Le bois construction, matériau d`avenir
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Le bois construction, matériau d`avenir
001-040_BOIS_R43_INT 12/12/12 16:47 Page 8 L’événement Gros plan CORRÈZE Le bois construction, matériau d'avenir L'interprofession limousine Apib et le Pôle éco-construction Limousin ont organisé, le 26 novembre à Tulle (Corrèze), les 2es Rencontres du bois construction sur le thème "La construction bois et le développement local". U ne cinquantaine de professionnels, maîtres d'ouvrage publics et privés, maîtres d'œuvre et entrepreneurs du bâtiment, enseignants, banques et assureurs ont assisté aux 2es Rencontres du bois construction, à Tulle, le 26 novembre dernier. Ces conférences ont permis de faire le point sur les tendances du marché de la construction bois, de présenter le concept d'habitat modulaire Sylvania à Bordeaux, les enjeux de la commande publique avec le programme 100 constructions publiques en bois local. Christian Ribes (au centre) Président de l'Apib, a ouvert ces 2es Rencontres régionales. Une cinquantaine de professionnels, maîtres d'ouvrage et prescripteurs ont répondu présents. 8 - Le Bois International - samedis 22 et 29 décembre 2012 001-040_BOIS_R43_INT 12/12/12 16:47 Page 9 Gros plan En préambule, Christian Ribes, président de l'Apib, a vivement défendu le bois matériau : “Je martèle le même discours aux politiques, construire en bois est une bonne chose mais construire en bois français et en bois issus de forêts limousines est encore mieux. C'est à force de tacler les mauvais politiques qui ne regardent pas la provenance des bois que cela fera avancer les choses. L'interprofession, la région Limousin et l'État misent beaucoup sur le développement du bois construction. C'est une bonne opportunité pour mieux valoriser nos bois sur place et arrêter d'exporter des grumes et des sciages. Des groupes du béton veulent absolument intégrer le bois dans leur offre, certains quittent même le navire béton ! Je ne vois qu'un matériau d'avenir, le bois”. 1 maison sur 10 en bois Délégué bois construction à l'Apib, Hugues Petit-Etienne a présenté les conclusions de la dernière enquête de l'Observatoire économique national France bois forêt qui a recensé la part de la construction bois dans chaque région. Une enquête téléphonique a été menée du 31 janvier au 2 mars 2012 auprès d'un échantillon représentatif de 945 entreprises présentes sur le marché de la construction bois en France. Cet état des lieux permettra aux professionnels d'anticiper le marché et de répondre de manière adaptée à la demande. Ce secteur compte 2.466 entreprises et 31.940 salariés avec un chiffre Bernard Blanc, directeur général d'Aquitanis. d'affaires total de 3,9 milliards d'euros HT en 2011. La moitié est générée par la construction bois. Le chiffre d'affaires moyen par entreprise est de 811.000 euros HT avec 16.400 emplois pour ce segment. Le grand Est est la 1re région en termes de marché (505 millions d'euros) suivie par le grand Ouest et Rhône-Alpes. En secteur diffus 11,3% des maisons individuelles sont en bois, soit 15.685 sur 138.846 mises en chantier en 2011. Et près de 20% des agrandissements étaient en bois. A 56% le bois est issu de forêts françaises et transformé localement mais 58% des sondés utilisent des bois français et étrangers. Au total 77% des bois sont certifiés. La plupart des constructeurs sont arrivés récemment sur ce marché, moins de dix ans voire moins de cinq ans pour 25% d'entre eux. Pour 44% les chantiers se déroulent sur leur département, un peu plus d'un sur dix intervient au niveau national. Les trois quarts réalisent moins de 10 maisons par an, 7% en font plus de vingt. L'ossature bois reste la technique la plus employée (75% des cas), suivie par poteaux poutres (12%), bois massif empilé (5%), panneaux massifs contrecollés ou contrecloués (4%) et colombage (3%). La moitié des entreprises utilisent plus de deux techniques, 40% ne font que de l'ossature. L'innovation Sylvania Aline Rodrigues-Lefort a présenté Sylvania. L’événement Le système constructif modulaire Sylvania a été initié en 2009 par le maître d'ouvrage Aquitanis, l'office public de l'habitat de l'agglomération de Bordeaux. Le challenge était de concevoir des logements modulaires en bois, préfabriqués et adaptés à des programmes individuels groupés et de petits collectifs. Directeur d'Aquitanis, Bernard Blanc estime que “le bois peut être un avantage concurrentiel dans un marché tendu à Bordeaux, on s'inscrit dans une démarche sociétale et environnementale en utilisant le pin des Landes. Cette opération sera une référence pour explorer les capacités du pin dans le bâtiment. Sylvania s'inscrit dans un projet fou, passer de 700.000 habitants à 1 million en 2030 avec de fortes attentes en termes d'urbanité et durabilité. Le handicap de départ était l'industrialisation, synonyme d'uniformisation, et les contraintes financières, puisque l'État ne participe que pour 2% contre 20% pour les promoteurs, mais le contexte est favorable avec l'objectif du Gouvernement de construire 150.000 logements”. Le défi a été relevé par L'Atelier provisoire qui regroupe six architectes, dont Aline Rodrigues-Lefort. “Nous avons inventé un modèle modulaire offrant une grande habitabilité en partant d'une chambre pour personne à mobilité réduite de 3,40 x 3,40 que l'on peut assembler en toute liberté avec d'autres pièces comme dans un jeu de Meccano. Nous avons ajouté la cuisine, la salle de bain, la pièce libre et les pièces annexes type celliers, entretien, garage, escaliers, locaux à vélos et poubelles offrant une grande variabilité de logements et d'assemblages, jusqu'à 900 comptabilisés. Et le samedis 22 et 29 décembre 2012 - Le Bois International - 9 001-040_BOIS_R43_INT L’événement 12/12/12 16:47 Page 10 Gros plan ✔ ZOOM Valoriser la ressource locale Laure Ferrier a détaillé le programme 100 constructions publiques en bois. chiffrage du coût est instantané dès qu'on ajoute une pièce". Par exemple un T4 compte 8 à 9 modules. Le R+2 innove avec un plancher béton porté par l'ossature. 1.200 euros/m2 en moyenne La fabrication a été confiée à l'entreprise bordelaise Egeris dirigée par Vincent Schmidt qui assurera la maîtrise d'ouvrage des douze projets d'Aquitanis. “Notre métier historique était le béton, mais en 2006 nous avons migré vers l'ossature”, précise-t-il. “La problématique ici était de faire coller le concept à la diversité architecturale. Nous avons créé une boîte à outils à partir de six planches donnant 500 combinaisons, chacune identifiée et chiffrée”. Le prix varie de 1.100 à 1.300 euros/m2 et les logements seront labellisés BBC Effinergie et H&E (Habitat environnement). En quatre ans, 120 logements sortiront de terre, le premier chantier va démarrer à Villenave-d'Ornon. Jean-Jacques Descargues, maire de Beaulieu-sur-Dordogne. 10 - Le Bois International - samedis 22 et 29 décembre 2012 Responsable des opérations immobilières à la Dreal Limousin, Vincent Gouaux a rappelé les pistes pour l'emploi de bois local dans la commande publique et l'interdiction des critères de localisation. Le Code des marchés publics est en cours de révision pour répondre à trois objectifs, “simplifier les achats publics (lire le zoom : “Valoriser la ressource locale”), favoriser l'accès aux PME et mettre en avant l'achat vert, social et innovant. Les modifications seront appliquées début 2013”. 100 bâtiments publics Codirectrice de l'Union régionale des communes forestières, Laure Ferrier a présenté le programme national “100 constructions publiques en bois local” lancé par la Fédération des communes forestières (FNcofor) afin d'intégrer des bois locaux dans les bâtiments publics. Ce programme est prévu jusqu'en 2017. Ainsi les 5.000 communes adhérentes à la Fédération sont concernées. “L'objectif est de créer un dynamisme territorial et de valoriser les bois locaux que les communes soient propriétaires ou non de forêts.” Trois bâtiments sont déjà construits, une salle polyvalente à Mazan (Vaucluse), une école à Tendon (Vosges) et un bâtiment communal à Saint-Jean d'Arvey, en Savoie. En conclusion, JeanJacques Descargues, maire de Beaulieusur-Dordogne (Corrèze), a évoqué l'extension et la rénovation récente du village de vacances. “Nous avions une volonté politique forte d'avoir du bois pour l'intérêt économique et parce que nous avons conscience que le bois est un matériau renouvelable. Ainsi, 25 chalets ont été créés sur des plateformes de 3,50 m, car le site est en Le projet 100 constructions publiques en bois local 2012-2017 a pour objectif de susciter auprès des collectivités "des projets de construction de bâtiments énergétiquement performants et modernes grâce à des bois prélevés et transformés localement". Ce programme a été initié par la Fédération nationale des communes forestières, dont les membres sont à la fois maîtres d'ouvrage de bâtiments, aménageurs du territoire et propriétaires de forêts. Dans ce cadre, la FNCofor favorise la construction d'équipements publics et de logements valorisant les bois locaux, pour l'emploi dans les territoires, la lutte contre le réchauffement climatique, la compétitivité des entreprises, la lutte contre la dépendance énergétique… Le programme s'inscrit sur 5 ans. Les communes forestières ont un rôle d'appui. Elles apportent un accompagnement aux maîtres d'ouvrages publics et aux bailleurs sociaux et veillent à l'inscription du bois local dans les différentes étapes du projet. Elles peuvent aussi proposer des méthodes pour aider à construire en bois local, notamment en s'appuyant sur un réseau de techniciens des communes forestières et d'élus qui se sont déjà engagés. Enfin, elles veillent à l'inscription du projet dans la dynamique du territoire qui associe les représentants des entreprises et leur expertise. En 2010 et 2011, trois projets ont servi d'expérimentation au montage du programme : Saint-Jean-d'Arvey (73), Tendon (88) et Mazan (84). Depuis, 18 autres maîtres d'ouvrage se sont engagés dans le programme dans plus de huit régions françaises. Renseignements : www.100constructionsbois.com Lire par ailleurs : “Congrès FNCofor / Les communes forestières en action pour la filière”, dans le Bois International édition verte n°30 du 15 septembre 2012. zone inondable, et 45 agrandis avec des terrasses. Nous voulions des bois certifiés et locaux, même si la mention de provenance est interdite dans les appels d'offres. Au final les chalets neufs sont en douglas PEFC issus de forêts situées à 25 km et, pour les autres, nous n'avons pas pu respecter notre souhait avec l'emploi de mélèze de Russie et Suède. En tant qu'élus notre rôle est de nous impliquer dans cette démarche afin de promouvoir les bois locaux et les entreprises locales”. De notre correspondante Corinne Mérigaud