La survenue d`infiltrats cornéens chez les porteurs de lentilles de
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La survenue d`infiltrats cornéens chez les porteurs de lentilles de
Volume 1, numéro 5 2013 Une ressource d’apprentissage à l’intention des optométristes produite par l’École d’Optométrie d e l ’ U n i v e r s i t é d e M o n t r é a l e t d e l ’ É c o l e d ’ O p t o m é t r i e e t d e s S c i e n c e s d e l a Vi s i o n d e l ’ U n i v e r s i t é d e Wa t e r l o o La survenue d’infiltrats cornéens chez les porteurs de lentilles de contact en silicone hydrogel et le rôle de l’observance Pa r K at h r y n D u m b l e t o n , P h . D . , M C O p t o m , F A A O , e t D o e rt e L u e n s m a n n , P h . D. , D i p l I n g ( AO ) , FA AO Les infiltrats cornéens surviennent à la suite d’une inflammation cornéenne et peuvent prendre la forme d’infiltrats focaux très légers guérissant spontanément ou être associés à une kératite microbienne menaçant la vue. Dans le présent numéro d’Optométrie – Conférences scientifiques, nous nous concentrons principalement sur les infiltrats stériles qui ne menacent pas la vue, que l’on observe fréquemment chez les porteurs de lentilles de contact et qui constituent un inconvénient pour le patient et pour le spécialiste des soins oculaires en raison du temps de consultation prolongé, de la prise en charge thérapeutique et du counseling. Les infiltrats cornéens sont une accumulation discrète de cellules inflammatoires qui ont migré dans le tissu cornéen habituellement transparent en réponse à divers stimuli. Ils peuvent indiquer une maladie cornéenne inflammatoire et infectieuse. Les professionnels de la vue ont observé des infiltrats cornéens chez les porteurs de lentilles de contact molles depuis leur commercialisation sur le marché dans les années 19701-3. On a rapporté historiquement que les infiltrats cornéens sont associés à une hypoxie, à une contamination des lentilles de contact ou des étuis de rangement par des micro-organismes et une sensibilité aux solutions d’entretien3-5. Depuis les années 1970, on a observé de nombreux changements dans les types de matériaux disponibles utilisés pour fabriquer les lentilles de contact, les recommandations concernant la fréquence de port, les modalités de port et les systèmes d’entretien utilisés pour le nettoyage et la désinfection des lentilles. Le changement le plus important est sans doute l’introduction des matériaux de silicone hydrogel offrant une grande perméabilité à l’oxygène, avec lesquels la majorité des lentilles de contact prescrites au Canada, aux États-Unis et dans de nombreux autres pays sont maintenant fabriquées6. Malgré ces améliorations significatives au niveau des lentilles de contact et des produits d’entretien, certains porteurs continuent de développer des infiltrats7,8. Classification La première analyse détaillée des infiltrats cornéens chez les porteurs de lentilles de contact a été effectuée il y a plus de 30 ans. Josephson et Caffery3 ont classifié les infiltrats principalement en fonction de leur étiologie présumée – et dans nombre de cas, cette classification n’est pas aussi pertinente pour les lentilles de contact contemporaines – mais également en fonction des signes et des symptômes associés. Une autre approche consiste à classifier les infiltrats selon leur sévérité9,10. Malgré ces difficultés inhérentes, la méthode de classification des infiltrats la plus fréquente est leur identification comme étant « stériles » ou « microbiens »11-14. On a également suggéré de classifier les infiltrats selon le sous-type clinique15. En utilisant cette classification, trois grandes catégories ont été proposées : • Graves et symptomatiques • Cliniquement significatifs et symptomatiques • Cliniquement non significatifs et asymptomatiques Les infiltrats « graves et symptomatiques » sont limités à ceux associés à la kératite microbienne. Les cas les plus fréquents d’inflammation cornéenne se rangent dans les deux dernières catégories. La présente revue se concentrera principalement sur ces infiltrats, tout en reconnaissant qu’il n’est pas toujours possible d’être certain de l’étiologie sous-jacente. Le tableau clinique, l’épidémiologie et l’incidence de la kératite microbienne pour les lentilles de contact en silicone hydrogel ont été rapportés dans d’autres documents16-18 et ne seront pas spécifiquement examinés dans cette revue. Disponible sur Internet www.optometrieconferences.ca École d’Optométrie Direction de l’École : Christian Casanova, Ph.D., FAAO Directeur et Professeur titulaire Neurophysiologie et imagerie Danielle de Guise, O.D., M.Sc. Directrice adjointe aux études de 1er cycle Vision binoculaire et orthoptique Jocelyn Faubert, Ph.D., FAAO Directeur adjoint à la recherche et aux études supérieures Professeur titulaire Psychophysique et perception visuelle Jacques Gresset, O.D., Ph.D., FAAO Secrétaire et Professeur titulaire Épidémiologie et basse vision Comité rédactionnel : Jean-François Bouchard, B.Pharm, Ph.D. Professeur agrégé, Neuropharmacologie Pierre Forcier, O.D., M.Sc. Professeur agrégé, Santé oculaire Langis Michaud, O.D., M.Sc., FAAO (Dipl.) Co-Rédacteur, Optométrie – Conférences scientifiques Professeur agrégé, Lentilles cornéennes Judith Renaud, O.D., M.Sc. Professeure adjointe, Basse vision Paul Murphy, FCOptom, Ph.D., FAAO Professeur et Directeur Thomas F. Freddo, O.D., Ph.D., FAAO Professeur et Co-Rédacteur, Optométrie – Conférences scientifiques Auteures-collaboratrices enseignantes : Kathryn Dumbleton, PhD, MCOptom, FAAO Chef de la recherche clinique, Centre for Contact Lens Research Doerte Luensmann, PhD, Dipl Ing (AO), FAAO Scientifique clinicien, Centre for Contact Lens Research Université de Montréal École d’Optométrie 3744 Jean-Brillant, Montréal, QC H3T 1P1 University of Waterloo School of Optometry and Vision Science 200 University Avenue West, Waterloo, ON N2L 3G1 Le contenu rédactionnel d’Optométrie Conférences scientifiques est déterminé exclusivement par l’École d’Optométrie de l’Université de Montréal et par l’École d’Optométrie et des Sciences de la Vision de l’Université de Waterloo. Figure 1 : Infiltrats cornéens focaux Apparence clinique Lorsqu’on les observe au biomicroscope à lampe à fente, les infiltrats cornéens « stériles » ont l’apparence de petites opacités rondes blanc-gris floues, qui peuvent être focales (Figure 1) ou diffuses. Elles peuvent être situées juste sous l’épithélium ou dans le stroma antérieur. Ces régions d’opacité sont composées de cellules inflammatoires, en particulier de leucocytes polymorphonucléaires. La taille des infiltrats peut varier de < 0,5 mm à 1,5 mm de diamètre4. Les infiltrats peuvent être classés selon leur nombre, leur sévérité, leur taille et la région affectée3,19. Terminologie couramment utilisée La kératite infiltrative (KI) est un terme général utilisé pour décrire la présence d’infiltrats dans la cornée7,20-21. On pense que de nombreux cas de KI sont dus à la présence d’exotoxines Gram- positives situées sur le bord palpébral ou près de celuici21,22. Les symptômes associés à la KI incluent une irritation légère à modérée (souvent décrite comme une sensation de corps étranger), une légère rougeur, des larmoiements, une photophobie et occasionnellement un léger écoulement7,20,21. Cependant, dans de nombreux cas, les patients ne rapportent aucun symptôme associé. L’arrêt du port des lentilles de contact pendant quelques jours entraîne le plus souvent la disparition complète des signes et des symptômes. Bien que dans ces cas aucun traitement spécifique ne soit nécessaire, les lubrifiants oculaires peuvent soulager les symptômes et une corticothérapie topique peut accélérer leur résolution7,23. On utilise souvent le terme d’ulcère périphérique induit par lentilles de contact (UPLC) pour décrire une réponse inflammatoire qui prend la forme d’un petit infiltrat circulaire unique situé à la périphérie ou à la mi-périphérie de la cornée dans le stroma antérieur et est caractérisé par la coloration par la fluorescéine de l’épithélium qui le recouvre (Figure 2)20,24,25. Cette affection a été décrite comme étant une réaction d’hypersensibilité aux exotoxines (généralement gram-positives) libérées par des bactéries pathogènes26,27. L’UPLC peut causer une douleur légère à modérée (sensation de corps étranger), de légers larmoiements et une légère photophobie7,20,25. Après ces manifestations aiguës et symptômes associés, l’épithélium cornéen se régénère en quelques jours. Pendant cette période, une infiltration diffuse autour de la lésion peut se développer. Dans certains cas, il n’y a pas de manifestations aiguës et l’unique signe évocateur est une « cicatrice » circulaire bien Figure 2 : Ulcère périphérique associé au port de lentilles de contact entourant une infiltration diffuse définie qui s’estompe avec le temps. En raison des similitudes d’apparence avec la kératite microbienne, en particulier aux stades précoces de développement, le diagnostic différentiel entre les deux affections est extrêmement important7,9. Étant donné que les UPLC sont auto-résolutifs, aucun traitement spécifique n’est nécessaire pour leur résolution. Cependant, un traitement antimicrobien peut être instauré comme mesure de précaution dans les cas de kératite microbienne soupçonnée. À l’instar de la KI, des lubrifiants oculaires peuvent être utilisés pour soulager les symptômes et une corticothérapie topique peut également accélérer le processus de rétablissement7,23. La phlycténulose est une réponse inflammatoire associée à une hyperémie qui se présente sous la forme de nodules blancs et d’hyperémie associée dans la région limbique28. Cette affection est généralement auto-résolutive, mais dans les cas plus sévères, elle progresse pour atteindre la cornée périphérique et peut nécessiter un traitement par des stéroïdes topiques28. Le syndrome CLARE (contact lens acute red eye) est généralement une affection inflammatoire aiguë unilatérale qui est associée au port continu de lentilles de contact et qui survient, pense-t-on, en réponse à des organismes gramnégatifs (p. ex. espèces du genre Pseudomonas) qui colonisent la surface des lentilles de contact et libèrent des endotoxines22,29-31. On a rapporté que le syndrome CLARE est associé à des infections des voies respiratoires supérieures, qui peuvent être dues à la présence d’autres organismes gram-négatifs, incluant Haemophilus influenzae 31. Le syndrome CLARE survient généralement tôt le matin, après avoir dormi avec des lentilles de contact et est accompagné d’un œil rouge modérément douloureux (sensation de corps étranger), associé à un épiphora et à une photophobie (figure 3). L’inflammation se manifeste comme des infiltrats sous-épithéliaux focaux ou diffus qui sont généralement observés à la mi-périphérie de la cornée, près du limbe cornéen 20. Les infiltrats se colorent rarement par la fluorescéine et se résolvent rapidement. Étant donné que le syndrome CLARE est auto-résolutif lors de l’arrêt du port des lentilles de contact, sa prise en charge implique simplement l’arrêt temporaire du port des lentilles de contact et l’utilisation de lubrifiants oculaires pendant la phase aiguë. Facteurs de risque Historiquement, on a rapporté des taux d’incidence des infiltrats se situant entre 0 et 41 % pour les matériaux conventionnels en hydrogel. Une revue de la littérature par Szczotka- Figure 3 : Œil rouge aigu associé au port de lentilles de contact 4 fois plus élevé) a été rapportée chez des porteurs de lentilles en silicone hydrogel41,42, mais non chez de jeunes porteurs37. Événements inflammatoires antérieurs Des antécédents d’événements inflammatoires sont associés à un risque 4 à 7 fois plus élevé de développer des infiltrats cornéens chez les porteurs de lentilles en silicone hydrogel34. Dumbleton et ses collaborateurs43 ont rapporté que 25 % des personnes qui portaient leurs lentilles de contact en silicone hydrogel la nuit et ont développé des infiltrats ou un UPLC ont présenté des épisodes répétés. Inversement, Morgan et ses collaborateurs41 ont constaté que les patients qui présentaient antérieurement des complications oculaires étaient 1,8 fois moins susceptibles de développer des infiltrats cornéens. La raison n’a pas été clairement établie, mais pourrait être liée au fait que ces individus sont plus susceptibles de prendre davantage de précautions d’utilisation de leurs lentilles de contact. Flynn et Chalmers32 a montré que le taux d’incidence était environ 2 fois plus élevé avec les lentilles de contact en silicone hydrogel, les taux dans les cas de port quotidien étant de 2 à 3 % pour les infiltrats symptomatiques et de 7 à 20 % lorsque l’on inclut les événements asymptomatiques. Par comparaison, des taux d’incidence de 0 à 41 % ont été rapportés avec les lentilles hydrogel conventionnelles4. Les facteurs de risque de survenue d’infiltrats cornéens liés aux patients chez les porteurs de lentilles de contact, quel que soit le matériau des lentilles de contact utilisé, sont examinés ci-dessous. Âge On a rapporté que les jeunes porteurs de lentilles de contact (< 25 ans) et les porteurs plus âgés (> 50 ans) présentent un risque plus élevé de développer des infiltrats cornéens 33-36. Jusqu’à récemment, les risques chez les enfants et les adolescents n’ont pas été spécifiquement étudiés. Cependant, une revue rétrospective importante du dossier médical de plus de 3500 porteurs de lentilles de contact molles (en hydrogel ou en silicone hydrogel) âgés de 8 à 33 ans a révélé un risque maximal de survenue d’infiltrats dans le groupe d’âge de 15 à 25 ans, avec un plus faible risque chez les jeunes enfants37. Ce risque accru chez les adolescents peut être lié à des différences physiologiques et comportementales dans ce groupe démographique36,37. Sexe Dans certaines études, on a rapporté que les hommes présentent un risque plus élevé de développer des infiltrats. Morgan et ses collaborateurs38 ont rapporté un risque relatif de 1,3 à 1,4 chez des sujets de sexe masculin, ce qui est similaire au taux rapporté pour la kératite microbienne12,16,39. Cet écart peut être dû à la perception différente des risques pour la santé entre les hommes et les femmes ou possiblement à la différence au niveau de l’hygiène et de l’entretien des lentilles de contact. On a rapporté également que les hommes prenaient de plus grands risques 36. Il est intéressant de noter qu’une revue rétrospective de dossiers médicaux a révélé qu’il n’y avait aucune différence dans les taux entre les sexes dans une jeune population (8 à 15 ans)37. Tabagisme Le tabagisme est associé à un risque 2 fois plus élevé de développer des infiltrats cornéens chez les porteurs de lentilles en hydrogel19, et une augmentation similaire de ce risque (1,4 à Port diurne vs port continu La plupart des essais cliniques évaluant l’incidence des événements inflammatoires associés aux lentilles de contact en silicone hydrogel ont rapporté ceux-ci pour des lentilles à port continu8,35,41,44-49. Ces études rapportent des taux d’incidence de kératite stérile de 1,3 à 5,5 pour 100 patients-années pour les lentilles de contact conventionnelles en hydrogel et de 2,9 à 6,7 pour 100 patients-années pour les lentilles de contact en silicone hydrogel 50. Une méta-analyse réalisée par Szczotka-Flynn et Diaz 51 montre que le port prolongé (≤ 30 jours) de lentilles de contact en silicone hydrogel était associé à un taux d’événements inflammatoires cornéens près de 2 fois plus élevé que celui avec les lentilles conventionnelles en hydrogel portées pendant 7 jours (14,4 vs 7,7 pour 100 yeuxannées). Une étude prospective évaluant les infiltrats cornéens associés aux lentilles de contact en silicone hydrogel à port continu a montré une incidence cumulative à 1 an de 26,7 %42. Une analyse cas-témoins multicentrique du risque de développement d’infiltrats symptomatiques par Chalmers et ses collaborateurs52, incluant plus de 50 types de lentilles de contact différents et plus de 10 régimes d’entretien différents, a révélé que le risque associé à un port prolongé était 4,6 fois plus élevé que celui associé à un port journalier. Les taux d’incidence d’infiltrats cornéens chez les patients utilisant des lentilles de contact en silicone hydrogel à port journalier ne sont pas bien définis, car ces lentilles sont conçues pour un port continu, un usage qui a été étudié dans des études de pharmacovigilance post-marketing importantes 45,46. Le taux d’incidence à 1 an associé aux lentilles en silicone hydrogel à port journalier de 19,6 % identifié par Carnt et ses collaborateurs 53 est en contradiction avec les rapports d’événements indésirables peu nombreux ou absents dans d’autres études sur le port journalier48,54,55. Cette disparité est le plus probablement due aux différences dans le plan des études, en particulier le suivi plus fréquent des sujets dans l’étude de Carnt. Fréquence de remplacement La majorité des lentilles de contact molles contemporaines sont remplacées après 1 jour, 2 semaines ou 1 mois. Un remplacement plus fréquent est associé à des complications moins nombreuses chez les patients portant des lentilles en hydrogel56. Une étude rétrospective récente réalisée par Chalmers et ses collaborateurs52,57 a révélé que les porteurs de lentilles réutilisables présentent un risque 8 fois plus élevé de développer des infiltrats cornéens comparativement aux porteurs de lentilles journalières jetables. Paradoxalement, Dart et ses collaborateurs16 ont constaté que l’usage de lentilles en hydrogel journalières jetables conventionnelles augmente d’un facteur de 1,6 le risque de développer une kératite microbienne. Ils ont également noté les différences existant entre les types de lentilles journalières jetables et ont conclu que l’interaction entre les lentilles et la surface oculaire pourrait jouer un rôle plus important dans le développement d’une kératite microbienne que la perméabilité à l’oxygène des matériaux de fabrication des lentilles et la contamination des étuis de rangement. Les risques relatifs associés aux lentilles jetables journalières en silicone hydrogel sont inconnus, étant donné que ces lentilles n’étaient pas disponibles sur le marché lorsque les premières études ont été réalisées. Régimes d’entretien On a rapporté que les solutions multi-usage entraînent un risque significativement plus élevé de survenue d’infiltrats que les solutions désinfectantes au peroxyde d’hydrogène 37,53. Les suppositions et les discussions récentes parmi les professionnels de la vue sur le fait que certaines combinaisons de matériau de lentilles de contact et de solution d’entretien peuvent être plus susceptibles de causer des infiltrats cornéens sont principalement fondées sur les rapports d’une série de cas58-63. Celles-ci ont été appuyées par les résultats d’une étude récente par Carnt et ses collaborateurs53, qui ont examiné les taux d’incidence des événements inflammatoires cornéens avec 20 combinaisons de lentilles de contact en silicone hydrogel et solutions d’entretien. Ils ont rapporté des différences importantes entre les combinaisons et ont constaté des taux d’incidence d’événements inflammatoires cornéens significativement moins élevés avec les solutions à base de peroxyde d’hydrogène. Cependant, une analyse rétrospective récente de 166 cas d’infiltrats cornéens chez de jeunes porteurs de lentilles de contact (< 34 ans) a montré qu’il n’y avait pas d’association entre la survenue d’infiltrats et une combinaison spécifique de matériau de lentilles de contact et de solution d’entretien57, mais une étude de cas réalisée par Sacco63 a montré que les infiltrats survenus avec 3 lentilles en silicone hydrogel différentes n’ont pas récidivé lorsque les solutions multi-usage ont été remplacées par des solutions à base de peroxyde d’hydrogène. Observance L’inobservance chez les porteurs de lentilles de contact demeure un problème important, malgré de nombreuses améliorations récentes dans les matériaux de lentilles et les régimes d’entretien. Une étude récente menée aux ÉtatsUnis a rapporté que seulement 32 % des patients suivent correctement les instructions de port et d’entretien64. Hygiène et désinfection Le non-respect du lavage des mains avant de manipuler des lentilles de contact entraîne un risque 1,5 fois plus élevé de développer une kératite microbienne16 et un risque 2 fois plus élevé de développer une kératite stérile50. De plus, de nombreux porteurs de lentilles de contact n’utilisent pas leurs produits d’entretien tel que recommandé. On a rapporté que 40 à 75 % des porteurs oublient régulièrement de frotter et de rincer leurs lentilles de contact65-67, bien que l’on ait démontré que ces mesures réduisent le risque de kératite microbienne lorsqu’on utilise des produits d’entretien multi-usage68 et peuvent être bénéfiques pour éviter la survenue d’infiltrats cornéens67. La désinfection des lentilles de contact peut être incomplète lorsque les patients complètent la solution restante avec une solution neuve plutôt que de la remplacer complètement par une solution neuve. Cette pratique a contribué à générer les épidémies récentes de kératite à Fusarium et de kératite à Acanthammoeba69,70. Remplacement des lentilles de contact L’aspect de l’inobservance le plus fréquemment rapporté par les porteurs de lentilles de contact est le nonremplacement des lentilles selon le délai prescrit 71-75. Deux études récentes ont montré que le non-remplacement des lentilles de contact en temps opportun est associé à un risque global plus élevé de complications liées au port des lentilles75,76. Nettoyage et remplacement de l’étui des lentilles de contact Pour nettoyer les lentilles de contact de façon appropriée, il est nécessaire de frotter et de rincer quotidiennement l’étui avec une solution multi-usage, de l’essuyer avec un mouchoir en papier et de le sécher à l’air chaud. Une mauvaise hygiène de l’étui entraîne un risque 6,4 fois plus élevé de développer une kératite microbienne17,77, et un lien entre un nettoyage inadéquat de l’étui et la survenue d’infiltrats « stériles » a été rapporté78. Le remplacement peu fréquent de l’étui est un autre problème courant, et Stapleton et ses collaborateurs 77 ont constaté que cela augmentait de 5,4 fois le risque de kératite microbienne. La fréquence de remplacement recommandée varie de tous les mois à tous les 6 mois. On ne sait pas si les patients qui rangent leurs lentilles dans un ancien étui présentent également un risque plus élevé de développer des infiltrats cornéens, en particulier du fait que des études ont confirmé qu’un biofilm s’accumule avec le temps dans les étuis de lentilles de contact79,80. Les patients qui ont présenté antérieurement des complications liées au port des lentilles de contact ont été ultérieurement 3,4 fois plus respectueux de la fréquence de remplacement de l’étui que ceux qui n’avaient jamais eu de problèmes oculaires64. Conclusion Bien que les infiltrats cornéens ne menacent pas la vue contrairement aux infiltrats associés à la kératite microbienne, ils affectent la santé oculaire et le bien-être des patients ainsi que le temps consacré par les professionnels de la vue à l’évaluation, la prise en charge et le counseling. Les professionnels de la vue doivent connaître les divers facteurs responsables de la survenue d’infiltrats cornéens liés aux patients, afin de choisir le type de lentilles de contact approprié chez les porteurs prospectifs. Les facteurs sur lesquels les professionnels de la vue ont plus de contrôle incluent le calendrier de port, la fréquence de remplacement et le système d’entretien recommandés pour tous les porteurs de lentilles de contact. Malgré une sélection prudente des produits et les instructions données aux patients, l’observance demeure un facteur important dans le risque de survenue d’infiltrats. Par conséquent, des conseils prudents et des instructions relatifs à tous les aspects du port des lentilles de contact sont essentiels pour réduire le risque de toutes les complications associées au port des lentilles. La Dre Dumbleton est chef de la recherche clinique au Centre pour la recherche sur les lentilles de contact à l’Université de Waterloo, Waterloo, Ontario et présidente de l’American Optometric Foundation. La Dre Luensmann est une scientifique clinicienne au Centre pour la recherche sur les lentilles de contact à l’Université de Waterloo, Waterloo, Ontario. Références: 1. 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Un partenariat pour l’excellence dans la formation continue en optométrie La publication d’Optométrie – Conférences scientifiques est rendue possible grâce au parrainage indépendant d’Alcon Canada et Novartis Pharmaceuticals Canada Inc. © 2013 L’École d’Optométrie, Université de Montréal, et l’École d’Optométrie et des Sciences de la Vision, Université de Waterloo, seuls responsables du contenu de cette publication. Les opinions exprimées dans cette publication ne reflètent pas nécessairement celles de l’éditeur ou du commanditaire, mais sont celles de l’auteur qui se fonde sur la documentation scientifique existante. Édition : SNELL Communication Médicale Inc. avec la collaboration de l’École d’Optométrie, Université de Montréal, et l’École d’Optométrie et des Sciences de la Vision, Université de Waterloo. Tous droits réservés. L’administration d’un traitement thérapeutique décrit ou mentionné dans Optométrie – Conférences scientifiques doit toujours être conforme aux renseignements d’ordonnance au Canada. SNELL 149-005F