Les régimes amaigrissants ne servent à rien - Eki-Lib

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Les régimes amaigrissants ne servent à rien - Eki-Lib
Les régimes amaigrissants ne servent à rien...
Une étude scientifique américaine a fait réagir le Nouvel Observateur qui titre :" Les
régimes amaigrissants ne servent à rien" (en étudiant leurs résultats à court et moyen
terme).
Après avoir étudié cette publication, on peut dire qu'hélas les régimes amaigrissants
ne servent pas à grand-chose, ce que l'on savait déjà pour avoir expérimenté et depuis
longtemps les différents régimes auxquels nous avons été soumis.
Cette étude décrit le suivi sur 2 ans de l'amaigrissement de 800 participants (40% d'hommes) entre 30 et
70 ans, sélectionnés avec un IMC compris entre 25 et 40, exempts de diabète installé ou de maladie cardiovasculaire, qui ne prennent pas de médicaments affectant le poids et avec une motivation suffisante.
4 régimes furent sélectionnés, soit hyperprotidique, soit hyperlipidique, soit hyperglucidique, soit
équivalent en glucides (hydrates de carbones) et lipides.
Pour la suite de la compréhension du texte, les hydrates de carbones seront désignés par HC, les lipides
par L, les protides par P.
Ces régimes devaient contenir au moins 8% de graisses saturées, 20g de fibres, 150mg de cholestérol /
1000 cal, des HC à index glycémique bas et ils reposaient sur un déficit de 750 cal par jour en
gardant une base de 2000 cal quotidienne.
Cette étude a été menée en double aveugle. Les participants notaient leurs prises
alimentaires sur un carnet et avaient également une consultation comportementale. Il
n'y avait pas de contact entre les 4 groupes. Une activité physique modérée de 90
minutes/ semaine était demandée. Le poids corporel était noté ainsi que la tension
artérielle, le tour de taille pour l'évaluation du syndrome métabolique ( diamètre > à
102 pour les hommes, et > à 88 pour les femmes, triglycérides >150mg/l, HDL < à
40mg/l pour les hommes et <50> à 130/85.
Les mesures sanguines concernaient les lipides, le glucose, l'insuline et l'hémoglobine glyquée.
En conclusion, la majeure partie du poids a été perdue pendant les 6 premiers mois, en moyenne 6 kg.
23% des participants ont continué à perdre sur 2 ans entre 3.5 à 9 kg, peu importe les régimes.
Après 2 ans, 35% avaient perdu 5% de leur poids initial, 15% avaient perdu 10% de leur poids initial et 3
% avaient perdu 20 kg ou plus, toujours sans tenir compte d'un régime plus que d'un autre. Ce qui donne
une moyenne de 3 kg de perdu sur 2 ans. Tous les régimes avaient réduit les facteurs de risques et la
tension artérielle.
Quelques petites constatations intéressantes:
Les régimes à L réduits et à HC élevés diminuent le LDL.
Les régimes à HC réduits et à L élevés, augmentent le HDL.
Tous les régimes ont réduit les triglycérides et diminué les niveaux d'insuline sauf celui à HC
élevés.
Les régimes à L élevés et à P élevés induisent une perte de poids supérieure pendant 3 à 6 mois
par rapport aux régimes conventionnels à HC élevés et à L réduits, mais après 1 an, la perte de
poids rejoint celle des autres types de régimes.
Le régime méditerranéen semble supérieur au régime à L réduits.
Les autres participants avaient soit repris doucement du poids, soit avaient quitté l'étude pour
des raisons qui ne sont pas invoquées.
Ceux qui ont tenu jusqu'au bout, ont en fait adhéré à la nouveauté d'une expérience, à l'enthousiasme des
chercheurs, à l'attention des médias et au suivi de leur groupe dans une sorte d'obligation de résultats. Ils
ont pu effectivement maigrir surtout les premiers 6 mois, mais il faut admettre que pour certains, la
motivation s'est effilochée au cours du temps.
Les chercheurs admettent qu'en dépit de la consultation comportementale intensive dans leur étude, les
participants ont eu beaucoup de difficultés à atteindre les différentes prises de nutriments affectées à leur
groupe. Ils ont eu tendance à retourner à leurs prises alimentaires usuelles avec le temps, mais sont
arrivés tout de même à maintenir une perte de poids que l'on peut qualifier de modérée sur 2 ans. Si
régimes il doit y avoir, ils ne peuvent être conçus qu'en fonction des préférences personnelles et
culturelles des individus pour avoir la meilleure chance de succès à long terme. Formule lapidaire que l'on
connait déjà: diététique hypocalorique, activité physique modérée et motivation !
Alors, les régimes amaigrissants servent-ils à quelque-chose ?
Outre le fait qu'une perte de 3 kg sur 2 ans est un résultat plus que moyen, on peut se demander alors
dans quel but se plier à de telles directives diététiques. Nous sommes loin des conseils d'une perte de 10 à
15 % de son poids pour améliorer ses paramètres de santé et les 4 régimes suscités sont bien incapables
de nous faire atteindre cette perte de poids souhaitée à long terme. Si les régimes amaigrissants ne
servent pas à rien, ne revient-on pas à la conclusion déjà ancienne des Dr Zermati et Apfeldorfer qui, suite
à leur déconvenue quant aux résultats des régimes amaigrissants auxquels ils soumettaient leurs patients,
leur ont fait douter de la validité des régimes quels qu'ils soient (95% des patients avaient repris leur
poids avec parfois un bonus non négligeable). Et que préconisent-ils aujourd'hui ? Écouter sa faim,
retrouver la satiété, redevenir soi-même et non pas ce que les autres voudraient que l'on soit, même avec
les meilleures intentions du monde. Et l'amaigrissement n'est pas toujours au rendez-vous. Et cela est
difficile, ne nous voilons pas la face, d'importants paramètres entrant en jeu.
Cette étude, qui doit rendre ces scientifiques bien modestes quant aux résultats, ignore la relation
psychologique, environnementale qui se manifeste toujours lorsque l'euphorie du régime retombe, et il
faut bien s'apercevoir que la perte des kilos n'engendre pas forcément un changement d'état.
La façon de se nourrir, même pathologique, raconte
une histoire qui dépasse de loin la soumission à un
régime qui voudrait dépasser cette histoire. Il n'est
bien sûr pas question d'ignorer les complications de
santé de l'obésité qui sont alors du domaine des soins
médicaux.
Et si les régimes amaigrissants ne servent à rien ou pas
grand chose, pourquoi maigrir, car cette question
revenant comme un leitmotiv, renvoie à notre société
qui ne tolère pas l'obésité.
Et c'est un autre débat…