Parures - Musée Dapper

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Parures - Musée Dapper
Parures de tête
MUSÉE DAPPER
Parures
de tête
25 septembre 2003 - 11 juillet 2004
Commissaires de l’exposition :
Christiane Falgayrettes-Leveau et Iris Hahner
Inauguration pour la presse :
le mercredi 24 septembre 2003 de 11 h à 13 h
MUSÉE DAPPER
35, rue Paul Valéry
F-75116 Paris
Communication : Isabelle Galloni d’Istria
2a
Contacts presse :
Brigitte Daubert, tél. : 33 (0)1 45 02 16 02
Aurélie Hérault, tél. : 33 (0)1 45 00 07 48
Fax : 33 (0)1 45 00 27 16
E-mail : [email protected]
Site : http://www.dapper.com.fr
Adresse administrative :
50, avenue Victor Hugo
F-75116 Paris
2b
Tous les visuels du dossier de presse sont disponibles
sous format numérique et quelques-uns en diapositives.
En couverture :
1. DAN
CÔTE D’IVOIRE
Cuillère (fragment)
Bois et pigments
2
H. : 23 cm
Musée Dapper, Paris
Inv. n° 1748
© Musée Dapper photo Hughes Dubois.
2 a et b. HUNGANA
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE
DU CONGO
Statuette
Bois, métal, fibres et pigments
H. : 32 cm
Musée Dapper, Paris
Inv. n° 0006
© Musée Dapper photo Hughes Dubois.
La tête se doit d’être parée
La tête se doit d’être parée avec emphase pour signifier le prestige, la dimension sacrée, de celui qui se trouve
au cœur de l’univers, car son image révèle un être d’exception. Le pharaon apparaît et sa présence est associée à
celle du dieu solaire.
Couronne lourde, symbole de la toute puissance du
pharaon sur la Haute et la Basse Égypte, ornement frontal
développant les lignes acérées d’un vautour, perruque
crantée, imposante, sont autant de parures qui désignent,
entre autres, les pouvoirs politique et spirituel.
Le traitement subtil d’une statuette en bois souligne
tout à la fois les courbes graciles du corps d’une jeune
nubienne (fig. 3 a et b) et sa longue chevelure frisée harmonieusement déployée sur les épaules et sur la nuque.
En Afrique subsaharienne
s’est imposée parfois, lors d’importantes cérémonies rituelles,
l’obligation de ne pas dévoiler
le visage du roi en public.
Ainsi, chez les Yoruba (Nigeria)
la tête de l’oba se dissimule
sous une «couronne» conique
faite de perles (fig. 4), cellesci étant signes de pouvoirs
exceptionnels. Sa tête, et donc
tout ce qui la touche, est au
centre de rituels extrêmement
complexes qui relient les humains à un vaste panthéon de
divinités.
Substitut du visage, le masque, est lui aussi un accessoire
essentiel de la vie rituelle, et
les sculpteurs se plaisent à le
doter de coiffures élaborées.
4
Un lien étroit entre la sculpture et la coiffure
3a
3b
3 a et b. ÉGYPTE
NOUVEL EMPIRE
Jeune servante nubienne
Statuette
Bois
H. : 12,8 cm
Ancienne collection Bey Rousset
Inv. n° E5350
© Archives Musée Dapper
et photo Hughes Dubois
4. YORUBA – IJEBU
NIGERIA
«Couronne»
Vannerie, fibres et perles
H. : 45 cm
Staatliches Museum
für Völkerkunde, München
Inv. n° 67-9-1
© Staatliches Museum für
Völkerkunde, München photo S. Autrum-Mulzer.
De tous temps, en Afrique, les rois, les chefs et les
membres de la cour se sont distingués par la particularité
et la profusion de leurs parures ostentatoires. Les
sculpteurs ont reproduit avec plus ou moins de liberté des
modèles de coiffure propres aux souverains, à leur famille
et aux notables. Statues commémoratives, insignes de
dignité ou objets cultuels comme les cuillères dan (en
couverture), il est rarement de figuration anthropomorphe
sans représentation de coiffure.
La créativité capillaire est étonnante dans le Bassin
du Congo où l’ornementation de la tête semble être une
préoccupation constante de la vie quotidienne. Dans cette
aire culturelle, les coiffures varient à l’infini, et il serait
vain d’espérer dresser un inventaire exhaustif : les modes
évoluent, diffèrent, même à l’intérieur d’un groupe.
Toutefois, les statuettes, témoins privilégiés d’un art en perpétuel renouvellement, montrent combien les spécificités
3
En Afrique, la mise en forme de la chevelure nécessite
des heures, voire des journées de patience. Sous des mains
expertes, tresses, torsades, chignons s’agrémentent de
fibres et se rehaussent fréquemment de cauris, de perles,
de fils ou d’éléments en or, en argent, en bronze ou en
ivoire. Parfois l’adjonction de cheveux postiches prend
une telle importance que la tête semble devoir tenir parfaitement l’équilibre.
Emprisonnée dans des bandes de tissu, et rendue
rigide par le kaolin ou par la terre ocre-rouge ou brune qui
la recouvre, la chevelure, en certaines occasions, peut
prendre l’apparence d’une gangue. Parfois, elle se
dissimule plus ou moins sous une coiffe, constituée d’une
partie fixe en vannerie ou en fibres, sur laquelle viennent
se fixer les matériaux les plus divers dont l’homme
s’approprie les qualités : poils, plumes, cauris, peaux de
lion, de léopard (fig. 7).
5 a et b
des modèles de coiffure ont été rendues souvent avec talent
par les sculpteurs, comme sur les œuvres hungana (fig. 2 a
et b) ou hemba (fig. 5 a et b).
Tant de formes s’offrent au regard des sculpteurs, mais
leurs yeux savent déceler dans les labyrinthes des chignons,
dans le décroché des tresses, ou dans les lignes noires,
blanches ou ocres dessinées sur un crâne mis à nu, les joies
des uns et les peurs des autres. Marginaux sont ceux, hommes ou femmes, qui semblent être indifférents à leurs
cheveux, les laissant à l’état naturel. Chaque être
entretient une relation intime, forte avec sa chevelure : elle
révèle son statut social, son rôle politique ou spirituel, et
enfin son âge et sa situation matrimoniale.
Une relation intime
Dès la naissance, la tête considérée dans nombre de
sociétés africaines, comme l’un des principaux centres
vitaux, est l’objet de toutes les attentions. Composante
essentielle de la parure, au même titre que les bijoux, la
peinture corporelle et les scarifications, la coiffure
constitue un élément essentiel, indice de l’identité.
En effet, les styles de coiffure soumis aux modes sont
adoptés par des groupes, empruntés par de proches voisins
et se diversifient au fil des ans et au gré des contacts. L’un
des modèles qui ont le plus stimulé la créativité capillaire
est, sans aucun doute, la haute coiffure des Peul avec une
crête dressée sur le sommet de la tête, comme sur le
masque d’épaule baga (fig. 6).
4
6
7
8
5 a et b. HEMBA
RÉGION DE MBULULA
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Statue
Bois et pigments
H. : 77 cm
Collection particulière
© Archives Musée Dapper et photo Hughes Dubois.
6. BAGA
GUINÉE
Masque d’épaule
Bois et pigments
H. : 100 cm
Collection particulière
© Archives Musée Dapper et photo Hughes Dubois.
7. LEGA
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Coiffe
Fibres, poils, coquillage et boutons
H. : 37 cm
Musée Dapper, Paris
Inv. n° 2300
© Musée Dapper – photo Hughes Dubois.
8. PUNU
GABON
Masque
Bois et pigments
H. : 30 cm
Musée Dapper, Paris
Inv. n° 0959
© Musée Dapper – photo Hughes Dubois.
Les artistes se sont attachés à rendre les moindres
détails de parures fort originales, à sublimer leur élégance,
la générosité des volumes des chignons gonflés sur le haut
de la tête et flanqués de tresses latérales comme on peut le
voir par exemple sur les masques punu (fig. 8). Ces œuvres
naturalistes séduisent par le raffinement des traits du
visage aux yeux mi-clos et à la bouche parfaitement
dessinée.
Les coiffures à coques qui caractérisent les masques
du bassin de l’Ogooué témoignent de l’engouement pour
les modes capillaires adoptées par les élégantes. Dans
cette région, les types de coiffures sont innombrables et ils
jouent fréquemment sur la démesure comme l’illustrent si
bien les figurines lumbo (fig. 9).
Les accessoires et les appuie-tête
Complices des doigts habiles sous lesquels naissent
des compositions capillaires extraordinaires, les accessoires décorent plus qu’ils ne maintiennent la chevelure.
Les épingles en os, en ivoire, les peignes en bois,
parfois recouverts d’or, se transforment en véritables
bijoux pour cheveux (fig. 10). Ainsi, se déclinent le prestige et la richesse à travers les matières utilisées et la
symbolique des motifs. Il est donc nécessaire pour ceux et
celles qui doivent afficher leur puissance de refaire et de
« rafraîchir » régulièrement l’architecture de leur coiffure.
5
9
10
9. LUMBO
GABON
Statuette
Bois et pigments
H. : 12 cm
Collection particulière
© Archives Musée Dapper
et photo Hughes Dubois.
10. ASANTE
GHANA
Peigne
Corne et feuille d’or
H. : 10,3 cm
Musée Dapper, Paris
Inv. n° 8224
© Musée Dapper – photo Hughes Dubois.
Mais comment éviter que le moment du repos venu,
les mouvements incontrôlés du sommeil ne perturbent
l’ordre compliqué de la coiffure ? Sculpté dans un bois
léger, l’appuie-tête est un accessoire essentiel, conçu pour
s’adapter à l’espace de la quotidienneté, aisément
transportable.
Pour certaines pièces, la rigueur de la stylisation est à
peine troublée par la présence d’inserts en métal. En
revanche, les appuie-tête shona (Zimbabwe) sont
abondamment décorés. Sculptures à part entière, certains
appuie-tête possèdent des qualités plastiques soutenues
par un haut degré de stylisation, comme pour mieux
affirmer une forme, essentielle, celle de l’homme, telle
qu’elle est transposée dans la conception de l’œuvre que
le musée Dapper a choisi comme figure emblématique
(fig. 11).
La fonction divinatoire des appuie-tête a produit des
pièces exceptionnelles, notamment chez les Luba
(République démocratique du Congo) où les formes sont
parmi les plus riches. Esthétique et fonctionnalité trouvent
dans ces œuvres leur point d’équilibre.
6
11
11. TÉKÉ / MFINU
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Appuie-tête
Bois et pigments
H.A. : 13 cm
Musée Dapper, Paris
Inv. n° 0926
© Musée Dapper – photo Hughes Dubois.
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13
12. INGRID MWANGI
Neger, Don’t call me, 2000. Vidéo (séquence)
© Robert Hutter et Ingrid Mwangi.
La chevelure en pleine liberté
Étroitement lié à la vie spirituelle, le traitement de la
chevelure prend en compte les situations particulières qui
renvoient à l’obligation pour certaines catégories
d’individus de se raser les cheveux. Traditionnellement,
dans des périodes de désordre ou de danger, les cheveux
doivent disparaître, notamment lors des rites funéraires. Il
est également des circonstances où il est formellement
interdit de toucher aux cheveux, comme pour les femmes
entrant dans une longue période de veuvage. Cela
s’applique à d’autres personnes, appelées malgré elles au
service d’une divinité. Elles vivent une mise à l’écart
périodique, au rythme des rituels, qui peut durer plusieurs
mois, voire des années.
C’est dans l’héritage légué par leurs ancêtres que des
individus de plus en plus nombreux ont choisi de puiser la
force d’affirmer, au sein de la société américaine
bouleversée par les conflits raciaux durant la fin des
années soixante, une image qui puisse leur convenir
pleinement.
Oser reconnaître et vivre avec ses origines africaines
signifie, pour certains, renouer avec le naturel. Dès lors, la
chevelure devient l’un des signes extérieurs les plus
importants pour dire son identité et revendiquer l’égalité
des droits civiques. Dans ce contexte s’affiche la présence
du Noir, exhibant fièrement un casque de cheveux crépus,
la fameuse coiffure dite «afro» popularisée par les leaders
des Blacks Panthers, dont la belle Angela Davis en fut le
porte-parole le plus célèbre.
13. INGRID MWANGI
Your Own Soul, 2002. Installation (détail)
© Robert Hutter et Ingrid Mwangi.
Près de dix-huit ans plus tard le message d’une autre
figure plus charismatique encore a séduit, dans les années
1980, filles et garçons du monde entier. La voix de Bob
Marley, soutenue par la musique reggae et par l’idéologie
rastafari, leur a proposé une nouvelle lecture de l’histoire
du peuple africain et de ses descendants. Le désir de vivre
conformément à cette vision du monde s’accompagne de
codes alimentaires et vestimentaires dont le port des
dreadlocks, devenu aujourd’hui un phénomène de mode.
Crânes rasés, chevelure non affectée dans sa texture,
parfois dissimulée sous de hauts turbans, tresses ou
assemblages d’éléments postiches dans lesquels se
perdent des perles multicolores, aujourd’hui des femmes
et des hommes apparentés ou non à l’Afrique - ces modes
ont séduit des Occidentaux et commencent à toucher
l’Asie - vivent leur rapport avec leurs cheveux en pleine
fantaisie et en pleine liberté. Demeure néanmoins le désir
de façonner, coûte que coûte, la chevelure et donc
l’apparence, pour atteindre un idéal.
Mais, de nos jours, l’image de soi n’est pas une. Elle
se démultiplie au gré de son propre regard et de celui des
autres. Chaque jour s’intensifie la volonté certaine de vivre
sa différence.
Interroger son corps, focaliser un temps sur sa chevelure, là où s’inscrit l’identité : c’est une expérience particulière mise en images (fig. 12 et 13) par l’artiste Ingrid
Mwangi, dont les moyens d’expression privilégiés, la vidéo
et les installations, déjouent les pièges de l’apparence.
Christiane Falgayrettes-Leveau
7
Parures de tête
L’exposition
Exposition
Une centaine d’œuvres provenant de :
25 septembre 2003 - 11 juillet 2004
Musée du Louvre, Paris
Staatliches Museum für Völkerkunde, Munich
Etnografisch Museum, Anvers
Museum Rietberg, Zurich
Musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren
Musée Dapper
Collections particulières.
Le livre, bilingue français-anglais
Ouverture du mercredi au dimanche de 11h à 19 h
Tarif : 5
Demi-tarif (étudiants, carte Vermeil,
demandeurs d’emploi)
Entrée libre pour les membres de l’association
«Les Amis du musée Dapper», les visiteurs
de moins de 16 ans, et le dernier mercredi du mois.
Sous la direction de Christiane Falgayrettes-Leveau
et de Iris Hahner
Parures de tête / Christiane Falgayrettes-Leveau
Quelques réflexions sur les parures de tête
chez les anciens Égyptiens./ Jean Yoyotte
Le langage des coiffures / Iris Hahner
Têtes glorifiées : coiffures chez les Yoruba /
Henry J. Drewal
Visites guidées
Un lundi par mois et sur demande
pour les groupes adultes et jeune public.
Spectacles, musique danse et contes
Se coiffer en Côte d’Ivoire / Timothy F. Garrard
La femme à tête rasée chez les Lobi
du Burkina Faso / Daniela Bognolo
L’ornementation de la tête chez les Fang /
Tarif réduit : pour les membres de l’association
«Les Amis du musée Dapper»
Jean-Paul Notué
Cours de danse
Parures de tête du Grassland / Jean-Paul Notué
Les parures de tête du bassin du Congo /
Catherine Vanderhaeghe
Le cheveu, signe d’identité culturelle /Kangni Alem
L’Art porteur de messages / Horst Gerhard Habert
Mes cheveux / Ingrid Mwangi
Format : 24 x 32 cm ; environ 320 pages
Nombreuses illustrations couleurs et noir et blanc
Relié sous jacquette
Prix de vente public : 45
ISBN 2-906067-94-6 (édition reliée)
ISBN 2-906067-95-4 (édition brochée)
Diffusion France, à l’exception des Dom-Tom : Vilo
Belgique : Nouvelle Diffusion
Suisse : Office du livre de Fribourg
Canada : Edipresse
Afrique : Servedit
Autres pays : Éditions Dapper.
Informations disponibles sur le site et au 01 45 02 16 02.
Irène Tassembedo
Informations au 01 45 00 01 50.
La librairie
Ouverture du mercredi au dimanche
de 11h à 19h. Tél. : 01 45 00 91 74.
TOUTE L’ACTUALITÉ DU MUSÉE DAPPER
Sur le site : http://www.dapper.com.fr
Avec le parrainage de

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