Vingtième anniversaire de l`École supérieure de la Francophonie

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Vingtième anniversaire de l`École supérieure de la Francophonie
Sofia, le 25 mai 2016
Vingtième anniversaire de l’École supérieure de la Francophonie
pour l’administration et le management (ESFAM)
Allocution de Mme Michaëlle Jean, Secrétaire générale de la Francophonie
Seul le texte prononcé fait foi
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20 anniversaire de l’ESFAM
Sofia, le 25 mai 2016
Excellence, Monsieur le Ministre des Affaires étrangères,
Excellences, Mesdames et Messieurs les membres du Corps diplomatique,
Monsieur le Recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie,
Mesdames et Messieurs les Présidents et les Recteurs des universités,
Mesdames et Messieurs, en vos titres, grades et nombreuses qualités,
Chers étudiantes et étudiants,
Je suis très heureuse de participer aujourd’hui, ici, à Sofia, à la célébration du vingtième
anniversaire de l’École supérieure de la Francophonie pour l’administration et le management,
l’ESFAM.
Ma première visite officielle en Bulgarie se terminera ici de la plus belle façon, et pour mieux
revenir, avec la certitude d'une coopération que nous amenons à une nouvelle échelle,
notamment avec cette école qui est l’un des fleurons de l’Agence universitaire de la
Francophonie, l'AUF, et je tiens à en féliciter M. Jean-Paul de Gaudemar, son recteur, ici
présent, ainsi que Mme Maria Niculescu, la directrice de l’ESFAM, qui a su, ces dernières
années, forte de son expérience passée à l’OIF, où elle a notamment occupé la fonction de
directrice de l’économie, donner une nouvelle impulsion à cette institution.
L’ESFAM fête ses vingt ans dans la joie et l’enthousiasme qui caractérisent cet âge de la vie.
La joie, d’abord, de voir son implantation et ses formations pleinement reconnues par l’État
bulgare grâce à l’accord de siège entre la Francophonie et la Bulgarie que nous venons de
signer.
Cet accord, comme celui récemment signé pour assurer la permanence du Centre régional
francophone pour l’Europe centrale et orientale, le CREFECO, pôle d’excellence de l’OIF en
matière d’enseignement du français dans la région, témoigne de l’importance que la Bulgarie
accorde à son appartenance à la Francophonie.
Soyez-en remercié, Monsieur le Ministre, et à travers vous, toutes celles et ceux qui ont
travaillé à l’élaboration de ces deux accords.
Grâce à la généreuse hospitalité de votre pays, l’ESFAM et le CREFECO partagent depuis
plusieurs années des locaux spacieux et bien situés, dans une rue dont le nom, celui de l’un
des pères fondateurs de la Francophonie, Léopold Sédar Senghor, est emblématique des
liens qui nous unissent.
L'ESFAM, je le disais, fête son vingtième anniversaire dans l’enthousiasme également, celui
de pouvoir proposer désormais aux étudiantes et aux étudiants de la région et de l’ensemble
de l’espace francophone une riche palette de formations dans le domaine de la gestion des
affaires publiques et privées, des formations qui permettent une entrée immédiate dans le
marché du travail : j’ai appris avec satisfaction que 95% des diplômés de la dernière promotion
ont trouvé un emploi dès la fin de leurs études. Alors, il faut continuer de s'en assurer. Le
programme de formation est important, la suite l'est tout autant. Garder la cadence. Voir
comment nos pouvons toujours faire mieux. Tout est toujours perfectible.
J’ai été particulièrement sensible au témoignage d’une jeune Bulgare, Velichka Terzieva,
diplômée de l’ESFAM en 2012 qui, après un stage dans la société belge Euro Consultants,
est devenue la gestionnaire opérationnelle de sa filiale en Bulgarie, EC Bul.
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Cet exemple, pris parmi tant d’autres, montre qu'un stage peut-être déterminant. À nous de
trouver plus de débouchés en ce sens. Cet exemple est la preuve aussi que les études en
langue française ouvrent les portes de l’emploi, apportent du sang neuf et dynamisent le
maillage des entreprises francophones.
La langue française, rappelons-le car parfois cette évidence est négligée, constitue un atout
indéniable, y compris sur le plan professionnel. Vecteur de développement et de croissance,
elle permet de tisser des liens solides entre les différents pays qui composent l’espace
francophone.
Le partage de la langue française, différentes études l’ont montré, accroît de 22% les échanges
commerciaux entre les pays qui la pratiquent. Troisième langue des affaires au niveau mondial,
deuxième en Europe, la maîtriser est indispensable pour faire des affaires en Afrique
francophone, où plusieurs pays connaissent actuellement des taux de croissance supérieurs
à 5%, ce qui devrait en faire bientôt des pays émergents. La Bulgarie de par ses liens
historiques de coopération avec nombre de pays africains, dont elle a formé des chefs de file
dans plusieurs domaines, doit resserrer ces liens et voir là une opportunité considérable.
La Francophonie est un espace unique pour créer, recréer, fortifier des liens d'échanges
stratégiques entre les différents pays de l'espace francophone sur les cinq continents.
L’ESFAM participe pleinement de la stratégie jeunesse adoptée au Sommet de Dakar, dont
l’un des axes principaux est l’éducation et la formation en langue française dans une perspective
d’employabilité et d’insertion professionnelle.
Le poids démographique des jeunes au sein de l’espace francophone est très important,
supérieur à 60% en 2015. Nous savons que c’est sur la jeunesse, que vous représentez ici,
chers étudiantes et étudiants, de l’ESFAM et d‘autres filières francophones des universités
bulgares, nous savons, que c’est sur votre capacité d’innovation et sur votre esprit
d’entreprise que repose une partie essentielle de cette Francophonie économique que nous
construisons ensemble aux niveaux local, national, régional et international.
La stratégie économique adoptée par les chefs d’État et de gouvernement au Sommet de
Dakar en 2014 s’est donné comme priorité de favoriser et d'accompagner l’entrepreneuriat
des femmes et des jeunes, en priorisant leurs initiatives économiques innovantes dans des
filières génératrices d'emplois.
L’OIF a mis en place pour ce faire un vaste programme qui vise principalement les jeunes
entrepreneurs, femmes et hommes de 18 à 35 ans, en appuyant le développement et la
création d’incubateurs de TPE et de PME.
Cette Francophonie économique, et ce programme en particulier, nous souhaitons que la
Bulgarie et toute l’Europe centrale et orientale s'en emparent avec conviction, que vous y
mettiez toute la détermination, toute l'audace nécessaires. Car les possibilités sont infinies.
C’est d’ailleurs l’un des axes clés du Plan d’action régional récemment mis en place grâce
au travail des représentantes et des représentants des six États membres et de l’infatigable
Chantal Moreno, directrice du Bureau régional pour l’Europe centrale et orientale, le BRECO.
Ce plan prévoit un accompagnement de ces pays, la Bulgarie, l'Albanie, l'Arménie, la
Moldavie, la Roumanie, et l'ex-République yougoslave de Macédoine, afin qu’ils puissent
répondre, entre autres, aux besoins en ressources humaines des entreprises francophones
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qui assurent entre 15 et 20% de leur PIB. Afin qu’ils puissent, également, tirer le meilleur
profit de la richesse des expériences francophones pour créer des entreprises innovantes,
nouer des partenariats, trouver de nouveaux débouchés. N'attendons pas.
Je me réjouis d’ailleurs de la décision qui m’a été communiquée de la création d'un réseau
francophone de jeunes entrepreneurs, car la Francophonie, vous le savez, est un puissant
maillage de réseaux institutionnels, professionnels et de la société civile. Je souhaite maintenant
en faire aussi un puissant réseau d’entrepreneurs, d’entreprises et d’investisseurs responsables,
acteurs essentiels de cette « Francophonie des solutions » qu'il faut activer dans des synergies
fécondes. Cette Francophonie, consciente de ses atouts, de ses accomplissements dans
tous les domaines, de ses bonnes pratiques à partager, des passerelles à construire, trouve
dans la langue française un formidable levier. La Bulgarie l'a compris par son attachement à
la promotion de l’enseignement de la langue française.
Vous participez depuis longtemps aux différents programmes visant l’amélioration de la qualité
de l’enseignement du français, gérés depuis le CREFECO sous la houlette aimable et efficace
de votre compatriote, Rennie Yotova, ainsi qu’aux programmes de formation des diplomates
et des fonctionnaires longtemps mis en œuvre par l’OIF en partenariat avec la France et la
Fédération Wallonie-Bruxelles, dont je salue ici les représentants. Nous allons continuer à
mettre en œuvre ces programmes, dans une approche innovante qui privilégie le numérique,
les approches techniques et thématiques.
La langue française, qui nous rassemble dans notre diversité, est notre chance. Et je suis
particulièrement sensible à la diversité géographique des étudiantes et des étudiants de
l’ESFAM qui, du Bénin, du Togo, du Maroc, de Lituanie, d'Haïti et d'autres pays de l'espace
francophone viennent à votre rencontre, vous, de Bulgarie et de Roumanie. En forgeant une
aptitude à travailler dans un environnement interculturel, l’ESFAM permet de vivre concrètement,
au-delà des mots, ce lien qui nous unit par-delà toutes nos différences.
Je n'ai de cesse de parler et avec beaucoup de bonheur de ce cri de ralliement qui résonne
dans tout l’espace francophone depuis que nous avons lancé le 10 mars dernier avec la
jeunesse la campagne Libres ensemble sur les réseaux sociaux. Nous avons touché trois
millions d'internautes et, déjà, des milliers de jeunes sont en contact grâce à cette plateforme,
que je vous invite à découvrir sur www.libresensemble.com. Quelle satisfaction de voir des
jeunes y verser des idées, des initiatives citoyennes, des projets que nous souhaitons
accompagner. L'enthousiasme est réel. Il dit un vrai besoin de s'associer, d'affirmer
l'attachement à la liberté, la fraternité. Il dit le désir des jeunes de vivre, de créer et de faire
ensemble, par ces temps de turbulences nocives qui mettent le monde à l'épreuve et exigent
que nous résistions. C'est une initiative de la jeunesse pour la jeunesse, impatiente de
redessiner ce monde à l’image de ses rêves, de ses idéaux et de ses aspirations.
En accordant aux jeunes toute leur place, dans ses programmes et dans son action, la
Francophonie n'est que plus forte et plus lumineuse. Les jeunes de l'ESFAM ont déjà quelques
longueurs d'avance car ils savent déjà abolir les distances, les frontières, les préjugés, ils savent
tirer le meilleur profit de leurs différentes perspectives, ils savent combiner leurs expériences. Ils
sont ce que le présent a le mieux à offrir pour l'avenir. Ils ont l'audace, la vision et la conviction.
Alors, à nous d'être au rendez-vous de leurs aspirations.
Je vous remercie.
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