de la Compagnie de Jésus - Jésuites de Belgique francophone et

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de la Compagnie de Jésus - Jésuites de Belgique francophone et
• P 402014 • Trimestriel • No 1 • janvier – mars 2015 • Bureau de dépôt : Namur 1 • Ed. resp. : Pierre Hupez, s.j., Rue Fauchille, 6, 1150 Bruxelles •
Echos
de la Compagnie de Jésus
Province Belge méridionale et du Luxembourg
Echos
•
No 1
Sommaire
Edito
François écrit aux consacrés, Tommy Scholtes, s.j.
p. 1
Belgique méridionale & Luxembourg
90 jours dans la Province, Roland Francart s.j.
p. 2
Nos défunts
p. 5
La Colombière : 20e anniversaire, Jean-Marie Faux, s.j.
p. 8
Henri Tihon, Robert De Coster, s.j.
p. 10
Initiatives & Evénements
RivEspérance 2014, Diocèse de Namur
p. 13
Martyrs pour la foi et la justice, Martin Maier, s.j.
p. 15
Vie & Partenariat
Les Editions jésuites, Pierre Sauvage, s.j.
p. 16
L’Ecole supérieure de catéchèse de Lumen Vitae,
Richard Erpicum, s.j.
p. 18
Aux Editions jésuites, Jean Hanotte
p. 19
La Compagnie en Europe et dans le Monde
Le JECSE à Strasbourg, Marie-érèse Michel
p. 22
Le P. Provincial en Inde, Franck Janin, s.j.
p. 24
Rencontre des frères à Rome, ierry Dobbelstein, s.j.
p. 27
Nota bene
p. 28
Le billet d’humeur
Jean Burton, s.j.
p. 32
Le dossier
Bicentenaire du rétablissement des Jésuites, Kristien Suenens
p. A à D
•
JANVIER
–
MARS
2 01 5
•
Editorial
François écrit
aux consacrés
«L
e Père nous a appelés à suivre Jésus dans la pleine adhésion à
son Evangile et dans le service de l’Eglise, et il répandu en
nos cœurs l’Esprit Saint qui nous donne la joie et nous fait rendre
témoignage au monde entier de son amour et de sa miséricorde. »
Voilà notre vie de « consacrés ». Déjà tout un programme à méditer
et à vivre !
Le pape invite à regarder le passé avec reconnaissance et « à vivre
le présent avec passion »… et nous questionne : « Jésus est-il vraiment
notre premier et unique amour, comme nous nous le sommes proposé quand nous avons professé nos vœux ? » Et de nous inviter « à
être des hommes de communion, en vivant avec courage là où il y a
des disparités, et des signes crédibles de la présence de l’Esprit ».
L’avenir est à « embrasser avec espérance ». Le pape redit avec
force : « Ne crains pas… car je suis avec toi » (Jr 1, 8), et « notre espérance ne se fonde pas sur des chiffres, mais sur Celui en qui nous
avons mis notre confiance » (2 Tm 1, 12) !
François conclut par quelques attentes. Nous les recevons comme
des défis :
- Que soit toujours vrai ce que j’ai dit un jour : « Là où il y a des religieux, il y a de la joie. »
- J’attends que vous « réveilliez le monde, parce que la note qui
caractérise la vie consacrée est la prophétie ».
- J’attends encore de vous ce que je demande à tous les membres
de l’Eglise : sortir de soi-même pour aller aux périphéries existentielles.
Enfin, le pape s’adresse aux laïcs qui partagent avec les personnes
consacrées leurs idéaux, leur esprit et leur mission, en les invitant à
célébrer « en famille », pour « croître et répondre ensemble aux appels
de l’Esprit dans la société contemporaine ».
Tout est dit, et tout est à faire !
Tommy Scholtes, s.j.
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
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Belgique méridionale & Luxembourg
90 jours
dans la Province
D
u 22 décembre 2014 au 9 janvier 2015, le
P. Provincial a visité les Provinces de
Calcutta, d’Andhra Pradesh et la Région du
Bangladesh.
La maison Saint-Pierre Favre de Bruxelles
(rue du Grand Hospice) fonctionne pour le
moment de manière plus réduite, suite à plusieurs départs : celui du P. Benoît Malvaux à
Rome pour y être Procureur général de la
Compagnie ; du P. Kénel Sénatus, jésuite haïtien qui, ayant réussi à Bruxelles une maîtrise
complémentaire en droit international (droits
de l’homme), est parti à Séville pour un doctorat ; du F. Michaël Schöpf qui, après dix ans
au JRS Europe (Service jésuite des réfugiés),
dont il fut un directeur très apprécié, a rejoint
sa Province à Munich où il collabore au centre
de recherches sociales de la Compagnie. Par
ailleurs, la communauté a accueilli durant
trois mois Jean-Baptiste Roy, novice français
qui était en « expériment » à ATD QuartMonde et au JRS
Belgium.
A Bruxelles, la
communauté
Saint-Claude la
Colombière a accueilli deux nouveaux membres : le
P. Jacques Misson,
venant de SaintMichel et le P.
Etienne Laroche, P. Jacques Misson
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Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
venant de Saint-Ignace. Le P. Paul Detienne a
été invité à Dakha au Bangladesh, par l’académie de langue bengalie.
Le 3 janvier, la communauté Saint-Ignace,
à Ixelles, a reçu les communautés jésuites de
Bruxelles et de Louvain-la-Neuve à l’occasion
de l’échange des vœux de 2015. Du 26 au 30
décembre, le Fr. Roland Francart a participé,
avec le P. Pierre Ferrière de la Pairelle et le P.
Etienne de Ghellinck en temps sabbatique à
Saint-Denis-La Plaine, à l’Assemblée de la
Province de France au Châtelard (Francheville, Lyon), consacrée à l’amitié avec les
pauvres. La coordination de cette assemblée
de 110 jésuites et quelques laïcs était assurée
par le F. Jérome Gué, de Toulouse, délégué du
Provincial à l’apostolat social. Le 15 février, la
communauté à reçu un nouveau membre, le
P. Philippe Grégoire, venant de Ciply, communauté de Haine-Saint-Paul.
A la communauté du Sacré-Cœur à Charleroi, avec l’aide efficace du Conseil Local de
Pastorale, la veillée de Noël a pris cette année
la forme d’une crèche vivante, avec présentation d’un conte : « Les Sabots de Noël ». Une
quinzaine d’enfants et la lectrice du conte ont
aidé à entrer dans la célébration de Noël, non
comme spectacle, mais comme intériorisation
de la joie de cette fête. Le soir de Noël, la communauté a accueilli les compagnons de Namur, Saint-Jean Berchmans, pour un moment
de détente et de partage, autour d’un bon buffet, puis d’un feu de bois ! Enfin, le jour de l’An
Belgique méridionale & Luxembourg
Neuf, la communauté fut invitée à HaineSaint-Paul, le midi, pour un apéro et une visite
des lieux, avant un repas au restaurant « la
Cantine des Italiens ». Suite à son 17e ouvrage,
cette fois sur les personnes homosexuelles, le
P. José Davin a assumé diverses animations.
Ainsi à Bruxelles lors d’une journée sur » Religions et homosexualité », et prochainement
à Liège sur son livre. Dans le cadre du synode
romain sur la famille, il a donné plusieurs
conférences sur la variété des couples actuels.
La communauté Notre-Dame della Strada
à Haine-Saint-Paul a fêté le 29 septembre 2014
les 50 ans d’ordination sacerdotale du P. Philippe Grégoire et les 75 ans du P. François iry. Le 11 décembre, elle accueillait le P. José
Davin pour une conférence à l’Unité pastorale
des Prieurés sur le thème : « La diversité des
familles, un défi pour l’Eglise ».
A Liège, la communauté SaintServais accueille
comme nouveau
membre le P. Yves
Duquenne, qui a
passé pratiquement
50 ans dans la Province d’Afrique
Centrale. Le 31 octobre 2014, en la
fête de Saint-Al- P. Yves Duquenne
phonse Rodrigues,
quatre frères de Bruxelles (membres de quatre
communautés différentes !) — René Hansen,
Roland Francart, Gonzague Jolly et Joseph
de Pierpont — ont pris le train pour rejoindre
leurs trois confrères de la Cité Ardente — Pierre Lambotte, François-Xavier Evrard et François Delperdange. Après une rapide visite des
lieux, eucharistie dans la chapelle publique
de la maison Saint-Servais ; puis apéritif et repas, avant un long moment de partage et de
Sept frères à Liège
convivialité. Ce fut l’occasion de rappeler certains souvenirs : l’importance de l’école apostolique dans la vie des plus âgés, le récit de certains frères qui ont fait la richesse de la vie
communautaire en bien des lieux… Mais nous
avons aussi réagi sur les perspectives d’union
avec la Province de France. Enfin FrançoisXavier Evrard a présenté quelques échos - et
quelques images - de la rencontre européenne
des frères, à Rome en septembre dernier.
L’après-midi s’est terminée à la maison de repos Saint-Joseph en Coronmeuse par une
joyeuse visite chez le Fr. François Delperdange. De fin septembre jusque fin janvier, un novice de Lyon, Paul Catherinot, est venu vivre
son « expériment long » dans le cadre de l’ASJ
(Aide sociale aux justiciables) à la prison de
Lantin et au Centre de Prévention Sociale de
Paifve. Cette présence rajeunissante n’était
pas la seule expérience de rapprochement avec
la France : les 17-19 janvier, trois jésuites de
Lyon — Dominique L’Ebraly, Pascal Gauderon et Gabriel Pigache — sont venus découvrir
les apostolats jésuites en terres liégeoises. Ils
ont visité le collège Saint-Benoît Saint-Servais,
l’Institut Gramme et ont traversé l’Unité pastorale Saint-Martin. En soirée, ils ont participé
à la réunion de communauté, précisément
consacrée au rapprochement de la BML et de
la Province de France. La communauté Saint-Pierre à Louvain-
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Belgique méridionale & Luxembourg
la-Neuve a accueilli de la mi-novembre au 20
décembre 2014, le P. Geraldo de Mori, brésilien
et professeur de théologie à notre faculté de
théologie de Belo Horizonte. Il a donné un
cours en rapport avec la théologie de la libération. Ce fut pour la communauté de l’entendre nous présenter, successivement, son
beau pays avec ses problèmes et ses espérances, l’Eglise brésilienne et, enfin, la Compagnie A Namur, à la
communauté
Notre-Dame de La
Paix, le P. Jean-Marie Van Parys (Province d’Afrique
Centrale) prend un
temps de repos. Le
P. Pierre Devos, a
été nommé directeur de l’UTAN,
P. PIerre Devos
l’Université des aînés. Depuis la fin du mois de septembre 2014 et
jusqu’à la fin janvier 2015, la communauté du
Christ Roi à Luxembourg accueille le novice
français Florian Cazenave pour son expériment long auprès des réfugiés au foyer Don
Bosco à Luxembourg. Les 17 et 18 janvier 2015,
la communauté a reçu la visite de la communauté de la rue d’Assas, à Paris.
Jésuites belges en France : le P. Dominique
Lagneau est accompagnateur spirituel à la
maison Charles-de-Foucauld (propédeutique), vicaire de la paroisse Sainte-Anne en
Pays de Janzé, prêtre référent pour l’établissement scolaire Saint-Vincent à Rennes, aumônier scout (Lonescouts en Belgique) et il
donne les Exercices spirituels. Le P. Jean-Pierre
Millard a quitté Paray-le-Monial pour exercer
divers ministères à Foncouverte, en dépendance de la communauté de Montpellier. Le
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P. Paul Lammerant, qui était aussi à Paray-leMonial, est revenu dans la communauté du
Sacré-Cœur à Charleroi.
Nos défunts
depuis octobre 2014
Le 4 décembre
2014, à la communauté Saint-Claude
la Colombière, est
décédé le P. Joseph
Boute, né à Uccle,
en 1928. Pendant la
guerre, il a fait de
nombreuses fois le
chemin entre l’avenue de Saturne près P. Joseph Boute
de l’Observatoire et
le collège Saint-Jean Berchmans au cœur de
Bruxelles. Il appartenait aux dernières générations d’élèves francophones de ce collège.
En 1946, il est entré au noviciat des jésuites à
Arlon puis a suivi la formation philosophique
de la Compagnie. En 1952, il a commencé les
sciences sociales et coloniales à Louvain, puis
vécu l’année suivante sa première expérience
africaine à Kikwit. En 1954, il reprend ses
études universitaires à Louvain. En 1956, il
commence la théologie à Eegenhoven et il est
ordonné prêtre en 1959. De 1960 à 2011, pendant 51 ans, il a vécu hors de Belgique ; quel ques années aux Etats-Unis, puis très longtemps dans plusieurs pays d’Afrique. En 1966,
il arrive à Kinshasa, à la maison Saint-Ignace.
Il rejoint l’équipe du CEPAS (le Centre d’études
pour l’action sociale). Il enseigne la démographie à Lovanium, puis à l’Unikin. On apprécie
son enseignement. Il devient responsable du
département de démographie. Dès 1966, il dirige aussi la bibliothèque du CEPAS. En 1985,
Belgique méridionale & Luxembourg
il est nommé PDG de l’Institut national de la
statistique. En 1990, il quitte Kinshasa pour
Yaoundé, au Cameroun. On lui demande
d’enseigner les sciences sociales, mais surtout
de mettre en place la bibliothèque de la jeune
université catholique d’Afrique centrale. 20
ans plus tard, il repart pour Bangui en Centrafrique pour diriger la bibliothèque du
Centre catholique universitaire. En 2012, il
revient en Belgique. Beaucoup ont été frappés
par sa volonté de s’insérer comme prêtre dans
les pays où il avait été envoyé. La messe en lingala à Saint-Antoine de Kinshasa était un moment fort de sa semaine Ce fut la même chose
à Yaoundé en langue ewondo. Sa vie durant,
il a toujours pu compter sur la miséricorde du
Seigneur pour répondre en fidèle serviteur à
sa belle vocation de Compagnon de Jésus.
Le 5 décembre
2014, à la communauté Saint-Claude
la Colombière, est
décédé le P. Jacques
Paulus, né à Schaerbeek le 3 mars 1932.
Il avait une sœur aînée. Après ses études
secondaires en latinmaths à l’Athénée de
Schaerbeek. Il fait P. Jacques Paulus
une candidature en
biologie, d’abord à l’ULB, puis aux Facultés
Notre-Dame de la Paix de Namur. Le 26 septembre 1951, il entre au noviciat à Arlon. Il passe
ensuite au juvénat à Wépion pendant lequel il
fait la 2e candidature en zoologie à Namur. De
1954 à 1957, il étudie la philosophie à Eegenhoven
(Louvain). En 1957, il part au Congo où il continue à Kimwenza-Lovanium ses études en zoologie. De retour en Belgique, il étudie la théologie. Il est ordonné prêtre le 6 août 1965 à Bruxelles.
Dès 1966, il retourne à Kimwenza et devient pro-
LE SEIGNEUR A ACCUEILLI DANS SA PAIX
◆ Le P. Jean Hontoy, s.j. de la communauté Saint-
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Claude La Colombière, né le 29 juillet 1925 à Anvers,
est décédé le 15 octobre 2014 à Woluwe-SaintPierre. Il est entré dans la Compagnie le 20 septembre 1952 et a été ordonné prêtre le 6 août 1959.
Le P. Joseph Boute, s.j. de la communauté SaintIgnace à Ixelles, né le 4 mars 1928 à Uccle, est décédé le 4 décembre 2014 à Woluwe-Saint-Pierre. Il
est entré dans la Compagnie le 14 septembre 1946 et
il a été ordonné le 6 août 1959.
Le P. Jacques Paulus, s.j. de la résidence Sainte-Marie
à Kimwenza (RDC), né le 6 mars 1932 à Schaerbeek,
est décédé le 5 décembre 2014 à Woluwe-SaintPierre. Il est entré dans la Compagnie le 26 septembre 1951 et il a été ordonné prêtre le 6 août 1965.
Le P. Marcel Bogaert, s.j. de la communauté SaintClaude La Colombière, né le 24 avril 1930 à Merksem
Laeken, est décédé le 3 janvier 2015 à Woluwe-SaintPierre. Il est entré dans la Compagnie le 24 octobre
1949 et il a été ordonné prêtre le 6 août 1962.
Le P. Émile Gales, s.j. de la communauté du ChristRoi, Luxembourg, né le 16 octobre 1914 à Bech-Kleinmacher (Luxembourg), est décédé le 14 janvier 2015 à
la Seniorie Saint-Jean de la Croix, à Luxembourg. Il
est entré dans la Compagnie le 23 septembre 1936 et
il a été ordonné prêtre le 24 août 1945.
Mme Julinana Rouwez, décédée le 1er octobre 2014,
sœur du P. Jacques Rouwez.
M. Pierre Mignon, le 2 octobre 2014, frère du P.
Christian Mignon (Province de Calcutta).
Mme Suzette de Beer de Laer, décédée le 7 octobre2014, sœur du P. André de Jaer.
Mme Faux-Piret, décédée le 14 octobre2014, sœur du
P. Jean-Marie Faux et maman du P. Pierre Piret.
Mme Marie-Christine Duquenne, décédée le 8 novembre 2014, sœur du P. Yves Duquenne (Province
d’Afrique Centrale).
Mme Maria del Angels Roig Olivella, décédée le 20
novembre 2014, belle-sœur du P. Jorge Puig Ruiz.
M. Pierre Gennar, décédé le 29 novembre 2014,
beau-frère du P. Philippe Balon Perin.
M. Frédéric Hermans, décédé le 15 décembre 2014,
frère des P. Corneille et Michel Hermans.
M. Pierre Delooz, décédé le 19 décembre 2014, frère
du P. Jacques Delooz.
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5
Belgique méridionale & Luxembourg
fesseur de zoologie à Lovanium, devenu en 1971,
Université nationale du Zaïre (UNAZA). Après
un an d’interruption pour le troisième an (1972–
1973), il joint à son enseignement la direction du
« Centre interdisciplinaire pour le développement et l’éducation permanente », charge qu’il
remplira jusqu’en 1979. En 1980, il fait construire
au campus universitaire de l’UNIKIN (Université
de Kinshasa) un home, le « Village universitaire
Kinduku ». Ce village rassemble des professeurs,
des membres du personnel administratif et des
étudiants de l’Université. Il y vécut jusqu’en 1992.
En 1988, Il enseigne la biologie de l’environnement à l’UNIKIN. De 1992 à 2014, il continuera
d’enseigner la biologie, l’écologie et développement à l’UNIKIN ainsi qu’aux facultés catholiques de Kinshasa et à l’Institut supérieur agrovétérinaire (ISAV). À partir de 1996, il vit à la résidence Sainte-Marie de Kimwenza. En 2000, il
devient Directeur de l’ONG J.E.E.P. (Jardins et
élevages de parcelles). En 2002 il est chef du département de l’Environnement à l’UNIKIN et
titulaire de la chaire de l’UNESCO, professeur
d’écodéveloppement et directeur du laboratoire
à l’lSAV. Il gardera toutes ces activités jusqu’à son
retour forcé en Belgique, pour raison de santé,
le 16 octobre 2014. Il est accueilli à la communauté
Saint-Claude la Colombière où il s’est éteint à
l’âge de 82 ans, après soixante-trois ans de vie religieuse et près de cinquante ans de sacerdoce
dans la Compagnie, dont cinquante-quatre ans
de vie missionnaire et quarante-huit ans d’enseignement supérieur à Kimwenza. Il a légué son
corps à la faculté de médecine de l’Université de
Namur.
Le 26 décembre 2014, à la communauté de
la maison Loyola à Tokyo, s’est éteint Mgr Giuseppe Pittau. Né à Villacidro (Sardaigne, Italie)
le 20 octobre 1928, il est entré dans la Compagnie
le 18 avril 1945 à Cuneo. Il se consacra à l’enseignement à la Faculté de droit de l’Université
Sophia. Il émit ses vœux solennels le 15 août
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Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
1964. Il devint recteur de la même
université (1975) et
Provincial du Japon
(1980). En 1981, le
pape Jean-Paul II
l’appela à Rome
comme coadjuteur
du P. Paolo Dezza,
qu’il avait désigné
Délégué pontifical Mgr Giuseppe Pittau
pour la Compagnie
de Jésus au moment de la maladie du P. Pedro
Arrupe. Il commença ainsi sa période « romaine » qui devait se poursuivre jusqu’en 2003 et
au cours de laquelle il assuma diverses responsabilités en lien avec la mission du gouvernement. Au cours de la 33e Congrégation Générale,
le P. Peter-Hans Kolvenbach le nomma
Conseiller général (27 septembre 1983). Il assuma aussi la mission d’Assistant régional de
l’Asie orientale (1983-1987) et d’Italie (1983–
1991), et de Délégué pour les maisons interprovinciales de Rome (1988-1992). Le Saint-Père
le nomma recteur de l’Université pontificale
grégorienne (1992–1998), poste qu’il combina
avec le service de Conseiller général et de Délégué pour la Civiltà Cattolica (1995–1998),
nommé par le Père Général. A la fin de son service comme secrétaire de la Congrégation pour
l’éducation catholique, le 25 novembre 2003, il
retourna dans sa province du Japon, où il continua à exercer divers ministères pastoraux et à
assurer des enseignements.
Le 3 janvier 2015, le P. Marcel Bogaertdécède
paisiblement au soir de la fête du Saint-Nom de
Jésus, fête titulaire de la Compagnie. à la Communauté Saint-Claude la Colombière. Il est né
à Laeken, le 24 avril 1930, cadet de 5 enfants.
Après ses humanités au collège Saint-Jean Berchmans et un an de philosophie à Saint-Louis, il
entre au noviciat d’Arlon, le 24 octobre 1949. Il
Belgique méridionale & Luxembourg
suit le cursus habituel de la formation :
noviciat, juvénat et
service militaire,
philosophie. Pour la
régence, il est envoyé
à Léopoldville, au
collège Albert Ier. Il
fait la théologie à Eegenhoven, de 1959 à
1963 et est ordonné P. Marcel Bogaert
prêtre le 6 août 1962.
Après le 3e an à Wépion, sa vie sera partagée entre
le service interne de la Compagnie et de la vie
religieuse et le ministère spirituel. De 1965 à 1970,
il est secrétaire du Père Provincial, de 1974 à
1980, adjoint au secrétaire de la Compagnie à
Rome et, plus tard, de 1996 à 2003, il sera secrétaire général de l’Association des supérieurs majeurs de Belgique. Dans les intervalles, il donne
les Exercices en divers endroits et, surtout, de
1987 à 1996, il est attaché à l’École de la foi à Fribourg (Suisse). À travers tous ces services, il a
pu aider beaucoup de religieux et de religieuses.
Il rejoint la Communauté Saint-Claude la Colombière en 2008 : dans la longue épreuve d’une
diminution progressive de ses facultés, il y a
donné jusqu’au bout le témoignage d’une profonde vie spirituelle. Le 14 janvier 2015, à la séniorie Saint-Jean de
la Croix, à Luxembourg, le P. Emile Gales est
entré dans la maison du Père. A cent ans bien
sonnés, il a fourni une longue carrière au service du Seigneur, à qui il s’était donné totalement dès sa jeunesse. Enfant de la Moselle, c’est
à peine s’il connut les affres de la Première
Guerre mondiale. Aîné de cinq, il passa son
enfance à Bech, au bord de l’eau. Puis il partit
pour le collège de Virton, où il apprit non seulement le français, mais aussi la musique. À 19
ans, il entre au séminaire de Luxembourg, mais
deux ans plus tard, en 1936, c’est dans la Com-
pagnie de Jésus qu’il
servira désormais le
Seigneur. En janvier
1947, sa formation
de jésuite terminée,
il quitte son pays, sa
famille et tous ses
amis pour l’Inde. Il
y passera quarante
et un ans. Il parle
désormais un an- P. Emile Gales
glais oxfordien, apprend le bengali et s’inculture progressivement.
Le poète Tagore l’enchantera toute sa vie. Ses
supérieurs ont remarqué son don de chef. Il est
donc tout d’abord recteur du collège de Darjeeling, au pied de l’Himalaya, puis, alors qu’il
ne connaissait pas cette maison, la plus grande
de toute la Compagnie, le voilà recteur du collège philosophique et théologique De Nobili
à Pune, près de Bombay. C’est là qu’il rencontre
le jeune Anthony De Mello, qui deviendra un
maître spirituel de renommée internationale.
Emile faisait confiance à ces jeunes jésuites, et
ils le lui rendirent bien. De retour dans la Province de Calcutta, il dirige tout d’abord le collège de Burdwan, dans le delta du Gange, mais
deux ans plus tard, il crée le collège de Haldia,
aux portes de Calcutta, et le dirige pendant près
de dix-huit ans. Jusqu’au jour, où, âgé de 73 ans,
il rentre au pays. Il a encore vingt-sept ans à
vivre, toujours au service du Seigneur, dans
l’Apostolat de la prière, par exemple. Beaucoup
d’entre nous l’ont alors bien connu. Son accueil
et son humour, son amabilité, son amitié surtout et sa discrétion faisaient le bonheur de
tous. Nous rendons grâce au Seigneur d’avoir
donné à l’Église du Luxembourg et de l’Inde
un tel homme, et si longtemps.
? Roland Francart s.j.
avec l’aide des supérieurs de communauté
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
7
Belgique méridionale & Luxembourg
La Colombière :
20e anniversaire
C
’est en 1994 que la Communauté SaintClaude la Colombière fut fondée « pour
accueillir des jésuites âgés et moins valides et
les aider à vivre jusqu’au bout, dans la sérénité
leur vocation de contemplatifs dans l’action ».
Le 5 novembre de cette année, se retrouvèrent
pour la première fois, sous la houlette du P.
Jean Bouvy, premier supérieur, les quelques
premiers membres de la communauté, tous
aujourd’hui décédés. La communauté a fêté
dignement cet anniversaire. Tout d’abord dans
l’intimité, le jour anniversaire même, 5 novembre, fête de tous les saints de la Compagnie
de Jésus. Le Père Provincial a célébré l’eucharistie d’action de grâces et rappelé le sens et la
vocation de la communauté. L’apéritif et le
gâteau qui terminait le repas de fête ont été
dégustés en compagnie de toutes les personnes
qui, quotidiennement, assurent le bon fonctionnement de la communauté et
grâce auxquels, selon un
mot du Père Provincial
dans le mémorial de sa dernière visite, « nous bénéficions d’une formidable
qualité de vie ».
Mais le grand jour, ce fut
le samedi suivant, le 8 novembre où la maison a ouvert toutes ses portes pour
accueillir parents et amis.
On aurait pu rappeler l’histoire de la maison, de sa
8
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
création disputée, rappeler la mémoire des
nombreux confrères qui y ont terminé leur
vie terrestre. Ils étaient présents à notre prière
certes et nous les avons évoqués dans l’eucharistie. Mais nous avons voulu mettre l’accent
sur le présent, sur la vie, nous avons surtout
voulu montrer que la communauté SaintClaude la Colombière était une maison ouverte, accueillante, au cœur d’un réseau d’amitié. Comme le disait le très beau folder d’invitation, notre communauté « souhaite célébrer ses vingt ans avec nos familles et nos amis
que nous portons toujours dans nos cœurs et
nos prières ».
Cette communion s’est exprimée dans la
très belle eucharistie, premier grand moment
de la journée. La foule (autour de 180 personnes) débordait de la chapelle aux portes
Belgique méridionale & Luxembourg
grand ouvertes jusqu’à l’infirmerie à l’autre
extrémité du bâtiment. (Il y avait même, comme l’un d’entre nous ne put s’empêcher de le
dire tout haut, le bourgmestre de WoluweSaint-Pierre). La messe, présidée par le Père
Provincial, concélébrée par les supérieurs des
trois communautés du site Saint-Michel, était
celle de la Vierge Marie le samedi. On avait
choisi comme évangile le récit de la Visitation,
démarche de Marie, accueil d’Elisabeth, rencontre d’où jaillit le Magnificat. Dans son homélie, le Père supérieur, Robert Huet en fit
ressortir tout le sens pour éclairer cette journée
de multiples rencontres. « En vous invitant,
chers parents, chers amis de la communauté,
nous voulons vous dire que nous avons besoin
de vous pour être fidèles à notre vocation et
qu’à notre tour nous voulons vous aider à garder le cap de ce que l’Esprit Saint fait grandir
en vous. »
Ce fut ensuite la rencontre, au rez-dechaussée, pour le verre de l’amitié. Le temps
de se mélanger, de se découvrir joyeusement,
d’admirer par exemple dans leurs plus beaux
atours ceux et celles que nous côtoyons d’ordinaire en costume de travail, de reconnaître
tous les liens qui se tissent autour de la communauté : familles, amis et amies de longue
date, relations diverses qui se sont nouées depuis vingt ans autour de la communauté, avec
notamment une bonne présence de membres
d’équipes CVX dont nous sommes « parrains
priants ». S’il y avait un regret à émettre sur la
journée, ce serait que la relative exiguïté des
locaux, pour une telle foule, n’a pas permis
autant de mélange et de rencontres qu’on aurait sûrement souhaité.
En montant ensuite au premier étage, en
découvrant l’enfilade des tables, de la salle à
manger à un bout à la salle de communauté à
l’autre, tout au long du couloir, la réaction ne
pouvait être qu’un « oh ! » admiratif : tables
parfaitement dressées, magnifiquement garnies de fleurs, savamment conçues pour permettre le regroupement des familles et amis,
sans oublier personne et surtout bientôt chargées d’un repas simple mais savoureux : potage, sandwiches, tartelettes, le tout dûment
arrosé. C’est le moment de remercier ici chaleureusement tous celles et ceux qui ont préparé et rendu possible l’événement : membres
de la communauté et collaborateurs habituels
mais aussi la belle équipe de bénévoles qui a
assuré la préparation immédiate, préparé les
quatre cents sandwiches, créé la décoration
florale… Tout cela sous l’impulsion du grand
organisateur de la manœuvre, notre ministre,
le P. Marc Declercq qui y a déployé tout son
talent et son dévouement.
Après ce repas agréable, paisible et fraternel,
la journée s’est terminée par les deux récitals
entre lesquels malheureusement il fallait choisir : celui de Mme Betty Bruylants, au clavecin,
celui du P. Bernard Pottier au violon. Les échos
de part et d’autre n’étaient que vif éloge.
Maintenant reposez-vous, nous a dit le Père
supérieur, le lendemain. La vie ordinaire reprend, continue. Mais la mémoire de tant
d’amitié partagée l’éclaire, lui donne du sens.
Nous espérons surtout, non, nous sommes
sûrs qu’au terme de cette journée, tous celles
et ceux qui y ont participé garderont de la communauté Saint-Claude la Colombière l’image
d’une maison accueillante et ouverte sur le
monde.
? Jean-Marie Faux, s.j.
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
9
Belgique méridionale & Luxembourg
Henri Tihon
(14 mars 1920–8 novembre 2013)
« Une vie réussie,
c’est un rêve d’adolescent
réalisé dans l’âge mûr »
Une vie toute de foi et de
droiture, une vie de grand
honnête homme
H
enri, né à Bruxelles, dans une famille
profondément chrétienne, entreprit
le cycle des humanités gréco-latines, en 1930,
au collège Saint-Michel. Excellent élève, toujours en tête de la classe, il était particulièrement doué en mathématiques, dont il garda
toujours le souci de minutieuse précision.
Congréganiste de la Sainte Vierge, il s’affilia
aussi à la JEC (Jeunesse étudiante catholique),
section de l’ACJB (Association catholique de
la jeunesse belge). C’était la grande époque
de l’Action catholique. Ces groupements de
jeunes voulaient faire connaître et aimer Jésus
Christ, cherchant à favoriser, à la fois, prière
et souci apostolique, avec aussi un début de
souci social, dû à l’encyclique, alors toute récente, Quadragesimo anno de Pie XI. Cette
JEC a enthousiasmé bien des jeunes et en amena plus d’un à vouloir se consacrer à Dieu. A
l’exposition universelle de 1935, fut organisé
un congrès de près de 2500 « jécistes », où,
dans un montage théâtral, au « Pavillon de la
vie catholique », les quatre solistes se trouvèrent être quatre rhétoriciens du collège SaintMichel, dont Henri qui avait 16 ans, décidés
10
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
à demander leur admission dans la Compagnie.
Ces quatre amis entrèrent au noviciat d’Arlon, le 23 septembre 1936 avec quatre autres
rhétoriciens du collège ! C’est là que naquit,
lors des « grandes promenades », cette passion
de la marche, qu’il garda jusqu’à sa dernière
chute, à 93 ans, sur la route, devant La Diglette.
Après le noviciat, les premiers, ce fut une
année de philosophie et lettres, au Juvénat de
La Pairelle. Mais Henri, sans avoir une mauvaise santé, était fragile. Toute sa vie, il se sentit
fatigué. Alors que ses conovices partaient au
service militaire, Henri fut réformé et resta,
pour ses deux premières années de philoso-
Belgique méridionale & Luxembourg
phie, à La Pairelle, où le P. Clément Plaquet
s’ingéniait à assurer la santé des « jeunes
pères » plus faibles. Henri acheva, souvent en
chaise longue, sa troisième année de philosophie, à Godinne.
De 1945 à 1947, « régent », il est professeur
de quatrième latine, au collège de Mons. Le
24 août 1949, il est ordonné prêtre par le Cardinal Van Roey, dans la chapelle d’Eegenhoven avec quinze compagnons jésuites. Pendant son « troisième an », il est « Socius » du
Maitre des novices. Il devient, en 1952, secrétaire du P. Clément Plaquet, Provincial, puis
en 1954, socius du nouveau Provincial, le P.
Louis Renard. Il le reste jusqu’en 1959. Ce fut
plus qu’une collaboration de cinq ans : ce fut
une vraie amitié. Le P. Renard, d’une intelligence et d’une humanité exceptionelles, se
montrait parfois hésitant et trouvait dans son
« compagnon », un autre esprit clair, capable
de le soutenir dans les décisions à prendre.
Libéré de l’administration, il redevient professeur de troisième latine, pour deux ans, au
collège du Sacré-Cœur, à Charleroi. En 1962,
il est nommé ministre du collège Saint-Stanislas, à Mons. Il y est vice-recteur, en 1964,
puis, recteur en même temps que directeur.
Il y entreprend de refaire les
bâtiments de la communauté. En 1971, il redevient
professeur (3e latinsciences), au collège SaintPaul, à Godinne, pour deux
ans encore, qu’il dira avoir
été parmi les plus belles de
son apostolat. Il part ensuite
au collège Saint-Servais de
Liège, comme titulaire de
troisième et préfet des
études, devient directeur, de
1974 jusqu’au mois de juin
1983, lorsqu’un cancer de
l’estomac le force à précipiter sa retraite. Parfaitement rétabli, il est nommé supérieur de
la petite communauté Pierre-Favre, rue de
Bruxelles, à Namur, jusqu’en 1994, où, archiviste-adjoint de la Province, il collabore au
CDRR (Centre de documentation et de recherche religieuses) de l’Université de Namur,
en se spécialisant dans la classification des
images pieuses (il en recensera plus de
20 000 !), travail qu’il continuera, à NotreDame de la Paix, jusqu’à son décès. Avec un
intermède de quatre ans, à Godinne, où il collabora à établir le catalogue des œuvres de
notre céramiste le P. Pierre Defoux.
Son hobby, la marche. Marcher des heures,
dans la nature. Pendant ses dernières années,
il passait volontiers des séjours dans le calme
des grands bois de La Diglette, qu’il avait déjà
connue, lors de ses vacances d’élève. Il y fit
une première chute, le 19 octobre 2002. Se
promenant, dans la nuit, sur une route sans
accotement, près de la maison, il fut renversé
par une voiture. Sans grand mal. Il fait une seconde chute, plus grave déjà, lors de son séjour
à Godinne, ce qui exigea un repos d’un mois
à La Colombière. Le jeudi 27 juin 2013, déjà
plus faible, en séjour à La Diglette, il voulut,
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
11
Belgique méridionale & Luxembourg
dans la matinée, se promener. Il glissa et tomba sur la
route devant la maison, sans
pouvoir se relever. Heureusement, une auto s’arrêta.
Une ambulance put l’emmener, le visage ensanglanté, les vertèbres du cou froissées. Après plus d’un mois
de clinique à Libramont,
puis à Namur, où il demanda le sacrement des malades, Il put enfin rejoindre
La Colombière. Il s’affaiblit progressivement,
tout en restant très lucide, répétant parfois
cette phrase qui lui était familière, en s’adressant à son Dieu : « Si tu le veux, quand tu le
veux, comme tu le veux. » Il s’éteignit doucement, le vendredi 8 novembre, vers 10 h 00
du matin.
C’était d’abord un homme de foi, de prière
et d’obéissance. Consacrée à l’éducation. Il
bourlingua dans toute la Province, changeant
dix-huit fois de maison, jusqu’à « parcourir
bien des régions » pour le règne de Dieu. Il fut
même chargé par le Provincial Renard d’une
mission, dans la République Démocratique
du Congo. Il ne se plaignait jamais, même lors
de l’état de faiblesse de ses dernières semaines.
Esprit très précis, il était homme de peu de
paroles. Ses coups de téléphone étaient très
brefs. Son tempérament de mathématicien
lui permettait d’émettre des opinions claires.
Il avait soin de se documenter avant d’affirmer.
S’il évoquait un point d’histoire ou répétait
un avis, chacun pouvait être assuré qu’il l’avait
bien vérifié. Il ne « trichait » jamais. Son souci
de précision s’accompagnait d’une grande
honnêteté qui l’empêchait, devant un argument valable, de s’entêter. Sous une apparence
réservée, voire un peu froide, c’était aussi un
homme de cœur et d’amitié. Très fidèle à sa
12
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
famille et à ses compagnons de collège et de
noviciat, il aimait échanger avec eux ce qu’il
appelait ses « souvenirs d’anciens combattants ». Alors, il pouvait rire et être intarissable.
Interrogé sur sa vie, Henri aurait répondu :
« J’ai fait simplement ce qui m’a été demandé
« et il aurait répété, après son Maître Jésus :
« Je suis au milieu de vous comme celui qui
sert ».
Henri a vraiment réalisé son rêve d’adolescent et réussi sa vie de jésuite.
? Robert De Coster, s.j.
Initiatives & Evénements
RivEspérance 2014
a tenu toutes ses promesses !
V
ous les avez peut-être croisés, le weekend dernier dans les rues de Namur, un
sac orange à la main. Pour sa deuxième édition, RivEspérance a rassemblé plus de 2 000
participants, venus des quatre coins de Belgique. Des chrétiens, des non-chrétiens,
jeunes ou moins jeunes, qui avaient fait le chemin afin d’explorer les lieux de dialogue qui
étaient proposés. A travers des conférences,
des ateliers, des temps de convivialité ou de
recueillement, chacun s’est vu proposer des
clefs pour mieux comprendre le monde actuel,
et préparer celui de demain.
En 2012, les participants avaient profité de la
première édition de RivEspérance pour venir
y chercher un peu de ce souffle et de cet optimisme tellement nécessaires. Fidèles à leurs intuitions fondamentales, les organisateurs ont
donc fait le pari de ce deuxième acte, dont la
couleur était annoncée : « Dépasser nos peurs.
Oser le dialogue ». De dialogue, Jésus lui-même
en a fait preuve. « Il était maître en la matière ».
Daniel Marguerat, exégète et bibliste de renommée internationale, en a parlé lors de la grande
conférence d’ouverture du vendredi soir. Le samedi et le dimanche, d’autres intervenants ont
pris la parole sur d’autres thèmes. Dominique
Lambert a parlé de foi et de science, Gabriel
Ringlet et Jean-Paul Dessy ont dialogué sur le
thème de l’art et de la foi, Charles Picqué et Mgr
Jean Kockerols ont évoqué le brassage des cultures et des religions à Bruxelles, tandis que Mahinur Ozdemir, Julien Klener et Mgr Jean-Pierre
Delville parlaient du dialogue interreligieux.
Politique et foi, un lieu de
dialogue jamais épuisé
Sur le thème » Y a-t-il une politique sans
foi ? », Jean-Michel Javaux (ECOLO), Steven
Vanackerer (CD&V) et Marie-Christine Marghem (MR) ont prouvé que les politiciens pouvaient afficher leurs convictions. Avec des
nuances toutefois. Steven Vanackere : « Certains de mes collègues hésitent à parler de leur
foi, de peur qu’on ne pense qu’ils vont agir exclusivement dans l’intérêt des chrétiens. » Marie-Christine Marghem : « Je préfère être peu
bavarde à propos de ma foi, mais mettre celle-ci au service de mes actions. Elle est une force personnelle qui me motive. » Jean-Michel
Javaux, quant à lui, a évoqué ces communions
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
13
Initiatives & Evénements
de pensée qui se créent parfois, entre politiciens
croyants, au-delà des clivages politiques.
Herman Van
Rompuy, président
sortant du Conseil
européen, a clôturé
ce cycle de grandes
conférences, le dimanche matin, en
présentant le dialogue, comme fondement de l’Union
européenne.
Entre ateliers et temps de prière
Cette fois encore, l’Université de Namur et
l’institut Sainte-Ursule avaient mis leurs locaux
à la disposition de l’événement. À l’arsenal,
les mouvements partenaires de RivEspérance
(Vivre Ensemble, le CDD, Catéveil, les Pèlerinages namurois, les visiteurs de malades…)
ont pu présenter leurs actions, à travers les
stands qui leur étaient réservés. Les médias
catholiques belges francophones étaient représentés, de même que RCF, la radio chrétienne qui a retransmis en direct un grand
nombre d’émissions spéciales.
Autres temps forts : les quatre-vingts ateliers
du samedi après-midi, dont certains ont connu
un franc succès, comme ceux consacrés au dialogue avec l’islam, ou au pape François. Pour
ceux qui le souhaitaient, il était possible aussi
de prier à RivEspérance : à la chapelle du CRU
(Centre religieux universitaire) ou à l’église
Saint-Loup. Dans cette dernière, trois communautés se sont succédé pour animer les temps
de recueillement : les bénédictines d’Hurtebise,
le kot à projet l’Auberge des Bruyères de Louvain-la-Neuve, ou encore la communauté de
Tibériade de Lavaux-Sainte-Anne.
14
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
« Nous espérons être
devenus plus humains »
Samedi soir, la cathédrale Saint-Aubain a
vibré au son du gospel, avec « e Brussels international Gospel Choir » – sous la direction
de Lionnel Sonna — et les musiciens de Didier
Likeng.
RivEspérance 2014 s’est terminée le dimanche après-midi par la célébration eucharistique de clôture, toujours à la cathédrale
Saint-Aubain. Une cathédrale bien remplie,
décorée de banderoles colorées qui lui donnaient un air de fête. La messe était présidée
par le frère Alain Arnould, dominicain et aumônier des artistes. Le P. Charles Delhez,
membre de l’équipe porteuse de RivEspérance,
a assuré l’homélie et a dialogué avec les enfants,
placés à l’avant. Les chants ont évidemment
rythmé cette grande célébration d’envoi, dont
la messe brève de l’Espérance — pour chœur,
orgue et assemblée —, composée spécialement
pour l’occasion par David Miller, compositeur
et chef d’orchestre d’origine américaine.
Peter Annegarn, président du CIL (Conseil
interdiocésain des laïcs) prononcera le message d’envoi : « Cette célébration marque le
sommet de 48 heures dont on ne sort pas indemne. Nous espérons être devenus plus humains, plus “levain de la pâte”. Faisons Eglise
dans le monde d’aujourd’hui et au service du
monde d’aujourd’hui. »
? A.S. – C.B.
Texte du Diocèse de Namur
Initiatives & Evénements
Martyrs pour la
foi et la justice
L
es 25 ans de l’assassinat des six jésuites et
de leurs deux collaboratrices au Salvador
ont été célébrés dans de nombreux pays du
monde. Cinq jours après la chute du mur de
Berlin dans la nuit du 15 au 16 novembre 1989,
les Pères Ignacio Ellacuría, Segundo Montes,
Ignacio Martín-Baró, Joaquín López y López,
Juan Ramón Moreno et Amando López ont
été cruellement tués par des soldats de l’armée
salvadorienne à cause de leur engagement pour
la justice et la paix. Elba Ramos et sa fille Celina
de 15 ans devaient mourir parce que les soldats
avaient reçu l’ordre de ne pas laisser de témoins
de ce crime abominable. Jusqu’aujourd’hui les
acteurs et les commanditaires responsables
n’ont pas encore été condamnés.
L’Université Centraméricaine (UCA) de
San Salvador a consacré toute une série d’événements à la commémoration de ceux qui
sont appelés aujourd’hui les martyrs de l’UCA.
La célébration la plus importante est la traditionnelle vigilia du 15 au 16 novembre où des
milliers de gens viennent surtout des communautés pauvres de la campagne. Une procession de cierges transforme le campus en
une mer de lumière. L’an dernier une pièce de
théatre intitulée la Dernière Heure a présenté
les événements et touché profondément les
spectateurs. James McGovern, membre du
Congrès des Etats-Unis, a parlé des conséquences de l’assassinat des jésuites et des deux
femmes sur la politique américaine au Salvador. Au moins temporairement l’aide militaire
américaine a été arretée.
A Bruxelles le 28 novembre 2014, la Chapelle de la Résurrection, en plein centre du
quartier européen, était bien remplie pour
une soirée de commémoration. Le P. Gabriel
Ignacio García, jésuite colombien et conseiller
du Père Général pour l’Amérique latine septentrionale, a évoqué dans un conférence impressionnante, les martyrs et leur héritage.
L’eucharistie qui a suivi la conférence était
présidée par le P. John Dardis, président de la
conférence des provinciaux de l’Europe. Les
deux provinciaux belges, le P. Franck Janin et
le P. Johan Verschueren, étaient parmi les
concélébrants. Le P. Martin Maier, nommé
récemment secrétaire pour les affaires européennes au JESC (Jesuit European Social
Centre), a développé dans son homélie la mémoire des martyrs de l’UCA qu’il avait tous
connus personnellement. Avec leur vie et leur
mort, ils ont rendu témoignage qu’une université peut réellement se mettre au service
de la foi et la justice.
? Martin Maier, s.j.
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
15
Vie & Partenariat
Les
Editions jésuites
L
e 25 septembre à Bruxelles et le 9 octobre
à Paris étaient organisées deux soirées
de présentation des éditions jésuites. À cette
occasion, Pierre Sauvage, directeur général,
a présenté la nouvelle entité franco-belge.
D’emblée, il convient de souligner que la
constitution des Editions jésuites résulte d’une
convergence de volontés. Depuis un certain
temps, les responsables de trois maisons éditoriales, Fidélité, Lessius et Lumen Vitae,
avaient pris conscience de l’intérêt d’un rapprochement. Outre l’avantage d’unir les forces
du point de vue des hommes et des moyens
matériels, ils savaient que les objectifs des trois
maisons étaient complémentaires dans le
champ religieux. Pour faire bref, Fidélité vise
le grand public, depuis les enfants jusqu’aux
adultes ; Lessius a une production universitaire
sans être de nature académique ; Lumen Vitae
est spécialisé en pastorale et en catéchèse.
Mis au courant de cette prise de conscience,
Franck Janin, le Père Provincial de la province
de la Belgique méridionale et du Luxembourg,
a vigoureusement encouragé cette volonté de
rapprochement. Pour ce faire, il a désigné un
groupe composé de deux représentants de
chaque maison pour réfléchir aux possibilités
d’un regroupement. Une singularité dans la
composition de groupe, la présence d’un représentant français désigné par le Provincial
de France. Signe évident que l’initiative de regrouper les trois maisons d’édition belges intéressait de près la Province de France qui ne
16
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
dispose pas de maisons d’éditions d’ouvrages
de ce type. Bien sûr, elle n’est pas absente du
monde de l’édition : elle publie des revues bien
connues telles que Études, Christus et Projet
et les jésuites français ont créé et dirigé des
éditions universitaires et des collections prestigieuses chez différents éditeurs.
Le chantier était ouvert. La progression fut
lente mais régulière. Le travail de réflexion a
débuté en septembre 2012 et s’est terminé en
octobre 2013 par la signature d’un protocole
d’accord. Plus d’un an au rythme d’environ
une réunion tous les deux mois. Le temps de
se connaître, d’identifier les cultures différentes de chaque maison, de mettre au point
des principes de base, afin d’arriver à construire un projet commun suffisamment détaillé
auquel on a donné le nom d’Editions jésuites.
Le protocole d’accord a été approuvé par les
Provinciaux de Belgique et de France. Les Editions jésuites sont devenues une œuvre commune des deux provinces.
En témoigne cet extrait du protocole d’accord : « La nouvelle institution est une œuvre
jésuite commune aux deux provinces jésuites,
animée par l’esprit ignatien de discernement,
capable d’analyser le contexte du monde en
vue de l’action. Elle est liée de manière claire
et définie avec la Compagnie de Jésus dont elle
partage la mission de service de la foi qui promeut la justice dans un dialogue avec les autres
traditions religieuses et une relation créatrice
avec la culture. » En prenant cette décision,
LE DOSSIER
Bicentenaire
du rétablissement
des jésuites
Dossier réalisé par Kristien suenens (KaDoC, leuven) (traDuCtion JaCques Weisshaupt)
’année 2014 a connu de nombreuses
commémorations de la Première
Guerre Mondiale. Sans commune mesure
avec ces événements, on a aussi fait mémoire du bicentenaire du rétablissement
de la Compagnie de Jésus. En 1814, par
la bulle Sollicitudo omnium ecclesiarum,
le pape Pie VII rétablit l’ordre des jésuites,
qui avait été supprimé en 1773 par l’un
de ses prédécesseurs.
Du 23 au 25 octobre, le KADOC a organisé un colloque international sur le
rétablissement des jésuites dans le Benelux. Ceci en collaboration avec la Faculté
de théologie de la KULeuven, l’Université
de Namur, la Ruusbroecbenootschap
(UA), l’Algemeen Rijksarchief, les provinces jésuites flamande, néerlandaise
et de Belgique méridionale-Luxembourg,
ainsi que le Nederlands Instituut voor Jezuïetenstudies,
Durant quarante ans l’ordre des jésuites — sans nul doute l’un des instituts
L
religieux internationaux influents — s’est
retrouvé durant l’ancien régime entre la
vie et la mort.
Les recherches relatives à la manière
dont les (ex-)jésuites ont traversé cette
époque — dans un conteste de changements sociaux radicaux — et posé les fondements du rétablissement de la Compagnie n’en sont qu’à leurs tout débuts.
Le colloque s’est ouvert par un débat
sur le sort réservé à la Compagnie dans
nos régions. Des récits concernant des
(ex-)jésuites et des partisans aussi bien
de l’ancienne que de la nouvelle Compagnie ont été confrontés aux développements structurels intervenus lors des diverses étapes de la suppression, de la dispersion et du rétablissement, le fil conducteur étant la question du maintien
d’une « identité jésuite » inchangée et
l’importance de l’identité du corps dans
la survie de la Compagnie.
Partant de ces problématiques, Pierre-
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 • LE DOSSIER
A
Antoine Fabre (EHESS, Paris) ouvrit le colloque en plaidant pour une contextualisation systématique de toutes les données importantes tirées du récit de la suppression et de la restauration de la Compagnie de Jésus. À l’aide d’un certain
nombre d’écrits de l’époque, il illustra
également la manière avec laquelle des
(ex-)jésuites se démenaient pour interpréter leur propre histoire au cours de
ces quatre décennies turbulentes.
Suppression et dispersion
L’« ancienne » Compagnie sombra en
1773 à cause des querelles intra ecclésiales, des jeux de pouvoir politiques des
puissances catholiques et de l’influence
grandissante de la pensée des Lumières.
Joep van Gennip (Archives provinciales
jésuites des Pays Bas), Michel Hermans
(Université de Namur), André De Winter
et Reimund Haas (Archidiocèse de Cologne) esquissèrent également, respectivement pour la province jésuite flamande, la province jésuite francophone, le
diocèse de Gand et l’archidiocèse de Cologne, esquissèrent l’image d’une Compagnie en proie à des problèmes internes
spécifiques à la veille de sa suppression.
On peut trouver des parallélismes frappant entre la diminution du nombre des
jésuites et des élèves des collèges — apostolat central de la Compagnie — et une
situation financière problématique. Comme aussi l’intervention musclée et parfois
opportuniste d’autorités civiles et de certaines autorités d’Eglise. Les biens de la
Compagnie furent confisqués avec une
évidente avidité, alors que les pères et les
frères — qui protestaient d’ailleurs à peine
— furent forcés de gagner la diaspora.
Une recherche approfondie du sort de
ces ex-jésuites se fait toujours attendre,
B
Echos • no 2 • avril – juin 2014 • LE DOSSIER
mais les intervenants cités mentionnèrent déjà le rôle important des réseaux
existants dans la survie des individus.
Chassés du cœur de leurs lieux de vie
— le monde latin, les Pays-Bas méridionaux et les régions catholiques allemandes — ils trouvèrent étonnamment
refuge en dehors de l’Europe catholique
ainsi que dans un certain nombre d’enclaves. Michel Hermans mentionna l’hospitalité relative accordée par le princeévêque de Liège, qui engagea volontiers
les ex-jésuites pour développer l’enseignement supérieur dans son évêché.
Le P. Frans Chanterie confirmait ce
constat, en décrivant le périple de survie
de la communauté jésuite anglaise de
Saint-Omer qui passa entre autres par
Bruges, Liège et l’Angleterre. Haas, quant
à lui, parla à nouveau des possibilités
d’exode des ex-jésuites allemands vers la
Prusse, où les décrets papaux de suppression ne furent jamais promilgués. Tel fut
aussi le cas, comme le montra Joep van
Gennip, de la « mission hollandaise », où
les jésuites travaillaient déjà clandestinement depuis le XVIIe siècle et où les anciens membres de la Compagnie purent
survivre.
Survivre à la périphérie
Depuis ces refuges, les ex-jésuites de nos
régions réussirent à consolider un réseau
international et à maintenir vivants certains aspects de leur identité et de leur influence. À Liège, et à partir de 1794 en Angleterre, ils continuèrent leurs activités
d’enseignement. Frank Judo a fait remarquer l’influence possible du réseau con servateur autour de l’ex-jésuite FrançoisXavier de Feller (1735–1802) résidant à Liège sur la pensée de Balthazar de Villegas.
Ce dernier qui était chancelier du Com-
LE DOSSIER
té de Brabant durant la Révolution Brabançonne (1789-1790), participa à ce soulèvement conservateur contre la politique
de l’empereur autrichien Joseph II (1780–
1790). Paul Begheyn (Archives jésuites des
Pays-Bas) a attiré l’attention sur la figure
du père Adam Beckers (1744–1806). Il se
révéla à Amsterdam comme une figure
centrale de la communication entre les jésuites dispersés dans d’autres pays et il
joua un rôle de premier plan dans la survie
de la mission jésuite hollandaise. En République des Pays-Bas, les jésuites purent
en effet, à partir de la fin du XVIIIe siècle,
faire évoluer leurs stations précédemment
clandestines en Eglises reconnues.
Peter van Dael, historien de l’art, montra comment les jésuites néerlandais, par
le biais de leur architecture d’église classique et souvent avec l’apport d’artistes
flamands — témoignèrent à nouveau
leur présence au cours de la première
moitié du XIXe siècle.
Le cœur de l’activité des jésuites exilés
durant le temps de la suppression ne se
situait cependant pas à Liège, aux PaysBas, en Angleterre ou en Prusse, mais en
lointaine Russie. Dans l’empire orthodoxe russe, la suppression de l’ordre des
jésuites en 1773 ne fut jamais promulguée. Marek Inglot (Université pontificale grégorienne) décrivit comment la
Compagnie réussit à survivre en Russie.
Des ex-jésuites et de nouvelles recrues
venues de toute l’Europe gagnèrent la
Russie. La première génération de jésuites
de la future « nouvelle » Compagnie fut
formée au noviciat jésuite de Dünaburg
(Daugavpils, Lettonie). Parmi eux se trouvait le néerlandais Jan-Philip Roothaan
(1785–1853), qui avait été recruté à Amsterdam par Beckers et qui devint plus
tard général de la Compagnie rétablie.
Pierre-Antoine Malou-Riga (1753–
1827), une vocation tardive, fabricant de
produits textilesen Flandre occidentale,
fut aussi formé à Dünaburg. Vincent Verbrugge raconta l’histoire de ce jésuite
aventureux qui fut envoyé en 1811 de
Russie aux Etats-Unis, mais qui y subit le
choc frontal des structures hiérarchiques
rénovées de la nouvelle Compagnie.
Les Pères de la foi : jésuites « déguisés » ?
Le prêtre belge Joannes Vrindts (1781–
1862), décrit par Jo Luyten (KADOC), fut
également convaicu par le charisme des
jésuites. Il rejoignit en 1814 le noviciat
français de la Compagnie, mais il renonça
à cause de la politique de ses supérieurs
français fortement axée sur l’enseignement. Ce qui est important, c’est son passé en tant que membre des Pères de la foi
français (Pères de la foi).
Les Pères de la foi furent fondés en
1799. Fusion de deux associations de
prêtres qui trouvaient leur inspiration
dans la Compagnie de Jésus supprimée.
Méfiantes, les autorités françaises, les appelaient les jésuites « déguisés ». Jo Luyten et Kristien Suenens (KADOC) ont retracé les réseaux étendus des Pères de la
Foi en France et aux Pays-Bas. Ils ont entre
autres montré leur solide attachement
au groupe de prêtres proches du président du séminaire, Jean-Hubert Devenise
(1754–1814), qui séjournait à Louvain et
à Namur, et dont Vrindts faisait également partie.
Le réseau des Pères de la foi joua un
grand rôle dans le rétablissement de la
Compagnie dans les Pays-Bas méridionaux, en lui apportant aussi bien des
bienfaiteurs, des refuges et des nouvelles
recrues. Les Pères de la foi étaient, de
plus, très zélés dans la fondation de
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 • LE DOSSIER
C
congrégations de femmes à orientation
apostolique ignatienne.
Sous leur impulsion naquirent entre
autres les Dames du Sacré-Cœur (1800),
fondées par Sophie Barat, les Sœurs de
Notre Dame (1803) de Namur, et les Filles
de Maria-Paridaens (1805) de Louvain.
Une nouvelle identité ?
Même si de nombreux Pères de la foi
rejoignirent la nouvelle Compagnie
après 1814, leur forte ‘cura monialium’ne
fut guère reprise, ou seulement de façon
mitigée, dans la politique du nouvel
ordre jésuite. Il y eut aussi des heurts
entre les anciens Pères de la foi et les
autres membres de la nouvelle Compagnie, notamment lorsque les généraux
successifs Luigi Fortis (1820–1829) et le
précité Roothaan (1829–1853) définirent
le projet de la nouvelle Compagnie.
Le P. Mark Lindeijer se pencha en détail
sur la figure de Roothaan et sur sa formation de bon administrateur jésuite
lorsqu’il était supérieur du collège de Turin (1826–1829). Son prédécesseur Fortis
lui inculqua des principes ignatiens
éprouvés comme une grande foi en Dieu
et en ses propres capacités, une forte solidarité avec le monde et la disposition à
la flexibilité. Le charisme de Roothaan et
son enthousiasme spirituel donnèrent
un élan décisif à la nouvelle Compagnie.
À l’intérieur de la Compagnie, Roothaan devint un héros, auquel on donna
parfois le titre honorifique de « second
fondateur de la Compagnie ». En dehors
de la Compagnie — et non le moins aux
Pays-Bas, comme l’a montré Joep van Gennip dans un second exposé - sa désignation se heurta à de nombreuses critiques.
On vit à nouveau apparaître des théories de complots anti-jésuites provenant
D
Echos • no 2 • avril – juin 2014 • LE DOSSIER
de l’ancien régime ainsi que des images
de fin du monde. Le caractère militant,
international et fort ultramontain de la
Compagnie se heurta au nationalisme du
XIXe siècle et de nombreux protestants y
voyaient une grande menace.
La question est bien de savoir si la Compagnie de Jésus est aussi indestructible
et aussi inchangeable que ne le propageaient ses ennemis dans leurs campagnes anti-jésuites. À en croire de nombreux exposés du colloque, les jésuites se
trouvaient bien effectivement au bord
du précipice en 1773.
La dispersion des ex-jésuites, la survie
de l’ordre dans des régions non catholiques et dans des enclaves, ainsi que la
naissance de groupements de « pseudo »
jésuites ou de jésuites « déguisés » ont
lourdement pesé sur l’identité de corps
de l’ancienne Compagnie et de ses anciens membres. Un certain nombre d’éléments allaient également marquer la
nouvelle Compagnie, comme l’accent mis
sur un esprit apostolique puissant, un modèle d’organisation efficace et une spiritualité militante.
Cependant, une véritable « restauration » de la Compagnie de l’ancien régime n’était évidemment pas possible dans
le contexte de 1814, qui avait changé fondamentalement. Au cours du présent colloque, on n’a pas pu déterminer définitivement de quel côté penchait la balance entre la continuité et la discontinuité.
Cela reste une question problème importante pour les nombreuses autres initiatives internationales prises cet automne
autour de l’anniversaire du rétablissement de la Compagnie. •
Vie & Partenariat
les Editions jésuites répondent à une des priorités de la Compagnie actuelle qui est celle de
l’apostolat intellectuel.
La suite de cet extrait est importante :
« Dans la nouvelle institution, les marques
des différentes éditions sont maintenues. Chacune a un directeur éditorial et un comité éditorial propre qui assurent la continuité de la
ligne éditoriale et des collections des anciennes marques. » En clair, cela signifie que
pour les professionnels de l’édition comme
pour le public, Fidélité, Lessius et Lumen Vitae
continuent d’exister. Si nous les avions supprimées, vous comprendrez aisément, nous
aurions fait beau jeu de l’identité propre de
chaque maison qui s’est construite au cours
des années, et commis en outre une grave erreur commerciale.
Les Editions jésuites sont franco-belges.
Cette double « nationalité » se traduit par deux
implantations géographiques. À Namur, où
se trouve la direction générale et la direction
administrative ainsi que tous les services indispensables à l’édition. A Paris, un bureau où
travaille le collaborateur éditorial pour la France. Il a comme mission d’assurer le lien avec le
milieu culturel français, de rechercher des auteurs et de favoriser la diffusion des ouvrages.
Si le Protocole d’accord a été signé le 10 octobre 2013 et que les statuts des Editions jésuites sont parus au Moniteur le 25 mars 2014,
les Editions jésuites n’existent officiellement
que depuis le 8 juillet 2014. C’est donc une
toute jeune maison. Elle commence à faire ses
premiers pas. C’est pourquoi, au sortir des vacances, nous vous avons convié à célébrer sa
naissance et nous vous remercions de votre
présence. Je remercie tout particulièrement
le P. Antonio Allende, directeur des éditions
Sal Terrae et de José Manuel Díaz, directeur
des éditions Mensajero, deux maisons d’édition jésuites d’Espagne qui se sont regroupées
il y a un an sous l’appellation « Grupo de comunicación Loyola ». Ils nous ont beaucoup
aidés de leurs conseils pour notre propre regroupement, et ils ont fait le déplacement pour
assister à cette présentation.
Si on la compare à un navire, la maison n’a
pas encore atteint sa vitesse de croisière. Toutefois je peux témoigner que l’équipage est
soudé et compétent. Il est composé d’hommes
est de femmes rompus aux différents métiers
de l’édition. Il comprend différents services :
le secrétariat d’édition, la mise en page, la promotion, le secrétariat et l’expédition. Le personnel des trois anciennes « maisons » a mis
d’emblée ses qualités humaines et professionnelles au service de ce projet commun. Dès
lors, le navire ne craint pas la haute mer et les
difficultés inévitables qui surgiront pour se
faire une place, même modeste, dans le monde
difficile de l’édition religieuse et des sciences
humaines.
? Pierre Sauvage, s.j.
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
17
Vie & Partenariat
L’Ecole supérieure
de catéchèse
de Lumen Vitae
N
ous savons que la question de l’avenir
de l’Ecole supérieure de catéchèse est
posée. La nécessité de former des professeurs
de religion compétents et motivés est plus que
jamais évidente ; mais Lumen Vitae n’a plus
les ressources humaines et financières pour
continuer en maintenant le degré d’excellence
reconnu à l’ESC. Cette réflexion est menée en
concertation avec le diocèse de MalinesBruxelles. Plusieurs pistes ont été explorées
en tenant compte notamment des interrogations suscitées par le monde politique concernant l’enseignement de la religion.
Aussi, nous n’avons pas été surpris d’entendre dire lors de l’ouverture de l’année académique : « Il est probable que la rentrée 2015
ne se fasse plus ici, rue Washington ; mais ce
qui est certain, c’est qu’il y aura une rentrée. ».
Depuis lors, les choix se sont précisés et ont
été entérinés par les différentes autorités : Mgr
l’Archevêque, le Provincial des jésuites et l’Assemblée générale de Lumen Vitae. L’Ecole supérieure se déplacera rue Saint-Julien, à Auderghem, à la Maison de l’Enseignement du
diocèse, récemment inaugurée. Il reste encore
à préciser un certain nombre de questions importantes sur l’organisation de la nouvelle institution, mais le travail avance. Le Centre Lumen Vitae mettra tout en œuvre pour soutenir
la nouvelle initiative.
18
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
Un tel changement ne se fait pas sans bousculer des personnes qui se sont données sans
réserve pendant de nombreuses années pour
faire de l’ESC un lieu de formation intégrale.
Elles comprennent qu’il faut mettre en place
des solutions pour l’avenir, mais la disparition
de la forme actuelle de l’ESC est pour elles un
« crève-cœur ». Leur peine est à la mesure de
leur engagement. Nous tenons à leur dire un
immense merci pour le merveilleux service
d’Eglise qu’elles ont accompli. Leur expérience
sera d’une grande aide pour le nouveau projet.
« Si le grain de blé, tombé en terre… » Nous
voulons nous mettre dans une logique d’espérance.
? Richard Erpicum, s.j.
Vie & Partenariat
Dernières parutions
des Editions jésuites
P
renant leur rythme de croisière, les Éditions jésuites ont poursuivi leurs publications fin 2014 et en ce début d’année.
Aux éditions Fidélité,
le P. José Davin a publié
Les personnes homosexuelles, un ouvrage dans
lequel il répond aux nombreuses interrogations qui
se posent sur l’homosexualité : son origine, ses
pratiques, ses valeurs, son
impact familial. Les côtoyant régulièrement,
l’auteur s’intéresse aux difficultés auxquelles
ces personnes sont confrontées : le regard des
autres, l’acceptation de leur particularité, la
rencontre amoureuse, la fondation d’une famille… Un ouvrage qui vient à point nommé
entre les deux synodes sur la famille.
Deux nouveaux volumes sont venus enrichir la collection « Que penser de… ? ». Ils
sont respectivement consacrés au créationnisme et aux évangéliques. Dans le premier,
le P. Maldamé s’attache à critiquer le créationnisme afin de mieux manifester la richesse de
la notion de création qui est à comprendre
comme le don que Dieu adresse à tous. Le volume sur les évangéliques, du P. Mallèvre, dominicain lui aussi, fait le point sur ces communautés qui attirent désormais l’attention
des médias. Ceux-ci pointent souvent du doigt
l’impressionnante progression du nombre de
leurs adeptes, tout en dénonçant les dérives
qui les affectent. Mais qu’en est-il réellement ?
Le P. Fornos est l’actuel
directeur général délégué
du réseau de prière du
pape. Qui, mieux que lui,
pouvait proposer un b.a.ba de la prière, abondamment illustré de dessins en
couleur d’Anne Fioc ? Un
outil idéal pour ceux qui
commencent dans la vie de prière.
Dans Quel homme
pour demain ? le P.
Charles Delhez s’interroge sur l’avenir de l’humanisme au vu de l’évolution des sciences et de
la technique. Un essai de
rapprochement entre
science et foi pour que
l’avenir soit digne de
l’homme !
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
19
Vie & Partenariat
Le livre de Dominique Jacquemin, Vers
une éthique pour la famille, qui paraît aux éditions Lessius, vient bien
à son heure. En prise directe avec les synodes,
l’auteur consacre une
partie importante de son
livre à l’approche anthropologique, psychologique et éthique de la famille, sans oublier
la référence aux enseignements de l’Église.
Plutôt que de donner des réponses définitives,
il préfère fournir des repères et ouvrir des
perspectives.
Deux nouveautés dans la collection « Petite
bibliothèque jésuite » : Suppression et rétablissement de la Compagnie de Jésus (1773–
1814), de Pierre-Antoine Fabre et Patrick Goujon, dans le cadre du 200e anniversaire du rétablissement de la Compagnie, et Consolation
et désolation, qui traite, sous la plume de Nicolas Rousselot, de l’expérience de la résurrection dans la spiritualité jésuite.
Chantal Reynier propose une biographie magistrale du Père de Clorivière (1735–1820). À cha que étape de la vie de ce jésuite, elle met en lumière
les principaux traits de sa
personnalité, notamment
20
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
en décrivant son rôle d’accompagnateur spirituel, d’auteur prolifique et de restaurateur
des Jésuites en France.
Citons également Lors que ton fils te demandera,
du P. Jean-Pierre Sonnet ;
les Philippines, archipel
asiatique et catholique, du
P. de Charentenay ; ainsi
que deux ouvrages autour
du P. Raguin : l’édition de
deux textes inédits, les Déserts de Dieu suivi de Dans
l’attente de la vision et une
biographie que lui consacre Isabelle Pommel sous
le titre Yves Raguin 1912–
1998. L’expérience missionnaire et spirituelle
d’un jésuite en Asie.
Les éditions Lumen
Vitae prêtent régulièrement attention à l’initiation spirituelle et religieuse des enfants. Anne-Dominique Derroitte, dans
J’apprends à prier. Prier
avec les 5–8 ans, propose
un parcours bâti sur dix
activités très concrètes sur dix thèmes relatifs
à la prière. Un guide de l’animateur accompagne le cahier de l’enfant.
Au niveau international, Enzo Biemmi (Ita-
Vie & Partenariat
lie) et Henri Derroitte (Belgique) sont deux auteurs
parmi les plus reconnus
dans le domaine de la catéchèse catholique. Dans
l’ouvrage Catéchèse, communauté et seconde annonce, ils suggèrent des pistes
pour rencontrer, avec une proposition bienfaisante, tous ceux qui ont été baptisés dans
leur enfance mais n’ont jamais vraiment rencontré personnellement la Parole du Christ.
La collection « Soins et spiritualité » s’enrichit d’un nouveau titre. Dans son livre Vivre
la gestion hospitalière. Une question spirituelle ?
le P. Marc Desmet donne la parole aux soignants qui sont quotidiennement confrontés
à des changements incessants, à des contrôles
et à une administration croissante qui les éloignent de l’essentiel de leur mission. En tant que
médecin et jésuite, l’auteur aide les soignants
à mieux se situer dans leur hôpital et suggère
des moyens spirituels pour se tenir à l’écart de
la tempête des développements organisationnels.
Enfin, épinglons les
deux derniers numéros de
la revue Lumen Vitae, l’un
consacré au Catéchisme de
l’Église catholique et l’autre
qui s’intéresse à l’Église en
sortie, celle envoyée aux périphéries. Ce numéro s’attache à clarifier ce que signifient exactement
ces périphéries, géographiques et existentielles, évoquées par le pape François.
? Jean Hanotte
INDE
Le P. Felix Raj, doyen du Saint-Francis Xavier College de Kolkatta, en Inde, à l’agence Fides : « A
travers l’éducation et la recherche, a-t-il dit, les
jésuites jouent encore un rôle crucial dans la formation du caractère des nations asiatiques : leur
vision, leur mission, a formé des hommes et des
femmes, des leaders, des philosophes, penseurs,
éducateurs et hommes politiques qui ont consacré leur vie au bien commun de leur pays. » Il a
rappelé ensuite que la première institution
d’éducation des jésuites dans le monde s’est ouverte précisément en Asie méridionale, avec le
collège Saint-Paul de Goa, en 1544. Aujourd’hui,
le réseau éducatif dans cette région compte 387
écoles élémentaires et secondaires, 16 écoles supérieures et cinquante collèges universitaires.
« L’éducation est le principal instrument pour le
développement intégral de la famille humaine.
Les jésuites d’Asie méridionale ont été des pionniers dans l’éducation des pauvres des zones rurales, des dalit (opprimés) et des “tribaux”. En ouvrant leurs institutions à tous, indépendamment
de la caste, du credo, de la langue et du sexe, ils
ont exercé une influence salutaire et harmonieuse dans les nations de ce subcontinent. »
CANADA
La revue Jésuites canadiens 2015 fait état de plus
de 200 jésuites (152 anglophones et 132 francophones dont une quarantaine en Haïti). Les
jeunes jésuites en formation sont respectivement 22 (dont 6 novices) et 35 (dont 8 novices).
D’ici quelques années, les deux Provinces du Canada formeront une Province bilingue. Le rapprochement était déjà amorcé avec l’ouverture d’un
noviciat commun à Montréal en 2008. Présents
en terre canadienne depuis 1611, les jésuites poursuivent leur mission, à l’instar des saints martyrs
canadiens, pour la plus grande gloire de Dieu.
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
21
La Compagnie en Europe et dans le monde
Le JECSE
à Strasbourg
Octobre 2014
L
e dernier congrès du JECSE (Jesuit European Committee for Primary and Secondary Education) s’est tenu à Strasbourg
du 7 au 10 octobre 2014.
Il a rassemblé 136 chefs d’établissements
parmi lesquels 22 jésuites, venant de 17 provinces différentes.
« Restaurer la confiance — l’éducation jésuite au service de l’idéal européen » tel était
le thème du congrès.
22
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
Pourquoi Strasbourg ?
Et pourquoi un tel thème ?
C’était comme un rêve, comme une obsession qu’un jour nous parlerions d’une seul
voix, qu’un jour nos enfants se sentiraient européens parce que cela signifierait quelque
chose pour eux. L’éducation dans les établissements jésuites pouvait-elle servir un tel
La Compagnie en Europe et dans le monde
idéal ?
Strasbourg est le lieu même où les mots
comme « réconciliation » « coopération »
« confiance » résonnent particulièrement,
symbolisés par le Parlement européen et le
Conseil de l’Europe.
Des intervenants tels que le P. Henri Madelin, s.j., ancien provincial de France et travaillant actuellement à Strasbourg et Laurent
Grégoire, président de l’OCIPE ont abordé le
rôle des jésuites après la guerre, et le rôle des
citoyens dans le projet européen.
Pierre Defraigne, économiste belge et directeur de la fondation Madariaga, collège
d’Europe, a donné une analyse brillante des
enjeux actuels pour l’Europe et du rôle que
pourrait jouer l’éducation dans la construction
d’une communauté de destin (voir sa conférence sur www.jecse.org).
Le dernier jour le P. Michael Paul Gallagher,
jésuite irlandais et professeur émérite à la Grégorienne, a pu conclure en développant le rôle
de l’imagination et de la créativité pour éviter
les stéréotypes et ainsi œuvrer à la réconciliation et à la paix.
Comme durant chaque congrès du JECSE,
un temps spirituel fut proposé lors d’une »promenade méditative’’ au Mont Ste Odile : un
temps pour relire sa mission de directeur, guidé par le P. Bernard Peeters, s.j., qui s’est appuyé à la fois sur saint Pierre Favre et sainte
Odile.
Enfin, des ateliers, le jeudi matin, ont permis la découverte d’autres initiatives citoyennes existant dans le réseau européen,
comme le parlement européen des jeunes ou
un parlement des jeunes des écoles jésuites…
Ce congrès n’aurait pu avoir lieu sans la précieuse coopération de l’établissement jésuite
de Saint-Blasien, en Allemagne, dont le directeur a mis à la disposition du JECSE des
enseignants pour aider à la traduction et des
étudiants pour l’accueil, sans oublier Georg
Leber, préfet de niveau, qui a porté la logistique et la préparation de ce congrès, avec
l’équipe du comité de pilotage du JECSE.
Aurons-nous réussi à restaurer un peu de
cette confiance qui manque encore aujourd’hui dans les institutions européennes et dans
le projet européen ?
Certes le pari était risqué, et il reste encore
bien des pas à faire vers les autres cultures et
les autres réalités, même au sein de notre réseau. Mais pour rappeler ce qu’a écrit le Père
Général Adolfo Nicolas : « Œuvrer à la Réconciliation et à la Paix est très étroitement
lié à notre spiritualité ignatienne ».
Alors gardons en nous cette idée que l’éducation jésuite peut aussi apporter sa pierre à
la construction d’un projet commun tel que
l’Europe nous y appelle.
? Marie-érèse Michel
Directrice du JECSE
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
23
La Compagnie en Europe et dans le monde
Le P. Provincial à
Kolkata, Hyderabad
et Dhaka
Carnet de voyage
D
u 23 décembre au 10 janvier, j’ai eu la joie
de rendre visite à nos provinces jumelées de Calcutta — ainsi que sa mission du
Bengladesh — et d’Andhra Pradesh. Je remercie les provinciaux qui n’ont pas compté leur
temps et qui m’ont accompagné dans tous mes
déplacements.
Impossible évidemment de rendre compte
de tous les lieux visités et des multiples rencontres faites à cette occasion. Quelques flashs,
simplement imprimés dans ma mémoire et
dans mon cœur.
Calcutta
Accueilli la veille par le P.
Provincial Jeyharaj Veluswany, je me retrouve dès le
24 décembre au matin à Gurap, une des quatre « missions » des jésuites dans une
région où vivent de nombreux Santals. Ils font partie
de ces « tribus » (tribals) autochtones de l’Inde qui sont
parmi les populations les
plus exclues de la société.
Trois jésuites sont en charge
24
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
d’un internat pour des enfants très pauvres de
6 à 12 ans. Une équipe de jeunes professeurs
m’invite à m’asseoir et m’accueille selon leur
tradition : lavement des pieds et onction d’huile. Très émouvant d’ouvrir ainsi mon voyage
par ce geste au parfum d’Évangile.
À quelques encablures, la petite ville de
Kalna : autre internat et une paroisse qui porte
un nom familier « La Vierge des pauvres ».
Messe de minuit précédée par deux heures de
procession dans les rues. La foule compacte
suit une crèche vivante juchée sur un camion.
Témoignage pour tous les curieux massés sur
La Compagnie en Europe et dans le monde
les trottoirs. Un groupe de sept jeunes (16-18
ans ?) se tient à l’entrée de l’église. La conversation s’engage : « Je viens de Belgique, je suis
prêtre, catholique ». « Et vous, chrétiens ? »
« Non, mais on est intéressé ». Après la messe,
la foule danse jusqu’à l’aube. Un peu difficile
de s’endormir.
Retour à Kolkata. Visite des différentes
communautés et soirée organisée par les anciens du « St. Xavier’s College », collège qui
ayant acquis son autonomie pourra bientôt
revendiquer le titre d’université. Contraste
frappant avec les missions santals. Immense
chapiteau, estrade lumineuse, sono digne des
plus grands concerts, écran géant… On honore pour l’occasion un ancien qui a réussi
dans l’industrie et qui soutient l’université.
Les anciens sont très actifs et très reconnaissants vis-à-vis de la Compagnie pour l’éducation reçue dans ces murs. Je suis sur le devant de la scène comme « Honour Guest ».
L’œuvre des missionnaires belges n’est pas
oubliée. J’en serai témoin dans tous mes déplacements. Mon dernier jour dans la Province me verra ainsi monter d’un grade comme
« Chief Guest » lors de la célébration finale du
jubilé des 50 ans de l’école secondaire de Burdwan. On y lit les mots envoyés par le P. Emile
Gales et le P. Louis Hincq, fondateurs et premiers « headmasters », dont la mémoire reste
vivante.
« Dhyan Ashram », centre spirituel et noviciat, accueille l’assemblée de Province à laquelle
je participe. Je rencontre ainsi un bon nombre
de compagnons. L’état de la Province communiqué par le Provincial et par l’économe est
éclairant. La jeunesse et le dynamisme de la
Province, les besoins de la population font
naître des projets multiples et ambitieux. Ainsi,
souvent, la construction d’une école secondaire
entraîne quelques années plus tard sur le même
site celle d’un établissement d’enseignement
supérieur, appelé lui-même à grandir.
Je ne peux terminer mon parcours de la
Province de Calcutta sans mentionner les
compagnons issus de nos contrées : Christian
Mignon, Mathieu Schillings, Jean Englebert,
Pierre Jacobs, Etienne Degrez venu du Népal
pour quelques jours. À chaque fois, pour moi,
des rencontres émouvantes car derrière
chaque visage, c’est aussi ceux de beaucoup
d’autres qui ont quitté notre pays et qui ont
donné toute leur énergie et leur savoir-faire
afin que naisse cette province de Calcutta
maintenant en plein développement.
Je mentionne ici les quelques jours passé
dans la mission du Bengladesh. Charles Pollet
et Pradeep Perez (qui a étudié à Bruxelles) me
pilotent dans une ville de Dhaka où la densité
de circulation, le niveau sonore des klaxons
et les numéros d’équilibristes des conducteurs
surpassent encore tout ce que j’ai vu ailleurs.
Arrivé en pleine période de grève, avec séquestration de la chef de l’opposition (quelques morts et des bus incendiés…), je n’ai pas
pu circuler autant que prévu. Les entrées régulières de Bangladeshis au noviciat pourraient donner un avenir différent à cette mission. Région indépendante ? Province à part
entière ? Il est encore difficile de le dire mais
on sent un désir de prendre son envol en
moindre dépendance du grand frère indien
sachant aussi que le passage entre les deux
états (visas) est extrêmement difficile.
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
25
La Compagnie en Europe et dans le monde
Andhra
31 décembre. Atterrissage à Hyderabad–
Secunderabad capitale de l’état d’Andhra Pradesh bientôt scindé en deux pour former un
état supplémentaire. La Province devra se doter d’un nouveau nom. Accueil chaleureux
par le nouveau Provincial, Amal Raj bientôt
rejoint par Francis-Xavier Antonysamy avec
qui j’ai vécu un an au théologat en… 1983. Retrouvailles émouvantes. Il m’accompagnera
avec le Provincial durant tout mon séjour.
Mes déplacements me conduiront d’ailleurs
dans des lieux où je reverrai certains de ceux
qui sont passés par notre Province. À Secunderabad je retrouve Philomin Raj, supérieur
d’une communauté en charge d’une école secondaire. Non loin, un jésuite a fondé il y a
plus de quinze ans une maison qui recueille
les enfants de la rue. L’accueil de ces enfants
avec leur chant de Noël fut très touchant. Joji
Kunduru m’a reçu dans la communauté
d’Hindipur dont il est le supérieur. Dans cette
mission se côtoient deux écoles secondaires :
l’une en Télougou, l’autre en anglais. En plusieurs endroits, on trouve ainsi sur le même
terrain une école pour des familles plus modestes où la maîtrise de la langue locale est
déjà un défi et une autre, où les enfants ont la
possibilité de miser également sur l’apprentissage de l’anglais. Ce qui, bien sûr, leur ouvrira d’autres portes pour le futur. Un institut
d’éducation, un internat et le prénoviciat complètent les œuvres sur place. Joachimainese
m’a entraîné sur le campus de l’Andhra Loyola
Institute of Engineering and Technology dont
il est le directeur et qui est situé à Vijayawada.
De nouveaux bâtiments splendides viennent
d’être construits. Comme dans la Province de
Calcutta et sans doute dans l’ensemble de l’Inde, j’ai pu constater à quel point l’éducation
tient une place de choix. J’ai partout été extrê-
26
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
mement impressionné par l’ampleur des
constructions et des projets en cours sur d’immenses terrains. Les entrées au noviciat nombreuses et régulières permettent d’oser ainsi
l’avenir. Nos « anciens » de l’IET ne chôment
donc pas et leur français tient toujours la route
malgré les années.
Les nombreux kilomètres accomplis avec
deux voyages en train de nuit m’ont permis de
toucher à beaucoup de réalités. Mais pour terminer je ne peux pas ne pas mentionner ma
visite au sanctuaire de Krishnapuram situé au
sud de la Province dans une région où l’eau est
rare. Un magnifique mausolée abrite les
tombes des trois compagnons français qui sont
considérés comme les fondateurs du christianisme en Andhra et qui ont commencé à missionner dans la région au début du xviiie siècle.
Retenons simplement le nom du plus vénéré
d’entre eux, Etienne Le Cac né à Brest. Dans la
crypte, lieu de prière pour les habitants du village, chrétiens ou hindous, nous nous sommes
recueillis et avons célébré l’Eucharistie en action de grâce pour ces hommes qui n’ont pas
eu peur de se lancer dans des missions difficiles
pour l’annonce de l’Évangile. Une grande force
se dégage de ce lieu.
Que retenir de ce voyage ? L’immense reconnaissance manifestée à notre Province, sûrement. L’invitation aussi à entretenir davantage les liens. Que nos visites ne se résument
pas à celles des Provinciaux une fois tous les
six ans. Pourquoi ne pas envisager ces régions
pour un temps sabbatique, pour emmener des
jeunes faire une expérience auprès des plus
pauvres ? Les possibilités sont multiples. Peuton envisager que des jésuites indiens viennent
à leur tour participer à la mission de notre Province ? Des idées, des projets mûrissent.
? Franck Janin, s.j.
La Compagnie en Europe et dans le monde
Rencontre des
frères à Rome
L
e frère Xavier Evrard, de la communauté
Saint-Servais à Liège, a participé pendant trois jours à une rencontre européenne
de frères jésuites à Rome, du vendredi 26 au
lundi 30 septembre 2014, sur le thème « Aux
frontières de la mission aujourd’hui ». Trentequatre frères jésuites participaient à la rencontre, représentant vingt-trois provinces différentes. En introduction à cette rencontre, trois
frères ont présenté de manière très personnelle
leur insertion apostolique particulière. Parmi
eux, Michaël Schöpf, qui fut membre de la communauté Pierre Favre de Bruxelles et directeur
du JRS-Europe. Ces présentations furent suivies
par un travail en groupe : identité propre à la
vocation des frères dans la Compagnie, et leur
participation aux différentes missions, en ce
compris le service des vocations. Cette rencontre engloba un des sommets de la célébration du 200e anniversaire du rétablissement de
la Compagnie de Jésus : le 27 septembre les
frères participaient aux
vêpres solennelles dans
l’église du Gesù en présence
du pape François. Chacun
eut la chance de serrer la
main de l’évêque de Rome.
Beaucoup de chaleur,
d’émotions et de fraternité !
Lors de la journée du dimanche, le P. John Dardis,
président de la conférence
des provinciaux européens,
a présenté les priorités pour
la Compagnie en Europe, tout comme il l’avait
fait à Bruxelles lors du rassemblement « Quid
Agendum ». Ce fut suivi d’une présentation,
par un des participants, de l’enracinement historique de la vocation de frère et de son lien
avec les Exercices spirituels. Enfin le lundi
matin, c’est le P. Général qui prit la parole. On
peut noter qu’il participa à quasiment toutes
les séances plénières. Le dernier travail de
groupe permit de rassembler questions et
priorités (au sujet de la vocation de frère dans
la Compagnie) ; elles ont été soumises au P.
Général, notamment en vue de la préparation
de la prochaine congrégation générale. La
rencontre fut clôturée par une messe présidée
par le P. Adolfo Nicolás. Tout au long de ces
journées beaucoup de connivence entre les
participants et un accueil chaleureux de la
part des assistants romains.
? ierry Dobbelstein, s.j.
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
27
Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene
LA PAIRELLE
◆ Laisser passer le souffle. Retraite alternant
Centre spirituel ignatien
25, rue Marcel Lecomte
5100 Wépion
081 46 81 45 & 081 46 81 11
[email protected]
www.lapairelle.be
travail de la voix et contemplation biblique.
Ouvrir sa voix et laisser passer le souffle en
nous, le nôtre et celui de l’Esprit Saint du L. 20
au V. 24 avril 2015 avec Elisabeth Goethals, soprano, Professeure de chant diplômée du
Conservatoire Royal de Bruxelles, formée en
Anatomie pour la voix et Cinétique respiratoire et P. Christophe Renders, s.j.
◆ « Trouver Dieu en toute chose » : retraite
selon la pédagogie de l’École de Prière
Contemplative du V. 24 au D. 26 avril 2015
avec Thérèse Crispin et Cécile Gillet.
◆ « Entre rêves et réalités ». Week-end pour
les personnes ayant moins de 10 ans de vie en
couple du S. 25 au D. 26 avril 2015 avec P. Eric
Vollen, s.j. et un couple.
◆ « Le défi d’un nouveau souffle ». Week-end
pour les personnes ayant autour de 25 ans de
vie de couple du S. 25 au D. 26 avril avec Bernadette et Baudouin van Derton, et un jésuite
◆ Écouter la Parole à la suite du Christ. Initia-
◆ Triduum pascal : célébrer les jours saints :
« Ils partirent pour le mont des Oliviers » (Mt
26, 30). Le mont des Oliviers : lieu de veille et
de prière, d’angoisse et d’abandon, mais aussi
de proximité et de séparation entre Jésus et
ses disciples. C’est là que nous joindrons notre
histoire à la leur pour nous laisser rejoindre
par le Christ et toucher par sa résurrection du
Me. 1er au D. 5 avril 2015 avec P. Paul Malvaux,
s.j. et une équipe.
◆ Pour apprécier le Don de Dieu, se laisser
d’abord aimer. Retraite suivant les Exercices
spirituels de saint Ignace du V. 10 au D. 19 avril
2015 avec P. Jean-Marie Schiltz, s.j. et Rita
Dobbelstein.
◆ « Si le Christ n’est pas ressuscité, vide notre
message, vide votre foi » (1 Co 15, 14). Journée
de La Pairelle, samedi 18 avril 2015 avec P. Bernard Pottier, s.j., Professeur de théologie (IET),
curieux de philosophie et de psychologie,
curé d’une paroisse portugaise bruxelloise durant 20 ans.
28
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
tion aux Exercices spirituels de saint Ignace.
Vivre une expérience spirituelle fondée sur
l’apprentissage de la pédagogie d’Ignace de
Loyola : prier l’Écriture, relire sa prière et sa
vie, entrer dans le discernement spirituel du V.
1er au D. 3 mai avec Michel Danckaert, P.
Christophe Renders, s.j., Sr Alice Tholence,
r.s.a., P. Etienne Vandeputte, s.j. et Bernadette
van Derton.
◆ Mieux gérer nos conflits de tous les jours. À
partir d’outils de communication, nous travaillerons des situations concrètes et ferons
des exercices directement applicables dans
notre quotidien pour de meilleures relations.
Nous conjuguerons méthode, psychologie et
spiritualité chrétienne du V. 1er au D. 3 mai
2015 avec Etienne et Christine Chomé, époux
et parents. Christine est bio-ingénieure. Auteur de la méthode C-R-I-T-E-R-E, Etienne est
le fondateur de l’Ecole CommunicActions. Il
est aussi chercheur à l’UCL et Professeur à
l’Institut International Lumen Vitae.
◆ Oser la vie. Comme les disciples d’Emmaüs,
se laisser rejoindre et ressaisir par le Christ
Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota ben
ressuscité du L. 4 au S. 9 mai 2015 avec P. Jean
Meeûs, s.j. et une équipe. ◆ « Aimer, c’est choisir ». Week-end de prépa-
ration au mariage du V. 8 au D. 10 mai 2015
avec P. Charles Delhez, s.j.
◆ Quel rapport entre le sacerdoce commun
des fidèles et le sacerdoce ministériel ? Tous
prêtres ? du V. 15 au D. 17 avec Dominique
Martens, père de famille, Professeur de théologie biblique à l’Institut International Lumen
Vitae.
◆ Je leur donnerai un cœur de chair. Comme
les disciples, réunis avec Marie au Cénacle,
nous nous préparerons à accueillir le don de
l’Esprit Saint du MA. 19 au D. 24 mai 2015 avec
P. Pierre Depelchin, s.j. et Thérèse Crispin.
◆ « Choisis donc la vie ! ». Chasteté, pauvreté,
obéissance : vœux réservés à quelques-uns ou
attitudes fondamentales propres à tout chrétien ? À l’aide de l’Écriture, nous approfondirons ce que peut signifier cette qualité de relation appelée « chasteté », cette liberté
intérieure appelée « pauvreté » et ce consentement au réel appelé « obéissance » du Me.
20 au L. 25 mai 2015 avec le cardinal Godfried
Danneels et Natalie Lacroix.
◆ Dietrich Bonhoeffer : « Mais Toi, tu connais
le chemin pour moi ». Faire connaissance avec
ce jeune pasteur luthérien, symbole de la résistance allemande contre le nazisme. Sa vie
et ses réflexions peuvent nous
soutenir sur notre chemin de
la foi dans un monde qui « n’a
plus besoin de Dieu ». Du V. 29
au D. 31 mai 2015 avec Sr Sigrun Gross, r.s.a., animatrice à
La Pairelle.
◆ Retraites selon la pédagogie de l’École de
Prière Contemplative. « Ephata ! Ouvre-toi ! »
(Mc 7, 34) « Ils étaient frappés au-delà de
toute mesure et disaient : ‘Il a bien fait toutes
choses… » » . Entrer dans la prière contemplative telle qu’elle est proposée par saint Ignace
dans les Exercices spirituels de 2ème semaine :
mettre en jeu tous nos sens pour entrer en relation avec Dieu du Ma. 7 au V. 10 juillet 2015
avec P. Daniel de Crombrugghe, s.j., Joëlle et
Michel Desmarets et Cécile Gillet.
◆ Formation à l’animation d’Ecole de Prière
Contemplative du Ma. 7 (18 h 15) au L. 13
(17 h 00) juillet 2015 avec P. Daniel de Crombrugghe, s.j., Joëlle et Michel Desmarets et Cécile Gillet.
◆ Écouter la Parole à la suite du Christ. Initia-
tion aux Exercices spirituels de saint Ignace du
L. 13 au S. 18 juillet 2015 avec Michel Danckaert, P. Christophe Renders, s.j., Sr Alice Tholence, r.s.a., P. Etienne Vandeputte, s.j. et Bernadette van Derton.
◆ Marcher et prier. Une expérience de re-
traite : 3 jours de marche entrecoupés de 2
jours à La Pairelle. Après une mise en route
commune, nous marchons en silence et seuls
jusqu’à la célébration et au partage qui clôturent la journée du L. 13 au V. 18 juillet 2015
avec P. Paul Malvaux, s.j., Alix Crassaert et Geneviève Materne.
◆ Dimanche des familles : « Je
ferai passer devant toi ma
beauté » (Exode 33, 19). Avec
Chagall, partons à la découverte de la beauté de Dieu. En
main : pinceaux, couleurs et
papiers colorés ; dimanche 31
mai de 10 h 00 à 17 h 00 avec
Sandrine de Liedekerke et Nathalie Schul.
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
29
Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene
COMMUNAUTÉ DU CHEMIN NEUF
Carmel de Mehagne
27, chemin du Carmel
4053 Embourg
04 365 10 81
[email protected]
2015. Animé par la Communauté du Chemin
Neuf. Soirée pour prier ensemble et vivre la
vie fraternelle.
ACTIVITES
◆ LG : Mardi de désert « Ta Parole est la lu-
mière de mes pas, la lampe de ma route » Ps
118. Mardis 3 mars, 5 mai et 2 juin 2015 de
9 h 30 à 15 h 00. Animé par la Communauté du
Chemin Neuf et l’abbé José Gierkens en mars,
l’abbé Pierre Hannosset en mai, le P. Bernardin
Kamwanga en juin. Journée de ressourcement
à l’écoute de la Parole de Dieu et de l’Esprit
Saint. Prendre le temps de s’arrêter et se laisser rejoindre par Dieu dans le silence. Enseignement, prière silencieuse, adoration, sacrement de réconciliation, eucharistie à 12 h 00,
repas simplifié, écoute spirituelle.
◆ LG : Week-end CANA pour couples « Être
3, avenue Arthur Dezangré
1950 Kraainem
0472 435 425
[email protected]
www.chemin-neuf.be
Klooster Heilig Hart
De Merodelei 12
2600 Berchem
03 230 81 70
[email protected]
GROUPES DE PRIERE
◆ LG + BXL : Groupe de prière pour tous. Tous
les mardis à 20 h 30 (sf vacances scolaires).
Animé par la Communauté du Chemin Neuf.
Une heure de prière et de louange, à l’écoute
de la Parole et de l’Esprit Saint, afin d’accueillir
Dieu dans notre quotidien.
◆ BXL (oratoire de l’église Saint-Michel,
Montgomery – 0483 39 18 93) : Groupe de
prière jeunes. Tous les 3es mardis du mois à
20 h 30 – les 17 mars, 21 avril, 19 mai et 16 juin
30
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
parents aujourd’hui ». Du samedi 7 (14 h 30) au
dimanche 8 mars 2015 (16 h 30). Animé par la
Communauté du Chemin Neuf. « Comment
accompagner nos enfants dans le monde d’aujourd’hui ? » Week-end pour les couples avec
accueil des enfants de 0 à 12 ans. Alternance
d’enseignements, de moments en couple, dans
un climat d’écoute, de confiance et de prière.
Un week-end pour faire grandir l’amour.
◆ LG + BXL + Louvain-la-Neuve (chapelle des
Bruyères, 14, rue René Magritte) + Namur (126,
rue Henri Lecoq) + Anvers. « Soirée Net for
God », mardis 24 mars, 28 avril et 23 juin 2015
à 20 h 30 (LLN à 20 h 15, Anvers à 20 h 00 en
néerlandais).
◆ Auderghem (23 avenue Charles Schaller)
« Matinée Net for God », vendredis 20 mars,
24 avril, 29 mai et 19 juin 2015 à 10 h 00.
◆ Rencontres animées par la Communauté du
Chemin Neuf. Partages, prière, formation à
partir d’un film vidéo, diffusé dans 70 pays. Le
thème du film nous aide à reconnaître l’œuvre
de l’Esprit Saint dans le monde, œuvre de paix
et d’unité. Voir les précédents films sur
www.netforgod.tv.
◆ Pays-Bas (abbaye Saint-Paul d’Oosterhout,
Breda, +32 4 365 10 81) : Week-end jeunes international pour fêter ensemble le Christ res-
Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota ben
suscité du samedi 4 (15 h 00) au lundi 6 avril
2015 (14 h 00). Animé par la Communauté du
Chemin Neuf. Pour les 18–30 ans venant de
Belgique, France, Allemagne, Pays-Bas…
beaucoup de nos contemporains sont en
quête de sens, les écrits johanniques nous ouvrent un chemin de vie ! Inscription souhaitée.
◆ LG : Samedi de formation « Devenez mes
(18 h 00) au dimanche 3 mai 2015 (15 h 00).
Animé par la Communauté du Chemin Neuf.
Retraite en silence de 4 jours pour accueillir la
lumière de Dieu sur son histoire. Enseignements, prière personnelle et communautaire,
ateliers, accompagnements quotidiens. Lettre
de motivation pour l’inscription.
disciples » - Vivre en plénitude, introduction à
saint Jean. Le 25 avril 2015 à partir de 15 h 00
avec Jean-Pierre Nave et la Cté du Chemin
Neuf. L’Evangile selon saint Jean témoigne
d’une authentique expérience spirituelle qui
rejoint l’aspiration profonde de tout être humain : vivre en plénitude. En ce temps où
◆ LG : Anamnèse, du mercredi 29 avril
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
31
Le billet d’humeur
JEAN BURTON, S.J.
ÊTES-VOUS TRANS- ?
Il y a peu, si vous étiez « in », on vous demandait : « Etes-vous
zen ? » ! Mais cela n’est plus « tendance », par le temps qui court,
de rester calme. Il est plus « mode » d’examiner notre soif du
Trans-. Non, non pas transi- ! Bien qu’en hiver ce ne serait pas
étonnant… Non ! Trans-. Préfixe du lat. trans « par-delà », prép.
et pré-verbe qui a, en français (mais pas seulement) le sens de
« au-delà de » (transalpin) et qui marque le passage ou le changement… les exemples sont aisés à trouver (14 colonnes dans
le Petit Robert)…
Nous serions donc plutôt pressés d’« aller voir ailleurs »…
Faut-il s’en réjouir ou entrer en trance (sic) ? Mais pour aller où ?
Il est vrai que la sonde Rosetta n’a pas lésiné sur les kilomètres
pour nous transporter à des vitesses trans-soniques. Et, sans
beaucoup de prudence, au grand dam des écologistes qui respectent la lenteur des évolutions, nos bactéries étaient transformées depuis belle lurette pour être trans-géniques. Nous
avions déjà, heureuses thérapie, les trans-plantations d’organes.
Voila qu’il nous fallait encore être attentifs à cette surprenante
possibilité d’un genre trans-sexué… Déplacement des frontières ?
Trans-gression des limites ? Quel est ce dynamisme, comme
congénital, qui nous trans-porte ? Aurions-nous peur de notre
vie qui passe… et trans-ite. On peut se le demander quant le
nouveau venu de la tribu des trans- s’impose comme l’avenir
de notre humanité : le trans-humanisme (s’agit-il encore de
nous ?).
A en croire l’entrefilet du tabloïd « Metro - 4-12-14 » notre
espèce sera bientôt supplantée grâce aux Cyborgs (humanoïdes
implantés de puces électroniques « intelligentes »). Ainsi donc
sommes-nous, et cela est notre grandeur, traversés par une
étonnante aspiration, une trans-figuration, une trans-cendance.
Savons-nous Laquelle nous trans-perce la chair et le cœur, l’esprit même… Lui trans-mettrons-nous notre avenir en Lui laissant
notre dernière trans-subtantiation en sa Faiblesse.
Jean Burton, s.j.
32
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
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Rédacteur en chef
Secrétaire de rédaction
Comité de rédaction
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avec la mention : « Soutien aux Échos »
ToMMy SCHoLTES, S.J.
RoLAND FRANCART, S.J.
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Bd Saint-Michel, 24 – 1040 Bruxelles
tél. : 0478 26 97 28 – [email protected]
JEAN BURToN, S.J., RoLAND FRANCART, S.J.,
RoBERT MyLE, S.J., DANIEL DE CRoMBRUGGHE, S.J.
JEAN-MARIE SCHWARTZ
BIETLoT, 6060 Gilly
DIPRoMÉDIA, 5000 Namur
www.jesuites.be
Les derniers numéros des Echos sont consultables sur le site www.jesuites.be.
Ceux qui souhaitent déposer des informations (sous forme d’article, nouvelle, récit, etc.) dans les Echos ou sur le site peuvent le faire
via [email protected].
© BML, MMXV
Venez en pèlerinage à Rome
du 6 au 12 avril 2015
Un pèlerinage à Rome est organisé par l’Apostolat de la Prière. C’est durant la semaine de Pâques — un moment
propice à libérer du temps. Bienvenue ! ierry Monfils présente quatre raisons d’aller prier plus près du pape François.
• DÉCOUVRIR L’APOSTOLAT DE LA PRIÈRE
L’Apostolat de la Prière est le réseau de prière du pape. Il connaît une recréation. En effet, les techniques connaissent
un développement exponentiellement rapide. Vous aussi vous êtes peut-être au courant de ce que François a dit le matin
même dans son homélie à Sainte-Marthe. Ces progrès rendent la prière d’autant plus vitale : pour accompagner la
communication, prendre soin des relations humaines, réparer les brèches dans la fraternité et préparer la civilisation de
l’amour toujours en chantier. Autant de raisons pour redoubler de prière : Dieu seul sait nous rendre capables d’aimer
vraiment. Ayant fêté ses 170 ans le 2 décembre de l’an dernier, l’Apostolat de la Prière se découvre un nouvel horizon
spirituel et communicationnel : prier au cœur du monde avec le pape. François souvent reporte l’affection qui lui est
témoignée vers le ciel, vers Jésus Christ. Ce pèlerinage veut offrir une occasion de découvrir l’Apostolat de la Prière :
nous allons le confier à Dieu.
• FRANÇOIS
Tous nous éprouvons de la sympathie, de l’affection ou de l’enthousiasme pour François qui ranime l’espérance. Ses
paroles vigoureuses, son témoignage en paroles et en actes, ont un retentissement au-delà des limites de l’Église. A
fortiori nous autres baptisés nous sommes renouvelés par son enseignement et sa joie. Venez puiser à la fontaine
jaillissante de Saint-Pierre : la joie de Dieu ! Nous aurons vécu l’effort de conversion du Carême ; la semaine de Pâques
sera le moment de célébrer le Christ ressuscité, cause indéfectible de notre joie. Lui seul est capable de revivre et faire
revivre après la mort. Lui seul sait retisser les liens de l’humanité déchirée par l’irrespect et la violence.
• PRIER AU CŒUR DU MONDE
Le pèlerinage est l’occasion de confier Dieu les besoins spirituels et matériels de ceux que nous connaissons et du
monde entier. Dieu veille sur nous : à lui parler de ceux que nous aimons, cela change quelque chose ; c’est l’amorce
d’une réponse. Parfois Dieu donne ce que nous demandons, parfois Il donne autre chose, mais c’est toujours un bien. À
travers tout, il donne son amour, et c’est cela qui compte par-dessus tout. « Prier au cœur du monde » est l’expression
par laquelle l’Apostolat de la Prière exprime aujourd’hui la démarche d’intercession proposée à l’offrande de soi : nous
prions au cœur du monde, avec l’aide du pape et autour de lui, afin que là où nous sommes et partout grandisse le
Royaume du Christ. Le mois d’avril sera le moment de prier pour le respect de la création : « Notre maison planétaire va
mal. Ô Esprit Saint, aide-nous à oser la justice sociale et écologique » (Piotr Barczak). Nous pourrons aussi témoigner
en Église notre solidarité envers les chrétiens persécutés : ici aussi, la prière conduit à l’action. Nous ferons à Rome tout
un chemin de rencontres et d’intercession, avec une présentation de différentes formes de prière.
• « LA JOIE D’ÊTRE PEUPLE »
Si nous allons à Rome, c’est surtout pour nous laisser aimer par Dieu. C’est la grande tâche de la vie, se laisser aimer
par Dieu. Puiser à la source de son amour. Tout découle de lui, tout bien rayonne de lui. Pour bien assumer notre
mission, il est important d’aller chercher auprès de Dieu la force et la joie. « Parfois, nous sommes tentés d’être des
chrétiens qui se maintiennent à une prudente distance des plaies du Seigneur. Pourtant, Jésus veut que nous touchions
la misère humaine, la chair souffrante des autres. Il attend que nous renoncions à chercher ces abris personnels ou
communautaires qui nous permettent de nous garder distants du cœur des drames humains, afin d’accepter vraiment
d’entrer en contact avec l’existence concrète des autres et de connaître la force de la tendresse. Quand nous le faisons,
notre vie devient toujours merveilleuse et nous vivons l’expérience intense d’être un peuple, l’expérience d’appartenir à
un peuple » (Evangelii gaudium 270). Le pèlerinage est une façon de demander cette grâce de manière plus instante.
Nous vivrons cette démarche ; du temps sera prévu aussi pour nous reposer ou visiter des édifices religieux.
• S’Y PRÉPARER
Pour bien vivre ce pèlerinage, je vous invite à venir si possible prier ensemble dès à présent : le vendredi à 17 h 30
nous vivons une heure sainte à la chapelle de La Viale Europe − Saint-Sacrement (chez moi, 205 chaussée de Wavre à
1050 Ixelles) ; un temps d’adoration eucharistique soutenue par l’enseignement de François, puis la messe suivie d’un
partage convivial. Le pèlerinage coûte environ 200 EUR + l’aller-retour vers Rome. Le logement est organisé chez
l’habitant. Enfin, vous pouvez nous confier une intention.
ierry Monfils s.j.