Chapitre 14. Quel est l`impact des firmes multinationales sur la

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Chapitre 14. Quel est l`impact des firmes multinationales sur la
Sciences économiques et sociales
Terminale
Thème 6 : Internationalisation des échanges et mondialisation
Chapitre 14.
Quel est l'impact des firmes multinationales
sur la mondialisation,
la croissance et le développement?
Notions à acquérir
firmes transnationales
stratégies
compétitivité
différenciation des produits
compétitivité prix/produit
commerce intra-firme
investissement direct à l'étranger
investissement de portefeuille
délocalisation
normes sociales
normes environnementales
régulation
Éléments d’introduction
Accroche : à faire à partir de Ma mondialisation sur le thème : qu’est-ce qui pousse une entreprise à
s’internationaliser.
Présentation problématisée du sujet : charge pour vous de noter ici les définitions des notions clés à
partir de vos cours de SES et de géographie
Problématique : comment l’action des FMN structure la mondialisation, notamment économique (CI)
mais pas seulement ? Il y a aussi des enjeux culturels et migratoires. Les FMN contribuent-elles à la
croissance et au développement, de quelle manière ? À quelles conditions ?
Annonce du plan : vous avez les éléments ci-dessous.
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Thème 6 : Internationalisation des échanges et mondialisation
I. Les stratégies des FMN structurent le commerce
international
A. Les FMN organisent leur production pour accroître leur
compétitivité
Documents : 5 et 6 page 340, A et B du plan de cours, extrait de Ma mondialisation.
Nous exposerons les raisons pour lesquelles les entreprises internationalisent leur production. La
question de la compétitivité et de la baisse des coûts sera au centre de notre réflexion.
B. Ce qui génère un commerce intra-firme important,
géographiquement structuré
Documents : C.
Nous montrerons que la décomposition internationale des processus de production donne un sens
nouveau aux notions de spécialisation et de division internationale du travail héritées des théories
traditionnelles du commerce international.
C. Les FMN pèsent-elles plus que les États dans la mondialisation
économique ?
Documents : 13 page 344, D.
Finalement, les FMN mettent en concurrence les territoires et il semble que leur nationalité d’origine
n’ait que peu d’incidence sur leurs choix de localisation, ce qui tend sans doute à affaiblir les États dans la
concurrence mondiale, d’où un fort sentiment d’impuissance.
II. Les stratégies des FMN ont des effets contrastés sur la
croissance économique
A. Les stratégies des FMN contribuent à la croissance mondiale
Document E.
Nous nous demanderons si et pour quelles raisons les FMN peuvent contribuer à la croissance
mondiale.
B. Du point de vue des États l’impact est plus complexe
Documents : E, F, 11 page 343, émission L’autre économie du 8 janvier 2007
Nous rentrerons dans le détail des effets selon les zones de la planète en termes de croissance du
PIB et d’emploi. La notion de délocalisation sera au centre de notre réflexion et nous ferons le lien avec les
cours de la première partie sur les liens entre emploi et croissance.
C. Cela appelle des régulations
Émission L’autre économie du 8 janvier 2007
Nous nous demanderons quel type de régulation devient souhaitable dans un tel contexte, en
faisant le lien avec les cours relatifs aux conflits (chapitres 9 et 10).
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Thème 6 : Internationalisation des échanges et mondialisation
III. Et peuvent, sous certaines conditions, contribuer au
développement
A. Comment les FMN peuvent contribuer au développement
Document 15 page 345.
Nous exposerons les mécanismes qui peuvent relier IDE et développement en insistant sur les
conditions pour que l’effet d’entraînement se produise, mais tous les PED ne sont pas en mesure de faire
respecter leurs exigences par les FMN.
B. Les risques liés au développement par les IDE
Documents : F, G.
Nous verrons pour quelles raisons les IDE ne peuvent pas constituer à eux seuls une stratégie de
développement pour les PED.
C. Comment pousser les FMN à se soucier de développement ?
A partir de vos connaissances et de l’écoute de l’émission de RFI du 15 septembre 2006, nous
verrons quelles normes et quels comportements des consommateurs peuvent inciter les entreprises à se
soucier de développement, mais aussi quelles contraintes locales poussent des entreprises à avoir des
dépenses favorisant le développement.
CONCLUSION
Documents complémentaires
Document A : Coût horaire moyen de la main d’œuvre dans
l’industrie manufacturière (en dollars US, par heure)
1990
États-Unis
Allemagne
France
Italie
Espagne
Pologne
Hongrie
Japon
Corée du Sud
Sri Lanka
Brésil
Mexique
1995
15
16,31
17,92
11,1
12,52
3,59
0,35
1,54
17,39
30,1
20,06
16,69
12,47
2,8
2,98
23,34
7,14
0,48
5,76
(1996)
1,7
2000
2005
2007
19,88
22,66
15,98
14,53
10,46
2,81
2,78
21,69
8,08
0,48
23,81
33,38
24,56
24,33
17,59
4,53
6,13
21,31
12,48
0,54
24,59
37,66
28,57
28,23
20,98
6,17
7,91
19,75
16,02
0,61
3,5
2,07
4,16
2,65
5,96
2,92
pour
évolution en %
information
entre 1995 et
salaire direct
2007
en 2007
19,17
41%
30,76
25%
19,45
42%
19,57
69%
15,54
68%
3,75
120%
5,75
165%
16,23
-15%
13,18
124%
0,52
27%
2,8
2,15
3%
72%
Pour information, les salaires dans l’industrie manufacturière en Chine a été multiplié par 3,38 en volume entre 1990 et 2005.
Source : Organisation internationale du travail, téléchargeable à partir du site www.ilo.org.
Questions :
1) Faire une phrase avec les données entourées afin d’en expliciter le sens.
2) Faites un classement des pays en 2007. Quelles conclusions en tirez-vous ?
3) Faites un classement des pays en fonction de l’évolution entre 1995 et 2007. Quelles
conclusions en tirez-vous ?
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Thème 6 : Internationalisation des échanges et mondialisation
Document B : Barbie et Nike, illustrations de la nouvelle DIT
La célèbre poupée Barbie donne une excellente illustration de la nature du
commerce international aujourd’hui. La matière première – le plastique est les
cheveux – vient de Taïwan et du Japon. L’assemblage est fait aux Philippines avant
de se déplacer vers des zones de salaires moindres, l’Indonésie ou la Chine. Les
moules proviennent des États-Unis, tout comme la dernière touche de peinture avant
la vente… Ce n’est pas une spécialisation sectorielle (textile aux uns, automobile aux
autres) à laquelle on assiste. La spécialisation porte sur la tâche effectuée par
chacun pour fabriquer un produit donné. Cette « désintégration verticale de la
production » n’est rien d’autre que le miroir mondial du démembrement de la
production fordiste […]
Pour saisir la portée de la rupture qui émerge dans les années 1990, il est
donc beaucoup plus utile d’analyser comment la chaîne de la valeur d’un bien tend à
se déformer, que de considérer la rivalité entre secteurs. La paire de Nike est un
autre exemple frappant du processus à l’œuvre.
Considérons ainsi une paire de Nike : le modèle Air Pegasus, qui coûte 70$
aux États-Unis. La structure de coût qui y conduit se présente ainsi. Le salaire tout
d’abord du travailleur, plus probablement de la travailleuse, qui la fabrique est de
2,75$. Le scandale de l’échange inégal se manifeste ici. Comment gagne-t-on si peu
à fabriquer un bien qui coûte si cher ? La suite des coûts engagés donne la réponse.
Le coût de fabrication de la basket, tout d’abord, ne se résume pas au travail. Il faut
également du cuir, du textile, des machines pour l’assembler, à quoi s’ajoutent aussi
les coûts de transport et de douane. En ajoutant tous ces éléments, on arrive à un
total qui s’élève à 16$. Tel est le coût payé par Nike pour prendre possession de la
basket à Los Angeles.
A ce coût matériel, s’ajoute ensuite l’ensemble des dépenses que Nike va
devoir entreprendre pour transformer cet objet physique en objet social, c’est-à-dire
une basket que les gens auront envie d’acheter. Ici se joue le cœur de l’activité de
Nike : faire connaître et désirer la basket, en engageant les dépenses de publicité, de
promotions qui vont la montrer aux pieds des grands athlètes, lesquels donneront aux
téléspectateurs du monde entier l’envie de la porter aussi. L’ensemble de ces
dépenses représente un coût qui est équivalent à celui déjà engagé pour fabriquer
l’objet physique lui-même. Le coût de la chaussure est doublé et représente – pour
arrondir les chiffres – 35$ toutes dépenses de fabrication et de promotions
comprises.
A ce stade, la moitié du coût total de la chaussure est expliqué : il faut
dépenser autant pour la fabriquer comme objet physique qu’il n’en faut pour la faire
désirer comme objet social. Comment passe-t-on ensuite des 35$ aux 70$ qui sont
facturés au consommateur ? C’est simple : il reste à payer toutes les dépenses
nécessaires pour la mettre physiquement au pied du consommateur, c’est-à-dire
toutes les dépenses de distribution.
Cette structure de coût fait émerger un schéma qui dessine parfaitement les
contours de la société post-industrielle […]. La conception en amont et la prescription
en aval deviennent le cœur de l’activité des pays riches. L’étape du milieu, celle de la
fabrication, devient inessentielle et peut être externalisée. Dans la nouvelle division
internationale du travail, les riches tendent à vendre des biens immatériels et à
acheter des biens matériels. La prescription des biens, le face à face, est par
hypothèse soustraite aux échanges mondiaux.
Source : Daniel COHEN, Trois leçons sur la société post-industrielle, Paris, Le Seuil, La république des idées, 2006,
pages 51-53.
Questions :
1) Résumez les grandes lignes de la nouvelle division internationale du travail à partir des deux
exemples proposés par Daniel Cohen.
2) D’après ce texte, comment les firmes multinationales décident-elles de la localisation de telle
ou telle étape de la production ?
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Thème 6 : Internationalisation des échanges et mondialisation
Document C : Le commerce intra-firme
La multinationale organise une circulation interne de
produits, de technologies, de capitaux et d’hommes, qu’elle
contrôle entièrement au sein de l’espace (international)
constitué par la société mère et les filiales étrangères. Le
commerce captif intra firme est évalué à 30% des échanges
mondiaux de produits. Les flux intra-MN pèsent 29% des
exportations de l’UE, 25% de celles du Japon et 36% de celles
des États-Unis, plus de 50% des importations du Brésil et du
Mexique. Le poids du commerce intra firme augmente : il
représente 46% des ventes des MN américaines (contre 25%
en 1977)[…].
Dans leur commerce internalisé, les MN appliquent non
pas les prix du marché mondial, mais des prix de transfert
internes, établis indépendamment de la concurrence. Les prix
de transfert permettent de redistribuer le profit des filiales vers
la société mère […]. Il suffit de surfacturer les biens et services
vendus par la société mère aux filiales étrangères, et de sous
facturer les ventes des filiales à la mère ou à la holding.
L’écart entre les prix de transfert de la MN de la pharmacie et
le prix mondial a atteint jusqu’à 155%, 60% dans l’électronique
et 40% pour le caoutchouc.
Source : Wladimir ANDREFF, Les multinationales globales, Paris,
La Découverte, Repères n°187, 2003, page 39.
Source : Marie-Françoise DURAND,
Benoît MARTIN, Delphine PLACIDI, Marie
TÖRNQUIST-CHESNIER, Atlas de la
mondialisation, comprendre l’espace mondial
contemporain, Paris, Les Presses de Sciences
Po, 2007, page 55.
Source : Marie-Françoise DURAND, Benoît MARTIN, Delphine PLACIDI, Marie TÖRNQUIST-CHESNIER, Atlas de la
mondialisation, comprendre l’espace mondial contemporain, Paris, Les Presses de Sciences Po, 2007, page 57.
Questions :
1) Proposez une définition du commerce intra firme.
2) Quels sont les enjeux du second paragraphe ? Faites le lien avec le document D.
Document D : Les États font-ils le poids par rapport aux FMN ?
Source : Marie-Françoise DURAND, Benoît MARTIN, Delphine PLACIDI, Marie TÖRNQUIST-CHESNIER, Atlas de la
mondialisation, comprendre l’espace mondial contemporain, Paris, Les Presses de Sciences Po, 2007, page 55.
Question : répondez à la question-titre du document ?
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Document E : Croissance économique et IDE entrants
Source : Marie-Françoise DURAND, Benoît MARTIN, Delphine PLACIDI, Marie TÖRNQUIST-CHESNIER, Atlas de la
mondialisation, comprendre l’espace mondial contemporain, Paris, Les Presses de Sciences Po, 2007, page 54.
Question : y a-t-il une corrélation positive entre IDE entrants et croissance économique ?
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Document F : Les centres d’appel, une activité délocalisable ?
Source : Le Monde, 28 février 2004.
Des entreprises françaises sous-traitent leurs centres d'appels au Sénégal.
Dakar se cache au bout du fil du télémarketing
Dakar (Sénégal) de notre correspondante
Depuis six mois Marième Fall, 21 ans, travaille à PCCI. Chaque appel téléphonique doit se faire dans
un français impeccable. «Quand je suis à PCCI je suis Michèle Duval. Il vaut mieux que je m'appelle
Michèle, plutôt que Marième. On est censé être à Paris, faut être plus sérieux.» L'écran de son ordinateur,
qu'elle fixe 40 heures par semaine, la renseigne sur le client français qui ne se doute pas qu'elle se trouve
à 6 000 km, ses ongles teints au henné et ses tresses s'emmêlant parfois dans son écouteur.
Premium Contact Center International (PCCI) est le pionnier de la délocalisation dans les métiers
de téléservices en Afrique noire francophone. Dans le quartier de Mermoz, à trois kilomètres du centre de
Dakar, un énorme bâtiment blanc en cours d'extension abrite 800 employés qui font de la «gestion à
distance de la relation client, comprenant téléservices, télémarketing et télétravail». En fait, ces
«téléacteurs», comme PCCI les appelle, en moyenne 25 ans et bac + 2, font de la vente, de la fidélisation
et des enquêtes de satisfaction pour une trentaine d'entreprises. Majoritairement françaises, celles-ci
appartiennent aux secteurs de la téléphonie mobile et fixe, de l'accès Internet, de l'édition, de
l'agroalimentaire et de la banque. Elles préfèrent que leur nom reste secret. Au téléphone, les employés
deviennent Michel(e) Duval ou Pascal(e) Ceyrac. Non pas que ces noms soient courants au Sénégal mais
plutôt parce que les prénoms asexués sont de mise à PCCI. […]
Une cinquantaine d'employés travaillent actuellement avec un théâtre sénégalais pour gommer les
accents. «Se projeter» est l'un des mots d'ordre d'Alain Nelle-Ebongué, directeur de l'exploitation de PCCI.
«Imaginez celui qui n'a jamais vu la France ou Paris et qui doit vendre des choses à un Français, il doit se
projeter en regardant les infos, en lisant... Ce n'est pas toujours facile.» Heureusement, la plupart des
téléacteurs se sont déjà rendus en France, généralement pour leurs études. […]
Avantages. «On demande beaucoup en termes de résultat», martèle la direction. Une exigence
compensée par quelques avantages : restaurant, repas subventionnés, médecin gratuit pour l'employé et
sa famille et médicaments pris en charge à 50 %. Créée en 2001 par trois investisseurs sénégalais, avec
un investissement de 2,6 millions d'euros pour l'infrastructure technologique, PCCI possède une antenne
commerciale à Paris. Pourquoi avoir installé le siège à Dakar ? Selon Alain Nelle-Ebongué, la ville possède
de nombreux atouts : des infrastructures télécoms performantes, une main-d'oeuvre qualifiée et abondante
(le taux de chômage du Sénégal s'élève à 48 %), une forte culture francophone et la stabilité du pays.
Après une période d'essai de six mois, les employés obtiennent un CDD ou un CDI et un salaire de base
débutant de 120 000 francs CFA (183 euros). Avec les nombreuses primes, cela représente 5 fois le
salaire minimum local.
Les téléservices deviennent au Sénégal un secteur salarié important, et qui recrute, dans un pays
où l'économie informelle totalise 60 % du PIB. Etudiante en sport, Mame M'Bissine Guèye voulait un travail
à mi-temps. «Comme l'emploi au Sénégal n'est pas garanti et que le télémarketing est en expansion, c'est
un moyen de payer mes études et de m'assurer une porte de secours.» Pour les entreprises clientes de
PCCI, c'est un autre type de satisfaction : l'heure de production est en moyenne 40 % moins chère que
celle de ses concurrents basés en France.
Source : Marie-Laure JOSSELIN, article paru dans Libération le 6 septembre 2004.
Questions :
1) Comment réagissez-vous à ce texte ?
2) Dans quelle mesure ce texte a-t-il un lien avec la problématique liant mondialisation et
uniformisation culturelle ?
3) Pourquoi les Sénégalais acceptent-ils de travailler dans de telles conditions ?
4) Pourquoi PCCI s’est-elle installé à Dakar ?
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Document G : Le Mexique pleure les belles heures des Maquiladoras
Le faible développement du savoir-faire technologique expose le pays à la concurrence asiatique
Dix ans après la signature de l'Accord de libre échange nord-américain (Alena), le Mexique connaît,
pour la première fois depuis la fin des années 1980, une stagnation prolongée de ses exportations. Le «
modèle exportateur » mexicain, fondé en grande partie sur les exportations des maquiladoras, ces usines «
tournevis » implantées pour la plupart le long de la frontière avec les Etats-Unis, semble en effet en panne.
La mauvaise conjoncture de ces dernières années ne suffit pas, à elle seule, à expliquer la crise des
maquiladoras.
Selon l'Institut national de statistiques mexicain (Inegi), le nombre de maquiladoras était de 2 826
en octobre 2003, soit une baisse de 25 % par rapport au record de juin 2001 (3 735). La baisse du nombre
d'entreprises s'accompagne de celle des effectifs : toujours en octobre 2003, on comptait un peu plus d'un
million d'employés (79 % d'ouvriers, 13 % de techniciens et 8 % de personnel administratif), soit 300 000
de moins qu'à la fin de l'année 2000.
Pourtant, depuis le début des années 1990, le modèle exportateur des maquiladoras semblait s'être
affranchi de toute crise, traversant même sans encombre la grave turbulence financière qui a secoué le
Mexique en 1994-1995. Ainsi, entre 1990 et 2000, la progression des exportations des maquiladoras a été
continue et de l'ordre de 20 % par an. Elles n'ont même pas ralenti en 1998, progressant encore de 17,5 %
malgré les conséquences négatives de la crise asiatique sur les termes de l'échange du Mexique, qui ont
entraîné une baisse de 1,4 % des exportations traditionnelles. Leur part dans les exportations totales du
pays est ainsi passée de 35 % en 1990 à près de 50 % aujourd'hui. En 2003, elles ont atteint 77,7 milliards
de dollars, soit 47 % du total des exportations mexicaines.
L'année 2001 a marqué une rupture : pour la première fois depuis 1983 (en pleine crise de la dette),
les exportations des maquiladoras ont baissé, chutant de 6,2 % par rapport à 2000 avant de stagner en
2002 et 2003. Cette baisse s'explique avant tout par le ralentissement économique aux Etats-Unis, qui
s'est rapidement transmis à la production des maquiladoras. Mais outre l'effet de la baisse de la demande,
celles-ci sont confrontées à une concurrence asiatique, notamment chinoise, de plus en plus forte. En effet,
si le Mexique dispose d'une part de marché de près de 12 % aux Etats-Unis, la Chine lui a ravi en 2003 la
place de deuxième fournisseur des Etats-Unis derrière le Canada.
DE PLEIN FOUET
Tous les secteurs ne sont pas touchés de la même façon. Les plus exposés à la concurrence - du
fait d'un coût de la main-d'oeuvre aujourd'hui environ quatre fois supérieur au Mexique qu'en Chine - sont
touchés de plein fouet. Le nombre de maquiladoras du textile-habillement a été quasiment divisé par deux
entre juin 2001 et fin 2003, leur nombre passant de 1 190 à 666. Par contre, d'autres secteurs, où la
stratégie régionale des entreprises est primordiale, ont beaucoup moins souffert : dans les pièces
détachées pour automobiles, par exemple, on comptait fin 2003 autant de maquiladoras (271) qu'en juin
2001.
Cette évolution ne doit cependant pas être dramatisée, dans la mesure où elle n'implique pas
toujours une disparition pure et simple des activités correspondantes, mais leur mutation vers un autre
système. Le régime des maquiladoras perd en effet de son intérêt : avec l'achèvement du démantèlement
tarifaire au sein de l'Alena, il n'est plus nécessaire de bénéficier de ce régime pour exporter à taux zéro
vers les Etats-Unis. Les autres avantages (exemption de TVA et de certaines taxes) s'appliquent aussi à
d'autres programmes d'importation dérogatoires (tels que le Programme d'importation temporaire pour
produire des articles d'exportation - Pitex, ou le Programme de promotion sectoriel - Prosec).
Reste cet autre constat : si le modèle des maquiladoras a permis une montée en gamme des
exportations mexicaines, cela s'est fait avec très peu de valeur ajoutée locale. C'est certainement là son
principal échec. Les intrants représentent environ 80 % de la valeur finale des marchandises produites
dans les maquiladoras. Ainsi le Mexique présente aujourd'hui une structure sectorielle de ses exportations
comparables à celles de pays comme la République tchèque ou la Corée du Sud. Certes, les biens
manufacturés représentent aujourd'hui 85 % du total, alors que le pétrole assurait encore 40 % des
exportations mexicaines à la fin des années 1980. Mais le faible développement du savoir-faire technique
et technologique ne le met pas à l'abri de la concurrence asiatique.
Source : article de Gabriel LOEST paru dans Le Monde daté du 24 février 2004.
Questions :
1) Pourquoi les maquiladoras sont-elles en difficulté ?
2) Dans quelle mesure ce texte montre-t-il la fragilité des sociétés et des économies qui
dépendent beaucoup des FMN ?
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