Question orale posée par Jean-Charles Orsucci
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Question orale posée par Jean-Charles Orsucci
COLLECTIVITE TERRITORIALE DE CORSE ASSEMBLEE DE CORSE 3 EME SESSION EXTRAORDINAIRE POUR 2013 4 ET 5 JUILLET N° 2013/E3/036 QUESTION ORALE DEPOSEE par M. Jean-Charles ORSUCCI AU NOM DU GROUPE « DÉMOCRATES, SOCIALISTES ET RADICAUX » OBJET : Taux de TVA sur la grande plaisance Monsieur le Président, Ma question porte sur la grande plaisance, un monde peu connu du grand public et pourtant au combien important dans l'économie insulaire. Le marché de la grande plaisance est considérable : Environ 4500 yachts de plus de 30 mètres naviguent dans le monde générant annuellement 24 milliards d’euros de retombées économiques. 20 % de la flotte mondiale croise autour de la Corse l’été soit environ 900 yachts qui fréquentent nos côtes chaque année. L’an dernier, 2786 escales ont été comptabilisées sur notre île dont 1336 dans le seul port de Bonifacio, pour des yachts de plus de 30 mètres. La grande majorité des yachts venant en Corse l’été sont loués et le cumul de leurs contrats est estimé à plus de 250 millions d’euros. L’ensemble des dépenses opérées par ces bateaux et leurs passagers, dans l’économie locale corse, est supérieur à 50 millions d’euros. Ces yachts sont, pour la plupart, immatriculés au commerce et à ce titre, leurs opérations de location étaient, jusqu’à présent, exonérées de TVA. Dans un arrêté de 2011, la Cour de Justice Européenne a remis en cause l’exonération de TVA pour la location de navires de commerce utilisés à des fins d’agrément. Dès lors, la Commission Européenne demanda aux états membres de mettre leur législation en conformité avec cette décision de justice. En 2012, l’Italie s’exécute et instaure une TVA forfaitaire réduite à 30% du taux normal, soit 6,6 % de taxation sur les contrats de location des yachts supérieurs à 24 mètres, embarquant leurs passagers dans les eaux italiennes. Agissant seuls, sans concertation communautaire, la conséquence fut immédiate pour nos voisins : les yachts sont venus embarquer leurs passagers en France, pour échapper à cette nouvelle TVA italienne. En novembre 2012, suite à une plainte déposée par l’Italie contre la France auprès de la Commission Européenne, celle-ci nous demande formellement de supprimer l’exonération de TVA dont bénéficie la location des yachts commerciaux. Le 25 juin 2013, la France publie au B.O.I. la suppression de cette exonération de TVA. Cette mesure prendra effet le 15 juillet 2013. Une TVA réduite à 50% du taux normal, soit 9,8 % de taxation est désormais applicable sur nos côtes. Concrètement, avec une taxation supérieure de 3,2 points par rapport à celle de nos voisins (9,8 % en France, 6,6 % en Italie), la plupart des yachts iront embarquer leurs passagers en Italie et en Sardaigne puisque la TVA est redevable dans le pays du port d’embarquement. La France subira donc des pertes fiscales considérables et les conséquences dans l’économie locale corse seront désastreuses. Afin de maintenir l’activité de la grande plaisance en Corse, ses retombées économiques et fiscales, je vous demande Monsieur le Président de bien vouloir demander formellement, au gouvernement français comme aux autorités européennes, l’harmonisation des taux et modalités d’application de la TVA entre la France et l’Italie, puis dans l’ensemble des pays communautaires du bassin méditerranéen. Cette demande formelle a pour objectif de supprimer les distorsions de concurrence fiscale entre états membres. Distorsions, vous l’aurez compris, extrêmement préjudiciables à nos économies locales. Je vous remercie.