Edelman - Angelique Cottin

Transcription

Edelman - Angelique Cottin
Nicole Edelman, International Psychology, Practice and Research, 2, 2011
LE
CAS
ANGELIQUE
COTTIN
(1832­1913),
POSSEDEE
OU
«
FILLE
ELECTRIQUE
»
?
The
Angelique
Cottin
Case,
Woman
Possessed
or
"Electrical
Girl".
Nicole
Edelman,
Université
de
Nanterre
Reçu
le
21
mars
2011,
accepté
le
25
avril
2011
Le
cas
Angélique
Cottin
(1832­1913),
possédée
ou
«
fille
électrique
»
?
Résumé
Les
phénomènes
produits
par
Angélique
Cottin
(1832‐1913)
firent
grand
bruit
pendant
un
demi
siècle,
du
début
de
1846,
année
où
ils
commencèrent
jusqu’au
XXème
siècle.
Ils
furent
alors
racontés
et
interprétés
de
bien
des
manières.
Dès
janvier
1846,
trois
hypothèses
sont
énoncées
:
cette
très
jeune
fille
présentait‐elle
les
symptômes
d’une
maladie
nerveuse
inconnue
liée
à
l’électricité
(d’où
son
nom
de
«
fille
électrique
»)
ou
ceux
d’une
possession
diabolique
due
au
sort
jeté
par
un
sorcier
ou
encore
n’était‐elle
qu’une
bonne
actrice
mettant
en
scène
les
phénomènes
produits
par
des
jongleries
?
Ces
trois
interprétations
sont
étudiées
dans
cet
article.
Mots-clés : hystérie, électricité, maladie nerveuse, possession, spiritisme.
The
Angelique
Cottin
Case,
Woman
Possessed
or
"Electrical
Girl"?
Abstract
Angelique
Cottin
generated
a
lot
of
attention
for
half
a
century,
from
1846
until
the
twentieth
century.
The
phenomenon
she
induced
have
been
told
and
interpreted
in
many
different
ways.
As
early
as
January
1846,
3
hypotheses
were
made:
was
this
very
young
person
suffering
from
an
unknown
nervous
ailment
linked
to
electricity
(hence
her
nickname
of
"electrical
girl"),
was
she
possessed
by
the
devil?
Or
maybe
she
was
just
a
talented
actress,
staging
the
so‐called
phenomenon.
This
article
will
review
all
three
hypotheses.
Keywords: hysteria, electricity, nervous sickness, possession, spiritism.
El caso de Angélique Cottin (1832-1913), ¿posesa o «chica eléctrica»?
Resumen
Los
fenómenos
originados
por
Angélique
Cottin
(1832‐1913)
tuvieron
una
gran
resonancia
durante
medio
siglo,
desde
comienzos
de
1846,
año
en
que
comenzaron,
hasta
el
siglo
XX.
Fueron
contados
e
interpretados
de
muchas
maneras.
Ya
desde
enero
de
1846
se
emitieron
tres
hipótesis:
esta
jovencísima
chica
presentaba
los
síntomas
de
una
enfermedad
nerviosa
desconocida
y
ligada
a
la
electricidad
(de
ahí
que
se
la
llamara
«chica
eléctrica»),
o
bien
los
de
una
posesión
diabólica
debida
al
sortilegio
lanzado
por
un
brujo,
también
hubo
quien
dijo
que
la
chica
no
era
más
que
una
buena
actriz
que
escenificaba
los
fenómenos
producidos
por
medio
de
malabarismos.
En
este
artículo
se
estudian
estas
tres
interpretaciones.
Palabras clave: histeria, electricidad, enfermedad nerviosa, posesion, espiritismo.
1
Nicole Edelman, International Psychology, Practice and Research, 2, 2011
Refrain
de
la
chanson
:
Le
tango
de
la
fille
électrique
«
C’tait
la
fille
électrique
Une
enfant
d’Marie
d’la
Perrière
»
L’avait
pour
prénom
Angélique
La
fille
Cottine,
la
filetière.
»
(1983)1
Le
cas
d’Angélique
Cottin,
cette
«
fille
électrique
»
(Edelman,
Le
Malefan,
1989),
a
fait
grand
bruit
pendant
un
demi‐siècle,
du
début
de
1846
‐
année
où
il
a
débuté
‐
jusqu’à
la
fin
du
XIXe
siècle,
continuant
à
être
raconté
et
interprété
de
bien
des
manières
jusqu’à
nos
jours.
Dès
janvier
1846,
trois
hypothèses
sont
énoncées
:
cette
très
jeune
fille
présentait‐elle
les
symptômes
d’une
maladie
nerveuse
inconnue
liée
à
l’électricité
ou
ceux
d’une
possession
diabolique
due
au
sort
jeté
par
un
sorcier
ou
encore
n’était‐elle
qu’une
bonne
actrice
mettant
en
scène
les
phénomènes
produits
par
des
jongleries
?
Ces
trois
interprétations
évoluent
au
cours
des
décennies
suivantes
:
en
1853,
l’arrivée
et
l’immense
vogue
des
«
tables
tournantes
»
en
Europe
provoquent
une
résurgence
de
l’intérêt
pour
le
magnétisme
dont
l’un
des
effets
les
plus
spectaculaires
‐le
somnambulisme‐
avait
été
nié
par
le
monde
savant
académique
à
la
fin
des
années
1830.
La
résurgence
de
remuements
d’objets
lourds,
tels
les
tables,
réactive
le
souvenir
de
«
la
fille
électrique
»
et
fait
resurgir
plusieurs
interprétations
du
phénomène.
Si
la
jonglerie
est
toujours
évoquée,
des
catholiques
affirment
dorénavant
haut
et
fort
qu’il
s’agit
bel
et
bien
d’un
retour
du
diable.
D’autres,
et
c’est
nouveau,
croient
en
l’intervention
«
d’esprits
»
extra‐terrestres
immatériels
(faisant
naître
la
nouvelle
religion
spirite).
Enfin,
dans
les
années
1880‐1890,
des
savants,
physiciens
et
médecins
surtout,
questionnant
de
manière
nouvelle
les
liens
entre
corps
et
esprits
que
la
condamnation
du
somnambulisme
magnétique
avait
fait
taire
quelques
décennies
auparavant,
font
apparaître
tout
un
«
merveilleux
scientifique
»
qui,
une
fois
encore,
se
réfère
à
Angélique
Cottin.
L’engouement
et
la
publicité
faits
à
ce
cas
sont
donc
exceptionnels
;
les
interprétations,
les
doutes
et
les
interrogations
qu’il
suscite
pendant
toutes
ces
années
éclairent
la
longue
controverse
entre
science
et
religion
commencée
depuis
la
fin
du
XVIIIe
siècle.
Ils
en
marquent
aussi
quelques
étapes
que
cet
article
s’attache
à
présenter
et
analyser.
Angélique
Cottin,
une
enfant
de
La
Perrière
dans
le
Perche
Comme
toutes
les
filles
du
village
de
La
Perrière2,
Angélique
Cottin
tisse
des
ouvrages
en
filets
brodés
ou
filets
noués,
en
l’occurrence
des
gants.
En
effet,
si
le
Perche
est
réputé
pour
sa
race
de
chevaux,
La
Perrière
l’est
pour
ses
carrières,
pour
sa
forêt
de
Bellême
et
surtout
«
son
filet
»
au
sein
d’une
région
qui
produit
différentes
sortes
de
dentelles
dont
celle
au
«
point
d’Alençon
».
Le
filet
de
La
Perrière
est
fait
de
mailles
carrées,
nouées
aux
angles
et
moulées
sur
des
formes
en
bois,
en
ivoire
ou
en
acier.
Le
fil
est
embobiné
autour
d'une
navette
(ou
aiguille
à
filocher).
Le
décor
du
filet
se
fait
en
remplissant
certaines
mailles
en
fonction
d'une
grille
préalablement
dessinée.
L’un
des
1
Chanson
interprétée
en
1983
par
Robert
Rotrou
dans
les
«
Chanteux
du
Perche
»,
cité
à
la
fin
du
livre
de
GANIVET
Michel,
La
fille
électrique,
Mémoire
du
Perche,
1992.
Une
sorte
de
«
docu‐
fiction
»
qui
renseigne
sur
bien
des
points
de
la
vie
d’Angélique
Cottin
2
Angélique
Cottin
habite
le
hameau
proche
de
La
Muzerie
situé
dans
le
Perche
en
France.
2
Nicole Edelman, International Psychology, Practice and Research, 2, 2011
«
outils
»
indispensables
avec
la
navette
est
ainsi
le
guéridon
auquel
la
trame
est
attachée.
Petite
ouvrière,
Angélique
Cottin
dépend
de
sa
tante
dont
on
ne
sait
si
elle
est
une
artisane
indépendante
ou
si
elle
travaille
à
la
demande
pour
un
négociant
ou
un
entrepreneur
commandant
ou
vendant
les
gants
qu’elle
tisse
dans
son
atelier.
Qu’ils
soient
gros
ou
petits,
tous
dépendent
de
la
conjoncture
qui
n’est
pas
bonne
depuis
1844,
date
à
laquelle
commence
une
forte
dépression
économique
qui
dure
jusqu’en
1851.
Il
est
cependant
difficile
de
savoir
quelle
est
la
situation
économique
en
ce
début
de
1846
à
La
Perrière
mais
le
travail
ne
semble
pas
y
manquer
puisque
ces
petites
mains
sont
nécessaires.
Angélique
Cottin
va
au
catéchisme,
elle
sait
lire
et
écrire
et
a
été
à
l’école
du
village,
ce
qui
montre
un
village
riche
capable
de
scolariser
ses
filles
et
non
pas
seulement
ses
garçons.
De
plus,
par
son
activité
réputée,
le
village
n’est
pas
isolé
;
des
modèles
de
mode
doivent
probablement
y
circuler
et
passer
entre
les
mains
de
filles.
Celles‐ci
y
côtoient
certainement
des
marchands
venus
de
la
ville
mais
aussi
les
hommes
de
la
forêt
:
bûcherons,
scieurs
en
longs,
charpentiers,
tonneliers…
En
janvier
1846,
quand
commencent
les
phénomènes
extraordinaires
qui
la
touchent,
Angélique
Cottin
doit
faire
sa
«
première
communion
»,
elle
n’a
pas
encore
14
ans
et
ne
serait
pas
encore
nubile,
elle
est
cependant
décrite
comme
une
fille
bien
charpentée.
Elle
travaille
donc
avec
trois
autres
compagnes
de
son
âge
chez
sa
tante
Marie‐Louise
Loisnard.
Cette
sœur
de
son
père
l’élève
depuis
que
sa
mère
est
morte,
d’autant
que
son
père,
colporteur,
est
souvent
absent.
Les
phénomènes
«
électriques
»
de
remuements
violents
d’objets
et
de
meubles
qu’elle
semble
provoquer,
sont
observés
par
des
centaines
de
personnes,
dont
quelques
personnalités
connues
:
le
docteur
Stanislas
Tanchou,
Jules
de
Faramont,
châtelain
de
Monthimer
et
surtout
François
Arago
qui
l’examina
au
nom
de
l’Académie
des
sciences
à
Paris.
Cette
«
fille
électrique
»
fait
rapidement
l’objet
de
nombreux
écrits
qui
se
superposent
et
multiplient
les
interprétations
dont
l’une
fut
donc
la
possession.
Si
on
parle
de
possession,
il
est
plus
encore
question
d’ensorcellement,
de
sort,
de
sorciers
et
de
sorcières.
En
cette
fin
des
années
1840,
le
croyable
se
transforme
en
effet
rapidement
tout
comme
la
croyance
chrétienne.
L’Eglise
change
ainsi
son
regard
sur
les
dévotions
populaires
tandis
que
l’idée
de
folklore
prend
forme
un
peu
partout
en
Europe.
En
juillet
1840,
«
la
commission
de
statistique
de
la
préfecture
de
Moulins
(Allier)
adresse
à
tous
les
curés
du
département
un
questionnaire
sur
l’état
des
églises
et
le
calendrier
des
fêtes
patronales,
dont
le
dernier
article
porte
sur
‘les
croyances
aux
devins
et
aux
sorciers
»
(Boutry,
1991
:
473).
On
y
relève
la
fréquente
diffusion
dans
certains
lieux
de
la
croyance
aux
sorts
et
aux
maux
sans
doute
pour
ne
pas
dire
aux
sorciers
et
aux
devins…
Si
la
possession
y
est
présentée
comme
une
croyance
légitime,
l’exorcisme,
en
revanche,
devient
une
pratique
pour
laquelle
«
le
clergé
est
partagé,
souvent
réticent
»
(Boutry,
1991
:
484).
Il
semble
bien,
en
effet,
qu’on
doive
attendre
les
années
1860‐1890
pour
que
l’aliénisme
triomphe
et
que
la
possession
(et
l’exorcisme)
ne
soient
plus
les
catégories
recevables
d’expression
d’un
mal‐être
psychologique.
De
même,
comme
l’écrit
Guillaume
Cuchet
:
«
La
prédication
de
l’enfer
qui
avait
pris
dans
la
France
de
l’époque
moderne
des
proportions
impressionnantes,
recul[e]
dans
la
seconde
moitié
du
XIXe
siècle.
[…]
Le
phénomène
est
lié
à
une
évolution
notable
de
la
sensibilité
et
des
représentations
religieuses
:
le
passage
d’un
Dieu
de
justice,
terrible
et
vindicatif,
encore
très
présent
dans
la
prédication
des
missions
de
la
Restauration
(1815‐1830),
à
un
Dieu
d’amour
plus
compréhensif
et
indulgent.
Le
tout
dans
un
contexte
de
diffusion
3
Nicole Edelman, International Psychology, Practice and Research, 2, 2011
croissante
de
la
piété
‘ultramontaine’,
cette
religion
populaire,
italianisante
et
sensible,
qui
renouvelle
profondément
les
croyances
en
contrebalançant
le
rigorisme
issu
du
XVIIème
siècle
»
(Cuchet,
2005
:
35).
Cependant
les
attitudes
diffèrent
fortement
d’une
région
à
l’autre
et
d’un
curé
à
l’autre.
Les
phénomènes
que
produit
Angélique
Cottin
sont
bien
situés
dans
cet
entre‐deux,
dans
ce
temps
de
transformation
et
de
doute.
D’autant
que
les
savoirs
scientifiques
prennent
leur
essor,
la
connaissance
de
l’électricité
se
développe
ainsi
rapidement
tout
comme
les
recherches
médicales
sur
le
système
nerveux,
même
s’il
est
encore
bien
mal
connu.
Par
ailleurs
médecine
et
électricité
font
bon
ménage
et
nombre
de
médecins3
soignent
certaines
maladies
nerveuses
par
ce
moyen
physique.
Enfin,
les
effets
parfois
extraordinaires
du
somnambulisme
magnétique
continuent
d’interroger
bien
des
savants,
en
particulier
par
l’extrême
violence
sur
les
corps
qu’ils
sont
capables
d’engendrer
(Edelman,
2009
;
Edelman,
Montiel,
Peter,
2009).
1846
:
qu’est­il
arrivé
à
Angélique
Cottin
?
Pour
tenter
de
retrouver
«
les
faits
»
dans
leur
plus
grande
exactitude,
je
m’appuierai
sur
ce
qui
fut
dit
par
l’entourage
proche
d’Angélique
Cottin
lors
des
premiers
jours
où
se
déclarèrent
les
phénomènes
et
sur
ce
qui
fut
publié
dans
des
ouvrages
ou
des
journaux.
Il
s’agit
en
particulier
des
dires
du
curé
Leroux,
des
médecins
Stanislas
Tanchou,
Christophe
Verger
et
Hébert,
de
Jules
de
Faramont,
châtelain
de
Monthimer
puis
des
académiciens
des
sciences
parisiens
autour
de
François
Arago.
Tout
débute
le
jeudi
15
janvier
1846,
à
la
veillée,
à
huit
heures
du
soir.
Angélique
Cottin
confectionne
donc
des
gants
de
filets
en
soie
dont
l’extrémité
de
la
trame,
comme
celle
de
ses
trois
compagnes,
est
attachée
à
un
lourd
guéridon
de
chêne
qui
se
met
soudainement
à
bouger,
à
se
déplacer,
à
sauter.
Dès
que
la
jeune
fille
tente
de
s’en
approcher,
le
meuble
repart
dans
sa
course
comme
si
elle
le
repoussait
violemment
du
bas
de
sa
jupe
et
avec
une
telle
force
que
deux
hommes,
accourus
cherchant
à
le
maintenir,
sont
bousculés.
Les
voisins
attirés
par
les
cris,
constatent
ce
remuement
et
une
rumeur
d’ensorcellement
commence
immédiatement
à
circuler
dans
le
village.
En
1860,
Louis
Figuier,
s’appuyant
sur
des
lettres
et
des
témoignages
écrits,
confirme
qu’au
soir
du
15
janvier
1846,
si
le
village
de
La
Perrière
tout
entier
est
en
émoi,
la
raison
en
est
claire
:
«
A
partir
de
ce
moment,
l’opinion
de
Bouvigny4
fut
bien
fixée
:
il
(sic)
déclara
tout
d’une
voix,
que
la
jeune
fille
était
possédée
du
diable.
On
désignait
même
nominativement
les
personnes
qui
lui
avaient
le
sort.
Il
fut
décidé
qu’Angélique
Cottin
serait
conduite
au
presbytère,
pour
y
être
exorcisée»
(Figuier,
1860
:
162).
La
jeune
fille
est
donc
conduite
devant
le
curé
Leroux
qui
refuse
pourtant
d’exorciser
et
veut
que
des
médecins
examinent
l’enfant
(Tanchou,
1846
:
34)
en
accord
sur
ce
point
avec
le
châtelain
de
Montimer5,
tous
deux
pensent
qu’elle
est
atteinte
d’une
maladie
physique,
«
rare
sans
doute,
inconnue
peut‐être
»
(Tanchou,
1846
:
34).
Le
châtelain
Jules
de
Farémont
raconte
ceci
:
«
Le
15
janvier,
à
8
heures
du
soir,
quatre
jeunes
filles
travaillaient
comme
d’habitude
à
la
veillée
chez
la
femme
Loisnard.
Depuis
8
jours,
le
temps
était
lourd,
orageux,
des
éclairs,
des
coups
de
tonnerre,
l’électricité
régnait
autour
de
nous.
»
Si
les
phénomènes
commencent
alors,
le
châtelain
ne
les
observe
pourtant
pas
immédiatement
puisqu’il
n’est
appelé
que
trois
jours
plus
tard
par
les
parents
3
En
particulier
les
médecins
des
eaux
thermales,
ainsi
le
Dr
Despine
à
Aix
les
Bains.
4
Pourquoi
ce
nom
alors
qu’il
s’agit
soit
de
La
Muzerie,
soit
de
la
Perrière
?
5
Ou
Monthimer,
on
trouve
les
deux
orthographes.
4
Nicole Edelman, International Psychology, Practice and Research, 2, 2011
d’Angélique
Cottin.
Il
est
alors
déjà
convaincu
qu’il
s’agit
d’électricité
puisqu’il
apporte
avec
lui
«
un
pendule
de
moelle
de
sureau,
un
tube
de
verre
et
un
bâton
de
cire
à
cacheter
».
On
peut
faire
l’hypothèse
qu’il
est
un
de
ces
aristocrates
férus
de
science
comme
tant
de
ses
pairs
à
ce
moment…
Jules
de
Farémont
note,
selon
Louis
Figuier
:
«
Je
plaçais
moi‐même
sa
jupe
sur
le
bord
du
guéridon,
et
à
son
simple
contact,
il
était
bouleversé
instantanément
;
un
mouvement
nerveux
dont
l’enfant
n’était
maître,
précipitait
l’objet
qu’elle
repoussait
»
(Figuier,
1860
:
165).
Mais
il
ne
perçoit
aucun
phénomène
électrique…
pourtant
il
parle
constamment
dans
ses
lettres
de
la
fille
qui
«
est
chargée
»
plus
ou
moins
fortement
selon
les
effets
qu’elle
produit.
Jules
de
Faremont
tente
alors
de
la
faire
examiner
par
des
médecins
de
Mamers
et
devant
leur
premier
refus,
il
tente
lui
même
de
«
guérir
l’enfant
:
j’envoyais
une
baignoire
et
lui
fit
prendre
des
bains
et
cesser
tout
travail
à
l’aiguille,
et
je
la
fis
envoyer
garder
les
vaches
dans
les
champs
»
(Figuier,
1860
:
166).
Les
bains
et
les
douches,
on
le
sait,
sont
une
thérapeutique
classique
des
maladies
nerveuses.
Si
aucun
des
quatre
médecins
de
la
ville
de
Mamers
ne
se
déplace
(elle
sera
examinée
plus
tard
par
ceux
de
Mortagne),
le
Dr
Christophe
Verger,
sur
la
demande
instante
du
prêtre,
examine
Angélique
Cottin
à
la
Perrière
onze
jours
plus
tard
le
26
janvier
et
constate
encore
les
agitations
de
meubles
(Ganivet,
1992).
Il
écrit
au
Dr
Hébert
qui
se
rend
dans
son
village
pour
la
voir.
Ce
dernier
diffuse
alors
dans
le
Journal
du
magnétisme
dont
il
est
un
des
éditeurs,
l’idée
d’électricité
à
son
propos,
la
qualifiant
de
«
torpille
humaine
»
ou
encore
«
gymnote
terrestre
»
(Figuier,
1860
:
169)
:
«
Des
ciseaux,
suspendus
à
sa
ceinture
au
moyen
d’un
ruban
de
fil,
ont
été
lancés
[…]
Ce
fait
le
plus
incroyable,
par
son
analogie
avec
les
effets
de
la
foudre,
a
fait
tout
de
suite
penser
que
l’électricité
devait
jouer
un
grand
rôle
dans
la
production
de
ces
étonnants
effets
»
(Figuier,
1860
:
163).
Elle
est
présentée
devant
les
notables
des
villages
alentour
‐
Bellesme
et
Mortagne
–
tandis
que
les
médecins6
continuent
à
l’examiner
pour
constater
que
le
coude
et
le
sommet
de
la
tête
sont
des
points
très
sensibles
qui
la
font
réagir
à
un
bâton
de
cire
électrisé.
Le
médecin
Christophe
Verger
dira
plus
tard
au
Dr
Stanislas
Tanchou
:
«
Le
lendemain,
vers
midi,
je
revis
Angélique
Cottin
et
ses
parents
qui
l’emmenaient
à
Mortagne
pour
tirer
lucre
de
sa
faculté
extraordinaire
en
l’exposant
à
la
curiosité
publique
»
(Tanchou,
1846
:
35).
Les
phénomènes
continuent
donc
d’autant
plus
qu’ils
font
gagner
de
l’argent
à
Angélique
Cottin
et
à
sa
famille.
Observation
médicale
et
spectacle
commencent
alors
à
s’entremêler.
Cependant,
devant
l’énormité
des
faits
produits,
quelques
notables
percherons,
dont
Jules
de
Faremont
décident
d’emmener
Angélique
Cottin
à
Paris,
pour
la
faire
examiner
par
des
savants
compétents.
Installée
dans
la
capitale
à
l’hôtel
de
Rennes
avec
ses
proches
parents,
elle
est
d’abord
vue
par
le
docteur
Stanislas
Tanchou
(1791‐1850)7
le
12
février
1846,
en
compagnie
de
l’éditeur
Germer
Baillière.
L’expérience
est
fort
concluante
comme
il
l’écrit
:
«
Elle
avait
les
mains
derrière
le
dos,
le
tablier
et
la
jupe
était
sur
la
table,
un
peu
écartés,
un
instant
après
il
se
fit
un
mouvement
si
violent
dans
le
meuble
que
la
chandelle
restée
dessus
fut
renversée
ainsi
qu’une
paire
de
pincettes
qui
était
à
côté
»
(Tanchou,
1846
:
3).
A
l’Académie
des
sciences,
Tanchou
remet
alors
à
Arago
une
note
concernant
la
jeune
fille
où
il
constate
la
mise
en
mouvement
de
meubles
et
de
roues,
«
chose
singulière,
chaque
fois
que
la
chaise
est
enlevée,
elle
semble
tenir
aux
vêtements,
elle
la
suit
un
instant
et
ne
s’en
détache
qu’après
»
(Tanchou,
1846
:
3).
Il
6
Drs
Verger,
Lemonier,
Beaumont‐Chardon,
puis
le
Dr
Tanchou,
les
pharmaciens
Fromage,
Cohu
7
Il
a
publié
plusieurs
ouvrages
sur
la
maladie
de
la
pierre
et
sur
le
cancer
du
sein.
5
Nicole Edelman, International Psychology, Practice and Research, 2, 2011
remarque
que
les
phénomènes
apparaissent
surtout
dans
la
soirée
vers
19
ou
20
heures,
après
son
repas
qu’elle
prend
à
18
heures,
ils
disparaissent
quand
ses
pieds
ne
sont
pas
en
contact
direct
avec
le
sol.
Sa
force
se
situe
surtout
dans
la
face
antérieure
du
corps
et
particulièrement
du
poignet.
Fort
de
cette
note
du
Dr
Tanchou
et
d’une
autre
plus
courte
d’un
certain
Nicolas
Cholet
qui
accompagne
Angélique
et
ses
parents,
François
Arago
(1786‐1853),
informé
de
ces
phénomènes,
décide
d’examiner
la
jeune
fille
et,
pour
ce
faire,
soumet
ces
observations
écrites
à
l’Académie
qui,
le
16
février,
forme
une
commission
composée
du
physicien
Antoine
Becquerel
(1788‐1878),
d’Isidore
Geoffroy‐
Saint‐Hilaire
(1805‐1861),
de
Jacques
Babinet
(1794‐1872),
de
Bayer,
de
Pariset
et
de
lui
même.
Dans
une
première
séance
faite
au
jardin
des
Plantes,
Angélique
n’agit
que
sur
une
chaise
qu’elle
repousse
avec
violence.
La
jeune
fille
déçoit
donc
les
attentes
de
ces
savants.
Le
23
février,
les
expériences
échouent
à
nouveau
par
deux
fois
tandis
qu’elles
réussissent
dans
divers
salons
parisiens
où
Angélique
est
présentée
par
son
entourage.
Portée
le
9
mars
1846,
la
conclusion
de
la
commission
académique
est
sans
appel
:
«
On
avait
assuré
que
mademoiselle
Cottin
exerçait
une
action
répulsive,
très
intense
sur
les
corps
de
toute
nature,
au
moment
où
une
partie
quelconque
de
ses
vêtements
venait
à
les
toucher.
[…]
Aucun
effet
appréciable
de
ce
genre
ne
s’est
manifesté
devant
la
commission
[…]
[La
commission]
se
contentera
de
déclarer,
en
terminant,
que
le
seul
fait
annoncé
qui
se
soit
réalisé
devant
elle
est
celui
de
mouvements
brusques
et
violents
éprouvés
par
les
chaises
sur
lesquelles
la
jeune
fille
s’asseyait.
Des
soupçons
sérieux
s’étant
élevés
sur
la
manière
dont
ces
mouvements
s’opéraient,
la
commission
décida
qu’elle
les
soumettrait
à
un
examen
attentif.
Elle
annonça
sans
retour,
que
ses
recherches
tendraient
à
découvrir
la
part
que
certaines
manœuvres
habiles
et
cachées
des
pieds
ou
des
mains
pouvaient
avoir
eues
dans
les
faits
observés.
A
partir
de
ce
moment,
il
nous
fut
déclaré
que
la
jeune
fille
avait
perdu
ses
facultés
»
(Arago,
1854­1862
:
456)
Face
à
l’échec
de
la
production
des
phénomènes
devant
les
académiciens,
Angélique
Cottin
et
les
siens
quittent
Paris
début
mars
et
retournent
dans
leur
village
percheron.
Divers
médias
commencent
alors
à
diffuser
le
récit
de
ce
cas
qui
se
transforme
au
gré
des
discours
de
ceux
qui
le
racontent.
1846.
Premiers
récits,
premières
rumeurs
La
presse
politique,
médicale,
religieuse,
théâtrale
s’empare
en
effet
de
ce
«
fait
divers
».
La
Presse
du
20
février
1846
‐
Angélique
Cottin
est
donc
alors
à
Paris
présentée
aux
académiciens
‐
publie
un
petit
article
sarcastique
titré
«
La
fille
électro‐
magnétique
»
:
«
On
se
dit
déjà
très
haut
dans
le
monde
savant
[qu’elle]
n’est
qu’une
cruelle
mystification.
Les
objets
ne
sont
d’ailleurs
ni
projetés
ni
lancés
contre
la
muraille
comme
on
s’est
plu
à
le
dire.
Tout
effet
cesse,
toute
effluve,
toute
influence
magnétique
est
neutralisée,
pour
parler
comme
M.
le
docteur
Tanchou
,
si
l’on
exige
que
le
sujet
joigne
les
mains
ou
tiennent
les
bras
en
croix.
Le
reste
est
du
même
ordre.
Voici
en
quoi
consisterait
le
tour
qu’elle
fait,
d’ailleurs,
assez
bien
dit­on.
Elle
aurait
des
jupons
assez
amples
pour
dérober
un
instant
le
mouvement
de
ses
mains
et
c’est
en
saisissant
le
bord
d’une
chaise
6
Nicole Edelman, International Psychology, Practice and Research, 2, 2011
ou
d’une
table
au
moment
où
elle
s’assied
et
se
relève
avec
vigueur
qu’elle
produirait
la
prétendue
répulsion
sur
laquelle
on
a
pu
s’abuser
un
instant.
»
Le
24
février
1846,
le
Journal
des
Débats
exprime
lui
aussi
ses
doutes,
exactement
calqués
sur
ceux
de
la
commission
académique.
Pourtant,
le
médecin
Stanislas
Tanchou
maintient
«
l’authenticité
de
ces
phénomènes
»
et
publie
son
livre
dès
1846.
Il
estime
que
ces
faits
sont
liés
à
l’électricité
qui,
selon
lui,
joue
un
rôle
capital
dans
toute
vie
humaine.
«
Les
effets
produits
[par
Angélique
Cottin]
sont
donc
vrais,
bien
plus,
ils
sont
dans
l’ordre
naturel.
Ils
se
rattachent
à
une
époque
dont
cette
jeune
fille
approche,
elle
a
14
ans.
Ils
cesseront
un
peu
plus
tard
»
(Tanchou,
1846
:
54).
L’Union,
journal
percheron,
publie
un
article
:
«
Le
magnétisme
à
Mamers
»
et
le
Docteur
Hebert
publie
à
son
tour
un
article,
on
l’a
vu,
dans
le
Journal
du
magnétisme8.
Mais
dans
l’ensemble,
les
journaux
évoquent
plutôt
la
supercherie
:
en
1846,
L’Ami
de
la
religion
traite
le
cas
de
charlatanisme9,
Le
Musée
des
familles,
lectures
du
soir
rapporte
au
même
moment,
une
lecture
ironique
des
phénomènes
faite
par
Le
Mercure
de
France10.
L’Artiste11
évoque
l’examen
d’Angélique
Cottin
par
l’Académie
des
sciences
et
donc
son
échec.
En
1847,
la
Revue
scientifique
et
industrielle
parle
de
supercherie12.
Et
la
pièce
intitulée
La
femme
électrique
de
Cordier
et
Clairville,
jouée
au
théâtre
du
Palais
Royal
comme
le
rapporte
Le
Mercure
des
théâtres
du
14
mai
1846
,
tient
du
pamphlet,
on
y
lit
:
«
Vous
vous
rappelez
peut‐être
cette
vieille
histoire
du
mois
dernier
:
La
jeune
fille
électrique,
qui
cassait
des
barres
de
fer
en
les
regardant
et
faisait
peur
aux
gendarmes,
même
sans
les
regarder;
eh
bien
!
elle
est
ici,
au
théâtre
du
Palais‐Royal;
MM.
Clairville
et
Jules
Cordier
que
rien
n'électrise,
et
qui
n'électrisent
personne,
sont
parvenus
à
s'en
rendre
maître
et
l'ont
amenée
à
M.Dormeuïl,
qui
la
fait
voir
pour
de
l'argent.
Il
est
vrai
que
l'on
paie
quelquefois
pour
voir
des
choses
moins
risibles
que
celle
là.
»
On
mesurera
l’exagération
des
phénomènes
produits
par
Angélique
Cottin…
Pendant
plusieurs
décennies,
différents
scénarios
du
«
cas
Angélique
Cottin
»
vont
continuer
à
se
construire
revisitant
les
premières
interprétations.
Certes,
la
thèse
de
la
supercherie
demeure
toujours
vivace
mais
l’évocation
de
l’ensorcellement
revient
en
force.
En
1843,
le
Dr
Macario
écrit
ainsi
:
«
Esquirol
a
dit,
et
les
auteurs
ont
répété
que
la
démonomanie
est
excessivement
rare
au
XIXe
siècle
et
qu’on
observe
plus
cette
forme
de
folie
que
sur
quelques
personnes
ignorantes,
superstitieuses
et
pusillanimes.
Les
démons
sont
remplacés
par
la
terreur
chimérique
de
la
police,
du
magnétisme
et
de
l’électricité13
»
mais
il
ajoute
que
ces
hommes
se
sont
trompés,
estimant
au
contraire
que
s’il
y
avait
un
certain
recul
de
la
démonomanie,
comme
nosologie,
à
Paris,
cela
n’est
pas
sensible
en
province.
Satan,
l’ange
révolté,
a
par
ailleurs,
on
le
sait,
un
succès
certain
auprès
des
romantiques,
«
la
voie
royale
de
Satan
continue
à
être
fort
encombrée
à
l’approche
du
milieu
du
siècle.
L’intérêt
pour
lui
ne
faiblit
pas
sous
des
formes
multiples
qui
pulvérisent
à
l’infini
son
image
»
(Muchembled,
2000
:
243).
Théophile
Gautier,
l’abbé
Alphonse‐Louis
Constant,
George
Sand,
Victor
Hugo
en
font
ainsi
un
bel
ange
de
la
8
Journal
du
magnétisme,
sous
la
direction
de
Jules
Dupotet,
1846,
vol.
2,
p.
226.
9
L’ami
de
la
religion,
1846,
vol.
128,
p.
459.
10
Musée
des
familles,
lectures
du
soir,
vol.
13,
du
10
février
au
10
mars
1846,
extrait
du
Mercure
de
France,
p.
190.
11
L’Artiste,
1846,
p.
281.
12
Revue
scientifique
et
industrielle,
1847,
p.
51.
13
Annales
médico­psychologiques,
«
Etudes
cliniques
sur
la
démonomanie
»
Dr
Macario,
mars
1843,
p.
441.
7
Nicole Edelman, International Psychology, Practice and Research, 2, 2011
révolte
et
de
la
liberté.
Cet
engouement
est
cependant
la
marque
d’un
affaiblissement
de
croyance
chrétienne
à
l’enfer
car
si
l’on
ne
croit
plus
au
diable,
le
risque
est
grand
de
ne
plus
croire
à
Dieu.
1850­60:
les
«
tables
tournantes
»
et
le
retour
du
diable
L’arrivée
des
«
tables
tournantes
»
en
Europe
et
en
France
en
1853
relance
la
question
du
diable
et
de
ses
possibilités
d’intervention
sur
terre.
Nombreux
sont
les
catholiques
qui
s’en
inquiètent.
Le
marquis
Jules
Eudes
de
Mirville
(1802‐1873)
publie
en
1851
:
Pneumatologie.
Des
esprits
et
de
leurs
manifestations
fluidiques.
Mémoire
adressé
à
l’Académie
des
Sciences
morales
et
politiques
sur
un
grand
nombre
de
phénomènes
merveilleux
intéressant
également
la
religion,
la
science
et
les
hommes
du
monde14.
Il
y
fait
référence
au
cas
d’Angélique
Cottin
qu’il
rapproche
de
bien
d’autres
qui
se
seraient
produits
de
1848
à
1850.
Il
raconte
en
particulier
le
cas
du
«
presbytère
de
Cideville
»
en
1849
:
un
berger
fut
accusé
d’avoir
ensorcelé
deux
jeunes
garçons
qui
produisirent
des
effets
physiques
extraordinaires.
Il
estime
tous
ces
cas
analogues
et
conclut
pour
tous
à
un
ensorcellement.
Pour
de
Mirville,
«
en
1845,
le
monde
magnétique
faisait
aussi
sa
révolution,
sans
que
M.
Arago
s’en
doutât,
il
inclinait
son
axe
et
tandis
que
la
foule
en
restait
toujours
à
Mesmer
et
à
Deleuze,
presque
tous
les
magnétiseurs
s’en
allaient
confesser
désormais,
sinon
la
nécessité,
au
moins
la
possibilité
du
surhumain
magnétique
»
(De
Mirville,
1854,
325).
Ces
phénomènes
seraient
donc
une
«
sorte
de
magnétisme
transcendant,
bien
évidemment
diabolique
en
ce
cas
ci
(i.e
celui
d’Angélique
Cottin)
»
(De
Mirville,
1854,
398).
Le
diable
userait
de
ces
«
fluides
»
magnétiques
pour
agir
sur
les
hommes
et
sur
les
objets.
Le
chevalier
Roger
Gougenot
des
Mousseaux,
(1805‐1876),
lui
aussi
catholique
ultramontain,
conservateur
et
monarchiste,
publie
Mœurs
et
pratiques
des
démons
ou
des
esprits
visiteurs,
d'après
les
autorités
de
l'Église,
les
auteurs
païens,
les
faits
contemporains,
en
185415.
Comme
de
Mirville
il
vise
à
dévoiler
le
retour
de
Satan
sur
terre
que
tous
deux
relient
étroitement
au
magnétisme
animal
et
au
somnambulisme
magnétique,
moyens
que
le
diable
utiliserait
donc
pour
se
rendre
présent
dans
nos
sociétés
occidentales.
Dès
la
découverte
du
somnambulisme
magnétique
en
1784,
des
membres
du
clergé
avaient
déjà
émis
cette
hypothèse
dans
des
ouvrages
publiés
:
l’abbé
Fiard
en
1803,
l’abbé
Fustier,
grand
vicaire
de
Tours
et
l’abbé
Wurz
en
1817.
M.
de
La
Marne,
rédacteur
du
journal
catholique
L’Eclair
écrit
encore
un
livre
en
1828
sur
le
même
thème,
et
en
1837,
l’abbé
Frère
joint
sa
voix
à
ses
confrères
pour
dénoncer
ce
nouveau
stratagème
imaginé
par
le
démon
pour
séduire
les
âmes.
Tous
fustigent
les
magnétiseurs
et
l’immoralité
de
leur
pratique
(Edelman,
1995,
165‐166).
Or
ce
début
des
années
1850
réactive
l’intérêt
pour
le
magnétisme
puisque
la
vogue
des
«
tables
tournantes
»
est
immense
en
France
comme
en
Europe
et
personne
ne
connaît
la
cause
de
leur
mouvement.
A
ce
propos,
les
hypothèses
sont
certes
nombreuses
et,
outre
l’intervention
du
diable,
celle
«
d’esprits
»
est
évoquée,
d’abord
aux
Etats‐Unis
par
les
sœurs
Fox
puis
reprise
avec
un
immense
succès
par
Hipppolyte
D.
Rivail
qui
va
créer
la
religion
spirite
en
1857
sous
le
pseudonyme
d’Allan
Kardec.
D’autres
à
ce
moment,
dont
beaucoup
de
savants,
pensent
en
revanche
qu’il
s’agit
d’une
jonglerie
inconsciente,
ainsi
Jacques
Babinet,
celui
là
même
qui
a
examiné
Angélique
Cottin
en
1846.
Ce
membre
de
l’Institut
propose
ainsi
en
14
L’éditeur
est
H.
Vrayet
de
Surcy.
Le
livre
est
republié
rapidement
:
en
1852
paraît
une
deuxième
édition
puis
une
troisième
en
1853.,
une
quatrième
en
1854.
15
L’éditeur
est
aussi
H.
Vrayet
de
Surcy.
8
Nicole Edelman, International Psychology, Practice and Research, 2, 2011
janvier
1854,
dans
La
Revue
des
deux
Mondes,
une
recension
de
trois
livres,
ceux
d’Eudes
de
Mirville
et
de
Gougenot
des
Mousseaux
cités
plus
haut
et
celui
du
général
François‐
Joseph
Noizet
(1792‐1885)
:
Mémoire
sur
le
somnambulisme
et
le
magnétisme
animal
adressé
en
1820
à
l'Académie
royale
de
Berlin
et
publié
en
1854.
Sous
le
titre
«
Les
sciences
occultes
au
XIXème
siècle.
Les
tables
tournantes
et
les
manifestations
prétendues
surnaturelles
»
(Babinet,
1854),
J.
Babinet
explique
ces
phénomènes
par
l’action
inconsciente
des
membres
présents.
«
Au
moment
où,
après
une
attente
plus
ou
moins
longue,
il
s’est
établi
une
trépidation
nerveuse
dans
les
mains
et
un
accord
général
dans
toutes
les
petites
impulsions
individuelles
entre
tous
les
opérateurs,
alors
la
table
reçoit
un
effort
suffisant
et
commence
à
s’ébranler
»
(Babinet,
1854
:
516).
Cette
opinion
est
la
plus
répandue
à
cette
date
dans
le
monde
savant,
l’Académie
des
Sciences
la
soutient.
Par
ailleurs,
Babinet
en
rapprochant
les
trois
ouvrages,
maintient
le
discrédit
voire
l’opprobre
des
Académies
vis
à
vis
du
magnétisme
et
de
ses
effets
somnambuliques.
En
1839,
Arago
avait
ainsi
dit
sur
la
tombe
d’Eugène
Salverte
:
«
Le
magnétisme
animal,
dont
tous
les
phénomènes
réels
sont
produits
par
l’imagination
fut
d’abord
prôné
par
des
charlatans
comme
un
agent
physique
:
entre
les
mains
des
fanatiques
et
des
fourbes,
il
est
devenu
une
branche
de
la
théurgie
moderne16.
»
On
sait
pourtant
à
ce
moment
que
la
force
d’un
être
humain
peut
être
décuplée
ou
au
contraire
anéantie
dans
cet
état
de
sommeil
qui
vient
d’être
nommé
«
hypnose
»
par
le
médecin
anglais
James
Braid
en
1843.
Les
cas
de
certains
malades,
telle
Lady
Lincoln
soignée
par
les
docteurs
Koreff
et
Wolowski
(Edelman,
N.,
Montiel,
L.,
Peter
J.‐P.,
2009)
en
1837
à
Paris
ou
la
même
année,
celui
d’Estelle
par
le
Dr
Antoine
Despine
à
Aix
les
Bains
(Edelman,
2008)17,
démontrent
des
capacités
physiques
exceptionnelles
du
corps
tant
de
résistance
que
de
force
physique,
et
ce
bien
avant
les
grandes
crises
spectaculaire
des
hystériques
à
La
Salpêtrière
dans
le
service
de
Jean‐Martin
Charcot.
Mais
les
tenants
du
savoir
académique
non
seulement
refusent
d’étudier
ces
phénomènes
si
particuliers
mais
affirment
qu’ils
ne
sont
que
simulation
et
jonglerie,
voire
que
le
somnambulisme
magnétique
n’existe
pas
puisque
telle
avait
été
la
conclusion
de
la
commission
française
dirigée
par
le
médecin
Dubois
d’Amiens
en
1837
!
Qu’Angélique
Cottin
ait
pu
présenter
les
symptômes
d’une
telle
«
maladie
nerveuse
»
sans
aucun
rapport
étiologique
avec
l’électricité,
n’est
donc
pas
évoquée
par
le
monde
savant
de
ces
années
1850.
Les
deux
interprétations
restant
en
lice
sont,
celle
de
la
possession
d’une
part
et
celle
d’un
phénomène
électrique
d’origine
purement
physiologique
d’autre
part.
Lorsqu’en
1860,
Louis
Figuier
publie
son
tome
4
de
L’Histoire
du
merveilleux
et
des
temps
modernes,
il
privilégie
cette
dernière
dans
le
chapitre
qu’il
consacre
à
Angélique
Cottin.
Il
retrouve
les
nombreux
témoignages
déjà
cités
qui
permettent
de
constater
«
la
réalité
des
phénomènes
physiologiques
anormaux
présentés
par
Angélique
Cottin
tout
le
temps
qu’elle
résida
dans
son
village
natal
ou
à
Mortagne
»
(Figuier,
1860
:
175).
16
Eugène
Salverte,
Des
sciences
occultes
Paris,
Baillière,
1843.
2ème
éd
(1ère
en
1829).
Dans
cette
2ème
édition
figure
le
discours
d’Arago
prononcé
sur
la
tombe
d’Eugène
Salverte
le
30
octobre,
mort
le
27
octobre
1839,
p.
322.
17
Dr
DESPINE
père,
De
l’emploi
du
magnétisme
animal
et
des
eaux
minérales
dans
le
traitement
des
maladies
nerveuses
suivi
d’une
observations
très
curieuse
de
guérison
de
névropathie,
Germer‐
Billière,
1840.
9
Nicole Edelman, International Psychology, Practice and Research, 2, 2011
Les
recherches,
les
travaux
et
les
controverses
autour
de
l’hystérie
et
de
l’hypnotisme,
tant
à
Paris,
qu’à
Nancy
et
à
Lourdes,
la
naissance
de
la
psychologie
en
tant
que
discipline
autonome
puis
celle
de
la
psychanalyse
vont
changer
la
donne.
Dernière
décennie
du
XIXe
siècle
:
le
«
merveilleux
scientifique
»
L’écho
du
merveilleux
du
1er
février
1898
publie
un
article
intitulé
:
«
Une
visite
à
Angélique
Cottin
»
écrit
par
Henri
Louatron.
Ce
journal
vient
d’être
créé
par
Gaston
Méry
et
se
présente
comme
un
journal
de
l’étrange
ou
de
l’occulte.
Il
s’appuie
sur
le
témoignage
direct,
invite
à
une
croyance
au
surnaturel
tout
en
s’intéressant
aux
facultés
et
aux
forces
psychiques
des
humains.
«
Substituant
progressivement
le
psychique
au
spirituel,
l’écho
du
merveilleux
prépare
ainsi
le
terrain
à
la
psychologie
naissante
et
aux
interprétations
freudiennes
sans
pour
autant
s’y
référer
exactement
»
(Maquinghen
Arnaud
2009
:
165).
Le
journaliste
Henri
Louatron
propose
donc
pour
le
journal
une
interview
d’Angélique
Cottin
qui
se
nomme
dorénavant
Mme
veuve
Desiles.
Celle
ci
s’est
en
effet
mariée
le
6
décembre
1853,
a
eu
7
enfants
dont
4
sont
restés
vivants.
Veuve
en
1882,
elle
semble
mener
en
1898
une
vie
pauvre
de
paysanne
ayant
très
peu
de
terre.
L’article
la
montre
photographiée
devant
sa
maison
de
la
Muserie,
la
main
sur
un
guéridon
!
C’est
une
grosse
et
grande
femme,
bien
charpentée,
portant
un
petit
bonnet
blanc
sur
la
tête.
Et
sous
le
questionnement
de
l’envoyé
de
L’écho
du
merveilleux,
à
son
tour,
cinquante
deux
ans
plus
tard,
elle
raconte…
A
nouveau,
elle
décrit
l’agitation
extrême
qu’elle
provoquait,
ainsi
lorsqu’elle
voulait
se
coucher,
tout
s’agitait
autour
d’elle,
dans
sa
maison
et
dans
sa
chambre
:
les
tapis,
les
meubles,
les
tableaux,
les
casseroles,
les
tisons,
les
couverts…
«
Tous
les
meubles
de
ma
chambre
à
coucher
sautaient,
dansaient
dès
que
j’entrais
même
sans
que
je
les
frôlasse
de
ma
robe
ou
que
je
les
touchasse
du
bout
des
doigts
comme
les
autres
meubles,
sans
doute
parce
que
ceux
là
étaient
mieux
imprégnés
de
mon
fluide…
»
(Louatron,
1898
:
49)
rapporte
L’écho
du
merveilleux.
Elle
ne
parle
pas
d’un
possible
exorcisme
mais
explique
que
le
curé
lui
avait
interdit
l’accès
de
l’Eglise
tout
comme
de
faire
sa
première
communion
si
son
état
persistait…
On
aurait
dit
cependant
qu’elle
n’aurait
pu
se
marier
religieusement
qu’en
entrant
pieds
nus
à
l’église…
De
ces
aspects
religieux,
Angélique
Cottin‐Desile
ne
dit
mot,
son
discours
exprime
clairement
une
ferme
hostilité
à
l’idée
même
d’avoir
été
possédée
ou
ensorcelée
même
si
au
début,
elle
avoue
qu’elle
a
eu
«
la
bêtise
de
croire
ça
»
ajoutant
que
«
la
commission
de
l’Académie
de
Paris
[l’]a
éclairée
sur
la
nature
de
ces
phénomènes»
(Louatron,
1898
:
50).
Elle
affirme
avec
véhémence
que
l’étrange
capacité
qu’elle
possédait,
n’était
due
qu’à
l’électricité
comme
le
lui
avaient
si
bien
dit
les
«
messieurs
de
Paris
»,
elle
affirme
qu’elle
était
capable
d’accumuler…comme
une
«
bouteille
de
Leyde
»,
qu’elle
était
«
imprégnée
de
fluide
»
(Louatron,
1898
:
49‐50).
«
Si
je
posais
le
doigt
sur
une
bouteille
remplie
de
retaille
métallique,
je
la
chargeais,
paraît‐
il.
[…]
La
soie
et
le
soufre
étaient
les
deux
meilleurs
conducteurs
de
mon
fluide
»
(Louatron,
1898
:
50).
Et
elle
faisait
surtout
sauter
tout
ce
qui
était
en
lourd
bois
de
chêne
comme
on
l’a
vu…
Devant
ces
incohérences
des
lois
de
la
physique,
le
journaliste,
qui
a
lu
l’ouvrage
d’Eudes
de
Mirville,
évoque
alors
ouvertement
l’ensorcellement.
La
rumeur
racontait,
nous
dit‐il,
qu’en
revenant
du
catéchisme
à
15
heures
avec
deux
compagnes,
sur
le
chemin
qui
mène
du
hameau
de
la
Muzerie
où
elle
résidait
à
La
Perrière,
elle
avait
rencontré
une
vieille
femme
au
faciès
de
sorcière
et
à
l’allure
de
mendiante
qui
«
marmottait
»
et
qui
avait
pris
ses
mains
dans
les
siennes,
soufflé
dessus
pour
les
réchauffer
et
les
avait
mises
un
instant
sous
son
tablier
en
lui
demandant
avec
un
rire
méchant
si
elle
n’avait
pas
peur
de
l’onglée.
Mais
hors
ses
deux
compagnes,
10
Nicole Edelman, International Psychology, Practice and Research, 2, 2011
personne
au
village
n’avait
vu
cette
vieille
femme.
Par
ailleurs,
le
père
au
métier
sulfureux
de
colporteur,
aux
cheveux
longs,
avait
la
réputation
d’être
un
«
demi‐sorcier
»
qui
savait
imiter
les
cris
de
tous
les
animaux,
qui
faisait
peur
aux
enfants
et
rêvait
de
passer
un
pacte
avec
le
diable
pour
avoir
de
l’argent
(Louatron,
1898
:
47).
Lorsque
les
phénomènes
commencèrent,
il
aurait
dit
:
«
tant
mieux
si
je
peux
faire
fortune
en
exploitant
cela
»
(Louatron,
1898
:
47).
Cet
amalgame
entre
berger
et
sorcière,
cet
écho
diabolique
renvoie
donc
bien
à
celui
que
propose
Jules
Eudes
de
Mirville
dans
son
livre.
Angélique
nie
pourtant
farouchement,
et
pour
preuve,
elle
déclare
avoir
été
frappée
par
la
foudre
le
15
janvier
1846
et,
qu’abandonnée
par
ses
camarades
effrayées,
elle
avait
perdu
connaissance
et
quand
elle
était
revenue
à
elle,
elle
était
oppressée
et
agitée.
Le
soir
même
les
phénomènes
avaient
commencé…
Par
ailleurs,
pour
décrire
son
état,
elle
affirme
que
non
seulement
elle
n’a
pas
souffert
mais
qu’elle
s’est
bien
amusée,
qu’elle
a
même
été
fière
parce
que
les
journaux
parlaient
d’elle
et
que
des
foules
venaient
la
voir.
Les
curieux
accouraient,
raconte‐t‐elle,
partout
où
son
père
l’emmenait,
récoltant
quelque
argent
au
passage
;
peu
cependant
puisqu’elle
regrette
dans
ses
vieux
jours
de
ne
pas
avoir
su
exploiter
convenablement
cette
«
vertu
»
comme
elle
nomme
alors
son
état.
Revenue
en
effet
dans
son
village
de
La
Perrière
après
son
séjour
à
Paris,
elle
aurait
gardé
«
sa
vertu
magnétique
»
jusqu’à
23
ans.
Son
père
étant
mort,
c’est
son
mari,
épousé
à
17
ans,
qui
après
qu’elle
a
eu
deux
enfants,
aurait
voulu
exploiter
cette
«
vertu
»
mais
c’est
alors
qu’elle
l’aurait
perdue.
Le
journaliste
conclut
son
article
en
renvoyant
à
des
phénomènes
psychiques
de
nature
inconnue
ou
surnaturels,
ajoutant
:
«
Ces
phénomènes
résultaient‐ils
d’une
électricité
à
coup
sûr
irrégulière
tant
dans
sa
cause
que
dans
ses
effets
ou
résultaient‐ils
d’un
état
psychique
analogue
à
celui
d’un
médium
?
Faut‐il
les
considérer
comme
extra‐naturels
et
rentrant
dans
le
domaine
de
la
mystique
?
»
(Louatron,
1898
:
51).
Que
conclure
en
2010
?
Cette
longue
histoire
dont
on
connaît
la
fin,
permet
au
moins
de
dire
qu’Angélique
Cottin
ne
devint
ni
folle,
ni
voyante,
ni
médium,
ni
mystique
mais
qu’elle
demeura
une
pauvre
paysanne.
En
effet,
selon
Michel
Ganivet
(Ganivet,
1992),
Madame
veuve
Desile
mourut
en
1913
à
l’hospice
de
Mortagne
au
Perche
où
elle
ne
passa
que
les
trois
jours
qui
précédèrent
sa
mort.
Je
n’en
déduirai
pas
pour
autant
qu’elle
a
simulé
lors
de
ses
crises,
j’affirmerai
bien
au
contraire
que
les
phénomènes
violents
qu’elle
a
produit
pendant
un
temps
relativement
éphémère,
ont
réellement
existé.
Aux
témoignages
nombreux
et
concordants
de
cet
épisode
s’ajoutent
en
effet,
aux
mêmes
moments,
je
l’ai
dit,
ceux
de
médecins
décrivant
une
capacité
comparable
d’un
déploiement
de
forces
exceptionnelles
dans
certains
cas
de
maladies
nerveuses
touchant
de
très
jeunes
filles
ou
femmes.
Or,
Jules
de
Faremont
évoque,
on
l’a
vu,
«
un
mouvement
nerveux
dont
l’enfant
n’était
pas
maître
»
qui
précipitait
l’objet
qu’elle
repoussait.
Le
Dr
Tanchou
écrit
:
«
chose
singulière,
chaque
fois
que
la
chaise
est
enlevée,
elle
semble
tenir
aux
vêtements,
elle
la
suit
un
instant
et
ne
s’en
détache
qu’après
»
ajoutant
que
la
force
d’Angélique
Cottin
se
situe
surtout
dans
la
face
antérieure
du
corps
et
particulièrement
du
poignet.
Cette
explosion
des
forces
physiques,
cette
manière
d’avoir
«
le
diable
au
corps
»
et
de
«
tout
envoyer
promener
»
ne
fut‐elle
pas
alors
l’expression
du
mal
être
de
cette
jeune
fille
au
moment
crucial
de
la
puberté
se
cabrant
contre
l’avenir
qui
lui
était
promis
?
Juste
une
hypothèse
puisque
les
discours
dont
l’historienne
dispose
n’en
disent
rien…
11
Nicole Edelman, International Psychology, Practice and Research, 2, 2011
Bibliographie
Arago,
F.
(1854‐1862),
«
Sur
une
prétendue
jeune
fille
électrique
»,
Œuvres
complètes,
t.4,
Electricité
animale,
II.
Babinet,
J.
(1854),
«
Les
sciences
occultes
au
XIXème
siècle.
Les
tables
tournantes
et
les
manifestations
prétendues
surnaturelles
»,
La
Revue
des
deux
Mondes,
510‐532.
Boutry,
Ph.,
(1991)«
Les
mutations
des
croyances
»
dans
Histoire
de
la
France
religieuse,
Seuil,
Paris.
Cuchet,
G.
(2005),
Le
Crépuscule
du
purgatoire,
Colin..
Edelman
(dir.)
(2009)
«
Savoirs
occultés
:
du
magnétisme
à
l’hypnose
»,
Revue
d’Histoire
du
XIXe
siècle,
38.
Edelman,
N.
,
Le
Maléfan,
P.
(1989),
«
Le
cas
Angélique
Cottin
»,
L’Histoire,
128,
50‐54.
Edelman,
N.
(1995),
Voyantes,
guérisseuses,
visionnaires
en
France,
1785­1914,
Albin
Michel.
Edelman,
N.,
Montiel,
L.,
Peter
J.‐P.
(2009),
La
maladie
et
le
somnambulisme
de
Lady
Lincoln,
Tallandier.
Edelman,
N.
(2008),
«
Le
somnambulisme
magnétique,
les
enjeux
d’une
mise
à
la
marge
»,
L’homme
et
la
société,
revue
internationale
de
recherches
et
de
synthèses
en
sciences
sociales,
L’Harmattan,
167­168­169,
2008/1­2­3,
85‐100.
Eudes
de
Mirville,
J.
(1854),
Pneumatologie.
Des
esprits
et
de
leurs
manifestations
fluidiques.
Mémoire
adressé
à
l’Académie
des
Sciences
morales
et
politiques
sur
un
grand
nombre
de
phénomènes
merveilleux
intéressant
également
la
religion,
la
science
et
les
hommes
du
monde,
Paris,
Vrayet
de
Surcy.
Figuier,
L.
(1860),
Histoire
du
merveilleux
et
des
temps
modernes,
t.4,
Hachette.
Ganivet,
M.
(1992),
La
fille
électrique,
mémoire
du
Perche.
Louatron,
H.
(1898),
«
Une
visite
à
Angélique
Cottin
»,
L’Echo
du
merveilleux,
1er
févr.
1898.
Macario,
M.,
(1843),
«
Etudes
cliniques
sur
la
démonomanie
»,
Annales
médico­
psychologiques,
mars
1843.
Maquinghen
Arnaud
(2009),
Une
excursion
dans
‘l’Au­delà’
de
la
Belle­Epoque.
Henriette
Couëdon
et
l’Echo
du
merveilleux
(1894­1920),
mémoire
de
master
1,
Ecole
Normale
Supérieur
Lettres
et
Sciences
humaines,
Lyon,
sous
la
direction
de
Nicole
Edelman.
12
Nicole Edelman, International Psychology, Practice and Research, 2, 2011
Muchembled,
R.
(2000),
Une
histoire
du
diable,
XII­XXème
siècle,
Paris,
Seuil.
Dr
Tanchou,
S.
(1846),
Enquête
sur
l’authenticité
des
phénomènes
électriques
d’Angélique
Cottin,
Paris,
Germer
Baillière.
13