penthesilea - Opéra national du Rhin

Transcription

penthesilea - Opéra national du Rhin
Dossier pédagogique
Saison 2015-2016
Dusapin
penthesilea
création mondiale
En deux mots
Pour expier la mort de sa sœur Hippolyte,
Penthésilée, reine des Amazones, participe
avec ses sœurs à la guerre de Troie. Sur le
champ de bataille, elle croise le regard d’Achille.
S’engage alors un jeu d’amour et de haine,
d’attraction et de répulsion qui se révèlera
fatal pour les deux protagonistes.
Contacts
Flora Klein • tél + 33 (0)3 68 98 75 21 • courriel • [email protected]
Hervé Petit • tél + 33 (0)3 68 98 75 23 • courriel • [email protected]
Opéra national du Rhin • 19 place Broglie
BP 80 320 • 67008 Strasbourg
Photo Nis & For
operanationaldurhin.eu
création mondiale
Opéra en 1 prologue, 11 scènes et 1 épilogue de Pascal Dusapin
Livret de Pascal Dusapin
en collaboration avec Beate Haeckl d’après
la pièce de Heinrich von Kleist
STRASBOURG Opéra
sa 26 septembre 20 h
lu 28 septembre 20 h
me 30 septembre 20 h
je 1er octobre 20 h
Rencontre avec Pascal Dusapin,
Franck Ollu et Pierre Audi
Strasbourg, Librairie Kléber
ve 25 septembre 18 h 30
entrée libre
Direction musicale Franck Ollu
Mise en scène Pierre Audi
Décors Berlinde De Bruyckere
Costumes Wojciech Dziedzic
Lumières Jean Kalman
Vidéo Mirjam Devriendt
Mouvements Marie Martinez
Dispositif électro-acoustique Thierry Coduys
Penthesilea Natascha Petrinsky
Prothoe Marisol Montalvo
Achilles Georg Nigl
Odysseus Werner Van Mechelen
Oberpriesterin Eve-Maud Hubeaux
Chœurs de l’Opéra national du Rhin
Orchestre philharmonique de Strasbourg
Éditions Salabert / Universal Music Publishing Classical
Commande du Théâtre Royal de la Monnaie / De Munt
en collaboration avec l’Opéra national du Rhin
Coproduction avec le Théâtre Royal de la Monnaie / De Munt Bruxelles
Langue : allemand surtitré en français et en allemand
Durée approximative : 1 h 50
Conseillé à partir de 13 ans : collège et lycée
Argument
Prologue
Tout en la mettant en garde contre l’amour, Prothoé rassure sa reine : il est possible de concilier devoir et passion.
Le vent amène les rumeurs de la bataille.
Scène 1
Ulysse s’inquiète des blessures de son ami Achille, alors que celui-ci ne pense qu’à la bataille. Rempli de haine pour
Penthésilée, Ulysse tente de dissuader Achille de continuer son combat contre elle. Achille le traite de lâche, ainsi que
les autres Grecs. Sachant que Penthésilée veut sa mort, il jure de la traîner ensanglantée dans la poussière. Un messager
annonce que Penthésilée approche. Achille se précipite à sa rencontre. Ulysse maudit la folie de son ami et la guerre.
Scène 2
Les Amazones acclament Penthésilée victorieuse : selon leur tradition, bon nombre d’hommes ont été faits prisonniers.
Penthésilée déclare que cela ne suffit pas. Elle veut retourner se battre contre Achille et le voir étendu dans la poussière,
à ses pieds. C’est pour elle une question de vie ou de mort. Prothoé essaie d’en dissuader Penthésilée, dont le cœur
est empoisonné par la passion. Penthésilée la remet à sa place. À l’approche d’Achille, Penthésilée invite néanmoins
Prothoé à la suivre dans la bataille. Prothoé le lui jure : la victoire ou la mort.
Interlude
Le chœur dépeint l’impétueuse reine des Amazones. Ulysse, lui, la compare à une louve pourchassant sa proie.
Les Amazones sont éblouies par l’héroïque splendeur d’Achille.
Photo Forster, La Monnaie / De Munt
Scène 3
La Grande Prêtresse observe anxieusement les préparatifs de Penthésilée pour le combat. Elle prédit que son amour pour
Achille la fera succomber à l’ennemi. La rencontre armée entre Achille et Penthésilée sur le champ de bataille est suivie
de loin. La Grande Prêtresse observe Penthésilée tomber de cheval, à la merci d’Achille qui, à son grand étonnement,
la soulève et la prend dans ses bras. Prothoé lui arrache la reine. Les deux femmes approchent : Penthésilée, défaillante,
s’appuie lourdement sur Prothoé.
Scène 4
Dans sa frustration fiévreuse, Penthésilée ordonne de lâcher des chiens sur Achille. Elle maudit son destin d’avoir à se battre
pour son amour et confesse à Prothoé qu’elle préférerait être tuée parAchille plutôt que d’être une femme incapable de séduire.
Achille et ses hommes approchent. La Grande Prêtresse et Prothoé implorent Penthésilée de fuir, mais celle-ci se perd
dans le fantasme d’une dernière tâche à accomplir : rouler une montagne sur une autre, monter sur la cime et attirer à
elle le Glorieux, le soleil. À la vue de son reflet, elle s’évanouit. Prothoé ordonne aux Amazones d’attaquer Achille sans
toutefois le blesser à mort. La Grande Prêtresse quitte le champ de bataille.
Scène 5
Achille, désarmé, raille l’assaut des Amazones. Quelques-unes tombent pendant l’attaque. Les Amazones s’enfuient,
Achille réclame à nouveau Penthésilée et la prend dans ses bras. Ulysse se retire, lui souhaitant bonne chance.
Scène 6
Voyant Penthésilée sans vie, Achille redoute de l’avoir tuée. La sentant respirer, il craint qu’elle ne le haïsse. Il déclare alors
vouloir en faire sa reine. Prothoé, surprise mais soulagée, lui demande une faveur supplémentaire : épargner à Penthésilée
la honte d’avoir été vaincue, au moins pour le moment. Achille acquiesce et se retire rapidement lorsque Penthésilée revient
à elle. Penthésilée revit la défaite, honteuse, comme si cela n’avait été qu’un rêve. Elle se laisse apaiser par Prothoé qui lui
rapporte les nobles intentions d’Achille. Ce dernier s’avance alors et entre dans le jeu proposé par Prothoé. Penthésilée est
en extase. Elle refuse de contenir ses émotions et flatte Achille de caresses. Ils s’avouent leur amour et célèbrent leur ardeur
mutuelle. Quand tout à coup l’armée grecque approche, Achille révèle à Penthésilée qu’elle a été vaincue. C’est Penthésilée
qui est prisonnière, et non pas lui, Achille. Penthésilée ne peut pas croire à ce revirement cruel. Elle est hors d’elle, enragée.
Scène 7
Ulysse vient avertir Achille que les Amazones approchent pour libérer Penthésilée. Achille, retrouvant son attitude de
guerrier, jure de les écraser. Il ordonne qu’on emmène Penthésilée dans le camp grec. Horrifiée, Penthésilée implore
Achille de la suivre, ce qu’il refuse. Ils sont tiraillés, ne sachant pas lequel des deux devrait suivre l’autre. Ulysse surgit
et presse Achille de partir. Ils se retirent rapidement.
Scène 8
Penthésilée maudit les Amazones de célébrer leur soi-disant triomphe. Elle les accuse de l’avoir libéré contre la loi de la
guerre et contre son gré. La Grande Prêtresse, offensée, exclut Penthésilée de son peuple et déclare vouloir abandonner
la guerre pour rentrer dans son pays. Seule avec Prothoé et se sentant responsable de la débâcle, Penthésilée s’effondre.
Elle craint de ne plus jamais pouvoir réparer ce tort et jure de disparaître à jamais dans les ténèbres.
Scène 9
Un messager apporte la nouvelle qu’Achille défie Penthésilée
en duel afin de décider du vainqueur. Penthésilée ne peut pas
croire qu’Achille, la sachant inférieure en force, la provoque
en combat singulier. Pendant que Prothoé essaie de persuader
Penthésilée d’oublier Achille, Penthésilée, profondément
atteinte en son honneur et humiliée par l’apparente trahison de
son bien-aimé, décide d’accepter. Déterminée à anéantir son
ennemi, elle invoque le dieu de la guerre et appelle ses chiens.
Dans un accès d’humour macabre, elle pointe son arc sur
Prothoé. Celle-ci, horrifiée, tombe à terre. Penthésilée sort en
criant le nom d’Achille.
Scène 10
Achille mesure son amour pour Penthésilée. Il est un homme
heureux. Ulysse arrive et exige de savoir si la rumeur du duel
est fondée. Lorsqu’Achille lui explique avoir proposé ce duel
uniquement pour que Penthésilée puisse l’emporter et ainsi
trouver la voie de leur amour selon sa propre loi, Ulysse
éclate. Mais Achille écoute à peine les exhortations de son
ami. Le messager annonce que Penthésilée a accepté le duel
et approche avec ses chiens. Achille, apparemment insouciant,
affirme qu’elle ne lui fera pas de mal et que ses chiens lui
mangeront dans la main. Comme pour se rassurer, il insiste :
Penthésilée se ferait du tort à elle-même plutôt qu’à lui. Il
part, laissant Ulysse terriblement alarmé. Achille arrive sur le
lieu du duel. Une flèche l’atteint. Il tombe comme un arbre. Le
chœur dépeint la guerre comme un destructeur impitoyable.
Photo Forster, La Monnaie / De Munt
Interlude
La Grande Prêtresse et les Amazones sont pétrifiées devant l’horreur qui leur fait face. Prothoé se détourne
brusquement et se fige.
Photo Forster, La Monnaie / De Munt
Scène 11 et épilogue
Penthésilée entre comme en transe. La Grande Prêtresse la maudit et ordonne qu’on l’ôte de sa vue. Prothoé refuse de
venir en aide à Penthésilée, étant donné l’atrocité de son crime. Cependant, en entendant les Amazones décrire comment
Penthésilée nettoie arc et flèches en toute innocence et quasi religieusement, Prothoé, prise de pitié pour sa reine,
se dirige vers elle. Elle tente de maintenir l’illusion dans laquelle se trouve Penthésilée, comblée après sa prétendue
victoire. Soudain, Penthésilée aperçoit un cadavre recouvert d’un linceul. Réalisant que c’est celui d’Achille, elle est
dévastée et exige de savoir qui l’a défiguré ainsi. Sur un ton accusateur, la Grande Prêtresse lui révèle alors que c’est
elle, Penthésilée, la responsable de ce carnage. Incrédule, Penthésilée se débat pour tenter de saisir la vérité. Peu à peu,
elle réalise qu’elle a vraiment tué Achille, l’a déchiré et dévoré de ses propres dents et mains. Elle lui demande pardon,
renonce à son peuple et déclare qu’elle suivra désormais Achille. Elle remet ses flèches une à une à Prothoé et, pour finir,
son arc. Elle se déclare prête à mourir, se forgeant une émotion destructrice qu’elle aiguise comme un poignard. Offrant
son cœur à ce poignard, elle meurt.
Quelques mots sur l’œuvre
Penthesilea, commande de la Monnaie de Bruxelles en collaboration avec l’OnR, est le septième opéra de Pascal
Dusapin. Passionné de littérature et soucieux de composer ses ouvrages sur des livrets dramatiquement forts, il a choisi
d’adapter lui-même, en collaboration avec la dramaturge Beate Haeckl, la pièce éponyme de Heinrich von Kleist, ce
poète, essayiste et dramaturge allemand considéré comme l’une des grandes figures du Romantisme, notamment pour
son théâtre régulièrement joué de nos jours. Ironie du sort, cette reconnaissance est arrivée bien tardivement, Kleist
ayant été plutôt incompris de son vivant. C’est particulièrement le cas avec Penthesilea dont la création scénique a eu
lieu plus de soixante ans après la mort de l’auteur, tant la langue et le propos avaient décontenancé ses contemporains :
la pièce était qualifiée jusqu’alors d’injouable.
C’est justement la violence abrupte de la langue pour exprimer la cruauté des émotions portées à leur paroxysme qui a
séduit Pascal Dusapin. Il trouve ainsi un texte capable d’entrer en résonnance avec sa musique profondément organique
et sensible. Il projetait depuis longtemps d’adapter cette pièce, « d’une effrayante modernité », qui « observe l’amour au
filtre du problème de la loi ». L’équipe chargée de la création et la distribution vocale réunissent des fidèles comme des
personnalités particulièrement appréciées du compositeur. C’est notamment le cas de la plasticienne belge Berlinde de
Bruyckere, internationalement reconnue, qui fait ses premiers pas en tant que scénographe. Pascal Dusapin aime quand
les artistes de tous horizons s’associent à ses créations.
C’est la première fois que l’OnR présente un opéra du compositeur. Il est considéré comme l’une des figures majeures de
la musique française contemporaine, notamment pour sa production lyrique qui a débuté en 1989 avec Roméo et Juliette
en collaboration avec Olivier Cadiot. Penthesilea permet également à l’OnR de prendre part à la série d’événements
imaginés pour célébrer le soixantième anniversaire du compositeur.
à écouter, à voir
> Perela, uomo di fumo, Alain Altinoglu, Orchestre national de Montpellier, John Graham-Hall (Perelà), Naïve, 2005
> O Mensch!, Georg Nigl (baryton), Vanessa Wagner (piano), Col Legno, 2013
> Collège de France - Pascal Dusapin, Collège de France et Doriane films Cned, 2007 (DVD)
Les personnages
Odysseus (Ulysse)
Du grec ancien Odysseus, célèbre héros de la mythologie grecque et roi légendaire d’Ithaque, il est le fils de Laërte et
d’Anticlée mais également l’époux de Pénélope et le père de Télémaque. Dans l’œuvre d’Homère intitulée L’Iliade, il
fait preuve de diplomatie et d’ingéniosité, notamment par la construction d’un cheval en bois l’élançant vers la conquête
victorieuse de Troie.
Penthesilea
Fille d’Arès et d’Otréré, sœur d’Hippolyte, elle est la Reine des Amazones. Lors de la fin de la guerre de Troie, elle est
tuée par Achille après avoir courageusement secourut Priam. Lorsqu’Achille transperce de son épée Penthésilée, il ne
reste pas insensible à sa beauté et en tombe amoureux. D’un esprit moqueur, Thersite tue à son tour Achille.
Achilles
Héros grec ayant également participé à la guerre de Troie, il est l’un des personnages central de L’Iliade. Fils du roi
Pélée et de la déesse Thétis, il est fort, agile, brave et fier. Il décide de venger son ami Patrocle en tuant Hector, auteur
du précédent crime. L’histoire d’Achille est brève puisqu’il tombe sous une flèche guidée vers son talon par Apollon.
Prothoé
Dieu marin et fruit d’une union entre Poséidon et Téthys, il a pour mission habituelle la garde des animaux marins de
son père. Doté du don de prophétie et du pouvoir de se métamorphoser, il est surnommé dans L’Odyssée d’Homère le
« vieillard de la Mer ». Il connait donc le passé le présent et l’avenir.
Oberpriesterin
La grande prêtresse en français, ce personnage est présent dans bon nombre d’histoires de la mythologie grecque. Elle
a pour rôle de protéger les déesses et les dieux et de veiller sur eux, surtout en cas de guerre. Iphigénie est à la fois une
déesse et une grande prêtresse.
Monologue de Méroé
Extrait de la scène 23 de Penthesilea de Kleist
Meroe
Vous le savez,
Elle s’avançait à la rencontre du jeune homme
qu’elle aime,
Celle qu’aucun nom désormais ne nomme
Dans l’égarement de ses jeunes sens
Elle arme le désir ardent de le posséder
De tous les effrois de la guerre.
Entourée de la meute hurlante et d’éléphants,
Elle s’approche, l’arc à la main :
La guerre, lorsqu’elle se déchaîne entre les citoyens
Et marche du pas de géant de l’épouvante,
Figure de l’horreur baignée de sang
Brandissant sa torche au-dessus des villes prospères,
N’a pas l’air plus féroce, plus abominable qu’elle.
Achille qui, toute l’armée l’assure,
Ne l’a défiée sur le champ que pour volontairement
Lui succomber, le jeune fou, dans le combat :
Car lui aussi, ô puissants sont les dieux !
Il l’aimait, touché par sa jeunesse,
Il voulait la suivre au temple de Diane :
Il s’approche d’elle plein de doux pressentiments,
Et laisse ses amis derrière lui.
Mais à présent qu’elle fond sur lui
Dans un grondement d’horreur – lui qui pour la forme
S’était armé d’une lance, l’innocent –
Il s’arrête et tourne son cou gracile et tend l’oreille,
Et court épouvanté, s’arrête et court encore :
Comme un jeune chevreuil qui, dans la gorge rocheuse,
Entend au loin les rugissements du lion courroucé.
Il appelle : Ulysse ! d’une voix étranglée,
Et regarde autour effarouché et appelle : Diomède !
Et veut encore revenir en arrière auprès de ses amis ;
Et voit son chemin coupé par une troupe d’Amazones
Et lève les mains et grimpe et se cache,
Le malheureux, dans un sapin
Dont les branches sombres tombent jusqu’à terre.
Dans le même temps la reine s’est approchée,
Les dogues derrière elle, scrutant de tout son haut
Tel un chasseur, montagne et forêts ;
Et à l’instant qu’il écarte les branches
Pour se laisser tomber à ses pieds :
Ha ! Sa ramure trahit le cerf, crie-t-elle,
Et aussitôt elle bande avec la force des déments
Son arc, en sorte que les extrémités se touchent
Et elle relève l’arc et vise et tire,
Et lui décoche la flèche dans le cou, il tombe :
Un cri sauvage, triomphal monte du peuple.
Mais, cependant, il vit encore, le plus pitoyable
des hommes,
La flèche saillante dans la nuque,
Il se relève dans un râle et tombe
Et se relève encore et veut s’enfuir ;
Mais, hardi ! crie-t-elle : Trigris ! Hardi, Leäne !
Hardi, Sphinx, Mélampus ! Dirké ! Hardi Hyrkaon !
Et elle se rue – se rue avec toute la meute, ô Diane !
Sur lui, et le tire – le tire par le cimier
Comme une chienne parmi les chiens,
L’un le saisit à la poitrine, l’autre à la nuque
Et le jette au sol qui tremble de sa chute !
Lui qui se traine dans la pourpre de son sang,
Touche sa douce joue et l’appelle :
Penthésilée ! Ma fiancée ! Que fais-tu ?
Est-ce là la fête des roses que tu m’avais promise ?
Mais elle – une lionne l’aurait entendu,
L’affamée rugissante à la recherche de sa proie
Dans les champs de neige désolés ;
Elle plante, arrachant la cuirasse de son corps,
Ses dents, les plante dans sa blanche poitrine.
Elle et les chiens rivalisent,
Onux et Sphinx, les crocs du côté droit,
Le côté gauche pour elle ; quand je suis arrivée,
Le sang dégouttait de sa bouche et de ses mains.
Penthesilea, Kleist, trad. Ruth Orthmann et Eloi Recoing,
Actes Sud-Papiers, 1998
Une envolée d’amour et de haine
Extrait de la scène 6 du livret de l’opéra
Achille
Qui es-tu, merveilleuse créature ?
Achille
Ce n’est pas moi qui vais te suivre, mais toi !
Penthésilée
Toi, le plus indomptable des hommes, tu m’appartiens.
(Le bruit d’armes approche.)
Achille
Qui es-tu ?
Comment te nommer ?
à qui appartient mon cœur enchanté ?
Penthésilée
Je suis la Reine Penthésilée.
Achille
Penthésilée – ce nom, je le chanterai
même dans la mort – ma bien-aimée.
Comment se fait-il ?
Pourquoi moi ?
Me connais-tu ?
Penthésilée
Oh, oui !
Penthésilée
Comment ? Quoi ? Je ne comprends pas un mot.
Achille
Par le sort des armes, tu m’ appartiens,
tu es tombée à mes pieds, et non pas moi aux tiens.
Penthésilée
Moi, ta prisonnière ?
Achille
C’est bien ça, Reine !
(Silence)
Penthésilée
Toi, monstre !
Achille
Comment, oui ?
Penthésilée
Mon rêve éternel, c’était toi !
Quand tu m’es apparu comme un astre du jour parmi des
pâles étoiles de la nuit,
je n’avais que ce choix : te conquérir ou périr.
(Bruit d’armes au loin)
Qu’y a-t-il ? Dis, qu’as-tu ? Qu’est-ce que c’est ?
Repères
Les Amazones
Peuple issu des bords de la mer Noire ou peut-être même d’Asie mineure, les Amazones sont exclusivement féminines.
Redoutables guerrières et cavalières, elles sont vêtues de peaux de bêtes et armées d’un bouclier en forme de croissant de
lune, d’une hache, d’un arc et de flèches. Elles n’hésitent pas à se couper le sein droit, ou le brûler selon d’autres sources,
pour mieux utiliser leurs armes d’où leur nom qui signifierait selon certains auteurs « celles qui n’ont pas de sein ». Afin
d’assurer leur descendance, elles capturent une fois par an les hommes d’autres tribus, les plus beaux, et s’unissent à eux
à la nuit tombée afin que personne ne se reconnaisse. Seules les filles qui naissent de ces unions sont gardées, les enfants
mâles étant soit tués, abandonnés ou mutilés.
Bien que des fouilles archéologiques aient révélé en Asie centrale des traces de femmes guerrières, les Amazones relèvent
davantage d’une construction mythologique des Grecs qui imaginent une société matriarcale en totale opposition avec
l’organisation sociale admise et notamment le rôle domestique des femmes, entre fantasme et répulsion.
Dans les différents récits, contrairement à la pièce de Kleist, c’est Achille, héros et fils du roi des Mirmidons Pélée, qui
transperce Penthésilée de son épée et en tombe instantanément amoureux.
La guerre de Troie
Principalement connue grâce L’Iliade et L’Odyssée d’Homère, la guerre de Troie est un conflit légendaire opposant les
Grecs aux Troyens. L’origine du différend est l’enlèvement d’Hélène, l’épouse du roi de Sparte Ménélas, par le prince
troyen Pâris. Aidé de son frère Agamemnon, l’époux bafoué lève une grande coalition qui réunit les autres rois de la
Grèce alors que tous sont liés par un serment d’entraide. Ils font pendant dix ans le siège de la cité ennemie jusqu’à la
vaincre grâce à l’ingénieux plan imaginé par Ulysse, roi d’Ithaque. Celui-ci propose de construire un immense cheval
de bois dans lequel peuvent se cacher les soldats. Persuadés de recevoir une offrande qui semble célébrer la fin du
conflit, les Troyens le laissent entrer dans leur cité pour leur plus grand malheur et périssent sous les assauts des Grecs
une fois la nuit tombée.
Telle qu’elle nous est racontée par Homère, la guerre de Troie donne lieu à des combats spectaculaires menés par
d’impressionnants héros qui subissent l’aide ou, au contraire, l’opposition des dieux et déesses qui s’affrontent euxmêmes. L’archéologie, qui a réussi à localiser Troie dans la Turquie actuelle, atteste de l’existence d’un tel conflit qui
a ruiné l’une des plus importantes cités du deuxième millénaire avant J.-C.
Mais que viennent donc faire les Amazones dans cette histoire ? Certaines sources indiquent que Penthésilée est venue
se purifier auprès du roi Priam pour avoir accidentellement tué sa sœur Hyppolite. D’autres avancent qu’elle avait été
appelée au secours par Hector juste avant qu’il ne meure. Dans tous les cas, elle choisit de s’engager avec ses sœurs
dans la guerre au côté des Troyens et se retrouve à combattre Achille.
Heinrich von Kleist
Une si courte vie pour ce poète Romantique allemand, né à Francfort-sur-l’Oder dans une famille de nobles militaires
en 1777 et mort trente-quatre ans plus tard seulement près de Berlin. On doit à Kleist huit pièces de théâtre parmi
lesquelles La Petite Catherine de Heilbronn ou Le Prince de Hombourg (immortalisé par Jean Vilar, Gérard Philipe et
Jeanne Moreau au Festival d’Avignon en 1951), huit romans et nouvelles comme La Marquise d’O ou encore Michael
Kohlhaas, des poèmes, plusieurs ouvrages critiques tels que son Essai sur le théâtre des marionnettes ainsi que de
nombreux articles littéraires et patriotiques dont certains sont parus dans la revue qu’il avait créée. Une œuvre dont la
composition s’étale sur une petite douzaine d’années et qui ne reçut globalement pas un excellent accueil de son vivant.
Embrassant d’abord la carrière militaire comme le veut la tradition familiale, Kleist y renonce par dégoût du militarisme
et entame alors des études universitaires qu’il ne termine pas mais dont les lectures de Rousseau et de Kant le marquent
profondément. Occupant par la suite de modestes postes comme celui de surnuméraire à l’administration des domaines
de Königsberg (Kaliningrad), il fait de nombreux voyages en Europe et notamment en France. Soupçonné d’espionnage
anti-Français, il se retrouve emprisonné par l’Etat-major napoléonien en 1807. Lui qui quatre ans auparavant avait
même songé à s’engager sous les drapeaux français en espérant mourir pendant la campagne d’invasion de l’Angleterre.
Toujours admiratif du sacrifice du soldat et profondément antinapoléonien, il cherchera finalement à s’enrôler à nouveau
dans l’armée prussienne à la fin de sa vie.
Diagnostiqué « mélancolique morbide » par un médecin suisse lors de son séjour près de Berne en 1802, et souffrant
d’une anomalie physique secrète qu’il ne parvient pas à soigner, la mort est constamment présente dans la vie du poète
et se retrouve même dans ses œuvres où le merveilleux et le rêve paraissent souvent comme des recours. Les héros qu’il
dépeint ont toujours une soif d’absolu qui les empêche de vivre et les conduit même à se révolter contre les arbitraires
qui oppriment l’individu sans forcément y parvenir. La mort peut alors apparaître comme une évasion héroïque. Alors
que depuis 1810, il a entamé une correspondance amoureuse avec Henriette Vogel, une femme mariée, il choisit
justement de se suicider en sa compagnie alors qu’elle est atteinte d’un cancer incurable. Le 21 novembre 1811, sur les
bords du lac de Wansee, il la tue d’un coup de pistolet et retourne l’arme contre lui.
L’orchestre
Cordes
>12 violons 1
>10 violons 2
>8 altos
>6 violoncelles
>6 contrebasses
Harmonie
>3 flûtistes dont 2 jouant de la petite flûte et de la flûte alto en sol
>2 hautboistes dont 1 jouant du cor anglais
>2 clarinettistes pour la clarinette en Sib, la clarinette contrebasse et deux clarinettes basse
>2 bassonistes dont un contrebassoniste
>3 cornistes (en fa)
>2 trompettistes (en ut)
>2 trombonistes
>1 tubiste
>2 percussionnistes timbales
>un dispositif électronique de diffusion sonore
Percussioniste 1
>Tam-tam
>Crotales (toujours avec archet)
>Caisse claire
>Grande cymbale cloutée
>Xylophone
>Cabasa
>Wood block (ou temple block)
>Sistre
Percussioniste 2
>Jeu de cloches
>Crotales (toujours avec archet)
>Cymbale médium « crash »
>Grande cymbale cloutée
>Deux cymbales frappées
>Tambour de basque
>Grand « mark tree »
>Grand spring drum (ressort)
>Tom bass (sonorité différente de la grosse caisse)
>Deux bongos (clair, médium)
>Gongs
Quelques remarques
>Le nombre élevé de contrebasses : on en compte six !
>Percussions : un éventail étonnant
>Note de Pascal Dusapin concernant le sistre, à l’origine un instrument sacré de l’Égypte ancienne : j’aimerais un
instrument vraiment « archaïque » avec une sonorité de dalets, de coquillages, de fer…
>Présence d’un cymbalum
>Le dispositif électronique de diffusion sonore
Un instrument exceptionnel : le cymbalum
C’est un instrument à cordes frappées qui fait partie de la famille des cithares. On en trouve des ancêtres déjà en 3000
avant J.-C. Il est présent dans le monde entier mais particulièrement en Europe centrale et de l’Est. Très populaire, il y
est joué dans les villages comme dans les cours, dans les cérémonies religieuses comme au cabaret ou à l’opéra.
à la fin du XIXe siècle, il est présent à l’occasion dans les orchestres symphoniques et Stravinsky l’introduit dans la
musique contemporaine.
Le Conservatoire de Strasbourg possède, chose rare, une classe d’enseignement dédiée à cet instrument. Il convient tant
aux musiques populaires, tziganes, klezmer ou jazz que classiques et contemporaines.
Structure de l’instrument
Le cymbalum actuel est monté sur quatre pieds. Il est large d’environ 1,40 m. Il se compose d’une caisse de résonance
de forme trapézoïdale, dont la profondeur varie entre dix et vingt centimètres. Il est pourvu d’environ cent quarante à
cent soixante cordes. On joue le cymbalum avec des baguettes en bois.
La harpe dans la composition
Extrait de l’entrevue avec Pascal Dusapin (dossier de presse La Monnaie/ de Munt) :
« Je me suis demandé comment exprimer la douleur de la plus intense et intime façon. Alors, des visions d’enfance se
sont imposées à moi… J’ai alors écrit une petite comptine d’enfant jouée par la harpe, de façon presque malhabile, afin
de la gauchir et la rendre intemporelle. Ce petit chant d’enfant qui commence l’opéra devient une sorte de leitmotiv dans
lequel se glisse ensuite l’orchestre, comme un dragon très sombre. »
Biographies
Pascal Dusapin
Compositeur
Né à Nancy, Pascal Dusapin suit les cours de Iannis Xenakis (1974 à 1978). Ses premières pièces,
Souvenir du silence (1975), Timée (1978) trouvent l’écoute et le soutien des compositeurs
Franco Donatoni et Hughes Dufourt. André Boucourechliev lui lègue de précieux conseils.
En 1977 il remporte le prix de la Fondation de la Vocation et en 1981 celui de la Villa Médicis
où il séjournera deux ans et écrira Tre Scalini, Fist, son premier Quatuor, Niobé. En 1986
il écrit Assaï pour le ballet de Dominique Bagouet. Il est pensionnaire de l’Académie de
France à Rome de 1981 à 1983. En 1986, il compose son premier opéra Roméo et Juliette
en collaboration avec Olivier Cadiot, créé en 1989 à Montpellier et au festival d’Avignon.
Suivent Medeamaterial d’après Heiner Müller, créé à La Monnaie de Bruxelles en 1991,
To be sung d’après Gertrude Stein, créé en 1994 au Théâtre des Amandiers à Nanterre et en
2003 Perelà, Uomo di fumo, d’après Aldo Palazzeschi à l’Opéra Bastille. Suivent Faustus,
The Last Night créé au Staatsoper de Berlin en 2006 et Passion au Festival d’Aix-en-Provence
en 2008, inspiré par le mythe d’Orphée. Poursuivant sa mise en abyme des héros antiques, il
s’attaque au livre référence de Heinrich von Kleist pour son dernier opéra, Penthesilea, dont
il tire également une suite pour soprano et orchestre, Wenn du dem Wind…, créée au Suntory
Hall de Tokyo en août 2014. Il écrit aussi de nombreuses pièces dont sept quatuors à cordes
et d’autres partitions vocales pour de nombreuses formations.
Franck Ollu
Direction musicale
Né à La Rochelle, il s’est forgé une solide réputation dans le domaine de la musique et
de l’opéra contemporains. Il collabore étroitement avec l’Ensemble Modern et a dirigé au
cours de sa carrière de nombreuses formations à travers toute l’Europe et créé les œuvres
de nombreux compositeurs dont Landschaft mit entfernten Verwandten (Goebbels), Ce
qui arrive... (Neuwirth), Into the Little Hill (Benjamin) créé à l’Opéra national de Paris,
Die Wunde Heine (Oehring), Passion (Dusapin) et Thanks to my Eyes (Bianchi) au festival
d’Aix-en-Provence. Au cours des dernières saisons, il a dirigé The Rake’s Progress à l’Athénée,
Jagden und Formen (Rihm) au festival de Salzbourg, L’Orestie (Xenakis) à Varsovie, Passion
de Pascal Dusapin au TCE et à Lille. Parmi ses prestations récentes et futures, citons sa
collaboration avec le NDR Sinfonieorchester de Hambourg, l’Orchestre philharmonique
de Varsovie, et une nouvelle production de Medea (Dusapin) à Varsovie, Written on Skin
(Benjamin) au Nederlandse Opera à Amsterdam et au Théâtre du Capitole à Toulouse et à Sao
Paulo, ainsi que La Petite Renarde rusée (Janáček) à l’Opéra de Lille, Le Vin Herbé (Martin)
au Staatsoper de Berlin et Jakob Lenz à Stuttgart. Il enseigne au Royal Academy of Music et
Royal College of Music de Londres.
Pierre Audi
Mise en scène
Originaire de Beyrouth, il étudie l’histoire à l’Université d’Oxford. En 1979, il fonde
l’Almeida Theatre de Londres et son festival de musique contemporaine qu’il dirige jusqu’en
1989. Depuis 1988, il est directeur artistique du Nederlandse Opera à Amsterdam où il a
notamment porté à la scène les opéras du répertoire ainsi que des œuvres contemporaines
telles que Punch and Judy (Birtwistle), Neither (Feldman), Rêves d’un Marco Polo (Vivier),
et des créations mondiales de Tan Dun, Jonathan Harvey, Hans Werner Henze, Guus Janssen,
Alexander Knaifel, Theo Loevendie, Wolfgang Rihm, Kaija Saariaho et Param Vir. Invité
par de nombreuses maisons d’opéra, il met en scène Venus und Adonis de Henze à Munich,
Tamerlano et Alcina de Haendel et Zoroaste de Rameau à Stockholm, Die Zauberflöte et
Dionysos de Rihm au festival de Salzbourg, La Juive à l’Opéra de Paris, Il Matrimonio
segreto, Orlando furioso de Vivaldi et Médée de Charpentier au TCE, Partenope de Haendel
au Theater an der Wien, Attila de Verdi au Met, Gisela de Henze à la Ruhr Triennale et
Dionysos de Rihm à Berlin. Son cycle Monteverdi a également été présenté à la Brooklyn
Academy of Music, au Festival de Sydney et à l’Opéra de Los Angeles. Depuis 2004, il est
directeur artistique du Holland Festival. Parmi ses projets, figurent la reprise de Die Walküre
au Nederlandse Opera, Wagner Dream (Harvey) au Welsh national Opera et Die Eroberung
von Mexico (Rihm) au Teatro Real de Madrid.
Berlinde De Bruyckere
Décors
Née en 1964 à Gand, où elle vit et travaille, elle expose depuis le début des années 1990,
d’abord en Belgique, puis dans le reste de l’Europe. Ses expositions au MuHKA d’Anvers
en 2001, à la Biennale de Venise en 2003, ou encore à la Saatchi Gallery de Londres, lui ont
assuré une reconnaissance internationale. Elle est aujourd’hui une figure importante de la
scène artistique internationale. En plus de ses très nombreuses participations à de grandes
expositions collectives, elle fait l’objet d’expositions solo régulières, notamment en France et
en Europe. C’est la première fois que cette grande artiste belge, qui représentait la Belgique au
cours de la 55e biennale de Venise, s’intéressera à l’opéra. Comme dans la sculpture gothique
flamande ou germanique, ses œuvres se caractérisent par leur puissance d’évocation. Corps
inachevés et blêmes, silhouettes féminines à la longue chevelure de crin, chevaux suspendus,
arbres aux écorces d’oripeaux, ses sculptures revêtent des formes hybrides à travers lesquelles
les corps, naissant d’une fusion d’animal, de végétal et d’humain, deviennent des points de
convergence entre souffrance, désir et irréalité. La présence d’objets usuels, tables, échelles,
vitrines ou harnais, accentue encore le trouble.
Prolongements pédagogiques
Arts du langage, histoire
> Entre amour et haine, attirance et répulsion : les personnages d’Achille et Penthésilée
> « La pièce de Kleist observe la question de l’amour au travers du filtre de la loi » (Pascal Dusapin)
> La guerre de Troie, l’épopée
> La légende des amazones
> Mythologie moderne : les super héros (approche transversale)
Arts du son
> Composer un opéra au XXIe siècle
> Dispositif électroacoustique, informatique en temps réel et orchestre de soixante musiciens :
« échos sonores traversés de coups de tonnerre »
> La harpe (référence à la lyre de la Grèce antique) et le cymbalum notamment présents au début
et à la fin de Penthesilea
> Ecriture vocale : « Du récitatif au chant, du souffle au silence »
> Inspiration musicale du compositeur : le poème symphonique d’Hugo Wolf
> L’opéra bouffe La Belle Hélène, le héros Achille vu par Offenbach
Arts du visuel, mise en scène
> Toutes les nuances de noir, la palette créée par les jeux d’éclairages et de lumières
> Le noir : lumière des œuvres de Pierre Soulages
> Décors : installation plastique et vidéographique symbolisant une tannerie avec des gros plans
de peaux de chevaux et de rituel du tannage
> L’objet (le cheval de Troie … les peaux de chevaux) : détournement et statut usuel, artistique,
technique...
> Costumes : ouvriers tanneurs
> Les nombreuses représentations picturales d’Achille et Penthésilée
> Extraits de Troie, film de Wolfgang Petersen