Chlorure de vinyle - Cancer Environnement

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Chlorure de vinyle
Messages clés
Le chlorure de vinyle est un composé chimique de synthèse utilisé dans la fabrication de
plastique (PVC). Souvent employé sous forme liquide, il se présente aussi sous forme de gaz
inodore et incolore. Le chlorure de vinyle est classé cancérogène avéré par le CIRC (groupe 1) pour l’angiosarcome
hépatique et le carcinome hépatocellulaire, deux formes de cancers du foie.
Le tableau 52 du régime général reconnaît l’angiosarcome hépatique comme maladie
professionnelle pour les travailleurs ayant été exposés au chlorure de vinyle (travailleurs dans les
ateliers de polymérisation). L’exposition au chlorure de vinyle peut être environnementale (rejets industriels ou de la fumée
de tabac) ou professionnelle (fabrication ou utilisation du chlorure de vinyle). La principale voie
d’exposition est la voie respiratoire. Les eaux de distribution sont également suspectées d’être
une source importante d’exposition. En France, l’emploi du chlorure de vinyle comme agent propulseur d’aérosols et des aérosols en
contenant (médicaments, cosmétiques) est interdit depuis 1976. Les entreprises ont des
obligations d’épuration des rejets atmosphériques et liquides, ainsi que des obligations
touchant aux déchets (récipients spéciaux, modes d’élimination). La valeur limite d’exposition professionnelle au chlorure de vinyle dans l’air des locaux de
travail est de 1 ppm pour 8 heures.
Le chlorure de vinyle: introduction
Chlorure de vinyle et cancer
La fabrication ancienne et importante du PVC
Expositions environnementales et professionnelles
Cancers professionnels
Les actions de prévention et de recherche environnementale et sanitaire
Evolutions récentes
Le chlorure de vinyle: introduction
Le chlorure de vinyle est un composé chimique de synthèse qu’on utilise essentiellement pour fabriquer un
plastique, le polychlorure de vinyle ou PVC, ce sigle venant de l’appellation anglaise Poly Vinyl Chloride. Il a
également été abondamment utilisé comme gaz propulseur jusqu’aux années 70 : bombes insecticides,
laques en coiffure, bombes de peinture, aérosols de médicaments etc.
On appelle aussi le chlorure de vinyle : chloroéthylène, chloroéthène et chlorure de vinyle monomère (CVM),
le terme de monomère désignant un matériau formé à partir d’une seule molécule chimique : cette appellation
permet de le différentier de son polymère le PVC. Il est habituellement employé sous forme liquide mais il se
présente sous forme de gaz lorsqu’il se trouve dans des conditions ordinaires de température et de pression,
c’est­à­dire qu’il est extrêmement volatile. Ce gaz est incolore et inodore s’il est peu concentré dans l’air. Il a
une odeur qui rappelle celle de l’éther. Ses risques élevés d’incendie ou d’explosion imposent des précautions
de stockage ou de transport. Le chlorure de vinyle n’existe pas dans la nature, il est toujours fabriqué par
l’homme.
Chlorure de vinyle et cancer
Le CIRC a classé le chlorure de vinyle cancérogène avéré en 1987 (groupe 1). C’est un facteur de risque de
deux formes de cancer du foie : l’angiosarcome hépatique, forme particulière de cancer du foie et le
carcinome hépatocellulaire (CIRC, 2008), cancer primitif du foie le plus fréquent. L’Union européenne le classe
également parmi les cancérogènes avérés (catégorie 1A).
A l’origine l’effet cancérigène du CVM a été mis en évidence chez des travailleurs fortement exposés par voie
respiratoire dans l’industrie du PVC. Un nombre anormalement élevé d’angiosarcomes du foie, cancer
extrêmement rare, a en effet été observé dans cette catégorie de travailleurs. Jusqu’à présent les
angiosarcomes associés à l’exposition au CVM correspondent à des expositions essentiellement respiratoires à
fortes doses en milieu professionnel (industrie du PVC et coiffeurs).
Toutefois en expérimentation animale, on a également établi la cancérogénicité du CVM par voie orale et
cutanée.
La fabrication ancienne et importante du PVC
La production industrielle du PVC remonte au début des années 1930. C’est l’une des matières plastiques les
plus employées dans le monde actuellement.
Le PVC est un plastique rigide, transparent, résistant aux chocs et aux acides. Ces qualités et la possibilité de
le modifier selon les besoins en font un matériau adapté à de multiples usages. Il est répandu dans tous les
secteurs économiques : le bâtiment (1er secteur) et l’électricité (gaines de cables électriques, tuyaux de gaz,
fenêtres, gouttières extérieures…), les matériels domestiques et électroniques (cafetières, éléments
d’ordinateurs…), les emballages (sacs de caisse…), les transports (sièges des voyageurs…). Le PVC est aussi
utilisé pour faire des conduites d’alimentation d’eau ou dans la fabrication des bouteilles ou des films à usage
alimentaire ou médical (poches à sang par exemple). Selon l’usage prévu du PVC, les additifs s’ajoutant aux
composants de base (dont le chlorure de vinyle) varient. Des bouteilles d’eau, d’huile, de vin ou de vinaigre,
qui n’exigent pas la même perméabilité du PVC, ne seront ainsi pas fabriquées avec les mêmes additifs.
Le PVC peut ensuite être utilisé pour confectionner d’autres matériaux tels que le latex ou des résines.
Expositions environnementales et
professionnelles
Les sources d’exposition potentielles au chlorure de vinyle sont environnementales et professionnelles.
Les situations de travail se rapportent à son utilisation pour fabriquer le PVC et des copolymères (matériaux
issus de plusieurs molécules chimiques synthétisées) et pour réaliser divers produits chimiques (synthèse
organique). L’exposition éventuelle concerne également les travailleurs qui produisent le chlorure de vinyle lui­
même, celui­ci étant obtenu à partir d’éthylène (dit aussi éthène) et de chlorure ou gaz chlorhydrique,
substances inclassables quant à leur cancérogénicité (groupe 3 du CIRC).
Comme la principale voie d’exposition documentée chez l’homme est la voie respiratoire et que le CVM est
très volatile, d’autres professionnels potentiellement exposés au CVM, lorsqu’il était utilisé en aérosol, sont les
coiffeurs (récemment deux cas ont été documentés après exposition répétée en milieu confiné à des aérosols
de laques), et potentiellement les peintres, voire d’autres professions.
Les voies d’exposition environnementales sont les mêmes, les sources étant variées. Elles proviennent des
rejets industriels, elles peuvent se former « accidentellement ».
S’agissant des rejets industriels, l’INERIS estime que les rejets atmosphériques se dégradent rapidement, mais
les avis différent toutefois sur ce sujet. Le 2ème Plan national santé environnement (PNSE 2) mentionne une
réduction des émissions atmosphériques industrielles de différentes substances, dont le chlorure de vinyle,
entre 50 et 85 % dans la période 2004­2008. Les eaux souterraines représentent un autre domaine critique
en la matière, le chlorure de vinyle qui ne s’y volatilise pas, pouvant y rester des mois, voire des années
(INERIS, 2006).
Le chlorure de vinyle se forme aussi lors de la dégradation de certains solvants (trichloroéthylène,
perchloroéthylène) qui se déroule en milieu anaérobie (sans oxygène), telles que des décharges ou des
nappes d’eau souterraines. Il se développe également dans la fumée des cigarettes et cigare.
Récemment, l’InVS a fait état dans une note de position, de préoccupations concernant les teneurs en CVM
de l’eau de distribution. Des teneurs dépassant la limite de qualité de 0,5µg/l ont été mesurées dans un
certain nombre de réseaux. L’origine de cette contamination pourrait être un relargage de CVM provenant de
canalisations en PVC posées avant 1980, date à partir de laquelle la composition en PVC des conduits a été
réglementée. En 2005, l’AFSSA a évalué la concentration en chlorure de vinyle dans l’eau de boisson associée
à un excès de risque d’angiosarcome hépatique. L’ingestion pendant la vie entière d’une eau dont la
concentration en chlorure de vinyle est égale à 0,5 microgramme par litre (µg/L) signifie que 4,4 cancers
supplémentaires surviendraient dans une population de 100 000 personnes exposées, un tel excès de risque
étant considéré comme préoccupant en gestion des risques. Cette valeur prend en compte la susceptibilité
plus élevée de l’enfant (InVS, 2010).
L’InVS émet l’hypothèse selon laquelle « l’exposition actuelle principale pourrait être la présence de ce
composé dans l’eau des réseaux de distribution d’eau potable ». L’Institut précise que « la population
alimentée par les conduites susceptibles de relarguer du CVM est estimée à moins de 600 000 habitants, à
partir des données actuelles » (Note de position sur le CVM et les cancers hépatiques et annexe, 2010).
Cancers professionnels
L’angiosarcome hépatique est l’une des affections que le tableau 52 du Régime général de Sécurité sociale
reconnaît comme maladie professionnelle si le travailleur a été exposé au moins six mois au chlorure de vinyle
dans des travaux professionnels tels que ceux des ateliers de polymérisation (processus de solidification des
plastiques en fabrication). Le délai de prise en charge est de 30 ans. Ce tableau, mis à jour en 1991, prend en
compte avec le même délai, certaines formes d’hypertension de la veine porte (apportant au foie le sang issu
de la digestion) et deux autres pathologies selon des délais de 3 et 5 ans.
De 2001 à 2008, 6 cas d’angiosarcomes et 5 cas d’autres pathologies ont été reconnus maladies
professionnelles due au chlorure de vinyle, en France (EUROGIP, 2010). L’exposition professionnelle au
chlorure de vinyle aurait cependant quasiment disparu en France depuis les années 1970, du fait
de la mise en place d’une réglementation (InVS, 2010).
La valeur limite d’exposition professionnelle au chlorure de vinyle, dans l’air des locaux de travail, est
contraignante en France. Elle est de 1 ppm (partie par million) pour 8 heures, soit 2,59 mg/m3 (art. R 231­58
du code du travail). On recommande la réalisation d’un contrôle technique annuel, au minimum, pour vérifier
le respect de la valeur. L’Union européenne prévoit, quant à elle, une limite de 3 ppm.
Un décret du 1er février 2001, sur la prévention des risques liés aux agents cancérogènes, mutagènes et
toxiques pour la reproduction (CMR), interdit les travaux relatifs au CVM aux Jeunes de moins de 18 ans
(décret 2001­97). Ceux de polymérisation l’étaient déjà depuis 1990 pour les salariés sous contrat à durée
déterminée et pour ceux des entreprises de travail temporaire (INRS, 2007). Au plan médical, on évite
d’exposer des personnes ayant déjà certaines affections (hépatiques, hématologiques…), un bilan médical
précédant l’exposition, qui sert ensuite de référence, pouvant être pratiqué. Après l’admission du salarié au
poste de travail, des examens cliniques systématiques ont lieu à minima chaque année ainsi que des examens
complémentaires déterminés selon le niveau d’exposition.
L’employeur est tenu de prendre des mesures adaptées concernant le stockage et la manipulation. Il lui est
recommandé d’effectuer en circuit fermé pour toute opération industrielle qui s’y prête (fabrication,
polymérisation…), de prévoir une aspiration des émissions à la source, une ventilation, des appareils de
protection respiratoire etc.
Dans une analyse parue en 2007, l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (OSHA) examine
l’incidence du cancer professionnel chez les femmes en Europe. Elle mentionne qu’on observe plus de
leucémies chez les femmes exposées au chlorure de vinyle ainsi qu’au benzène, aux produits anticancéreux
et aux rayonnements.
Les actions de prévention et de recherche
environnementale et sanitaire
Dans le Livre vert sur les problèmes environnementaux du PVC adopté par la Commission européenne en
2000, sont abordées les questions qui touchent à la gestion des déchets et à l’emploi de certains additifs du
PVC, notamment le plomb, le cadmium et les phtalates (INERIS, 2003).
En France, l’emploi du chlorure de vinyle comme agent propulseur d’aérosols (pesticides…) et des aérosols en
contenant pour des médicaments ou cosmétiques sont interdits depuis 1976. La vente du chlorure de vinyle
en tant que tel est interdite au grand public depuis 1997. A l’obligation de l’épuration des rejets
atmosphériques et liquides, s’ajoutent, pour les entreprises, des obligations touchant aux déchets : récipients
spéciaux, modes d’élimination.
Evolutions récentes
S’agissant de l’eau de consommation, l’InVS fait, en 2010, le bilan des actions conduites par l’Afssa, les
Agences régionales de santé (ARS), lui­même et le Ministère de la santé et estime que le ministère a bien
intégré le chlorure de vinyle dans les paramètres des contrôles règlementaires fixés en 2007 (arrêté du 11
janvier). Des mesures de gestion sont en place : purges du réseau, remplacement de conduites en cas de
dépassement de la limite de qualité. L’Afssa va procéder à des campagnes d’échantillonnage d’eaux sur des
sites­pilotes à risque déterminés par les ARS, tenant compte des critères caractérisant la migration du CVM
des canalisations vers l’eau à son contact. Les données devraient permettre d’avancer dans la
compréhension de ces phénomènes de migration et de préciser l’exposition actuelle et passée des usagers.
De son côté, l’InVS met en place une surveillance épidémiologique des angiosarcomes hépatiques.
Le PNSE 1 prévoyait la réduction des émissions de substances toxiques d’origine industrielle, dont le chlorure
de vinyle. En 2009, le PNSE 2 a étendu cette action à l’ensemble des émetteurs ainsi qu’aux rejets liquides.
Le Ministère de la santé a aussi créé le groupe de travail « chlorure de vinyle dans l’eau destiné à la
consommation humaine » destiné à permettre la mise en commun d’expériences et d’informations. L’InVS,
l’Anses, les ARS et des exploitants d’eau et les industriels de la plasturgie en font partie. Toutes les agences
sanitaires contribuent de façon concertée à des actions de prévention et de recherche sur cette thématique,
des actions et une coordination dont l’InVS fait un bilan en 2010.
Sources rédactionnelles : Anses, ARS, CIRC, Commission Européenne, EUROGIP, INCa, INERIS, InVS,
Ministère de la Santé, OSHA, Office public de santé du Canada
Auteur : Unité Cancer et Environnement
Nos fiches sur ce thème
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Pour aller plus loin
Etudes et publications scientifiques
Ineris, 2006. Chlorure de vinyle: données technico­économiques sur les substances chimiques
Monographie du CIRC Volume 97, 2008 : Carcinogenicity of 1,3 butadiene, ethylene oxide, vinyl [...]
INRS, 2007 : Fiche toxicologique sur le chlorure de vinyle
Rapports et textes officiels
AFSSA, 2004­2007: Evaluation risques sanitaires liés situations de dépassement des limites et références de
qualité des eaux pour consommation humaine
INRS, Régime général Tableau 52 : Affections provoquées par le chlorure de vinyle monomère
Informations des publics
INCa, 2009 : Fiche Cancers et substances chimiques
INCa, 2009 : Fiche cancers et tabac
ARC, 2010 : Cancers professionnels, des clés pour agir
Ministère de l’Ecologie, Guide du règlement européen relatif à la classification, l’étiquetage [...]
OSHA, 2003 : Présentation des substances dangereuses sur le lieu de travail
Union européenne, 2000 : Livre vert sur les problèmes environnementaux posés par le PVC
Diaporama de B. Stadler et F Jacquet, 2008 : CMR, réglementation et suivi médical
INCa, 2006 : Détection des cancers d'origine professionnelle : Quelques clés pour agir
Dossiers et autres ressources
INRS, 2007 : Utilisation des CMR en France : base de données
InVS, 2010 : Note de position sur le chlorure de vinyle
Ministère de la santé, 2010 : Accès aux résultats régionaux du contrôle sanitaire de l’eau potable
Anses, 2010 : Dossier Cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction (CMR)
Eur­Lex : Stratégie européenne en matière de santé
Site Internet de la Haute Autorité de santé (HAS)
Portail des substances chimiques de l’INERIS
Site Substitution CMR
Site internet du centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa)
Site internet de l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA)
Site internet de l'Assurance maladie, en cas de maladie professionnelle
Mise à jour le 21 avr. 2016
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