Les femmes prennent d`assaut les salles de boxe

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Les femmes prennent d`assaut les salles de boxe
vendredi 30 septembre 2016 10 : 57
986 mots
: LA CROIX
Les femmes prennent d’assaut les salles de boxe
La réussite des boxeuses françaises aux Jeux olympiques de Rio a mis un coup
de projecteur sur la pratique féminine et incité de nombreuses femmes à franchir les portes des salles de boxe.
Les boxeuses françaises, dont Sarah Ourahmoune (en bleu), médaille d’argent
des poids mouches, ont brillé à Rio, suscitant un véritable enthousiasme pour
la pratique de leur discipline. / Frank Franklin II/AP
Sarah Ourahmoune n’a pas remporté le titre olympique à Rio mais elle a réussi
sa mission. Grâce à sa médaille d’argent décrochée avec panache, la boxeuse
d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) a fait vibrer les Français et donné à de
nombreuses femmes l’envie d’enfiler les gants. Avec sa compatriote Estelle
Mossely, la première tricolore championne olympique de boxe (1), Sarah Ourahmoune a mis K.-O. les préjugés qui collent encore au noble art.
Par leur histoire et leur discours, les deux Françaises ont participé avec force
au changement d’image de la boxe. Estelle Mossely, ingénieur en informatique
et Sarah Ourahmoune, diplômée de Sciences-Po Paris et dirigeante
d’entreprise, esquivent les clichés.
> À lire : L’équipe de France de boxe, « Team solide »
Avant de monter sur le ring des Jeux olympiques, cette dernière, jeune maman
de 34 ans avait évoqué ses ambitions mais aussi sa volonté d’inspirer les filles
pour qu’ « elles osent s’inscrire dans les clubs de boxe ». « Quand j’ai commencé, il y a vingt ans, ma mère était inquiète mais mon entraîneur l’avait rassurée, racontait-elle. À l’époque, il n’y avait pas beaucoup de femmes dans les
salles et encore moins sur les rings. »
Hausse des inscriptions
Aujourd’hui, dans son club de boxe du Boxing Beats Aubervilliers, qui possède
déjà une solide expérience dans l’accueil du public féminin, la hausse des inscriptions en général et des femmes en particulier est indéniable.
Lors de l’entraînement de boxe éducative, qui permet d’apprendre les bases de
la discipline, la petite dizaine de jeunes filles présentes avec les garçons enfile
les gants avec enthousiasme, comme Lisa, 14 ans.
« J’avais déjà envie de faire de la boxe mais en regardant les Jeux olympiques
cet été, ça m’a décidé à venir, explique la jeune fille. Je me suis inscrite avec
une amie qui débute aussi. Je ne me suis jamais dit que c’était réservé aux garçons. C’est un sport physique qui permet de se défouler. Plus tard, j’aimerais
bien faire de la compétition. »
Effet JO
1
L’ « effet JO », qui n’est pas encore quantifiable, ne concerne pas que le club de
Sarah Ourahmoune. Partout en France, les clubs, dont certains affichent déjà
complets, voient affluer de nouvelles apprenties boxeuses.
> À lire aussi : Serge Pantel, boxeur social et pédagogue
La discipline a d’ailleurs été largement plébiscitée lors des différents forums
des associations organisés à la rentrée. « Notre sport connaissait déjà une dynamique positive avant les JO, indique Kévinn Rabaud, directeur technique
national de la Fédération française de boxe (FFBoxe). Le nombre de licenciés a
bondi de 43 000 à 52 000 en trois ans avec une part de femmes passée de 18 à
presque 25 %. »
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Et la tendance devrait sérieusement s’accentuer cette année. Elles sont séduites par une discipline qui peut se pratiquer en toute sécurité. Se dépasser et
prendre confiance en soi sont les principales motivations des femmes qui enfilent les gants.
Une large gamme de pratiques
Les clubs de boxe proposent tout une gamme de pratiques à un public féminin
très divers, de la petite fille de 10 ans à la femme active de 35-40 ans. De la
boxe éducative à la boxe fitness, tout le monde peut y trouver son compte.
Pour celles qui ne rêvent pas de monter sur le ring comme Estelle Mossely et
Sarah Ourahmoune et qui ne sont pas attirées par le combat, elles peuvent tout
de même profiter des bienfaits du noble art sur le plan physique, de la souplesse et de l’adresse. Tout l’intérêt pour la FFBoxe est désormais de fidéliser
ces nouvelles boxeuses pour que l’afflux dans les clubs ne soit pas qu’un effet
de mode.
« Il faut encore améliorer l’accueil afin d’accompagner toutes celles qui franchissent les portes des salles et qui ne vont pas toutes faire de la compétition,
assure Kévinn Rabaud. De même, nous devons mettre l’accent sur
l’encadrement, qui doit se former et diversifier ses compétences. L’accueil
d’un public divers représente une chance de professionnalisation de
l’encadrement. Cette hausse du niveau des formateurs ne doit pas seulement
contribuer à former des champions mais à accueillir les différents publics car
nos clubs possèdent aussi une dimension éducative et sociale. »
Après la retraite de Sarah Ourahmoune, dans la foulée de sa médaille olympique, la boxe féminine française va sans doute voir se multiplier ses héritières. Avant peut-être de nouveaux triomphes sur les rings des Jeux de Tokyo
en 2020.
► L’aura olympique de la « Team solide »
L’équipe de France olympique de boxe, surnommée la « Team solide », a été
l’une des grandes révélations des Jeux olympiques de Rio.
Emmenés par Tony Yoka, champion olympique des super-lourds (+ de 91 kg)
et sa compagne Estelle Mossely, médaillée d’or dans la catégorie des moins de
2
60 kg, les Bleus ont brillé en remportant six médailles (deux en or, deux en argent et deux en bronze).
Les boxeurs tricolores étaient rentrés bredouilles à Londres en 2012 ; il fallait
remonter aux Jeux de Sydney en 2000 pour retrouver un boxeur français champion olympique (Brahim Asloum). à Rio, l’équipe de France a gagné et séduit
par sa pugnacité, sa solidarité et sa fraîcheur, à l’image du jeune Toulousain
Sofiane Oumiha, vice-champion olympique des poids légers (moins de 60 kg).
De quoi créer un « effet JO » dans les salles de boxe françaises.
(1) La boxe féminine a fait son entrée aux Jeux olympiques à Londres en 2012.
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