VIH/sida : j`ai peur de me faire dépister
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VIH/sida : j`ai peur de me faire dépister
VIH/sida : j’ai peur de me faire dépister ! Interview de Christophe, écoutant référent au pôle Paris de Sida Info Service *** SIS : Sur le numéro vert de Sida Info Service, le 0 800 840 800, beaucoup de personnes évoquent leurs difficultés à l’idée de faire un test de dépistage du VIH. De quels freins s’agit-il ? Christophe : Le frein principal, bien sûr, c’est la peur. On est très régulièrement confronté à des personnes qui sont dans une tentative d’évaluation de leur probabilité d’être infectées. En général ça passe par des questions autour des symptômes qui peuvent apparaître. Quand on les interroge sur le fait qu’ils aient ou non fait un test ou sur leur projet de faire un test, on se rend compte qu’il y a des difficultés et que la difficulté principale c’est la crainte d’apprendre une séropositivité. Souvent les personnes ont imaginé beaucoup de choses autour des enjeux, autour de ce qui pourrait se passer pour eux en cas de séropositivité. SIS : En préparant cette interview, vous m’avez dit que « plus on attend pour faire un test de dépistage, plus on se convainc qu’on est séropositif ». En reportant encore et encore le moment du dépistage, le coût psychologique pour la personne est donc de plus en plus élevé ? Christophe : C’est ce qu’on constate assez souvent. C’est-à-dire que les personnes qui n’arrivent pas à faire de test continuent à imaginer toutes les conséquences que pourrait avoir pour elles-mêmes comme pour leur entourage une éventuelle séropositivité. Et cet imaginaire – si je puis dire – enfle, gonfle, prend beaucoup de place. Elles finissent par y penser régulièrement. Du coup la démarche pour faire un test de dépistage devient de plus en plus difficile. Et étant de plus en plus difficile, ça laisse libre cours à tout leur imaginaire autour de cette possibilité d’une séropositivité. Ce qu’on constate assez régulièrement c’est qu’au bout d’un moment, au bout parfois de quelques mois, parfois même de quelques années, les personnes finissent par se persuader qu’elles sont séropositives. Donc l’enjeu de ce dépistage n’est plus de vérifier si oui ou non elles sont porteuses du virus, il finit par être, dans leur esprit en tout cas, juste le moment où elles vont découvrir leur séropositivité. On comprend qu’à ce moment-là la démarche devienne extrêmement difficile. SIS : Que dites-vous finalement à la personne pour l’amener à faire un test de dépistage ? Christophe : Le principal peut-être ce n’est pas tant ce que nous allons leur dire mais ce qu’elles vont parfois pouvoir enfin dire ! Souvent les personnes n’ont pas tellement d’interlocuteurs pour dire ce qu’elles vivent autour de cette question-là. Donc ce qui est important pour nous, c’est qu’elles puissent parler déjà de tout ce qu’elles ont imaginé autour de la question du test, de la peur d’être séropositif, qu’elles puissent en parler et qu’elles puissent aussi appréhender, prendre conscience de l’impact du fait de ne pas faire de test. Ce que vous appelez le coût psychologique effectivement c’est-à-dire ne pas faire de test et vivre dans une situation parfois de terreur en arrivant à se convaincre qu’on est séropositif et du coup en s’isolant beaucoup. Parce que ça a souvent cet impact-là chez les personnes. Eh bien finalement au bout d’un moment le simple fait d’en parler peut donner l’impulsion nécessaire, l’énergie nécessaire pour se dire « maintenant ça suffit, j’ai besoin de savoir ». SIS : Le délai d’attente entre une prise de sang et le rendu du résultat du test de dépistage est parfois assez long. Existe-t-il des lieux permettant de réduire ce délai d’attente ? Christophe : Ce délai d’attente est très variable. Si on passe par les centres de dépistage anonyme et gratuit, il est souvent un petit peu plus long, pas toujours, mais souvent un petit peu plus long. Ca dépend des centres de dépistage. Après si on veut vraiment avoir une réponse dans un délai le plus court possible, il y a des laboratoires d’analyses médicales qui peuvent permettre d’avoir une réponse - habituellement les délais c’est 24 ou 48 heures, parfois ça peut aussi être dans la journée. On peut aller faire le test le matin et avoir la réponse le soir. Rappelons quand même qu’en principe, pour faire un test dans un laboratoire, il faut une prescription médicale. Après il y a éventuellement aussi la possibilité de ce qu’on appelle les tests rapides qui vont vraisemblablement se généraliser, en particulier dans certains centres de dépistage anonyme et gratuit. Certains centres – c’est quand même assez rare mais je crois qu’il y a un centre sur Paris qui propose des dépistages rapides, ce qui permet d’avoir une réponse en une demiheure, enfin en moins d’une heure, donc on a la réponse dans la foulée. Mais ça reste quand même quelque chose qui est assez peu courant à l’heure actuelle en France. Interview réalisée par Alain Miguet pour Sida Info Service Pour plus d’infos sur le test de dépistage du virus du sida, appelez le 0 800 840 800 ou rendez-vous sur notre site Internet sida-info-service.org