Premier cri - création 2016 - cie Action d espace

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Premier cri - création 2016 - cie Action d espace
Premier cri
Création 2015-2016
Cie Action d’espace / François Rascalou
Cie Action d'espace 42 rue Adam de Craponne 34 000 Montpellier
Artistique - François Rascalou: [email protected] / 06 71 26 77 36
Production - Fatma Nakib: [email protected] / 06 77 16 97 33
Administration - Peggy Pirouelle : [email protected] / 06 84 21 22 76
https://actiondespace.wordpress.com/
Préface,
juin 2015
Premier cri.
Voilà deux ans que j’entreprends ce projet de spectacle sur ce qui se joue à donner
la vie, ce qu’un homme traverse à l’idée de devenir père. Je dis un homme, je dis moi
d’abord, le désir et la peur jusqu’au vertige. Tout cela fut couché sur papier pour en faire un
spectacle qui dépasse ce que je vis et qui relate l’histoire de tous.
Depuis je questionne hommes et femmes, j’entends les émois et les péripéties.
Et toujours la mort.
Un homme : « quand j’ai su que j’allais être père j’ai pensé que j’allais mourir ». Une femme : « on
est allé le matin même voir sa grand-mère sur son lit de mort, et on s’est dit mais on est dingue, on
ne peut pas faire l’insémination ce jour-là, et puis si, on en avait envie, y avait un truc un peu…tu
sais, je ne sais pas, la vie la mort ».
Et toujours le désir.
Et toujours le bousculement des certitudes, le renversement des positions.
Ce projet est écrit, il est là, plus bas.
Dernier souffle.
Voilà que mon père est mort. « Si je pars le premier pour une autre vie… », presqu’un titre, le texte
n’est pas de moi, ce sont ses mots à lui, couchés eux aussi, sur du papier. Cette traversée de lui et
de moi, est venue tordre et animer mon désir de créer. Le projet de spectacle sur la venue d’un
enfant prenait une couleur dansante. Paradoxe, la vie continue, c’est ce qu’on dit toujours à la fin.
Et le désir presque immédiat d’interroger aussi ce départ, ce qui se joue, ce qui se perd, ce qui se
garde, ce qui se trouve. Répondre à la disparition du père par un autre projet, dans le même temps,
une deuxième partie ou un acte autonome. Trop tôt pour le dire, j’en écris une courte note
d’intention, elle est là, plus loin.
Un enfant qui vient et vient l’idée de mort, un père qui meurt et part pour une autre vie. La vie, la
mort donc.
Vous trouverez dans ce dossier :
- Le projet Premier cri
- la note d’intention de Dernier souffle
Premier cri
Les prémices
En 2012 la création « les fils des hommes » évoquait les mémoires de la guerre d’Algérie. Quand
les fils à la recherche de racines regardent et interrogent la figure du père. Ce regard avait trouvé un
miroir et, sous les traits du fils, apparaissent ceux d’un père.
Je devenais père, les yeux brillants et au fond le trouble, jusqu’ à l’effroi. L’impression d’être pris
dans un tourbillon, incapable de laisser l’évidence de la vie se faire, naviguant entre l’envie,
l’ignorance et les peurs. Non, ce n’est pas évident, pas pour moi, peut-être pour les autres.
Un enfant. le faire, l’avoir, l’attendre.
Ça s’imagine, ça se conçoit, ça devient du possible, une évidence ou un défi, c’était là déjà dans le
corps. Il faut le sortir, ou alors pas fait attention, rien dit à personne et c’est là, pas de questions à se
poser. Ou alors ça ne sera pas, jamais, un choix, une stratégie, un oubli, c’est la vie, un
désistement, c’est comme ça.
Faut transmettre, donner corps, donner vie, mettre au monde, un enfant alors... pour continuer.
Ce rapport à l’enfant, à celui qui vient ou ne vient pas, ce par quoi une lignée de vie se prolonge ou
se brise, cela révèle de telles pensées, de tels désirs et d'effrois, que la tragédie semble là. Une
tragédie simplement et totalement humaine.
L'envie de démêler cette course, d’en rire et d’en pleurer, d’écouter femmes et hommes, d’entendre
leurs différences. Prendre soin de l’humain.
Comment l’aborder ?
J’imagine deux hommes et deux femmes cherchant sens
à leurs actes. Ils veulent traverser la vie, la ville,
agissant, dansant, parlant. Mais ils n’ont pas vue sur
tout, ils butent, se se perdent.
J’imagine des personnages d’un ballet, d’une cordée.
Liés par un même destin, singuliers par leurs choix.
J’imagine qu’ils sauront nous toucher de leurs corps et
de leurs mots.
Ambiance.
Les hommes et les femmes qui viennent à nous se
tiennent par la main, ils construisent ensemble un ballet
itinérant, la farandole de la vie. Ils grimpent, basculent,
nous entrainent, dans leurs pensées et dans leurs
danses, s’égarent, se trouvent. Ils s’accrochent à un mur,
s’engouffrent dans un passage, disparaissent, se
séparent.
Ils sont près de nous, nous adresse une parole, Ils
interrogent ce que c’est de transmettre, de ne pas le
faire, ou encore de n'avoir pas ce choix, ce que c’est de
se projeter, ce que c’est de vivre.
La danse les reprend, ils ne lâcheront pas la vie pour les
ténèbres.
Ils nous touchent, nous reconnaissent, ils parlent de
l’enfant, de ce que c’est d’être père ou mère, de ce que
c’est d’engendrer ou de leur décision de non, pas
d’enfant, la fatalité, la nature, l’amour, le hasard, la
nécessité.
Et la peur.
Ils s’arriment à nos bras et nous prennent la main, nous
invitent à trouver un semblant de route, ça repose aussi
sur nous. Ils nous disent les yeux dans yeux leurs quatre
vérités. Ils ont des enfants, ils n’en n’ont pas, ont voulu
en faire, ou c’est arrivé, ils l’ont fait seul, avec amour, par
accident, des vies différentes, un destin commun.
Puis ils se taisent, dansent sur un fil fragile, plus loin ils
s’adressent aux vents, arbres et murs, à l’invisible,
confient espoirs, doutes et certitudes, l’avenir, la vie puis
la mort. Danser sans peurs.
Texte.
Le texte est écrit à partir d’entretiens avec des adultes de tous âges, parents ou futurs parents, ou
ne voulant pas d’enfants, ou n’ayant pas eu d’enfants. Lors de ses entretiens je parle d’abord de
mon expérience pour ensuite questionner la position de la personne sur ce sujet. Le texte est écrit
avec une architecture dramatique, en dessinant les contours de quatre des personnages. Je le
conçois comme une suite de confidences, faisant échos les unes aux autres, avec un caractère
ouvert.
Extrait d’entretiens.
Eve
« Ça d’abord était un truc en creux... par la négative. Et moi, je pense que j’ai eu alors, oui j’ai eu
cette peur là pendant longtemps. Le déni, c’est non. Je pensais qu’il valait mieux que je sois la
personne qui casse la chaine… tu vois, qu’il y avait trop de merdier avant, que c’était inextricable,
donc en fait ça s’arrêterait à moi. C’est pas prétentieux tu vois, c’est pas … je vais m’ériger
contre…toutes les générations qui étaient avant moi et qui font que je suis là. »
Florence
« Je suis assez tranquille avec cette décision. Je n’ai pas de regrets, j’ai jamais eu ce désir. Je me
souviens, elle, elle me racontait ce que physiquement elle ressentait : elle m’expliquait ce désir
physique qu’elle ressentait et si moi je le ressentais pas de toute façon j’allais le ressentir un jour. Et
quand je lui disais que je ne ressentais pas du tout ce dont elle me parlait, que j’entendais très bien
qu’elle puisse le ressentir mais que moi en tant que femme, mais pourtant très consciente de ma
féminité, je ne le ressentais pas. J’avais pas de désir. »
Thomas
«Moi j’ai choisi d’en avoir, je veux en faire, quelque part il y a un instinct de reproduction, il est
profond, il est bestial, moi chez moi c’est un choix. Je n’avais pas envie, je n’ai pas ressenti ce
besoin cet appel une espèce de poussée c’est pas trop le style de la maison. J’étais égoïste je
pense, de par cette nature que je ressentais je me suis dit que j’allais m’étioler, seul, y avait une
nécessité, je pensais que ça me permettrait de me construire et je n’ai jamais douté que je pouvais
en avoir et que je pouvais les aimer. »
Des personnages lancés dans une course.
Une « cordée » pour une aventure toute en légèreté dans l’affrontement des péripéties de la vie.
Des personnages aux « corps pleins de vie ». Une esthétique donnant un aspect surnaturel aux
personnages, ils semblent sortis d’une fiction, d’un film, d’une BD manga. Ils sont équipés pour une
activité de sublimation de la vie.
Les personnages sont des runners-danseurs d'un « ballet-aventure » de la vie, des hommes et des
femmes en désirs de s'accomplir.
Des personnages de ballet.
Ils dansent un mélange de simplicité et de virtuosité, depuis la farandole jusqu’à la danse la plus
experte. Ils ne taisent pas les drames, ils en dansent avec plus de vitalité et de solidarité. Et ils nous
invitent dans cette chaine de fraternité.
Le lieu
J’imagine cette pièce pour un croisement de rues, un déplacement des interprètes sur deux axes et
quatre directions. Un déplacement de l’audience dans/sur quatre scènes ou se jouent l’envers,
l’endroit, et le chœur du public. Cela sera fonction de la configuration des lieux
L’action
de chercher une voie, avec un fort désir, et une tension d’instabilité . Il faut avancer, il faut
rester ensemble, il faut s’aider, mais il y a déséquilibre, perte, doute, accident.
La danse
C’est une respiration de l’action, c’est alors que l’action et les mots prennent de la densité.
Elle est chorale, par sa structure en forme de « farandole » et de cordée », une démultiplication de
mouvements identiques, elle donne son caractère d’unité par la relation d’écoute corporelle qui
existe entre les danseurs. Ils pourront ainsi suivre les impulsions de mouvement des uns et des
autres pour en donner chacun une version personnelle. Elle exprime les élans de vie et de mort, les
doutes et certitudes qui animent notre humanité.
Costumes / ambiance cinéma
Je voudrai donner une couleur « fictionnelle » au spectacle, sans pour autant que les interprètes
perdent le rapport d’attention et de confidence qui doit être le socle de la relation au public. Je
voudrai avoir la sensation de personnages de fictions qui sortent de la « toile » ou d’une « BD
manga » pour s’adresser les yeux dans les yeux au public.
La musique / ambiance cinéma
C’est la symphonie n°2 de Sergueï Rachmaninoff, chargée d’élans et de lyrisme, une musique
qui évoque l’univers des grandes fresques du cinéma américain.
Chaque interprète gère la présence de la musique ou l’amplification de sa voix pour basculer sur un
effet « fiction / cinéma ». Il est autonome pour l’articulation de la diffusion amplifiée ou non de sa
voix et / ou de la musique. La même musique est diffusée par tous les interprètes.
Chaque interprète porte sur lui un lecteur mp3 et une enceinte de diffusion
+ 1 mixette audio lui permettant de jouer sur la source de diffusion (voix ou musique ou mélange
voix musique) et sur le volume de diffusion.
L’adresse.
L’adresse se fait les yeux dans les yeux, du cœur au choeur. Les personnages s’adressent
directement à une personne, un groupe, l’ensemble. Ce n’est pas un discours mais une confidence.
Ce n’est pas un texte, c’est une personne qui nous parle.
Les enjeux liés à l’espace public, au public dans l’espace.
Le spectacle se joue dans la rue in situ, en déambulation, sans espace scénique matérialisé. La
démarche essentielle est d’insérer l’espace public en temps réel dans l’écriture de la pièce. Ainsi les
interprètes entrecroisent l’écriture du spectacle avec des potentialités de l’espace public, et c’est
dans cette rencontre que se révèle le fil dramatique. Il est ainsi un texte architectural et plusieurs
écritures à insérer : un répertoire d’action, de danses et de signes corporels, l’interaction avec le
public (spectateurs et habitants), le mobilier urbain et la configuration de l’espace public.
* Le spectacle fait raisonner les questions existentielles entre les murs des villes, au cœur de
l’activité humaine, en déplacement entre habitations et activité commerciales.
* Ces questions trouvent correspondance dans l’appréhension du monde physique, dans la
« capture » de l’espace public par les personnages. Littéralement ils tâtonnent, Ils découvrent,
construisent l’espace public, ils en font une projection mentale, et nous qui les regardons, nous en
faisons de même.
* Ces questions sont mises en échos dans l’espace public par les personnages, de part leurs
positions (près d’une vitrine…), leurs actions (prendre un passant par le bras…), leurs mouvements
(entrée dans une cour…),
En relation avec : la configuration de l’immobilier, du mobilier,
la limite entre espace privé et espace public : rue – couloir, rue – voiture,…
la signalétique et les signes publics de l’espace urbain : panneau de signalisation –interdit- sans
issu-interdit de stationner, le nom des rues – « rue des éclaireurs »,…
L’aménagement privé dans l’espace public : slogans de boutiques –« tout doit disparaitre », « fin de
travaux »…., mannequins de vitrines, boutiques, parvis d’église..
Quelles couleurs prendra le spectacle ?
Onirique, par le jeu des « imageries » attrapées de l’espace public, par la danse, cela est sûr.
Chargé d’empathie, par le texte, l’adresse, le regard et le toucher. De leurs mains et de leurs mots,
ses personnages sauront prendre soin de ceux qu’ils croisent.
Burlesque, tendre, coléreux, grinçant, cynique…une palette qui s’affirmera au cours de l’écriture.
Note technique : le spectacle est en autonomie technique
Equipe
Conception, chorégraphie et mise en rue, texte : François Rascalou assisté de Yann Cardin.
Regards extérieurs : Dalila Boiteau et Nicolas Vercken
Interprètes, 4 hommes et femmes :
Yann Cardin, Brigitte Negro, Mathilde Duclaux, Lorenzo Dallaï.
Production / diffusion : Fatma Nakib
Equipement sonore : David Olivari
Costumes : François Rascalou
Administration : Peggy Pirouelle
F. Rascalou
B. Negro
L. Dallaï
M. Duclaux
Y. Cardin
F. Nakib
Musique : Sergueï Rachmaninoff
Durée : 60 mn
Partenaires
Furie - Pole National des Arts du cirque et des Arts de la Rue - Chalons en Champagne
résidence septembre 2015 et Festival Furies // Mix’Arts Myris – Toulouse - résidence novembre
2015 / présentation dans les cadre de Des théâtres près de chez vous // Atelier 231 - Centre
National des Arts de la Rue – Sotteville lès Rouen - résidence janvier 2016 et Festival Vivacité //
Le cratère - Scène Nationale d’Alès - Festival Cratère Surfaces // Le Sillon – Scène
conventionnée pour le théâtre en espace public - Clermont l’Hérault - résidence printemps 2016
Association Beaumarchais - SACD - bourse d’aide à l’écriture //
La Compagnie reçoit le soutien du Conseil Régional Languedoc Roussillon au titre de
Compagnie Conventionnée // Avec le soutien de la Ville de Montpellier // Avec le soutien du
Département de l’Hérault
Partenaires pressentis
La Diagonale, Les Usines Boinot, Coup de Chauffe, Arto et le festival de Ramonville (31), Chalon
dans la rue, Atelier Frappaz, Spectacles de Grands Chemins en Vallée d'Ax, Les Invites, et
demande faite au Réseau Déambulation (75). De nombreux contacts sont en cours.
DRAC Languedoc Roussillon.
La Direction Générale de la Création Artistique.
Dernier souffle
Cie Action d’espace / François Rascalou
Création 2016/2017
Courte note d’intention
« Si je pars en premier…pour une autre vie ».
Les mots de mon père, eux aussi couchés, sur un papier,
découverts dans un tiroir lorsque lui sur son lit,
malade mais serein, connaissait l’issue.
quelque chose est parti de lui, quelques jours avant que l’on ferme son corps dans du bois, puis de
la pierre,
et partout autour la montagne.
Je ne sais pas où se trouve l’autre vie, faut construire tout ça, rester debout, un peu penché et plus
élancé peut être.
Répondre à l’enfant aussi ça aide, des mots simples et magiques pour dire la vie.
Envie de sonder la présence, l’absence du père et de transmettre encore.
Parcourir la ville, accompagné de mon double, de mon père, de mon enfant,
De mon pair.
Equipe
Conception : François Rascalou
Réalisation et interprétation : Yann Cardin et François Rascalou
Durée: 30 mns
Quelques éléments pour la construction de ce projet
L’espace public reste au cœur de notre préoccupation.
texte
Je ne crois pas que le hasard en soit toujours un. Au printemps 2015, alors que je savais mon père
malade, mourant donc, alors que je travaillais sur la naissance (Premier cri), un proche m’offre le
livre « Œdipe sur la route ». Livre du passage et de l’accompagnement vers la mort. La pièce
Dernier souffle retrouve une même architecture, l’articulation entre le passage et
l’accompagnement, la relation entre un père à disparaitre et un homme à apparaitre.
Envie d’un texte, une adaptation, un recueil, une écriture, des mots qui content la disparition.
L’apport musical
L’ile aux morts de Rachmaninov, que j’avais dans un premier temps pressentie pour Premier cri.
Cette œuvre par ses aspects tragiques , ses élans symphoniques et sa résolution ténue (la vie, la
vie après la vie, la disparition…) fait échos aux entretiens menés pour Premier cri ou la dimension
vie/mort apparait de façon récurrente.

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