22 MIEL - Semih Kaplanoglu - 1h 43` - Turquie Bora Atlas
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22 MIEL - Semih Kaplanoglu - 1h 43` - Turquie Bora Atlas
22 MIEL - Semih Kaplanoglu - 1h 43’ - Turquie Bora Atlas, Erdal Besikçioglu, Tülin Özen En Turquie, autrefois ou encore aujourd’hui, certaines régions vivent au seul rythme de la nature et de sa prégnance. Un gamin timide et solitaire accompagne son père apiculteur dans les forêts, ou guidé par un oiseau, se rend à l’école pour apprendre à lire. Le quotidien est simple, frustre mais tendre et les mots qui ne parviennent à être dits ou lus sont chuchotés ou bégayés, en écho aux bruits de la nuit, de la pluie, ou aux psalmodies des prières, des chants traditionnels. Après « Lait » et « Œuf/Yumurta » cette trilogie s’achève par un retour à l’enfance, continuant d’illustrer la dualité entre progrès et culture d’une province reculée. Aux images sombres d’intérieurs ancestraux et de forêts profondes répondent les fleurs colorées des collines et les chemises blanches des élèves. Silences protecteurs et familiers face aux lumineux espoirs de l’inconnu et du futur qui permettent au réalisateur de redonner vie à son passé, d’exprimer son amour filial en les transcendant par la poésie de l’image, expression propre du cinéma quand il se fait art. C’est cette émotion créative qui justifie les récompenses de Festival comme cet « Ours d’Or » de la dernière Berlinade. AMORE - Luca Guadagnino - 2h - Italie Tilda Swinton, Alba Rohrwarcher, Pippo Delbono, Marisa Berenson L’univers hiératique d’une famille de la haute bourgeoisie milanaise est bouleversé par la passion soudaine de la princesse pour le berger. La silhouette évanescente de Tilda Swinton illumine les lambris des salons, capture les goûts culinaires, éveille les sens et révèle une société décadente. Passé et liberté s’opposent dans l’ombre et la lumière d’un film pictural, grand mélo surrané aux accents viscontiens PAULINE ET FRANCOIS - Renaud Fely - 1h 35’ - France Laura Smet, Yannick Rénier, Léa Drucker, Gilles Cohen, André Wilms Par delà les deuils l’amour fait toujours renaître la vie, et quand deux êtres jeunes marqués par la mort se rencontrent, leur souffrance les rapproche pour une romance provinciale et familiale. La force positive de la nature sous les auspices des brames de cerfs l’emporte sur le poids et l’usure des rapports familiaux et sociaux. Mis en parallèle, des couples se forment : Yannick Rénier et Laura Smet, s’affrontent : Léa Drucker et Gilles Cohen, ou perdurent dans la dignité d’Anémone et chacun trace son destin dans un premier film sensible et libérateur. CHANTRAPAS - Otar Iosseliani - 2h 05’ - Géorgie/France David Tarielashvili, Tamuna Karumidze, Bulle Ogier, Pierre Etaix Un « chantrapas » est un bon à rien, et Otar Iosseliani qui n’en est pas un, nous offre un portrait collectif de cinéastes russes contrariés par les censures politiques, artistiques et commerciales. Hors du temps et de la réalité, tout commence en Géorgie avec l’innocence enfantine et tout y finira après une évasion vers la France symbole de liberté. La vocation cinéphile, le tableau familial, la valse des fonctionnaires, l’insertion d’un court-métrage s’inscrivent dans un délire naturel, mais le voyage parisien s’enlise dans une caricature brouillonne avant de se noyer dans une fin onirique désabusée, symbole de la vie ou du cinéma ? HOMME AU BAIN - Christophe Honoré - 1h 22’ - France François Sagat, Chiara Mastroïanni, Dustin Segura-Suarez, Les corps masculins ont des cœurs, les hommes objets ont des sentiments, la jouissance n’exclut pas la sensibilité, la sexualité multiforme n’empêche pas l’amour. D’une banlieue parisienne à New York, entre fiction et documentaire le sexe n’est qu’un jeu, tour à tour cruel ou léger, plus voyeur qu’érotique et réservé à ses amateurs de masculinité, certes sous-représentée hors l’imagerie antique. Mais est-ce suffisant, auto-satisfaisant ou juste plaisant? HORS LA LOI - Rachid Bouchareb - 2h 18’ - Algérie/France/ Belgique Jamel Debouzze, Roschdy Zem, Sami Bouajila, Bernard Blancan La lutte pour l’indépendance de l’Algérie, depuis les massacres de Sétif jusqu’aux accords d’Evian, nous est contée à travers le destin d’une mère et de ses trois fils. Cette fresque documentée à l’excès n’échappe malheureusement ni au didactisme, ni à la reconstitution formelle, ni au militantisme. Ni le retour des acteurs d’ « Indigènes », ni la profusion de décors ou situations ne lui font dépasser le statut de pure démonstration entre le révolutionnaire type, dévoué à la « cause » et dénué de sentiments, l’ancien soldat traumatisé par l’Indochine et le petit truand de Pigalle en quête de reconnaissance. Une prétentieuse leçon d’histoire sans émotion ni grandeur. L’AMOUR FOU Yves Saint Laurent- Pierre Bergé - Pierre Thoretton - 1h 38’ - France Documentaire Des adieux d’YSL à la vente aux enchères par Pierre Bergé de leur collection d’objets, ce documentaire archives et interviews entremêlées, évoque un couple dans leurs lieux de vie. Au cœur d’une société en perpétuel devenir, à l ‘égal des successions de défilés de mannequins les preuves de cinquante ans d’amour vont se dissiper, marquées autant par la dépression, la drogue et l’alcool que par la création, la libération de la femme et l’argent. « Collection » un même mot partagé par la mode éphémère et par l’art éternel, dispersée par celui qui reste pour faire son deuil en continuant d’offrir la beauté aux autres. 29 SANS QUEUE NI TÊTE - Jeanne Labrune - 1h 35’ - France Isabelle Huppert, Bouli Lanners, Richard Debuisne, Sabila Moussadek L’improbable rencontre d’un psy et d’une prostituée qui se remettent en question, révèle les points communs de leur métier : un lit pour les ébats des corps, un divan pour ceux de l’esprit, de mêmes séances tarifées pour libérer pulsions ou insatisfaction, sexe et argent mêlés. Jeanne Labrune adepte des comédies faussement absurdes à l’humour décalé transforme Isabelle Huppert en pute flamboyante, inversant les rapports au pouvoir dans la confusion des rôles. En une succession de saynètes doubles et facétieuses, d’un psy à l’autre, le mal être passe du sexe aux valeurs humaines et au respect de soi et des autres, sous le regard d’un ange baladeur. UN HOMME QUI CRIE - Mahamat-Saleh Haroun - 1h 32’ France/Belgique/Tchad Youssouf Djaoro, Diouc Koma, Emir Abossolo M’Bo, Hadjé Fatimé N’Goua … sa souffrance d’africain, là où les ravages de la guerre infiltrent la dignité des hommes. Autour d’une piscine d’hôtel international le martèlement des bottes remplace les rires des touristes, la ville bruit des rumeurs de combats, le vrombissement des hélicoptères se fait plus assourdissant. Un fils succède à son père dont il prend l’emploi et inversement quand le spectre de la vieillesse et « l’effort de guerre » se confondent jusqu’à faire s’égarer toutes valeurs filiales et paternelles. Ce Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes récompense une œuvre forte et engagée exprimant, sans effets spéciaux ni outrances, la désolation des populations civiles entrainées dans ces conflits fraternels. WALL STREET l’argent ne dort jamais - Oliver Stone - 2h 15’ USA Michaël Douglas, Shia LaBeouf, Josh Brolin, Carey Mulligan, Eli Wallach La suite de Wall Street vingt ans plus tard. La dernière crise boursière consécutive à la dérégulation des marchés a vu s’amplifier toutes les formes de spéculation jusqu’aux faillites bancaires, interventions des gouvernements de tous pays et crack mondial. En faisant revenir Michael Douglas et sa fille amoureuse d’un jeune trader, les ressorts de la manipulation financière se dédoublent en histoire familiale et rebonds sentimentaux où l’avidité généralisée garde tout son avenir. Mais si l’argent ne dort pas comme nous le précise le sous-titre, malgré les sursauts d’action et l’efficacité des acteurs, certains spectateurs pourraient bailler.