« Organismes xylophages et lignivores »

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Jeudi 16 mars 2006 – Paris
118 table ronde nationale jurisprudentielle
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« Organismes xylophages et
lignivores »
Pathologie et traitement des bois de construction
COMPTE RENDU
www.cneaf.fr
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118e table ronde nationale jusrisprudentielle
Sommaire
Ouverture ............................................................................................................................................ 3
Les principaux agents pathogènes du bois..................................................................................... 4
Les insectes à larve xylophage .......................................................................................................... 4
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La petite vrillette : Anobium punctatum............................................................................................4
La grosse vrillette ............................................................................................................................5
Le capricorne des maisons..............................................................................................................5
Les insectes xylophages..................................................................................................................... 5
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Les termites .....................................................................................................................................5
Echanges avec la salle ....................................................................................................................7
Les champignons................................................................................................................................ 9
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Les champignons de discoloration ..................................................................................................9
Les champignons lignivores ............................................................................................................9
Echanges avec la salle ..................................................................................................................14
Les traitements ................................................................................................................................. 16
Les règles techniques....................................................................................................................... 16
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Le traitement des insectes à larves xylophages et des champignons ...........................................16
Le traitement des termites et du mérule ........................................................................................17
Les produits de traitement ................................................................................................................ 19
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Les insecticides .............................................................................................................................19
Les fongicides................................................................................................................................19
Les biocides...................................................................................................................................19
Echanges avec la salle ..................................................................................................................19
La formulation des produits de traitement ........................................................................................ 19
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Echanges avec la salle ..................................................................................................................20
Les entreprises ................................................................................................................................. 21
Les garanties .................................................................................................................................... 22
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Echanges avec la salle ..................................................................................................................22
Intervenants
Jean Xavier LOURDEAU.............................................................................................................. 3
Jacques de BERMINGHAM .......................................................................................................... 3
Paris – 16 mars 2006
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118e table ronde nationale jusrisprudentielle
Ouverture
JEAN XAVIER LOURDEAU
Animateur national des TRNJ
Merci de votre présence à cette 118e table ronde organisée par le Collège national des experts
architectes français en association avec la Compagnie des experts architectes près la Cour d’appel de
Paris et la Compagnie des architectes de copropriété. Cette table ronde est consacrée aux organismes
xylophages et lignivores. Comment se comportent ces destructeurs, quel est leur mode de vie ? Quels
sont les risques encourus pour les édifices construits par l’homme ? Comment s’en protéger ? Comment
s’en débarrasser ?
Jacques de Bermingham, ingénieur et expert près la Cour d’appel de Rennes, « mettra en examen »
ces fauteurs de troubles.
JACQUES DE BERMINGHAM
Ingénieur, expert près la Cour d’appel de Rennes, spécialisé dans les polluants du bâtiment (catégorie
créée par la nouvelle réglementation) notamment les pathologies de bois et de l’humidité.
J’aimerais vous présenter successivement les agents pathogènes du bois, les traitements, les
entreprises, les garanties, et les difficultés rencontrées.
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118e table ronde nationale jusrisprudentielle
Les principaux agents pathogènes du bois
Les principaux agents pathogènes sont identifiés au sein de deux grands groupes : les insectes à larve
xylophage et les champignons.
Les insectes à larve xylophage
L’insecte à larve xylophage est un insecte s’attaquant indifféremment aux bois d’œuvre (petite vrillette,
grosse vrillette, capricorne des maisons) et aux bois vivants (capricorne du chêne, capricorne asiatique).
Le capricorne asiatique est apparu en France à l’occasion des importations de granit en provenance de
Chine.
Une différence est opérée entre les insectes à larve xylophage et les insectes xylophages, en effet dans
le cas des petite vrillette, grosse vrillette et du capricorne, le bois est consommé par la larve tandis que
pour le termite, le bois est consommé par l’insecte adulte. En France, le termite est répertorié sous deux
grandes familles : le termite sous-terrain ou de SAINTONGE et le termite de bois sec se trouvant sur la
côte méditerranéenne et ayant une biologie différente.
Rappelons le cycle biologique des insectes : ces derniers passent par le stade de l’œuf, puis de la larve,
une fois arrivée à maturité et placée dans un cocon elle devient nymphe avant d’être « imago », c’est-àdire insecte à l’âge adulte capable de se reproduire. A chaque insecte correspond un cycle, Il est parfois
difficile de déterminer quel imago correspond à une larve, les erreurs de systématique furent et restent
nombreuses.
La petite vrillette : Anobium punctatum
La petite vrillette est le ver à bois des pieds de meuble, la physiologie de sa larve est celle de
« l ’asticot ». L’œuf devient larve en un mois, puis la larve devient imago dans un délai de huit mois à
deux ans. La petite vrillette s’attaque à toutes les essences de bois, les œufs étant pondus à la surface
du bois ou dans des fissures par l’insecte adulte. Si les conditions sont bonnes, son développement est
rapide. Le cycle dure en moyenne un an.
Les insectes se développent en priorité dans l’aubier du bois (un bois tendre), zone de croissance et
riche en éléments nutritifs. En fonction de la qualité nutritive de ce bois, la larve se transforme plus ou
moins rapidement en nymphe.
Les trous constatés sur le bois sont des trous de sortie de l’insecte adulte. Ils témoignent du départ de
l’insecte, seule demeure la sciure du bois rejetée par ce dernier.
Les œufs sont pondus préférentiellement dans des trous existants, où l’insecte est protégé.
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™ La grosse vrillette
La grosse vrillette s’attaque à tous les bois contaminés et digérés préalablement par un champignon : on
la trouve donc dans des zones humides. Le cycle de cette dernière varie de deux à cinq ans selon la
valeur nutritive du bois et les conditions extérieures.
Figure : larve et imago de la grosse vrillette
Contrairement à la petite vrillette, les trous de sortie sont moins nombreux. Sous la surface du bois, à 2
ou 3 mm de profondeur les galeries sont nombreuses, la grosse vrillette ne supportant pas la lumière.
Peu visibles en surface, les dégâts sont en fait très importants.
™ Le capricorne des maisons
La larve du capricorne des maisons (ou « des charpentes ») mesure 15 à 40 mm de longueur et 5 à 10
mm de diamètre.
Cet insecte ne consomme que des bois résineux (bois sec). Leur faible valeur nutritive contraint le
capricorne à y demeurer longtemps avant de muer : son cycle varie de trois à cinq ans. En principe,
soixante ans après la mise en œuvre du bois, le bois ayant perdu la plupart de ses qualités nutritives,
l’insecte ne peut plus s’y développer. Néanmoins on peut constater certaines exceptions sur des
résineux centenaires.
Si la température de la charpente dépasse 60 degrés, les capricornes se mettent en sommeil pour
reprendre leur développement une fois la température abaissée.
Cet insecte ne supporte pas la lumière et creuse ses galeries à 2 ou 3 mm sous la surface du bois. Des
accumulations de sciure près de la surface du bois (boursouflures) sont les témoins de sa présence.
Les insectes xylophages
™ Les termites
Le termite est un insecte xylophage isoptère regroupant une centaine de genres dans le monde. En
France, deux grandes catégories sont recensées : le termite souterrain (le plus fréquent dans les
bâtiments) et le termite de bois sec.
Les termites sont des insectes dont la propagation, la reproduction et l’organisation sociale sont
similaires à celles des fourmis.
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Cette société d’insectes est divisée en castes :
- les reproducteurs ; la reine dotée d’un énorme abdomen produit un œuf par seconde en pleine phase
de reproduction ; lorsque sa production d’œufs faiblit, sa nutrition est stoppée et elle est remplacée par
la reine de réserve (et un ou plusieurs rois)
- de nombreux ouvriers ; ils assurent la construction de la termitière et apportent la nourriture
- de nombreux soldats ; ils sont chargés de la défense de la termitière et se sacrifient systématiquement
en cas d’attaque
- les individus de réserve (néotènes) ; ils peuvent rapidement se redifférencier en ouvrier ou en soldat
par une nourriture adaptée
- les reproducteurs de réserve.
La fonction sociale du termite est déterminée par la nourriture qu’il consomme. Elle est différente pour
chaque groupe constituant la termitière. A la différence des autres insectes, les termites ne consomment
pas leur nourriture sur place. Les ouvriers ont à charge de trouver et d’ingurgiter la nourriture : une fois
assimilée et modifiée par leur estomac, ils la régurgitent pour nourrir l’ensemble des termites.
Leur reproduction est assurée par la nuée des termites volants sexués lors de la période estivale.
Les termites étant lucifuges, ils circulent toujours à l’abri de la lumière dans des zones sombres et
cachées comme le bois, les maçonneries ou sous la terre.
Trois familles de termites sont recensées en France : le « termite de SAINTONGE » et le « termite
des Landes » se retrouvent essentiellement dans les bâtiments, le « termite de bois sec » vit, quant à
lui, en petites colonies dans le Midi de la France où l’on trouve une termitière par cep de vigne.
En France, les termitières sont petites et souterraines, tandis qu’en Afrique, le climat tropical permet
l’édification de termitières aériennes de plusieurs mètres cube où vivent des milliards d’individus.
L’apparition des termites en France date du 17e - 18e siècle avec la contamination des Charentes où
étaient importés du bois d’Afrique et des végétaux vivants. L’espèce se disperse grâce au transport du
bois sur la ligne ferroviaire Paris- Bordeaux. Une nouvelle vague de contamination commence à la fin du
19e siècle lors de la construction des immeubles haussmanniens. Le bois importé pour les
échafaudages contamine alors indirectement les 8e, 13e et 17e arrondissements.
Une seconde vague de contamination date des années 1950 et 1960 lors de la construction
d’immeubles ou du décaissage du sol pour bâtir des parkings souterrains. La terre infectée est déposée
dans les carrières humides des bords de Seine et de la Marne et contamine ainsi les villes périphériques
de Paris.
Aujourd’hui, on peut considérer que la contamination de l’Europe par les termites résulte de la « bêtise
humaine ».
Les termites ne consomment que de la cellulose, et on les trouve exclusivement dans les matériaux en
contenant, comme le bois, les livres, les cartons, et les vêtements.
[Commentaire d’une diapositive] Les termites ne supportent pas la lumière. On peut observer un
cordonnet fait de sciure et de salive et tapissé d’un léger enduit lisse. Un termite ouvrier (quasitransparent) peut être observé (sa taille est de 5 mm). 30 secondes après l’ouverture de la galerie, le
soldat arrive pour protéger le site : il n’a aucune chance de survie.
Figure : Carte des zones contaminées
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La zone de contamination part de la vallée de la Gironde (en raison des importations maritimes du bois
et du climat favorable). Les deux zones les plus contaminées sont la Charente et la Gironde. La Seine
maritime a été contaminée par l’importation de bois, tandis que la Côte d’Or l’a été via l’importation de
végétaux par containers.
L’Isère abrite une famille particulière de termites provenant d’Europe du sud est.
Dans le Morbihan, la contamination est en forte progression depuis une dizaine d’années.
La contamination parisienne s’est accrue avec le développement, entre autre, du chauffage urbain.
La loi 99-471 et le décret 2613 imposent la déclaration de toute contamination de termites en mairie
sous peine d’une amende contraventionnelle de 3e classe.
La carte présentée reste minimaliste, les petites mairies évitant de déclarer la présence de termites sur
leur commune par crainte des graves conséquences sur l’immobilier.
™ Echanges avec la salle
De la salle
Pourquoi un port comme St Malo n’a pas été contaminé par les termites ?
Jacques de BERMINGHAM
La présence de termites n’a jamais été recensée, elle aurait certainement pu être favorisée par les
importations, mais le milieu n’a pas permis le développement des insectes.
De la salle
Quelles sont les conséquences de la déclaration pour la mairie ?
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Jacques de BERMINGHAM
Le maire doit effectuer la déclaration de sa zone. Une fois celle-ci enregistrée, aucun bien immobilier ne
peut être vendu sans recherche préalable des termites. Le maire peut imposer le traitement de cette
zone. En pratique, les maires se sentent « attaqués » en apprenant la contamination de leur commune.
Plusieurs approches politico-économiques sont pourtant possibles pour résoudre ce problème.
Figure : Tableau de détermination rapide des insectes
Certains signes permettent de déterminer rapidement la présence des insectes à larve xylophage. Des
trous de sortie oblongs témoignent de la présence du capricorne. La grosse vrillette est suspectée en
présence de gros trous, d’humidité du bois et de sciure, alors que les trous de la petite vrillette sont plus
petits.
Le termite ne donne aucun signe visible de sa présence. Il procède par feuilletage du bois, bois qu’il
ingère et emporte ensuite dans la termitière. Il ne creuse pas de trou de sortie puisqu’il est capable de
creuser la maçonnerie pour circuler d’un morceau de bois à l’autre. Tous les immeubles, neufs ou
anciens, peuvent être contaminés par les termites. Ainsi, Créteil, ville nouvelle construite sur
d’anciennes carrières, est totalement contaminée. Elle est à ce jour la seule ville française prenant en
charge le traitement des immeubles particuliers.
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Les champignons
Les champignons sont présents partout dans la nature mais ne se développent que lorsque les
conditions d’humidité, de température et de nourriture sont favorables.
Trois types de champignons sont recensés, les champignons de discoloration ou lignicoles, les
champignons lignivores, et les moisissures se nourrissant de la matière organique du bois sans le
dégrader.
™ Les champignons de discoloration
Les champignons de discoloration s’implantent sur la surface du bois pour en modifier définitivement la
couleur. Le bleuissement est l’exemple le plus fréquent.
™ Les champignons lignivores
Tous les champignons lignivores ont le même mode biologique de développement. Ils se développent à
la surface du bois puis émettent leurs filaments à l’intérieur et se nourrissent en digérant la cellulose du
bois par un procédé enzymatique. La spore va germer, ses filaments (mycélium) croître puis former une
fructification (carpophore) et des organes de reproduction que sont les spores. Le bois est alors vidé de
sa substance, le champignon ayant consommé toute la cellulose.
Trois grandes familles de champignons lignivores sont répertoriées en fonction des dégâts provoqués :
le champignon à pourriture molle, le champignon à pourriture fibreuse et le champignon à pourriture
cubique. Dans chacune de ces familles, plusieurs dizaines ou centaines de variétés existent, mais leur
identification est inutile, sauf en cas d’expertise judiciaire.
Les champignons à pourriture molle et à pourriture fibreuse
Ces champignons se trouvent dans les bâtis en pans de bois comblés ou plâtrés. Derrière l’enduit de
surface, le bois est ramolli et réduit en une matière organique équivalente à du terreau. Lors de la
réparation suite à une contamination par champignon, seule la partie saine est traitée, la partie
contaminée est définitivement perdue.
Le champignon à pourriture molle se développe avec une humidité relative du bois supérieure à 40%,
mesurée avec un humidimètre capacitif et non résistif. Utiliser un humidimètre à aiguilles revient à
estimer et non à mesurer, ce point doit être précisé lors d’une expertise. Le degré d’humidité doit être
établi selon une valeur faible, moyenne ou forte, et non selon une valeur chiffrée.
L’humidité du bois varie en fonction de la proximité du point de rosée, qui constitue le foyer permettant le
développement du champignon. Ce champignon se trouve dans les bâtiments très humides, et (dans la
nature) sur les souches de bois morts.
Le champignon à pourriture fibreuse détruit la structure du bois en consommant les liaisons
cellulosiques des fibres du bois. Le bois se transforme alors en « spaghettis ». Il ne se développe qu’à
l’obscurité, contrairement à la pourriture molle qui peut se développer à la lumière ou à la pénombre, et
dans des milieux humides..
La fibre du bois n’est plus liée latéralement, elle ressemble à du chanvre. Ce champignon peut créer des
zones de fructification.
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Les champignons à pourriture cubique
Contrairement aux champignons à pourriture molle ou fibreuse, le champignon à pourriture cubique
dépend moins de l’humidité, et son développement reste possible dans des milieux humides de 15 à
50% (un bois dont l’humidité est de 15% est encore en apparence solide).
Toutes les essences de bois peuvent être contaminées, surtout le feuillu et certains résineux. La
dégradation s’opère par digestion de la cellulose mais les enzymes sont différents : le champignon
prélève toute l’humidité et toute la cellulose du bois. Le bois se dessèche, ce qui conduit à une rupture
de ses fibres en petits cubes de 2 à 3 cm de côté.
Le champignon à pourriture cubique se développe uniquement à l’obscurité, il est introuvable en
surface.
Le mérule ou serpula lacrymans
Ce champignon est en pleine expansion depuis cinq ou six ans.
Le mérule circule à travers les maçonneries à la recherche des zones d’humidité. Le bâtiment est
contaminé dans son ensemble et non seulement pour ses parties en bois même si seules ces dernières
sont dégradées par le champignon.
Le mérule peut se développer dans un milieu humide à 30%. Il se procure alors sa propre alimentation
en eau en digérant le bois consommé, à condition que le milieu soit confiné et obscur.
Il est très présent dans le Nord-Ouest de la France où il est question d’adopter un arrêté pour le
diagnostic du mérule ; ce champignon est déjà devenu une cause nationale en Belgique, aux Pays-Bas
ou au Royaume-Uni. Les experts refusent ce projet de réglementation et la mise en place systématique
d’un état parasitaire du mérule, car un tel diagnostic est impossible à établir sans tout détruire (le mérule
ne se développe que dans des endroits cachés).
Le mérule est un mycélium organisé émettant des filaments (rysomorphes) dont la structure ressemble
à celle d’un « lierre ».
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Figure : dégâts causés par le mérule
Les dégâts matériels apparents constatés sont principalement les boiseries gondolées et déformées. Le
traitement consiste à enlever tous les bois pour traiter les parties non contaminés et les maçonneries
(lesquelles seront brûlées au chalumeau).
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Figure : le mérule : phase dormante et phase active
Ce visuel présente les deux phases de développement du mérule : à gauche la phase active avec la
germination d’une seule spore, à droite la phase dite dormante lorsque le développement a été stoppé
(ne restent que les nervures). A ce stade, le rysomorphe, qui ne meurt jamais, est en sommeil.
Une étude jurisprudentielle de 20051 sur le mérule distingue bien la phase active et la phase dormante.
Pour la jurisprudence, le mérule en phase dormante dans une zone contaminée est un facteur devant
être pris en compte par l’acheteur. En revanche, le mérule en phase active constitue un vice caché
donnant lieu à réparation.
Un même morceau de bois peut être contaminé par un mérule en phase active et également par un
mérule en phase dormante. La contamination par le mérule n’est jamais prise en charge par les
assurances, il faut donc trouver le point d’origine de cette contamination : une fuite d’eau par exemple.
Le mycélium (filaments du mérule) est un feutrage blanc pouvant atteindre plusieurs centimètres
d’épaisseur.
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Jurisprudence des tribunaux de grande instance de Brest, Morlaix, St Brieuc, Rennes, de la Cour d’appel de Rennes et de la
Cour de cassation
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Figure : mycélium entre enduit et maçonnerie
Le rysomorphe entre l’enduit et le mur est énorme. Le cloquement de l’enduit fait suspecter la présence
d’un réseau de mérules.
Le carpophore (fructification du mérule) se caractérise par une couleur orange/marron de la zone de
production des spores. Sa phase de développement s’étend sur toute l’année. En vieillissant, il durcit,
mais la zone de croissance (blanche) reste présente.
Figure : carpophore du mérule
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Autres champignons
D’autres champignons peuvent se développer sur le bois, comme le coprin, un champignon des bois
lignivore. Ce champignon à pourriture molle entraîne la destruction définitive de la souche du bois par
une croissance sous forme de petites touffes.
On le retrouve dans les habitations, et il supporte la lumière : il se présente en effet (comme un
champignon « classique ») avec une tige et un chapeau sur sa partie aérienne.
Figure : coprin mural
Une fissure dans l’enduit laisse apparaître ce champignon à chapeau. Après deux ou trois jours de vie
sous cette forme, il se dessèche.
™ Echanges avec la salle
De la salle
Quelle est la méthode adoptée par les laboratoires pour dater les contaminations ?
Jacques de BERMINGHAM
Un seul laboratoire français est capable de pratiquer la datation complexe au carbone 14 pour certaines
contaminations, principalement pour les champignons. La digestion de la cellulose par les enzymes du
champignon aboutit à une transformation chimique du champignon, un phénomène qui ne se produit
pas si le parasite est un insecte xylophage.
Il faut prélever du bois sain et du bois contaminé sur la même pièce de bois et procéder à une
comparaison.
Le carbone 14 ne permettra qu’une datation par rapport à la dernière transformation chimique.
Pour les termites, la datation est réalisée d’après les enduits (aucune méthode scientifique n’existe),
pour les insectes à larves xylophages, d’après la sciure et les trous de sortie. Un bon technicien peut
estimer (alors que le juge demande une date) si la contamination est active, ancienne ou très ancienne
De la salle
Une maison construite sur des pieux de bois est-elle plus exposée à la contamination ?
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Jacques de BERMINGHAM
L’eau n’abîme pas le bois, elle le conserve, ce sont les éléments pathogènes qui le détruisent, et leur
développement est favorisé par l’eau, l’oxygène et l’obscurité.
De la salle
Le diagnostic peut-il être effectué par d’autres moyens ?
Jacques de BERMINGHAM
Le moyen le plus fiable reste l’observation du bois.
La détection des champignons par la mesure de la variation du taux d’azote dans l’air est une technique
très efficace en laboratoire mais difficile à appliquer dans une maison, même avec un appareil adapté.
Les Australiens font appel à des imageurs à infrarouge pour déceler les termites. La légère différence de
température entre les zones contaminées et les zones saines est relevée par l’appareil. Ce matériel de
technologie militaire n’est pas disponible en France à usage d’expertise. Les soutiens techniques sont
encore finalement pauvres, et la méthode la plus sûre reste le sondage manuel.
De la salle
Quelles sont les régions les plus touchées par le mérule ?
Jacques de BERMINGHAM
Il s’agit essentiellement du Nord-Ouest, mais Paris recense aussi une importante contamination tout
comme la Bourgogne. Le CTB parle d’une contamination exclusive des résineux mais le mérule
s’attaque également aux chênes et aux châtaigniers. Les régions les plus sèches restent épargnées.
De la salle
Quel est le mode de propagation des termites ?
Jacques de BERMINGHAM
Le principal mode de contamination naturel est l’essaimage : les individus néotènes construisent une
termitière secondaire à faible distance de la termitière principale.
Mais nous avons vu que le transport par l’homme de matériaux contaminés reste, dans nos pays
européens, le mode le plus fréquent et le plus grave de propagation.
De la salle
Quelle est la biologie du cognophore des caves ?
Jacques de BERMINGHAM
Les ramifications de ce champignon ressemblent au mérule. Il se développe dans des zones plus
humides (entre 40 et 50%), uniquement à la surface des maçonneries. Cette contamination est donc
traitée de la même manière qu’une contamination par un champignon lignivore simple.
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Les traitements
Le traitement des bois ne répond à aucune obligation réglementaire, les règles employées sont
volontaires, qualifiées de « règles de l’art ».
Les seules règles techniques existantes sont les recommandations CTBA et le référentiel QUALIBAT de
2000.
Les règles techniques
La même règle technique est appliquée aux insectes à larves xylophages et aux champignons, et
d’autres règles sont employées pour les termites et le mérule.
™ Le traitement des insectes à larves xylophages et des champignons
Les règles de l’art retrouvées dans les recommandations CTBA et dans le référentiel QUALIBAT sont le
strict minimum requis. Il s’agit du bûchage du bois consistant en une purge de toutes les parties
vermoulues ou dégradées jusqu’à trouver une partie saine. Les surfaces doivent être brossées au
moyen d’une brosse métallique afin de les rendre perméables au produit appliqué. On procède ensuite à
l’injection des bois de section forte puis à une pulvérisation à reflux avec le produit de traitement.
Si ce processus n’est pas appliqué, les tribunaux, s’appuyant sur l’avis du technicien, considèrent alors
que les règles de l’art n’ont pas été respectées.
Le bûchage
Le bûchage permet également d’estimer la solidité résiduelle des pièces de bois. La plupart des insectes
ne supportant pas la lumière, ils ne s’attaquent qu’à la structure, et laissent en surface un aspect sain.
Le bûchage permet d’ôter les pièces n’ayant plus aucune utilité mécanique en raison de leur défaillance.
Il s’opère à l’herminette (hachette dont la lame est à la perpendiculaire de l’axe du manche) ou à la
hachette ou désormais à l’aide d’outils manuels assistés (burineurs). Les règles de sécurité doivent être
respectées lors du bûchage : l’équipement individuel est composé d’une combinaison, de gants, de
lunettes et d’un masque, car la sciure de bois est cancérigène. La protection respiratoire est obligatoire
et.QUALIBAT impose le suivi médical de tous les ouvriers pratiquant le bûchage ou étant au contact de
la sciure de bois.
Le brossage
Le brossage des surfaces s’opère à la main à l’aide d’une brosse métallique pour enlever tous les
revêtements (peinture, enduit, oxydation naturelle du bois) qui rendent le bois étanche au produit
appliqué. Les mêmes équipements de protection sont requis, le masque devant présenter un niveau de
protection P3 face à la poussière.
L’injection des bois
L’injection des bois est indispensable pour faire pénétrer le produit fongicide ou insecticide au cœur du
bois, car le bois n’est pas naturellement poreux. Les fibres creuses du bois sont utilisées pour faire
pénétrer ce produit sous pression (entre 3 et 7 bars). Les règles techniques recommandées sont le
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percement des pièces de bois aux deux tiers de l’épaisseur suivi par trois injections au mètre linéaire. La
taille de l’injecteur peut varier selon la matière à traiter, de 4 à 6 mm pour les huisseries, de 8 à 12 mm
pour les bois d’œuvre et de 16 à 20 mm pour les maçonneries.
Il existe également des techniques d’injection directe : certaines machines procèdent à la fois au
perçage du bois et à l’injection du produit (mèche creuse remplie du produit à injecter).
Figure : perçage pour mise en place des injecteurs
Les produits de traitement de bois sont dangereux, et la protection individuelle composée au minimum
d’un masque chimique à cartouche filtrante (classification A2 ou B2), d’une combinaison étanche avec
cagoule, d’une protection du visage et de gants à manchette, est indispensable d’après les
recommandations QUALIBAT et CTBA.
Selon les recommandations du fabricant, la quantité de produit à appliquer varie entre 200 et 400 g par
mètre linéaire de bois, l’application au badigeon est totalement inefficace. La pénétration du produit dans
le bois varie entre 10 et 12 mm.
L’application de surface
Pour faire pénétrer le produit dans le bois, deux applications à reflux sont effectuées. On pulvérise en
brouillard jusqu’à rejet du produit par le bois. L’atmosphère est alors saturé de produit toxique, et la
protection est ici encore indispensable (nécessité d’une adduction d’air).
™ Le traitement des termites et du mérule
Le traitement des termites
Il existe deux façons de traiter les termites, la méthode traditionnelle (application en masse d’insecticide
dans l’ensemble du bâtiment à traiter et aux alentours) et la méthode du piégeage.
La méthode traditionnelle
Les termites contaminent les bâtiments en s’introduisant dans le sol et le sous-sol. Ils recherchent la
cellulose en suivant les zones humides et en creusant les maçonneries et les doublages afin de circuler
à l’abri de la lumière. Il faut donc traiter aussi les maçonneries et non uniquement les bois. Le principe
est de créer deux barrières.
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La première est une barrière géographique saturant d’insecticide le sol de la zone contaminée ainsi que
les murs du périmètre et l’ensemble des maçonneries. Le traitement s’étend à un niveau supérieur au
dernier niveau contaminé pour établir une barrière chimique.
La seconde barrière est alimentaire, l’injection du produit saturant tous les bois des zones contaminées
et celles adjacentes pour intoxiquer les termites. Ce traitement est très nocif pour l’environnement mais il
est également très efficace en dépit de sa lourdeur et de son coût. (Rappelons que le termite n’est pas
un risque aléatoire et qu’il n’est pas pris en charge par les assurances.)
L’appâtage du termite
Les termites prélèvent de la nourriture dans leur environnement et l’ouvrier la déplace vers la termitière.
Le principe ici est donc d’empoisonner cette nourriture afin de détruire la colonie. Le produit doit avoir un
effet retard suffisant pour ne pas empoisonner l’ouvrier avant qu’il n’ait rapporté la nourriture. De
nouvelles familles d’insecticides à effet retard important ont été commercialisées). Le termite est
aveugle, et la boîte d’appâtage peut sans problème être placée sur le cordonnet de circulation.
Ce procédé est efficace car il détruit la termitière et permet de protéger l’environnement. L’inconvénient
est de devoir patienter entre six mois et deux ans jusqu’à complète éradication des termites.
De la salle
Quelle garantie pour l’avenir proposent ces traitements ?
Jacques de BERMINGHAM
Une maison traitée chimiquement est saturée d’insecticides, et les termites ne peuvent recontaminer
cette zone. La garantie est de dix ans pour les bois et de cinq ans pour les maçonneries. En revanche,
une maison traitée par appâtage n’est garantie que pour la durée du traitement. Les boîtes d’appatâge
étant placées sur le trajet du cordonnet, elles n’interviennent pas sur les foyers de nouvelles
contaminations.
Le traitement du mérule
Le procédé technique employé pour le mérule est similaire à celui des termites. Sa spécificité réside
dans la nécessité de dégrader tous les enduits et de déposer toutes les boiseries et doublages en
présence de filaments de mérule. Les bois contaminés sont bûchés sauf en cas de contamination
profonde où ils sont simplement éliminés. Le mérule dormant est en phase de repli, ou de protection : il
est peu réceptif aux produits chimiques, efficaces sur des organismes en activité. La règle est donc de
brûler les maçonneries au chalumeau à flamme nue, une opération longue (la chaleur doit atteindre 300
degrés) et dangereuse. Les maçonneries sont ensuite injectées de fongicide ou de biocide avant le
traitement des bois conservés.
La règle technique CTBA ou QUALIBAT est de traiter préventivement les zones saines du bois sur 1.5
m au-delà de la dernière zone contaminée et dans les trois dimensions. Aucun traitement n’est efficace
sans avoir préalablement éliminé la source initiale d’humidité comme les fuites d’eau, la condensation
ou les remontées capillaires dans les bâtiments anciens.
Paris – 16 mars 2006
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118e table ronde nationale jusrisprudentielle
Les produits de traitement
™ Les insecticides
Les insecticides doivent porter la marque NF ou le label CTBP+ pour les produits utilisés par des
professionnels qualifiés. Des produits non certifiés par le CTB (organisme certificateur) sont utilisables
s’ils ont la marque CE. Les insecticides sont des neurotoxiques, et ils sont dangereux pour tous les êtres
vivants. Les molécules chimiques de l’insecticide viennent se fixer à la place des transmetteurs
chimiques naturels des cellules nerveuses, et ce de manière définitive, entraînant la mort soit par arrêt
de la transmission de l’activité nerveuse, soit par une hyper activité nerveuse.
Le système nerveux des insectes fonctionne selon le même processus chimique que celui de l’être
humain, et ce qui est toxique pour les insectes l’est aussi pour l’être humain.
L’applicateur doit être protégé, et les lieux doivent être ventilés après l’application de l’insecticide afin de
préserver l’occupant des lieux. Auparavant, le PCP était utilisé, mais il restait dans l’atmosphère par
effet de vapeur et a été interdit. Le traitement du bois est pratiqué avec des molécules développées pour
le monde agricole et dont l’homologation permet de protéger l’environnement ou d’en limiter l’impact.
™ Les fongicides
Les fongicides sont des inhibiteurs de la respiration cellulaire, ils en bloquent le mécanisme (d’ailleurs
identique pour le champignon et pour l’homme). Ces produits sont moins agressifs mais restent
extrêmement cancérigènes. Les fongicides bois ne disposent pas de la norme NF ou du label CTBP+.
™ Les biocides
Les biocides sont des produits insecticides ou fongicides détruisant toute vie. Ils sont répertoriés dans la
directive européenne dite « biocides ». Les préconisations de cette dernière s’applique à toutes les
matières actives biocides. Les Etats membres disposent de 10 ans à partir de 2004 pour l’appliquer. La
France commence seulement la mise en œuvre pour obtenir à terme une homologation européenne des
produits.
™ Echanges avec la salle
De la salle
Quels sont les dangers encourus par les habitants d’une maison traitée aux biocides ?
Jacques de BERMINGHAM
Ces dangers dépendent de la méthode d’application du produit. Les produits dangereux sont ceux
appliqués en surface. Le danger aigu est limité par une ventilation efficace les jours suivants le
traitement.
La formulation des produits de traitement
La formulation est la forme sous laquelle le produit va être mis à la disposition du professionnel. La
forme traditionnelle est liquide mais elle regroupe deux formulations différentes. La forme solvantée est
un mélange du produit avec un solvant pétrolier, ce mélange pénétrant mieux dans le bois.
Paris – 16 mars 2006
20
118e table ronde nationale jusrisprudentielle
L’inconvénient est la forte toxicité intrinsèque du solvant pétrolier et sa forte inflammabilité. En réponse,
les fabricants ont créé une formulation aqueuse dont la concentration en produit est plus forte mais dont
l’application est réalisée avec de l’eau et non avec un solvant.
Les règles techniques CTBA ou QUALIBAT n’ont pas encore pris en compte l’utilisation de cette
dernière formulation, et elles continuent de recommander la présence d’un extincteur sur le chantier. ( !)
Une nouvelle formulation en gel a été créée par un fabricant. Elle a l’avantage de pouvoir s’appliquer au
pinceau ou d’être pulvérisée ou injectée. Bien que composée d’un solvant pétrolier, elle est donnée
comme ininflammable. Ce produit permet une pénétration jusqu’à 45 mm à l’intérieur du bois, ce qui
multiplie par trois la pénétration du produit en surface.
Les règles techniques visent l’injection des bois mesurant plus de 34 cm de périmètre de section. Au
moyen de ce gel, l’injection s’étend à 45 cm. Cette formulation en gel n’existe que sous la forme
d’insecticide. Elle constitue une véritable avancée permettant de ne travailler qu’en surface.
™ Echanges avec la salle
De la salle
Comment s’effectue le traitement d’une charpente contaminée en cas de combles aménagés ?
Jacques de BERMINGHAM
Dans ce cas, seules les pièces maîtresses sont visibles, et si les chevrons arrières sont contaminés, il
faut enlever les doublages ou la couverture du bâtiment.
Paris – 16 mars 2006
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118e table ronde nationale jusrisprudentielle
Les entreprises
L’activité de traitement du bois n’est pas réglementée, et aucune obligation d’agrément, de certification
ou de qualification n’est imposée aux entreprises. Les entreprises ne sont pas tenues de souscrire à une
assurance pour pratiquer cette activité, contrairement aux experts. Le traitement du bois n’est pas
soumis à la garantie décennale, ce qui implique pour le professionnel d’être titulaire d’une assurance
spécifique dont l’étendue doit être vérifiée avant la conclusion du contrat. Il existe deux certifications
volontaires en France, celle du CTBA et celle de QUALIBAT datant de 2000.
Le CTBA est un organisme scientifique professionnel dont le travail technique et scientifique sur le
traitement du bois est excellent. Les entreprises certifiées par le CTBA doivent payer un droit d’entrée,
répondre à un certain cahier des charges, et payer une redevance équivalente à 2,5 voire 4 % de leur
chiffre d’affaires, ce qui constitue la définition légale d’une franchise….
QUALIBAT propose une certification de service notamment pour l’amiante. Il s’agit d’une certification du
bâtiment du type ISO 9000. Le coût d’un audit effectuée par QUALIBAT est de 2000 €, puis l’organisme
perçoit une redevance annuelle de 90 € environ quelle que soit la taille de l’entreprise. La certification
QUALIBAT est récente, et peu d’entreprises sont qualifiées, d’autant plus que le CTBA a su se rendre
indispensable. Le livret des recommandations CTBA n’est pas public contrairement au référentiel
QUALIBAT.
A l’échelon local, de nombreuses entreprises fiables mais sans certification existent, il faut alors se fier à
leur réputation.
Les qualifications QUALIBAT sont le 15.22 pour les insectes à larves xylophages, le 15.23 pour les
termites et le 15.32 pour les champignons type mérule. La qualification sur le traitement de l’humidité a
été créée en 2006.
Paris – 16 mars 2006
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118e table ronde nationale jusrisprudentielle
Les garanties
Les travaux de traitement du bois et assimilés ne sont pas soumis à la garantie décennale, les garanties
proposées sont par conséquent contractuelles et parfois même « virtuelles », tant leur contenu est
parfois opaque quant aux conditions d’engagement de la garantie.
Les entreprises proposent généralement une garantie fabricant de dix ans. Cette garantie de l’efficacité
du produit pendant dix ans est soumise à une réalisation du traitement dans les règles de l’art. En
pratique, elle est impossible à mettre en œuvre.
Certaines entreprises disposent de garanties d’assurance mais il convient d’en regarder précisément les
conditions d’application. Il s’agit de garantie contre toutes reprises de contamination sous la condition
d’un chantier laissé dans son état d’achèvement, toutes modifications du bois levant immédiatement la
garantie.
La meilleure garantie est celle dont bénéficient certaines entreprises, il s’agit d’anciens contrats
d’assurance de garantie de l’efficacité du traitement. Il est indispensable de vérifier que l’assurance
précise l’activité garantie.
En conclusion, Il est important de rappeler qu’aucune contamination n’est bénigne et que son
identification est souvent délicate, il faut donc systématiquement traiter les bois. Ce traitement est
difficile, et il est nécessaire de bien choisir les entreprises et de faire appel à des spécialistes dans le
cadre d’une expertise.
™ Echanges avec la salle
De la salle
Le traitement peut-il s’effectuer par micro-ondes ?
Jacques de BERMINGHAM
Cette méthode est très efficace pour la désinfection des bacs à sable. Elle permet la destruction de tous
les micro-organismes sans le moindre apport chimique. Le bois étant un isolant, cette méthode n’est
efficace que sur le bois d’œuvre contaminé avant sa mise en œuvre.
De la salle
Le diagnostiqueur a-t-il un devoir de conseil ?
Jacques de BERMINGHAM
Le législateur semble prévoir un devoir de conseil du diagnostiqueur avec la loi 99-471 visant la
protection des propriétaires et des acquéreurs d’immeuble contre les termites et autres insectes
xylophages. Le décret 2000-613 vise quant à lui la protection des acquéreurs contre les termites.
L’arrêté du 10 août donne le formulaire CERFA précisant l’absence ou la présence de termites. Les
tribunaux tendent à juger l’existence d’un devoir de conseil du diagnostiqueur qui doit mentionner
l’éventuelle présence d’insectes non prévus par la loi, même en cas d’absence de termites.
De la salle
Quelle est la qualification requise pour être diagnostiqueur ?
Paris – 16 mars 2006
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118e table ronde nationale jusrisprudentielle
Jacques de BERMINGHAM
Aucune qualification n’est requise, la loi impose seulement une assurance spécifique. Les ordonnances
de juin 2005 prévoient la certification de service global des diagnostiqueurs ainsi qu’une validation
domaine par domaine. Cette certification devait être applicable au 1er janvier 2006 mais le décret
d’application n’est pas sorti. Il n’existe donc pas de diagnostiqueurs certifiés. La seule certification
professionnelle existante concerne l’amiante.
De la salle
Les textes interdisent le sondage destructif, quel sondage doit donc être pratiqué ?
Jacques de BERMINGHAM
Le sondage doit être superficiel, pratiqué avec la pointe du couteau. Il s’agit d’un sondage de surface.
C’est sur cette base qu’est effectué le diagnostic d’état parasitaire.
De la salle
La stérilisation a-t-elle été envisagée comme méthode de traitement ?
Jacques de BERMINGHAM
Les termites grignotent des morceaux de bois, les placent dans une poche abdominale, et les assimilent
grâce à un protozoaire parasite de la poche abdominale. Une voie de recherche scientifique actuelle est
la stérilisation de ce protozoaire afin d’affamer les termites qui ingurgiteraient du bois sans pouvoir le
digérer.
La réglementation mondiale, elle, interdit d’appliquer des produits de type antibiotique dans la nature : la
vie de l’homme et sa résistance au virus en dépendent (comme l’ont décidé l’OMS et l’Organisation
mondiale de l’agriculture).
Paris – 16 mars 2006
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118e table ronde nationale jusrisprudentielle
Compte rendu de la table ronde nationale jurisprudentielle
Jeudi 16 mars 2006
© Cneaf 2006
Réalisation du compte rendu :
E-mail : [email protected]
Téléphone : 03 20 13 02 02
Paris – 16 mars 2006

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