: extrait des Mémoires d`outre-tombe de F.

L’autobiographie
Brevet
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SUJET DE BREVET :
extrait des Mémoires d’outre-tombe
de F.-R. de Chateaubriand
Texte
Chateaubriand, âgé de dix-huit ans, revient en Bretagne, à Saint-Malo, sa ville
natale…
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Une lettre me rappelle à Combourg : j’arrive, je soupe avec ma famille ;
monsieur mon père ne me dit pas un mot, ma mère soupire, Lucile4 paraît
consternée ; à dix heures on se retire. J’interroge ma sœur ; elle ne savait rien.
Le lendemain à huit heures du matin on m’envoie chercher. Je descends : mon
père m’attendait dans son cabinet.
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« Monsieur le chevalier, me dit-il, il faut renoncer à vos folies. Votre frère a
obtenu pour vous un brevet de sous-lieutenant au régiment de Navarre. Vous
allez partir pour Rennes, et de là pour Cambrai. Voilà cent louis ; ménagezles. Je suis vieux et malade ; je n’ai pas longtemps à vivre. Conduisez-vous en
homme de bien et ne déshonorez jamais votre nom. »
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Il m’embrassa. Je sentis ce visage ridé et sévère se presser avec émotion
contre le mien : c’était pour moi le dernier embrassement paternel.
1. Référence au
moine Abélard
qui vécut en
Bretagne au
XIIe siècle, et à
son amour pour
Héloïse.
2. Citation latine
tirée des lettres
d’Abélard à
Héloïse :
« jusqu’aux flots
de l’horizon ».
3. Château
familial des
Chateaubriand.
4. Sœur
préférée de
Chateaubriand.
Je marchais sur la plage désertée de la mer. Les grèves abandonnées du flux
m’offraient l’image de ces espaces désolés que les illusions laissent autour de
nous lorsqu’elles se retirent. Mon compatriote Abailard1 regardait comme moi
ces flots, il y a huit cents ans, avec le souvenir de son Héloïse ; comme moi il
voyait fuir quelque vaisseau (ad horizontis undas2), et son oreille était bercée
ainsi que la mienne de l’unisonance des vagues. Je m’exposais au brisement de
la lame en me livrant aux imaginations funestes que j’avais apportées des bois
de Combourg3. Un cap, nommé Lavarde, servait de terme à mes courses : assis
sur la pointe de ce cap, dans les pensées les plus amères, je me souvenais que ces
mêmes rochers servaient à me cacher dans mon enfance, à l’époque des fêtes ;
j’y dévorais mes larmes, et mes camarades s’enivraient de joie. Je ne me sentais
ni plus aimé, ni plus heureux. Bientôt j’allais quitter ma patrie pour émietter
mes jours en divers climats. Ces réflexions me navraient à mort, et j’étais tenté
de me laisser tomber dans les flots.
© HATIER, 2003 – Reproduction autorisée pour une classe seulement.
François-René de Chateaubriand (1768-1848),
Mémoires d’outre-tombe, livre III, chap. 14, 1850.
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SUJET DE BREVET : extrait des Mémoires d’outre-tombe
de F.-R. de Chateaubriand
Questions
15
POINTS
Le narrateur
1
À quel genre littéraire appartient le texte ? Justifiez votre réponse en citant le texte et le paratexte. (1 point)
2
Assis sur la pointe de ce cap, dans les pensées les plus amères, je me souvenais que ces mêmes rochers
servaient à me cacher dans mon enfance, à l’époque des fêtes (l. 8-10).
a. Donnez le temps et le mode des deux verbes soulignés.
b. À quel moment du passé du narrateur renvoient-ils ?
(1,5 point)
3
Dans le premier paragraphe du texte, quels sont les sens évoqués dans la description de la côte ? (1 point)
4
Comment est formé le mot unisonance (l. 6) ? Quel sens lui donnez-vous ?
(1 point)
5
À quel(s) sentiment(s) est en proie le narrateur à la fin de ce premier paragraphe ?
(1 point)
Retour à Combourg
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a. Quel temps domine dans le second paragraphe ? Quelle est sa valeur ?
b. Quel temps pourrait-on lui substituer ?
(1,5 point)
En quoi ce changement de ton marque-t-il un changement de rythme dans le texte
et dans la vie du narrateur ?
(1 point)
Quel autre procédé permet d’accélérer le rythme de la narration dans la première
phrase du second paragraphe ?
(1 point)
Quelle est l’attitude des membres de la famille lors de la première soirée à Combourg ?
Que laisse-t-elle présager ?
(1 point)
Le discours du père
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a. Quel type de phrases domine dans le discours du père ?
b. Qu’en déduisez-vous sur les relations qu’entretiennent le père et le fils à l’époque de l’histoire ? (1,5 point)
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Je suis vieux et malade ; je n’ai pas longtemps à vivre (l. 23).
a. Quelle est la valeur du présent dans cette phrase ?
b. Quelle relation logique implicite les deux propositions entretiennent-elles ?
c. Récrivez la phrase de manière à faire apparaître explicitement ce lien.
© HATIER, 2003 – Reproduction autorisée pour une classe seulement.
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a. Quelle sensation permet au narrateur de ressentir l’émotion de son père ?
b. Comment comprenez-vous cette émotion ?
Réécriture
4
(2,5 points)
(1 point)
POINTS
a. Récrivez le passage suivant à la première personne du pluriel.
(2 points)
Bientôt j’allais quitter ma patrie pour émietter mes jours en divers climats. Ces réflexions me
navraient à mort, et j’étais tenté de me laisser tomber dans les flots.
b. Récrivez-le au passé simple en conservant je.
(2 points)
Rédaction
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POINTS
SUJET : Imaginez que vous avez vécu, avec votre famille, une prise de décision importante pour votre
avenir (ex. : orientation après la 3e…).
Évoquez ce moment important de votre vie dans un récit rétrospectif au passé.
CONSIGNES : • Votre récit sera mené à la première personne et au passé.
• Vous préciserez les circonstances de l’action (époque, lieu…).
• Vous intégrerez au récit un court dialogue centré sur la décision prise.
• Vous décrirez l’attitude des membres de votre famille et les sentiments qu’eux et vous avez alors ressentis.
• L’évaluation tiendra compte du respect du sujet et de la qualité de la langue.
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