Jan Fabre : Chapitres I–XVIII, cires et bronzes

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Jan Fabre : Chapitres I–XVIII, cires et bronzes
Jan Fabre : Chapitres I–XVIII, cires et bronzes
Dans cette nouvelle série d’œuvres réunies sous l’enseigne de Chapitres I-XVIII, Jan Fabre
nous fait découvrir un étrange cabinet de curiosités. Il a fait abstraction de son corps au profit
d’une série de bustes sur lesquels il a greffé divers éléments empruntés au règne animal,
comme des bois de cerf rouge, des cornes d’antilope, la corne d’un watusi plantée en plein
visage ou encore des oreilles d’âne. Cette série se compose de dix-huit bustes en bronze poli
et d’autant en cire noire. Les premiers ont les allures d’icônes faites pour défier le temps,
tandis que les seconds mettent en évidence les interventions tantôt chirurgicales, tantôt
brutales, de Fabre.
Fabre se met ici dans la peau d’Elckerlijc ou tout un chacun. Les outils d’intimidation
des animaux illustrent les similarités entre les comportements de l’homme et de l’animal,
mais les traits typiquement et exclusivement humains sont tout aussi importants. Dans ses
précédents bronzes, Fabre incarnait l’homme aspirant à une société idéale, à saisir les
mécanismes du monde et de l’univers et à se démarquer afin que l’histoire se souvienne de lui
après sa mort. Cette fois-ci, il a créé une galerie de portraits fictionnelle réunissant une série
de bustes plus admirables, mais aussi plus inquiétants les uns que les autres. On y découvre un
génie créatif opiniâtre, mais aussi un rebelle et un niais qui n’a pas conscience de son
infériorité. On y croise un penseur doté d’une grande sensibilité, un artiste célébrant la liberté
que lui offre sa vocation, des personnages rongés par la jalousie et l’envie, et même une tête
carrément démoniaque.
Déclinés sous la forme d’une galerie de portraits, ces Chapitres sont les esprits éclairés
d’une société qui sont parvenus à se faire immortaliser – à juste titre ou non – dans des bustes
en bronze et mettre sur un piédestal. Comme les chapitres d’un livre racontent une histoire,
chaque Chapitre relate quelque chose de nouveau, mais enrichit aussi les précédents en les
complémentant ou en les contredisant.
Fabre laisse au spectateur la liberté de juger de la valeur des traits et caractéristiques
de ces bustes. Devons-nous désigner un vainqueur ou sont-ils tous sur le même pied parce que
chacun d’eux est le meilleur dans sa catégorie ? Comme on sait qu’ils sont uniques, on a du
mal à s’imaginer qu’il puisse y avoir une quelconque rivalité entre des spécimens de la même
espèce. Mais alors pourquoi certains d’entre eux ont-ils des cornes aussi énormes ? Peut-être
doit-on donner la préférence aux spécimens de Fabre qui se rendent compte à quel point ils
sont bizarres et s’en distancient plutôt que d’en être fiers ? La question reste ouverte...