RACINES247 - sept 2013

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RACINES. Vivre entre Sèvre et Loire
Marion entourée de ses deux petits-fils,
Yohann et Raphaël, dans son jardin à L’Épine.
Par Christine Grandin
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“Les gens d’i
Entre Scènes de ménages sur M6 et sa tournée théâtrale,
Marion Game redevient vendéenne sur l’île de Noirmoutier.
Un port d’attache où elle se ressource en famille.
E
lle est assise, lovée dans le
canapé, les pieds nus sur le
bord de la table basse du
salon. D’un côté, “ses deux gardes du
corps”, Arsouille et Rosalie, deux petits
yorkshire dormant du sommeil du
juste contre leur maîtresse, et de l’autre Yohann, 7 ans et demi, son petitfils, penché tendrement contre son
épaule. “Vous me prenez en flagrant
délit de sieste !” dit-elle en riant.
Marion Game reprend son souffle
dans sa maison de Noirmoutier, entre
les allers et venues de sa vie d’actrice.
Le tournage, à Paris, de la cinquième
saison de Scènes de ménages, pour
M6, et la tournée française au théâtre, de Squat, une pièce dont elle vient
d’achever la quatre-vingtième représentation. Elle repart sur les routes
dans deux jours.
Très nature, souriante, la voix légèrement chantante et l’esprit d’emblée
espiègle, elle m’ouvre tout grand, sans
chichis, les coulisses de sa maison à
Noirmoutier. Elle se ressource en
famille dans cette grande bâtisse paisible où seul le vent dans les pins trouble le ciel bleu, au bout d’une impasse
discrète à L’Épine, tout près de la mer.
“À partir d’un certain âge, on enlève
des années quand on souffle les bou-
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gies… Bientôt je vais redevenir une
jeune fille”, explique-t-elle, misérieuse, au petit garçon qui ne sait
que penser. Marion Game vient de
souffler ses 71 bougies. L’âge ne semble pas la préoccuper plus que ça…
“Aujourd’hui, je vis plutôt ça dans la
sérénité. Ce n’était pas le cas quand
j’avais 50 balais…” A-t-elle une formule magique ? “Non ! Je dirai juste
qu’il ne faut pas se soucier de son
apparence mais être en harmonie avec
soi-même. Parce que si l’on se met à
souffrir à cause de ce que l’on est
devenu, on perd un temps fou et de
l’énergie…” Elle avoue “travailler avec
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RACINES. Vivre entre Sèvre et Loire
”
Pour l’instant, son plus beau rôle
c’est celui de mamie, en compagnie
de Raphaël, haut comme trois
pommes, et de son cousin, Yohann,
enfants de ses deux plus jeunes fils. “Ils
connaissent Noirmoutier depuis qu’ils
sont nés. Avec eux, je fais des crêpes,
des balades, et on va souvent à la
pêche aux palourdes ou à la crevette.
J’ai deux autres petits-fils, beaucoup
plus grands, du côté de ma fille, qui a
la cinquantaine.”
L’île de Noirmoutier est son port d’attache, été comme hiver, après sa petite
maison de Clamart, en région parisienne. “Je suis tombée amoureuse de
la Vendée il y a plus de trente ans ! Tout
de suite, la lumière, le soleil, la végétation de l’île m’ont rappelé l’ambiance
et les paysages du Maroc, où je suis
née. Et ceux du Pays Basque où j’ai
des racines familiales. J’y ai trouvé
une respiration, un apaisement...”
Noirmoutrine de cœur, sûrement.
D’ailleurs, c’est par sa grand-mère
paternelle, Jeanne-Marie, qu’elle a
connu l’île, enfant. Dame de compagnie de la femme d’un peintre célèbre
qui y séjournait souvent, elle emmena,
plus tard, la petite fille au Bois de la
Chaise et à la plage de la Claire. C’est
en tout cas ce dont se souvient Marion.
“Ici, ce qui est bien, c’est la simplicité
des gens. Des gens du cru avec lesquels
on a de vrais rapports et de vrais
regards… Ici, on m’appelle Marion.”
“On vous aime !”
Enfin, depuis qu’Huguette et Raymond sont entrés dans la danse, les
choses ont un peu changé. “On m’appelle aussi Huguette quand je fais mes
courses au Super U ! Au bout d’un
E/M6)
Noirmoutrine de cœur
ou de gigoter dans tous les
moment, dans le magasin,
sens !” Raymond et Huguette
je suis comme le joueur de
font l’audimat aussi sur les
flûte, tout le monde me suit !”
blogs internet où ils sont les
“Gérard Hernandez et moi,
pré fé ré s … de s enf a nts !
on est stupéfait ! Ça fait qua“C’est peut-être parce qu’on
rante ans que l’on fait ce
a l’air de vrais grandsmétier ! Vraiment on a tout
parents. Aujourd’hui, les
fait (notamment du doublage
femmes de 60 ans et plus, ont
de films ensemble) et il a suffi
envie d’être reliftées, bien
d’une émission de télévi“Avoir le
habillées et de ne surtout pas
sion…” Un rôle dont la
cœur en
avoir l’air d’une grand-mère !
popularité dure depuis quabandouOn force le trait, c’est vrai,
tre ans, et ce n’est pas fini.
lière, c’est
mais ceux qui nous regardent
“Jouer Huguette, c’est
plus fort
sont ravis parce qu’ils se
gouleyant ! s’emballe
que d’être
disent : "ils osent être comme
Marion. Quand j’ai vu au
simplement
ça !"” Marion est agréablecasting que j’étais avec
marrante !”
ment surprise de ce succès, et
Gérard, on a tout de suite
surtout, reconnaissante.
vu le couple que l’on pouvait façonner. Un couple qui s’aime, “L’élan de sympathie des gens, c’est
formidable ! Ça me touche énormésans ça ce n’est pas intéressant. Mais
qui, pour se supporter, est obligé de ment, c’est comme un cadeau de la
brasser du zef, d’embêter ses voisins vie. On vient me demander : "est-ce
qu’on peut vous faire la bise, on vous
aime tellement !" C’est magnifique
parce que tous les comédiens ne vivent
pas ça…”
Et je confirme pour ceux qui
auraient encore un doute. Non ! Bien
sûr que non, Marion n’est pas
Huguette dans la vraie vie ! Elle est
d’une gentillesse toute simple, avec
au fond des yeux une étincelle qui
pétille et un je ne sais quoi de la
gouaille de Mirabelle, dans le
fameux film d’Audiard(1). “Moi, il me
faut un personnage qui a des
répliques drôles, qui a de l’esprit, de
l’humour, de l’acuité, mais qui reste
humain. Avoir le cœur en bandoulière,
c’est plus fort que d’être simplement
marrante.” Depuis Huguette et Scènes
de ménages, auteurs et metteurs en
scène ne lui envoient “que des pièces
comiques !” “Maintenant que l’on fait
le buzz avec mon personnage, ça
marche ! Ma carrière n’a jamais été
bling-bling ou à coups de chance. Mais
c’est réconfortant de voir que l’expression "cent fois sur le métier remettez
votre ouvrage" n’est pas vaine. Je vis
la célébrité avec énormément de plaisir, mais cela ne m’éblouit pas plus
que ça, parce que je sais aussi que
c’est éphémère…”
(© Cecile ROGU
frénésie” et que ce rythme, qu’elle a
enfourché toute sa vie, commence à
la rattraper. “Mais je trouve insupportable qu’on me dise, "calme-toi, reposetoi, on va faire à ta place". Je ne
supporte pas l’idée… ! Travailler pour
être sûre qu’on avance”, résume t-elle.
Huguette et Raymond sur M6 : “Je vis
la célébrité avec énormément de plaisir,
mais cela ne m’éblouit pas plus que ça…”
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(1) Le Cri du cormoran le soir audessus des jonques (1971).
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