Fiche spectacle Les trois petits vieux

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Fiche spectacle Les trois petits vieux
FICHE SPECTACLE
LES TROIS PETITS VIEUX QUI NE
VOULAIENT PAS MOURIR
Crédit photo : Eric Legrand
THÉÂTRE – DÈS 8 ANS – Durée : 50 MIN
TEXTE
Suzanne Van Lohuizen
TRADUCTION
Marijke Bisschop
MISE EN SCÈNE
Aude Denis
AVEC
Oliv ier Menu
Nicolas Cornille
Cédric Duhem
INSTALLATION PLASTIQUE
Johanne Huysman
CRÉATION LUMIÈRE
Annie Leuridan
SON ET REGIE GENERALE
Jean-Marie Daleux
PRODUCTION
Cie Par dessus bord
Le Grand Bleu – Etablissement National de Production et de Diffusion Artistique
36 av enue Marx Dormoy – 59000 LI LLE
03.20.09.88.44 / www .legrandbleu.com / legrandbleu.ov er-blog.fr / [email protected]
Le spectacle
Il y a quoi après la mort ? Est-ce que ça fait mal ? Est-ce que c'est pas un peu trop long
l'éternité ?
Aujourd'hui, c'est le dernier jour. Au matin de ce dernier jour, Ernest, Stanislas et Désiré ont
reçu une lettre qui disait : « Votre v ie est finie. Toutes les journées ont été utilisées. Il n'y a rien à
faire ». D’abord étonnés, puis rév oltés, ils s’indignent contre cette lettre et son expéditeur : il
leur semble av oir encore tout un tas de choses à faire ! Ils courent, s’affolent et s’agitent pour
être prêts, pour ne rien oublier. Pourtant, à la fin de la journée, quelque chose v iendra toquer
à la porte, et il faudra bien faire av ec…
Entourés d’objets du quotidien accumulés au cours de leur v ie, ces trois petits v ieux nous
inv itent à réfléchir, autant qu’à s’en amuser, à la grande question existentielle qu’est la mort.
Av ec profondeur et légèreté, trois acteurs v ont ainsi courir, sauter, imaginer, avoir peur, se
mettre en colère, bouger, rester immobile, pleurer, faire du chameau, naviguer, escalader
l’Himalaya, rêv er, rire, être fatigué… v iv re quoi !
Note d’intention
« Ces trois personnages vont passer par t out es les étapes du deuil, de leur propre deuil.
La force de ce t ext e est de se poser très concrèt ement t out es ces questions liées à la mort ,
sans mièvrerie, sans fard mais aussi avec beaucoup de distance, de drôlerie, de t endresse.
Et c'est tant mieux : voilà un t ext e qui s'a dresse aux enfant s avec la légèret é et la profondeur
propres à l'enfance. Peut-être parce que lorsque l'on parle de cett e grande question
exist entielle qu'est la mort , on a t oujours un peu 6 ans. Finalement , on se pose t oujours un peu
les mêmes questions : il y a quoi après ? Est -ce que ça fait mal ? Est-ce que c'est pas un peu
trop long l'ét ernit é ? Est -ce qu'on peut encore jouer 5 minut es ? Combien de t emps les autres
se souviendront -ils de moi ? Quelles fleurs il y aura à mon ent errement ? Et qu'est-ce que
j’emmènerai dans mon cercueil ? »
Aude Denis
L’équipe artistique
Suzanne Van Lohuizen, Autrice
Suzanne Van Lohuizen est née en 1953 aux Pays-Bas. De 1972 à 1974 elle étudie au
Conservatoire d’Art Dramatique à Arnhem. Elle débute comme actrice dans la troupe de
théâtre politique Proloog. Elle met aussi en scène et écrit des textes pour enfants ou pour
adultes. En 1992, elle a notamment reçu le prix de dramaturgie néerlando-flamand pour
deux de ses textes pour enfants. Suzanne Van Lohuizen ne craint pas d’aborder des aspects
plus sombres de la v ie dans ses textes. « Je n’écris pas pour les enfants parce que j’ai le
sentiment d’avoir une mission mais parce que je me sens encore très proche d’eux du point
de v ue émotionnel. »
Aude Denis, Metteuse en scène
Aude Denis découv re le théâtre accidentellement à 14 ans : sa sœur l’emmène assister à
une représentation d’Elvire Jouvet 40, elle en ressort av ec la ferme quoique secrète intention
de faire elle aussi du théâtre. A 20 ans, elle entreprend des études de communication mais
heureusement, elle assiste accidentellement à la représentation de Coup de foudre de Jean
Louis Hourdin, elle en ressort av ec la ferme et av ouée intention de faire elle aussi du théâtre...
Elle descend donc à Paris où elle s’inscrit à la Sorbonne Nouvelle. Elle rencontre alors AnneFrançoise Benhamou, Jean-Pierre Sarrazac, Michel Corv in, Joseph Danan, Monique et
Georges Banu... Elle se passionne pour ces études de dramaturgie et obtient successiv ement
une licence, une maîtrise et un DEA d’études théâtrales avec mention très bien.
Elle suspend là ses travaux de recherche...
Parallèlement à ces trav aux théoriques, elle est, à partir de 1994, comédienne à Paris et dans
la région lilloise. Elle trav aille avec Dominique Féret, Dominique Sarrazin (Companie La
découv erte), Antoine Lemaire, (Compagnie Thec), Claire Dancoisne (Théâtre de la licorne),
Frédéric Tentelier (La barque théâtre)... et Les fous à réaction [associés] av ec qui elle crée
une quinzaine de spectacles : La dent noire d’Yv es Reynaud, La peau d’Éli sa de Carole
Fréchette, Mon oncle Vania d’Anton Tchekhov , Tambours dans la nuit de Bertolt Brecht,
Sœurs de Jon Fosse notamment.
Se considérant comme une fille de la décentralisation théâtrale, elle a toujours à cœur
d’animer des ateliers théâtre (en collaboration avec La rose des vents, Culture commune, le
Bateau feu, la Comédie de Béthune, Le Grand Bleu...) afin de rencontrer des groupes
d’enfants ou d’adultes dont les sœurs n’ont pas forcément l’idée de les emmener au théâtre.
Récemment, elle se décide à mettre, à son tour, en scène des textes (ou des formes) de
théâtre contemporain. D’abord en collaboration avec Les fous à réaction [associés] , elle
crée Au creux des nuages et plus tard Music-hall de Jean-Luc Lagarce.
Puis toute seule : La demande d’emploi de Michel Vinaver dans le cadre des Labomaticthéâtre à La rose des v ents en 2007, en 2009 Aujourd’hui en m’habillant ... déambula toire
av ec les comédiens de l’Oiseau Mouche et récemment Mes amours au loin d’Antoine
Lemaire à La rose des v ents.
Nicolas Cornille, Acteur
Petite v ille du Nord. Né l’été 1980. Un papa farceur. Une maman délicate. Une rencontre, des
rencontres. Un professeur de Russe. Tchekhov . Un clown. Un jour, il découv re l’univ ers de
Jérôme Deschamps & Macha Makaïeff puis celui de Philippe Découflé…
Aussitôt, Nicolas Cornille décide d’approcher les plateaux. Il ne les quitte plus depuis et a
travaillé notamment aux côtés de Nicolas Ory, Vincent Dhélin, Dennis Bonnetier, Thomas
Piasecki, Marie Liagre, Lucas Prieux, Christophe Moyer, Jean-Maurice Boudeulle, Amar
Oumaziz, Cla ire Dancoisne, Dominique Sarrazin…
Cédric Duhem, Acteur
Après une formation théâtrale dans une école à Cherbourg et un passage au conservatoire
d’art dramatique de Roubaix, il participe à de nombreuses créations dans la région Nord-Pas
de Calais. Il a notamment joué avec le Théâtre K et Gérald Dumont, la compagnie THEC et
Antoine Lemaire, le Théâtre de la Fiancée et Doreen Vasseur, Les fous à réaction [associés] ,
Vincent Dhelin et Oliv ier Menu, la Barque théâtre et Fréderic Tentellier et Aude Denis.
On a pu le v oir jouer dans des pièces de Vinav er, Shakespeare, Molière, Steev en Berkoff,
Sarah Kane, Tchekhov, Koltès... Il se partage aujourd’hui entre Nord-Pas de Calais et RhôneAlpes ou il fait partie d’un collectif d’artistes : le “LACSE” : Laboratoire d’Artistes Créateurs
Sympathiques et Engagés.
Olivier Menu, Acteur
Est né au v ingtième siècle, en 58 av ec la constitution de la Cinquième République et dans un
village picard. Passe son bac scientifique d’abord, à Amiens, tout en commençant av ec ses
ami(e)s, ses frères et sœurs, le théâtre. Après des études d’animateur à Lille, Conservatoire de
Roubaix , section théâtre avec Denise Bonal. Premières expériences : récitant dans un récital
lyrique, assistant au Théâtre de la Salamandre, acteur au Ballatum Théâtre et au Prato. Peu
tenté par le voyage en solitaire, fonde avec des camarades à Lille, Les fous à réaction
[associés] av ec On est t oujours t rop bon avec les femmes, de Raymond Queneau. Au sein
de la compagnie, mises et co-mises en scène av ec Vincent Dhelin, notamment Ne fait es
donc pas des yeux si romantiques (prix du jury Rencontres Charles Dullin), Le Roi Lear, Au
creux des nuages, et récemment Sœurs et Ohne au Théâtre du Nord. Comme acteur,
notamment dans Ne fait es donc pas des yeux si romantiques, Je me sens un cœur..., Le
voyage de Pinocchio, La Peau d’Elisa. Récemment, Qui va là ?, Heureux qui comme Ulysse,
Ohne et dans La Demande d’Emploi m.e.s Aude Denis. Par ailleurs, son parcours l’a
également conduit à rencontrer et à travailler av ec K. Rogulski (réalisation), G. Defacque
(clown), et Y. Marc, M. Murray, N. Mossoux et T.Vergès (mouv ement et danse).
Les pistes d’actions culturelles év oquées dans cette fiche sont loin d’être exhaustiv es. Ces
pistes peuv ent v ous aid er à av oir une meilleure appréhension du spectacle en amont de
votre venue et vous donner des id ées pour préparer au mieux v otre groupe à la réception
du spectacle. Certaines d’entre elles peuv ent aussi être travaillées comme un
prolongement.
1-
La mort en question : histoire d’un dernier jour
Ce spectacle raconte une histoire banale : la journée de trois personnes âgées. Banale ? Pas
tout à fait puisque Stanislas, Ernest et Désiré apprennent au rév eil qu’ils v iv ent le dernier jour
de leur v ie. Cette pièce aborde de manière simple et touchante la thématiq ue de la mort
mais aussi de la v ieillesse. Les personnages v ont devoir faire en une journée le deuil de leur
vie.
Interrogation sur la mort - expliquer la mort aux enfants.
Ce texte a été écrit notamment pour aborder ce sujet parfois douloureux av ec le jeune
public. Il permet avec les élèv es d’ouv rir un questionnement sur le deuil et ses étapes. Les
personnages éprouv ent tous les sentiments qui y sont liés : la tristesse, la colère…
18.
DESIRE : Bouhouhouhouhou
ERNEST : Pourquoi tu pleures ?
DESIRE : Je trouve que c’est affreux.
STANISLAS : Qu’est-ce que tu trouves affreux ?
DESIRE : qu’il meure.
STANISLAS : Bouhouhouhouhou. Moi aussi.
ERNEST : Bouhouhouhouhou. Moi aussi.
DESIRE : Pas toi. C’est pour toi qu’on pleure.
ERNEST : Mais toi aussi tu meurs. Et toi. C’est pour ça que je pleure.
Tous : Bouhouhouhouhou.
STANISLAS : C’est bien. Pleurer, c’est obligatoire quand on meurt.
On peut aussi entrev oir des pistes plus philosophiques : la mort est-elle un lon g sommeil ? Metelle fin aux douleurs du corps ?
Lettre d’Epicure à Ménécée :
« Habit ue-t oi… à penser que pour nous la mort n’est rien. Puisque le bien et le mal n’existent
que dans la sensation, et que la mort est l’éradication de nos sensations. »
Propositions :
Les élèv es peuvent jouer en classe la scène de l’arriv ée de la Mort : quels sont leurs
sentiments ? Quels sont leurs déplacements ? Commet exprimer le tragi-comique de la
scène ?
12. (…)
Tous : Elle nous guette.
Silence. Puis, soudain :
Des bruits de pas qui arriv ent.
Toc, toc, toc, sur la porte. Silence. Les trois hommes bondissent sous la
table.
13.
DESIRE : C’est sûrement elle.
STANISLAS : C’est quoi ?
STANISLAS : Quoi ?
DESIRE : C’est elle.
DESIRE : Elle. En personne.
STANISLAS : De qui tu parles ?
DESIRE chuchote : De la Mort. Elle v ient nous chercher.
ERNEST : La Mort ?
DESIRE : La Mort.
STANISLAS : La Mort ?
DESIRE : La Mort, c’est un homme en manteau noir. Il est tout en os et il
a une faucille.
ERNEST : Une faucille.
DESIRE : Tu sais, ce machin pour couper l’herbe.
Il la brandit, il fait de grands moulinets, et puis…
Hop ! Il te coupe la tête.
ERNEST : Arrête de déconner.
DESIRE : Dans les trous de ses yeux brûle un feu ardent.
Quand il te regarde dans les yeux…
Un éclair te transperce –
Kchsssssss !
Et tu n’es plus qu’un tas de cendres.
Image 1
Image 2
I mage 1 - Grav ure sur bois de Michael W olgemut dans "Schedel´sche W elt chronik (1493).
I mage 2 - La jeune fille et la Mort de Hans Baldung Grien (1517).
Demandez aux élèv es d’imaginer par écrit ou en dessin une autre représentation de la
mort, une autre description. Vous pouv ez comparer les différentes représentations et
allégories de la mort dans la mythologie, les différentes cultures et religions : la faucheuse, le
squelette, le fantôme, les personnages masqués, etc.
Qui est le « ils » de la phrase « pour qui ils se prennent » de la scène 6 (v oir ci-après).
Comment s’organise la mort ? Qui la décide ? Imaginez une sorte d’entreprise de la mort.
Quel souvenir, quelle trace laisse-t-on ?
Cette thématique a notamment été traitée dans la fiche consacrée au spectacle Silence,
téléchargeable sur legrandbleu.com > les actions du Grand Bleu > accompagnement
pédagogique.
Quelle(s) trace(s) laisse-t-on? Laisse-t-on seulement une trace ? Les « v rais » souv enirs sont-ils si
réels ? Les « faux » sont-ils si peu dignes d’intérêt et de considération ? Quand la mémoire
part, que reste-t-il de notre identité? Quand les trous, les manques se multiplient, comment les
comble-t-on ? Quelles sont les forces de transformation que nous mettons en œuvre pour
maintenir ces traces incertaines ? Les traces sont-elles si éphémères?
Propositions :
1- La mémoire : quels sont les souv enirs qui nous restent d’une vie ?
- Demandez aux élèv es un goût, une odeur qui leur rappelle leur enfance. A partir de cet
élément, ils peuv ent écrire un court texte autour de ce souv enir en précisant le lieu, la
période, les personnes présentes, décrire le plus précisément possible pour que leurs
camarades imaginent la scène.
- Les élèv es peuvent demander à leurs grands-parents, si possible, ou à leurs parents de leur
raconter l’un de leurs meilleurs souv enirs. Puis inv iter ces élèv es à raconter à la classe ce
souv enir. Ne conserv er ensuite que quelques mots pour résumer ce souv enir et créer une
compilation de mots-souv enirs pour la classe.
2 - Les générations : Que font les jeunes ? Que font les v ieux ?
- Demandez aux élèv es si les activ ités diffèrent selon l’âge : y a-t-il des activ ités spécifiques
pour les jeunes / les v ieux ? Lesquelles ? Pourquoi ? Donnez des exemples.
- Lire l’extrait suiv ant et débattre : que disent les personnages ? Changent-ils d’avis ?
Pourquoi ? Etes-vous d’accord ? Amener progressiv ement les élèv es à parler de ce qui
caractérise les v ieux et les jeunes pour eux, notamment au moyen d’adjectifs.
6. (…)
ERNEST : Mourir
DESIRE : Quelle idée.
ERNEST : On est encore bien v iv ants.
STANISLAS : On est encore jeunes.
DESIRE : Enfin, presque.
ERNEST : On peut encore danser.
STANISLAS : Et chanter.
DESIRE : Et rire.
STANISLAS : Haha…
DESIRE : Hahahahaha…
ERNEST : Hohohoho…
DESIRE : Hihihihi…
ERNEST : Iodelohiti…
STANISLAS : Lalalalalaaala la…
ERNEST : Mort.
DESIRE : Non mais, pour qui ils se prennent.
STANISLAS : Quelle erreur.
(…)
DESIRE : Nous sommes trop v ieux.
STANISLAS : Trop v ieux pour escalader des montagnes.
DESIRE : Trop v ieux pour affronter des pirates.
STANISLAS : Trop v ieux pour traverser les déserts de sable.
DESIRE : Si nous v oulons v iv re éternellement, mieux vaut se tenir
tranquille.
STANISLAS : Mieux vaut rester assis, bien sagement.
DESIRE : Surtout ne pas bouger.
STANISLAS : Surtout ne pas danser ni chanter ni sauter.
DESIRE : tout effort peut être fatal.
3 - Le temps qui passe : Et si c’était mon dernier jour, qu’est-ce que je ferai ?
Travailler autour du concept de « bucket list » (référence à l’expression argotique
anglophone « to kick the bucket » qui signifie mourir) que l’on pourrait traduire par : liste de
ce qu’il reste à faire av ant de mourir.
Demander aux élèv es d’écrire une liste de ce qu’ils v oudraient réaliser au moins une fois dans
leur v ie. Les petits bonheurs du quotidien (ex : ce que j’aimerai goûter/manger) peuv ent
côtoyer les plus grands projets ou les plus fous.
On peut également aborder ce thème en interrogeant les élèv es sur comment on
peut définir si on a « réussi / raté sa v ie ». Essayer de classer les objectifs (résolutions
fondamentales, valeurs, actions / aventures à entreprendre, etc.).
2- Des clowns face à une mort programmée
Au début de la pièce, le spectateur assiste au rév eil des trois personnages. Il se trouv e plongé
dans le quotidien ennuyeux et banal de la vieillesse, mais déjà une forme de comique
s’installe : les trois personnages v iv ent leur complicité en chœur et le texte joue des
répétitions.
Propositions :
Les élèv es peuvent mettre en scène progressiv ement la première scène du texte : le rév eil.
1ère étape : prendre la position, l’attitude et la voix d’une personne âgée.
2ème étape : Imaginer le personnage du petit vieux au rév eil.
3ème étape : ajouter des ronflements, soupirs etc.
4ème étape : mettre en scène par groupe de 3 personnes.
1.
ERNEST : Quand je me suis rév eillé ce matin …
STANISLAS : Quand je me suis rév eillé ce matin …
DESIRE : Quand je me suis rév eillé ce matin …
ERNEST : C’était moi le premier.
STANISLAS : Tu étais après moi.
DESIRE : Et moi, il y a longtemps que j’étais rév eillé.
STANISLAS : C’était toi le premier ?
ERNEST : C’était moi le premier.
DESIRE : J’ai ouv ert les yeux…
STANISLAS : Et toi, tu ronflais encore.
DESIRE : Mon Dieu, quel vacarme !
ERNEST : Et toi…
DESIRE : Tu sifflais et v rombissais en respirant.
En inspirant…
ERNEST : …tu v rombissais.
DESIRE : Et en expirant…
ERNEST : …tu sifflais.
DESIRE : Tu ronflais,
tu sifflais,
et moi,
ça me rév eillait.
STANISLAS : Et moi aussi.
ERNEST : Et moi aussi.
DESIRE : Et puis…
J’ai eu une drôle de sensation.
STANISLAS : Une sensation spéciale.
ERNEST : Une sensation pour moi tout seul.
DESIRE : Non, pour moi.
STANISLAS : Non, pour moi.
DESIRE : Aujourd’hui…
STANISLAS : Aujourd’hui…
ERNEST : Aujourd’hui…
TOUS : C’est une journée très particulière.
On ne sait pas grande chose de Ernest, Stanislas et Désiré. Rien ne les distingue
véritablement. Ils semblent souvent avancer d’un même pas, éprouv er les mêmes émotions,
parler d’une même v oix. A coups de répétitions - variations, d'assonances ou d'allitérations,
leurs échanges v erbaux s'apparentent parfois presque à de petites chansons. C'est un trio, un
groupe, un chœur de v ieillards qui jouent, s'amusent, font leurs exercices, se disputent aussi
comme des gamins. La séparation et la solitude les angoissent ; ils se pleurent l’un l’autre
lorsqu’ils apprennent qu’ils v ont mourir (v oir plus haut, scène 18).
Ils se sont installés dans une routine qui, pourtant, cherche à remplir les v id es du quotid ien et
à tromper l’ennui un peu comme les personnages beckettiens : Estragon, Vladimir, Hamm ou
Clov . Les « trois petits vieux » comme les personnages de Beckett, v ont tenter de résister à
l’absurdité de la tragédie humaine notamment par le bavardage. Le langage représente un
peu la vacuité de leur v ie.
Dess ins de Johanne Huys man
Propositions :
- Comparer une scène d’En attendant Godot de Beckett av ec une scène de la pièce.
- Comparer l’image de la mort dans Fin de partie avec celle de la pièce.
Quelques citations de Fin de partie pour lancer la réflexion :
« Fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut -être finir. Les grains s’ajout ent aux grains, un à un, et un
jour, soudain, c’est un t as, un petit tas, l’impossible t as.»
« La fin est dans le commencement et cependant on continue.»
« Rien n’est plus drôle que le malheur... C’est la chose la plus comique de monde.»
Le comique va prendre, au fur et à mesure, une autre dimension et la dérision s’installe
lorsque les trois petits v ieux apprennent leur mort imminente. Ils passeront successiv ement de
la sidération « Et puis quoi encore ? C’est n’import e quoi. C’est un gag. C’est du délire. » à la
colère : « Mais ça ne va pas se passer comme ça. Nous ne sommes pas d’accord. »
Rapid ement, ils se mettront à courir, à s’agiter pour être prêts.
Mais il y a sans doute une deuxième manière de considérer ce texte et ces personnages.
Sous son apparence un peu naïv e et légère, le texte cache une véritable noirceur d’un huis
clos, proche de l’expérience de laboratoire.
« On met trois personnages à l'écart du monde, on les met à l'épreuve (vous allez mourir t out
à l'heure) et on regarde ce qu'il se passe. Avec pas mal de cruauté, on les regarde se
débattre avec cett e question exist entielle imminent e. On est loin de t out e mièvrerie. »
remarque Aude Denis.
Face à ces souris de laboratoire pourtant, l'effet d'identification est immédiat. A notre tour de
nous poser sincèrement la question : et si c'était mon dernier jour ? Qu'est-ce que je ferai, si
j'étais à leur place ?
3-Que reste-t-il de nos vies ? : une scénographie d’objets du quotidien
Tout se passe dans un seul et même espace, un intérieur, un refuge face à l'adv ersité : dehors
c'est dangereux, inquiétant, hostile et désert. En tous les cas, c'est de là qu'est v enue la lettre,
c'est de là qu'arriv era la mort, en frappant à la porte.
Les personnages se raccrochent à ce qui subsiste de leur existence puisqu’il ne reste plus rien
à v iv re, ils v ont se raccrocher aux objets et aux activ ités du quotidien :
Le dernier jour pour
Se brosser les dents,
Se lav er les mains,
Se peigner les chev eux,
Enfiler son pantalon,
Ouv rir les rideaux.
Leur quotidien est habité d’objets familiers qui peu à peu leur deviennent étrangers, banals
ou angoissants comme la théière qu’il casse et sur la quelle repose soudain la symbolique de
la mort à trav ers une sorte de cérémonie funèbre.
Dess ins de Johanne Huys man
Le metteur en scène polonais Tadeusz Kantor a utilisé l’objet « v rai » dans ses mises en scènes
de théâtre, c'est-à-dire l’objet qui n’a pas été fabriqué pour les besoins de la mise en scène,
mais qu’on a « arraché à la réalité de la vie ». C’est ce qui est appelé « l’objet pauvre ».
Kantor écrit :
« Un objet misérable, PAUVRE, incapable de servir dans la vie, bon à jet er aux ordures.
Débarrassé de sa fonction vit ale, prot ectrice, nu désint éressé, artistique !
Appelant la pitié et L'ÉMOTION !
C'ét ait un objet complèt ement différent de l'autre, Une roue boueuse de charrett e,
une planche pourrie, un échafaudage de maçon barbouillé de chaux, Un horrible hautparleur hurlant les communiqués de guerre... sans voix... une chaise de cuisine... »
Tadeusz KANTOR, Leçons de Milan, traduit du polo nais par Marie-Thérèse Vido-Rzew uska, Arles,
Actes sud, 1990, p. 19.
A l'issue de cette dernière journée, Ernest, Stanislas, Désiré dev ront aussi abandonner ce petit
intérieur. Ils laisseront derrière eux ce joyeux bric à brac : toutes ces traces, sinon de leur v ies,
au moins de leur dernière journée. Pour ce dernier grand départ, ils laisseront tout derrière
eux : on n'emporte rien dans la mort. Ni la lettre de convocation, ni la boîte aux lettres, ni les
clous, ni la petite planche. Ni la théière cassée, les t rois tasses, les soucoupes ou les couteaux.
Ni la porte. Ni les v alises pourtant préparées pour le dernier grand v oyage.
Dess in de Johanne Huys man
Pourtant ces objets du quotid ien peuvent être de véritables personnifications, comme
év oqué dans un extrait de texte de Lydia Flem.
« Plus personne non plus pour port er ces vêt ements à l'allure désuèt e, ces lunett es de soleil
aux formes démodées ( ) Qui voudraient de ces magnét ophones aux bandes rondes, ces
appareils à visionner des diapositives, ces mélangeurs de cockt ail, ces assiett es à
compartiments pour les cacahuèt es, ces poivriers innombrables, ces collections de sucres
dans des pots de bonbons à l'ancienne, ces pots à épices en pla stique qui t ournent sur un
plat eau, ces décapsuleurs Cinzano, ces piques à fromage avec un petit cochon au bout ?
À qui offrir les quatre boît es de fer sur lesquelles ét ait écrit Farine, Sucre, Biscuits, Café, les bols
en cristal t aillé à côt é des chopes de bière, des pet its t onneaux de bois, des beurriers
d'aluminium, des plat eaux pour t out es les occasions, des piles de nappes, serviett es, sets de
table en cot on, lin, paille, dent elle et polyest er ? Qui pourrait se réjouir de recevoir ces verres
à vodka, whisky, bourgogne, cognac, limonade ou port o, ces flût es et coupes dépareillées
pour le champagne, seau à glace, pince à glaçons, t hermos à café, réchaud de camping,
lampes de poche, ouvre-bouteilles, couverts à salade en bois d'olivier, cadres vides, sacs de
plage, out ils de jardin, bracelets de mont re sans mont re »
Lydia Flem, « Comment j'ai vidé la maison de mes parents », 2004.
Propositions :
- La malle aux souv enirs. Demandez aux élèv es d’apporter un objet (tasse, montre, jouet).
Tous les objets seront placés dans une valisé située sur l’espace de jeu. Chaque élèv e
viendra choisir un objet et, en improv isation, raconter le souv enir (v rai ou inv enté) lié à un des
objets. (Il est possible de remplacer cette activ ité par un écrit à partir d’une photo
notamment pour travailler sur les récits de v ie).
- Demandez aux élèv es de choisir un objet et un seul qu’ils emporteraient pour un v oyage
inconnu ? Si la réponse n’est pas évidente, commencez par leur demander de quoi ils
pourraient se passer ?
PEU DE TEMPS DEVANT VOUS ? ON RÉCAPITULE !
Des idées de questions/sujets à aborder en classe avant la venue au spectacle
- Mettre en v oix un extrait du texte : la première scène par exemple.
- Discuter en classe autour des thématiques du spectacle : la fin de vie, la mémoire, la
transmission, la mort …
Des idées de questions/sujets à aborder en classe après la venue au spectacle
- Retrouv er les différentes réactions des personnages face à la réception de la lettre.
- Trouv er trois adjectifs pour définir les personnages.
- Rev enir sur les ressorts comiques utilisés dans le spectacle pour aborder un thème pourtant
grav e.
POUR ALLER PLUS LOIN
La mort au cinéma
-
Jeux int erdits, René Clément, 1952
Incompris, L. Comencin, 1967
La Fract ure du myocarde, Jacques Fansten, 1990.
Le pet it prince a dit, Christine Pascal, 1992.
Une hirondelle a fait le print emps, Christian Carion, 2001
Amour, Mickael Haneke, 2012.
Bibliographie pour jeunes lecteurs :
- Deux grands amis, Aliki, 1980
- La Mort c’est pas une vie, Sylv ie Bausser, 1999
- Vendredi 13 chez Tant e Jeanne, Arnaud Catherine, 2001 (découv erte d’un journal intime
d’une dame de 96 ans)
- Papa, On ne t ’oubli era pas, Marie Herbold, 2002 (journal authentique d’une adolescente
sur la mort de son père)
- Le garçon qui voula it courir vite, Pierre Bottero, 2002 (décès des parents)
- Mère absente, fille t ourment e, Rola nd Causse, 2002
- Un nœud à mon mouchoir, Bette Westera, 2002 (Réaction d’un petit garçon face à la mort
de son grand-père)
- L’Arbre sans fin, Claude Ponti, 1992.
- Pochée, Florence Seyv os, 1992.
- Véra veut la vérit é, Léa et Nancy Huston, 1992.
- Bonjour Madame la Mort , Pascal Teula de, 1997.
- Au secours les anges! , Thierry Lenain ,2000.
- Couleur chagrin, Elisabeth Brami , 2001.
Bibliographie pour lecteurs adultes :
- Les deuils dans la vie, deuils et séparations chez l’adult e et chez l’enfant , Michel Hanus,
1998.
- Dialogues avec les enfants sur la vie et la mort , Daniel Oppenheim, 2000.
- Pourquoi on meurt ? La question de la mort , Françoise de Guibert ,2001.
- La littérat ure de jeunesse face à la mort - TDC n°843 - Scéren CNDP – Paris 2002.
- La mort pour de faux et la mort pour de vrai, Dana Castro, 2002.
- Parler de la mort , Françoise Dolto, 2003.
- BAUDRY Patrick, « Paradoxes contemporains. Nouv eaux rapports anthropologiques à la
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Encyclopédie des savoirs et des croyances, 2004.
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