AMÉLIORER LA REPRODUCTION NATURELLE EN ÉTANG
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AMÉLIORER LA REPRODUCTION NATURELLE EN ÉTANG
ÉTANGS VOTRE REVUE, PRATIQUE ET ESSENTIELLE N°0 HIVER JANVIER 2015 NOUVEAUTÉ 2015 ! AMÉLIORER LA REPRODUCTION NATURELLE EN ÉTANG L’écosystème «étang» et son réseau trophique Appréhendez la notion d’écosystème et découvrez votre étang sous un jour nouveau, pour une production de poissons optimisée. Le brochet, Esox lucius Qu’en savez-vous ? Pour répondre à cette question, une fiche pratique complète abordant aussi bien les aspects biologiques que la production de ce grand prédateur. ÉDITO Sommaire 4ÉCOSYSTÈME L’écosystème «étang» et son réseau trophique 6ESPÈCES Le brochet, Esox lucius 7 NUISIBLE / PATHOLOGIE Le rat musqué, une espèce exogène invasive Virémie Printanière de la Carpe ou VPC 8 GESTION PISCICOLE Améliorer la reproduction naturelle en étang 11 À VENIR Bertrand de LA RIVIÈRE Président de l’UNSAAEB (Union Nationale des Syndicats et Associations des Aquaculteurs en Étangs et Bassins). Il représente plus de 4 000 propriétaires d’étangs auprès des institutions françaises et européennes. AQUAFILIA 14 bis Impasse des Genêts ZI de Bellevue 22200 SAINT AGATHON France Tél. +33(0)2.56.39.59.34 [email protected] www.aquafilia.fr La revue est publiée par Aquafilia, société de Presse. C’est avec un très grand plaisir qu’à l’occasion de la parution du premier numéro d’ÉTANGS, destiné spécialement aux 50.000 propriétaires, exploitants et professionnels des 112 000 hectares d’étangs piscicoles français, je salue l’initiative sans équivalent à ce jour, de la société AQUAFILIA et des concepteurs de cette revue. Voilà un outil pédagogique d’aide à la gestion de votre patrimoine, aux rubriques variées qui, chaque TRIMESTRE évoquera en fonction des saisons et sous différents aspects, le fonctionnement de vos écosystèmes. Que ce soit la gestion économique de pisciculture d’étangs, le bon suivi de la gestion environnementale, que ce soient les différents aspects réglementaires avec de nombreux liens utiles, ou encore les pathologies rencontrées, la prédation et bien d’autres sujets… Ce numéro 0 vous présente plusieurs des rubriques qui seront présentes à chaque parution. Il est distribué gratuitement à tous les adhérents de syndicats et associations de propriétaires et exploitants d’étangs tels que le SEPB, NORDPECHE, l’Eau Vive 35, SEPMS, et d’autres encore. Ce support papier moderne très novateur d’aide à la gestion « spécifique » étangs viendra en complément de l’outil informatique inter et extranet en cours de finition, élaboré par la fédération nationale l’UNSAAEB. D’un coût financier raisonnable je vous recommande de faire le meilleur accueil à cette revue attendue par nombre d’entre vous. Vous pourrez découvrir le premier numéro complet au Printemps 2015. Av e c t o u s m e s b o n s v œ u x 2 01 5 . Directeur de publication Jean RUCHE 02.56.39.59.34 contact@etangs-magazine. com Régie publicitaire contact@etangs-magazine. com Responsable gestion abonnements Annaëlle RUCHE 02.56.39.59.34 [email protected] Rédacteur Jean RUCHE Ont collaboré à ce numéro Bertrand de la RIVIÈRE Yannick JOUAN Jean-ClaudeSAULNIER Patrick GIRARD Damien BANAS Pascal TRINTIGNAC Conception graphique Adeline SERVIÈRE Imprimerie Roudenn Graphik ZI de Bellevue BP 10129 22201 GUINGAMP CEDEX ÉTANGS n°0 janvier 2015 Parution : trimestrielle Prix public au numéro : 9€ Abonnement annuel : 34€ Crédits photos couverture : © privratnik - Fotolia.com Jean RUCHE © Kletr - Fotolia.com Dépôt légal : à parution ISSN : en cours CPPAP : en cours Tirage : 5000 exemplaires Aucune reproduction, même partielle, autre que celles prévues à l’articles 41 de la loi du 11 mars 1957, sans autorisation écrite. AQUAFILIA SARL de Presse au capital de 2000€. SIRET : 452 350 457 00050. APE : 5814Z janvier 2015 | Étangs n°0 3 ÉCOSYSTÈME L’écosystème «étang» et son réseau trophique Les étangs, qu’ils soient natuL’écosystème se définit comme l’as- facilitant le relargage d’éléments nutritifs retenus dans la vase, ou en ajoutant sociation d’être vivants (biocénose = rels ou artificiels, ont la parcommunauté d’êtres vivants) et son en- directement ces éléments par des futicularité d’être des milieux vironnement (biotope = lieu de vie). Cet mures ou apports d’engrais, l’Homme aquatiques très variés. En op- ensemble tend à être stable et permet pourra choisir de favoriser la productivité position aux lacs et grands ré- l’interaction entre les différents éléments biologique de l’étang. servoirs qui sont généralement qui le composent. À l’équilibre naturel, les biomasses de chaque maillon sont La biocénose plus profonds, les étangs sont stabilisées. La biocénose se compose des six règnes du monde vivant : les espèces végétales caractérisés par l’absence de (phytocénose), les espèces animales (zoostratification thermique verti- Le biotope Comme pour de nombreux écosys- cénose), les champignons, les archées, cale durable. Cette particula- tèmes aquatiques, le biotope de l’éco- les protozoaires et les bactéries. La marité leur confère un fonction- système « étang » se compose des divers tière organique morte (nécromasse), les nement écologique original et compartiments de l’environnement (ex. déjections et rejets font partie de cette sédiments, végétaux) dont les carac- biocénose et jouent un rôle important les conduit à héberger un éco- eau, téristiques dépendent d’éléments : dans l’écosystème. Dans un étang, la système aquatique particulier. climatiques : pluviométrie, tempé- communauté d’êtres vivants comporte rature, vent, ensoleillement ; essentiellement des organismes aquaChaque maillon de l’écosystème hydrographiques et hydrolotiques. Mais d’autres organismes vivants a un rôle bien précis. Les relagiques : distribution et mouvement sont en partie dépendants de ces milieux, tions entre ces unités, constides eaux, source, nappe phréacomme les reptiles et amphibiens, certuent un équilibre parfois fratique… ; tains mammifères et oiseaux. géologiques : caractéristiques du L’Homme peut agir directement sur la gile qui peut être perturbé par sous-sol, nature de la roche mère, biocénose en apportant de nouvelles esla nature comme par l’Homme, hydromorphie ; pèces végétales ou animales, en limitant volontairement ou non. La propédologiques : nature du fond de la prédation, en gérant l’empoissonnel’étang et des abords ; ment ou la pêche. L’apport de matière orductivité de certains maillons géographiques : latitude, longiganique ou d’aliment artificiel influence peut être accrue, à condition de tude, altitude ; aussi directement la biocénose. bien connaître cet écosystème. topographiques et géomorpholoChaînes alimentaires et giques (altimétrie notamment). Jean RUCHE réseau trophique De ce fait, le biotope varie d’un étang Directeur de la publication d’Étangs à l’autre, ainsi aucun étang ne peut être identique, car l’écosystème aura un équilibre approprié à chaque étang. L’Homme peut influencer de nombreux facteurs du biotope. Lors de la création d’un étang ou de sa modification, il peut choisir pour partie la situation géographique de celui-ci, son exposition au soleil et aux vents dominants, sa forme, ou encore la profondeur et la pente des berges. Il peut aussi réguler l’apport et le renouvellement en eau, les phases d’étiage, d’assec ou de remplissage. En 4 Étangs n°0 | janvier 2015 Les relations qui existent entre les différents organismes et éléments de l’écosystème sont souvent présentées sur la base des chaînes alimentaires entre , consomproducteurs (végétaux) et biomateurs (animaux) . Le réducteurs (micro-organismes) réseau trophique (ensemble des chaînes alimentaires) en place dans les étangs est principalement basé sur la consommation par les animaux, de matière organique végétale synthétisée par photosynthèse. Ainsi, les premiers maillons du réseau tro- Représentation des composantes de l’écosystème étang, biotope et biocénose, et des maillons du réseau trophique principal. phique sont constitués de végétaux (c-à-d. macrophytes et microphytes) qui seront nécessaires à la production de matière organique animale (ex. consommation des végétaux par le zooplancton, les larves d’insectes, les poissons). Olivier Schlumberger présente dans son ouvrage Mé‑ mento de pisciculture d’étang, deux phases d’installation de la biocénose, dans le contexte d’un étang subissant un cycle mise en eau / vidange : une biocénose ouverte et une biocénose fermée. La biocénose ouverte comporte trois « étang » (ancien français estanchier, étancher) « L’étang est une étendue d’eau stagnate, naturelle ou artificielle, généralement de dimensions et profondeur plus faibles qu’un lac. (Les écologistes réservent ce terme aux pièces d’eau artificielles suceptibles d’être vidées.) Si les étangs sont naturels, il est rare qu’ils soient isolés et ils résultent avant tout de l’imperméabilité du sol (Sologne, Dombes). Les étangs articificels, créés pour le ravitaillement des villes en poisson, remontent souvent au Moyen Âge. » SOURCE : LAROUSSE étapes : (1) dégradation de la matière Connaître l’écosystème organique morte par les bactéries et pour le gérer La nature s’efforce de combler toute champignons qui permettent (2) le développement du phytoplancton puis (3) du surface d’eau stagnante et transforme zooplancton et des autres consomma- les plans d’eau en zone humide ou marais teurs primaires et secondaires (brouteurs puis en forêt. Cette évolution climacique normale prend plusieurs et carnivores). La biocénose fermée in- «Aucun élément de dizaines à centaines d’antervient une fois le réseau matière n’est perdu nées si l’Homme n’intertrophique établi et les para- et ne disparaît [...].» vient pas. Cette évolution sera d’autant plus rapide mètres physico-chimiques stabilisés. La biomasse s’accumule ensuite que les eaux seront riches en éléments dans chaque maillon du réseau trophique nutritifs (ex. azote et phosphore), que en fonction des éléments chimiques dis- les apports depuis le bassin versant seront importants et que le recyclage de la ponibles ou apportés. matière organique ne sera pas complet. Cycle de la matière Pour maintenir l’écosystème aquatique Chaque être vivant est constitué d’élé- en place et la biodiversité, l’Homme peut ments chimiques essentiels comme le donc agir en évitant l’accumulation de carbone, l’azote, le phosphore, l’oxygène, matière organique et minérale dans le etc. Ces éléments sont transférés d’un fond de l’étang, ou en régulant certains organisme à un autre grâce à la synthèse, organismes vivants. Il pourra éventuellela consommation ou la prédation. Chaque ment bénéficier des services écologiques étape de ce qui constitue le cycle de la et économiques de l’étang en améliorant matière est accompagnée d’un échange la productivité biologique. Par la connaisd’énergie. Aucun élément de matière n’est sance approfondie de l’écosystème propre perdu et ne disparaît, il peut être stocké à son étang, le propriétaire pourra éviter (dans le sédiment) ou transformé (oxy- un curage onéreux, maîtriser la proliféradation, minéralisation, métabolisation tion de plantes invasives ou encore tirer et catabolisation). profit de la production de poissons ou de l’attrait d’oiseaux migrateurs. janvier 2015 | Étangs n°0 5 ESPÈCES Le brochet, Esox lucius Aspects biologiques Esox lucius (Linné, 1758) Classe : Poissons Famille : Esocidés Nom anglo-saxon : Nothern Pike Dénomination : Bec, bec de canard, becquet, brouchet, grandgousier © Kletr - Fotolia.com Vésicules résorbées de brochets. Crédit photo : Yannick Jouan (FLAC) Description Le brochet est caractérisé par un corps allongé et fusiforme, une nageoire dorsale unique très reculée et opposée à l’anale, un museau large et aplati (en bec de canard), une mandibule plus longue que la mâchoire supérieure, des dents (700) implantées sur le vomer, la langue, les palatins et les intermaxillaires. Le jeune brochet présente sur les f lancs des rayures obliques sur fond sombre qui, avec l’âge, se transforment en tâches oblongues et alignées longitudinalement. Le brochet est jaunâtre en eau saumâtre, verdâtre dans les lacs riches en végétation et presque noir en étangs très vaseux. Une taille de 20 à 30 cm est couramment atteinte en un an. Les plus gros sujets peuvent atteindre 1,5 m pour 35 kg. Distribution Esox lucius est une espèce très largement représentée dans les eaux douces à faiblement salées de la majeure partie de l’hémisphère nord de Brest à Vladivostok et du Labrador à l’Alaska. Il est par contre absent de l’hémisphère sud, de Norvège et du nord de l’Écosse. Habitat et comportement Le brochet est une espèce limnophile recherchant des habitats à bonne transparence et à couvert végétal dense. On peut le rencontrer en rivière à salmonidés, dans les bras morts des cours moyens 6 Étangs n°0 | janvier 2015 des fleuves, dans les lacs et les étangs. L’espèce est peu exigeante vis à vis de la température (croissance correcte de 10 °C à 23 °C), de l’oxygène dissous (0,3 ppm l’hiver) et de la salinité (jusqu’à 15 g / l). Grand prédateur des eaux calmes, le brochet possède un comportement territorial et solitaire. Régime alimentaire Adulte, il se nourrit de poissons vivants et peut devenir cannibale. Les alevins de plusieurs semaines possèdent une alimentation constituée essentiellement de larves d’insectes et de zooplancton, puis deviennent rapidement ichtyophages. Le brochet peut absorber des proies représentant près de 50 % de son poids. Reproduction DDMaturité sexuelle : 1 à 2 étés pour les mâles et 2 à 3 étés pour les femelles. DDPonte naturelle de février à avril (température 8‑10 ° C) et fractionnée sur 2 à 5 jours. DDŒufs adhérents déposés dans des endroits peu profonds riches en végétation (prairies inondées). DDFécondité : 30 000 à 45 000 ovocytes par kilo. DDIncubation : 10 à 30 jours. Production C’est une espèce qui possède une forte valeur ajoutée (11 à 16 € HT / kg en 2014 pour les poissons de 2 étés en repeuplement). Le brochet est produit en étang piscicole extensif accompagné de la carpe et de poissons blancs (gardon, rotengle) qui lui servent de nourriture. Croissance (rapide) 1 été : 80‑300 g (20‑40 cm) 2 étés : 500‑800 g 3 étés : 1 kg à 1.5 kg Remarque : la femelle possède une croissance plus rapide que celle du mâle. L’espèce ne peut être introduite dans les eaux de 1ère catégorie piscicole. Reproduction contrôlée Le cycle du brochet est maîtrisé mais la production en écloserie et le contrôle des premières phases d’élevage demeurent techniquement sensibles. Favoriser la reproduction naturelle est techniquement plus abordable. Le principe repose d’une part sur la mise en place de lieu de ponte ou de frayère dans des zones d’herbiers à faible profondeur et d’autre part sur la gestion des niveaux d’eau afin que ces zones puissent être submergées. Cette reproduction naturelle peut être aménagée en utilisant de petits étangs vidangeables (400 à 3 000 m²) de faibles profondeurs et bien pourvus en herbes. Dans chaque étang, une femelle et deux mâles en général sont introduits en février ainsi que du poisson fourrage. La taille des géniteurs est fonction de la taille de l’étang et de la richesse trophique. Les juvéniles sont récoltés en mai. Jean RUCHE D’après le Guide des bonnes pratiques, SMIDAP - www.smidap.fr NUISIBLE / PATHOLOGIE Le rat musqué, une espèce exogène invasive du ragondin. Indices de présence DDCrottes allongées, Le Rat musqué, Ondat ra z i b e t h i ca (c i - d e s s u s) . Piège en X (ci-dessous). © Uryadnikov Sergey - Fotolia. com déposées en tas, de 10 à 12 mm ; diamètre 4 à 5 mm, non striées. DDCoulées de 10 cm de large. Biologie DDOriginaire d’Amérique Crédit Photo : Jean-Claude SAULNIER Description DDLongueur totale : 46 à 67 cm, queue aplatie latéralement. DDPoids : 0,6 à 2 kg. DDPas de moustaches blanches, à la différence du Nord, inféodé aux milieux aquatiques. DDEssentiellement nocturne, végétarien, moules aquatiques. DDReproduction : fin février à fin septembre, gestation 29 à 30 jours, 3 portées par an de 5 à 9 jeunes. Réguler la population Le rat musqué occasionne des dégâts aux digues ou aux berges en creusant des terriers dont l’ouverture est située au-dessous du niveau de l’eau. Il a aussi un impact négatif sur les roselières et met en péril d’autres espèces tels que le campagnol aquatique. Il est porteur de la Leptospirose et est classé nuisible sur tout le territoire national par un arrêté annuel (24 mars 2014). Il figure aussi parmi les espèces invasives au niveau de l’UE, espèces qu’il faut éradiquer. Les pièges les plus souvent utilisés contre le rat musqué sont les pièges en X à simple ou double ressort (ou Conibear, de 13 ou 16 cm) ou le « livre de messe ». Une variante est le « piège en X trottoir » où le déclenchement se fait grâce à une palette en lieu et place de la fourchette. Le piège en X fonctionne dans les 2 sens alors que le livre de messe est unidirectionnel. Ces pièges, interdits en coulées terrestres, sont appâtés avec un appât végétal. Leur utilisation nécessite l’agrément de piégeur. Attention, ces pièges sont interdits à moins de 200 mètres de la rive dans tout ou partie de 11 départements où le vison d’Europe « serait » présent (16, 17, 24, 32, 33, 40, 47, 64, 65, 79, 85) et dans les zones de présence de la loutre et / ou du castor, définies par arrêté préfectoral. La lutte contre le rat musqué par piégeage en devient quasiment impossible. Il reste l’utilisation de cages, moyen bien moins efficace et objet de vandalisme. Les pièges tuant par noyade (bidon ou nasse) ne sont pratiquement plus utilisés en France. Jean-Claude Saulnier UNAPAF - www.unapaf.fr Virémie Printanière de la Carpe ou VPC Carpe atteinte de la VPC Crédit photo : LDA 39 Rappels / épidémiologie Présente en Europe, la VPC est provoquée par un Rhabdovirus (vésiculovirus) qui touche des poissons de plus d’un an. Les mortalités sont parfois importantes et varient d’une année à l’autre. Le virus peut survivre dans l’eau 4 semaines à 10 °C. Il se transmet horizontalement de poisson à poisson : soit de manière directe (poissons infectés ou porteurs sains), soit de manière indirecte (eau, matériel et équipements de pêche et pisciculture, oiseaux piscivores et certains parasites externes comme les Argules). L’incubation du virus chez le poisson dure de 6 à 60 jours. Le stress, les surdensités, les changements de température sont autant de facteurs favorisant l’apparition et le développement de la maladie. Plage thermique : 10‑20 °C, température optimale : 12‑15 °C. Principales espèces sensibles Carpes commune, herbivore, argentée et marbrée, carassin, silure glane, brochet, truite arc-en-ciel. Symptômes et traitements DDRespiration faible, poissons couchés sur le côté. DDHémorragies diffuses (pétéchies), poissons foncés (mélanose), ballonnement (hydropisie / ascite), yeux exorbités (exophtalmie), écailles hérissés (lépidorthose), protrusion et inflammation de l’anus, branchies pâles et ponctuées de pétéchies. DDAutopsie : péritonite, entérite, hémorragies dans le rein, le foie, la vessie natatoire, adhérences péritonéales. Le diagnostic est effectué en cultures cellulaires par des laboratoires accrédités en virologie par l’ANSES, en microscopie électronique ou par PCR. En cas de suspicion, prélever des poissons présentant des signes cliniques de maladie, en faisant appel si possible à un vétérinaire aquacole. Les acheminer vivants, moribonds ou morts depuis peu le plus vite possible vers un laboratoire spécialisé. Ne pas congeler les poissons morts, ils peuvent être conservés jusqu’à 24 heures en réfrigération. Aucun traitement n’est possible. La prévention est primord i a le : d é si n fe c t ion régulière des étangs (virus sensible à la plupart des désinfectants), précautions lors des transferts et des pêches d’étang (éviter les blessures), bon état des poissons au printemps, traitements antiparasitaires externes. Attention : ne pas confondre la VPC et l’érythrodermatite de la carpe (Aeromonas salmonicida). Cette pathologie vous sera présentée au prochain numéro. Docteur Patrick Girard Vétérinaire Aquacole Association Santé Poissons Sauvages - www.association-sante-poissons-sauvages.com janvier 2015 | Étangs n°0 7 GESTION PISCICOLE Améliorer la reproduction naturelle en étang La production de poissons en étangs est souvent basée sur des empoissonnements en hiver, et sur une production de juvéniles issus de reproduction naturelle au printemps. Favoriser les conditions de reproduction propres à chaque espèce permet d’améliorer la productivité de l’étang. Jean RUCHE Passionné par les milieux aquatiques et l’élevage, Jean Ruche est aujourd’hui directeur de publication de la revue AquaFilia, destinée aux professionnels de l’aquaculture, et de la revue Étangs. Co-auteur : Yannick Jouan Conseiller aquacole de la Filière Lorraine d’Aquaculture Continentale (FLAC). Ruban d’œufs de perche déposé sur les branchages. Crédit photo : Jean RUCHE. Plusieu rs fac teu rs influencent la reproduction des poissons en étangs. Ils sont d’ordre physiques, chimiques, biologiques, environnementaux et sociaux. La température de l’eau est le facteur déterminant pour de nombreuses espèces. Une période de vernalisation est souvent nécessaire pour que les géniteurs puissent produire des ovocytes (gamétogenèse) d’une année sur l’autre. Ils déclencheront le dernier stade de maturation des gamètes lorsqu’une plage de température optimale sera atteinte. La photopériode (rapport entre la durée du jour et la durée de la nuit) est aussi importante pour plusieurs espèces, comme le 8 Étangs n°0 | janvier 2015 silure ou les salmonidés. En reproduction naturelle, le propriétaire d’étang pourra plus facilement inf luencer deux autres critères : la présence de congénères du sexe opposé, et la disponibilité des supports de ponte. Maîtriser l’empoissonnement Pour s’assurer d’une reproduction optimale, la sélection des poissons à l’empoissonnement est essentielle. L’état de santé des poissons doit être optimal : pas de blessures apparentes, de symptômes de maladies, ni de poissons trop maigres. Les poissons blancs de type gardon ou rotengle, se repro- duisent généralement dès le deuxième été mais assurent une reproduction optimale à partir du troisième été. L’empoissonnement portera plutôt sur des poissons de plus de deux étés si l’on cherche à produire des alevins. Pour les poissons de fond, carpes, tanches et goujons, les femelles seront plus productives à partir de leur troisième été. Concernant les carnassiers, il faudra veiller à ne pas avoir une surpopulation de géniteurs qui deviendront très vite les prédateurs de leur propre progéniture. Les femelles du brochet se reproduisent à partir de deux étés et le sandre à partir du troisième été. Il n’est pas très intéressant de mettre des géniteurs de taille imposante. Ces poissons trophées seront généralement de piètres reproducteurs et des prédateurs très voraces. La perche se reproduit facilement dès le deuxième été, elle peut faire partie de l’empoissonnement mais gare au nanisme d’une progéniture souvent très nombreuse. Pour les poissons de grande taille (carpes, tanches, carnassiers) il est parfois possible de différencier mâles et femelles par la couleur de l’abdomen, la taille des nageoires, la forme de l’orifice uro-génital. Plus la saison de ponte approche, et plus il sera facile de les distinguer et de compter les individus de chaque sexe pour établir un sex ratio convenable. Concernant les pontes de masse (carpes, brochets, tanches) le sex ratio à respecter est généralement de deux à trois mâles pour une femelle. Pour les pontes spécifiques, généralement en couple et sur nids (sandres, black-bass, silures), le sex ratio est plus proche de un pour un. Allier Sandre et Brochet ? La question fait souvent débat. Ces deux poissons ont des mœurs et des niches écologiques très différentes. Le brochet, carnassier diurne, affectionne particulièrement les zones calmes où la végétation aquatique est abondante. Le sandre est plus inféodé au substrat, il pond généralement sur des lits de graviers ou de sable. Poisson nocturne, il part à la chasse du menu fretin lorsque le brochet est déjà repu. A l’inverse des grands plans d’eau, dans un étang de dimension modeste, inférieure à 5 ha, il y a de forte probabilité que l’un prenne le pas sur l’autre. Dans ILLUSTRATION 1 : Différents supports et lieux de ponte des principales espèces. les étangs riches en roselière et zone des frayères à brochet et / ou aleviner en peu profonde, c’est en général le brochet fingerlings, afin de compenser la reproqui prédominera, alors que dans une duction naturelle. gravière le sandre sera beaucoup plus à l’aise. Pour les faire cohabiter dans ces Recenser les zones de petits espaces, il faut prendre en compte frayères naturelles Chaque poisson pondra sur des supla vitesse de croissance de chacune des ports différents et à une espèces et leur capacité de reproduction. Ainsi le « il faut veiller à période dif férente. (cf brochet a une croissance ne pas déranger les ILLUSTRATION 1 et 2 cibeaucoup plus rapide que géniteurs comme contre). Avant d’empoissonle sandre. Si on alevine des l e s s a n d re s , q u i ner, mieux vaut s’assurer poissons de même dimen- protègent leur pro- que les poissons auront un sion, il y a de grande chance géniture après la lieu de ponte accessible. Il est intéressant de profiter que les brochets finissent ponte. ». des vidanges hivernales par manger les sandres. Par exemple si l’on introduit des sandres pour sonder le fond de l’étang, repérer les de 15 cm, un alevinage en vésicules ou arbres et racines submergées, les plages de fingerlings de brochet est idéal. Pour des sables ou autres herbiers. Cet inventaire sandres de 40 cm, les brochets déversés permettra de déterminer si les lieux doivent mesurer autour de 20 cm. Dans de ponte existent pour chaque espèce une gravière, il est nécessaire d’aménager empoissonnée. Des photos et un croquis Alimenter les poissons stockés en hiver Animaux à sang froid les poissons dépensent très peu d’énergie pour leurs besoins physiologiques. Leur température interne s’adapte à la température de l’eau, ainsi plus l’eau est froide moins ils auront besoin de nourriture. En dessous de 6 °C, on considère qu’il est inu- Nourrisseur à tapis Crédit photo : Jean RUCHE tile de leur donner à manger, au-delà cela dépendra de la durée du stockage et de la taille des poissons. Plus ils sont petits moins leur réserve énergétique est importante et inversement. Les augmentations de températures, de 3 à 7°C, même à partir d’une température très froide vont engendrer de l’appétit important, alors qu’une baisse de 9 à 6 °C leur clouera le bec. Pour la nourriture, en hiver, on préférera de l’aliment formulé à haute teneur en énergie afin de favoriser le rapport prise d’énergie sur prise de nourriture. Bien sûr, dès que les poissons cessent de s’alimenter, on arrêtera la distribution. L’état de santé des géniteurs avant la ponte est important, il détermine la production des gamètes. L’apport d’aliment artificiel ou de poisson fourrage pour les carnassiers, leur assurera une meilleure santé avant la ponte. janvier 2015 | Étangs n°0 9 gravier permettront aux goujons, blackbass et autres de réaliser leur ponte. Il est aussi intéressant de les repérer avant la mise en eau. Ces supports peuvent être placés entre 30 cm et 80 cm de profondeur, à raison d’une dizaine par hectare. ILLUSTRATION 2 : Périodes de pontes et températures optimales des poissons d’étangs. vous seront très utiles. Des aménagements pourront permettre de compléter les frayères naturellement présentes. Mettre à disposition des zones de frayères supplémentaires Les zones de bordures sont souvent végétalisées. Plus la pente est faible, plus la végétation se développe. Lorsque l’approvisionnement en eau de l’étang le permet, il est parfois intéressant de laisser une partie des « hauts » de l’étang découverte pour laisser la végétation aérienne croître. Quand la période de frai approche, le niveau de l’eau peut être augmenté afin d’offrir de nombreux supports de ponte. Les végétaux se dégraderont après la ponte et aideront au développement de zooplancton (rotifères notamment). Des frayères flottantes peuvent être fabriquées à partir de radeau flottant ou d’un cadre en bois grillagé sur lesquelles sont fixés des balais, cordages, bruyère. Ces frayères sont éventuelle- Reproduction Naturelle Aménagée (RNA) Vue en coupe d’un Bassin Frayère Type DUBISH. 10 Étangs n°0 | janvier 2015 ment lestées et reliées à un flotteur (bidons ou bouteilles vides et propres) pour contrôler la profondeur d’immersion. Des modèles prêts à l’emploi peuvent être achetés chez des fabricants de matériel. Pour les poissons appréciant les racines et autres bois, de simples fagots de branchages peuvent être installés à proximité des bordures et en dehors des zones de pêche. Les signaler avec un poteau ou un flotteur peut permettre de les repérer une fois l’étang en eau, et de les observer depuis la surface. Il est déconseillé de sortir les supports de l’eau lorsqu’ils sont couverts d’œufs pour éviter un choc mécanique ou thermique entre la température du fond de l’étang et celle de l’air. De la même manière, il faut veiller à ne pas déranger les géniteurs comme les sandres, qui protègent leur progéniture après la ponte. Pour mettre à disposition du sable ou gravier sans avoir à réaliser un chantier de terrassement, plusieurs bacs d’1 m² contenant 10 cm de sable grossier ou de Dédier un bassin à la reproduction d’une espèce permettra de limiter les risques de prédation des alevins. Voici quelques conseils pour la mise en œuvre d’une RNA en bassins de moins de 1 000 m² : 1. P r é p a r e r l e b a s s i n frayère : réaliser un assec complet de plusieurs semaines, éventuellement chauler en fonction de son état (max 1 T / ha) et protéger le bassin Frayère artificielle. Crédit photo : Laurent BOUTIER, ARMOR VIF. Favoriser la survie des juvéniles Grâce à l’amélioration des conditions de reproduction par l’accès aux zones de frayères, les conditions favorables de reproduction resteront essentiellement liées à la température de l’eau et aux événements climatiques. Une fois la ponte réalisée, il est essentiel que les jeunes alevins puissent avoir à disposition une alimentation suffisante. Le suivi du développement du zooplancton permettra d’augmenter le taux de survie des jeunes poissons. La prochaine étape de l’amélioration de la productivité de l’étang passera par l’amélioration du taux de survie des alevins et de l’apport d’aliments exogènes éventuels. des oiseaux piscivores à l’aide de filets ou fils tendus. 2. Pour les pontes sur végétaux (carpes, brochet, tanches) semer de l’herbe type Ray-Grass au fond du bassin si la végétation n’est pas présente, ou aménager des supports de ponte pour d’autres espèces (fagot, bacs de sable). 3. Si la mise en eau a lieu juste avant la ponte, bien filtrer l’eau pour éliminer les larves d’insectes (maille <0,5 mm). 4. Mettre les géniteurs en bassin par pose en fonction du sex ratio optimal de l’espèce. 5. Contrôler le bon déroulement de la ponte. 6. Retirer les géniteurs ou les supports de ponte suivant le cas. 7. Contrôler la croissance des alevins et les alimenter. À VENIR ÉTANGS VOTRE REVUE, PRATIQUE ET ESSENTIELLE ABONNEMENT TARIFS 2015 1 AN Ne ratez pas au sommaire du prochain numéro, sept nouvelles rubriques ! OUVRAGE La marche à suivre et les bons conseils pour mettre en place une station de pompage, construire une digue pour votre étang ou tout autre chantier utile à votre exploitation. 4 NUMÉROS + PETITES ANNONCES GRATUITES ! 34€ TTC MATÉRIEL / PRODUIT Descriptions et tests de nouveaux matériels et produits. Oui, je souhaite m’abonner à Étangs France 34€ TTC (frais de port inclus) Zone UE 39€30 TTC - Hors UE 43€50 TTC LÉGISLATION Décryptage d’un article de loi et liens utiles pour en savoir plus. DIVERSIFICATION JE SOUHAITE RECEVOIR MA REVUE À CETTE ADRESSE Les pistes à explorer et les erreurs à éviter pour une diversification réussie. NOM PRÉNOM SOCIÉTÉ ADRESSE PARCOURS DE PÊCHE CP TÉL EMAIL Comment organiser un parcours de pêche ? Quelle législation appliquer ? Nous répondrons à toutes vos questions pour faire de votre prestation une prestation réussie. VILLE @ Quels sont les prix en vigueur et les futurs investissements à ne pas manquer ? JE RÈGLE PAR CHÈQUE BANCAIRE, à l’ordre d’Aquafilia. VIREMENT BANCAIRE, à la date du / avec Nom et Prénom en objet du virement. MARCHÉ / Relevé d’identité bancaire Aquafilia Titulaire du compte : AQUAFILIA Domiciliation : GUINGAMP (08033) RIB : 30002 08033 0000072294K 14 IBAN : FR83 3000 2080 3300 007 2294 K14 BIC : CRLYFRPP J’AIDE MA REVUE À SATISFAIRE MES ATTENTES RECETTE Et pour un peu de gourmandise, nous vous proposerons à chaque numéro la recette d’un restaurateur partenaire. BROCHURE PETITES ANNONCES Au prochain numéro, découvrez les petites annonces de la filière, vente d’étangs, de matériel ou encore de poissons. N’hésitez plus, proposez vos petites annonces dès aujourd’hui (offre gratuite pour les abonnés). Je suis : PROPRIÉTAIRE D’ÉTANG(S) PROFESSIONNEL (PISCICULTEUR, ETC.) CHERCHEUR PASSIONNÉ ÉTUDIANT SYNDIQUÉ : Je possède/travaille sur une exploitation de : hectares. J’ENVOIE MON BULLETIN Aquafilia Service Abonnement 10 rue du 48ème R.I. 22200 GUINGAMP Si vous souhaitez proposer à la rédaction de nouveaux sujets d’articles, ou tout simplement poser vos questions, contactez-nous : [email protected] Courrier des lecteurs Aquafilia 10 rue du 48ème R.I. 22200 GUINGAMP Conformément à la loi «informatique et libertés», vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification aux informations qui vous concernent, que vous pouvez exercer en vous adressant à AQUAFILIA Service Abonnement - 10 rue du 48ème R.I. - 22200 GUINGAMP. janvier 2015 | Étangs n°0 11 FÉVRIER/MARS 2014 10€ etangs-magazine.fr N°0 ÉTANGS VOTRE REVUE, PRATIQUE ET ESSENTIELLE PETITES ANNO NCES Pour tout renseign ement contactez la régie contact@etangs-mpublicitaire : agazine.com Tél. +33(0)2. 56.39.59.34 Vos petites annonces GRATUITES pendant toute la durée de votre abonnement ! 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