Le bois construction, matériau d`avenir

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Le bois construction, matériau d`avenir
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L’événement Gros plan
CORRÈZE
Le bois construction,
matériau d'avenir
L'interprofession limousine
Apib et le Pôle éco-construction
Limousin ont organisé,
le 26 novembre à Tulle
(Corrèze), les 2es Rencontres
du bois construction sur le
thème "La construction bois
et le développement local".
U
ne cinquantaine de professionnels, maîtres d'ouvrage
publics et privés, maîtres
d'œuvre et entrepreneurs du
bâtiment, enseignants, banques et
assureurs ont assisté aux 2es Rencontres
du bois construction, à Tulle, le 26
novembre dernier.
Ces conférences ont permis de faire le
point sur les tendances du marché de la
construction bois, de présenter le
concept d'habitat modulaire Sylvania à
Bordeaux, les enjeux de la commande
publique avec le programme 100
constructions publiques en bois local.
Christian Ribes (au centre) Président de l'Apib, a ouvert ces 2es Rencontres régionales.
Une cinquantaine de professionnels, maîtres d'ouvrage et prescripteurs ont répondu présents.
8 - Le Bois International - samedis 22 et 29 décembre 2012
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En préambule, Christian Ribes, président
de l'Apib, a vivement défendu le bois
matériau : “Je martèle le même discours
aux politiques, construire en bois est
une bonne chose mais construire en
bois français et en bois issus de forêts
limousines est encore mieux. C'est à
force de tacler les mauvais politiques
qui ne regardent pas la provenance des
bois que cela fera avancer les choses.
L'interprofession, la région Limousin
et l'État misent beaucoup sur le
développement du bois construction.
C'est une bonne opportunité pour
mieux valoriser nos bois sur place et
arrêter d'exporter des grumes et des
sciages. Des groupes du béton veulent
absolument intégrer le bois dans leur
offre, certains quittent même le navire
béton ! Je ne vois qu'un matériau
d'avenir, le bois”.
1 maison sur 10 en bois
Délégué bois construction à l'Apib,
Hugues Petit-Etienne a présenté les
conclusions de la dernière enquête de
l'Observatoire économique national
France bois forêt qui a recensé la part
de la construction bois dans chaque
région. Une enquête téléphonique a été
menée du 31 janvier au 2 mars 2012
auprès d'un échantillon représentatif de
945 entreprises présentes sur le
marché de la construction bois en
France. Cet état des lieux permettra aux
professionnels d'anticiper le marché et
de répondre de manière adaptée à la
demande.
Ce secteur compte 2.466 entreprises
et 31.940 salariés avec un chiffre
Bernard Blanc, directeur général d'Aquitanis.
d'affaires total de 3,9 milliards d'euros
HT en 2011. La moitié est générée
par la construction bois. Le chiffre
d'affaires moyen par entreprise est de
811.000 euros HT avec 16.400 emplois
pour ce segment. Le grand Est est la 1re
région en termes de marché
(505 millions d'euros) suivie par le
grand Ouest et Rhône-Alpes.
En secteur diffus 11,3% des maisons
individuelles sont en bois, soit 15.685
sur 138.846 mises en chantier en 2011.
Et près de 20% des agrandissements
étaient en bois. A 56% le bois est
issu de forêts françaises et transformé
localement mais 58% des sondés
utilisent des bois français et étrangers.
Au total 77% des bois sont certifiés. La
plupart des constructeurs sont arrivés
récemment sur ce marché, moins
de dix ans voire moins de cinq ans
pour 25% d'entre eux. Pour 44%
les chantiers se déroulent sur leur
département, un peu plus d'un sur dix
intervient au niveau national. Les trois
quarts réalisent moins de 10 maisons
par an, 7% en font plus de vingt.
L'ossature bois reste la technique la
plus employée (75% des cas), suivie
par poteaux poutres (12%), bois
massif empilé (5%), panneaux massifs
contrecollés ou contrecloués (4%) et
colombage (3%). La moitié des
entreprises utilisent plus de deux
techniques, 40% ne font que de
l'ossature.
L'innovation Sylvania
Aline Rodrigues-Lefort a présenté Sylvania.
L’événement
Le système constructif modulaire
Sylvania a été initié en 2009 par le
maître d'ouvrage Aquitanis, l'office
public de l'habitat de l'agglomération
de Bordeaux. Le challenge était de
concevoir des logements modulaires en
bois, préfabriqués et adaptés à des programmes individuels groupés et de
petits collectifs. Directeur d'Aquitanis,
Bernard Blanc estime que “le bois peut
être un avantage concurrentiel dans un
marché tendu à Bordeaux, on s'inscrit
dans une démarche sociétale et
environnementale en utilisant le pin des
Landes. Cette opération sera une référence pour explorer les capacités du
pin dans le bâtiment. Sylvania
s'inscrit dans un projet fou, passer de
700.000 habitants à 1 million en
2030 avec de fortes attentes en termes
d'urbanité et durabilité. Le handicap
de départ était l'industrialisation,
synonyme d'uniformisation, et les
contraintes financières, puisque l'État
ne participe que pour 2% contre 20%
pour les promoteurs, mais le contexte
est favorable avec l'objectif du
Gouvernement de construire 150.000
logements”.
Le défi a été relevé par L'Atelier
provisoire qui regroupe six architectes,
dont Aline Rodrigues-Lefort. “Nous
avons inventé un modèle modulaire
offrant une grande habitabilité en
partant d'une chambre pour personne
à mobilité réduite de 3,40 x 3,40 que
l'on peut assembler en toute liberté
avec d'autres pièces comme dans un
jeu de Meccano. Nous avons ajouté
la cuisine, la salle de bain, la pièce libre
et les pièces annexes type celliers,
entretien, garage, escaliers, locaux à
vélos et poubelles offrant une grande
variabilité de logements et d'assemblages,
jusqu'à 900 comptabilisés. Et le
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L’événement
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✔ ZOOM
Valoriser
la ressource locale
Laure Ferrier a détaillé le programme 100 constructions publiques en bois.
chiffrage du coût est instantané dès
qu'on ajoute une pièce".
Par exemple un T4 compte 8 à 9
modules. Le R+2 innove avec un
plancher béton porté par l'ossature.
1.200 euros/m2 en moyenne
La fabrication a été confiée à l'entreprise
bordelaise Egeris dirigée par Vincent
Schmidt qui assurera la maîtrise d'ouvrage
des douze projets d'Aquitanis.
“Notre métier historique était le
béton, mais en 2006 nous avons migré
vers l'ossature”, précise-t-il. “La
problématique ici était de faire coller le
concept à la diversité architecturale.
Nous avons créé une boîte à outils à
partir de six planches donnant 500
combinaisons, chacune identifiée et
chiffrée”.
Le prix varie de 1.100 à 1.300 euros/m2
et les logements seront labellisés BBC
Effinergie et H&E (Habitat environnement).
En quatre ans, 120 logements sortiront de
terre, le premier chantier va démarrer à
Villenave-d'Ornon.
Jean-Jacques Descargues, maire
de Beaulieu-sur-Dordogne.
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Responsable des opérations immobilières
à la Dreal Limousin, Vincent Gouaux a
rappelé les pistes pour l'emploi de bois
local dans la commande publique et
l'interdiction des critères de localisation.
Le Code des marchés publics est en
cours de révision pour répondre à trois
objectifs, “simplifier les achats publics
(lire le zoom : “Valoriser la ressource
locale”), favoriser l'accès aux PME et
mettre en avant l'achat vert, social et
innovant. Les modifications seront
appliquées début 2013”.
100 bâtiments publics
Codirectrice de l'Union régionale des
communes forestières, Laure Ferrier a
présenté le programme national “100
constructions publiques en bois local”
lancé par la Fédération des communes
forestières (FNcofor) afin d'intégrer des
bois locaux dans les bâtiments publics.
Ce programme est prévu jusqu'en
2017. Ainsi les 5.000 communes
adhérentes à la Fédération sont
concernées. “L'objectif est de créer un
dynamisme territorial et de valoriser les
bois locaux que les communes soient
propriétaires ou non de forêts.” Trois
bâtiments sont déjà construits, une salle
polyvalente à Mazan (Vaucluse), une
école à Tendon (Vosges) et un
bâtiment communal à Saint-Jean
d'Arvey, en Savoie. En conclusion, JeanJacques Descargues, maire de Beaulieusur-Dordogne (Corrèze), a évoqué l'extension et la rénovation récente du village de vacances. “Nous avions une
volonté politique forte d'avoir du bois
pour l'intérêt économique et parce que
nous avons conscience que le bois est
un matériau renouvelable. Ainsi, 25
chalets ont été créés sur des plateformes de 3,50 m, car le site est en
Le projet 100 constructions publiques
en bois local 2012-2017 a pour objectif
de susciter auprès des collectivités
"des projets de construction de bâtiments
énergétiquement performants et modernes
grâce à des bois prélevés et transformés
localement".
Ce programme a été initié par la
Fédération nationale des communes
forestières, dont les membres sont
à la fois maîtres d'ouvrage de bâtiments,
aménageurs du territoire et propriétaires
de forêts. Dans ce cadre, la FNCofor
favorise la construction d'équipements
publics et de logements valorisant
les bois locaux, pour l'emploi
dans les territoires, la lutte contre
le réchauffement climatique,
la compétitivité des entreprises, la lutte
contre la dépendance énergétique…
Le programme s'inscrit sur 5 ans.
Les communes forestières ont un
rôle d'appui. Elles apportent
un accompagnement aux maîtres
d'ouvrages publics et aux bailleurs
sociaux et veillent à l'inscription du bois
local dans les différentes étapes du
projet. Elles peuvent aussi proposer des
méthodes pour aider à construire en bois
local, notamment en s'appuyant sur un
réseau de techniciens des communes
forestières et d'élus qui se sont déjà
engagés. Enfin, elles veillent à
l'inscription du projet dans la dynamique
du territoire qui associe les représentants
des entreprises et leur expertise.
En 2010 et 2011, trois projets ont servi
d'expérimentation au montage du
programme : Saint-Jean-d'Arvey (73),
Tendon (88) et Mazan (84). Depuis, 18
autres maîtres d'ouvrage se sont engagés
dans le programme dans plus de huit
régions françaises.
Renseignements :
www.100constructionsbois.com
Lire par ailleurs : “Congrès FNCofor /
Les communes forestières en action
pour la filière”, dans le Bois International
édition verte n°30 du 15 septembre 2012.
zone inondable, et 45 agrandis avec
des terrasses. Nous voulions des bois
certifiés et locaux, même si la mention
de provenance est interdite dans les
appels d'offres. Au final les chalets
neufs sont en douglas PEFC issus de
forêts situées à 25 km et, pour les
autres, nous n'avons pas pu respecter
notre souhait avec l'emploi de mélèze
de Russie et Suède. En tant qu'élus
notre rôle est de nous impliquer dans
cette démarche afin de promouvoir les
bois locaux et les entreprises locales”.
De notre correspondante
Corinne Mérigaud