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OBSERVATOIRE DES FAMILLES POITOU CHARENTES FAMILLES ET PREVENTION SANTE SYNTHESE ENQUETE 2013-2014 Afin de donner les moyens à l’Institution Familiale de "produire des données familiales", de les recueillir, de les analyser à divers échelons géographiques, d’étayer une réflexion, d’argumenter un point de vue, les UDAF et URAF ont mis en place des Observatoires des Familles. Il s’agit de construire une démarche vivante et permanente de connaissance de l’ensemble des familles, qui permette d’analyser la situation à un instant "t" et les évolutions. Cette enquête a été réalisée dans chaque département de la Région Poitou Charentes. La synthèse présentée ici donne une image régionale. L’analyse a été menée par Elisabeth PAPOT, psychosociologue et coordinatrice de l’URAF Poitou Charentes. « Des familles actrices de leur santé ? Comment parler de la prévention sans interroger les familles elles-mêmes, afin de connaître leur opinion sur les campagnes de prévention, leur compréhension, leur comportement vis-à-vis de leur propre santé ou de celle de leurs enfants ? C’est l’objet de cette enquête. CONTEXTE D’ETUDE La cellule familiale est le lieu des apprentissages des comportements futurs vis-à-vis de sa santé. Les habitudes prises durant cette période auront de fortes chances de se réitérer tout au long de la vie. Quelques éléments provenant d’études diverses : « Un collégien sur trois affirme sauter le petit-déjeuner ». « Plus de 9 Français sur 10 pensent avoir une bonne hygiène de vie » «150 000 hospitalisations annuelles liées à des accidents médicamenteux et de 13 à 18 000 le nombre de morts provoquées par des médicaments. « Il y a près de 11 millions d’accidents de la vie courante chaque année en France. Ces accidents produisent 4,5 millions de blessés qui ont recours aux urgences. 19 000 personnes décèderont de ces accidents ». Il est nécessaire de donner les moyens aux familles d’acquérir les bons réflexes et les bons comportements. Ceci est particulièrement vrai dans le domaine de la santé. De nombreuses études montrent que notre pays peut améliorer sensiblement la pertinence des messages et des actions de prévention à destination du public d’un point de vue général et vis-à-vis des familles en particulier. METHODOLOGIE Le questionnaire a été élaboré par le comité de pilotage national de l’Observatoire des Familles à l’UNAF, composé de techniciens et d’administrateurs des UDAF et URAF. 12882 questionnaires ont été envoyés par voie postale en mai 2013 à un échantillon aléatoire de familles allocataires CAF ou MSA ayant au moins un enfant à charge (au sens de la législation familiale, jusqu'à 18 ou 20 ans au domicile) et vivant en Poitou Charentes. Le taux de retour de 16,6 % est satisfaisant. Au final, l’analyse porte sur 2128 questionnaires. Un redressement a été effectué afin d’avoir des échantillons départementaux correspondant au pourcentage départemental de familles avec enfants par rapport à la région. INSEE Charente Charente-Maritime Deux-Sèvres Vienne familles avec enfants % 45885 20% 79928 35% 49268 21% 55623 24% 230703 100% Source : Insee données 2010 (mises en ligne en juin 2013) ECHANTILLON Charente Charente Maritime Deux Sèvres Vienne Poitou Charentes Nombre de Questionnaires 476 490 555 607 2128 % avant % après redressement redressement 20% 22% 35% 23% 21% 26% 24% 29% 100% 100% PRESENTATION DE L’ECHANTILLON GENRE DES REPONDANTS Hommes 12% Femmes 88% TYPE DE FAMILLES En couple 80% Seul (e) 20% AGE DE LA PERSONNE DE REFERENCE 19 à 29 ans 8% 30 à 39 ans 38% 40 à 49 ans 43% 50 ans et plus 12% Différences entre départementaux les échantillons En Charente, les familles sont plus jeunes, il y a plus de personnes sans complémentaire santé et plus de personnes sans activité professionnelle. NOMBRE D’ENFANTS PAR FAMILLE 1 enfant 22% 2 enfants 51% 3 et + 27% En Charente Maritime, il y a plus de personnes sans couverture maladie, plus d’artisans, commerçants et plus d’employés. AFFILIATION CAF 92% MSA 8% ASSURANCE MALADIE Régime droit commun CMU CATEGORIE SOCIOPROFESSIONNELLE Agriculteur 4% Artisan, commerçant, chef 9% d'entreprise Cadre, ingénieur, professeur 13% Profession intermédiaire, 22% technicien, instituteur Employé 20% Ouvrier 25% Retraité 1% Sans activité professionnelle 6% En Deux Sèvres, il y a plus de couples, plus de personnes sans couverture maladie, plus d’agriculteurs. En Vienne, il y a plus de personnes sans activité professionnelle. 90% 8% COMPLEMENTAIRE SANTE Contrat collectif ou individuel CMU-C aucune 91% 5% 7% Parmi les personnes relevant de la CMU, 58% ont la CMU complémentaire, 11% un contrat individuel et 31% n’ont pas de complémentaire. Différences entre les allocataires CAF et MSA Les familles allocataires de la MSA ont plus d’enfants et sont plus souvent en couple. Ils sont légèrement plus âgés. Les résultats sont identiques en ce qui concerne l’hygiène de vie. Ils sont plus nombreux à estimer qu’il est important d’avoir une alimentation équilibrée et en ont effectivement une. Ils sont d’ailleurs moins nombreux à estimer que manger équilibré est plus cher. Ils pratiquent plus une activité physique. LES PRATIQUES EN PREVENTION SANTE PRATIQUES MEDICALES Les décisions de consultation La prévention lors de la consultation La décision d’aller en consultation varie selon que cela concerne les parents ou leurs enfants. La majorité des adultes (85%) attendent d’être vraiment mal pour consulter pour eux-mêmes mais ils consultent dès les premiers symptômes pour leurs enfants (69%). La moitié des familles abordent des sujets concernant la prévention lorsqu’ils consultent le médecin, et le plus souvent à leur propre initiative. Lorsqu’il s’agit des consultations pour leurs enfants, la prévention est abordée dans 78% des cas et le plus souvent à l’initiative des parents. La prévention en matière de santé est un sujet particulièrement mobilisateur pour les familles puisqu’elles n’hésitent pas à l’aborder lors de leurs consultations médicales. Le non recours à la consultation médicale Quand les personnes ont besoin d’aller chez le médecin, pour la moitié d’entre elles, il leur est déjà arrivé de ne pas y aller. Ce pourcentage est plus élevé en Charente (58%). Les motifs invoqués sont l’automédication ou les délais d’attente trop importants. Le coût de la consultation arrive en 3ème position, et de manière plus importante en Vienne. Les parents sont attentifs à leur propre santé, même s’ils ne vont pas consulter dès le premier symptôme. Cette attention est plus appuyée en ce qui concerne leurs enfants, puisque les parents n’attendent pas que les enfants soient vraiment mal pour consulter. Les précautions lors de la prise de médicaments Lire la notice du médicament est une pratique largement partagée, même lorsque le médicament a été prescrit (pour 62% des parents). Pour les autres, la notice est lue quand le médicament est pris en automédication. La date de péremption est presque toujours vérifiée (61%). Beaucoup moins demandent conseil au pharmacien, sauf en cas d’automédication. Très peu cherchent de l’information sur internet (66% jamais). Application des actions préventives Les actions préventives sont toutes respectées par la majorité des familles : 97% Laisser le médicament dans sa boite avec sa notice Ranger les médicaments dans un endroit inaccessible aux enfants 88% Vérifier régulièrement les dates de péremption des médicaments Rendre les médicaments non utilisés ou périmés au pharmacien 82% 65% Les familles prennent généralement des précautions aussi bien pour la prise de médicaments que pour leur conservation. PRATIQUES DE VIE QUOTIDIENNE Connaissance et pratique des principes d’hygiène de vie Pour apprécier cette connaissance, nous avons interrogé les familles sur leurs pratiques. Nous avons utilisé des habitudes considérées comme concourant à une bonne hygiène de vie. Savoir que c’est important nous permet de savoir si les familles savent ce qui est important pour une bonne hygiène. Nous avons ainsi la réponse à deux questions : Les familles savent-elles ce qu’est une bonne hygiène de vie ? Les familles ont-elles une bonne hygiène de vie ? Nous avons différencié le fait de penser que c’est important et le fait de le faire. Avoir une alimentation équilibrée 74% 83% 25% 16% Se brosser les dents après chaque repas 38% 34% 61% 66% 72% 24% Avoir des heures de repas fixes Avoir un nombre d'heures de sommeil suffisant Avoir des heures de coucher fixes et adaptées Avoir une activité physique régulière 89% 10% 52% 46% 9% 50% 47% 11% 45% 54% 15% les parents le font les parents ne le font pas les enfants le font 91% les enfants ne le font pas 89% 85% Lire : 74% des parents estiment avoir une alimentation équilibrée. Lorsque« les parents ne le font pas », ils estiment néanmoins que c’est important. Le pourcentage de personnes trouvant que ce n’est pas important est infime. Toutes les familles considèrent que ces pratiques sont importantes aussi bien pour les parents que pour les enfants, pour autant certaines sont plus pratiquées que d’autres. Se brosser les dents après chaque repas est pratiqué par 66% des enfants et 61% des parents. Cette pratique nécessite d’avoir le matériel avec soi alors que la plus grande partie des personnes ne peuvent pas prendre leurs repas chez eux. C’est un premier empêchement. Les autres pratiques sont massivement faites par les enfants (de 83 à 91%) et un peu moins par les parents (de 45 à 74%). Ce qui est le plus difficile à faire pour les parents, c’est avoir une activité physique régulière. Nous ne pouvons pas savoir si dans cette question les personnes ont perçu l’activité physique au sens large ou dans un sens plus restreint de « activité sportive ». En ce qui concerne le sommeil, la moitié des parents n’arrivent pas à une pratique régulière et suffisante. Il est, semble-t-il, un peu plus facile d’observer une régularité en ce qui concerne les repas. Toutefois un quart des parents estiment ne pas avoir une alimentation équilibrée. 51% des parents et 89% des enfants ont une bonne hygiène de vie. PRATIQUES ALIMENTAIRES Les trois principaux critères d’une alimentation équilibrée Manger des fruits et légumes chaque jour 87% 73% Prendre 3 repas par jour Manger de la viande, du poisson ou des œufs 1 à 2 fois par jour Manger au moins 3 produits laitiers par jour Avoir une alimentation variée qu’importe la quantité Manger des féculents (riz, pâtes, pommes de terre) à chaque repas 28% 28% 26% Parmi les critères définissant une alimentation équilibrée retenus par le PNNS (Plan National Nutrition Santé), certains sont plus connus que d’autres par notre échantillon. SI « manger des fruits et légumes chaque jour » est très bien connu, « manger des féculents à chaque repas » l’est beaucoup moins. 14% Les informations nutritionnelles sur les emballages des produits alimentaires Les questions ont porté sur le fait de lire les informations puis de les comprendre et enfin sur l’influence possible sur les achats. Les réponses montrent que les familles portent plus d’attention à la liste des ingrédients et aux labels. Ainsi, 57% lisent la liste des ingrédients, 48% la comprennent et 53% en tiennent compte dans leur choix. Plus de la moitié prêtent attention aux labels et certifications. Il est donc important que ceux-ci correspondent bien à quelque chose et soient fiables (exemple des yaourts peuvent être qualifiés de « 100% authentique », ce qui ne correspond à rien). Les informations concernant le nombre de calories, les composants (protéines, vitamines, minéraux), les indications concernant le cholestérol, sont considérées comme moins importantes, elles sont peu lues et n’influencent pas l’achat pour notre échantillon, qui rappelons-le, est constitué de personnes de moins de 50 ans pour la plupart. 54% des personnes estiment qu’il est plus cher de manger équilibré. La majorité (les 3/4 voire les 4/5 pour les enfants) affirme ne pas grignoter entre les repas. La grande majorité (88%) pense que prendre ses repas en famille incite à manger plus équilibré. PRATIQUES POUR EVITER LES ACCIDENTS DOMESTIQUES Les accidents de la vie courante sont la troisième cause de mortalité. Il y a près de 11 millions d’accidents de la vie courante chaque année en France. Deux catégories de la population sont particulièrement touchées : les personnes âgées et les enfants de 1 à 14 ans. Pour éviter les accidents domestiques Les parents ont pour la grande majorité d’entre eux dialogué avec leurs enfants (85%), et mis en place des éléments de protection (47%). Il est à noter que 33% se sont initiés aux gestes de premiers secours. Lors de la survenue d’un accident domestique (environ 25% de notre échantillon) Les réactions sont le plus généralement de donner les premiers soins ou d’appeler les secours (plus souvent pour les enfants que pour eux-mêmes). ACTEURS DE PREVENTION et MOYENS DE COMMUNICATION 71% des parents estiment être plutôt bien informés et 18% tout à fait bien informés sur les bonnes conduites pour « être et rester en bonne santé ». Des informations complémentaires sur le stress, la santé et l’environnement et les médecines douces seraient les bienvenues. En famille, trois thèmes reviennent plus souvent : Bien-être et activité physique Alimentation, nutrition Santé et environnement Opinion sur les campagnes de prévention Les campagnes actuelles de prévention en matière de santé ne laissent pas les familles indifférentes. Elles sont crédibles et pertinentes pour le plus grand nombre. Toutefois pour près de 40%, elles sont culpabilisantes et incompatibles avec leur budget. Pour s’informer sur la prévention, les principaux médias utilisés sont les plaquettes d’information, la télévision et internet. L’entretien individuel avec le personnel médical est également cité. Le slogan qui a le plus marqué les esprits est (source photo : mangerbouger.fr) Lorsque les parents ont besoin d’informations, c’est sans conteste le médecin qui est la personne référente en matière de prévention santé (93%). Les associations familiales ont aussi un rôle à jouer en matière de diffusion de l’information et pour aider à la compréhension des messages de prévention. Consultation de sites ou forums sur internet 70% des parents consultent des sites ou forums sur internet. Pour autant, ils ne portent pas une attention particulière à la signalétique et aux logos des partenaires (mutuelles, organismes d’Etat, associations de médecins…). Les informations trouvées sur internet peuvent ne pas être fiables. Les parents ne les vérifient pas systématiquement auprès d’un professionnel de santé. HYGIENE DE VIE L’échantillon se divise en deux groupes d’une taille à peu près identique : 51% ont une bonne hygiène de vie et 49% n’ont pas une bonne hygiène de vie. Le deuxième groupe présente les caractéristiques suivantes : Ce groupe attend plus longtemps avant de consulter le médecin, sauf pour leurs enfants. Les parents abordent moins souvent la prévention lors de leurs consultations. Il leur arrive plus souvent de ne pas aller chez le médecin alors qu’ils en auraient besoin. Ils appliquent également un peu moins de précautions pour les médicaments. Ils lisent moins souvent la notice et vérifient moins souvent la date de péremption. Les différences sont significatives en ce qui concerne les habitudes de vie des parents : Ils pratiquent moins d’activité physique (31% le font contre 62% de ceux qui ont une bonne hygiène de vie) Ils n’ont pas des heures de coucher fixes et adaptées (20% contre 80%) Ils n’ont pas un nombre d’heures de sommeil suffisant (25% contre 81%) Ils n’ont souvent pas des heures de repas fixes (54% contre 93%) Ils se brossent moins souvent les dents après chaque repas (48% contre 76%) Ils ont moins souvent une alimentation équilibrée (58% contre 93%). Les différences sont également significatives en ce qui concerne les habitudes de vie des enfants, toutefois majoritairement ils pratiquent les activités citées. 80% estiment avoir une alimentation équilibrée (contre 96%). Ils sont 57% à estimer que manger équilibré coûte plus cher (contre 50%). Ils sont également moins attentifs aux informations nutritionnelles des produits alimentaires. Ils grignotent plus entre les repas (et également leurs enfants). Ils sont moins unanimes sur le fait que « manger en famille » incite à manger plus équilibré. Ils grignotent plus entre les repas (34%contre 18%). Nous n’observons pas de différence entre les familles composées d’un couple et celles composées d’un parent isolé. Le fait d’avoir une bonne hygiène de vie ou pas est fortement corrélé avec l’âge : le pourcentage augmente avec l’âge. En dessous de 40 ans, la majorité n’a pas une bonne hygiène de vie. Le statut socioprofessionnel est aussi corrélé. Un nombre plus important d’employés et d’ouvriers n’ont pas une bonne hygiène de vie. Un nombre plus important de cadres et de professions intermédiaires ont une bonne hygiène de vie. Pratiquement toutes les familles de ce groupe connaissent les principes d’une bonne hygiène de vie. Ce n’est pas la connaissance qui est en cause, mais la pratique. Ceci nous amène à poser la question : Pourquoi certaines catégories de personnes ne mettent pas en pratique les « bonnes conduites » qu’elles connaissent ? Cette étude ne nous permet pas d’apporter des réponses à cette question. Nous pouvons toutefois émettre des hypothèses : La qualité de vie est-elle jugée moins prioritaire ? Les conditions même de l’organisation de la vie quotidienne sont-elles un frein ? L’avancée en âge amène-t-elle à mieux prendre soi de soi ? Il n’est pas certain que développer l’information sur les bonnes conduites permettrait d’améliorer la pratique, peut-être serait-il plus opportun de réfléchir pour agir sur « l’estime de soi ». Par ailleurs, différentes études montrent que des inégalités sociales existent sur le plan de la santé des personnes. Les déterminants sociaux à l’origine de ces inégalités sont multiples et sont liés aussi bien à des facteurs structurels concernant l’environnement politique et économique qu’à des facteurs psychosociaux.