles
elles aussi, avec la commercialisation de molécules novatrices, au
secours des défaillances sexuelles principalement masculines.
Venue de Californie, la sexologie française a peu à peu mérité ses
lettres de noblesse, en se construisant, en s’identifiant comme une
discipline à part entière, portée par différents courants de pensée
et par les systèmes thérapeutiques qui l’ont fondée. Avec le temps,
en France, la sexologie s’est progressivement affirmée comme un
territoire croisé, riche de sa transversalité, de ses différences, entre
médecins ou pas, universitaires ou pas. Un carrefour de réflexion
et d’action thérapeutique original et efficace.
Le bilan de notre action au sein de nos sociétés savantes est
particulièrement positif. Ensemble, nous avons affirmé notre
expérience, notre professionnalisme, et notre identité. Ensemble
nous avons progressé pas à pas dans la reconnaissance de la
validité scientifique et de l’importance thérapeutique de notre
profession. Nous avons conçu, mis en œuvre et donné une
dimension nationale à l’enseignement universitaire de la sexologie.
Nous avons créé Sexologies, la revue scientifique, indexée,
des Sexologues français et européens. Nous avons publié, puis
actualisé des recommandations de prise en charge thérapeutique
de la dysfonction érectile destinées aux médecins non sexologues,
et nous allons continuer dans cette voie pédagogique. Nous avons
structuré et commencé à mettre en œuvre la formation continue
envers les médecins et les non médecins.
Aujourd’hui, après un long chemin, nous célébrons enfin l’avènement de la FF3S, Fédération française de sexologie et de santé
sexuelle. L’union de nos forces vives, celles de la SFSC et de
l’AIHUS, va nous permettre d’accéder à une étape essentielle de
notre développement. Il nous faut aujourd’hui privilégier la
reconnaissance accrue de notre profession auprès des instances
universitaires et de santé. Nous ne pourrons pas continuer à nous
renforcer sans une participation plus active aux grands débats qui
mobilisent aujourd’hui notre société. L’objectif de la FF3S est de
nous permettre de disposer d’un espace privilégié de représentation
pour notre profession. La FF3S doit être le fer de lance des actions
communes à mener en direction de la défense des intérêts des
sexologues, conjointement au SNMS. Elle doit nous permettre de
devenir l’interlocuteur de référence et le partenaire privilégié des
grandes instances et des medias. Nous devons intervenir activement, et à un niveau national, dans les grands débats d’aujourd’hui
impliquant la sexualité : violences conjugales, criminalité sexuelle,
harcèlement sexuel, sexualité sur internet et pornographie, grandes
actions de prévention envers l’enfance et l’adolescence, contraception, éducation sexuelle, éducation thérapeutique, procréation
médicalement assistée, MST et Sida, etc. Nous nous devons
d’apporter notre expertise aux grands débats d’idées, actuellement
laissés à la seule discrétion des medias, qui généralisent des normes
anarchiques, édictées sans validité ni scientifique, ni éthique,
ni morale, vides de cohérence interne. Aux besoins sociétaux
d’aujourd’hui, à ces nouvelles urgences, nous devons opposer de
nouvelles ressources. La FF3S est l’outil qui va nous permettre de
continuer à nous développer autrement, dans une société au paysage
profondément remodelé. La FF3S n’a pas vocation à se substituer
aux sociétés savantes qui la constituent. L’AIHUS et la SFSC restent
les garants du contenu scientifique, moral, éthique, de la sexologie
française. Il nous reste encore à structurer une véritable théorie
scientifique autour d’une clinique encore en pleine définition, à
continuer à valider nos systèmes thérapeutiques par un renforcement de nos publications. Cela reste le rôle de nos sociétés savantes
et de leurs commissions de recherche.
Pierre Costa est le Président de notre fédération et Marc Ganem
en est le Vice Président. Tous deux ont mandat pour nous
représenter, à la fois auprès des grandes instances et auprès de
l’industrie pharmaceutique. Leur action, soutenue par la force
unie de nos deux sociétés savantes, sera décisive.
Le site internet de la FF3S, principalement tourné vers le grand
public, est destiné à devenir l’un des grands moyens de diffusion de
notre compétence professionnelle, de notre validité scientifique, et de
notre éthique. Il servira d’outil d’éducation thérapeutique envers le
grand public, mais aussi de moyen de formation pour les professionnels de santé souhaitant s’initier ou se perfectionner à la sexologie et/
ou à la médecine sexuelle, par des modules de e-learning. Il servira
aussi de lien entre nos membres et aux étudiants de nos enseignements grâce à des espaces et des forums dédiés. Nous comptons sur
vous tous pour y participer activement et le faire vivre. Chacun
d’entre nous peut y contribuer et je demande à nouveau à tous ceux
qui souhaitent s’y impliquer plus activement de se rapprocher de
moi. Nous comptons sur vous tous pour y participer activement et
le faire vivre. Chacun d’entre nous peut y contribuer et je demande à
nouveau à tous ceux qui souhaitent s’y impliquer plus activement de
se rapprocher de moi. Nous avons aujourd’hui, l’occasion d’écrire
une nouvelle page d’histoire de la sexologie française grâce à la FF3S.
C’est elle qui nous permettra de continuer à nous développer, tous
ensemble, en disposant de moyens d’action plus puissants et plus
efficaces. Nous pourrons ainsi nous préparer à relever les défis
toujours plus difficiles d’une société en pleine redéfinition. •
# 1 / Mai 2011
3
Agenda
6èmes JOURNEES FRANCO-MAROCAINES DE GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE
Du 12 au 15 mai 2011 (Hôtel Kenzi Menara) MARRAKECH (Maroc)
www.lesjfm.com
2ème
CONGRES DU GROUPE D’EUTDE SUR LA MENOPAUSE
ET LE VIEILLISSEMENT HORMONAL
Du 13 au 14 mai 2011 – (Hôtel Marriott) PARIS (France)
www.gemvi.org
les
journées sexogyn
Du 27 au 28 mai 2011 – (Hôtel Mercure Centre) MARSEILLE (France)
www.gynecomarseille.com
13TH WORLD CONGRESS ON MENOPAUSE
Du 8 au 11 juin 2011 – ROME (Italie)
www.imsroma2011.com
WAS – 20TH WORLD CONGRESS FOR SEXUAL HEALTH
Du 12 au 16 juin 2011 – GLASGOW (Grande Bretagne)
E-mail : [email protected]
LES TRANSVERSALES
Du 22 juin au 25 juin 2011 – BIARRITZ (France)
www.congresmedical-team5.com/transversales2011
CIFAS – 6ème CONGRES INTERNATIONAL FRANCOPHONE
SUR L’AGRESSION SEXUELLE
Du 12 au 14 septembre – (Palais des Congrès) MONTREUX (Suisse)
www.unil.ch/cifas2011
14th
CONGRESS OF THE EUROPEAN SOCIETY
FOR SEXUAL MEDICINE
Du 1er au 4 décembre 2011 – MILAN (Italie)
www.essm.org
Retrouvez toutes les manifestations sur www.ff3s.com
sexologos
est édité par la Fédération
Française de Sexologie
et Santé Sexuelle
Président
Pierre Costa
vice-président
Marc Ganem
4
Mai 2011 / # 1
secrétaire général
Marie-Hélène Colson
trésorier
David Zarouk
FF3S
Siège social
215 chemin de la Pimprenelle
30000 Nîmes
REALISATION EDITION
326 Bureaux de la colline
92213 Saint Cloud Cedex
Tél. 01 49 10 38 92
Fax 01 49 10 00 56
[email protected]
www.r-events.fr
S
Sommaire
#1
Mars
2011
14
4
SexoAgenda
6
Santé
12
18
à la une
Du monde
Publique
SexoFormation
SexoMéd
14
Le temps du couple
17
SexoEn crise
Académie des Sciences Sexologiques : Actualité et Devenir
SexoPsy
18
Travestissement
21
SexoPsycho
Et si la sexualité était de « nature initiatique »…
22Quand
le symptôme sexuel
vient dire le conflit
25 SexoBillet d’humeur
« En somme l’âge médical peut commencer » Jules Romains (Knock)
22
80 euros : Membres titulaires (chèque libellé à l’ordre de la SFSC)
Comprenant l’abonnement gratuit à
40 euros : Membres attachés ou FMC (chèque libellé à l’ordre de la SFSC)
Comprenant l’abonnement gratuit à
Abonnement préférentiel à la revue “Sexologies” organe scientifique de la FF3S : 80 euros
(chèque de 70 euros à l’ordre d’ELSEVIER MASSON ­– la SFSC prend 10 euros à sa charge sur cet abonnement)
Je souscris à :
Coupon et chèque à renvoyer à SFSC - 32, av. Carnot, 75017 Paris
Nom : Profession : Adresse : Téléphone :
Prénom :
Date de naissance :
$
2011
Cotisation
26 SexoArt
E-mail :
# 1 / Mai 2011
5
à la une
DYSFONCTIONS
SEXUELLES FEMININES
Quand, pourquoi
et comment en parler
avec les urologues ?
Les dysfonctions sexuelles féminines (DSF)
sont fréquentes et souvent associées à des
pathologies urogynécologiques. Certaines
peuvent être prises en charge par les urologues.
Il ne faut donc pas hésiter à les évoquer avec
les patientes.
20 à 50 % des femmes souffriraient de dysfonctions sexuelles à un moment de leur vie et dans
une enquête américaine, 25 % seulement des
praticiens interrogés ont reconnu avoir abordé
la question de la sexualité avec leurs patientes.
Quatre types de DSF sont décrits : les troubles
du désir, de l’excitation, de l’orgasme et les
dyspareunies. Chaque diagnostic est divisé
en primitif ou acquis, général ou situationnel,
organique ou psychogène.
Différentes pathologies peuvent induire des
DSF : l’âge et la ménopause bien sûr, mais
aussi des pathologies chroniques (neurologiques, cardiovasculaires, cancéreuses),
le diabète, la chirurgie pelvienne, les syndromes
dépressifs, le poids de l’éducation…
Les DSF sont fréquentes (de 40 à 60 % selon
les études) chez les femmes dont le partenaire
présente une dysfonction érectile (DE). De plus,
la présence d’une DSF est un facteur prédictif
négatif de prise en charge des DE. Cependant,
il n’y a pas de corrélation entre la présence de
DSF et l’étiologie de la DE (Greenstein, 2006).
Chez les femmes présentant des troubles du
bas appareil, on observe une prévalence élevée
de DSF (troubles de désir, douleur et diminution
de la satisfaction) liée à l’anxiété et à la baisse
d’estime de soi. Un syndrome anxiodépressif
est souvent retrouvé chez ces patientes.
L’incontinence urinaire a un fort retentissement
sur la sexualité et deux études ont montré une
amélioration de la DSF après correction du
trouble par l’oxybutinine (Ditropan). Les DSF
sont aggravées quand des troubles de la statique pelvienne sont associés à l’incontinence
d’effort. Il en est de même des prolapsus sévères qui s’accompagnent d’une incontinence.
En ce qui concerne la prise en charge thérapeutique des DSF, la rééducation pelvipérinéale
améliore la sexualité par renforcement du
plancher périnéal. Le traitement de l’incontinence par bandelettes TOT (Trans-Obturator Tape)
ou TVT (Tension-Free Vaginal Tape) améliore
aussi les DSF.
La chirurgie des prolapsus améliore les DSF
quelle que soit la voie d’abord.
AFU 2010
6
Mai 2011 / # 1
1 Français sur 5
s’est déjà inscrit
sur un site
de rencontres
Un français sur cinq a déjà été inscrit sur un
site de rencontres, « à la recherche de l’amour pour une nuit ou pour la vie,
d’un échange, d’une amitié » et les hommes sont plus nombreux que les femmes
à faire la démarche, selon une étude CSA pour Orange et le magazine TerraFemina. Le succès de Meetic, poids lourd du secteur, a fait des petits : quelques
2 000 sites internet spécialisés existent, qui visent les quelques 15 millions de
célibataires français. 1 français sur 5 (20 %) a déjà été inscrit sur un de ces sites,
8 % l’étant toujours actuellement et 12 % s’étant désinscrits. Les hommes sont un
peu plus nombreux à avoir fait la démarche : 23 % contre 17 % chez les femmes,
tous âges confondus. 67 % des femmes âgées de 25-49 ans indiquent s’être désabonnées car elles avaient rencontré quelqu’un – sans préciser si cette rencontre
s’est faite grâce au site web ou pas – contre 46 % des hommes du même âge.
« Internet est devenu un partenaire technologique pour trouver quelqu’un
pour la nuit ou pour la vie, on connaît désormais tous quelqu’un qui a trouvé
quelqu’un sur internet ou qui y va dans ce but », souligne le sociologue Pascal
Lardellier cité dans l’étude. « D’après ce baromètre, 62 % des français pensent
que ces sites ne servent qu’à multiplier les conquêtes, et nouer des relations courtes. Les hommes le pensent plus que les femmes -66 % contre 58 %. Et d’autres en
profitent pour se faire des amis, tout simplement », résume l’enquête. « Il y a une
dédramatisation de ces sites, y aller n’a plus rien de sulfureux » estime M. Lardellier, un phénomène qu’il nomme « droit au libertinage ».
Cette enquête a été réalisée auprès de 988 personnes interrogées en ligne
du 18 au 22 novembre.
UNE STATUE GéANTE DE FEMME NUE DéCLENCHE
UNE LEVéE DE BOUCLIERS EN TOURAINE
Un projet de statut monumentale d’une femme nue, appelée à surplomber une abbaye historique
aux portes de Tours, suscite une virulente polémique : les opposants crient à l’hérésie et une
pétition appelant à sa délocalisation a déjà recueilli plus de 4 000 signatures. Au milieu de sa
fonderie-atelier de Rochecorbon près de Tours, le sculpteur de renom Michel Audiard, auteur du
projet de « Femme Loire » financé sur ses propres deniers et par du mécénat d’entreprise,
s’amuse de toute cette agitation. La statue, représentant
une femme nue allongée et accoudée sur le sol, mesurera 17
mètres de haut et 40 de long, et sera faite de carton, de
plâtre et de chaux. Sous ses immenses jambes repliées doit
être construit un espace vitré appelé à accueillir visiteurs,
expositions et spectacles. Ce sera « un marqueur identitaire
régional », visible notamment par les millions d’automobilistes empruntant l’A10 Paris Bordeaux, assure l’artiste rendu
célèbre par ses stylos sculptés prisés de Bill Clinton ou
Madonna. L’emplacement : un terrain prêté à l’artiste par la
municipalité, qui surplombe, caché par les arbres, le site historique de l’Abbaye de Marmoutier, sur
la rive nord de la Loire en face de Tours. La pétition a été lancée par un comité qui se veut
apolitique et agit au nom de la défense de l’Abbaye de Marmoutier, fondé par Saint Martin au 4e
siècle, situé au cœur du Val de Loire inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Le texte a recueilli
en quelques semaines plus de 4 000 signatures : responsables d’associations, élus, catholiques ou
simples citoyens outrés. Sur le site de la pétition comme sur Facebook ou Twitter, les détracteurs
sont vent debout. Pas tant contre la statue elle-même mais contre son emplacement prévu.
« Honte », « provocation » reviennent en boucle.
Mot du Président de la Sfsc
Se reconnaître
et être reconnu…
E
n ce 1er avril 2011 la SFSC a élu son nouveau Président et à travers
ma candidature une équipe qui a recueilli la confiance du Conseil à
l’unanimité. Le chemin parcouru depuis la naissance de la SFSC en 1974
est aussi impressionnant que riche d’enseignement de la part de ceux
qui ont osé ouvrir la voie, jusqu’à faire admettre non sans mal la notion légitime
de santé sexuelle, au-delà des préjugés et des tabous.
Le chapitre de la vie de la SFSC durant les 16 dernières années a été écrit sous
la Présidence du Dr Marc GANEM dont je tiens à saluer ici, au nom des
membres de la SFSC, la constante pugnacité alliée à la sagesse non moins
volontaire du Dr Nicole ARNAUD-BEAUCHAMPS (Vice Présidente) et à
la persévérance méticuleuse du Dr Arnaud SEVENE, honnête homme par excellence au sens humaniste.
Le passage de témoin revêt à mes yeux un double impératif : se reconnaître et être reconnu.
Continuer à se reconnaître dans la SFSC sera une préoccupation pour chacun de ses membres
se revendiquant d’appartenir à une société savante et d’utilité publique. Ensemble, médecins
et non médecins abordant le champ de la sexologie avec autant de formations spécifiques que
de sensibilités diverses, continuent de faire évoluer les concepts touchant à la sexualité humaine,
grâce au partage de leurs expériences professionnelles et/ou leurs travaux scientifiques.
Être reconnu implicitement à travers la SFSC, elle-même visible et crédible autant auprès des instances
politiques de santé et les organismes universitaires faisant autorité qu’aux yeux du grand public
-nos patients- toujours désireux de s’informer et de faire confiance à bon escient.
Ambitieux défi en effet que cette reconnaissance en miroir : il sera relevé par l’approfondissement
de nos connaissances sur tous les aspects de la sexologie déclinés dans nos séminaires, congrès et assises,
et ce, grâce au soutien de nos partenaires de l’industrie pharmaceutique, qui ont parfaitement saisi
le formidable levier de progrès que constitue cette unique transversalité entre les différentes disciplines
se relayant et se reliant les unes aux autres.
La SFSC doit sa vitalité à l’extraordinaire élan donné par nos aînés et à la force de conviction
des passionnés de la formation continue.
La SFSC se sait et se veut toujours être reconnue par son abord raisonné de toutes les thématiques,
par ses postures raisonnables, et par son engagement dans des pistes de réflexion en résonance avec
les valeurs actuelles professionnelles et sociétales.
David Zarouk
# 1 / Mai 2011
7
Du monde
12 KILOS EN TROP,
SEXE EN MOINS
Une étude récemment commanditée en Angleterre par une marque de produits amincissants cherche à prouver que les femmes minces font plus l’amour que
les femmes grosses. Parmi 3 000 femmes interrogées, plus de la moitié des
« tailles 36 » disent avoir fait l’amour dans les sept derniers jours précédant
l’étude. En revanche, 12 % des obèses affirment ne pas avoir eu de relations
sexuelles depuis un an et 6 %
disent ne pas avoir eu d’aventures depuis six mois. On suppose
que le but de l’enquête est de
pousser les femmes fortes à faire
un régime en leur donnant une
motivation supplémentaire…
Mais la vraie question est
ailleurs. Qu’est ce qui empêche
vraiment ces femmes de profiter des plaisirs charnels ? Dans
une société où la quête de la
perfection physique (passant
obligatoirement par la minceur)
est le nouveau Graal, ceux et
celles qui ne correspondent pas
à cet idéal ont tendance à s’exclure d’eux-mêmes. La représentation de soi est essentielle
dans le fonctionnement du
désir féminin. Le manque de
confiance en soi, l’ignorance choisie ou la haine de son propre corps ne mettent
pas dans des dispositions érotiques idéales. Loin s’en faut.
Concrètement, avoir des formes peut être un atout de taille, car la sensualité se
niche aussi dans la chair : une belle poitrine débordant du soutien-gorge, ou des
fesses généreusement appétissantes… Mais les hommes aiment les femmes
plantureuses qui s’assument et non celles qui se cachent…
L’AMOUR DICTÉ PAR
LES BACTERIES ?
Foin des élans du cœur et des sentiments
élevés, ce sont plus prosaïquement nos
bactéries digestives qui écriraient notre
carte du Tendre ! Si l’on suit Rosenberg
et coll. qui ont étudié de près la drosophile, la petite mouche choisit son âme
sœur en fonction de la bactérie prédominante dans son intestin. Ils ont divisé
une population de mouches en 2 groupes
et nourri le premier à base de fécule et
l’autre à base de sucre de malt. Remises
toutes ensemble au bout d’un an de ce
régime, on s’aperçoit que chacune choisit
pour s’accoupler une drosophile nourrie
de la même manière. L’analyse de la flore
digestive montre une prédominance de
Lactobacillus plantarum suite au régime à
base de fécule, associée à une présence
particulière de phéromones. Lorsque
l’on ajoute un antibiotique qui élimine
les bactéries, l’accouplement se fait au
hasard et les phéromones ont disparu.
Rosenberg ne voit pas l’organisme vivant
isolé comme unité de base de la sélection naturelle mais celui-ci inclut dans un
milieu biologie très large, qu’il nomme
« holobiont », auquel contribuent tous
les partenaires de l’organisme… jusqu’à
ses bactéries saprophytes. Bactéries et
organisme évoluant la main dans la main
et non chacun pour son propre compte.
Proc Natl Acad Sci,
en ligne le 2 décembre 2010
L’amygdale, une formation cérébrale impliquée
dans le contrôle des réponses comportementales, telles que la peur ou l’anxiété, présente des
différences en fonction du sexe, mais dont la nature est encore mal comprise. Des Américains
apportent un éclairage nouveau en objectivant
une genèse plus importante des astrocytes
au niveau de l’amygdale médiane en cours de
développement chez les rates que chez les rats.
Les endocannabinoïdes sont à la base de cette
différence et l’administration d’un agoniste non
sélectif des récepteurs aux cannabinoïdes induit
une modification du comportement social ludique des rates nouveau-nées en le rapprochant
de celui des mâles.
La seule chose qu’on savait, jusqu’ici, des
différences sexuelles au niveau de cette forma8
Mai 2011 / # 1
tion cérébrale est que la taille de l’amygdale
médiane est plus importante chez les adultes
de sexe masculin. L’équipe de Margaret McCarthy va aujourd’hui plus loin. Ces chercheurs
ont d’abord découvert que l’amygdale de rates
nouveau-nées présente, au 4ème jour après
la naissance, davantage de nouvelles cellules
que celles des mâles. Par ailleurs, l’administration d’un agoniste non sélectif des récepteurs
CB1/2 aux cannabinoïdes (le WIN) abolit
cette différence, ce qui suggère le rôle de ces
derniers dans la prolifération cellulaire plus
importante observée chez les femelles.
La réalisation d’une épreuve « open-field »
montre, de façon étonnante, une « masculinisation » du comportement des jeunes rates après
traitement par l’agoniste WIN. Dans ce test, les
rats mâles passent davantage de temps à jouer.
Par contre, le traitement WIN n’a aucun effet
sur l’anxiété ou les réponses locomotrices, également explorées par l’open-field. Les auteurs
estiment qu’il serait intéressant, désormais,
d’explorer l’action des hormones gonadiques
sur le système cannabinoïde endogène et sur la
genèse des cellules nerveuses afin de resituer
cette découverte dans le contexte de l’organisation des différences sexuelles au cours du
développement cérébral.
DL Krebs-Kraft, MM McCarthy et coll.
Sex difference in cell proliferation in
developing rat amygdala mediated by
endocannabinoïds has implications for
social behavior. Proc Natl Acad Sci
USA (2010). Publication en ligne
© Dreamstime.com / Droits réservés
Pourquoi les amygdales cérébrales
diffèrent selon le sexe
La vie de la Sfsc
Révérence
J
’ai annoncé au cours de notre dernier Conseil d’Administration ma
décision de démissionner de mon poste de Président de la SFSC après
seize ans à la tête de notre société savante. En effet, quand le Docteur
Gérard Valles a souhaité que je reprenne la SFSC derrière ses membres
fondateurs, ils l’ont créée en 1974, je ne savais absolument pas où nous allions
aller. Il me semble, et je vais le partager avec vous, que ce chemin a permis
à la SFSC de garder sa notoriété et sa place dans le paysage de la Santé Sexuelle
en France. Une de mes premières décisions a été d’arrêter l’enseignement
de la SFSC et de déléguer, en accord avec le Professeur Navratil, l’enseignement
de la sexologie à l’intérieur des DIU, ce qui désormais est la règle. Ensuite,
la SFSC et moi-même avons eu l’honneur de nous voir déléguer par la WAS
la responsabilité d’organiser en juin 2001, au Palais des Congrès, le Congrès Mondial de Sexologie. Ce fut plus
qu’un succès, un triomphe. En effet, nous avons accueilli plus de 3 000 délégués venant de 87 pays différents
et pour la première fois, les laboratoires pharmaceutiques se sont intéressés à la sexologie française.
Dans la foulée, j’ai eu l’honneur d’être nommé Président de la WAS pendant quatre ans. J’ai pu restructurer
la WAS un peu comme la SFSC afin de la rendre plus opérationnelle. J’ai eu le privilège de diriger la délégation
de la WAS à Genève où avec l’OMS, nous avons travaillé en conclave avec 80 experts internationaux pour
revisiter les définitions de « sexe », « sexualité » et surtout « santé sexuelle ». Cette rencontre nous a amenés
à prendre conscience de l’importance de la santé et des droits sexuels pour tous et en partant j’ai laissé la WAS,
transformée dans son appellation, car désormais, elle s’appelle WORLD ASSOCATION FOR SEXUAL
HEALTH. Une des tâches de la SFSC a été de tendre la main vers l’AIHUS afin d’unir nos efforts pour
promouvoir la sexologie en France.
Après plusieurs années d’attente, le Professeur Costa et l’AIHUS se sont unis à la SFSC pour proposer ce que
nous demandions : un seul Congrès par an, qui s’appelle désormais les Assises et qui pour la quatrième année
consécutive sont et seront un succès à NANTES du 31 mars au 3 avril 2011. Ensuite, et c’était logique,
la SFSC et l’AIHUS ont créé l’organe représentatif de la sexologie française par rapport à tous nos organismes
de tutelle : la Fédération Française de Sexologie et de Santé Sexuelle. Cette fédération va pouvoir dialoguer
d’une seule voix et nous permettre, souhaitons-le, d’avoir un jour une reconnaissance complète de notre
savoir faire et d’obtenir, sur le plan économique, une cotation spécifique qui nous permettra de faire honorer
dignement nos consultations.
J’ai le bonheur d’avoir signé beaucoup d’éditoriaux dans votre revue qui s’appelle SEXOLOGOS
et qui me semble avoir toujours intéressé les 6 000 personnes qui la reçoivent trois fois par an.
Comme vous le verrez, SEXOLOGOS fait peau neuve, se diversifie, s’étoffe et laissera de plus en plus la place
au dialogue avec l’ensemble de ceux et celles qui s’intéressent à la réflexion, à la formation et à la pratique en
sexologie. La misère sexuelle est toujours présente, elle ne s’éradiquera que si nous sommes tous unis et si
nous croyons en ce que nous faisons.
Dernière chose avant de vous quitter, j’ai eu l’honneur de recevoir officiellement le 7 décembre 2010 la Chaire
UNESCO « Santé Sexuelle et Droits Humains ». Avec le Dr Troussier qui assurera les fonctions de Directeur
de cette Chaire, un sacré challenge nous attend pour pouvoir œuvrer à améliorer ce qui ne va pas dans le
domaine de la Santé Sexuelle au niveau mondial. C’est pour cela que je me suis autorisé à tirer ma révérence,
sans pour autant arrêter de travailler avec vous tous dans le champ de la Sexologie, avec l’espoir de
vous retrouver rapidement.
Dr Marc Ganem
# 1 / Mai 2011
9
Publique
LA GREFFE RENALE EST
POSSIBLE CHEZ LES
PORTEURS DU VIH
10
Mai 2011 / # 1
DES SPOTS
CONTRE LES
VIOLENCES
SEXUELLES
Le Conseil de l’Europe lance une campagne
pour lutter contre les violences sexuelles sur les
enfants et améliorer la coopération internationale
dans la poursuite des criminels. Elle s’appelle
« UN sur CINQ » car, « en Europe, un enfant
sur cinq est victime d’abus sexuel ». « Tous les
jours, des enfants sont victimes d’abus, souvent
commis par des gens auxquels ils font confiance »,
a expliqué Maud de Boer Buquicchio, secrétaire
générale adjointe du Conseil.
La campagne vise à enseigner aux
enfants âgés de 4 à 7 ans leurs droits
de fixer des limites et de dénoncer
les abus ; elle comprend une série
de spots télévisés, un livre pour
enfants, des affiches et un site internet.
www.onnetouchepasici.org
ENQUETE SUR LE SIDA
Que pensent les Français du sida ?
« Santé magazine » a voulu savoir. L’enquête réalisée OBEA/
Intraforces auprès d’un échantillon représentatif de la population française a montré que seulement une petite majorité est
concernée. Alors que 55 % ont répondu que le Sida les touche de
près ou que la maladie les concerne parce qu’elle devrait concerner tout le monde, ils sont 45 % à déclarer ne pas être concernés,
parce qu’ils considèrent ne pas faire partie des groupes à risques
ou parce qu’ils estiment que cette maladie n’est pas si fréquente en
France. Quant au dépistage, 53 % n’ont jamais fait le test, ceux qui
l’ont fait (47 %) l’ont réalisé quand ils ont rencontré leur compagnon
(31 %), lors d’une grossesse (9 %) ou après un rapport à risque
(7 %). Le succès de la mesure phare du plan Sida d’une proposition systématique de dépistage à l’ensemble de la population
n’est pas acquis. Un espoir cependant, les français estiment à 48 % ne pas être suffisamment informés sur les
risques de transmission et sur le dépistage.
Santé Magazine – Novembre 2010
© Dreamstime.com / Droits réservés
La transplantation rénale donne-t-elle de bons
résultats chez les patients infectés par le VIH ?
Dans une cohorte soigneusement sélectionnée,
les taux de survie des patients et des greffons
à 1 et 3 ans se montrent élevés, sans
augmentation des complications associées
à l’infection virale. Seul point préoccupant,
le taux de rejet élevé, qui indique la nécessité
d’améliorer l’immunothérapie.
De nombreuses questions se posent.
Les patients infectés par le VIH peuvent-ils être
traités sans risque par des immunosuppresseurs ? Peut-on donner simultanément des
immunosuppresseurs et des antirétroviraux,
avec des taux sanguins prévisibles, étant donné
les interactions médicamenteuses complexes ?
La néphropathie liée au VIH
pourrait-elle récidiver
dans le rein
transplanté ?
Enfin, est-il
éthique de
soustraire un
rein du pool de
donneurs lorsque
l’efficacité et
la sécurité de
cette greffe chez
les patients
contaminés par
le VIH n’ont pas été
établies ? Stock
et coll. publient, dans
le « New-England Journal of Medicine »,
les résultats d’une expérience multicentrique
de transplantation rénale chez les patients
infectés. Ils montrent la faisabilité de
l’approche. Le taux de rejet est bien
plus élevé que prévu. Il est estimé à 31 %
à 1 an et à 41 % à 3 ans, ce qui est
de 2 à 3 fois plus élevé que le taux de rejet
chez les patients non infectés par le VIH.
En dehors de ce problème, l’infection
par le VIH est restée sous contrôle
chez les patients, avec des taux de
cellules T CD 4 stables et peu de
complications associées au virus.
La prochaine étape sera de développer
des traitements efficaces pour toutes
les maladies rénales liées au VIH avant
qu’elles ne progressent vers l’insuffisance
rénale terminale.
New England of Medicine, 18 novembre 2010,
Stock et coll., p 2004 et 2058.
La vie de l’Aihus
Age de Raison, de Maturité
et de Challenge ! L’AIHUS, déjà 30 ans.
L
’AIHUS, c’est une histoire construite au fil du temps, grâce aux femmes et aux hommes de cette
association, véritables pionniers et ouvriers, inlassables et toujours enthousiastes. Depuis 1981,
que de chemin parcouru par cette force tranquille !
• Une édification forte et une reconnaissance institutionnelle de la sexologie, l’AIHUS a œuvré pour
la fondation de l’indispensable implantation universitaire de cette discipline. Les pionniers de l’AIHUS,
tous enseignants et créateurs des diplômes universitaires français de sexologie, ont ainsi mis les bases de
la reconnaissance en 1996 de cette formation par le conseil de l’ordre des médecins et en 2010 son travail
avec le CCPIU (Conseil de Coordination Pédagogique Inter Universitaire) a également pu faire créer un
DIU national pour les professionnels du soin non issus de la filière médicale.
• L’AIHUS a aussi été maître d’œuvre de recherches du champ de la prise en charge des dysfonctions
sexuelles, a collaboré à la création de la revue Sexologies qui est devenue la revue scientifique de la FFSSS,
a travaillé à l’éthique de la profession, a permis la création de commissions de travail (sexologie médicolégale, violences sexuelles), a mis en place des recommandations en médecine générale pour une meilleure
prise en charge de la dysfonction érectile, a été le berceau de l’ASCLIFF et de bien d’autres associations
et initiatives enrichissantes…
Apres neuf ans de Présidence unanimement appréciée et respectée de tous, Pierre Costa et le CA, ont
permis à l’AIHUS une position enviable et installée dans le paysage de la Médecine Sexuelle en France ;
Pierre a pris en charge la direction de la Fédération Française de Sexologie et Santé Sexuelle qui représente
une mission importante pour l’avenir de la sexologie en France tout en restant au Conseil d’administration ; il a donc naturellement laissé sa place de président et l’AIHUS a élu une nouvelle équipe pour
les 3 ans à venir.
La présidente, élue a l’unanimité, Mireille Bonierbale que nous connaissons tous, membre fondateur en
1981 avec pour Vice-président Robert Porto, qui lui aussi fait partie de ces grands Fondateurs sans oublier
Marie Chevret-Measson et Nadine Grafeille, passées dans le nouveau comité des experts de l’AIHUS.
Le nouveau secrétaire général, Antoine Faix, Urologue montpelliérain, élève de Pierre Costa et d’Henri
Navratil, fait partie de la génération montante pour l’avenir de la sexologie avec Kamel Ben Naoum un
autre élève de Pierre Costa. Autres nouvelles émules de ce conseil d’administration, Audrey Gorin-Lazard,
élève de Mireille Bonierbale et Pierre Martin-Vauzour (Trésorier Adjoint), élève de Nadine Grafeille.
Patrick Blachère (Secrétaire adjoint), homme d’expérience, travaillera conjointement avec Antoine Faix,
afin de garder une ligne directrice forte et assurer la continuité de l’AIHUS renforcée par la présence de
Pierre Bondil, Philippe Brenot, Catherine Cabanis, Marie-Hélène Colson, Pierre Desvaux, Alain Giami,
Joëlle Mignot, Sylvain Mimoun, Jean Peyranne et Michèle Bonal qui reste la trésorière générale.
Patrick Leuillet et Francis Collier sont présents pour la région Lille Amiens et nous soulignons le retour de
Martine Potentier.
Il faut noter encore une fois, que l’AIHUS se fait remarquer par une grande représentativité dans son
conseil d’administration sur l’échiquier national, ce qui illustre son rayonnement.
L’AIHUS compte à l’heure actuelle plus de 400 membres actifs et ne cesse de recruter des nouveaux
membres chaque année.
L’AIHUS va donc écrire une nouvelle page de son histoire, assurer sa pérennité en développant les idées
novatrices et en soutenant les jeunes sexologues qui les portent comme la défense des droits des victimes
de violences sexuelles, aider la fédération française de sexologie pour la promotion de la santé sexuelle et
de la profession de sexologue, développer la formation continue idéalement validante avec l’accompagnement dans la pratique quotidienne.
Alors NE LACHONS RIEN, ENSEMBLE par respect pour le passé si proche et si riche et pour le bien
de chacun d’entre nous, pour l’avenir de cette profession qui est surtout une passion, celle de l’être
humain et sexué.
Le bureau de L’AIHUS
Vous pouvez envoyer toutes vos questions et suggestions à : [email protected]
www.aihus.fr
# 1 / Mai 2011
11
Formation
JOURNEES DE FORMATION CONTINUE EN SEXOLOGIE - SFSC
LE POULIGUEN - LA BAULE (44) – Les vendredi 3 et samedi 4 juin 2011 (pont de l’Ascension)
2 Séminaires OGC* indemnisés pour les médecins conventionnés.
Vendredi 3 juin
1 Prise en charge du transsexualisme (8h30 - 17h30)
Les nouvelles dispositions légales sur les prises en charge du transsexualisme. Les réponses cliniques à la souffrance des sujets,
les stratégies de prise psychologique, hormonale ou chirurgicale. Mais bien au-delà, une réflexion sur l’identité sexuelle.
Qu’est ce qui fait le sexe : le biologique ou le genre ?
Organisateur-animateur : Eric Tanneau
Experts : Gilles Formet et Michèle Pujos-Gautraud
Samedi 4 juin
2 Troubles gênants du comportement sexuel des personnes âgées
et/ou dépendantes (8h30 - 17h30)
Méconnus mais fréquents, ces troubles du comportement sont mal vécus par l’entourage à un moment où l’on parle du 5ème risque
pris en charge par la Sécurité Sociale. Mais ils existent aussi chez les plus jeunes (traumatisés crâniens, patients psychiatriques).
Déroutant pour les soignants, aggravant le fardeau des aidants quand ils se dévoilent au grand jour, ces troubles sont à prévenir
et traiter car ils sont source de souffrance, d’accélération du déclin cognitif et de la perte d’autonomie du patient.
Organisateur-animateur : Eric Tanneau
Expert : David Zarouk
En prime : Soirées FAF** le vendredi 3 juin
3 Dépression et troubles de la sexualité (18h30 - 22h30)
Une association plus que fréquente, des interactions dans les traitements. Comment concilier les prises en charge ?
Organisateur-animateur : Eric Tanneau
Expert : Gilles Formet
JOURNEES DE FORMATION CONTINUE EN SEXOLOGIE - SFSC
PARIS (75) – Les vendredi 30 septembre et samedi 1er octobre 2011
Séminaires OGC* indemnisés pour les médecins conventionnés.
1 Prise en charge du transsexualisme
2 Troubles gênants du comportement sexuel des personnes âgées et/ou dépendantes
3 Effets indésirables sexuels des psychotropes
4 Prise en charge des patients auteurs de violences sexuelles
5 Cancer colorectal et troubles de la sexualité
6 Comment aborder la sexualité en médecine de premier recours ?
Inscriptions
7 Cancer du sein et troubles de la sexualité
12
par courrier auprès de :
Dr Eric Tanneau
11 bis, avenue Mac Mahon
75017 Paris
en joignant :
un chèque d’adhésion de 40 € valable pour l’année 2011
au nom de la SFSC ;
un chèque de caution de 180 € à valoir pour l’année 2011
Mai 2011 / # 1
et qui vous sera restitué en fin d’année, sauf utilisation
à titre de dédommagement des frais engagés en cas
de désistement de moins de 15 jours avant le
séminaire ou en cas de non-participation à l’intégralité
du séminaire ;
une feuille de soins barrée par journée OGC
(donc 2 feuilles au total) ;
une photocopie de l’attestation envoyée par l’URSSAF
sur demande, stipulant que vous avez bien réglé votre
contribution pour la formation professionnelle.
Les auteurs sont responsables du choix et de la présentation des contenus de cette publication, ainsi que des opinions qui y sont exprimés lesquelles ne reflêtent pas nécessairement celle de l’UNESCO et ne l’engage pas.
Chaire
Unesco
Santé Sexuelle
& Droits Humains
L’inégalité entre les peuples et entre les hommes a subverti le respect
élémentaire de la personne humaine, or la sexualité est à la base de la construction
de l’humanité et tous les indicateurs de santé liés à la sexualité sont alarmistes.
Cette Chaire a pour but d’aider à construire une politique internationale de prévention et de réduction
des risques sexuels. Elle est légitimée par la protection des jeunes vis à vis des violences et la lutte contre
les violences de genre, les mutilations sexuelles, l’exploitation sexuelle, la pornographie ou encore la lutte
contre les préjugés sexistes ou homophobes.
La Chaire a comme vocations :
Assurer une éducation positive à la sexualité pour tous ;
Faire face aux nouveaux défis en anticipant les besoins des générations futures ;
Promouvoir l’égalité devant la santé sexuelle ;
Développer les compétences des différents acteurs de la recherche, des associations et des politiques
en renforçant leurs liens ;
Contribuer à la diffusion des valeurs fondées sur la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ;
Donner une base éthique aux relations sexuelles.
La Chaire est un réseau international de partenaires qui contribue au développement humain durable,
dans le domaine de la sexualité et des droits humains, grâce à ses activités dans :
L’enseignement mené en partenariat international :
- Diplôme universitaire Université Paris Diderot : « Conseiller en santé sexuelle » ;
- Création de pôles d’excellence en Santé sexuelle et Droits Humains dans le cadre
de la coopération Nord – Sud – Sud ;
- Jumelage avec des centres de Santé Sexuelle existants ;
- Partenariat dans le cadre du réseau UNITWIN
La recherche et l’intervention : en soutenant des actions innovantes en santé sexuelle sur le terrain.
L’élaboration de recommandations consensuelles internationales sur les objectifs majeurs et prioritaires
en Santé sexuelle et des Droits Humains en collaboration avec les grands organismes et ONG mondiales.
L’attribution d’un label « Chaire Unesco » qui permet aux secteurs privés et publics de s’engager,
au travers d’un partenariat, fondé sur le respect des standards de la Santé Sexuelle et des Droits Humains.
la dissémination du concept « Human Earth ».
Cette entité sera au service de l’ensemble des professionnels en éducation pour la santé et en éducation sexuelle,
des journalistes, des décideurs politiques et religieux et des acteurs associatifs représentant les usagers.
Pendant son premier exercice, cette Chaire devra mettre en place :
Une formation nationale de 3ème cycle pour 20 conseillers en Santé Sexuelle par an (promotion de 1 an) ;
Créer 14 pôles d’excellences dans le cadre d’une coopération nord-sud-sud ;
Jumeler 10 centres de Santé Sexuel avec convention de partenariat ;
Former 112 formateurs et 360 conseillers en santé sexuelle à l’internationale ;
Réaliser 3 colloques nationaux, 2 conférences de consensus internationale, l’ouverture d’un site Internet,
la création d’un programme UNITWIN reposant au minimum sur trois conventions de partenariat.
Dr Marc Ganem, Président
Dr Thierry Troussier, Directeur
32 Av Carnot 75017 PARIS
Tél. +33 (0)1 45 72 67 62
[email protected]
[email protected]
www.human-earth.org
14
Mai 2011 / # 1
revoir (avec, éventuellement, un classement
par ordre de préférence). À l’issue de la soirée, les organisateurs mettent en rapport ceux
qui souhaitent mutuellement se retrouver.
Une manière plus simple de faire fonctionner
le jeu est d’asseoir tous les participants à des
tables, deux par deux. Au bout des fameuses
sept minutes, les hommes (par exemple)
changent de place et vont à la table suivante.
La rencontre fonctionne par un turn-over
rapide des participants. Les promoteurs de
cette méthode considèrent qu’elle est adaptée
au mode de vie urbain contemporain : anonymat et vitesse. La méthode est considérée
comme basée sur la première impression et
mue par un souci de rapidité et d’efficacité
maximale…
Sept minutes pour une rencontre, sept heures
pour une unique nuit d’amour, sept jours
pour une lune de miel enchanteresse mais
non renouvelable, sept mois pour consumer
une passion avant rénovation, sept ans de
réflexion avant fermeture définitive et un ou
plusieurs enfants à partager… Le couple a-t-il
un avenir ? La précision des enquêtes démographiques indiquant, année après année, la
réduction à peau de chagrin de la durée
moyenne de la vie conjugale souligne
l’opportunité de cette question.
Depuis bien longtemps, des
hommes et des femmes
racontent dans l’intimité
de mon cabinet ce que
le cinéma raconte
dans l’intimité
des salles obscures : des
histoires
de doutes
el - Dreamstim
e.com
L
e speed dating (anglicisme signifiant
littéralement « rendez-vous rapides »)
est une méthode de rencontres amoureuses en série. Dans un lieu choisi, un
grand nombre de célibataires triés sur le volet
pour leurs caractéristiques proches (âge, catégorie socio professionnelle, revenus) sont mis
en rapport par deux, autour d’une table, et
éventuellement devant un verre, selon une
durée prédéterminée (typiquement sept rendez-vous de sept minutes chacun). Traditionnellement, un signal sonore est émis pour
indiquer la fin de la durée impartie : en faisant
sonner une cloche, ou tinter un verre. La
conversation peut porter sur n’importe quel
sujet en respectant deux règles : aucune coordonnée personnelle ne doit être échangée, et
aucun participant ne doit dire à l’autre s’il
souhaite le revoir. À l’issue de chaque rendezvous, les célibataires sont invités, chacun de
leur côté, à émettre une appréciation confidentielle sur la personne qu’ils viennent de
rencontrer, et à dire s’ils
consentent
à la
© Donald Sawv
SexoMéd
Serge HEFEZ
Unité de thérapie familiale
Service de psychiatrie de
l’enfant et de l’adolescent
Hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
LE TEMPS
DU COUPLE
et d’infidélités, de passion et de violence, d’espoirs fous et de désespoirs sans fond, de bonheurs et de chagrins. Des histoires d’amour et de
désamour, des quêtes éperdues, des scènes, des
déchirements, des retrouvailles, des aveux, des
secrets qui se libèrent, des révélations… Et surtout des transformations, des mises en mouvement, des changements d’éclairage, des entrebâillements, des libérations, parfois presque
imperceptibles, mais si vivantes et si puissantes !
Si j’ai vu en trente ans changer les scènes de la
vie conjugale, c’est parce que la vie des individus et de leurs couples a changé. Ils viennent,
de plus en plus tôt – parfois quelques mois à
peine après s’être rencontrés –, non plus parce
qu’ils ne parviennent pas à faire évoluer, à
transformer leur lien conjugal, mais bel et bien
parce qu’ils ont du mal à le créer. Comment
désamorcer les conflits ? Sortir de la répétition ?
Que faire pour supporter l’étrangeté radicale de
l’autre ? Quelle place donner à la fidélité, à la
sexualité, aux enfants ? Et surtout, parfois quelques semaines après la rencontre, comment
résister à l’épreuve du temps, ce temps qui
désormais s’accélère et nous dévore comme
hier. Cronos ses enfants… Et si l’on y parvient,
comment aménager le temps pour l’autre et le
temps pour soi, le temps du couple et celui de la
famille, du travail, des loisirs, de la vie sociale ?
Pour les couples contemporains, chaque étape
de la vie commune semble une épreuve aussi
compliquée à réussir que la quadrature du cercle. Je vois mes patients, bien plus qu’auparavant, être aux prises avec le fantasme d’un couple magnifié, idéalisé, objet de toutes les
recherches et de toutes les convoitises : ce
même couple que leur vantent les sites de rencontre, les coachs conjugaux, la presse féminine, les chansons, les films et la littérature. Et je
les vois désespérer de ne pas être à la hauteur
vertigineuse de cet impossible, sans pour autant
cesser d’essayer, inlassablement…
Fini le temps du couple marié et indissoluble,
monstre hybride à deux têtes. L’époux et l’épouse, l’homme et la femme, le père et la mère ne
sont plus définis par leurs statuts complémentaires, mais par les relations égalitaires qu’ils expérimentent au quotidien. Dès lors, le psychisme en
liberté s’oppose à la contrainte des règles et des
rôles préétablis. En passant de la complémentarité à la symétrie, le couple se retrouve dans une
situation nouvelle de rivalité, où chacun se
demande qui des deux est plus égal que l’autre ;
qui aime le plus ; qui donne le plus ; qui est le
bourreau et qui est la victime ; qui gagne et qui
perd. Une source de questions inépuisable, qui
alimente à l’infini les scènes d’aujourd’hui.
Il me revient comme un leitmotiv dans les thérapies conjugales, cette exigence de liberté, cette
injonction à être soi, ce rêve mythique d’un individu souverain, seul maître de son destin. Toute
dépendance concourt à repérer en soi les traces
archaïques d’une ancienne dépendance infantile
qu’il convient de terrasser.
âgés de trente-cinq ans, en couple depuis sept
ans, ils sont parents d’un petit garçon de quatre
ans, et souhaitent selon leurs propres termes
« lui éviter tout traumatisme lié à cette séparation ». Ils veulent également s’informer : « nous
avons opté pour une garde alternée et nous voudrions savoir si c’est, comme on le dit, contraire
à l’épanouissement de notre enfant ». Ils sont
« Que sont donc les angoisses « archaïques »
dont nous parlent les auteurs modernes ? Elles sont
l’effet des passions narcissiques, (…) là où amour et
destructivité affectent d’un même souffle le Moi et l’objet.
Elles sont les passions au sens strict, c’est-à-dire
des amours qui font souffrir, au point de s’en
défendre par un sacrifice aliénant ».
André Green, Le Travail du négatif, Éditions de Minuit, 1993
Dans ce contexte, la représentation du contrat
conjugal a complètement changé. Nous sommes
passés en quelques années du CDI au CDD :
l’idée même de la séparation fait partie du contrat
initial comme une figure moderne du destin.
Preuve de sa capacité d’indépendance, gage de
maturité, il faut pour réussir sa vie réussir ses
séparations successives. La soumission à cette
nouvelle norme est totalement ignorée et ne
peut donc être critiquée.
La dimension narcissique du pacte conjugal a
pris les devants : être aimé pour soi-même,
pour la totalité de soi, dans un véritable processus de confirmation identitaire. Le sujet s’engage entièrement dans la relation amoureuse
en mettant en jeu tout ce qui le constitue
comme sujet : le sentiment de ses propres limites, de la possession de soi-même et de ses
désirs, avec le risque d’une perte de soi ou tout
au moins d’une certaine image de soi. La vie
amoureuse est précisément ce qui met en cause
les frontières du moi, frontière entre sujet et
objet interne, entre « je » et « nous », entre
monde intérieur et réalité extérieure. La réassurance est au rendez-vous mais le danger
d’anéantissement ou de fusion n’est pas loin !
Cécile et Thomas sont venus me consulter après
avoir pris la décision de se séparer. Tous deux
sympathiques et enjoués, passionnés par leur
travail, l’un dans l’audio-visuel, l’autre dans le
cinéma, semblent d’accord sur tout, chacun
complétant les phrases commencées par son
conjoint. Mais pourquoi diable se séparent-ils ?!
Leur rencontre fut un véritable coup de foudre
suivi d’une intense relation passionnelle. Ils plaquent leur travail et partent pendant deux ans
« faire la route », pour un tour du monde
enchanteur. De retour en France, ils reprennent
sans difficulté leur vie professionnelle, trouvent
un logement et décident au bout d’un an d’avoir
un enfant. Le petit Théo achève de combler leur
bonheur ; ils fondent avec lui une famille idéale,
emmènent leur « petit bout » partout dans leur
cercle d’amis, partagent équitablement les tâches
de la vie quotidienne. Et puis ? Et puis, « la vie
reprend le dessus »… Les câlins, les petites
attentions se font plus rares… ô, pas de crises,
bien sûr, mais un quotidien qui s’étire avec
monotonie, les courses, le petit à aller chercher à
l’école… Chacun investit davantage son travail,
chacun songe à l’avenir avec appréhension : « ça
ne serait que cela la vie, ce petit bonheur tiède et
étriqué ? ». Cécile tente une aventure lors d’un
déplacement professionnel et avoue immédiatement cette infidélité à Thomas, car « il est hors
de question de lui cacher quoi ce soit » ; celui-ci
# 1 / Mai 2011
15
reconnaît un peu penaud qu’il s’est « laissé tenter » à une ou deux reprises… Ils se confient leur
désarroi, leur désir intense de vivre d’autres passions, d’autres rêves, d’autres voyages… et c’est
sans la moindre larme, sans la moindre dispute,
mais dans la certitude de faire au mieux pour le
bonheur de chacun qu’ils décident cette séparation. Tout s’organise, Thomas loue un appartement au coin de la rue ; ils veulent rester de
grands amis, un père et une mère exemplaires
pour le petit Théo qui, du reste, n’a manifesté
« aucune réaction particulière » à l’annonce de
cette séparation. Mais Cécile, dont les parents
ont divorcé quand elle avait cinq ans sait bien
qu’un déchirement souterrain peut occasionner
de grandes blessures. Comment les lui éviter ?
La confrontation avec ce couple « d’accord sur
tout », y compris sur cette séparation joyeuse,
m’avait, je m’en souviens, plongé dans un profond malaise, non dénué d’irritation, contre eux
bien sûr, mais aussi contre moi-même. Au fond,
qu’est-ce que je prétends donc soigner en « thérapie de couple » ? Suis-je un « galvanisateur »
de désir, un réanimateur de liens moribonds, un
donneur de bon conseils, un garant de l’ordre
social (« mais enfin, faites tout de même un
effort pour construire une famille, ça n’est quand
même pas si difficile ! »)
Si au moins ce couple s’interrogeait sur cette
séparation, j’aurais pu tenter un travail avec chacun, explorer chez Cécile ce processus de répétition, ce télescopage entre son histoire et sa vie
présente. Et du reste, qu’est-ce qui me troublait
tant chez eux, leur certitude tranquille, l’étroitesse de leur demande, ou leur aspect si terriblement normal et désespérément contemporain ?
Cette petite vignette clinique peut paraître bien
superficielle. Elle m’est apparue néanmoins
exemplaire d’un mouvement de fond, d’une
logique de l’individualisme et de la poursuite
éperdue du bonheur qui mène bien souvent à
l’impasse de l’obsession de soi, de la gratification immédiate, du désir inquiet et perpétuellement inassouvi. La conjugalité se décolle irrémédiablement de la parentalité. Les forces
centripètes qui disloquent les couples s’opposent aux forces centrifuges qui soudent chaque
parent individualisé à « son » ou à « ses »
enfants dans un lien d’identification projective
surinvesti et anxieux.
Du reste, voici que me revient Cécile quelques
mois plus tard. Elle est seule, elle traverse une
profonde dépression. Thomas file le parfait
amour avec une jeune femme que Cécile connaît
bien, avec qui elle avait eu l’occasion de travailler
quelques années auparavant. En proie à une insatisfaction vague et diffuse, à la sensation d’une
vie atone et sans but, à des ressentis tenaces de
vide et d’angoisse, elle « ne se reconnaît pas »
elle-même. Son métier l’ennuie, elle éprouve une
difficulté croissante à s’entendre avec les autres.
Elle ressent douloureusement le besoin de
« s’accrocher » à Théo, et ne supporte plus les
séparations occasionnées par la résidence alter16
Mai 2011 / # 1
née. Mais lorsque Théo est là, il lui « prend la
tête », il est trop capricieux, il l’empêche de vivre.
Des vagues de rage destructrice contre ellemême et contre autrui l’envahissent, la submergent et l’inquiètent considérablement.
Le contraste entre la Cécile d’aujourd’hui et la
jeune femme enjouée et sûre d’elle, rencontrée il
y a plusieurs mois, est particulièrement saisissant. N’est-elle pas atteinte des effets secondaires
d’une « pathologie de la liberté » ?
Jusqu’à quel point l’amour se doit-il d’être l’unique fondement des liens de parenté et d’alliance ?
Dans la souffrance de sa solitude, dans cette
ambivalence douloureuse qu’elle ressent pour
son fils, Cécile mesure après-coup ce superbe
défi de nos contemporains qui se voudraient les
seuls forgerons de leurs liens affectifs. C’est précisément cette illusion qui alimente une immense « fatigue d’être soi ». Dans la légende, Narcisse pleure quand il prend conscience qu’il est
lui-même l’objet de son amour. Il veut alors se
séparer de sa propre personne et se frappe
jusqu’au sang avant de dire adieu au miroir fatal
et de rendre l’âme.
André Green a largement souligné que le narcissisme de vie se déployait dans un mouvement de
balance entre libido d’objet et libido du moi. Le
sujet trouve dans l’amour qu’il se porte à lui-même une compensation à la perte de l’amour
fusionnel : le narcissisme est alors effet de liaison,
ou plutôt de re-liaison.
Dans cette séparation d’avec Thomas qui n’en
n’est pas une, Cécile ne peut se recentrer sur ellemême. L’expérience du décentrement est mise à
l’épreuve du ressentiment, de la haine et du désespoir. La retraite vers l’unité ou la fusion avec l’objet
idéalisé ne sont plus possibles : c’est le repli narcissique, narcissisme de mort qui devient la recherche du néant, de l’abaissement des tensions au
niveau zéro, de la mort psychique.
Je tiens à toi, se murmurent les amoureux dans le
feu de la rencontre. Puis rapidement ils se posent
la question de ce qui les fait tenir ensemble, énigme, convenons-le, qui traverse tout l’espace des
sociétés démocratiques.
Plus une société est hiérarchique, aristocratique,
religieuse, moins les hommes ont besoin de
s’unir pour agir car ils sont, selon l’expression de
Tocqueville, « tenus ensemble ». Les liens institués, libérés de la subjectivation du temps, sont
par essence éternels.
Comme le souligne Louis Dumont , ce qui caractérise les sociétés individualistes est que les
valeurs d’interdépendance sociale sont hiérarchiquement subordonnées aux valeurs de l’indépendance des individus. L’homme se conçoit
alors lui-même comme possesseur d’un capital,
d’un potentiel, qu’il gère pour en extraire une
plus-value de jouissances et de capacités relationnelles. Il a beau vivre plus vieux, le temps
commence alors à lui manquer !
Je n’irais pas comme certains jusqu’à prétendre
que la structure psychique de l’homme contemporain « sans gravité » s’est transformée en
quelques décennies. Alain Ehrenberg démontre
magistralement comment toute une dramaturgie sociale s’est ainsi construite sur le remplacement des valeurs de l’appartenance par celui des
valeurs de choix en décrivant à l’envie la désorganisation inédite de la personnalité individuelle,
ce qui permet d’articuler le mal commun et le
mal individuel. L’autonomie serait devenue destructrice. L’individu se définirait uniquement
par ses choix et l’exhibition de la jouissance lèverait totalement les limites de l’encadrement institutionnel. Cette nouvelle conception de l’individu souffrant opère à coup sûr un glissement du
pathogène au normatif. Le passé malgré son
âpreté joue le rôle d’un idéal imaginaire de vie
commune dans laquelle les gens savaient où
ils étaient et qui ils étaient : les générations s’y
succédaient en étant structurées par les conflits,
les classes s’y affrontaient clairement et les névroses étaient l’expression nette de ces conflits au
sein des individus produisant de beaux et francs
symptômes.
Mais les dizaines de Cécile et de Thomas, ni psychotiques ni « border line » auxquels je suis
tous les jours confronté et que guettent la régression narcissique et son cortège de dépressions
me feraient dire plus volontiers que le couple
et la famille d’aujourd’hui baignent dans un
contexte de « narcissisation » au sens où comme
le souligne Kernberg , « les changements dans la
culture contemporaine affectent les modes de
relation d’objet ». Ne pas prendre en compte la
dimension sociale du narcissisme nous mènerait
à ignorer ce qui abonde dans la vie quotidienne :
terreur de la dépendance à autrui associé à une
angoisse du vide et de la solitude, immense rage
réprimée et désirs oraux impétueux et insatisfaits. Et qui s’associe à des traits caractéristiques
de la société contemporaine comme la peur
intense de vieillir, la perception différente du
temps, la fascination de la célébrité, la peur et
l’exaltation de la compétition…
1
GREEN André, Narcissisme de vie, narcissisme de mort, Editions
de Minuit, 1983
2
DUMONT Louis, Essais sur l’individualisme,
Paris, Le Seuil, coll.
Points essais, rééd.
1991
EHRENBERG Alain,
La Société du malaise,
Odile Jacob, 2010
4
KERNBERG O, «
Narcissisme normal et
narcissisme pathologique », Nouvelle revue
de psychanalyse, 1976,
n°13
3
Académie des Sciences Sexologiques
Actualité & Devenir
L
a sexologie française traverse actuellement une crise
existentielle : nécessité d’une médecine sexuelle
basée sur la physiopathologie de la fonction sexuelle, nécessité de maintenir l’approche psychique de
la sexualité, rapprochement de la SFSC et de l’AIHUS…
Quelle est, quelle sera la place de notre déjà vieille Académie au sein de cette évolution ?
Je veux d’abord vous présenter des excuses sur le déroulement de la journée du 23 janvier 2011, insuffisamment préparée par moi en raison de soucis personnels
heureusement dissipés depuis. Je pense qu’elle a été
malgré tout passionnante avec l’intervention de Daniel
Sibony le matin, mais tout autant avec celles de Charles
Gellman, de Ludwig Fineltain et de J.R. Dintrans
l’après-midi. Je crois qu’il est indispensable de rappeler
que cette journée Gérard Valles est effectivement
depuis sa création une journée et non pas une matinée
suivie d’un déjeuner ! Cette année nous étions vingt le
matin et huit l’après midi : ce n’est pas acceptable, audelà d’une impolitesse c’est une offense faite à nos trois
amis qui ont fait l’effort d’une réflexion et de nous en
communique le fruit. J’ai eu le sentiment désagréable
que la plupart des participants venaient seulement
pour écouter la « vedette » et déjeuner, ce n’est pas
cela le but de l’ASS ! J’entends bien que chacun avait
d’excellents prétextes mais ce genre de désertion
devrait rester l’exception alors que cela devient de plus
en plus la règle. Depuis son origine cette journée a lieu
l’avant dernier dimanche de janvier, il suffit à chacun
d’en faire à l’avance une priorité (il y a toujours un train
ou un avion qui part deux ou trois heures plus tard). Il
y a aussi ceux que cela n’intéresse pas, je peux le comprendre, mais qu’ils le précisent d’emblée ! Dorénavant
les inscriptions ne se feront que pour les personnes qui
s’engageront, sauf cas de force majeure, à rester de
9h30 à 17h. Une Académie est faite d’académiciens et
dans notre cas ces académiciens ont toujours été les
membres du CA de la SFSC, ce qui n’exclut pas la participation de tout sexologue intéressé par le débat.
Pour l’avant dernier dimanche de janvier 2012, après
concertation entre certains d’entre nous et aussi pour
tenir compte de quelques critiques je vous propose
comme thème : « Confrontation de nos méthodes thérapeutiques », sujet à traiter non pas de manière abstraite mais à partir de cas cliniques concrets comportant
aussi bien échecs que réussites (quatre cas par exemple)
sous la supervision neutre d’un épistémologue suscepti-
Sexo
En crise
ble d’en dégager les conclusions méta-sexologiques.
Cette nouvelle réunion se déroulera donc le dimanche
22 janvier 2012 de 9h30 à 17h en un lieu qui vous sera
précisé deux mois à l’avance mais obligatoirement dans
Paris intra muros.
J’espère que nous pourrons continuer l’action de notre
Académie dans l’esprit et la forme dans lesquels elle a
été conçue par les fondateurs dont nous avons la chance de compter encore parmi nous deux membres éminents : Charles Gellman et Ludwig Fineltain, c’est-àdire un colloque permettant d’aborder en toute liberté
d’esprit ce qui n’est pas traité dans nos congrès i.d. le
rapport de la sexualité avec la médecine, la psychologie, la philosophie, la sociologie, l’anthropologie. L’ASS
n’a pas vocation d’être un moment de formation ouvert
à un vaste public mais un moment de réflexion et
de débats entre personnes concernées et aussi, ne
l’oublions pas, un moment d’amitié.
Bien entendu puisque nous voilà maintenant réunis au
sein de la Fédération nous invitons chaleureusement
les membres de l’AIHUS à venir travailler et échanger
avec nous à cette occasion, Mireille Bonierbale en a
donné l’exemple éminent il y a deux ans.
Je reste à l’écoute de vos suggestions !
Amitiés à tou(te)s
Claude Esturgie
# 1 / Mai 2011
17
SexoPsy
Travestissement
L
Dr Charles Gellman (Paris)
Neuropsychiatre Sexologue
Article paru dans « Le dictionnaire
de la pornographie » PUF Ed. 2005
18
Mai 2011 / # 1
e travestissement (transvestisme, travestisme, éonisme, cross dressing) consiste
en s’habiller et se comporter comme
appartenant à l’autre sexe : la femme s’habille comme un homme, l’homme s’habille
comme une femme. La fréquence et la durée de
l’habillement chez les travestis sont variables, le
plus souvent épisodiques. Dans le comportement de travestissement, on peut distinguer
deux approches. L’une accentue les aspects érotiques et sexuels. L’autre accentue plutôt les
aspects d’appartenance à l’autre genre, et un certain malaise dans le genre d’origine. Dans ce cas,
le travestissement peut être considéré comme
un trouble de la genralité ou une dysphorie de
genre. La genralité est le sentiment d’appartenir
à une identité masculine ou féminine, ce sentiment n’étant pas forcément lié à l’identité anatomique. Il arrive souvent que le transvestisme
soit confondu avec l’homosexualité ou avec
d’autres variations sexuelles. Les travestis peuvent avoir des tendances homosexuelles aussi
bien que hétérosexuelles ou asexuelles (en fonction de leur orientation psychologique). L’orientation sexuelle est en général indépendante de
l’identité de genre.
Portraits
Le travestissement occasionnel ou utilitaire :
carnaval, soirées festives
C’est le cas le plus fréquent, à caractère ludique
lors de fêtes, carnavals, manifestations culturelles, sportives comme le marathon du Médoc
qui réunit 8 000 participants et où l’on remarque des gaillards musclés courant en tutu rose
de ballerine.
L’option utilitaire est illustrée par le film
« Madame Doubtfire ». Daniel Hillard (Robin
Williams) adore ses 3 enfants. Aussi quand sa
femme demande le divorce et obtient leur garde,
© Travesti – Toile de Bernard Buffet / Droits réservés
le déchirement est terrible. Pour se rapprocher
d’eux, il décide de se métamorphoser en une respectable nounou anglaise, Madame Doubtfire,
et se fait embaucher par son ex-femme.
Le travesti homosexuel ou lesbien
Ce travesti masculin, s’affiche en femme avec
maniérisme pour satisfaire son homosexualité.
C’est une situation fréquente et qui contribue à
entretenir la confusion entre travestissement et
homosexualité. « La Cage aux folles » est une
boîte de nuit qui présente un spectacle de travestis, dont la vedette est Zaza (de son nom Albin).
Il forme avec Renato un vieux couple homosexuel. Dialogue : Renato : « Essaye de marcher
comme John Wayne ». Albin s’exécute, dans
une démarche plus chaloupée que jamais.
Renato, désespéré par le résultat « Ça, c’est John
Wayne jeune fille »...
Le travesti lesbien est en général marié, souvent père de famille, son orientation est hétérosexuelle, il adore les femmes d’où le terme
de « saphien » créé par Charles Fourier et
reprit comme « lesbien » par Paul Eluard.
Il se travestit de façon épisodique en serveuse,
infirmière ou pute. L’épouse est au courant et
accepte la situation.
« Le terme français de lesbien [caractérise] complètement un profil sexuel et affectif masculin bien
précis. (...) Le profil lesbien comporte tout un
ensemble de traits associés et interdépendants :
- Image de la femme vécue comme complice,
égale et active, féminisme,
- Antijalousie, générosité naturelle et altruisme,
- Pratiques amoureuses lesbiennes (complicité
amoureuse totale, recherche et réalisation des
désirs de l’autre et de son plaisir, don réciproque
et double découverte, amour-communication/
échange),
- Amitié amoureuse qui ne dissocie pas la communication culturelle et affective de la tendresse physique : donc rejet du dualisme judéo- chrétien,
- Attirance d’abord pour la personnalité et donc
vécu sensuel d’anatomies non dissociées de
toute la personne et non systématiquement
conformes aux canons officiels,
- Et donc comme chez nombre de féministes,
rejet fréquent des accessoires « féminin » associés au modèle machiste de la femme qu’on
consomme dans un emballage de luxe ritualisé,
- Tendresse et grande sensibilité physique et
morale souvent fragilisante,
- Refus des valeurs et attitudes de rivalité/domination,
- Et culture de l’amitié totale, généreuse.
Il s’agit en fait de l’existence intégrée dans un
individu de sexe masculin et hétérosexuel d’un
ensemble de valeurs féminines qui le conduisent
à avoir aux femmes, bien qu’homme, une relation analogue à celle des lesbiennes…
Le profil lesbien se définit ainsi en totale opposition aux valeurs machistes. Il ne « prend » pas
une femme, une amie qui se « donnerait » ou lui
« accorderait ses faveurs ». Il aime et ne
consomme pas l’autre. Il aime une autre égale,
semblable et différente, il l’aime heureuse, dans
ses désirs, même pour d’autres ».
Le travesti transsexuel, le transgenre, le queer
Le transsexuel a le sentiment irrésistible d’appartenir à l’autre sexe, adapte son comportement,
son habillement à cet autre sexe, et quête inlassablement une assistance médicochirurgicale qui
lui permettra de retrouver ce qu’il croit être sa
vraie nature.
James Morris décrit un cas de transsexualité :
le sien (« L’Énigme », Gallimard). Dès l’âge de
4 ans, James Morris a la certitude d’être une fille
dans un corps de garçon. (...) Aucun transsexuel
n’a jamais été guéri par des thérapeutiques psychiatriques. La recherche médicale la plus
récente offrait une solution : faute de pouvoir
modifier l’esprit, modifier le corps, par un traitement aux hormones, d’abord, suivi d’une intervention chirurgicale.
Le transgendériste, le 3e sexe, va encore plus
loin dans la complexité, et accepte un mélange
de genres sur sa personne physique. Ainsi un
homme biologique vit en femme, féminisé par
les vêtements et l’hormonothérapie, tout en
conservant son pénis ; une femmes biologique ayant subi une mastectomie (ablation des
seins) sans traitement hormonal, androgynisant son corps sans le viriliser vraiment ; ou
encore une personne gardant son sexe anatomique féminin et pouvant s’en servir pour le
plaisir, tout en se sentant masculin, et voulant
vivre au masculin ; intéressé par la modification de son corps dans le sens de la virilisation,
mais non par la phalloplastie.
Au départ, le terme «queer» (pédé bizarre)
était une insulte homophobe. Le courant queer a
repris par dérision l’appellation à son compte et
regroupe celles et ceux qu’on a étiquetés de perversion, de déviance, les parias, les inclassables
qui vivent dans les marges de l’identité sexuelle
et de la normalité. On y retrouve des transsexuels,
des bisexuels, des adeptes du SM, du fétichisme,
du piercing, de l’automutilation.
Le chanteur queer Marylin Manson « eonist »
avec implants mammaires et pénis tatoué, est un
des champions de la provocation, de l’affrontement contre les normes sexuelles et morales sur
un mode anarchiste. Il glorifie la pornographie
dans son clip vidéo récent « Mobscene » et dans
« Gâteau et sodomie ». Extrait : « Beaucoup
trop de défécations orales / Merdes blanches,
agenouillez-vous / C’est l’heure des gâteaux et
de la sodomie / Je suis le dieu de la baise »
(www.mansonlegion.com)
Le travesti fétichiste
Le travesti fétichiste, se travesti pour ressentir
une excitation érotique. Les vêtements féminins
(vinyle, dentelles, petites culottes, strings, jarretelles, collants) sont autant de stimulants de
l’érection et de masturbations. Un exemple
brillant et sulfureux est celui de Pierre Molinier,
l’androgyne ténébreux du surréalisme, ami d’André Breton, photographe érotique qui se mettait
en scène lui-même pour se représenter en guêpière, bas noirs ou résilles, et qui aura donné à
l’érotisme fétichiste une dimension artistique.
« Notre mission sur la terre est de transformer le
monde en un immense bordel. »
Le travesti prostitué
Annonce : « Travesti soumis, reçoit H/couple.
Fétichiste SM, fessée, scato, boit urine et sperme.
S’exhibe rasé, portes jarretelles, escarpins. Possibilité de vous travestir. »
Dans ce domaine les travestis brésiliens « les
brésiliennes » ont acquis une notoriété internationale. Dans le film de Beatriz Flores Silva :
« Putain de vie/En la puta vida » Elisa prostituée prend conscience de son état d’exploitée.
Une guerre de territoire s’est déclenchée entre
les « Uruguayens » et leurs concurrents travestis
brésiliens. Le meurtre d’un travesti brésilien fait
basculer les choses. Elisa décide de dénoncer
Placido son proxénète, et les autres maquereaux,
qui sont lourdement condamnés.
Histoire belge : Pourquoi les français ont-ils vraiment des raisons d’être fiers d’être champions du
monde de foot ?
- Parce que c’est bien la première fois qu’ils
arrivent à baiser les Brésiliens ailleurs qu’au bois
de Boulogne.
Drag Queens, les « Reines »
Un drag queen est un acteur masculin habillé d’une
façon extrêmement provocante : robes multicolores, chaussures hautes comme des échelles, perruques figées et exubérants bijoux de pacotille.
Les drag imitent et parodient sur scène, au cabaret, au théâtre, des icônes comme Marilyn,
Marlène Dietrich, Judy Garland…
Le transvestisme féminin, féministe et politique
L’habit ferait-il le mari ? L’exemple d’un female husband, James Allen (1787-1829) qui fut pendant
21 ans le mari d’Abigail, mourut à la suite d’un accident du travail. C’est à cette époque que les médecins découvrirent qu’Allen était une femme. De
nombreux journaux britanniques en parlèrent.
La liste est longue des saintes, soldates, ouvrières, voyageuses, artistes, amantes, qui ont, à
travers les siècles, endossé un habit masculin
interdit et sont ainsi sorties, de plein gré ou non,
de l’enfermement d’un destin sexué univoque.
Dans le film western de Maggie Greenwald sorti
# 1 / Mai 2011
19
SexoPsy
Bibliographie
Femmes travesties : un « mauvais » genre
de Christine Bard et Nicole Pellegrin.
Revue CLIO - oct. 1999
Le voile, l’objet manqué
de Jacques LACAN.
Séminaire du 6 février 1957.
Molinier
de Pierre MOLINIER - 1969.
L’Énigme
de James MORRIS
Gallimard
Paul Éluard a cent ans
de Gérard VERROUST - Colloque
International de Nice - janvier 1996
20
Mai 2011 / # 1
en 1993, The Ballad of Little Jo, l’héroïne a le
choix entre deux modes de vie, mère de famille
ou putain. Mais elle choisit une troisième voie,
la plus intrépide : être un homme, dont elle prend
l’allure et les habits, alors qu’elle est « femme » et
qu’elle le redeviendra, à la fin de l’histoire, pour
l’amour d’un immigré, Chinois et persécuté.
Les femmes travesties, font parfois rire. Valérie
Lemercier dans sa comédie, Le Derrière (1999),
incarne un jeune gay. On rit de ses mésaventures de femme (de « pisseuse » en l’occurrence)
travestie et de l’image caricaturale de l’homosexualité masculine.
À chacune/chacun, son image de la fille en garçon, et le look vestimentaire qui va avec : complet trois pièces avec gilet, salopette, cuirasse,
strass, smoking, perfecto, pourpoint, monocle,
chevelures rases, musculatures gonflées...
Le transvestisme féminin fut d’abord un moyen
de survie : déguisement des persécutées et des
amoureuses, habillement commode des pauvresses et des patriotes. Il leur permit aussi de
rendre visibles des revendications de liberté
physique, d’égalité économique et de dépassement du cadre binaire des relations de sexe. Images de subversion politique et/ou d’affirmation
d’une identité sexuelle non conforme.
Le transvestisme féminin connaît lui aussi des
références historiques, des personnages célèbres. Le chevalier d’Eon, (d’où la dénomination
d’éonisme) par exemple. C’est en 1728 que
naquit Charles Geneviève Louis d’Eon de Beaumont. La confusion des prénoms était prémonitoire d’une vie marquée tout entière par l’ambiguïté. Mais ses talents et sa bonne mine le firent
bientôt remarquer du Roi Louis XV qui l’embrigade dans ses services de diplomatie parallèle
(le « Secret du Roi »), afin d’approcher la
Tsarine Elisabeth de Russie, d’Eon se métamorphose en Melle Lia de Beaumont. George Sand,
Colette portaient des habits d’homme, s’assimilant ainsi à la frange littéraire et subversive de
l’époque. Marlène Dietrich joua de l’ambiguïté
en frac et en chapeau claque.
De nos jours il est courant pour une femme de
s’habiller en pantalon, en homme, voire de porter des accessoires masculins plus ou moins
féminisés (cravates, pataugas, gros godillots).
Depuis l’émancipation des femmes, résultat
des mouvements féministes et des garçonnes
des années 1920, qui coupèrent leurs cheveux,
fumèrent le cigare, arboraient le frac, la masculinisation de l’allure des femmes est devenue
banale. Modèle de l’uniformisation du « look »
unisexe : le trio incontournable du jean –
T-shirt – baskets. S’il est permis pour les
femmes de porter un habit masculin, les
femmes exagérément masculines (« butch » :
« camionneuses »), subissent parfois de la
discrimination.
Psychologie
du travestissement
Un thème aussi complexe recouvrant des
comportements infiniment variés, ne peut
s’expliquer simplement. Nous nous contenterons des théories de deux grands penseurs,
Szondi et Lacan. Pour Léopold Szondi, psychiatre, la figure d’identité, comme être
sexuel complet, est celle de l’androgynie :
« L’Etre-complet, l’être-total, c’est l’êtredouble hermaphrodite. Tout puissant est
l’être qui possède les deux organes sexuels ;
il est tout puissant parce qu’il n’a pas besoin
d’un autre être pour accéder à la complétude ».
« Tout homme, dit Szondi, a été cet être
double dans la phase la plus ancienne de son
ontogenèse, comme cellule sexuelle primaire (ovocyte ou spermatocyte), avant que
s’opère la partition en deux cellules sexuelles (ovule et spermatozoïde), de la réunion
desquelles naît l’individu ». « Cet être-double est naturellement anérotique puisque
l’attraction érotique est l’apanage des êtres
unisexués, lesquels aspirent précisément à la
complétude par le biais de l’accouplement
avec un autre être unisexué. La partition de
la cellule primaire fait perdre à l’individu
son intégrité, il devient un « demi-être ».
De cette condition de « demi-être » naît
naturellement l’aspiration à l’être complet et
la tendance à attendre la complétude de la
part du partenaire de l’autre sexe. Cette aspiration, Platon la baptise Eros. Une personne
peut être définie comme normale dans la
mesure où il lui suffit de pratiquer le coït
avec un partenaire pour trouver la complétude. Si ce moyen ne réussit pas, il y a un
trouble du « besoin de complétude ». »
Le transvestisme serait ainsi un retour symbolique à l’être-double androgyne, tout
puissant.
Pour Jacques Lacan, psychanalyste « le
transvestiste… est quelqu’un qui s’identifie
à la mère phallique en tant que d’autre part
elle voile ce manque de phallus. Car aussi
bien n’avons-nous pas attendu Freud pour
aborder la psychologie des vêtements : dans
tout usage du vêtement il y a quelque chose
qui participe de la fonction du transvestisme, et si l’appréhension immédiate, courante, commune de la fonction du vêtement
est de cacher les pudeurs (pudenda ?). Les
vêtements ne sont pas seulement faits pour
cacher ce qu’on en a au sens d’en avoir ou
pas, mais aussi précisément de ce qu’on n’en
a pas. L’une et l’autre fonction sont essentielles. Il ne s’agit pas essentiellement et toujours de cacher l’objet, mais aussi bien de
cacher le manque d’objet ».
Alors somme nous tous des travestis ?
Et si la sexualité était de
« nature initiatique »…
L
a sexologie tente de traiter les liens possibles entre le
corps et la psyché mis en cause dans le symptôme
sexuel. Ainsi doit-elle considérer le symptôme
sexuel au delà des concepts cartésiens dualistes qui
opposent corps et psyché. Dès lors, le patient est considéré dans sa globalité. C’est la prise de conscience d’Eros
qui va permettre le rétablissement du lien entre Psyché et
Soma. Eros est cet élan de vie poussant l’individu à aller
vers l’inter-relationnel. Ainsi, pouvons-nous dire que la
sexologie est une thérapeutique qui tient compte de la
subjectivité intimement reliée à l’autre où elle ramène le
somatique au psychique et inversement, le psychique au
somatique. En fait, le psychique est relationnel comme le
somatique. Le psychologique et le somatique s’inscrivent
tous les deux dans une organisation relationnelle où Eros
préside.
La sexologie est donc une entreprise pluridisciplinaire qui
associe plusieurs niveaux dans la fonction érotique. Le
psychosexologue clinicien va donc aider à intégrer les
troubles sexuels dans une dysfonction relationnelle en
explorant les trois niveaux de la fonction érotique :
1 Soma génétique, hormonal, fonctionnel, sensoriel.
2 Eros énergie, émotionnel, relationnel, affectif.
3 Psyché idées, imaginaire, symbolique, esthétique,
spirituel.
Le travail psychosexologique est de créer un pont entre
ces trois niveaux de la fonction érotique : Soma, Eros, Psyché. Car il n’y a pas de conscience sans émotion. Pas de
Psyché seule faite de jugements, d’opinions, d’idées,
d’imaginaire sans être mis en confrontation à l’autre. Pas
de Soma seul, fait d’organicité, de réaction biochimique,
endocrinologique, fonctionnelle, de tension musculaire
sans connections avec l’imaginaire, l’imaginaire érotique,
amoureux, le désir d’union, le désir d’aimer. C’est l’émotion qui permet la conscience de soi.
Ainsi pouvons-nous entrevoir la sexologie comme un travail de connections entre les sensations, les images traumatiques, refoulées, les émotions. Elle interroge le corps
et l’esprit et inversement, pour prêter attention à un Eros
blessé, bafoué, qui veut grandir, progresser dans une nature supérieure de l’amour. Elle retrace la ligne de vie qui
décrit les étapes de la vie qui ont entravées son développement d’homme ou de femme vers une sexualité satisfaisante, vers une aptitude à aimer et à être aimer. C’est un
chemin d’évolution et de maturation. Quel patient n’a pas
confondu sa partenaire avec ses parents faisant de cette
fusion amoureuse un remarquable creuset d’illusions de
réparer les manques d’amour du passé. Nous avons à
l’aider à reconnaître dans sa colère l’expression de la dou-
leur des blessures de son enfance. Nous avons à l’aider à
comprendre que les attentes de satisfaction complète rappelant l’unité originelle mère-enfant, la nostalgie du paradis perdu, sont réouvertes par les frustrations inévitables
et indispensables que sa/son partenaire lui fait vivre.
L’autre est un véritable révélateur de l’Eros blessé dans
l’enfance et qui doit trouver guérison autrement que dans
l’amour fusionnel. Eros doit évoluer et se transformer en
un amour mur qui nécessite bien l’aide d’un psychosexologue clinicien.
En quelque sorte, l’amour doit devenir cette unité qui diffère de l’amour infantile en ce qu’elle ne désire pas simplement la satisfaction personnelle de ses besoins, mais
davantage la satisfaction de l’autre.
La difficulté est bien présente pour le psychosexologue,
puisqu’il doit aider son patient à pouvoir quitter ses propres besoins narcissiques d’amour liés à une enfance
douloureuse autrement qu’en cherchant le Prince charmant ou la Belle
au Bois Dormant. Et la gageure paraît
d’autant impossible de l’aider à combler son Eros blessé en l’invitant à
développer une sensibilité à l’autre,
en rejoignant la souffrance de l’autre.
Il faudra du temps, souvent le temps
de toute une thérapie, ou d’une vie
pour que chacun prenne le temps
d’écouter Eros blessé de l’autre. Ainsi
pourra t-il identifier chez celui-ci les
manques et frustrations ayant entravés son devenir d’homme ou de femme. Par cette attention, la compassion, la patience, l’espérance, il fait grandir
Eros et s’ouvre à cet amour supérieur qui comble son
creux de mère ou de père. C’est là, l’art du psychosexologue à conduire son patient et à le confronter avec les
grands thèmes de la vie : l’abandon, l’injustice, le pardon,
la vengeance, la haine, l’amour, la naissance, la famille, la
mort, la liberté, le bien et le mal, qui par leur élaboration
lui permettra de se libérer et de croître dans une position
d’homme ou de femme.
Et si la sexualité revêtait « une nature initiatique »…
Sexo
Psycho
Laurent Malterre
Psychosexologue clinicien - Psychanalyste
Auteur de « La guerre des sexes »
et « L’unité psychothérapique »
Aux éditions L’Harmattan
74, rue des Gravilliers 75003 Paris
# 1 / Mai 2011
21
SexoPsy
QUAND LE SYMPTOME
SEXUEL VIENT DIRE
LE CONFLIT
O
Dr Jean-Michel HAVET
Service de Psychiatrie des Adultes
C.H.U. – Hôpital Robert Debré
51092 Reims Cedex
22
Mai 2011 / # 1
n trouve généralement à l’origine de
toute consultation une symptomatologie ou du tout moins une plainte
pour laquelle le sujet et/ou son entourage viennent demander aide et soulagement.
La lecture que le praticien fera du symptôme
le conduira à mettre en œuvre un type de
prise en charge en cohérence avec son interprétation. Il est donc fondamental qu’il soit
pleinement conscient des hypothèses qui
guident sa pratique afin de pouvoir les modifier si celles-ci ne s’avéraient pas fonctionnelles et opératoires.
Le titre même de cet exposé, « quand le
symptôme sexuel vient dire le conflit », traduit à l’évidence une conception étio-patho-
génique qu’il nous faut expliciter afin de ne
pas nous laisser porter par un courant idéologique implicite qui limiterait notre façon de
penser et par là même risquerait d’être une source de blocage et d’impasse dans notre activité
thérapeutique.
Même si le terme de conflit mériterait à lui seul
un long débat je m’attacherais essentiellement à
l’analyse du concept de symptôme, aux différentes acceptions qu’il sous-entend et à l’usage qu’il
peut donc en être fait en pratique.
En première analyse, le terme de symptôme en
lui-même renvoie à une problématique plus
profonde et cachée dont le patient s’attend à ce
que le praticien l’identifie afin de lui apporter un
remède efficace. Il existe bien des traitements
© Dreamstime.com / Droits réservés
dits « symptomatiques », mais ceux-ci ont souvent mauvaise presse. En effet, même si le plus
souvent la demande initiale du patient est d’être
débarrassé de ses symptômes, quelle que soit la
méthode employée pour cela, le traitement
symptomatique s’il peut apporter au sujet en
souffrance un certain apaisement, est censé laisser entier le problème à l’origine du symptôme
qui de ce fait sera toujours susceptible de se
manifester à nouveau.
Etroitement associé donc à la notion de symptôme se trouve la question de la causalité qu’il
nous faudra examiner tant du point de vue de sa
direction que du point de vue de son origine.
Pour ce qui concerne sa direction nous avons été
habitués à penser que la cause précède l’effet et
donc à nous poser la question du « pourquoi ? ».
L’idée sous-jacente est que pour faire disparaître
l’effet il faut en supprimer la cause. Outre le fait
que la connaissance des causes n’est pas toujours
nécessaire et encore moins suffisante à la prise en
charge efficace des problèmes et difficultés auxquels nous sommes confrontés (il vaut mieux
savoir comment éteindre un incendie que de
savoir ce qui la déclenché) le raisonnement causaliste dans cette perspective peut conduire à
une régression infinie dans la recherche de la
cause de la cause, puis de la cause de la cause de
la cause, et ainsi de suite.
Par exemple, si je propose que tel ou tel symptôme
sexuel est lié à l’attachement irrésolu du sujet à sa
mère je peux (je dois ?) me demander quelle est
l’origine de cet attachement. Je vais alors découvrir que celui-ci vient de ce que sa mère a éprouvé
dans son enfance un sentiment d’abandon de la
part de sa propre mère qui elle-même s’est comportée ainsi parce qu’elle avait souffert de l’emprise que sa mère (l’arrière-grand-mère donc de
notre patient) avait exercé vis à vis de son autonomie psychique, etc. Il est fort peu probable que ce
cheminement, pour intéressant qu’il soit, puisse
aider le sujet à venir à bout de son symptôme.
Pourquoi arrêterions-nous notre analyse à l’arrière-grand-mère du patient ? Et même si nous le
décidions, comment pourrions-nous intervenir
pour modifier la conduite de celle-ci ?
Par ailleurs, si cette notion de causalité efficiente
(pour reprendre la classification Aristotélicienne
des causes) ou de cause antécédente (dans une
acception plus moderne) est très certainement
utile pour la prédiction des résultats attendus de
nos actions, elle néglige par son aspect mécanique et déterministe ce qui fondamentalement
constitue l’essence de l’être humain, à savoir sa
capacité à développer des projets qui repose sur
des intentions.
En d’autres termes, en matière de comportement humain, il convient de redonner une place
à ce qu’Aristote nommait la cause finale, c’est à
dire au but conduisant à la mise en œuvre de
l’acte. En complète opposition donc avec ce que
nous pensions n’être pas possible l’effet (recherché) précède la cause. Il s’agira alors d’envisager
le symptôme en tant que praxis dont le sujet est
l’acteur et non plus en tant que processus auquel
il serait soumis.
Ainsi, par exemple, il apparaîtra que tel ou tel
symptôme sexuel allégué, que dans ma précé-
tentement, cela sera-t-il suffisant pour résoudre
le problème ? Le thérapeute ne se retrouvera-t-il
pas ainsi invité et impliqué comme tiers dans un
conflit sans issue, chargé d’arbitrer le différent et
d’être l’allié de l’un ou de l’autre, chacun restant
convaincu de son bon droit et campant sur ses
positions.
Un changement radical de point de vue sera possible en intégrant à notre raisonnement les mécanismes de rétroaction nous conduisant à une
Même si tous deux acceptent cette vision
du symptôme comme moyen de communiquer
à l’autre son mécontentement, cela sera-t-il
suffisant pour résoudre le problème ?
dente analyse je pensais pouvoir attribuer à tel
ou tel désordre psychologique ou psychopathologique que j’étais persuadé d’avoir identifié, a en
fait pour fonction de frustrer le ou la partenaire
du sujet qui en était porteur. Je vais alors être
conduit à me demander d’une part si cela est –
ou non volontaire, contrôlé par le sujet et d’autre
part quelle peut bien être la raison de ce comportement. Ne cherche-t-il pas par exemple, par ce
procédé à se venger d’un préjudice dont il juge
son conjoint responsable ? On voit ici apparaître
l’idée du symptôme en tant qu’arme dans un
conflit conjugal. La question sera alors : comment vais-je pouvoir utiliser cette hypothèse
pour aboutir à un résultat thérapeutique satisfaisant pour les deux membres du couple ? En toute
logique je devrais chercher le mobile du comportement symptomatique afin de vérifier mon
hypothèse. Mais, dans toute histoire conjugale
des raisons d’être mécontent existent obligatoirement, chacun étant loin d’être parfait et de
satisfaire pleinement l’autre. Le mobile mis ainsi
à jour sera-t-il suffisant pour expliquer la situation ? Sa « découverte » permettra-t-elle en ellemême une évolution positive ? On peut en douter. En effet, s’il est fort probable que le conjoint
frustré accepte volontiers l’idée de la malignité
portée par le symptôme de son partenaire que
ma redéfinition propose, il est tout autant probable que l’autre membre du couple rejette cette
idée et s’en offusque en mettant en avant sa souffrance et ses difficultés. Mais, même si tous deux
acceptent cette vision du symptôme comme
moyen de communiquer à l’autre son mécon-
modélisation circulaire des processus interactifs
dans laquelle les notions de cause et d’effet perdent la pertinence et l’utilité indispensables à
nos conceptions précédentes.
Cette perspective nous conduits à abandonner
l’usage des concepts de cause et d’effet en vertu
du fait que les individus sont à la fois agissant et
réagissant. C’est la raison pour laquelle chercher
à déterminer ce qui est cause et ce qui est effet
revient à ponctuer arbitrairement l’interaction
pour attribuer à l’un ou à l’autre (selon la façon
dont nous ouvrirons la boucle d’interaction) la
responsabilité de la problématique. En fin de
compte il ne s’agira plus de se demander, « qui
fait quoi à quoi » mais, « qu’est-ce qu’ils font
ensemble », de quel jeu sont-ils prisonniers ?
Ainsi, en présence d’un symptôme sexuel le praticien ne sera intéressé ni par son origine, ni par
son but, mais par la façon dont il se pérennise. Il
s’enquierera donc de la manière dont le partenaire y réagit et des effets que cette réaction a sur
celui qui porte le symptôme. Il évitera ainsi les
pièges de la culpabilité et des accusations réciproques de malveillance.
Quant au lieu de la causalité nous en avons habituellement – ainsi que nos patients – une compréhension individuelle qui nous conduit à une
prise en charge physiologique ou psychopathologique centrée sur le sujet. Si la question du
conflit surgit celui-ci sera alors, ainsi que nous l’a
enseigné entre autre la psychanalyse, intrapsychique, entre les différences instances de la psychée, entre le moi et le surmoi, entre les désirs et
leurs interdits.
# 1 / Mai 2011
23
SexoPsy
La célèbre phrase de
Simone de Beauvoir :
« on ne naît pas
femme : on le devient »
peut tout aussi
bien s’appliquer
aux hommes.
24
Mai 2011 / # 1
L’un des apports majeurs des thérapies familiales systémiques a été de nous apprendre que
le patient n’est pas l’unique propriétaire de ses
symptômes dont le sens et la fonction doivent
être recherchés dans le contexte où ils sont
apparus. Le « choix » d’un symptôme sexuel
n’est certainement pas sans rapport avec la
structure, la dynamique et l’histoire du couple
où il se manifeste et cela peut être exploré au
cours de l’entretien. Il sera cependant surtout
important de saisir son utilité pour le maintien
de ce couple. En effet, on considère dans une
perspective systémique que tout symptôme
est au service de l’homéostasie familiale et
participe au non changement d’une situation
qui nécessiterait pourtant le passage à une
étape suivante.
Un conflit conjugal, pour peu qu’il soit de degré
suffisant, devrait trouver sa résolution dans la
séparation si la réconciliation n’est pas possible.
La focalisation sur le symptôme sexuel peut être
envisagée comme le moyen d’occulter le conflit
et la séparation qui menace. Dans la perspective
de Mara Selvini Palazzoli, le problème est une
solution à un autre problème plus grave. Il est
donc important de ne pas changer. Et, ce sera ce
que l’on pourra constater en interrogeant les
membres du couple sur chronologie des évènements dans lesquels le symptôme sexuel est
venu prendre place. Une tension existait en
général bien avant son installation, tension qui a
laissé la place à la recherche de l’origine du
symptôme ; tension qui est devenue secondaire
et mise en relation avec le symptôme : s’il disparaît, l’harmonie renaîtra.
La théorie du constructionnisme social,
enfin, associé à la critique féministe des thérapies familiales nous a conduits à remettre en
question les idées développées jusque là et
qui ne tenaient pas compte des implications
de la différence des sexes quant aux rôles
joués tant au niveau familial que du couple, et
quant aux attentes qui en découlent. L’identité sexuée n’existe pas en dehors du contexte
qui la détermine en grande partie : elle n’est
pas donnée à priori, mais construite dans la
relation en référence aux idées ayant cours
dans une société particulière. La célèbre
phrase de Simone de Beauvoir : « on ne naît
pas femme : on le devient » peut tout aussi
bien s’appliquer aux hommes.
L’identité sexuée repose sur des schémas sociaux
dont il est préférable d’avoir connaissance et
qu’il conviendra d’expliciter quand il s’agira
d’aborder un symptôme sexuel : qu’est-ce qui
pour le patient – et son conjoint – constitue le
fait d’être un homme ou une femme, et quelles
attentes en découlent ?
Ainsi que l’exprime fort bien Peggy Papp : « les
identités masculines et féminines ne sont jamais
aussi vulnérables que dans la chambre à coucher
dans laquelle la signification de ce qu’est « un
vrai homme » ou « une vraie femme » est mise
en relief de façon pointue et jouée en termes à la
fois symboliques et réels. Les besoins sexuels,
les fantasmes, les désirs et les attentes des hommes et des femmes s’entrecroisent dans une
danse complexe qui peut déboucher tout autant
sur une fusion bienheureuse que sur l’aliénation,
la frustration et le désappointement ».
La valeur des femmes est souvent associée au
fait de donner aux autres et d’être responsable
de leur bien être émotionnel, ce qui les conduit
souvent à mettre leurs propres besoins au
second plan et à inhiber leur colère. C’est sans
doute pourquoi le conflit chez ces dernières fait
le lit de la dépression qui tombe à point pour
justifier la baisse ou l’absence de libido.
Les hommes restent largement dépendant dans
la construction de leur identité masculine de
l’idée que l’on attend d’eux la réalisation de performances (professionnelles, sportives mais
également sexuelles). La simple idée de se sentir
faible ou impuissant leur est généralement
insupportable. Combien de fois n’ai je pas
entendu des hommes frappés de difficultés ou
d’absence d’érection se préoccuper surtout de
ce que risque d’en penser leur épouse, plutôt
que de s’en inquiéter pour eux-mêmes. Là encore, la dépression sera l’élément indépendant de
la volonté propre du sujet qui permettra, à elle
seule ou en association aux effets indésirables
des antidépresseurs, d’expliquer le désintérêt
pour la sexualité et d’éviter le conflit.
Savoir retrouver en arrière plan du symptôme
l’image idéalisée de l’homme ou de la femme
que chacun des membres du couple a intériorisé
pour mettre à jour les problématiques souvent
conflictuelles qui en découlent s’impose donc
comme une priorité pour le thérapeute. C’est à
partir de là qu’il pourra avec eux construire une
histoire différente dans laquelle le symptôme
sexuel n’aura plus sa place.
En conclusion, considérer que le symptôme
sexuel vient dire le conflit reste essentiellement
une hypothèse du thérapeute. Si l’on veut bien
admettre que le conflit existe toujours (au moins
potentiellement) à partir du moment où deux
personnes sont dans une relation suffisamment
durable, puisqu’il est impossible que leurs intérêts coïncident de façon permanente, la question sera alors pour le thérapeute de savoir comment il va utiliser cette hypothèse afin d’élaborer
une stratégie efficace pour résoudre le problème. Différentes pistes s’offrent à lui que nous
n’avons fait qu’esquisser au cours de cet exposé.
C
eux d’entre vous qui ont eu la chance d’entendre Fabrice handicapé(e)s. Qu’ils ou elles puissent avoir la possibilité de
Luchini faire la lecture de Muray au théâtre de l’Atelier recourir si elles le désirent à des professionnel(le)s sexuel(les)
n’ont certainement pas oublié sa magnifique tirade dans de bonnes conditions devrait pour moi aller de soi, il sufconcernant les emplois jeunes : « Un bataillon d’agents firait d’étudier comment l’organiser, mais il faudrait au préaladu développement du patrimoine ouvre la marche, suivi pres- ble changer la loi et cesser de condamner la prostitution et son
que aussitôt par un peloton d’accompagnateurs de détenus. utilisation comme des délits. Dans cette pratique la personne
Puis arrivent en rangs serrés, des compagnies d’agents de ges- resterait sujet de son désir et non pas objet d’une compassion
tion locative, d’agents polyvalents, d’agents d’ambiance, d’ad- suspecte même si c’était l’assurance maladie qui jouait le rôle
joints de sécurité, de coordinateurs petite enfance, d’agents d’entremetteuse. D’autre part le caractère technique du service
d’entretien des espaces naturels, d’agents de médiation, d’aides- rendu aurait l’avantage d’éviter toute équivoque. Ces
éducateurs, d’agents d’accueil des victimes et j’en passe. Ferme handicapé(e)s souffrent suffisamment de devoir être assisté(e)s
le cortège un petit groupe hilare d’accompagnateurs de person- de diverses manières pour leur épargner une dépendance supnes dépendantes placées en institution… etc. ». À cette énu- plémentaire. Il s’agit d’êtres humains à part entière qui la plumération, il manquait pourtant un métier. Rassurez vous la part du temps ont leur propre sexualité soit solitaire soit partalacune est comblée, j’ai appris à la radio qu’il existe une nou- gée : Isabelle, une de mes patientes I.M.C. qui venait en
velle profession : assistant sexuel pour personnes handicapées. consultation en fauteuil roulant a eu un petit garçon qu’elle
Vous étiez sans doute au courant, moi, j’ignorais encore – bien élève seule, le père s’étant dérobé, elle est métamorphosée
que des politiques nous aient déjà promis une société du soin – depuis cette naissance. Une autre jeune I.M.C. en fauteuil roujusqu’où pouvait aller la sollicitude de certains.
lant était parfaitement épanouie dans un couple lesbien avec
En réalité tout cela est fort
une femme normale, une
sérieux : un député de la
troisième, Sandra, qui prémajorité prépare un projet
pare le concours d’avocat,
de loi pour officialiser cette
vient en thérapie à la suite
fonction comme cela existe
d’attouchements par un
déjà dans plusieurs pays
soignant ! Notre devoir est
européens : Danemark,
de les aider à oublier leur
Belgique, Allemagne et
différence et non pas de
Suisse. Il est indéniable que
leur imposer notre commila fonction sexuelle peut
sération sous une forme ou
Jules Romains (Knock)
poser des difficultés insurune autre. L’Enfer, dit la
montables aux personnes
sagesse des nations est pavé
handicapées et il me semble
de bonnes intentions.
naturel que ces personnes aient accès à des services sexuels Voyons maintenant du côté des candidats à cet assistanat…
rétribués, cela porte un non, vieux comme le métier lui-même, Pascal est, dit-il, le « seul aidant sexuel en France » actuellecela s’appelle prostitution. Au risque de choquer, personnelle- ment, marié, père de famille, épanoui dans son couple, formé
ment je pense que la prostitution est une réalité sociale et en Suisse en 2008-2009. J’avoue rester très perplexe sur les
humaine à respecter dans la mesure où elle ne s’exerce pas sous motivations inconscientes de cet homme que je veux croire
la forme du trafic et de l’esclavage des femmes (ou des hom- sincère : pas de pénétration ni de fellation (fait-il des cunnilinmes, ou des transsexuels) et il me semblerait justifié de décri- gus ?). Il y a des corps à corps dans la nudité, des orgasmes, de
minaliser la prostitution et de la reconnaître légalement.
l’émotion, de l’aventure ! Avec des hommes comme avec des
Ceci étant posé, l’affaire mérite réflexion. J’ai trouvé sur Google femmes ! Quelle peut être la part chez lui d’une nouvelle
le témoignage d’un Monsieur qui exerce cette activité, Pascal a déviance que l’on pourrait dénommer handicapophilie ? Quels
50 ans : « avec moi elle a eu envie de découvrir un corps qui ne dégâts psychologiques profonds peuvent créer ces contacts,
soit pas juste source de souffrance, mais de plaisir… je ne pro- ces émotions chez des sujets fragilisés par leur handicap ? Par
pose pas de rapport sexuel complet, ni pénétration, ni fellation, quelle aberration peut-on en arriver là ? Nous retrouvons la
mais j’offre des caresses pouvant aller jusqu’à l’orgasme et des vieille confusion sémantique entre fonction sexuelle et sexuacorps-à-corps dans la nudité (il intervient indifféremment auprès lité. Dans un document publié sur Google, l’argumentation en
des femmes et des hommes)… je n’ai pas de limite d’âge mais je faveur de cette pratique est développée à partir de la définition
n’accepte pas les moins de trente ans, car la différence d’âge me par l’O.M.S. de la santé sexuelle et du droit de chacun à y accégênerait (sic)… Je demande juste le remboursement des frais de der. Bien entendu nous adhérons tous à cette définition et à ce
déplacement mais je trouverais plus sain d’être payé… chaque droit, mais cet exemple nous démontre, me semble t’il, comrencontre est une aventure, l’émotion est là ». Dans les pays où bien nous devons rester vigilants devant les interprétations
le métier d’« agent polyvalent de masturbation à domicile hygiénistes que certains peuvent en faire et les dérives inquiépour personnes handicapées dépendantes placées ou non tantes susceptibles d’en découler.
en institution » est légal, le prix des prestations varie de 100 à Un projet de société dont la finalité serait le soin témoignerait
150 euros, le temps passé n’étant pas précisé !
de l’irrémédiable vieillesse de cette société.
Il faut envisager avant tout ce problème du point de vue des Claude Esturgie
Sexo
Billet d’humeur du Dr Esturgie
« En somme
l’âge médical peut
commencer »
# 1 / Mai 2011
25
Livres
Art
Sans confiance entre les
individus, c’est toute notre
société qui s’écroule. La
peur, la déraison, la faillite, la
guerre, la paranoïa menacent.
Pourtant : la judiciarisation
des rapports contractuels, le
désir de contrôle, la difficulté
d’accepter notre part humaine
de fragilité, sans laquelle
la confiance n’existe pas,
engendrent une société ou de
la défiance. L’essai magistral
de Michela Marzano offre une
double perspective historique
et philosophique : de la
banqueroute de Law (1720) à
la crise du prêt interbancaire
(2007/2008), de l’égoïsme
libéral au doute systématique
des théories du complot, du
don de soi dans l’amour,de
la confiance dans la relation
médicale, à la multiplication
des conflits juridiques dans la
sphère privée (sait-on que 70
% des contentieux au TGI sont
familiaux ?), de la crainte
de tout perdre à l’éloge de la
dépendance, Michela Marzano
construit et déconstruit notre
rapport à la confiance. Le
pilier de notre civilisation.
de Michela Marzano,
Éd. Grasset
Dans son dernier livre, Sex@
mour, Jean-Claude Kaufmann
enquête sur les rencontres
amoureuses sur Internet,
et nous livre quelques clés
essentielles du nouveau
pays des amours qui n’a rien
de merveilleux. Internet a
bouleversé les codes de la rencontre entre deux individus.
Tout se passe dorénavant
avec une incroyable facilité
- et rapidité. Résultat : une
banalisation de la sexualité qui
soulève une question brûlante
chez le sociologue : le sexe
peut-il vraiment devenir un
loisir comme les autres ?
de Jean-claude Kaufmann,
Éd. Armand Collin
Sans oublier…
26
Mai 2011 / # 1
De nombreux individus se
disent aujourd’hui libertins :
parmi eux, ceux qui fréquentent les clubs et les lieux de
rencontres sadomasochistes,
échangistes, « fétichismes »,
de sexualité de groupe, ceux
qui s’intéressent également
à la pornographie… Ils sont à
la recherche de la jouissance
totale, et se veulent affranchis
de toute contrainte et de tout
attachement. Alberto Eiguer
décrit ces libertins d’hier et
d’aujourd’hui : qu’ont-ils en
commun et qu’est ce qui les
différencie ? Le libertin est-il
un pervers ? Un prédateur
? Jusqu’où est-il prêt à aller
pour satisfaire ses désirs ?
L’auteur répond à toutes les
questions que posent ces
personnalités, et donne des
perspectives thérapeutiques.
Le propos est ponctué de cas
cliniques et d’exemples puisés
dans la littérature.
de Albert Eiguer,
Collection : Psychismes,
Éd. DUNOD
Qui voudrait encore, du moins
en Europe, mourir pour Dieu,
pour la Patrie, pour la Révolution ? Personne ou presque,
mais pour ceux que nous
aimons, nous serions prêts
à tout. Par-delà l’humanisme
des Lumières et ses critiques,
par-delà Kant et Nietzsche,
une nouvelle spiritualité laïque
naît de la sacralisation de
l’humain par l’amour. Ce livre
raconte son histoire. Il dévoile
ses liens secrets avec une
autre aventure, celle de la vie
de bohème.
de Luc Ferry, Éd. PLON
« L’amour, c’est comme
retrouver un parent perdu, son
regard traverse la mort, et,
avec lui, surgissent des foules
de détails précis, formes,
sons, couleurs, odeurs. Une
femme vraiment aimée est
brusquement la même qu’une
autre, très différente, et qu’on
n’oubliera jamais. Mais cette
matinée aussi est la même
qu’il y a vingt ou trente ans,
ce rayon de soleil est le
même, ce passage de bateaux
le même, ces mouettes les
mêmes. L’autre, contrairement
à la vieille rengaine romantique, est le même quand
même. Toute séparation se
dissout dans le soir puissant.
Les amoureux sont seuls au
monde parce que le monde
est fait pour eux et par eux.
L’amour est cellulaire dans les
tourbillons du hasard, et ces
deux-là avaient une chance
sur quelques milliards de se
rencontrer à la même époque.
Entre le français et l’italien, il
y a une longue et bizarre histoire. Elle ne demande, avec
Stendhal, qu’à s’approfondir ».
de Philippe Sollers
xxxx p., Éd. Gallimard
au prochain numéro
Dysfonction érectile
CIALIS® (tadalafil). FORMES ET PRESENTATIONS (*) : CIALIS 2,5 mg, CIALIS 5 mg, CIALIS 10 mg ou
CIALIS 20 mg, comprimés pelliculés. COMPOSITION (*): 2,5 mg, 5 mg, 10 mg ou 20 mg de tadalafil. Excipients:
contient du lactose monohydraté. INDICATIONS : Traitement de la dysfonction érectile chez l’homme adulte.
Une stimulation sexuelle est requise pour que tadalafil soit efficace. CIALIS n’est pas indiqué chez la femme.
POSOLOGIE ET MODE D’ADMINISTRATION (*) : Voie orale. Homme adulte : Dose recommandée : 10 mg
à prendre avant toute activité sexuelle prévue, pendant ou à distance des repas. En cas d’effet insuffisant, une dose
de 20 mg peut être préconisée. CIALIS peut être pris au moins 30 minutes avant toute activité sexuelle. Fréquence
d’administration maximale : une prise par jour (tadalafil 10 mg ou 20 mg n’est pas recommandé pour une utilisation
quotidienne prolongée). Chez les patients répondeurs à un traitement à la demande qui prévoient un usage
fréquent de CIALIS, la prise d’un comprimé par jour, à des doses plus faibles peut être considérée comme adéquate,
la décision dépendant du choix du patient et de l’avis du médecin. Chez ces patients, la posologie recommandée est
de 5 mg, une fois par jour, approximativement au même moment de la journée. Réduction possible à 2,5 mg une
fois par jour, selon la tolérance individuelle. Hommes âgés ou atteints de diabète ou d’insuffisance rénale légère à
modérée : Aucun ajustement posologique. Insuffisance rénale sévère : Dose maximale recommandée : 10 mg.
Administration quotidienne non recommandée. Insuffisance hépatique : Dose recommandée : 10 mg. Administration
de doses supérieures à 10 mg ou administration quotidienne : aucune donnée. Insuffisance hépatique sévère (ChildPugh, classe C) : données cliniques de tolérance limitées. Une évaluation individuelle attentive du rapport bénéfice/
risque devra être effectuée par le médecin. Population pédiatrique : Non indiqué chez les
patients de moins de 18 ans. CONTRE-INDICATIONS : Hypersensibilité à la substance active
ou à l’un des excipients. Lors des essais cliniques, il a été montré que le tadalafil potentialisait
l’effet hypotenseur des dérivés nitrés. Cela résulterait des effets conjugués des dérivés nitrés et
du tadalafil sur la voie monoxyde d’azote / GMPc. CIALIS est donc contre-indiqué chez les
patients qui reçoivent des dérivés nitrés sous n’importe quelle forme (voir rubrique Interactions
Médicamenteuses). Les traitements de la dysfonction érectile, tels que CIALIS, ne doivent pas
être utilisés chez les hommes atteints de maladie cardiaque et pour qui l’activité sexuelle est
déconseillée. Les médecins doivent évaluer le risque cardiaque potentiel de l’activité sexuelle
chez les patients ayant des antécédents cardiovasculaires. Les groupes de patients présentant
les antécédents cardiovasculaires suivants n’ayant pas été inclus dans les essais cliniques,
l’utilisation du tadalafil est donc contre-indiquée chez : - les patients ayant présenté un
infarctus du myocarde au cours des 90 derniers jours, - les patients souffrant d’angor instable
ou présentant des douleurs angineuses pendant les rapports sexuels, - les patients ayant
présenté une insuffisance cardiaque supérieure ou égale à la classe 2 de la classification
NYHA (New York Heart Association) au cours des 6 derniers mois, - les patients
présentant des troubles du rythme non contrôlés, une hypotension artérielle
(< 90/50 mm Hg) ou une hypertension artérielle non contrôlée, - les patients ayant
eu un accident vasculaire cérébral au cours des 6 derniers mois. CIALIS est contre-indiqué chez les patients ayant
une perte de la vision d’un œil due à une neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NOIAN), que
cet événement ait été associé ou non à une exposition antérieure à un inhibiteur de la PDE5 (voir rubrique Mises en
garde spéciales et précautions d’emploi). MISES EN GARDE SPECIALES ET PRECAUTIONS D’EMPLOI (*) :
Pour l’ensemble des dosages : Avant d’instaurer tout traitement de la dysfonction érectile, recueillir les antécédents
médicaux et réaliser l’examen clinique afin de diagnostiquer la dysfonction érectile et d’en déterminer les causes
sous-jacentes potentielles. Des anomalies visuelles et des cas de NOIAN rapportés à la suite de la prise de CIALIS
et d’autres inhibiteurs de la PDE5. Le patient doit être averti qu’en cas d’anomalie visuelle soudaine, il doit arrêter
la prise de CIALIS et consulter immédiatement un médecin (voir Contre-indications). Les patients doivent être
informés du fait de devoir chercher une assistance médicale immédiate s’ils présentent une érection d’une durée de
4 heures ou plus. Utiliser avec prudence en cas de pathologies susceptibles de prédisposer au priapisme ou en cas de
malformation anatomique du pénis. L’efficacité de CIALIS n’est pas connue chez les patients ayant subi une intervention
chirurgicale pelvienne ou une prostatectomie radicale sans préservation des bandelettes nerveuses. Les patients
devront être informés de ne pas associer CIALIS à d’autres inhibiteurs de la PDE5 ou à d’autres traitements de la
dysfonction érectile. CIALIS contient du lactose monohydraté. Ne pas administrer en cas d’intolérance héréditaire rare
au galactose, de déficit en lactase de Lapp ou de syndrome de malabsorption du glucose-galactose. CIALIS 2,5 mg et
5 mg : Lors de l’initiation du traitement quotidien par tadalafil chez les patients recevant des médicaments anti-
hypertenseurs, envisager une adaptation éventuelle de la posologie du traitement antihypertenseur. INTERACTIONS
MEDICAMENTEUSES (*) : Les études d’interaction ont été conduites avec la dose de 10 et/ou 20 mg de
tadalafil. Certaines antiprotéases (ritonavir ou saquinavir), et d’autres inhibiteurs du CYP3A4 (érythromycine,
clarithromycine, itraconazole, kétoconazole et jus de pamplemousse) doivent être co-administrés avec prudence.
Risque potentiel d’augmenter les concentrations plasmatiques de tadalafil. Une diminution des concentrations
plasmatiques du tadalafil ne peut être écartée lors de l’association à la rifampicine et autres inducteurs du CYP3A4
(phénobarbital, phénytoïne et carbamazépine). Chez un patient prenant CIALIS quelque soit la dose, et chez qui
l’administration d’un dérivé nitré est nécessaire pour le pronostic vital, respecter un délai minimum de 48 h après
la dernière prise de CIALIS. L’administration simultanée de tadalafil et de doxazosine n’est pas recommandée.
Cette association augmente significativement l’effet hypotenseur de cet alpha-bloquant. Cet effet peut se
prolonger pendant au moins douze heures et se manifester par des symptômes tels que des syncopes. Utilisation
avec prudence du tadalafil chez les patients traités par alpha-bloquants, notamment chez les personnes âgées. Chez
les patients traités par antihypertenseurs, le tadalafil 20 mg peut induire une baisse de la pression artérielle,
généralement mineure et vraisemblablement sans conséquence clinique. Lors de l’administration concomitante
de tadalafil 10 mg et de théophylline : légère augmentation (3,5 battements/min) de la fréquence cardiaque. Même
si cet effet est mineur et qu’il n’a eu aucune signification clinique, il doit toutefois être pris en considération en cas
d’administration concomitante de ces médicaments. Les concentrations en alcool (concentration sanguine maximale
moyenne de 0,08 %) n’ont pas été affectées par l’administration concomitante de tadalafil
(10 ou 20 mg). Chez certains sujets, observation de sensations de vertiges et d’hypotension
orthostatique. Aucune étude d’interaction spécifique avec les traitements antidiabétiques
n’a été conduite. GROSSESSE ET ALLAITEMENT (*) : Données limitées chez la femme
enceinte. Par précaution, il est préférable d’éviter l’utilisation de CIALIS pendant la grossesse.
CIALIS ne doit pas être utilisé pendant l’allaitement. EFFETS SUR L’APTITUDE A
CONDUIRE DES VEHICULES ET A UTILISER DES MACHINES (*) : Les patients
doivent connaître la manière dont ils réagissent à CIALIS avant de conduire un véhicule
ou d’utiliser des machines. EFFETS INDESIRABLES (*) : Effets très fréquents : céphalées.
Effets fréquents : dyspepsie, douleurs dorsales, myalgies. Effets peu fréquents : vision
trouble, douleurs oculaires, tachycardie, palpitations, hypotension, hypertension, douleur
abdominale, douleur thoracique1. Effets rares : accident vasculaire cérébral1 (y compris
évènements hémorragiques), syncope, accidents ischémiques transitoires1, convulsions,
amnésie transitoire, anomalie du champ visuel, neuropathie optique ischémique
antérieure non-artéritique (NOIAN)3, occlusion vasculaire rétinienne3, perte
soudaine de l’audition2, infarctus du myocarde, angor instable3, arythmie
ventriculaire3, syndrome de Stevens-Johnson3, érections prolongées, priapisme3,
mort subite d’origine cardiaque1,3. (1) La plupart des patients chez lesquels ces
évènements ont été rapportés présentaient des facteurs de risque cardiovasculaires préexistants. (2) Des cas de
diminution ou de perte de l’audition subite ont été rapportés chez un petit nombre de patients après commercialisation
et au cours d’essais cliniques avec tous les inhibiteurs de la PDE5, dont le tadalafil. (3) Des effets indésirables non
observés dans les essais cliniques contrôlés versus placebo ont été rapportés lors de la surveillance après
commercialisation. SURDOSAGE (*). PHARMACODYNAMIE (*). PHARMACOCINETIQUE (*). DONNEES
DE SECURITE PRE-CLINIQUE (*). CONDITIONS PARTICULIERES DE CONSERVATION (*). LISTE I.
(*) Pour une information complète, consulter le Résumé des Caractéristiques du Produit disponible sur le
site internet de l’AFSSAPS. NUMEROS AU REGISTRE COMMUNAUTAIRE DES MEDICAMENTS :
EU/1/02/237/006, 008, 001, 003, 004 : CIALIS 2,5 mg – 28 comprimés pelliculés - CIP 3400938054316 ;
CIALIS 5 mg – 28 comprimés pelliculés - CIP 3400938054545 ; CIALIS 10 mg – 4 comprimés pelliculés
- CIP 3400936079847 ; CIALIS 20 mg – 4 comprimés pelliculés - CIP 3400936080096 ; CIALIS 20 mg –
8 comprimés pelliculés - CIP 3400936080157. Non remboursé par la Sécurité Sociale. Non agréé à l’usage des
Collectivités. Date de dernière révision : 06 septembre 2010. LILLY FRANCE S.A.S. 13, rue Pagès 92158 Suresnes Cedex - Tél. : 01 55 49 34 34 - Information Médicale/
Pharmacovigilance : Tél.: 01.55.49.32.51 ou n° vert 0 800 00 36 36 / Fax : 01 55 49 33 07.
Lilly France - Société par Actions Simplifiée au capital de 358 511 701 e - 609 849 153
R.C.S. Nanterre – CIALIS_MLA-version1-septembre2010
Libre d’aimer
FRCLS00098 - Novembre 2010 - © Lilly – Tous droits de reproduction réservés.
L ’amour nous
appartient…