L`émergence de l`adolescence

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L`émergence de l`adolescence
Chapitre 8
L’émergence de l’adolescence
Chantal de Linares
et Céline Metton-Gayon
D
epuis quelques années, en France, l’adolescence est à l’agenda politique
et administratif. Qu’il s’agisse des préoccupations des responsables éducatifs
pour ce qu’il est convenu d’appeler les « années-collège », des initiatives des
élus locaux pour les adolescents sur leur territoire, de l’intérêt du ministère
en charge de la jeunesse pour renouveler l’accueil des 11-15 ans dans les
centres de loisirs, ou tout simplement des attentes des familles vis-à-vis d’un
âge perçu comme « difficile », les discours et les représentations autour de
l’adolescence envahissent très largement l’espace public, avec le plus souvent
des connotations négatives : les adolescents sont perçus comme des êtres en
souffrance qu’il faut protéger, ou dont il faut se protéger. Malgré l’abondance de ces discours, l’adolescence reste encore assez peu définie et étudiée
d’un point de vue scientifique, et notamment sociologique. Elle reste une
catégorie récente et imprécise, dont les bornes et les contenus sont difficiles
à repérer, et ne font l’objet d’aucun consensus.
Toute tentative de définition se heurte en effet à plusieurs difficultés
d’ordre sémantique et sociologique. Un rapide parcours historique illustre
la variabilité du terme adolescence (Huerre, Pagan-Reymond et Reymond,
2003) qui recouvre des réalités d’âge différentes entre la fin de l’enfance et
l’intégration à la société adulte. La puberté est certes un événement physiologique qui peut constituer un critère essentiel du passage de l’enfance
à l’adolescence, mais elle ne peut pour autant suffire à définir les contours
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de cette période. De nombreuses dimensions psychosociologiques,
symboliques, voire rituelles, lui sont profondément associées et en constituent le fondement1. Ces rites n’ont jamais été stables, ont varié selon les
époques et les sociétés, et sont devenus plus flous. Certains événements
comme la première communion ou encore le service militaire, qui rythmaient l’entrée ou la sortie de l’adolescence, ont disparu ou se sont vidés de
leur sens. Dans ce contexte, un détour par la généalogie de cette catégorie
en France peut apporter un éclairage sur la manière dont elle s’est progressivement forgée dans notre société et aider à en dessiner certains traits
actuels. Après avoir évoqué la manière dont s’est construite la connaissance
scientifique de l’adolescence comme classe d’âge au début du xixe et du
xxe siècle par les pédagogues et les psychologues, nous montrerons comment la sociologie s’est emparée de cet objet d’étude et en a défini certains
contours actuels, évolutifs. Enfin, nous analyserons comment des évolutions
techniques, telles que l’arrivée des technologies de l’information et de la
communication (TIC), contribuent à faire bouger ces contours.
L’ADOLESCENCE DANS LES SCIENCES PSYCHOLOGIQUES
ET SOCIOLOGIQUES
C’est au xixe siècle, avec le développement de la scolarisation, qu’émerge
progressivement la notion d’« adolescence » comme période de la vie et
comme concept. Les garçons, enfants de l’élite bourgeoise, en étant élevés
collectivement dans des internats assez rigides, développent des modes
de sociabilité entre pairs et suscitent tout d’abord la méfiance des adultes
éducateurs, puis l’intérêt des pédagogues et des psychologues (Thiercé,
1999). Au cours de cette période se dessine peu à peu ce que Agnès Thiercé2
nomme la « formule adolescente », composée de trois éléments indissociables : « crise, encadrement, puberté », qui nourrit encore très largement les
représentations contemporaines de cette période de la vie. Le phénomène
1.
2.
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Ainsi, les sociétés traditionnelles prenaient appui sur le moment de la puberté pour
ouvrir aux jeunes gens un passage vers l’âge adulte à travers des rituels d’initiation,
mais c’est bien la dimension symbolique de ces rites d’intégration qui donnait au
jeune pubère un statut d’adulte.
L’auteure apporte un éclairage précieux sur la manière dont s’est définie cette catégorie,
entre la seconde moitié du xix e siècle et le début du xx e, en précisant les variations
sémantiques, l’évolution des conceptions éducatives de cet âge, la naissance des politiques d’encadrement de la IIIe République et, enfin, l’engagement des associations
d’éducation populaire laïques ou catholiques auprès des jeunes scolarisés, puis des
non scolarisés et des filles.
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pubertaire et ses troubles sont alors disséqués pour comprendre les émois de
cet âge. La puberté est érigée en objet relevant « naturellement » du champ
de recherches des pédagogues, psychologues ou médecins : la « crise », inhérente à la puberté, qu’il faut encadrer, est perçue comme le socle de cette
période « critique ».
Le poids des sciences psychologiques et de la psychanalyse
Au début du xxe siècle, les recherches pédagogiques et psychologiques
françaises rencontrent la psychologie américaine. Gabriel Compayré introduit en France l’ouvrage de Granville Stanley Hall, Adolescence… (Hall,
1904), qui décrit les troubles et les « tempêtes » de cette période de vie, et
joue un rôle important dans la constitution de l’adolescence comme âge
spécifique. « Tout au long des décennies suivantes, l’adolescence devient aux
États-Unis comme en Europe l’un des objets qui soutiennent l’institutionnalisation des sciences psychologiques » (Cicchelli et Merico, 2001 : 212).
Une science psychologique de l’adolescence mise au service de la pédagogie
émerge et le regard sur une « nature » adolescente tourmentée, pathologique et dangereuse, voire criminogène, évolue ensuite, notamment sous
l’influence de Pierre Mendousse (1909). Si la notion de « crise » demeure,
la violence qui lui était associée est tempérée par l’idée que l’individu bien
dirigé trouve là une chance d’évolution et de formation avant l’âge adulte.
L’âge de l’éducation devient peu à peu un âge de la vie.
Au fil du temps, la psychanalyse prend le relais de ces recherches
psychologiques dans l’influence qu’elles peuvent avoir sur les réflexions
éducatives. Depuis les années 1960, qu’ils se réclament de l’héritage d’Erik
Erikson3 ou qu’ils s’en distinguent, les psychanalystes fournissent un corpus
doctrinal largement dominant. On retrouve, dans les théories analytiques,
la place centrale de la puberté4, même si certains auteurs intègrent dans
leurs travaux le poids des évolutions sociétales dans le parcours adolescent
3.
4.
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Ce psychanalyste américain a joué un rôle majeur dans le domaine de l’adolescence
en établissant un lien entre identité et adolescence (Erikson, 1972).
Celle-ci marque en effet le début de profonds réaménagements identitaires remettant
en jeu les expériences infantiles de l’adolescent, et nécessite de la part de l’individu
une distance relationnelle nouvelle avec les parents, devant la force des pulsions et
la tentation inconsciente de l’inceste. Par ailleurs, l’adolescent se trouve face à un
bouleversement corporel qu’il n’a pas choisi et qui le contraint à affronter l’image
de lui-même de manière nouvelle. Ces éléments, issus de la psychanalyse, ont été
largement commentés et vulgarisés par des auteurs reconnus, dont Françoise Dolto
demeure l’emblème (Dolto, 1991).
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(Jeammet, 2004 ; Braconnier et Marcelli, 1998). Dans l’élaboration d’une
connaissance de l’adolescence, ce rôle de la psychanalyse a au moins deux
effets de nature différente : d’une part, il a contribué à nourrir une pathologisation, voire une médicalisation, de l’adolescence5 et, d’autre part, il
favorise la diffusion des thèses sur l’importance du sujet, la singularité et
la primauté du désir, le parcours singulier de chaque individu.
Des connaissances sociologiques partielles
Si les travaux abondent du côté de la psychologie et de la psychanalyse,
il n’en va pas de même pour la sociologie. En effet, c’est surtout la jeunesse
et le passage à l’âge adulte qui retiennent l’attention des sociologues. Ce
n’est que récemment que des auteurs font émerger des traits distinctifs de
l’adolescence, même si leurs travaux ne s’inscrivent pas dans une problématique « globale » de l’adolescence. Ainsi, la sociologie de l’école (Dubet
et Martuccelli, 1996 ; Van Zanten, 2000), de la famille (Kellerhalls et
Montandon, 1991 ; Singly, 1993), des milieux populaires (Mauger et
Ikachamene, 2003) ou de la délinquance (Mucchielli, 2002), apportent un
éclairage sur les rapports des adolescents aux institutions ou à la société.
Ces recherches esquissent un univers adolescent contemporain, dans lequel
le mode de socialisation entre pairs devient de plus en plus dominant au
regard des instances de socialisation traditionnelles telles que l’école et la
famille. Alors que la durée et les enjeux de la scolarisation envahissent la
vie quotidienne des familles (Zaffran, 2000), les collégiens de tous milieux
revendiquent plus de distance dans leurs loisirs ou leur vie « entre copains »
vis-à-vis de leurs familles et de l’école. L’école n’a pas les capacités intégratrices attendues et, loin de réduire les inégalités, les conforte par un tri des
élèves au sein même du système scolaire. Les exclus du système, souvent
des adolescents de milieu populaire, sont alors renvoyés à leur échec,
vivant comme une épreuve identitaire leur expérience scolaire (Dubet et
Martuccelli, 1996). Ils ont tendance à disqualifier l’institution et ses « bons »
élèves, considérés comme des « bouffons », et à rechercher une reconnaissance entre pairs, sur le territoire de la cité (Mauger et Ikachamene, 2003 ;
Avenel, 2007). Devant faire face à l’absence d’horizon professionnel et
social, ces adolescents s’inscrivent dans des modes de socialisation entre
pairs privilégiant la force physique et les valeurs viriles (Mucchielli, 2002),
5.
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Les enquêtes de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM)
sur les adolescents illustrent cette prégnance d’une logique médicale (Choquet et
Ledoux, 1994).
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la débrouille, voire le « bizness ». L’adolescence s’ouvre alors aux risques des
carrières délinquantes6.
L’une des premières recherches de type ethnographique, sur les adolescents de milieu populaire, décrypte au plus près les codes langagiers,
les codes d’honneur, les relations entre pairs dans un collège de la cité
des Quatre Mille, et montre comment ces relations dénotent une culture
identitaire, une énergie qui tranchent avec l’image anomique de cette cité
(Lepoutre, 1997). D’autres recherches abordent l’adolescence sous l’angle
du genre : quelles sont les évolutions des rapports sociaux de sexe, dans un
contexte où contraception, mixité scolaire et revendications sociales des
femmes auraient dû bouleverser les représentations traditionnelles des rôles
sexués ? Quels processus de socialisation reproduisent ou transforment ces
rapports sociaux ? Encore une fois, ce sont surtout des travaux relatifs aux
milieux populaires qui nous renseignent sur des évolutions en cours. Ils
convergent sur la fragilisation de certains garçons, souvent disqualifiés par
leur échec scolaire, marqués par la précarité et la non-reconnaissance sociale
de leurs pères (Lagrange, 2000). Tentés de se replier sur leur territoire,
ces garçons privilégient une homosociabilité masculine, recherchent des
alliances viriles sur fond de rapports de domination des filles : ils se trouvent ainsi en position d’évitement des relations amoureuses. Et ce sont des
ressources scolaires, sociales, relationnelles qui leur permettent d’aborder
des relations avec les filles selon des modes plus différenciés (Faure, 2006).
Hugues Lagrange montre combien ces rapports sociaux de sexe, et particulièrement les rapports amoureux, divergent selon les milieux sociaux. Il
insiste sur le caractère exigeant et normatif de la réussite sexuelle et amoureuse, notamment pour les garçons : « On ne comprend pas la frustration
des garçons devant la sexualité sans saisir les conséquences de cette exigence
d’accomplissement » (Lagrange, 1999 : 255).
La sociologie de la culture, plus représentée par des travaux récents sur
les loisirs culturels des adolescents de 10-14 ans (Octobre, 2004), les pratiques de lecture (Baudelot, Cartier et Détrez, 1999), de télévision (Pasquier,
1999) ou encore de radio (Glévarec, 2005), jette de son côté un éclairage
sur l’autonomie dans les choix culturels de plus en plus précoces (Ministère
de la Culture et de la Communication, 1999), ainsi que sur l’importance
6.
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Les analyses de Laurent Mucchielli, par exemple, précisent les caractéristiques des
différents types de délinquance, en montrant que c’est aux alentours de 16 ans que
s’amplifient les comportements délictueux majoritairement masculins (même si les
chiffres de la délinquance féminine sont en augmentation), pour ensuite décroître
avec l’entrée dans la vie adulte.
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des normes édictées entre pairs, à la fois prescripteurs et consommateurs de
produits culturels et vestimentaires. D. Pasquier dénonce ainsi « la tyrannie
de la majorité » (Pasquier, 2005), liée à l’importance de l’apparence physique
très normée chez les adolescents (Galland, 2006a). Tous ces travaux, on le
voit, ne considèrent pas l’adolescence dans sa globalité, mais plutôt sous
un angle particulier. De ce point de vue, Michel Fize fait exception. Il est
l’un des rares sociologues à s’emparer de l’adolescence en tant que telle ; il
s’insurge dans des ouvrages parfois polémiques contre la domination des
psychanalystes, et surtout contre le fait que l’on réduise l’adolescence à un
moment de « crise ». Pour lui, les conflits entre générations sont attribuables
à l’absence d’autonomie conférée aux adolescents par les adultes. Dans Ne
m’appelez plus jamais crise, il retrace la généalogie de cette domination des
sciences psychologiques et insiste sur l’origine rousseauiste de cette notion
de « crise », se référant d’ailleurs au travail d’Agnès Thiercé (CiprianiCrauste et Fize, 2005 ; Fize, 2003).
DES PROBLÉMATIQUES NOUVELLES
Certaines questions liées à l’adolescence, récurrentes, devraient permettre de constituer celle-ci comme véritable objet sociologique : comment
situer l’adolescence par rapport à la jeunesse dans le parcours des âges ?
Peut-on encore associer aujourd’hui l’adolescence à la puberté et croire que
les âges biologique, psychologique et social se confondent ?
Adolescence et jeunesse
C’est au sein de la sociologie de la jeunesse que des définitions, en
termes d’âge de la vie, ont renouvelé les connaissances. Deux articles, écrits
par Olivier Galland à plus de dix ans d’intervalle (Galland, 1990, 2001),
montrent la difficulté à définir avec précision les catégories d’adolescence,
de postadolescence et de jeunesse. Ces catégories renseignent sur les transformations sociales dans la manière dont les jeunes deviennent adultes.
Dans le premier de ces articles, Galland rappelle que Talcott Parsons (1942)
considère l’adolescence comme une sorte de parenthèse marquée par une
sociabilité forte entre pairs et par des rôles sexués stéréotypés, comme
une période d’insouciance et d’irresponsabilité précédant l’âge adulte, où
les jeunes endossent enfin les rôles sociaux de leurs aînés. Galland, dans
ce premier article, montre que la jeunesse est un « nouvel âge de la vie »,
suivant l’adolescence et précédant l’âge adulte. Son hypothèse est que
« l’apparition d’une nouvelle période moratoire entre l’adolescence et l’âge
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adulte n’est expliquée que très partiellement par des phénomènes de report
mécanique des calendriers » (Galland, 1990 : 544). Elle est davantage liée
à « de nouveaux processus d’ajustement entre les ambitions et les positions
sociales » (Ibid.). Pour lui, « nous serions en train de passer d’un modèle de
l’identification à un modèle de construction itérative de la position » (Ibid.).
La jeunesse, dans ce modèle de l’« expérimentation », correspond donc à
un travail de définition de soi beaucoup plus difficile, long, complexe que
dans le modèle traditionnel d’identification, puisque la place d’un individu
dans la société n’est plus donnée à l’avance. « Il faut à la fois construire la
définition sociale de sa place dans la société, définition qui n’est plus donnée
à l’avance, et faire correspondre cette définition à une position professionnelle » (Ibid. : 548).
Dix ans plus tard, en 2001, l’auteur fait une lecture critique de cette
première analyse. Il ne revient pas sur le modèle de l’expérimentation, qu’il
conforte, mais s’appuie sur des travaux ultérieurs pour montrer que, loin
d’être fixe et étanche, la frontière entre adolescence et jeunesse est poreuse.
« La borne inférieure qui symbolise le départ du domicile familial est
beaucoup plus ambiguë qu’on ne le pensait il y a dix ans. Cette ambiguïté
même de la frontière entre l’adolescence et la jeunesse est une des caractéristiques qui contribue à définir la seconde » (Galland, 2001 : 628). La
jeunesse, conclut l’auteur, « n’est pas une parenthèse, elle établit plutôt une
continuité entre deux âges de la vie, l’adolescence et l’âge adulte qui étaient
clairement opposés autrefois… » (Ibid.). Cet article confirme le caractère
itératif de l’entrée dans la vie adulte. Mais surtout, dans la mesure où il
insiste sur la continuité existant entre l’adolescence et la jeunesse, il montre
que l’adolescence marque le début de cette période de définition de soi, qui
se traduit par une prise de distance vis-à-vis des groupes de socialisation que
sont la famille et l’école. Plus récemment, en 2006, Galland souligne les
caractéristiques de cette « nouvelle adolescence » : la précocité, la conquête
de l’autonomie, le poids de l’apparence et des identités sexuées ainsi que
l’affaiblissement des instances de socialisation traditionnelles (Galland,
2006b).
Adolescence et processus d’individualisation
François de Singly (2006), dans son ouvrage sur l’entrée dans l’adolescence, renforce le constat que cet âge de la vie s’inscrit dans un continuum,
un « parcours des âges ». Par le terme d’adonaissance, l’auteur désigne le
début de l’adolescence, période de plus en plus précoce et déconnectée de
la puberté. L’adonaissance, c’est le début de la prise de distance par rapport
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à l’appartenance familiale au profit d’une appartenance générationnelle.
Singly ne réduit pas ce mouvement à la constitution d’une classe d’âge,
qui au cours d’un « temps – parenthèse » construirait une culture propre
pour ensuite intégrer les normes de la classe d’âge adulte. Il l’inscrit dans
le processus d’individualisation qui permet d’affirmer son statut singulier
et de travailler à la réalisation de soi7. L’adonaissance correspondrait donc
à un moment important dans ce mouvement vers l’âge adulte. Le processus d’individualisation est également à l’origine d’une évolution dans les
représentations éducatives : l’enfant n’est pas seulement le réceptacle des
normes et valeurs d’une société, mais une personne qu’il faut accompagner
dans son cheminement vers cette gouvernance de soi. Dans ce parcours,
l’adolescent conquiert peu à peu son autonomie tout en étant dans un rapport de dépendance objective vis-à-vis de ses parents. L’auteur introduit en
effet une distinction entre autonomie et dépendance. On peut être dans un
rapport de dépendance matérielle et spatiale avec ses parents et conquérir
une autonomie culturelle. Pour Singly, ce processus d’individualisation est
porté par une scolarisation massive et prolongée, qui favorise la vie entre
pairs et le développement d’une culture propre à cet âge. C’est en prenant
appui sur cette culture, en s’éloignant de plus en plus de la culture légitime
transmise par l’école et les parents, en multipliant les échanges, que les adolescents créent une appartenance générationnelle. Réfutant les arguments
de Pasquier (2005) qui insiste sur la « tyrannie » des normes, Singly voit la
soumission des adolescents aux injonctions normatives de leurs pairs comme
un premier pas collectif pour se défaire de l’emprise familiale, nécessaire
avant de construire leurs choix propres.
Pour se déprendre d’une assignation identitaire, constituée surtout
par l’appartenance familiale, ce parcours se déroule différemment selon
les milieux sociaux. Ainsi, dans les « familles-cadres », l’enfant peut exister
autrement que comme « fils de » ou « fille de », mais essentiellement dans
l’univers des loisirs considéré comme « personnel ». La vie scolaire, le choix
des études, l’orientation professionnelle, tout cela est étroitement contrôlé
par les parents, au prix d’un clivage identitaire, puisque l’adonaissant devient
« lui-même » dans sa vie hors-scolaire et redevient « fils de » pour « les affaires
sérieuses ». En milieu populaire, l’adonaissant est avant tout un membre de
7.
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L’individualisation, spécifique de la société contemporaine, est née avec la philosophie
des Lumières et correspond à la conquête de l’autonomie des individus, qui permet
à chacun de se définir par ses choix, sa vision du monde, l’élaboration de ses règles
de conduite, et pas seulement par sa place dans l’ordre des générations et des sexes.
Elle suppose que l’individu se déprenne des assignations identitaires, de la filiation
notamment, et élabore une « gouvernance de soi ».
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la famille, mais son statut de jeune étant accepté, celui-ci va lui permettre
des choix personnels dans ses modes de vie, dans ses études, ou dans son
orientation professionnelle. Dans cette conception, l’adolescence devient un
processus de plus en plus déconnecté de la puberté. Les quelques travaux
cités montrent que l’approche sociologique de l’adolescence se construit et
fait l’objet d’interprétations variables. Les difficultés pour parvenir à une
définition commune sont d’autant plus marquées que les traits sociaux de
l’adolescence ne cessent d’évoluer, au fil des changements technologiques
et sociaux. L’arrivée des nouvelles technologies de communication (TIC)
a ainsi contribué à faire émerger des comportements nouveaux chez les
adolescents.
L’ARRIVÉE DES TIC ET SES EFFETS SUR L’ADOLESCENCE
Nous l’avons vu, les études récentes attestent que le processus d’autonomisation des adolescents s’est largement accentué. Depuis les années 1960,
les plus jeunes ont gagné des droits et des libertés à des âges plus précoces.
Les facteurs qui ont favorisé cette évolution sont nombreux : le contrôle
social et parental s’est affaibli, les politiques éducatives se sont transformées
et ont évolué vers le dialogue (Singly, 1993). La place des médias dans la
construction de la catégorie adolescente est bien connue. Dans les années
1960, Edgar Morin (1962) évoquait déjà la « culture jeune » qui permettait
aux adolescents de se construire une culture propre, en opposition à celle
de leurs parents. La musique yéyé, les émissions de radio telles que « Salut
les copains » contribuaient à rassembler les membres de la même classe
d’âge autour d’évènements culturels fédérateurs. Plus récemment, certains
auteurs ont montré combien les médias de masse tels que la télévision
(Pasquier, 1999), la radio, ou encore la littérature (Maigret, 1995) fournissent des cadres cognitifs, affectifs et moraux susceptibles d’être mobilisés
ou rediscutés dans l’expérience ordinaire des adolescents. Les magazines, la
musique, les émissions de radio ou de télévision confèrent aux adolescents
des informations sur les rôles sociaux et sexués à jouer, ainsi que des cadres
de référence alternatifs à la famille. Dominique Pasquier (1999) puis Hervé
Glévarec (2005) ont expliqué qu’à travers les discussions sur ce qui a été
vu ou entendu, les adolescents apprennent à débattre et à se positionner
sur les scènes sociales.
Ces toutes dernières années, les environnements médiatiques et communicationnels se sont considérablement renouvelés : les chaînes de radio
et de télévision se sont multipliées, les appareils se sont individualisés.
Les contextes d’écoute se sont transformés, à la fois « privatisés » (Flichy,
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1991) et « individualisés » (Donnat, 1994). Tous ces facteurs sociaux et
techniques ont renforcé encore le rôle des médias dans la définition de
l’adolescence, comme catégorie fondée sur des critères musicaux, linguistiques, télévisuels partagés. En effet, les adolescents disposent d’un nombre
croissant de moyens pour créer et partager des repères propres à leur classe
d’âge, et différents de leurs parents. L’arrivée des nouveaux dispositifs
de communication, et notamment du téléphone portable et d’Internet,
marque encore un nouveau pas vers cette autonomie juvénile. Par rapport
au téléphone fixe familial, ces outils présentent des spécificités importantes : ils sont individualisés et personnalisés, et ils proposent des services de
communication inédits8. Au moyen de ces appareils, les adolescents peuvent
passer leurs appels en tout lieu, aux correspondants de leurs choix, dans des
langages qui leur sont propres. Ils peuvent également consulter des contenus culturels librement, et sans intermédiaire. Du fait de leurs spécificités,
ces outils pourraient bien accentuer encore le processus d’autonomisation,
et ainsi transformer le portrait social des adolescents contemporains. Ils
permettent aussi bien de faire apparaître de nouveaux modes de sociabilité
proprement juvéniles que de conférer aux adolescents de nouvelles formes
de libertés, notamment langagières, par rapport aux parents.
Un usage développé des outils de communication
Les adolescents utilisent en effet avec intensité et réflexivité les diverses
techniques de communication : ils mobilisent le téléphone fixe, portable
et Internet dans un grand souci de rationalité et de complémentarité, en
adaptant les supports aux types de correspondant, à la nature du message,
ou tout simplement aux coûts ou aux règles parentales. Des recherches
(Pasquier, 2005 ; CREDOC, 2006) le montrent, chaque service de communication assure une fonction particulière : le téléphone pour dialoguer
entre amis proches, et Internet pour se retrouver en groupe et pour rester en
contact continu. Organisés en fonction des réseaux spécifiques d’amis et des
potentialités de communication de chacun, ces services se complètent dans
un objectif de rationalisation des coûts et des temporalités quotidiennes.
Désormais, grâce à la démultiplication des supports de communication
dont ils disposent, les adolescents maintiennent des liens extrêmement fréquents, ponctuels, et parfois ritualisés, comme dans le cas des rendez-vous
quotidiens sur Internet. Le face-à-face du collège est relayé par les échanges
8.
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Tels que le « chat », la messagerie instantanée, les blogs, ou encore les moteurs de
recherche…
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médiatisés en soirée. Les univers domestiques et amicaux se décloisonnent :
les adolescents, tout en restant au foyer, maintiennent un lien quasi continu
avec leurs amis du collège.
Les outils de communication contribuent ainsi à renforcer la culture
commune adolescente. Les adolescents, en utilisant les outils de communication, ont tout d’abord aligné leur mode de sociabilité vers un mode que
l’on pourrait qualifier de « connecté ». Nous empruntons cette expression
à Christian Licoppe (2002) qui, dans son analyse des interactions médiatisées, dissocie deux types d’engagement dans la relation. Le premier, le
« mode conversationnel », est formé de conversations longues et espacées,
dans lequel le contenu de l’échange domine et constitue la force du lien.
Le « mode connecté » est au contraire construit par des échanges vocaux
ou textuels fréquents et courts, qui permettent d’« assurer une présence à
distance », en exprimant un état, une sensation. Le fait de rester en contact
est plus important que le contenu des échanges. Ces deux modalités
d’échanges, « conversationnelle » et « connectée », peuvent se compléter sans
s’exclure l’une et l’autre, et s’inscrivent dans une grande variété d’usages et
de situations. Elles s’appuient sur des supports de communication différents.
Tandis que le mode conversationnel correspond davantage au téléphone fixe
et au courriel, le mode connecté repose quant à lui sur l’usage du téléphone
portable et de la messagerie instantanée. Les adolescents, du fait de leurs
petits budgets de communication, sont particulièrement alignés sur le mode
connecté : avec leur téléphone portable, ils multiplient les appels brefs et
fréquents, et ont un usage particulièrement important des messages SMS
(CREDOC, 2006). Sur Internet, ils plébiscitent l’usage de la messagerie
instantanée, qui favorise les types d’interactions ponctuelles, reprises et
interrompues au fil de la journée, en fonction des disponibilités de chacun.
Ces pratiques en mode « connecté » leur sont largement spécifiques, bien
plus que pour toutes les autres populations. Elles contribuent à l’émergence
de nouveaux repères entre adolescents.
En communiquant ainsi avec leurs pairs, les adolescents mobilisent
également un nouvel univers de conventions linguistiques. Le langage
qui se développe dans les salons de discussion électroniques et dans les
messages SMS correspond à des modes d’écriture fonctionnant avec des
conventions propres, des rythmes spécifiques et des codes d’interactions
précis : écriture en phonétique, abréviations, règles orthographiques malmenées… (Velkovska, 2002). Le langage émaillé qui est mobilisé peut
certes s’expliquer par le désir d’intervenir plus vite et ne se limite pas à la
population des adolescents, mais il exerce néanmoins un puissant pouvoir
de cohérence au sein du monde social juvénile, au sens où il développe un
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monde inaccessible à ceux qui n’en ont pas le code (Rivière, 2002). Des
frontières symboliques sont ainsi dressées avec le monde des adultes, et les
règles d’écriture reprennent leurs droits dès qu’il s’agit de communiquer
avec eux.
De nouvelles formes d’autonomie relationnelle par rapport aux parents :
l’exemple du « chat »
Si l’arrivée des outils de communication permet de renforcer la
« culture juvénile », elle permet également à l’adolescent de se construire
une autonomie plus précoce par rapport aux parents, et notamment sur le
plan relationnel. En effet, au temps du téléphone fixe familial, les parents
pouvaient exercer un filtrage des correspondants et des communications.
Ce contrôle est désormais réduit puisque les jeunes, avec les outils de communication individualisés, peuvent choisir librement leurs correspondants,
et communiquer avec eux dans le langage qu’ils souhaitent. Ces nouvelles
libertés ne vont pas sans générer de nouvelles formes de questionnements,
particulièrement perceptibles avec l’exemple du « chat9 ». Nombreux sont
en effet les plus jeunes qui utilisent ce dispositif pour faire de nouvelles
rencontres à distance, notamment avec les membres de l’autre sexe. Pour le
« chat », le principe est simple : l’internaute, lorsqu’il veut entrer en conversation avec un inconnu, se rend soit dans le « salon public », c’est-à-dire en
présence de tous les internautes présents sur le « chat », soit dans le « salon
privé » : un dialogue s’établit alors entre deux seuls internautes, en retrait
des autres discussions, et reste invisible des autres « chatteurs ».
Or, dans ces salons publics, la teneur des interactions peut surprendre au regard du jeune âge des adolescents, donnant lieu à des jeux de
langage crus, souvent axés sur une sexualité brutale et instrumentalisée10.
Tout se passe comme si ces salons visaient moins à établir une relation
sentimentale avec l’autre sexe, qu’à entrer dans un jeu langagier subversif.
Ce jeu touche tout autant les modalités de présentation de soi (Goffman,
1973) que les entrées en relation. Ainsi, les pseudonymes apparaissent
normés sur le mode provocateur (« beau mec », « bombe sexuelle »…), et les
profils qui les qualifient sont fantasmatiques, le plus souvent alignés sur les
9.
Le « chat » est un dispositif de conversation électronique, en synchronie. Il se distingue
de la messagerie instantanée, entre autres, par son caractère totalement public, sans
sélection préalable.
10. Ces formes de « chat » ont défrayé la chronique, et ont été largement évoquées dans
les médias (Pasquier, 2005).
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canons traditionnels de la beauté. Les entrées en relation suspendent elles
aussi les codes de bienséance et les échanges peuvent tourner souvent au
rapport de force, sur le mode de la « drague-séduction-provocation » : les
dialogues, des plus brefs, virent souvent à l’insulte, sur un fond de mise en
scène d’une guerre ouverte entre les sexes (Metton, 2007). La victoire de
ce jeu repose sur la rapidité et l’arrogance, et sur la maîtrise du vocabulaire
lié à une sexualité instrumentale. Dans ce jeu, il ne s’agit pas tant de s’être
déjà essayé à la pratique de la sexualité que d’en maîtriser parfaitement le
registre langagier.
Ces nouvelles formes de liberté relationnelle, telles qu’elles se manifestent dans les « chats », inquiètent souvent les parents : nombreux sont ceux
qui ont ainsi réclamé l’interdiction de ces sites, craignant une dépravation
de leurs enfants. Les adolescents, parfois à peine âgés de 12 ans, pourraient
ainsi être confrontés trop tôt au domaine de la sexualité… Pourtant, et sans
nier le caractère très crû et brutal de ces interactions, il est possible d’envisager ces échanges de manière moins catastrophiste. On peut se demander
si, à l’heure où l’on assiste à une déstabilisation des rôles sexués (Lagrange,
1999 ; Duret, 1999), le « chat » ne serait pas devenu la scène d’une forme de
jeu de rôles. Plus précisément, cet espace anonyme et incorporel serait le lieu
d’une mascarade qui, par son caractère transgressif et circonscrit, rappelle
fortement la fête de carnaval, telle qu’elle se présentait jusqu’au siècle dernier
(Fabre, 1992). En effet, si la fête de carnaval s’est aujourd’hui largement
vidée de son sens et de sa portée symbolique, elle a pourtant occupé une
place importante pendant plusieurs siècles. Durant une période précise
de l’année, de l’Épiphanie jusqu’au début du carême, elle consistait à s’affranchir des règles et des contraintes du quotidien. Les habitudes étaient
provisoirement suspendues : les individus revêtaient des habits usés, parfois
des déguisements et des masques de toutes sortes, pour s’inscrire dans un
temps d’inversion, de dérision et de bannissement des codes sociaux et
des règles morales. L’idiot du village, pendant le temps de la fête, devenait
vénéré comme un roi. La scène du « chat », bien qu’elle soit électronique,
semble avoir certaines similitudes avec la fête du carnaval.
Sur le « chat » comme au carnaval, des codes existent : le pseudonyme
est en effet ajusté au type d’échanges souhaité : les adolescents qui souhaitent entrer dans les jeux de provocation choisissent de préférence un
pseudonyme aguicheur, accompagné par un profil provocateur, afin d’être
identifiés comme des joueurs potentiels. Comme le masque et le déguisement du carnaval, les profils et les pseudonymes permettent de délimiter
la frontière entre les participants et les observateurs du jeu. Les adolescents
établissent d’ailleurs une distinction nette entre leur pseudonyme et leur
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prénom. Grâce à cette mise en scène, ils peuvent facilement souligner son
caractère exceptionnel. Ceux qui entrent dans ces interactions de « séduction-provocation » les abordent avec distance et réflexivité : ils leur confèrent
avant tout un statut ludique, restreint à l’espace électronique. Ils savent
que le « chat » est un exercice éphémère, différent de leur comportement
ordinaire, et qu’à ce titre il autorise certaines attitudes impossibles dans les
interactions en face à face. Cette nouvelle forme d’autonomie relationnelle,
si elle est parfois utilisée à des fins déroutantes pour les parents, ne présage
pas forcément une entrée en sexualité plus tôt. Les études montrent que
l’âge d’entrée dans la sexualité est resté stable, à 17 ans et demi (Bozon,
2003). En revanche, elle atteste bien une transformation de l’image sociale
des adolescents, désormais plus précoces par certains aspects, comme le
montre leur bonne maîtrise du langage sexuel.
Le portrait social de l’adolescence est en constante mutation. Ce
« nouvel âge de la vie » ne cesse de se redéfinir depuis le xixe siècle, tant
dans sa nature que dans ses frontières. Avec l’apport de la sociologie, il n’est
plus seulement perçu comme un processus biologique ou psychique, mais
également social. Les adolescents sont aujourd’hui conduits à s’inscrire dans
une altérité générationnelle pour s’émanciper d’assignations identitaires. Les
moyens techniques constituent, nous l’avons vu avec l’exemple des « chats »,
des supports de ce mouvement vers l’engagement de soi, dans un processus
d’autonomisation. Ils permettent une forme de rupture avec l’enfance, rupture nécessaire pour que l’adolescent prenne la mesure de sa responsabilité
d’individu autonome. Cette autonomie reste toutefois à mieux définir et
décrire. Devient-on autonome de la même façon selon les sexes, les âges, les
statuts et, surtout, les classes sociales ? Quelles sont les différentes formes
d’autonomie, valeur érigée en norme contemporaine ? Les recherches sociologiques ont encore de beaux jours devant elles.
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