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Le Quotidien du Médecin
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L’AP-HP SE PRÉPARE À LA DONNE HPST
Benoît Leclercq : « Chaque nouveau PH sera recruté sur
objectifs »
Le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP) explique au « Quotidien » comment il compte utiliser la loi
Bachelot pour relancer l’activité de son établissement, en chirurgie
notamment. Plutôt que de recourir aux nouveaux contrats mieux
rémunérés, Benoît Leclercq entend peser sur le corps médical en
fixant des objectifs aux nouvelles recrues. Ceux qui ne rempliront pas
les objectifs pourront être mis en recherche d’affectation, prévient-il.
LE QUOTIDIEN – La fin de l’exercice 2009 approche. L’AP-HP tiendra-telle son objectif d’activité ?
BENOÎT LECLERCQ – Nous ne sommes pas dans les clous par rapport à nos
prévisions. L’activité globale de l’AP-HP progresse légèrement, nos recettes
également, mais nous perdons des points en chirurgie. Nous en recherchons
les causes. Parmi celles-ci, il est vrai, par exemple, que certains de nos blocs
sont en sous productivité, faute d’être organisés de façon optimisée. Mais
grâce à l’informatique nous parvenons mieux à identifier nos difficultés et c’est
en soi une amélioration : nous connaissons la durée des interventions, le délai
entre deux interventions, l’activité de chaque salle opératoire. Et nous pouvons
nous comparer avec les indicateurs nationaux moyens.
Un autre directeur de CHU a établi un hit-parade de ses chirurgiens il y
a quelques années. Y seriez-vous prêt ?
Je ne vois pas l’intérêt de comparer le chirurgien orthopédiste au
neurochirurgien. Cela peut être une piste quand on a épuisé les autres
solutions. À l’AP-HP, nous procédons autrement : observation de l’activité,
communication de cette activité, discussion collective autour de l’information.
Ces discussions agissent comme le radar sur l’autoroute ! Elles conduisent à
faire évoluer les comportements. Nous travaillons également sur les
plateformes d’imagerie pour optimiser leur fonctionnement. Si un IRM fait 3
200 examens par an alors que la moyenne nationale est de 4 500, il faut
comprendre pourquoi, et y remédier.
La loi HPST vous donne de nouveaux outils. Allez-vous recourir aux
nouveaux contrats médicaux pour dynamiser les services qui
ronronnent ?
Je ne dirais sûrement pas la même chose si je dirigeais un hôpital dans la
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Drôme ou en Lorraine, mais pas à l’AP-HP, qui ne devrait pas rencontrer de
difficulté massive pour recruter des médecins. Le flux démographique et
l'intérêt pour l'AP-HP devraient permettre d'éviter le recours à des
contractuels. Sans compter qu’il serait difficile de faire cohabiter dans le même
service des médecins qui gagnent 40 % de plus que d’autres, pour faire la
même chose. Les praticiens hospitaliers sont des agents publics avec un statut
qui est une garantie pour eux. Nous réserverons l'utilisation exceptionnelle du
contrat pour d'éventuels cas d'hyperspécialisation.
La loi a changé les procédures de nomination et d’affectation des
praticiens hospitaliers. Quel usage comptez-vous faire de ces
nouvelles règles ?
Au plan individuel, chaque nouveau praticien hospitalier sera recruté sur la
base d’objectifs. Si le praticien ne remplit pas sa mission de manière adaptée,
il existera pour le directoire les moyens de faire respecter les objectifs. Ce
schéma est le même qu'avec les cadres de direction qui ont des objectifs à
tenir et qui, en cas de difficulté, peuvent être aidés, comme les médecins, et
qui, si les difficultés persistent, peuvent être mis a disposition du Centre
national de gestion (deux cas en cours à l’AP-HP).
Les usagers réclament davantage de transparence. Les médecins
communiquent-ils assez sur leur activité, en termes de volume et de
qualité ?
Nous amplifions notre travail sur la qualité à l’AP-HP. La CME vient d’examiner
une revue de mortalité et de morbidité : 55 % de nos services jouent le jeu.
L’objectif est de parvenir à 100 %. Les classements des hôpitaux par les
magazines, les travaux de la HAS [Haute autorité de santé, NDLR], ceux du
ministère comme les ICALIN [indicateurs composites des activités de lutte
contre les infections nosocomiales], ont amorcé un changement. C’est aux
chercheurs de bâtir des indicateurs. Mon rôle, en tant que DG, consiste à faire
connaître ces indicateurs pertinents au grand public. Il faut qu’on arrive à
publier des tableaux par hôpital et par pôle, à la fois sur la qualité des soins, le
volume d’actes, et les infections. Les médecins, comme le sont les directeurs,
devraient être évalués de manière adaptée. Une fois les décrets [découlant de
la loi HPST, NDLR] parus, l'intéressement, rendu plus facile, pourra concerner
les pôles qui font un travail constructif autour de la qualité, la revue de
mortalité et de morbidité particulièrement.
Claude Évin, qui a pris la tête de l’agence régionale de santé d’Ile-deFrance, compte s’intéresser de près à la gestion de l’AP-HP. Comment
envisagez-vous la suite ?
Nous allons travailler avec l’ARS de manière approfondie. L’AP-HP représente
30 % de l’hospitalisation francilienne. Elle est un acteur important, et entend
être traitée comme tel. L’ARS apportera une cohérence régionale, ce sera
beaucoup plus simple de créer des réseaux ville-hôpital. L’AP-HP, par exemple,
a mis en place d’un dossier hospitalier patient testé avec certains médecins
libéraux qui peuvent recevoir, via Internet et de façon cryptée et donc très
sécurisée, différents documents (lettre de sortie, examens d’imagerie et de
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biologie, compte rendu opératoire). Le dossier patient de l'AP-HP peut
améliorer la circulation de l'information médicalisée. Il s’agit maintenant de le
généraliser, et l’ARS pourra nous y aider. L’ARS va nous amener à mieux
définir notre politique de territoire, à renforcer nos liens avec la médecine de
ville, et à mieux travailler avec les établissements de santé publics ou privés
de notre environnement.
› PROPOS RECUEILLIS PAR DELPHINE CHARDON
Le Quotidien du Médecin du : 13/10/2009
ARTICLE(S) ASSOCIÉ(S) :
UN CHU, DOUZE GROUPES HOSPITALIERS
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