Quelques données économiques sur l`édition française

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Quelques données économiques sur l`édition française
Formation aux techniques documentaires et gestion des médiathèques
Mediadix
Tech n iq u e s docu m e n t a i r e s et gestion des média t h è q u e s
Module Edition franç ai s e
Jean-Claude Utard Direction des Affaires culturelles
de la Ville de Paris
Quelques données économiques sur l'édition
française
Objectifs du chapitre
Comme dans beaucoup de pays développés, la tendance générale de l’édition est à la
concentration. Mais, parallèlement à la constitution de quelques grands groupes d’édition,
inclus en fait dans de puissants groupes financiers aux impératifs de rentabilité affirmés, il
existe aussi de nombreux éditeurs indépendants, qui se renouvellent fréquemment et qui
explorent de nouveaux domaines, tant littéraires que documentaires.
Cette bipolarisation de l’édition est un des paradoxes de cette " industrie culturelle " que ce
chapitre s’entend à souligner.
1. Introduction
2. Le chiffre d’affaire de l’édition française
3. La concentration éditoriale
4. Les grands groupes d'édition
5. Les maisons indépendantes
6. Les problèmes actuels
7. L'édition et l'Etat
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1. Introduction
L'édition est aujourd'hui un marché qui connaît des résultats contrastés selon les années
L’édition française a connu des périodes économiquement contrastées : après les fameuses
trente glorieuses qui, des années cinquante à la fin des années soixante-dix, ont vu, année
après année, le chiffre d’affaire général de l’édition augmenter, une première récession s’est
produite de 1980 à 1986, puis une seconde de 1990 à 1994. De nombreux discours alarmistes
se sont fait alors entendre. Or, après une quasi-stagnation pendant plusieurs années, les
années 2000 à 2005 se sont traduites par une vive reprise, avec des résultats supérieurs à la
croissance du PIB (Produit intérieur brut), étonnant certains économistes qui considèrent que
le marché du livre est, dans les pays développés, un marché "mature", c’est-à-dire arrivé aux
sommets de ses potentialités, qu’il n’y plus guère de nouveaux lecteurs à conquérir et de
nouveaux produits ou domaines à explorer puisqu’il existe des livres sur tous les sujets et
pour toutes les tranches d’âge et qu’il ne faut pas s’attendre à des croissances fortes de ce
secteur. Aujourd’hui un nouveau discours souvent alarmiste, parfois enthousiaste s’interroge
sur les mutations que le numérique va apporter à l’édition et surtout, à la commercialisation
du livre : le livre numérique va-t-il succéder ou compléter (mais en quelle proportion et dans
quels domaines) au livre sur papier ?
Les acteurs de l’édition, les auteurs, les libraires et les bibliothécaires qui sont sur le terrain
ne partagent pas forcément cet avis : ils constatent qu’il existe encore une large part de la
population qui est loin du livre, qui n’en achète et n’en lit pas ou peu (un quart des Français
âgés de plus de 15 ans déclare ne pas lire de livre), et que sur de nombreux sujets, il y a
encore fort à faire pour inventer des livres répondant aux besoins et aux demandes des
lecteurs.
Les résultats des récentes années (2005 à 2011) sont très contrastés. Si on étudie le marché du
livre, et pas seulement, les chiffres d’affaire des éditeurs, on observe que l’année 2005 s’était
terminée sur un léger tassement des ventes au détail et que 2006 a été une fort mauvaise
année avec un recul des ventes au détail du livre de 1,5 % en euros courants. Ce recul a paru
très préoccupant car il présentait un décrochage complet de la consommation de livres par
rapport à l’ensemble des commerces de détail qui, au contraire, connaissait une progression
de 1,9 %. En revanche, le commerce du livre a affiché pour 2007 un bilan économique
nettement positif, avec une progression de 3 % en euros courants, re-dépassant l’évolution du
commerce de détail. En 2008, l’année avait connu une régression du commerce du livre. En
2009, l’année pourtant fort mal commencée, a terminé sur une petite progression de 1,5 % en
euros courants, ce qui contraste avec l’ensemble du commerce pour la même période (- 2,3
%). En revanche, l’année 2010 a connu une légère régression (-0,5 % en euros courants) où
tous les secteurs de l’édition ont connu des reculs sauf le poche et le livre jeunesse et 2011 a
marqué un nouveau recul (- 1 % euros courants), le seul secteur en progression étant celui du
livre de poche tandis que, pour la première fois, celui du livre de jeunesse stagnait.
On peut donc dire que le marché du livre, sur la décennie écoulée, a connu une forme de
stabilité qui peut passer pour de la résistance au vu du contexte général, mais que les deux
dernières années sont inquiétantes. Sont-elles les indices d’une crise du livre imprimé ?
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2. Le Chiffre d’affaire de l’édition française
Près de 1200 éditeurs étaient recensés dans le supplément de Livres Hebdo, Guide 2000...
Edition et diffusion francophones, dont environ 170 belges, canadiens et suisses. Mais
l'enquête statistique annuelle menée par le Syndicat national de l'édition (SNE) sur la base du
chiffre d'affaires réalisé n'en a retenu, sur la base de leur chiffre d’affaires, que 267 pour les
résultats annuels de l’édition (chiffres de l'année 2008 – selon les années il avait varié entre
275 et 310 environ les années précédentes, ce qui démontre la con centration croissante de
l’édition), ce qui signifie que nombre d’éditeurs ont une activité d’un poids économique
marginal. En effet, le Guide édition et diffusion francophones publié par Livres Hebdo qui, il
est vrai, élargissait le champ de recensement à la francophonie en comptait environ 800, et
enfin le répertoire Editeurs et diffuseurs de langue française (Éditions du Cercle de la
Librairie) en recensait plus de 3 500. Ces produits papier étant aujourd’hui abandonnés, une
interrogation d’Électre donne plus de 58.00 éditeurs français dont les productions sont
recensés dont 14.000 éditeurs installés à Paris.
On comprend aussitôt que ces chiffres recouvrent des réalités diverses et qu'on ne peut traiter
sur le même plan des éditeurs diffusés exclusivement en librairie de création et qui défendent
un catalogue restreint mais très cohérent, avec des maisons d'édition (comme Grasset ou
Fayard), intégrée à un groupe et qui ont des moyens de promotion importants, avec des
éditeurs d'ouvrages scolaires ou encyclopédiques (comme Bordas ou de Larousse, d’ailleurs
eux aussi intégrés à des groupes) aux investissements "lourds" et dont la stratégie privilégie
aujourd’hui les supports électroniques et, enfin, avec les groupes eux-mêmes où l’activité
éditoriale ne représente qu’une partie des activités et du chiffre d’affaire.
Enfin, les données économiques sur l’édition et le livre peuvent être construits de nombreuses
façons :
- On peut prendre en compte le chiffre d’affaire des éditeurs réalisés en France sur le prix
de cession de base des livre, c’est-à-dire la part qui revient strictement à l’éditeur, hors
l’ensemble des pourcentages liés à la commercialisation (distributeur, diffuseur et point
de vente), et les cessions de droit à l’étranger (les statistiques du SNE)
- Mais on peut aussi chercher à connaître le marché du livre en France, calculé selon le
prix de vente réel des ouvrages, après donc vente en librairie et dans les autres canaux de
diffusion,
- Et enfin on peut calculer les résultats des sociétés et groupes d’édition représentés en
France, en y incluant ceux de leur filiales à l’étranger pour les éditeurs dont le siège
social est en France et en y englobant également les résultats de leurs filiales de
distribution ou diffusion s’ils en possèdent (les classements annuels des éditeurs de la
revue Livres Hebdo).
2.1 Les résultats selon le Syndicat national de l’édition
Il y a plusieurs manières de considérer les résultats économiques de l’édition. On peut en
effet considérer le seul chiffre d’affaire des maisons d’édition ou, de manière plus large,
considérer le chiffre d’affaire du secteur livre, en incluant donc les résultats des point de
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vente du livre. Nous nous en tiendrons, ici aux résultats des maisons d’édition, mais même en
ce domaine il existe plusieurs types de données.
Les premières sont les statistiques annuelles du Syndicat national de l’Édition (SNE) qui
prend en considération le chiffre d’affaire des éditeurs, résultant de la stricte activité
éditoriale (donc le prix de cession éditeur, c’est-à-dire la part du prix de vente des ouvrages
qui revient strictement à l’éditeur, avant le circuit de commercialisation, distributeur,
diffuseur, et librairie). Le SNE travaille sur l’échantillon des 3.000 éditeurs principaux, dont
1.000 ont une activité régulière mais dont seulement 400 ont une activité significative. Au
total, les statistiques du SNE en ont retenu 295 en 2007, 267 en 2008, 305 en 2010, etc.
Ces résultats sont relativement faibles : le chiffre d'affaires purement édition (hors filiales de
diffusion et de distribution) des 295 éditeurs recensés en 2007 représenterait, selon l’enquête
du SNE, 2,9 milliards d’euros (soit une hausse de 3,5 % par rapport à 2006, alors que la
croissance française n’a été que de 1,9) et aurait connu une baisse en 2008 : les 267 maisons
ne réalisant qu’un CA de 2,8 milliard d’euros. Depuis, il stagnerait puisqu’en 2009 et en
2011, il serait à nouveau de 2,8 milliards d’euros pour 305 éditeurs.
Les autres données de base de cette enquête montrent que :
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dans leur très grande majorité, ces éditeurs sont installés en région parisienne, les autres
régions actives étant Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d'Azur,
que ces maisons ou groupes recensées emploient un total d’un peu moins 10 000 salariés,
le nombre de titres édités serait de 79.308 en 2010 se répartissant pour moitié entre
nouveautés et nouvelles éditions et réimpressions (mais Électre Biblio recensait 63.052
nouveautés et nouvelles éditions pour 2010 ! ce qui offre un bon aperçu des divergences
d’échantillon de ces statistiques) ce qui représenterait, par rapport à l’année précédente,
une petite augmentation de 1% dans la production éditoriale
que le nombre des exemplaires vendus serait en baisse et d’environ 452 millions
d’exemplaires pour environ 632 millions d’exemplaires produits en 2010 (465 millions en
2008 pour 711 millions d’exemplaires produits en 2008)
que l’édition numérique demeure marginale : 36,9 millions de CA en 2007, et 49 millions
en 2009 (dont 13 millions en téléchargement, les autres étant sur des supports physiques –
textes lus sur CD ou DVD principalement) et sensiblement pareil en 2010 avec un CA de
52,9 millions dont 17,9 en téléchargement (soit 0,7 % du CA de l’édition). Néanmoins
2011 semble marquer un tournant car les revenus de l’édition numérique (en ligne et sur
support physique) sont une nouvelle fois en hausse de 52,9 à 56,8 millions d’euros (+7 %)
mais surtout parce qu’on y assiste à la substitution du numérique sur support physique
(Cd/DVD, clé USB) par le numérique en ligne (téléchargement, streaming). Ainsi, le livre
numérique sur support physique, en recul à 21,5 millions d’euros (- 38,5 %), est dépassé
pour la première fois par le livre numérique en ligne, qui double ses ventes à 34,8
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millions d’euros (+98%), représentant 1,2% du chiffre d’affaires de l’édition en
2011.

et que les contrastes sont importants entre les catégories éditoriales.
Ce qu’on peut constater avec ces chiffres, c’est que de plus en plus de titres mis sur le
marché pour des tirages de plus en plus faibles
Ces données sont donc ambiguës : après quelques années de stagnation le marché de l’édition
avait fortement repris et cette croissance s’est au final confirmée entre 2002 et 2007. Seule
ombre persistante au tableau : le tirage moyen demeure très faible. Il varie fortement selon les
années, suivant qu’il existe de nombreux ou non best-sellers, mais s’il était encore de 10.053
exemplaires en 1990, il n’est plus depuis qu’autour de 8.200 les bonnes années. En revanche,
il n’est que de 7.587 exemplaires en 2005 et de 7.937 en 2010. Les remontées de certaines
années, 2001 (8.158 exemplaires) et 2002 (8 276 exemplaires), et enfin 2006 (8.151) ne se
maintiennent jamais sur le long terme ; elles correspondent juste à la percée de quelques bestsellers… ce qui veut dire que, en général, le CA de l’édition doit se réaliser sur un nombre de
titres de plus en plus grands, mais dont chacun, en moyenne, se vend moins.
Enfin, 17,6 % des livres vendus en 2010 le sont en librairie alors que 22,3 % le sont par de
grandes surfaces spécialisées (type Fnac ou Virgin) ou des chaînes de librairies et 19,1 % par
les grandes surfaces (hypermarchés), ce qui démontre l’essor considérable de ces deux
derniers types de canaux de commercialisation du livre, au détriment de la librairie
indépendante. Parallèlement, 13,2 % des ventes de livres sont effectuées par le biais des clubs
de livres, modèle qui s’épuise et a fortement baissé depuis quelques années. Enfin, la vente
par Internet est en pleine croissance et représente déjà 13,1 % des ventes.
Il faut cependant noter que ces données sont théoriques et partiales.
2.2 Le marché du livre selon l’Insee
Si on prend les marché du livre valorisé aux prix réels, c’est-à-dire aux prix facturés par les
détaillants aux consommateurs, autrement dit, si on prend en considération les achats que les
Français ont consacrés aux livres et qu’on y ajouter les exportations, le marché du livre
demeure le premier marché de biens culturels.
Pour 2007, par exemple, ce marché du livre est estimé à près de 5 milliards d’euros dont 4,1
milliards pour le seul marché français. En 2010, ce CA n’aurait guère varié et serait, pour le
marché français de 4,2 milliards. A titre de comparaison, en 2010 et hors exportations, le
marché de la musique enregistrée (ventes de CD et de DVD, téléchargement, streaming...)
était établi à 617,2 millions d'euros et celui du DVD et de la VOD à 1 364 millions d'euros.
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2.3 Les résultats des chiffres d’affaire des éditeurs selon les
classements de la revue Livres Hebdo
Si on prend cette fois le CA réel des éditeurs, c’est à dire si on y intègre véritablement
l’ensemble de leurs filiales – filiales étrangères comprises dans leur CA consolidé, en
particulier celles de leurs activités de distribution-diffusion (qu’on peut d’ailleurs retrouver
dans les comptes financiers de chacune des entreprises considérées), on obtient un second
chiffre, beaucoup plus élevé mais cette fois révélateur de leur réelle puissance. La
méthodologie appliquée pour cette enquête mêle questionnaires, interrogations de bases de
données juridiques et financières, rapports annuels et greffes des tribunaux de commerce.
C’est l’enquête la plus fiable dont on puisse disposer.
Le chiffre donné par cette méthode, pour les seuls 218 premiers éditeurs français qui réalisent
en 2011 un CA supérieur à 1 million d’euros (correspondant, du fait de la concentration
éditoriale, à 136 groupes ou éditeurs différents) s’élève au total à 6,8 milliards d’euros. Ces
données sont en légère régression par rapport à 2010 où 226 sociétés (correspondant à 150
entités juridiques) affichaient un CA supérieur à 1 million d’euros, pour un total de 7,03
milliards d’euros. Elles témoignent des difficultés actuelles du marché du livre, bien qu’une
comparaison plus fine, société par société, révèle une égalité entre le nombre des entreprises
dont l’activité a été à la hausse et celles dont l’activité a baissé.
Pour comparaison, en 2006, le magazine Livres Hebdo donnait déjà un résultat de 6,8
milliards d’euros de CA en France et à l’étranger pour les 230 premiers éditeurs français qui
avaient un CA supérieur à 1 million d’euros (correspondant à 161 entités différentes).
Ce CA général, même s’il semble important, n’a rien d’exceptionnel : pour prendre un point
de comparaison, le CA de la société Pernod-Ricard, numéro deux mondial des spiritueux il
est vrai, a atteint un CA de 7,6 milliards d’euros pour l’exercice 2010-2011 (juillet 2010 –
juin 2011). Avec une rentabilité sans commune mesure avec celle de l’édition : son résultat
opérationnel était de 1,9 milliards et son bénéfice net de 978 millions d’euros.
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3. La concentration éditoriale
Si on prend en compte les résultats livrés par la revue Livres hebdo, on observe que sur les
6,8 milliards d’euros de ces 218 maisons, 5,38 sont le fait des 12 principales entreprises. Ces
12 entreprises réalisent à eux seuls 79,1 % du CA de ces 136 maisons et groupes différents.
Par rapport à 2006, la concentration s’est même renforcée puisqu’il ne subsiste que 136
entités différentes au lieu de 161.
L’édition française est donc très concentrée et a une structure oligopolistique, avec un
éditeur très nettement dominant.
Les résultats sur ces dernières années présentent d’ailleurs une très grande stabilité dans leur
structure avec un groupe dominant suivis de 11 autres grands groupes. .
Un classement de ces 12 grands groupes montre également l’internationalisation croissante
des grands groupes éditoriaux : si les deux grands groupes français ont des filiales à
l'étrangers, des groupes étrangers ont pris le contrôle de maisons d'édition françaises,
essentiellement dans le secteur spécialisé : Reed-Elsevier (anglais-néerlandais) -pour les
éditions Juris-classeurs (droit) et les Editions scientifiques et médicales (et Masson en 2005),
Wolters Kluwer (néerlandais) pour Lamy (droit) et Initiatives Santé. Le groupe franco-belge
Media-Participations contrôle, quant à lui Fleurus-Mame, éditeur religieux et Dargaud
(bandes dessinées) et a racheté Dupuis en 2004. Quant à Bertelsmann, le géant allemand de
l'édition, il possédait France-Loisirs mais aussi le Grand livre du mois (ce qui voulait dire que
le marché des clubs de livres en France était et est dominé par un acteur unique) et les Codes
Rousseau : cet ensemble a été cédé en 2011 à un investisseur américain Najafi.
Il présente illustre également la puissance des éditions spécialisées ou techniques, moins
connus du grand public : Reed-Elsevier et Wolters Kluwer déjà présentés et qui sont des
pôles de l’édition scientifique ou juridique mais aussi le Groupe Lefebvre Sarrut, groupe
familial qui développe son activité à travers les éditions juridiques Francis Lefebvre et les
Éditions législatives et qui vient de racheter Dalloz à Hachette
On note aussi que les éditeurs littéraires sont loin derrière les éditeurs aux secteurs très grands
publics : le CA d’Hachette livre est 9 fois celui de Gallimard (et quand on réalise que
Hachette livre n’est qu’une partie de Hachette Lagardère, le rapport entre Gallimard est
Hachette Lagardère est de 1 à plus de 30… Par ailleurs, ces résultats montrent aussi
l’importance des éditeurs professionnels scientifiques ou techniques qui par ailleurs sont
souvent des groupes internationaux (Reed Elsevier et ses filiales Masson ou Lexis Nexis,
Wolters-Kluwer et sa filiale en France Lamy). Enfin, l’arrivée dans le peloton de tête du
Groupe Panini (Italie) Panini est révélatrice de l’essor de la bande dessinée, cette maison
d'édition étant connue via Panini Comics et Panini mangas, DC Comics et Marvel France
mais aussi pour l'édition d'albums d'images autocollantes à collectionner
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Les 12 plus grands éditeurs, selon le CA de 2004 à 2010
Nom de
l’éditeur
Maison mère
et pays
CA CA 2006 : % du CA
2004 2006 CA des 230 2008
premiers
éditeurs
2008 : % du
CA des 230
premiers
éditeurs
HachetteLagardère SCA 1432 2040 29, 8
Livre/Lagardère (F)
Publishing
2159 25,1
Editis
Wendell
Investissement
(F)
717
755
11
760
8,8
France-Loisirs* Berstelmann
404
(D) puis à partir
de 2011 Najafi
(USA)
404
5,9
402
4,3
Éditions Atlas
Di Agostini
(NL)
388
399
5,8
309
3,6
Média
Participations
Média
participations
(B)
309
293
4,3
310
3,6
Lefebvre Sarrut Frojal (F)
214
263
3,9
309
3,6
Groupe
Gallimard
Madrigall (F)
221
238
3,5
241
2,8
La MartinièreLe Seuil
La Martinière
Groupe (F)
260
228
3,3
242
2,8
Groupe
Flammarion
RCS (I)
238
227
3,3
285
3,3
Reed-Elsevier
Reed-Elsevier
189
206
3
283
3,3
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(GB/NL)
Groupe Albin
Michel**
SHP (F)
212
159
2,3
156
1,8
Wolters-Kluwer Wolters-Kluwer 137
(NL)
146
2,1
217
2,5
Total
4721 5378 78,2
5670 66
CA 2011 : % du CA des 218
2011 premiers éditeurs
Hachette-Livre
2038 30
Editis
706
10,4
Lefebvre Sarrut
359
5,3
France-Loisirs*
350
5,2
Média Participations
340
5
Groupe Flammarion
277
4,1
Reed-Elsevier
259
3,8
La Martinière-Le Seuil
258
3,7
Groupe Gallimard
253
3,7
Panini France
198
2,9
Éditions Atlas
175
2,6
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Wolters-Kluwer
170
2,4
Total
5579 79,3
Sources : « Le marché du livre 2005 », Supplément au n° 682 de Livres Hebdo, 23 mars
2007, « le marché du livre 2007 », hors série chiffres du 11 avril 2008 de Livres Hebdo et
Statistiques 2006, Syndicat national de l’édition, juillet 2007, Livres hebdo n°794, 23 octobre
2009, Livres hebdo n°881, 14 octobre 2011, Livres Hebdo, n°925, 12 octobre 2012).
*France-loisirs a été revendu en 2011 au fonds d’investissement américain Najafi
Companies.
** Le Groupe Albin Michel est 13ème en 2011 avec 166 millions de CA
Si on analyse l’ensemble des chiffres d’affaire de ces 218 éditeurs en 2011, l’impact de la
crise se fait sentir : un éditeur sur deux affiche par rapport à 2010 une baisse de son CA.
Même les groupes ci-dessus sont touchés.
Dans le détail, les éditions en club ou en fascicules (France loisirs et Atlas) sont
particulièrement affectées et il en est de même avec Sélection du Reader’s Digest passé
désormais au 17ème rang. Et évidemment, les fusions ou reventes affectent ces résultats, par
exemple la cession de De Boeck par le groupe Editis en 2011 s’est traduite par une baisse de
son CA. Inversement, l’an prochain, le rachat de Flammarion par Gallimard permettra à ce
dernier de gagner des places dans ce classement.
Les éditeurs professionnels scientifiques ou techniques ou scolaires sont en général assez
constants d’une année sur l’autre, ainsi que les grands groupes avec une politique d’édition
diversifiée, s’appuyant également sur des collections de poche.
A contrario les groupes littéraires sont marqués par les fluctuations rapides liées à l’influence
des best-sellers. Ainsi, Gallimard était passé de 290 Millions d’euros en 2007 à 241 en 2008,
car l’année 2007 avait été marquée par les considérables succès du dernier tome d’Harry
Potter, de l’Élégance du hérisson de Muriel Barbery ou de Chagrin d’école de Daniel
Pennac. Inversement, Actes Sud, avec le succès de la trilogie Millenium de Stieg Larsson
gagnait 3 places entre 2007 et 2008 dans ce classement des éditeurs : 39,5 millions d’euros en
2007 (21ème place) et 65,3 millions d’euros en 2008 (18ème place). La présence ou l’absence
d’un best-seller génère ces contrecoups rapides. Même Hachette doit gérer les années sans
nouveau tome de Twilight.
Cette influence de quelques très grandes ventes se retrouve encore plus marquée pour les
éditeurs de taille moyenne spécialisées en littérature qui peuvent connaître de très fortes
variations d’une année sur l’autre, suivant ou non le succès d’une de leurs publication.
Prenons deux années de référence, les années 2005 et 2006 par exemple. On y verrait que les
éditions du Dilettante connaissent un fort recul en 2006, avec un CA de 2,5 millions d’euros,
au lieu des 5,3 millions de CA obtenus en 2005 grâce à la sortie d’un ouvrage d’Anna
Gavalda, alors qu’à l’inverse les éditions de Minuit passent de 3 millions à un peu plus de 4
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millions pour les éditions de Minuit (passant ainsi de la 108e place à la 86e, grâce au Ravel de
Jean Echenoz))…et Viviane Hamy de 2,3 à 5,3 millions d’euros grâce au succès relativement
attendu de Fred Vargas et à celui, totalement surprenant de Golianza Sapienza. Il en est de
même de la filiale Gallimard jeunesse qui, en l’absence d’un nouveau tome d’Harry Potter,
descend de 66 millions d’euros à 41 millions d’euros.
Ces fluctuations ne sont pas simples à gérer pour ces éditeurs. Ces extraordinaires succès,
déclinés à l’échelle internationale, aujourd’hui peuvent même impacter un grand groupe :
Lagardère Publishing a connu une année 2009 exceptionnelle grâce aux ventes de la saga de
Stephenie Meyer. Ces ventes ont dopé de 10 % environ le CA du groupe qui, contre coup, a
retrouvé un niveau plus bas en 2010.
Si ces 12 groupes sont aussi les plus productifs en nombre de titres, la concentration de la
production éditoriale en nombre de titres est cependant beaucoup moins marquée que la
concentration économique : par exemple Hachette représente en moyenne un quart du chiffre
d’affaire de l’édition française et édite environ 10 à 12 % des titres, Editis représente 9 % du
CA et à peu près 6 % des titres. Et les 10 groupes les plus productifs ne représentent environ
que 35 % des titres édités.
Par ailleurs, dans le groupe des éditeurs les plus productifs en titres, se glisse un éditeur
atypique très productif mais au CA bien moindre : les éditions de l’Harmattan qui publient
environ 2300 titres annuellement (très exactement 2.244 pour un CA de 8,2 millions d’euros
en 2010).
Un petit groupe d'entreprises domine donc le secteur grâce à sa production "commerciale"
Ces chiffres confirment la puissance d'un petit groupe d'entreprises qui économiquement
dominent le secteur, mais qui ne reflètent pas la diversité intellectuelle de l’offre éditoriale
française. La puissance économique de certains éditeurs vient du fait qu’ils dominent le
marché des livres commerciaux (ouvrages scolaires, de référence, ouvrages pratiques, bestsellers, prix littéraires, etc.) mais qu’il existe à côté de très nombreux autres éditeurs ayant
une production quantitativement et qualitativement tout aussi importante.
On peut aussi remarquer que :
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ce chiffre d’affaires est en baisse, si on le compare à celui des années précédentes,
le nombre de titres a tendance à s’envoler : il est certes supérieur en Grande-Bretagne
(environ 100 000) mais celle-ci dispose de débouchés plus nombreux dans les pays
anglophones,
les nouveautés constituent à peu près la moitié du nombre des titres produits,
la littérature, surtout si l'on tient compte des livres de jeunesse qui la porte, vient au
premier rang, en nombre de titres, et en pourcentage du chiffre d'affaires (bon an mal an,
entre le cinquième et le quart du CA global) ; avec un grand retour du roman policier, et,
à un moindre degré, de la science-fiction,
le secteur scolaire suit la littérature en matière de CA ; c'est évidemment un secteur où les
rééditions sont dominantes; les difficultés viennent de ce que pour l'enseignement
Médiadix / Cours d’édition française/Mise à jour : 24 octobre 2012
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Formation aux techniques documentaires et gestion des médiathèques
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élémentaire et le collège, les manuels sont à la charge des communes qui ne les
renouvellent pas très fréquemment,
il existe peu de titres pour la catégorie dictionnaires, produit lourd de l'édition ; cette
catégorie connaît un déclin considérable (il y a quelques années, elle représentait 20% du
CA global, aujourd'hui, environ 8,3 %)
le plus faible tirage revient aux sciences et techniques, qui souffrent de l’étroitesse du
marché francophone et de l’abus de la reprographie,
l’édition jeunesse est, depuis quelques années, en constante progression. Elle représentait
dès 2003, 10,5 % du chiffre d’affaires de l’édition et 16,3 % des ouvrages vendus.
Elle est donc la locomotive du marché du livre : ces ventes ont connu la plus forte
progression en 2005 puis en 2007 (+ 15,6 % puis + 18, 8 % en valeur), loin devant les
autres secteurs (la BD est en deuxième position, tirée par les mangas. Même si sa
croissance s’est amenuisée depuis, elle est encore le seul secteur qui a connu une
progression en 2010 (+0,5 %).
Seuls les ouvrages scolaires, ceux de littérature, de bandes dessinées et les encyclopédies et
dictionnaires ont un tirage moyen supérieur à 10 000 exemplaires et ces trois secteurs
représentent presque 50 % du chiffre d'affaires total.
Ce mouvement de concentration s’est accéléré depuis les années 1980
Depuis le milieu des années cinquante, on a vu se développer dans l'édition, comme dans
d'autres domaines de l'économie, un mouvement de concentration qui s'est accéléré au début
de 1988.
Prenons l’exemple d’un éditeur comme Gauthier-Villars, spécialiste de mathématiques. Il a
été absorbé par Dunod (technique et gestion), puis ce dernier par Bordas (scolaire et
universitaire) ; ensuite l’entité Bordas-Dunod-Gauthier-Villars a été rachetée par le groupe
CEP Communication (filiale du grand groupe de communication Havas) qui, associé aux
Presses de la Cité a constitué le Groupe de la Cité et ce dernier, enfin, est devenu Havas
Publications Edition, dépendant de Vivendi (nouveau nom de la Compagnie générale des
eaux), avant d’être intitulé groupe Vivendi Universal Publishing.
Les déboires de ce groupe aboutissent à la cession de toute la branche édition : Hachette
souhaite, dans un premier temps, la reprendre dans son intégralité. Dans l’attente des
autorisations de la Commission européenne pour ce rachat, l’ensemble des activités d’édition
et de distribution issues de Vivendi est rebaptisé Editis et est géré par une banque.
Finalement, Hachette obtient l’autorisation d’en racheter 40 % et le reste d’Editis est cédé à la
société d’investissement dirigée par Antoine Seillières, ex-patron du MEDEF, Wendel
Investissement. Dunod devient alors propriété d’Hachette, tandis que Bordas est gardé par
Editis (Wendel Investissement) qui, au final, revend toutes ses activités éditoriales à l’éditeur
espagnol Planeta.
Entre temps, les éditions Gauthier-Villars ont cessé leurs activités. Les revues ont été vendues
à l’éditeur scientifique international Elsevier, et le fonds repris par Dunod.
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Formation aux techniques documentaires et gestion des médiathèques
Dans d’autres cas du même genre, il peut être intéressant pour un groupe d’édition, de garder
le nom d’une maison connue. Celle-ci est alors maintenue comme une filiale mais sa
politique est sous le contrôle total du groupe dont elle n’est, finalement, qu’une des marques
commerciales.
Une première vague de concentration a d’abord été le fait d’entreprises industrielles, en
général des groupes de communication qui pariaient alors sur la « déclinaison » des produits
(par types de publics, par tranches d’âge) et de « synergies » entre les médias (presse, livre,
audiovisuel). Les années 2000 ont plus vu la financiarisation de l’édition avec des rachats par
des holdings et des investisseurs financiers. Dans les deux cas, et encore plus dans le second,
les maîtres mots sont le « retour sur investissement » et les « dividendes » à distribuer aux
actionnaires. Ces actionnaires attendent alors que l’édition s’aligne sur les résultats et
bénéfices dégagés par d’autres secteurs. Cette attente financière a des conséquences sur les
produits édités : ceux-ci doivent obtenir une rentabilité très rapidement. L’éditeur n’est alors
plus celui qui mise sur la constitution d’un fonds dont la rentabilité ne se fera que sur de plus
longues échéances, il ne cherche plus à construire avec des auteurs, une œuvre sur le long
terme. D’où également un certain suivisme dans les modes et une certaine indifférence entre
les productions des éditeurs (il est devenu quasi impossible, par exemple, de distinguer des
politiques éditoriales différentes chez les grands éditeurs commerciaux anglo-saxons), au
contraire de l’éditeur d’antan qui donnait une marque personnelle, dont l’affaire était aussi
une affaire de goûts et de choix personnels, ce qui, en retour, pouvait entraîner un sentiment
d’attachement très fort de la part de communautés de lecteurs (l’attachement que nombre de
lecteurs avaient et ont peut-être encore vis-à-vis des Éditions de Minuit, de Gallimard, Actes
Sud ou de certaines autres maisons indépendantes). Les grands groupes éditoriaux vendent
des produits, ils ne s’incarnent pas dans des éditeurs et des personnalités.
En France, un groupe concentre à lui seul un quart du marché du livre
La situation de l'édition française est aujourd’hui relativement simple : un groupe d'édition
concentre 25 % du marché français du livre, 50 % sont partagé par une dizaine d’autres
groupes et le reste est réparti entre une pléthore de petits éditeurs.
Cette concentration peut être même renforcée selon qu’on prend en compte le seul CA de ce
groupes on qu’on considère leur maîtrise de la distribution-diffusion, auquel cas deux
groupes contrôlent environ 50 % du marché, quatre groupes moyens en obtiennent environ 25
%, et les 25 % restants sont partagés par une pléthore d’entreprises.
On notera immédiatement que la maîtrise de ces groupes revient le plus souvent à des
puissances économiques tout à fait étrangères au secteur de l'édition. Le groupe LagardèreMatra pour Hachette, s'intéresse à tous les secteurs de la communication : le livre et la presse,
depuis l'imprimerie jusqu'à la distribution, l'audiovisuel, les nouvelles technologies et
travaille à s'imposer sur le plan international. Mais il comprend également de nombreuses
autres activités : aéronautique civile et militaire, espace, systèmes de défense et de sécurité,
etc. Le groupe RCS Media, vendeur de Flammarion, est un holding spécialisé dans les
communications, la régie publicitaire, la création et la gestion de salons et événements. ReedMédiadix / Cours d’édition française/Mise à jour : 24 octobre 2012
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Elsevier est aussi une société qui est dans le domaine de la gestion des salons professionnels
et elle investit aujourd’hui dans la gestion du risque. Toutes ces sociétés sont cotées en
bourse et dépendante de leurs actionnaires financiers et la partie livre n’est pas forcément la
plus importante de leurs activités.
Elle ne représente qu’un tiers de l’activité de RCS, un peu moins du quart de celle du Groupe
Lagardère. Donnons quelques chiffres pour comparaison sur cette dernière entité puisqu’elle
est la première entreprise d’édition française : le groupe Lagardère pesait 7,9 milliards
d’euros et près de 30.000 personnes en 2010, et encore ce chiffre ne prenait pas en compte sa
participation à EADS. Si nous comparons ces chiffres aux CA des 226 premiers éditeurs ou
aux effectifs de la branche édition, on ressent immédiatement le décalage entre la puissance
du groupe et la modestie du reste de la filière.
La concentration éditoriale ne faiblit pas : après la surprise de 2004 qui vit la reprise des
éditions du Seuil par La Martinière qui aboutit rapidement à la fusion de deux appareils de
diffusion-distribution (sous l’appellation de Volumen), les années suivantes ont été marquées
par le rachat des éditions du Cherche-Midi par Editis, puis de Thierry Magnier et des éditions
de l’Imprimerie nationale par Actes-Sud, de Masson par la groupe anglo-néerlandais ReedElsevier, des éditions Le Rocher par le groupe Privat et en juin 2007 des éditions Gründ par
Editis, l’acquisition définitive d’Autrement par Flammarion en 2010 et enfin, en 2012, la
cession de Flammarion à Gallimard (sauf avis contraire de l’autorité de la concurrence).
Mais, sur les « marges, de très nombreux autres éditeurs publient
Mais à côté de ces groupes, bien d'autres maisons jouent un rôle non négligeable dans le
paysage éditorial français : dans le domaine universitaire et scolaire, les Presses universitaires
de France et Belin, en littérature générale Minuit, Actes Sud, les Editions du Rocher et de
nombreuses autres. Mais leur CA n’est en aucune part comparable à leur renommée : 58,6
millions d’euros pour Actes Sud (19e place) mais 68,5 millions avec ses filiales, un peu moins
de 13,7 millions d’euros de CA en 2010 pour les PUF (38e place).
La bibliodiversité est donc à l’opposé de la concentration éditoriale : en 2010, 4.337 éditeurs
différents ont, selon Electre, publiés au moins un titre.
On peut donc conclure aujourd’hui que l’édition française est une structure
oligopolistique (avec un éditeur prédominant) à … frange atypique pour
évoquer tout l’archipel d’éditeurs moyens et encore plus de petits éditeurs qui, aux marges
de cette économie, existent.
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Formation aux techniques documentaires et gestion des médiathèques
4. Les groupes d'édition en France
Hachette
Histoire rapide
C'est le plus ancien et il a longtemps été le plus puissant de ces groupes de communication
avant de passer provisoirement au second rang des groupes français, au bref temps de la
splendeur de Vivendi. Il est né en 1826, et était spécialisé au départ dans le livre scolaire et le
livre de jeunesse (les célèbres Bibliothèque verte et Bibliothèque rose). Hachette, avec le
développement du chemin de fer à partir du milieu du 19ème siècle, prend le marché de la
distribution du livre et de la presse en implantant notamment des bibliothèques de gare, et en
même temps crée des collections de livres faciles destinés aux voyageurs ainsi que des guides
de voyage (12 collections aujourd'hui dont la plus ancienne créée en 1841 : le Guide bleu).
Hachette a accompagné durant des décennies nombre de lycéens et d'étudiants en rééditant
régulièrement des ouvrages de référence tels que le Littré, le Gaffiot pour les latinistes, le
Bailly pour les hellénistes, le célèbre manuel d'histoire Malet-Isaac, la collection La Vie
quotidienne.
Plus près de nous, c'est le premier éditeur français (en 1953 après Penguin en
Grande-Bretagne), à avoir créé une collection de poche, Le Livre de poche, éditée par sa
filiale La Librairie générale française.
En 1980, le groupe Lagardère-Matra, spécialisé dans l'armement, l'espace, l'audiovisuel et les
télécommunications en prenait le contrôle : ce groupe, dans le domaine de la communication,
possède les stations radiophoniques Europe 1 et Europe 2, et possède une maison de
production cinématographique (Hachette Première). Le 1er janvier 1993, Hachette est
devenue filiale de Matra puis du groupe Lagardère. Aujourd’hui Lagardère Active a renforcé
la présence du groupe dans la presse et les médias : il possède par exemple 1/3 de Canal-Sat,
16 sociétés de production et il investit dans les nouveaux médias avec la société Plurimedia,
éditeur et distributeur de contenus mobiles pour les trois opérateurs français de téléphonie.
Du côté du livre, le 30 juillet 2003, la commission de Bruxelles a donné son aval au rachat de
40 % des activités d’Editis, nom temporaire des activités éditoriales et de distribution de l’exgroupe Vivendi Universal Publishing. C’est beaucoup moins que ce qu’espérait Hachette
mais c’est tout de même l’acquisition de Larousse, Dunod, Dalloz (revendu depuis lors) et
Armand Colin, ce qui renforçait considérablement les secteurs de l’édition éducative et de
référence du groupe et assure au groupe la première place en France
Activités
En 2010, Lagardère Publishing, dont Hachette Livre est la marque d'édition, a publié environ
15.802 titres dans le monde (dont 6.932 pour le marché français), pour une centaine de
marques d’édition. Il emploie 7.460 personnes dans le monde et a un CA de 2.165 millions
d’euros et un résultat net de 250 millions d’euros.
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Formation aux techniques documentaires et gestion des médiathèques
Sur ce CA, seuls 32 % sont réalisés en France.
Pour comparaison, le CA du groupe Lagardère est de 7.966 millions d’euros.
Ces quelques chiffres donnent une bonne idée du rôle attendu d’un secteur éditorial au sein
d’un grand groupe : ils atteignent un bénéfice à deux chiffres, supérieur à 10 % et assez
proche des résultats attendus par les marchés financiers, mais surtout ce secteur joue un rôle
de stabilisateur (parce que beaucoup moins soumis à des variations annuelles importantes).
C’est le cas pour Hachette-Lagardère qui, selon les années, subit le choc des difficultés
aérospatiales et connaît des mutations très importantes dans le domaine de la presse et des
médias. Ils indiquent aussi l’importance du marché mondial sur lequel se positionne le
groupe.
En effet, depuis 2003, le groupe Hachette livre s’est considérablement renforcé à l’étranger.
Aux acquisitions de Anaya, Salvat et Bruño en Espagne et d’Orion, Cassell, Octopus en
Grande Bretagne, ont suivi en août 2004, celles de Hodder Headline en Grande Bretagne puis
de Time Warner Book Group (TWGB), la division livre du géant américain des médias Time
Warner, en février 2006. TWGB est lui-même un groupe d’éditeurs, classé au cinquième rang
des éditeurs américains de « consumer books », c’est-à-dire des livres destinés au grand
public, hors édition professionnelle, avec un chiffre d’affaire de 460 millions d’euros en 2005
et un millier de salariés. Cet ensemble a été rebaptisé Hachette Book Group USA.
Avec ce dernier achat, Hachette est devenu leader sur le marché de l’édition grand public en
Grande Bretagne, Australie et Nouvelle-Zélande, mise sur des « effets de famille » entre les
diverses branches linguistiques de ses maisons d’édition et devient le troisième groupe
éditorial généraliste dans le monde derrière Pearson et McGraw Hill. Le groupe Lagardère a
annoncé le 6 février 2006 la conclusion d'un accord en vue de racheter Time Warner Book
Group, cinquième éditeur américain de livres (littérature grand public, livres illustrés,
ouvrages religieux, littérature pour la jeunesse et livres audio). Cette acquisition fait de la
branche Livre du Groupe le numéro trois mondial.
Par ailleurs, il reste attentif à toutes les opportunités de croissance même si les limites
imposées par la législation sur les concentrations l’obligent plus à envisager des acquisitions
à l’étranger, principalement dans les bassins linguistiques anglais et espagnols. Ce fort
développement international traduit également une volonté d’implantation dans les pays
émergents à l’économie en forte croissance : Mexique et Argentine en Amérique latine, début
d’une implantation en Inde.
En France, Hachette-Livre contrôle environ 40 % du marché du livre de poche, et 60 % de
celui de la vente par courtage (par sa filiale Le Livre de Paris) en France.
Son activité de distributeur de livres (Centre de diffusion du livre de Maurepas et 19 centres
régionaux répartis dans les capitales provinciales) lui a permis à partir des années cinquante
d'être présent dans de nombreux secteurs de l'édition, notamment la littérature, par la prise de
contrôle de maisons en difficulté. De nouveaux éditeurs ont choisi en 2005, la distribution
d’Hachette Livre : Payot Rivages, jusque-là distribué par Volumen, à partir du 1erjanvier
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Formation aux techniques documentaires et gestion des médiathèques
2006 mais aussi les éditions Tonkam, etc. Pour la vente au détail, il existe plus de 900 Relais
H devenus Relay. La chaîne de librairies Virgin est également possession du groupe.
Le groupe Hachette s’est également renforcé en France par des achats : il a acquis Pika,
éditeur de Mangas, marquant ainsi sa volonté de ne devenir un acteur important dans un
marché en pleine expansion. Enfin, preuve de son intérêt pour un marché en croissance, en
mai 2008, Hachette a racheté Numilog, premier agrégateur de et distributeur de livres
numériques en France.
En 2010 et 2011, le groupe s’est plus intéressé au développement du Numérique (qui est
passé de 3 % à 10 % du chiffre d'affaires de Hachette Book Group). La signature d’un accord
entre Hachette et Google pour les conditions de la numérisation par Google des œuvres en
langue française dont les droits sont contrôlés par Hachette Livre illustre cette politique.
La presse a longtemps eu pour le groupe une importance considérable, tant dans le domaine
de l'édition (surtout la presse de loisirs) que dans celui de la distribution (Hachette possède
49% des Nouvelles messageries de la presse parisienne). Mais le groupe se désengage
aujourd’hui de la presse écrite (il a revendu ses activités de Presse magazine à l'international)
pour investir dans l'univers numérique, en particulier sur Internet et sur les mobiles.
Editis
Histoire rapide
Ce groupe avait d'abord été créé en 1988 sous le nom de Groupe de la Cité après accord entre
- Les Presses de la Cité, maison d'édition fondée en 1942 (livres à grande diffusion), qui avait
développé un réseau de filiales, dont les Messageries du livre (distribution) et avait ensuite
racheté un ensemble d’éditeurs en littérature et sciences humaines (Plon, Julliard, Perrin,
Orban), livres pratiques (Solar) et livre scolaire et universitaire (Bordas-Dunod-GauthierVillars) et
- C.E.P. Communication (Compagnie européenne de publications), spécialisée dans
l'organisation de salons professionnels, la presse professionnelle et technique et qui avait
racheté une bonne part de l'édition scolaire, universitaire et de référence (Larousse, Robert,
Nathan).
En avril 1996, le Groupe de la Cité est à son tour rattaché à CEP Communication, contrôlé
par Havas (5e groupe mondial de communication qui contrôle Canal Plus). Il change de nom
en 1997, avec sa complète prise en main par Havas. Enfin la transformation de Havas en
Vivendi puis le rachat du canadien Seagram qui contrôlait le plus grand catalogue
discographique mondial, celui d’Universal aboutissait, en 2001, au nom de Vivendi Universal
Publishing qui ne gardait donc rien des activités « historiques » de la presse ou de l’édition et
illustrait bien la part toute relative que ces dernières avaient dans le groupe.
Les activités du groupe Vivendi se répartissaient entre l'édition, la presse, la distribution, la
vente directe, l'édition de jeux, l'édition électronique, l'organisation de salons professionnels,
mais aussi la téléphonie, l’Internet et l’environnement (Vivendi était numéro 1 mondial des
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Formation aux techniques documentaires et gestion des médiathèques
services comme le traitement des eaux, les services énergétiques, etc.) et ses participations à
Canal plus et à d’autres médias audiovisuels.
Le chiffre d'affaires général de Vivendi en 2000 était de 344 milliards de F, dont 7,6 pour
l'édition, ce qui en faisait le premier éditeur français, avant Hachette. En 2001, le CA de
Vivendi Universal Publishing était de 2.442 millions d’euros. Sa principale force, dans
l’édition, était l'édition de référence et l'édition professionnelle, mais il disposait également
de ressources dans le domaine de la littérature générale. En 2001 près de 4 500 titres avaient
été produits. Il avait mené durant ces années d’expansion une intense politique de rachats,
tant en France (acquisition en 2001 les éditions Juris-Service) qu'à l'étranger (notamment en
Espagne les groupes Anaya et Doyma et en 2001 Houghton Mifflin, grand éditeur éducatif
anglo-saxon), et avait de grands projets en matière d'édition électronique et de distribution
des produits culturels par Internet. Puis la dépréciation de son action et l’endettement
maximal du groupe Vivendi, dus à des mauvais choix d’investissement (dans la netéconomie) et à une politique très onéreuse d’expansion externe par rachats de nombreuses
sociétés sur-valorisées, a amené la nouvelle direction de Vivendi, sous la pression de ses
actionnaires et des banques créancières, à revendre de nombreuses activités.
Le groupe, pour satisfaire ses besoins urgent de liquidités a donc cédé l’ensemble des
activités éditoriales françaises, de manière transitoire à une banque, pour le compte de
Hachette, pour un prix somme toute assez faible (1 ,25 milliard d’euros) mais il était pressé
de réaliser cette vente et ne souhaitait ni ne pouvait attendre de revendre l’ensemble maison
par maison.
Restait à revendre les maisons étrangères, en particulier Houghton payé assez
inconsidérément 2,2 milliards d’euros en juillet 2001 par JM Messier, l’ex-grand patron de
Vivendi et revendu 1,7 milliard en décembre 2002.
Au final, après décision des autorités de Bruxelles chargées de veiller à la concurrence, cet
ensemble de sociétés françaises a été partagé : Hachette a acquis le droit d’en acquérir 40 %.
Les 60 % autres, dont l’activité du distributeur Interforum, étaient à acquérir. Plusieurs
grands éditeurs se montrèrent intéressés mais ce fut finalement un holding financier qui
l’emporta : Wendel Investissement. Reste à redonner une véritable unité, économique et
stratégique, à un ensemble amputé de maisons d’éditions, coupé de surcroît de toute
dimension internationale.
C’est dire que l’activité éditoriale d’un tel ensemble a été prise dans un jeu de dominos
financiers très éloigné de la conception « familiale » et des investissements sur le long terme
d’une maison d’édition littéraire du début ou du milieu du 20ème siècle…
Par ailleurs on pouvait s’interroger sur l’avenir à long terme du groupe Editis, la stratégie du
holding Wendel Investissement consistant, en effet, à se payer sur les résultats des entreprises
dans lesquelles il investit, puis à revendre ses participations, ce qui semble bien engagé en
cette fin 2008 : au 21 avril 2008, le groupe d’édition espagnol Planeta déclarait entrer en
négociation exclusive avec Wendel pour le rachat d’Editis. Valorisé à 1026 millions d’euros
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soit 11 fois son résultat opérationnel (93 millions d’euros), le groupe français gardant alors
son management et son périmètre. Le contrat de cession devait être signé d’ici fin juin 2008.
Cette issue prévisible illustre la différence de logique entre la recherche de rentabilité
financière à court terme des fonds d’investissement et la spécificité de l’édition. Même si les
industries culturelles ont banalisé une certaine forme de culture, la prise de risque sur des
auteurs et produits nouveaux, la production de « prototypes », le temps long des
investissements, toutes ces caractéristiques de l’édition supposent une stratégie culturelle ou
industrielle sur le long terme, dimension dont sont parfaitement dénués les fonds
d’investissement.
Le groupe aujourd’hui
Même s’il ne représente plus qu’une part de ce qu’il fut, le groupe Editis représente encore 44
marques d’édition. Et il semble chercher à s’agrandir. De deux manières différentes : d’une
part en rachetant des éditeurs qui lui permettent de rentabiliser et d’augmenter sa diffusion,
d’autre part en étoffant sa branche scolaire et universitaire fortement entamée par le départ
des ex-filiales, Larousse en particulier, reprises par Hachette. D’un côté donc, Editis a repris
en 2005 les éditions du Cherche Midi puis en 2006, XO et ses filiales (dont Oh ! Éditions),
petit ensemble d’édition créé par Bernard Fixot pour publier des best-sellers (les romans
historiques sur l’Égypte ancienne de Christian Jacq par exemple) et, toujours en 2006, le
groupe DNL (Diffusion nationale du livre), grossiste qui travaille en direction d’environ 3900
points de vente (et dont le CA en 2005 était de 55,25 millions d’euros). Il a aussi racheté en
2007 Gründ, un des derniers éditeurs indépendants de taille moyenne en France. Cette maison
est connu pour ses beaux livres et son secteur d’ouvrages sur l’art (le « Bénézit »,
Dictionnaire critique et documentaire des Peintres, Sculpteurs, Dessinateurs et Graveurs de
tous les temps et de tous les pays qui est régulièrement réédité paraît depuis 1911) mais aussi
pour ses séries de livres pour enfants. Gründ avait réalisé un CA de 18,2 millions d’euros en
2006.
Le groupe semble miser sur une logique d’intégration autour du scolaire, avec Internet et une
offre numérique, doublée d’une forte présence en livres de poche et dans l’édition grand
public pour rentabiliser sa plate-forme de distribution.
Il faut espérer que sa reprise par Planeta (1er groupe d’édition en Espagne et Amérique latine,
12ème dans le monde avant le rachat d’Editis) donnera une stabilité à ce groupe, lui
permettant enfin d’assurer une stratégie de développement sur le long terme.
Activités
En 2010 le groupe a publié 5.122 titres (Alors qu’en 2004, il avait publié environ 3.760
titres).
Editis a réalisé en 2007 un chiffre d’affaire de 760,3 millions d’euros, en hausse de 2 % (à
périmètres comparables) avec un résultat opérationnel de 93,1 millions d’euros et un bénéfice
net de 48,9 millions. En 2010, son CA est de 753 millions d’euros.
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Formation aux techniques documentaires et gestion des médiathèques
D'autres groupes d'édition sont moins importants, du moins sur le plan économique
mais justifient néanmoins d'une grande renommée : il s'agit de Gallimard, Flammarion,
La Martinière-Le Seuil et Albin Michel.
Gallimard
En 1911 Gide et ses amis crée la Nouvelle revue française qui va devenir rapidement une des
plus importantes revues littéraires françaises. Ils fondent ensuite un comptoir d’édition pour
éditer les auteurs que cette revue défend et vont chercher, pour s’en occuper, Gaston
Gallimard. Celui-ci prend en 1919 la direction complète de cette maison, lui donne son nom
et fonde une dynastie d’éditeurs puisque les éditions Gallimard sont aujourd'hui encore
dirigées par son petit-fils Antoine Gallimard et que la famille (holding Madrigal) possède
59% du capital. Cette maison aura édité pendant la majeure partie du 20 ème siècle les plus
grands noms de la littérature et des sciences humaines.
Depuis 1972, date de la rupture du contrat qui le liait à Hachette, Gallimard assure grâce à ses
filiales, sa diffusion (CDE) et sa distribution (SODIS). De cette rupture naît la collection de
poche Folio, les titres de Gallimard ayant été jusqu'à cette date réédités dans la collection Le
Livre de poche. C'est à partir de cette même année que s'est développée sa filiale Jeunesse
avec une très grande réussite, sous la direction de Pierre Marchand, qui avait également mis
au point la célèbre collection Découvertes.
Plusieurs maisons ont été rachetées par Gallimard : Denoël, Mercure de France. Dans ces
dernières années, des prises de participation ont permis à Gallimard de contrôler POL et
Joëlle Losfeld même si, dans ces deux cas, les éditeurs de ces maisons ont été gardés et
qu’une large marge d’autonomie leur a été attribuée. Certains catalogues prestigieux de
l’édition littéraire, ceux de l’Arbalète, de Lachenal et Ritter, ont également été repris. Enfin,
en 2005, l’équipe éditoriale des éditions Verticales a rejoint les éditions Gallimard tandis
qu’en 2006 ont été rachetées les éditions Alternatives (livres d’écologie pratique mais
ouvrages d’architecture, sur le design, etc.). Enfin, toujours en 2006, une prise de
participation de 49 % du capital des éditions Hoebeke a été réalisée. Cette dernière
participation, jointe à l’entrée en diffusion (par le CDE) et en distribution (par la SODIS) de
l’éditeur Steidl, renforce la position du groupe Gallimard dans le domaine des beaux livres et
livres d’art.
Le groupe Gallimard a produit environ 1.450 titres (1 186 titres sous la seule marque
Gallimard) en 2004 et 1.764 titres (1.406 pour la seule marque Gallimard) en 2010. Il a
réalisé un CA de 265 millions d’euros en 2003 mais seulement de 221 millions d’euros en
2004, année sans nouvelle parution d’Harry Potter ! En 2010, son CA est de 241 millions
d’euros et de 253 millions en 2011.
Enfin, en 2012, le groupe s’est porté acquéreur de Flammarion, pour lequel depuis mai il était
en négociation exclusive avec RCS, après la décision d'une autre maison d'édition française,
Albin Michel, de jeter l'éponge. Ce rapprochement est assez logique car les deux maisons
sont assez complémentaires en terme d’offre : par exemple, dans le livre de poche, les deux
groupes disposent de positions fortes, Gallimard plutôt dans le poche haut de gamme avec
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Folio alors que Flammarion avec J'ai Lu est plutôt dans le poche populaire. Les mêmes
clivages se retrouvent de manière assez semblable en littérature ou dans la BD où Gallimard
est faiblement présent, alors que Flammarion possède Casterman, l'éditeur de Tintin. Au
niveau de la distribution en revanche, les deux groupes disposent chacun de leur propre
réseau, ce qui s’avère problématique.
Ajoutons que cette fusion est totalement atypique par rapport à toutes les opérations
précédentes : il ne s’agit plus cette fois d’un groupe financier qui intègre une nouvelle maison
d’édition à son holding ou à son groupe de communication mais d’un éditeur indépendant
(c’est-à-dire à dominante familiale, indépendant des marchés financiers et de leurs
actionnaires) qui reprend un autre éditeur dans une logique éditoriale.
Flammarion
Fondée en 1878, la maison Flammarion est longtemps restée une entreprise familiale avant
son rachat, à l’automne 1999, par le groupe financier italien RCS (Rizzoli).
Ce groupe s'intéresse à tous les secteurs du livre et édite à la fois des romans (hors
collections) de style assez traditionnel (Genevoix, Jules Romains, Jean Dutourd, Roger
Peyrefitte, Henri Troyat...), des biographies, des livres de sciences humaines et sociales, de
beaux livres ; un département Jeunesse marqué par les albums du Père Castor (une innovation
marquante en 1931) ; un département Flammarion-Médecine-Sciences ; une forte activité
dans le domaine du poche avec J'ai lu et Librio.
Il possède sa société de diffusion-distribution, UD-Flammarion et c'est le seul groupe à
disposer d'un important réseau de librairies.
Flammarion a mené une politique régulière de rachats (Casterman, Audie, Fluide Glacial par
exemple) et de prises de participation (18 % des PUF et 23 % du holding qui contrôle Actes
Sud) et il s'intéresse au multimédia.
Le groupe Flammarion a produit près de 1.900 titres en 2004 pour un chiffre d'affaires de 224
millions d’euros et 1.981 titres pour retrouver en 2010. En 2011, son CA est de 277 millions.
En 2012, le groupe financier RCS, très fortement endetté, a souhaité céder Flammarion : le
26 juin 2012, il a accepté une offre de 251 millions d'euros de Gallimard.
Albin Michel
Albin Michel, d'abord libraire, se lance dans l'édition en 1903. Il connaît de gros succès dans
le domaine du roman avec Pierre Benoit, Roland Dorgelès, Francis Carco... puis Bernard
Clavel, Robert Sabatier, Patrice Cauvin, Didier Van Cauwelaert… Pour la littérature
étrangère des traductions de Konsalik mais aussi les sœurs Brontë, Cronin, Henry James. En
tête des meilleures ventes depuis quelques années pour les romans de Mary Higgins Clark et
Stephen King.
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Albin Michel, c’est aussi un département jeunesse, un département de livres politiques qui a
d’ailleurs une certaine image "de droite" (Albin Michel a édité les vigoureux pamphlets de
Jean Montaldo contre François Mitterrand, mais a édité aussi des essais de Pierre Mauroy et
Martine Aubry du Parti socialiste), un secteur histoire et sciences humaines avec de grandes
collections et un secteur spiritualité. Il comprend également le sous groupe Magnard (avec
Vuibert, Dervy et Mila). Enfin, Albin Michel a passé un accord avec Hachette qui, en
échange d’une participation d’Albin Michel au livre de poche (40 % de ce dernier), distribue
et diffuse maintenant sa production.
Le groupe Albin Michel a produit environ 1000 titres en 2004 pour un chiffre d'affaires de
214 millions d’euros. En 2005, il a racheté le groupe De Vecchi, implanté en France, en
Italie, en Espagne et au Mexique. Sa production a été de 1310 titres en 2005 et 1.050 en
2010. En 2011, son CA est de 166 millions d’euros.
La Martinière-Le Seuil
Créées en 1935 par des catholiques de gauche proches d'Emmanuel Mounier (Fondateur de la
revue Esprit), les éditions du Seuil se sont surtout développées après la guerre. Sur le plan du
roman, un grand succès avec la traduction du Petit monde de Don Camillo leur a permis de
"décoller" en 1951, mais surtout, le patient travail de Jean Cayrol et Emmanuel Robles,
écrivains et conseillers littéraires, lui ont attiré de très nombreux jeunes écrivains. Ces années
de développement ont aussi été marquées par un engagement amenant à publier des livres
politiques et sociaux inspirés par les problèmes du Tiers-Monde et de la décolonisation.
Le Seuil possédait sa propre maison de diffusion-distribution qui a aussi la charge de
nombreuses maisons (dans le capital desquelles Le Seuil possède souvent une participation),
dont l'importance est faible sur le plan économique, mais souvent très importante sur les
plans intellectuel et culturel : Christian Bourgois, José Corti, Viviane Hamy, Milan, Minuit,
Odile Jacob, Rivages, Anne-Marie Métailié, l’Olivier, Verticales, etc.
Le Seuil avait produit un peu plus de 700 titres en 2003 pour un chiffre d'affaires de 160
millions d’euros.
De son côté, le groupe La Martinière est né en 1992. Il regroupe autour des éditions La
Martinière, premier éditeur de livres illustrés en France (avec quatre grands domaines : photo,
art, patrimoine et loisirs), plusieurs maisons d’édition de beaux livres : Minerva, Hermé et
Manise (les filiales spécialisées dans les livres pratiques et l’art de vivre), Aubanel (originaire
d’Avignon et dont les ouvrages illustrés sont consacré à tous les aspects de la vie autour de la
Méditerranée et du sud. Il a également développé un département jeunesse avec La
Martinière jeunesse et les éditions du Sorbier et, depuis peu, avec EDLM, il publie des essais
et documents destinés au grand public sur des questions d’éducation, de psychologie, de
sociologie et d’histoire. Enfin, le groupe s’est également lancé dans la littérature générale.
Ce groupe a développé une politique d’achat de maisons d’éditions étrangères : Abrams
(éditeur basé à New York et spécialisés dans les livres d’art), STC (éditeur américain de
livres illustrés sur la jardinage, la cuisine, etc.) et Knesebeck Verlag (livres d’art).
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Il a également racheté Delachaux et Niestlé (livres sur la nature et l’écologie) et possédait sa
structure de distribution-diffusion : Diff-Edit.
Son chiffre d’affaire était de 98 millions d’euros en 2003.
La grande surprise du monde de l’édition en 2004 fut le rachat, en janvier, du Seuil par le
groupe La Martinière. Cela fut ressenti par la plupart des commentateurs, comme un tournant
hautement symbolique de l’histoire de l’édition française : la fin d’une aventure familiale et
collective, représentée par Le Seuil et la preuve que l’édition de taille moyenne, à son tour,
entrait définitivement dans le monde de l’économie et des finances. Toutes les équipes
éditoriales n’ont pas vu cette union d’un bon œil et de nombreux responsables de secteurs ou
de collections partirent entre 2004 et 2007. Ce fut le cas des éditeurs de Verticales qui se
transférèrent chez Gallimard pour relancer leur maison, devenu un satellite doté d’une large
autonomie. Quant à l’équipe du Seuil Jeunesse, elle partit presque intégralement rejoindre
son ex-directeur, Jacques Binstok, parti fonder une autre maison. Le dernier départ fut celui
dles Empêcheurs de penser en rond, partis rejoindre en avril 2008 les éditions La Découverte.
Depuis, le groupe reste stable.
Le nouveau groupe, ainsi constitué, a réalisé environ 300 millions d’euros en 2004 pour
environ 1.100 titres. En 2011, sa production est d’environ 1.160 titres pour un CA de 258
millions d’euros (284 millions d’euros en 2010).
Une des premières réalisations de ce rachat fut la fusion des deux structures de diffusion et
distribution héritées pour en former une seule, Volumen. Cela se fit avec de nombreux ratés
qui perturbèrent fortement les libraires et amenèrent de nombreux éditeurs diffusés à quitter
au fil des années cette structure : ainsi Odile Jacob, Liana Lévi et l’École des Loisirs
passèrent à la Sodis et, dernier départ en date, Autrement, à la diffusion de Flammarion. Ces
départs ont amené le groupe La Martinière à rechercher d’autres accords : la Martinière et la
branche française de Bertelsmann (alors Direct Goup France) ont créé une société spécialisée
dans la distribution, Loglibris. Cette société est possédée à 51 % par Volumen et 49 % par
Direct Goup France (DGF). Elle est opérationnelle depuis 2010 pour assurer toute la
logistique de Volumen (qui conserverait la diffusion mais aussi la gestion des commandes, la
facturation et l’après-vente) ainsi que l’approvisionnement des 70 librairies dépendant de
DGF (sous l’enseigne Chapitre.com, qui regroupe les ex-librairies Privat, le groupe Alsatia et
de nombreuses librairies rachetées). Enfin, d’autres éditeurs ont depuis intégré cette structure
de diffusion.
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Editis
Edition références
Bordas
Nathan
Le Robert
Redon
Retz
Littérature générale
Edition Commercialisation directe
Laffont-Julliard Fixot,
Seghers, Plon, Perrin,
Orban, Les Presses de
la Cité, Solar-Belfond,
First, Le Cherche Midi,
XO
Pocket
10/18
Larousse Diffusion
SPL
Linade
Presses de la
Renaissance
La Découverte
Les Empêcheurs de
SGED
penser en rond
Syros
Gründ
DNL
Editeurs distribués et diffusés par Interforum : les éditeurs ci-dessus et Mame,
Fleurus, Berger-Levrault, Sélection du Reader's Digest; Gault-Millau, Héloïse
d’Ormesson, Ouest-France…
Hachette
Littérature générale Hachette Education
Grande diffusion
Hachette Référence
Hachette Education
Hachette Jeunesse
Hachette-Pratiques
+ Istra Syemma
Larousse
Dunod
Armand Colin
Andrieu
Gauthier-Languereau
Groupe Hatier (Hatier,
Didier, Foucher,
Rageot)
Disney-Hachette
Le Chêne
Calmann-Lévy
Les deux coqs d'or
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EncyclopédiesDictionnaires
Le Livre de Paris
(courtage)
+ dictionnaires en
langue française et
produits multimédias
sous la marque
Hachette
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Groupe Fayard
Le Livre de Poche
(Pauvert, Mazarine,
Mille et Une nuits)
Lattès
Marabout
Stock
Gérard de Villiers
Grasset
Harlequin (50 %)
Hachette Littérature
Edition n°1
Pika
Participations : De
Fallois
Editeurs diffusés par le Centre de diffusion du livre : les éditeurs ci-dessus et Albert
René ; Atlas, Albin Michel; Glénat/Vents d'Ouest ; La Musardine ; Payot ; Tonkam ;
Dupuis…
Il faut ajouter à ce tableau l’activité internationale d’Hachette
Albin Michel
Autres maisons possédées ou Participations
De Vecchi
Magnard + Vuibert
Circonflexe
Canal Plus éditions
Participation à 40 % au Livre de Poche
Dervy
Flammarion (Prochainement intégré à Gallimard)
Littérature
Flammarion
Aubier
Arthaud
Autres
Maison rustique
Delagrave
Flammarion Médecine-Sciences
Le Père Castor
Autrement
Casterman
J'ai Lu/Librio
Fluide Glacial
Climats
Pygmalion
Participations au capital des PUF,
Climats et d’Actes Sud
Editeurs diffusés et/ou distribués par Union Diffusion : les éditeurs ci-dessus et
Actes Sud Papiers ; Autrement ; Centre Pompidou ; Horay ; Paris-Musées ; Delcourt ;
Editions du Rouergue ; Thierry Magnier…
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Gallimard
Littérature générale
Jeunesse
Autres
Gallimard
Mercure de France
Denoël
POL
La Table ronde
Participations : Le Rocher
Gallimard Jeunesse
Gallimard Loisirs
Folio
Mango
Accords avec Bayard
Alternatives
Editeurs rachetés constituant
aujourd'hui des collections ou
des fonds : Le Promeneur,
L’Arbalète, Lachenal, Quai
Voltaire, Ritter.
Editeurs satellites : Joëlle
Losfeld, Verticales (Phase deux),
Bleu du ciel.
Prise de participation :
Hoebeke, Les Grandes
personnes et le Groupe
Privat – Le Rocher
Editeurs distribués par la SODIS : les éditeurs ci-dessus et Le Rocher ; Le Félin ;
Balland ; Pygmalion ; Bayard Editions ; Cerf éditions ; L'Atelier ; Verdier ; Le
Centurion… et récemment Odile Jacob, Liana Lévi, l’École des loisirs.
Depuis janvier 2007, Steidl.
Le Seuil-La Martinière
Littérature générale
Images et beaux
(poche et sciences
livres
humaines compris)
Le Seuil
La Martinière
Jeunesse
Le Seuil jeunesse
La Martinière La Martinière
Minerva – Hermé – jeunesse et les
Manise - Aubanel éditions du Sorbier
Diffusion -distribution
Volumen
Loglibris (filiale de
distribution avec
Actissia – pour 2010 )
L’Olivier
Delachaux et Niestlé
Participations et diffusion : Arléa, Cahiers du Cinéma ; José Corti ; Viviane Hamy ;
A.M. Métailié ; L'Olivier ; Phébus ; Adam Biro ; Rivages ; Bourgois, RMN, Minuit,
Buchet-Chastel.
Distribution-diffusion par Volumen : les éditeurs ci-dessus ; Minerva ; Philippe Rey ;
et depuis peu Sabine Wiespieser.
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A côté de ces grands groupes, il existe d’autres éditeurs qui, sans forcément regrouper de
nombreuses marques éditoriales ou faire autant parler d’eux sont fort importants : France
Loisirs (propriété du Holding américain Actissia) est ainsi le troisième éditeur français, les
éditions Atlas, spécialisées dans des publications vendues en fascicules dans les kiosques à
journaux (encyclopédies diverses mais aussi DVD et produits audiovisuels divers) en ont
longtemps été le quatrième avant l’effondrement de ce marché (mais il demeure encore à la
11ème place), enfin le groupe Média Participations qui regroupe Fleurus, Mango, Rustica,
Dargaud, Dupuis et la famille chrétienne en est aujourd’hui le quatrième avec le rachat de
Dupuis.
5. Les éditeurs indépendants
Dans ce monde complexe qu'est l'édition, l'innovation, la création ne sont pas forcément le
fait des entreprises les plus puissantes sur le plan économique et financier. Les exemples de
José Corti hier, Minuit et de POL aujourd'hui, le démontrent aisément. On voit tous les ans se
lancer de jeunes éditeurs animés par le souci d'apporter un éclairage neuf. Leurs domaines de
prédilection : la littérature (et notamment les littératures étrangères), les sciences humaines et
souvent le régionalisme, dans la mesure où nombre de ces maisons sont installées loin de la
capitale et qu'elles s'attachent à faire connaître les écrivains, les légendes, l'histoire, les
beautés naturelles et la gastronomie de leur région. Autre créneau ; la réédition d'œuvres
tombées dans le domaine public. Certains trouvent de nouveaux talents, mais on doit
malheureusement constater que certains de ces éditeurs "laboratoires" se voient enlever par
les grands les écrivains prometteurs qu'ils auront pu dénicher.
Par ailleurs, si de nombreuses maisons d’édition se créent, sur tous les secteurs abandonnés
par les plus grands éditeurs, ou simplement pour renouer avec un projet personnel porté par la
passion et une identité éditoriale très forte, très affirmée, il existe un problème majeur pour
ces nouveaux venus : celui de la diffusion et de la distribution. Beaucoup de ces éditeurs
nouveaux sont de petite taille, avec une production faible en volume, parfois en titres, qui
n’intéresse donc pas les sociétés de diffusion et de distribution. Selon certains chiffres,
produits par Dilicom (service interprofessionnel destiné depuis 1989 à faciliter le
développement des Echanges de Données Informatisés (EDI) dans le secteur commercial du
livre) : 43 % des petits éditeurs actifs se diffusent par eux-mêmes et 49 % se distribuent par
eux-mêmes, ce qui implique dans ces domaines une activité relativement artisanale : à
l’éditeur de faire le tour des points de vente, de se charger des envois et facturations, etc.
Cette notion même d’éditeur indépendant est assez difficile à définir. La notion
d’indépendance fait référence au fait que bon nombre de maisons d’édition sont aujourd’hui
possédés par des groupes financiers, par des acteurs ayant une autre logique qu’une logique
purement éditoriale, ayant surtout des obligations de résultat imposés par des actionnaires :
exigence de retours sur investissement sur le court terme, attente d’une marge bénéficiaire
alignée sur les demandes exigées par les marchés financiers. La marge bénéficiaire attendue
par ces actionnaires est à deux chiffres, bien supérieure aux bénéfices classiquement dégagés
par une maison d’édition inscrite dans un projet culturel. A ce titre, Actes Sud, l’École des
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loisirs, les éditions de Minuit, mais aussi Albin Michel et Gallimard demeurent des éditeurs
indépendant : la majorité de leur capital reste en effet aux mains de leurs fondateurs ou de
leurs héritiers et l’exigence de rentabilité est celle que leurs patrons se donnent, elle ne leur
est pas imposée de l’extérieur.
Dans le même temps, cette notion, nouvelle il faut le souligner, d’éditeur indépendant
désigne le plus souvent des éditeurs de plus petite taille, voire peut se confondre avec celle de
petits éditeurs. Mais l’appellation de petit éditeur est souvent perçue par les intéressés comme
péjorative…
On peut d’ailleurs distinguer plusieurs sous-catégories : d’un côté des maisons d’édition
indépendante qui sont économiquement assez faible (en dessous de 500.000 euros et le plus
souvent bien moins) mais ont une production régulière (plusieurs titres par an), une
dimension nationale, et emploient entre une et cinq personnes. En deçà, quant la structure
d’édition repose sur une personne unique, vivant d’ailleurs d’un autre revenu, et qu’elle
publie moins de trois livres par an, il vaudrait parler d’édition artisanale.
Dans tous les cas, les éditeurs indépendants et encore plus les éditeurs artisanaux ont
beaucoup de mal à accéder aux structures nationales de distribution et de diffusion. Or, sans
possibilité d’accéder à un réseau national de points de vente, les petits éditeurs sont contraints
à rester dans la marge. La vitalité des petits éditeurs est réelle mais la diffusion / distribution
est leur problème majeur : toutes les rencontres actuelles de petits éditeurs abordent cet aspect
et le Syndicat national de l’édition, qui a fondé un groupe de travail sur le sujet, a travaillé sur
un projet de distribution adapté : la plate-forme de distribution pour les petits éditeurs,
Calibre, inaugurée le 15 juin 2007. Mais cette plate-forme a dû déposer son bilan au premier
semestre 2011 et le repreneur, Pollen, n’a récupéré qu’un peu plus de la moitié des éditeurs
avec lesquels Calibre travaillait.
La distribution est en effet, le point qui est le plus délicat à résoudre pour les petits éditeurs.
Si Harmonia Mundi, déjà distributeur et diffuseur des nombreux labels discographiques, ou
Les Belles Lettres distribuent de manière très professionnelle plusieurs éditeurs indépendants
(Climats, Le Pommier, Rue du monde, les Éditions de l’Aube, etc. pour Harmonia Mundi –
Les Éditions d’Amsterdam ; L’Age d’Homme, L’Escampette, Fata Morgana, Folle Avoine,
etc. pour les Belles Lettres diffusion distribution), d’autres distributeurs ont récemment fait
faillite (Alterdis et Vilo Diffusion) ou cessé leurs activités (La Fédération Diffusion Léo
Scheer) entraînant de nombreuses difficultés financières pour les éditeurs dont ils
s’occupaient. En contrecoup de ces problèmes de distribution, des éditeurs aussi intéressants
que Al Dante et Farrago ont ainsi été contraints de déposer leurs bilans en 2006, leurs
situations économiques ayant été fragilisées par les problèmes récurrents qu’ils ont pu
rencontrer avec des distributeurs successifs. A nouveau en 2011, la liquidation de Calibre a
fortement pesé sur les petits éditeurs.
La situation n’est guère meilleure du côté de la diffusion où, pourtant, plusieurs structures
dynamiques ont vu le jour, chacune se spécialisant dans un domaine. Un des meilleurs
exemples en fut Inextenso Diffusion qui représentait plusieurs éditeurs d’art) et qui a cessé
ses activités au 31 décembre 2006.
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Des formes de coopération entre éditeurs sont cependant possibles dans ce domaine, comme
le prouvent les Éditeurs associés http://www.lesediteursassocies.com/) ou L’autre Livre
(http://www.lautrelivre.net ) ou encore Lekti-ecriture (http://www.lektiecriture.com/editeurs/) et Atheles (http://atheles.org/) qui unissent leurs efforts pour organiser
sites Internet, salons et rencontres leur permettant de se faire connaître.
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6. Les problèmes actuels
Régulièrement des représentants du Syndicat national de l’édition ou, plus généralement, des
éditeurs particuliers parlant en leur nom propre, se disent inquiet devant la situation critique
du livre. Sans doute faut-il relativiser car ce discours pessimiste est assez fréquent dans
l’histoire de l’édition et il est aussi récurent parmi la plupart des membres des industries
culturelles. Il n’empêche qu’avec le développement de l’édition numérique et la relative
stagnation de l’édition ces dernières années, de nombreuses questions peuvent se poser et des
inquiétudes se manifester.
Les problèmes évoqués par le SNE sont cependant nombreux et portent sur des points qui
méritent l’attention :

L'augmentation du nombre des titres (le chiffre a quasiment doublé en vingt ans) n'est pas
forcément, comme on serait tenté de le croire, un signe de bonne santé : les éditeurs ont
tendance à lancer sur le marché des ouvrages dont bon nombre finiront au pilon, en
espérant que l'un d'entre eux rencontrera le succès qui compensera l'échec commercial des
autres. Mais les librairies -même si nombre d'entre elles ont fait de gros efforts
d'extension en surface pour présenter les nouveautés qui leur sont envoyées par office- ne
sont pas en mesure d'assurer aussi correctement qu'elles le souhaiteraient la promotion
des œuvres les plus intéressantes et leurs clients se disent souvent noyés devant
l'assortiment trop étendu qui leur est proposé : d'environ 18 000 nouveautés, en effet on
est passé de 23.400 à plus de 60.000 titres depuis 2007. Mais le chiffre d'affaires n'a pas
évolué dans les mêmes proportions… Ce paradoxe avait été résumé jadis par Jérôme
Lindon dans une saisissante formule : « l’édition est le seul secteur de l’économie qui
répond à une baisse de la demande par une hausse de l’offre ».

Les tirages, en revanche, subissent une baisse régulière: de 13.729 en 1982, le tirage
moyen est passé à 8.147 en 2009. Même s’il peut varier d’une année à l’autre (en fonction
des best-sellers), la tendance générale est à la baisse sur le long terme.

Les ventes ont certes cru (on est passé de 358 millions de volumes vendus en 1988 à 470
millions en 2006 par exemple (avec une stagnation depuis : 464,5 millions de volumes
vendus en 2009) mais, selon les éditeurs, dans une proportion qui n’est pas relative à
l’augmentation de la population, en particulier.

Les ventes n’ont pas suivi l’accroissement de la scolarisation et l’augmentation des
publics spécialisés, en particulier celui des étudiants et des enseignants : par exemple, les
ventes annuelles des ouvrages de sciences humaines, d'après François Gèze – éditions La
Découverte –, sont passées de 2.200 dans les années quatre-vingt à moins de 1.000
aujourd'hui. Parallèlement le développement du “photocopillage” a mis en péril certains
secteurs (en particulier dans le domaine des sciences humaines)

Les éditeurs indépendants ont toujours beaucoup de mal à accéder aux structures
nationales de distribution et de diffusion (voir plus haut) : c’est au niveau de cette
commercialisation que se situe le goulot d’étranglement qui empêche nombre de titres et
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d’éditeur d’être connus et d’accéder au marché. Et les petites structures de
commercialisation dédiées aux petits éditeurs sont d’une extrême fragilité, voire sont
acculées à la faillite quand bien même elles ont été très soutenues par les pouvoirs publics
(Distique dans le temps, Calibre récemment).

L'édition scientifique souffre de deux maux spécifiques : la concurrence des périodiques
(les bibliothèques universitaires scientifiques consacrent les deux tiers de leur budget à
l'achat de revues de plus en plus sous forme électronique), et la domination de la langue
anglaise, qui conduit nombre de chercheurs français à publier directement dans cette
langue.

Le public des “ grands lecteurs ” a beaucoup diminué depuis les années 70 (voir plus
loin), et, parmi les acheteurs, beaucoup se replieraient sur les valeurs sûres, les livres
promus par une critique parfois trop complaisante, ce dont souffrent les jeunes auteurs.
Par ailleurs, le marché des acheteurs de livres se fragmente de plus en plus : s’il est
majoritairement féminin, plutôt diplômé et âgé entre 34 et 65 ans, l’amatrice de romans se
distingue du consommateur d’ouvrages historiques, lui-même fort différent du client du
polar ou du fan de bandes dessinées. Enfin, l’acheteur de livre n’est plus aujourd’hui un
acheteur fidèle : la plupart des consommateurs ont des comportements dits « volatiles »
c’est-à-dire instables, portés par le moment, sensibles à l’actualité. Ces acheteurs ne
choisissent pas forcément un livre par rapport à un autre mais à tout moment font des
choix à l’intérieur d’une concurrence intersectorielle : l’arbitrage se fait entre un livre et
un lecteur mp3 ou une autre activité de loisir. Même dans les milieux sociaux culturels les
plus élevés, le livre n’a plus une légitimité telle qu’il garderait un budget stable ou
préservé. La dernière enquête sur les pratiques culturelles des Français, réalisée en 2008
(http://www.pratiquesculturelles.culture.gouv.fr/ ) confirme que la baisse des forts et
moyens
lecteurs s’est poursuivie et la perte de prestige de la lecture de livres : « les Français dans
l’ensemble reconnaissent eux-mêmes que leurs relations avec le monde du livre se sont
distendues puisque 53% d’entre eux déclarent spontanément lire peu ou pas du tout de
livres »

Le rôle du livre à l'école s'est fortement amenuisé. Si, grâce aux efforts de nombreux
enseignants ou au développement des BCD (bibliothèques centres documentaires) et des
CDI (centres de documentation et d'information) il garde une certaine place, tous les
observateurs du monde scolaire affirment que l’école et même l’université ne donnent
plus le goût du livre : on lit utile pour bachoter et préparer les examens, on lit des
polycopiés, des extraits, on privilégie le cartable électronique et la recherche sur Internet.
Le même phénomène se retrouve à l’université : « le problème en France, – selon
François Gèze, directeur des éditions La Découverte (dossier sur la rentrée universitaire,
Livres Hebdo n° 747, 26 septembre 2008) – c’est que le cours magistral est au cœur de
l’enseignement ; le livre joue un rôle annexe ».

La vitalité de certains secteurs, y compris aujourd’hui, du livre de jeunesse, dépend
fortement de quelques succès commerciaux et de quelques séries.
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Formation aux techniques documentaires et gestion des médiathèques

Le rôle des prescripteurs traditionnels (critiques, libraires, enseignants ou bibliothécaires)
est remis en cause.

On voit désormais les hypermarchés ou les grandes librairies sur Internet (Amazon)
publier sous leur propre marque des ouvrages à prix très réduit (réédition de classiques
libres de droits) qui concurrencent les éditeurs.

Les livres à très bas prix, apparus avec le “livre à 10 F” en 1993 avec la maison d'édition
Mille et une nuits et, aujourd’hui, les collections à 2 €, ont certes démontré qu’il y avait
un marché nouveau pour des ouvrages à prix très attractif, mais ils rapportent peu aux
éditeurs et encore moins aux libraires.

Enfin il existe de nombreuses incertitudes sur le livre numérique : d’une part il n’existe
pas de modèle certain de développement du livre numérique (il n’existe pas de format
unique de livre électronique ni de lecteur unique) et d’autre part la production et la vente
de ces livres numériques peuvent échapper aux acteurs traditionnels du livre (au profit des
entreprises liées à internet ou à la fabrication des appareils). Par ailleurs, le prix du livre
numérique, les modes de rémunérations des auteurs et des éditeurs lors de ces ventes, le
régime de TVA sont encore l’objet de nombreux débats (voir dossier 3).
Dans le même temps, d’autres éditeurs ou auteurs insistent sur les signes positifs :

Dans plusieurs domaines, les essais et surtout le livre universitaire, un gros effort en
matière de "petits prix" a été réalisé ces quelques dernières années, permettant à certains
titres d’élargir leur public,

L’édition à la demande et l’apparition de nouveaux appareils d’impression permettent des
petits tirages à un coût plus faible.

La présentation du livre, et notamment des collections de poche, est devenue souvent très
attrayante, et nombre d’éditeurs accordent désormais plus d’importance à la fabrication de
leurs ouvrages.

Surtout, on voit de nombreux « petits éditeurs » ou « éditeurs indépendants » continuer à
apparaître, sans doute au prix d'efforts considérables, et réussir à acquérir une place non
négligeable. Ce renouvellement s’est particulièrement fait sentir, ces dernières années
dans l'édition de sciences humaines et de philosophie, dans celle des livres politiques et à
une moindre échelle dans la littérature. Bref, la bibliodiversité contrebalance la
concentration éditoriale.

Les événements autour du livre (salons du livre) ou autour de la littérature (Paris en toutes
lettres, le Marathon des mots à Toulouse, les Lectures sous l’arbre à Chambon-surLignon, etc.) sont de plus en plus nombreux et drainent un public important. Et de
nouvelles formes de recommandations émergent via les blogs et les réseaux sociaux, ou
via les clubs de lecture qui connaissent aujourd’hui un nouvel élan
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Formation aux techniques documentaires et gestion des médiathèques

Enfin, paradoxalement, si le marché du livre numérique pose de nombreuses questions, il
décolle également (voir cours suivant) et peut élargir ou renouveler l’offre des éditeurs si,
toutefois, il ne cannibalise pas l’édition imprimée mais qu’il en devient complémentaire
(voir dossier 3).

Et de même, la vente d’ouvrages sur Internet aujourd’hui, et demain l’offre numérique,
offrent aussi une seconde chance à des ouvrages à rotation lente de trouver un public alors
que ces titres ont disparu des fonds des librairies. Internet a aussi dopé le marché des
biens culturels et pour le livre, créé un marché pour des productions confidentielles
(l’effet « longue traine »).
Au-delà de ces points de discussion, il faut souligner avant tout le fait que les conditions
générales de cette activité d'édition qui auparavant s'inscrivait dans la durée ont
profondément changé, du fait des conditions de la distribution : Antoine Gallimard soulignait,
dans une interview (Le Débat, n° 86), qu'hier, un éditeur pouvait “publier et diffuser un
auteur pendant vingt ans, trente ans, jusqu'à ce que son talent s'impose et soit reconnu”:
aujourd'hui, c'est beaucoup plus difficile. La logique financière et la mentalité des cadres des
grands groupes de communication sont en effet radicalement étrangères à celle de la
rentabilité sur le long terme et de la péréquation entre les titres, ceux qui se vendent finançant
les autres et permettant cette prise de risque. La logique actuelle et les demandes des
actionnaires vont vers une rentabilité sur le court terme, ce qu’illustrent les propos récents de
responsables des deux plus grands groupes réclamant une rentabilité à deux chiffres (jusqu’à
15 %) à leurs éditeurs…
De ce fait, on s’oriente de plus en plus vers une édition à deux vitesses : d’un côté des grands
groupes qui privilégient les marchés assurés d’un importante commercialisation (livres de
référence, scolaires et parascolaires, pratiques, auteurs à succès, best et méga-sellers, – les
grands groupes d'édition ont tendance à concentrer leurs efforts sur les livres de vente sûre,
ou ceux qui correspondent à la mode ou aux problèmes du moment, sans jouer leur rôle de
découvreurs de nouveaux talents ; ils sont surtout préoccupés par ailleurs par le
développement du multimédia), et de l’autre des structures plus petites, parfois marginales,
mais jouant quelque peu le rôle de "talent scout" ou "dénicheur de talent" pour dégager idées
neuves et jeunes auteurs. Dans la mesure où, pour toucher un public large, il faut en passer
par les structures de distribution et de diffusion des groupes plus puissants, puis ensuite avoir
les moyens financiers d’un développement que les capitaux propres et ses marges ne suffisent
pas à créer, les succès de ces éditeurs indépendants sont sur le long terme assez facilement
récupérés par ces groupes qui savent en débaucher les auteurs, voire racheter purement et
simplement ces maisons au premier besoin ou problème financier. Cette logique du
développement externe (par rachats) est une autre des caractéristiques de ces groupes
d’édition et de communication.
Les très nombreuses questions qui se posent sur l’avenir de l’édition ont amené un précédent
ministre de la culture, Renaud Donnedieu de Vabres, à lancer une grande mission d’enquête
et de concertation sur l’avenir de ce secteur. Auteur de rapports sur l’édition en sciences
humaines et sociales et d’un autre sur les revues, Sophie Barluet avait été mandatée pour
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diriger cette mission. Le rapport de cette mission, Livre 2010, Réflexions sur l’avenir du livre
(disponible sur les sites Internet du CNL et du Ministère de la culture) a été remis. Il devrait
permettre au ministère de la culture d’anticiper les mutations à venir, en assumant pleinement
son rôle, à la fois comme médiateur et comme prescripteur dans certains domaines.
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7. L'édition et l'Etat
En France, l'État intervient dans le domaine de l'édition. Cette intervention se fait
essentiellement sur trois plans : le cadre législatif, l'aide fournie au monde du livre, enfin ses
propres activités éditoriales.
La réglementation en vigueur
La loi fondamentale est celle du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, complétée au fil des
années, qui stipule que l'imprimerie et la librairie sont libres. Liberté n'est pas licence : aussi
sont passibles de poursuites les atteintes au chef de l'État, la diffamation et l'injure envers les
particuliers, l'outrage aux bonnes mœurs, les écrits et les propos qui incitent aux crimes, en
particulier ceux qui auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard
d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance
ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée
délits (cf. articles 23, 24 et suivants). L'éditeur responsable de la diffusion d'écrits
contrevenant aux dispositions de la loi est le principal accusé, l'auteur étant considéré comme
complice.
Texte de la loi de 1881 : http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/PCEAA.htm
La loi sur le dépôt légal du 21 juin 1943
Elle a été complétée par la loi du 20 juin 1992 pour prendre en compte les
documents autres que le livre. Cette disposition fort ancienne, puisqu'elle date de
François Ier (ordonnance de Montpellier de 1537), avait au départ deux buts : la
surveillance des imprimeurs protestants, l'enrichissement des collections royales
(on compte de grands bibliophiles parmi les rois de France). Le premier aspect contrôle de l'État sur la production éditoriale - a disparu, mais subsiste bien
entendu le second, au bénéfice de la Bibliothèque nationale de France : chaque
éditeur doit déposer quatre exemplaires de ses nouvelles publications (un seul
pour les réimpressions sans changement et pour les ouvrages de luxe) à la régie du
Dépôt légal. Toute la production imprimée est soumise à cette obligation : livres,
brochures, partitions, cartes postales, affiches, cartes de géographie,
photographies, estampes. En retour, la Bibliothèque nationale de France doit
assurer la description bibliographique de ces documents, signalés dans la
Bibliographie nationale française. L'imprimeur, de son côté, doit adresser deux
exemplaires soit à la Bibliothèque nationale de France, s'il réside en Ile-de-France,
soit à une bibliothèque municipale habilitée s'il exerce en province. Les supports
de l'édition informatique (disquettes, bandes magnétiques, CD-Rom, CD-I et tout
type de support à venir) doivent également être déposés à la Bibliothèque
nationale de France. L'Institut national de l'audiovisuel pour les documents
radiodiffusés et télévisés et le Centre national du cinéma pour les documents
cinématographiques fixés sur un support photochimique, sont les autres
attributaires
La loi du 16 juillet 1949
Relative aux publications pour la jeunesse, elle oblige les éditeurs à un dépôt
complémentaire de cinq exemplaires au ministère de la Justice, où siège une
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Commission de contrôle et de surveillance, chargée de dépister toute apologie de
la violence et du racisme. En fait, et heureusement, il est très rare qu'un éditeur
encourre les observations de cette commission.
Texte de la Loi sur les publications destinées à la jeunesse :
http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/PCEBJ.htm
La loi du 11 mars 1957
Elle a été complétée en 1985 sur la propriété littéraire et artistique définit le droit
d'auteur (cf. supra le Code de la propriété intellectuelle).
La loi du 10 août 1981 (dite loi Lang).
Relative au prix unique du livre, elle a été votée dans le but de protéger et de
développer un réseau actif de librairies. La loi impose que ces différentes
mentions, dépôt légal avec la date, ainsi que le prix et l'ISBN (numéro
international normalisé du livre) figurent obligatoirement dans toute publication.
La loi du 3 janvier 1995 sur la reprographie
Le Centre français d'exploitation du droit de copie percevra et répartira les droits
liés à la reprographie, après signature de conventions avec les organismes
(essentiellement l' Education nationale) qui copient des textes protégés.
La loi du 27 mars 1997
Elle porte à 70 ans la durée de la propriété littéraire et artistique.
La loi du 18 juin 2003
Cette loi prévoit une rémunération pour les auteurs et les éditeurs des documents
prêtés dans les bibliothèques : celle-ci est, pour une part, prise en charge par l’Etat, et
non par les usagers ou les collectivités locales puisque l’État verse une rémunération
forfaitaire de 1,50 € par inscrit en bibliothèque publique et d’1€ par inscrit pour les
bibliothèques universitaires (les usagers des bibliothèques scolaires n’entrent pas dans
le calcul). La contribution de l'État est d’environ 11 millions d'euros par an.
En revanche les remises aux collectivités et bibliothèques sont plafonnées à 9 pour
cent maximum (au lieu d’une remise libre avant 2003), mais les fournisseurs de livres
versent à la Sofia, (Société Française des Intérêts des Auteurs de l’écrit, qui a été
agréée par le ministre chargé de la Culture pour la gestion du droit de prêt en
bibliothèque) 6 pour cent du prix public hors taxes des livres achetés par les
bibliothèques.
La rémunération perçue au titre du prêt en bibliothèque est répartie selon deux parties.
Une première est répartie à parts égales entre les auteurs et leurs éditeurs à raison du
nombre d’exemplaires des livres achetés chaque année, pour leurs bibliothèques
désignées par décret, déterminée sur la base des informations que les bibliothèques et
leurs fournisseurs communiquent à la société agréée. Une seconde part qui ne peut
excéder la moitié du total, est affectée à la prise en charge d’une fraction des
cotisations due au titre de la retraite complémentaire.
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La loi dite DADVSI – 2006 complétée par les lois du 12 juin 2009 « favorisant la
diffusion et la protection de la création sur internet », et du 28 octobre 2009
« relative à la protection pénale de la propriété littéraire et artistique sur
Internet » dite Hadopi1 et hadopi2.
La loi DAVSI se veut la transposition en droit français de la directive européenne
sur le droit d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information et
garantir, en particulier dans les domaines de la musique et du cinéma, mais
également pour toute œuvre numérisée (livre compris) des mécanismes pour
qu’auteurs et éditeurs soient rémunérés (voir cours « L'édition française : histoire
et fonctionnement »). Les lois Hadopi1 et Hadopi2 prévoient les mesures visant à
prévenir et à sanctionner le piratage de fichiers sur Internet.

La loi du 26 mai 2011 sur un prix unique du livre numérique.
Elle indique que « Toute personne établie en France qui édite un livre numérique
dans le but de sa diffusion commerciale en France est tenue de fixer un prix de
vente au public pour tout type d'offre à l'unité ou groupée. Ce prix est porté à la
connaissance du public. ». Un autre article indique que « Le prix de vente, fixé
dans les conditions déterminées à l’article 2, s’impose aux personnes proposant
des offres de livres numériques aux acheteurs situés en France ».
Cette loi peut être remise en cause par la commission européenne (de même que la
TVA à taux réduit sur le livre numérique).
L’aide de l'État à l’édition
La Direction du livre et de la lecture (ministère de la Culture) a longtemps exercé sa tutelle
sur l'édition ; son Directeur était en même temps Président du Centre national du livre (Centre
national des lettres jusqu'en 1992), établissement public dont la mission est d'aider tous les
acteurs de la vie du livre. La refonte complète du Ministère de la culture, recentré autour de 3
directions seulement, a abouti à une transformation de ce dispositif puisque le livre et la
lecture sont désormais rattachés à la Direction générale des médias et des industries
culturelles. Il n’y a plus de Direction du livre proprement dite, mais un Service du Livre et de
la lecture, entité dont on ne connaît pas encore totalement l’importance.
Certaines des orientations de ce service sont issues de la grande enquête sur l’avenir du
secteur du livre que le Ministère avait institué en 2006 et 2007. Sophie Barluet (auteur de
rapports sur l’édition en sciences humaines et sociales et sur les revues) avait été mandatée
pour diriger cette mission intitulée « Livre 2010 ». Cette enquête sur la perspective à court et
moyen terme du livre a rassemblé autour de tables rondes et d’un colloque tous les acteurs de
la chaîne du livre (auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires). L’ensemble des réflexions a
fait l’objet d’une publication : http://www.centrenationaldulivre.fr/?-Livre-2010« Livre 2010 » devait permettre au ministère de la culture d’anticiper les mutations à venir,
en assumant pleinement son rôle, à la fois comme médiateur et comme prescripteur dans
certains domaines et inspirer le Conseil du livre qui vient d’être crée, à la suite de ses
recommandations. Directement rattaché au Ministre de la culture et de la communication, ce
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Conseil du livre est un organe interprofessionnel et interministériel chargé de débattre des
grands sujets transversaux (par exemple soutien à la librairie, politique numérique) et de
mutualiser les études et les expérimentations. Cinq groupes de travail ont rendu des rapports
d'étape : un groupe sur le rapport Patino sur le livre numérique, un autre sur la loi Lang, un
troisième sur la bibliothèque numérique, un quatrième sur l'exportation du livre à l'étranger,
enfin un groupe de travail chargé de lancer et coordonner des études et statistiques, privées et
publiques. Le tout s’est conclu par un rapport de synthèse et un grand colloque.
A côté des aides à l’édition (gérées par la CNL – voir ci après), l‘État intervient aussi en
favorisant des accords autour de la numérisation : en février 2011 un accord a ainsi été conclu
entre ministère de la culture, BnF, Société des Gens de Lettres et Syndicat national de
l’Édition sur le programme de numérisation de livres épuisés du XXe siècle mais encore
protégées par le droit d’auteur. Cet accord devra d’ailleurs être complété par une modification
du code de la propriété intellectuelle que ce programme de numérisation requiert, un texte de
loi sera soumis au Parlement d'ici à la fin du premier semestre.
Le Centre national du livre
Le Centre national du livre est un Etablissement public administratif, dont la fonction
principale est de gérer un dispositif d’aides à la chaîne du livre : auteurs, éditeurs, libraires,
bibliothèques. Il est également un lieu de rencontres, d’échanges et d’actions
interprofessionnelles. Enfin, son organisation administrative permet d’associer les acteurs
concernés aux actions qu’il met en oeuvre.
Le président de l’établissement est désormais distinct du Service du livre et de la lecture, il
est nommé par décret, sur proposition du ministre chargé de la culture, pour un mandat de
cinq ans.
Le budget du CNL est alimenté par une subvention de la DLL mais surtout par une taxe sur le
matériel de reprographie. Le montant global du budget d’intervention du CNL a représenté
23 millions d’euros en 2009 (29 en 2008. Ce budget est consacré à l’ensemble de la chaîne du
livre : auteurs, éditeurs de livres et de revues, libraires, bibliothèques, associations littéraires.
Sur ces 29 millions, 3 ont été destinés aux auteurs, 6,2 aux éditeurs, 1,24 aux éditeurs de
revues, 2,27 aux libraires (en spectaculaire progression), 3,7 millions pour les manifestations
littéraires et 6,5 aux bibliothèques dont 5,4 dévolus à la Bibliothèque nationale de France
pour sa contribution au projet de bibliothèque numérique européenne à la BnF (11,3 en 2009
dont 5,8 millions à la BnF). Les crédits pour les bibliothèques sont destinés à financer des
achats de livres correspondant à certains critères : ouvrages de rotation lente, ouvrages de
création, 30 % du budget alloué aux bibliothèques soutient le développement de fonds
thématiques, ce qui par voir indirecte permet de soutenir l’édition de création ou de
recherche. Ils sont en baisse constante depuis quelques années (dé jà - 20% de 2007 à 2008).
Si on met donc de côté l’aide apporté à la BnF, les aides à l’édition sont au premier rang des
activités du CNL, devant celles distribuées aux bibliothèques.
Les aides aux éditeurs ont pour but de contribuer au maintien et au développement de
l’édition d’ouvrages de qualité et de vente lente en langue française (prêts ou subventions
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pour la publication ou traduction d’ouvrages, soutien à des projets pluriannuels. Les aides
pour la constitution de fonds numérique sont en spectaculaire hausse, avec un
assouplissement constant des critères d’attribution.
Pour favoriser la création, le CNL accorde des bourses à des écrivains au talent prometteur,
ce qui leur permet d'abandonner pour un an leur emploi principal ou de ne le garder qu'à mitemps. En 2007 par exemple, 440 auteurs et traducteurs ont bénéficié d’aides diverses en
2007, dont un certain nombre d’aides d’urgence). Aux éditeurs qui ont le projet de publier
des textes difficiles au lectorat limité - œuvres complètes, correspondances- le CNL, après
analyse de ces projets par des commissions spécialisées, peut accorder des subventions ou des
prêts sans intérêt. Cette aide s'étend à nombre de revues de création, ainsi qu'à certaines
traductions d'auteurs étrangers.
Le CNL soutient également les manifestations littéraires - salons, festivals, colloques centrés
sur le livre. Il aide enfin tant les librairies que les bibliothèques, favorisant les projets
d'extension et la création de nouveaux établissements ainsi que le développement de fonds
thématiques (financement allant jusqu'à 50 % de l'opération). Toutes les bibliothèques
(municipales, départementales, universitaires, d'associations) peuvent bénéficier de ces
crédits qui doivent être exclusivement utilisés pour l'achat de livres et de revues français, et
constituent de fait une autre forme de l'aide à l'édition.
Une réforme des aides attribuées par le CNL est actuellement en cours (voir le site Internet du
CNL). Pour les bibliothèques, elle vise à développer encore plus l’aide aux fonds
thématiques. Pour les librairies, un nouveau dispositif a vu le jour en 2008 : une aide à la
mise en valeur des fonds (appelée « aide VAL »), constituée de subventions forfaitaires
comprises entre 5.000 et 10.000 € (http://www.centrenationaldulivre.fr/?-LES-AIDES- ).
Enfin, le CNL chapeaute la commission qui attribue le label LIR aux librairies indépendantes
(http://www.centrenationaldulivre.fr/?-Le-label-Librairie-Independante-de- ).
L'État éditeur
Nombre d'établissements publics ont une importante activité éditoriale : parmi eux la
Documentation française pour le domaine politique, économique et social, le CNRS pour la
recherche, tous domaines confondus, le CNDP (Centre national de documentation
pédagogique) et les CRDP (antennes régionales de cet établissement) pour des publications
éducatives, l'Imprimerie nationale pour des textes officiels mais aussi des ouvrages de luxe,
I'Institut géographique national, connu pour ses cartes, la Réunion des musées nationaux pour
des ouvrages d'art, les différentes presses d’université. De nouveaux éditeurs apparaissent,
comme les Éditions du quai Branly liées au Musée du même nom.
Selon le dernier rapport publié par le médiateur chargé d’analyser cette activité, l’ensemble
des éditeurs publics (67 éditeurs au total) a généré un chiffre d'affaires de 45, 8 millions
d’euros en 2010 dont 32,1 millions consacrés à la vente de livres (52,4 millions d'euros en
2006 dont 37,3 millions en ventes de livres), ce qui représente 1,7 % du chiffre d'affaires total
de l'édition française et 7 % des titres. Selon les secteurs éditoriaux, la place de l’édition
publique varie considérablement. Elle est très importante dans le domaine du livre d’art (où
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elle représente environ un quart des titres de la production française), dans celui du droit
(environ un tiers des titres publiés) et dans celui de la cartographie (en particulier avec
l’institut Géographique National).
Si les éditeurs privés admettent l'utilité de ce rôle de l'État, qui permet la publication
d'ouvrages de faible rentabilité (qu’eux-mêmes n'auraient pas les moyens financiers
d'entreprendre), ils y voient néanmoins dans certains cas, surtout dans celui de l'édition d'art,
une concurrence regrettable.
Le Président du Conseil des bibliothèques de 1997, Jean-Claude Grohens, avait remis un
rapport sur ce sujet, recommandant notamment que les éditeurs institutionnels respectent les
règles du droit de la concurrence. Un médiateur de l’édition publique a été créé en 1999. Il
examine le respect de ces règles de bonne concurrence et remet annuellement un rapport à ce
sujet (dernier rapport paru, 2010 – rapports disponibles sur le site du Ministère de la culture).
Bibliographie
Revues et quotidiens : La revue Livres Hebdo et les quotidiens Le Monde et Libération, d'où
sont tirées nombre d’informations économiques et de chiffres contenus dans ce texte.
Livres : (Classement par date d’édition – le but ici est de proposer des livres qui permettent
de penser les problèmes contemporains de l’édition)
Discepolo, Thierry, La trahison des éditeurs, Agone, 2011
Une vive attaque contre la concentration éditoriale. Selon l’auteur « La distinction artificielle
entre «groupes de communication» et «groupes éditoriaux» occulte le rôle de ces entreprises
dans une société à caractère de masse : transformer les lecteurs en consommateurs et limiter
la capacité d'agir du plus grand nombre ».
Schiffrin, André, L’argent et les mots, La Fabrique, 2010.
Fils du fondateur de la collection de la Pléiade, lui-même longtemps éditeur d’une importante
maison d’édition américaine, André Schiffrin analyse de manière très critique l’évolution de
l’édition : selon lui les groupes financiers ont pris le pouvoir de l’édition et y appliquent une
pure logique commerciale de rentabilité à court terme, au détriment de nombreux types
d’ouvrages aujourd’hui impubliables. Le dernier ouvrage démontre que les petits éditeurs ont
pris, dans une certaine mesure la relève, mais que ce secteur très fragile, demanderait à être
soutenu.
Où va le livre ? : édition 2007-2008 / sous la direction de Jean-Yves Mollier, Cécile Boulaire,
Alban Cerisier, Roger Chartier et al., La dispute, Paris, 2008.
La réédition actualisée d’un ouvrage paru en 2000 qui s'attachait à présenter, de manière
critique, les enjeux du livre dans toutes ses dimensions économiques et sociales :
concentration éditoriale, commerce en ligne, numérisation, évolution du statut de l'auteur et
du lecteur...
Le livre : que faire ? / R. Alberto, F. Combes, J. Faucilhon et al., la Fabrique, 2008.
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Un ouvrage collectif et militant écrit par des éditeurs, libraires, diffuseurs ou bibliothécaires
qui essaient de lutter contre le monde de la concentration éditoriale et de promouvoir une
« autre » édition, indépendante et créative.
Vigne, Éric, Le livre et l’éditeur, Klincksieck, 2008.
Une analyse des transformations du monde éditorial mais aussi une défense économique
argumentée d’une édition de qualité et des livres exigeant. Par l’éditeur des ouvrages de
sciences humaines chez Gallimard.
Legendre, Bertrand Abensour, Corinne, Regards sur l’édition, La Documentation française,
2007, Coll. questions de culture.
Vol. 1 : Les petits éditeurs : situations et perspectives
Vol. 2 : Les nouveaux éditeurs (1988-2005
Une synthèse sur la petite édition aujourd’hui en France, ses perspectives, ses problèmes et
ses atouts
Rouet, François, Le livre : mutations d'une industrie culturelle. 3ème éd., La Documentation
française, 2007.
Vidal, Jérôme, Lire et penser ensemble : sur l'avenir de l'édition indépendante et la publicité
de la pensée critique, Éditions d’Amsterdam, 2006.
L’édition menacée : livre blanc sur l’édition indépendante. – Paris, Association L’autre livre,
Éditions Duboiris, 2005.
Schiffrin, André, Le Contrôle de la parole, La Fabrique, 2005.
Barluet, Sophie, L’Édition des sciences humaines et sociales : Le coeur en danger, PUF,
2004.
Piquard, Michèle, L’Édition pour la jeunesse en France de 1945 à 1980, Presses de l’Enssib,
Villeurbanne, 2004
« Malaise dans l’édition», Esprit, n°295, juin 2003.
Michon, Jacques, Mollier, Jean-Yves (dir.) , Les mutations du livre et de l’édition dans le
monde, du XVIIIème siècle à l’an 2000, Les presses de l’Université de Laval, L’Harmattan,
2001.
Mollier, Jean Yves (dir.), Où va le livre ? , La dispute, 2000.
« Édition, Éditeurs », (1 et 2), Actes de la recherche en sciences sociales, n° 126-127, mars
1999 et n° 130, décembre 1999.
Piault, Fabrice, Le livre, la fin d'un règne, Stock, 1996.
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Une réflexion sur le devenir du livre, à partir d'un état des lieux, par un collaborateur de
Livres Hebdo
Sources statistiques
Statistiques du SNE ou issues de la revue Livres Hebdo.
Sites Internet
http://www.culture.gouv.fr
Les statistiques et études qui émanent du Département des études de la prospective et des
statistiques – DEPS, sont utiles : chiffres clés de la culture (dont ceux de l’édition), enquêtes
sur les pratiques culturelles des Français, etc.
http://www.centrenationaldulivre.fr/
Pour avoir le détail des aides apportées par le centre national du livre mais également des
informations sur les opérations soutenues par le CNL (Lire en fête, Belles étrangères) avec
renvois sur les sites Internet dédiés.
Sur ce site, vous trouverez également :
L’Etude réalisée pour le Syndicat de la Librairie Française (SLF), le Syndicat National de
l’Edition (SNE) et le Ministère de la Culture et de la Communication (DLL-CNL) sur la
situation économique de la librairie indépendante (mars 2007), le rapport Livre 2010, les
chiffres clés du secteur du livre publiés par l’Observatoire de l’économie du livre du
Ministère de la culture et tout un ensemble d’autres études et rapports.
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