Page 1 LA POSITION DEPRESSIVE DECRITE PAR MELANIE

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Page 1 LA POSITION DEPRESSIVE DECRITE PAR MELANIE
LA POSITION DEPRESSIVE DECRITE PAR MELANIE KLEIN1
Age
+ 3-4 mois
Moi
Ebauche
Relation
Perceptions/
d’objet
fantasmes
du Partielle :
Perception
Angoisses
Angoisses de Archaïques :
Position
moi :
schizo-
♦ Pulsions
de
♦ Sensations
faction :
la
♦ Affects
bon sein
avec l’objet et deviendra un
paranoïde
♦ Tensions
♦ Angoisses
♦ sentiments colorée
Défenses
par persécution.
satis- influencée par (La
♦ Clivage
gestion ♦ Projection
relation des angoisses
♦ sentiments les fantasmes. prototype
des
pul-
sions
de
destruc-
de frustra-
d’équilibre
tion et de
tion :
psychique
mort
mauvais sein
ultérieur).
entourage
sur
♦ Introjection
de
l’objet.
1
D’après Golse, B (2008) (4ème édition) Le développement affectif et intellectuel de l’enfant. Paris, Editions
Masson, p. 66-71.
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+ 6 mois
Intégration
Relation
Position
progressive
d’objet totale.
dépressive : des
deuil
percep- Amour
tions
naissance
de (Peut
perte d’objet
encore
avoir du cli-
ou
du besoin
vage)
senso- envie = dévo-
de l’objet.
♦ Dénéga-
rielles dans un rer l’autre.
tout :
le
Angoisse
♦ Recon-
♦ Angoisse,
clivage ♦ Frustra-
bonne/
mauvaise
tion,
♦ Agressivi-
♦ Peur
de
tion
perte
de
♦ Idéalisa-
l’objet.
tion
♦ Constance
♦ Contrôle
ce l’amour
de l’objet
maternel
externe et
la représenta- ♦ Culpabilition
d’une
té,
personne.
♦ Besoin de
entraîne
interne
milation
nismes
Conscience de
des
tralisent
mère devient
té,
réparation.
une
assi-
bons
(Ces
mécaneu-
la séparation
objets in-
l’angoisse de
par rapport à
ternes.
perte et dé-
l’objet.
♦ Capacité à
faire
la
culpabilise
l’enfant).
part de :
Ses intentions
Ses fantasmes
La réalité.
La position paranoïde-schizoïde
Dans sa démarche M.K. avait d’abord identifié une phase persécutive coïncident avec le 1er
stade sadique anal de K.Abraham. Plus tard elle la considère comme première forme de relation d’objet et elle parle d’une position paranoïde-schizoïde (ou schizo-paranoïde). M.K. établit un lien entre le clivage et l’angoisse de persécution.
Le mot position dégage cette formation de tout lien avec quelque étape qui serait, comme
chez Freud, corrélée à une dimension anatomo-physioloqiue.
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Il s’agit d’une configuration qui peut être active bien au-delà des premier mois de la vie et
perdurer dans les structures psychotiques. Le monde du nourrisson est agité par
l’affrontement des pulsions de vie et de mort. Elle pose l’hypothèse que le Moi rudimentaire
dès la naissance va projeter vers l’extérieur la pulsion de mort. Dans le même temps, une partie de la pulsion de vie est également projetée pour créer un objet idéal. Le Moi se clive en
une partie libidinale et en une partie destructrice et va s’accrocher à l’objet partiel « sein » de
la mère. En retour, le Moi va introjecter l’objet idéal, en faire une partie de lui-même et
s’identifier à celui-ci ; il peut aussi recevoir en retour la partie mauvaise, destructrice vécue
comme persécutrice. Le Moi, par ce balancement projection /introjection, clive l’objet sein et
va établir une double relation : bonne et mauvaise.
L’objet primaire : le sein
L’objet primaire (l’objet partiel) est le sein et parallèlement à la dualité pulsionnelle, il est
clivé. Le mauvais sein se voit attribuer toute l’agressivité que l'enfant a projetée sur lui et il
constitue une menace terrifiante.
De même les projections des pulsions libidinales sur le bon sein en font un objet idéalisé,
source de toutes les satisfactions. Son introjection procure au nourrisson un objet interne infiniment rassurant. L’idéalisation du bon objet lui donne la possibilité à certains moments de
former en lui l’image d’un sein idéal, omniprésent et intarissable et d’avoir un contrôle omnipotent sur lui.
Le bon sein satisferait alors de manière hallucinatoire le désir vorace de l’enfant.
Pourquoi schizoïde ?
L’intensité de ces phénomènes de clivage, l’angoisse de morcellement, spécifient la dimension schizoïde.
Pourquoi paranoïde ?
La menace persécutive, le rôle majeur de la projection et du sentiment d’omnipotence expliquent le qualificatif de paranoïde. MK. A décrit un mécanisme caractéristique de cette position : l’identification projective.
Des facteurs externes et réels vont nourrir également des fantasmes. La faim, le manque du
bon objet vont être vécus comme une attaque par les mauvais objets. L’apaisement, le sein
gratificateur vont contrecarrer ces sentiments et permettront au Moi de se rassembler.
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Les termes bon et mauvais ne doivent pas être pris comme des qualificatifs intrinsèques de
l’objet, mais comme marquant la satisfaction ou la frustration. Le sein qui gratifie est aimé et
ressenti comme bon et le sein qui frustre est haï et ressenti comme mauvais.
Pendant toute cette période et à la faveur des bonnes expériences vécues, le Moi va pouvoir se
rassembler, s’intégrer, s’unifier. Dans le développement affectif normal, c’est-à-dire lorsque
les éléments libidinaux prédominent, le Moi acquiert confiance dans le bon objet. Si pour des
raison externes et/ou internes les forces destructrices prennent le pas sur le bon objet, les mécanismes de défense en place peuvent ne plus être suffisants pour maîtriser l’angoisse. Le Moi
est alors envahi et sa défense ultime est sa propre désintégration.
Ce court exposé pourrait faire croire qu’un nourrisson est soumis constamment à des forces
maléfiques. Un nourrisson normal ne passe pas la plus grande partie de son temps dans un état
d’anxiété. Et si tous les bébés ont de moments d’angoisse le plus souvent, dans des circonstances favorables, ils dorment paisiblement et ont des plaisirs réels ou hallucinatoires. Les
processus psychiques qui sont le noyau de la position schizo-paranoïde font partie du développement normal de l’individu et de la façon dont l’enfant aura traversé cette période dépendra sa capacité à affronter les étapes suivantes.
La position dépressive
Tous ces mouvements décrits ci-dessus vont permettre au Moi du nourrisson de s’unifier et il
peut ainsi progressivement percevoir l’extérieur comme différent de lui. Ces processus
d’intégration du Moi et d’unification de l’objet vont de pair avec une maturation physiologique. Cette période qui succède à la position schizo-paranoïde, Mélanie Klein la qualifie de
position dépressive.
Pourquoi dépressive ?
Parce qu’il s’agit d’une angoisse dépressive de perte de l’objet qui apparaît. Cette angoisse
culminerait vers 6 mois et reste active pendant la seconde moitié de la première année. Les
mécanismes schizoïdes restent présents, mais modifiés et beaucoup moins intenses. Toutes les
perceptions du bébé proviennent d’un même objet qu’il ressent comme séparé de lui. Pour
l’enfant, distinguer sa mère comme une personne entière, différente de lui implique de reconnaître sa dépendance vis-à-vis d’elle.
L’ambivalence amour agressivité
L’enfant va éprouver des sentiments agressifs et d’amour à son égard. L’ambivalence envers
l’objet commence à se manifester. L’angoisse de perte d’objet est alimentée par les fantasmes
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destructeurs de l’enfant (sa réalité psychique) qui croit avoir endommagé et détruit l’objet
total. Il s’ensuit alors un intense sentiment de culpabilité, première manifestation du Surmoi
naissant. Contrairement à la notion de culpabilité chez Freud qui trouve son origine dans le
complexe d’Œdipe, chez Mélanie Klein la culpabilité surgit très tôt d’avoir détruit l’objet aimé. Cette inquiétude du bébé pour sa mère est aussi entretenue par la réalité externe c’est-àdire par les absences qui sont vécues comme disparition totale et les frustrations comme rétorsion.
L’avidité orale et les fantasmes
L’angoisse de perdre l’objet aimé augmente le désir de l’avoir en permanence en soi, mais la
voracité du bébé peut lui faire craindre de l’avoir dévoré et détruit dans l’incorporation orale
car à ce stade de développement, le fait d’aimer un objet et de le dévorer sont inséparables.
L’effet de la réalité
Quand la mère est absente le petit enfant croit l’avoir mangée et détruite et il se torture
d’angoisse à son sujet. Le tout petit enfant n’est pas encore parvenu à faire une distinction
entre une absence passagère et une perte définitive. Chaque fois que la présence de la mère lui
fait défaut, il se comporte comme s’il ne devait plus jamais la revoir et c’est seulement à la
suite d’expériences répétées qu’il apprend qu’un telle absence est suivie d’un retour assuré.
L’importance de la qualité et la continuité de soins
La réapparition de la mère après ses absences et l’amour et les soins continues que le bébé
reçoit de son entourage vont lui permettre de constater que ses agressions fantasmatiques
contre ses objets sont sans effets. C’est à travers la répétition de pertes et de récupérations de
haine et de recréation par l’amour que le bon objet est peu à peu assimilé à l’intérieur du moi.
Les réactions de la mère
Les réactions de la mère sont très importantes. Si la capacité de rêverie de la mère lui permet
d’accepter de tels fantasmes (et de montrer qu’elle les accepte), il en résultera secondairement
un besoin naturel chez l’enfant de réparation et de tendresse. Si la mère au contraire interdit
ces fantasmes, on assiste à une réintrojection chez l’enfant, d’un sein menaçant et d’un vagin
cloacal et avide.
Que fait l’enfant pour s’apaiser ?
Un mécanisme de défense apparaît : c’est la réparation qui va permettre à l’enfant de préserver, recréer, réparer l’objet et qui dissiperont les angoisses de la position dépressive.
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Les fantasmes de réparation
Les fantasmes de réparation sous-tendent la plupart des activités du jeune enfant. Nous les
trouvons dans les activités de jeu, dans les succès les plus simples comme remettre un cube
sur une pile après l’avoir fait tomber. Cela dérive en partie du fantasme inconscient de faire
une certaine réparation à une personne ou à plusieurs personnes qu’il a blessées dans ses fantasmes. (Freud) Le jeu de la bobine ou le jeu de coucou symbolisent la perte et le retour de
la mère. La répétition des expériences positives est un facteur important pour aider l’enfant à
surmonter le sentiment de perte et son ressentiment et intégrer un sentiment de sécurité.
D’autres moyens de réparation sont le début de la motricité parce qu’il peut se déplacer pour
récupérer les objets qu’il vient de perdre et en trouver d’autres pour les remplacer. Chaque
progrès dans le développement est utilisé par le Moi comme une défense contre l’angoisse
dépressive et permet la maturation psychologique. Grâce au développement locomoteur,
l’enfant va acquérir la possibilité de régler sa distance à l’objet.
Golse2 cite le contrôle des sphincters qui va permettre à l’enfant de constater qu’il contrôle
les danger intérieurs et ses objets internes.
Le développement du langage également est un grand progrès qui amène l’enfant plus près
des personnes qu’il aime.
L’échec de la position dépressive
L’acte de réparation peut échouer et la situation de perte d’objet s’établit alors. La tendance à
la réparation peut être mise en échec si la pulsion de mort reste plus forte que la pulsion de vie
et si l’enfant subit trop d’expériences extérieures réelles et douloureuses.
L’affectivité de l’enfant, au lieu de gagner en expériences d’échanges positifs ira en
s’appauvrissant vers les phénomènes de claustrophobie (peur d’être enfermé dans la mère) de
dépersonnalisation (peur de perdre l’objet maternel), ou même de morcellement (psychose), le
Soi narcissique se trouvant sans cesse projeté et de façon fragmentaire dans le corps de la
mère.
D’autres mécanismes de défense
D’autres mécanismes de défense sont en action au moment de la position dépressive comme
la dénégation, le clivage, l’idéalisation et le contrôle des objets internes et externes. Ces
processus vont être utilisé par le Moi pour neutraliser angoisse dépressive et culpabilité. Ils lui
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Golse, B. (2008) 4ème édition. Le développement affectif et intellectuel de l’enfant. Compléments sur
l’émergence du langage. Masson ; Collection Médecine et Psychothérapie. Issy-les-Moulineaux.
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permettent de ne pas être submergé mais leurs effets sont imités car il ne peuvent écarter définitivement la situation de perte d’objet alors qu’une seule une véritable réparation de l’objet et
une diminution de l’agressivité pourront le faire.
L’importance du bon objet interne
Lorsque le bébé atteint la période située entre 3 et 6 mois et qu’il affronte les conflits, la culpabilité et les effets inhérents à la position dépressive, sa capacité à gérer son angoisse est déjà
déterminée par son développement antérieur. C’est-à-dire la manière dont il a pu dans les 3 ou
4 premiers mois de sa vie prendre et établir en lui l’objet bon. Le désir et la capacité de reconstituer le bon objet interne et externe sont à la base de la possibilité du moi de maintenir
l’amour à travers les conflits et les difficultés.
La stabilité du bon objet interne et externe mène à la sublimation et à l’activité
symbolique
Ce socle est aussi la base d’activités créatrices et de la sublimation qui a son origine dans le
désir du bébé de reconstituer et recréer l’objet. Pour y parvenir l’enfant détourne une partie de
son énergie pulsionnelle vers des objets extérieurs, des jeux, substituts de l’objet aimé. Sublimation mais aussi début de l’activité symbolique. Afin de ménager l’objet, le nourrisson inhibe partiellement ses pulsions et les déplace sur des substituts de cet objet, ainsi commence
la formation de symboles. Le processus de sublimation et de formation des symboles sont
intimement liés et tous les deux sont l’aboutissement de conflits et d’angoisse appartenant à la
position dépressive. Chez Freud, la sublimation est le résultat d’un déplacement du but pulsionnel ; les kleiniens ajoutent que ce déplacement ne peut être obtenu qu’à travers un processus de deuil : la position dépressive qui est tout à fait déterminant dans la construction du
monde extérieur de l’enfant. C’est à ce moment que s’édifie sa relation à celui-ci et à la réalité
en général.
Une grande partie du développement de la première enfance relève de la position dépressive
dont il est l’élaboration. M.K. relie ces pertes et restaurations au deuil normal et aux mécanismes de défense s’y rapportant.
***
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La Projection
Selon Freud, il y a trois temps consécutifs dans la projection
1. Tout d’abord la représentation gênante d’une pulsion interne es supprimée.
2. Puis ce contenu est déformé.
3. Enfin il fait retour dans le conscient sous la forme d’une représentation liée à l’objet externe.
Le Clivage
Les projections pulsionnelles vont également avec un clivage du Moi qui ne peut assurer sa
propre cohérence. Le bébé clive le sein en bon sein mauvais sein en fonction de son état de
satisfaction ou de frustration.
Dans le cadre d’une évolution favorable du nourrisson avec une mère suffisamment bonne,
des changements dans la dynamique pulsionnelle conduisent à un nouvel état : la position
dépressive. Le Moi se renforce grâce à une identification à l’objet idéalisé et il a moins besoin
de projeter les parties mauvaises de lui-même. Il acquiert plus de cohérence en même temps
qu’il reconnaît un objet total. Ce qui le conduit à intégrer son ambivalence. Dès lors
l’angoisse dominante n’est plus de morcellement de lui-même, mais de destruction de l’objet
maternel, toujours menacé par son envie, sa voracité. Ce qui déclenche chez lui une menace
de perte, de la culpabilité, du désespoir. Conjugué à la haine suscitée par l’image des « parents combinés » ce vécu mobilise d’abord les défenses maniaques » qui font intervenir le
déni de toute dépendance et aussi de la réalité psychique. Au-delà des phases aigües du conflit, quand la réalité, les gratifications reçues l’ont un peu apaisé, interviennent les fantasmes
de réparation. L’ambivalence est suffisamment atténuée pour que l’enfant, en projetant son
amour sur la mère, puisse la réparer et rétablir une imago rassurante, bienveillante. La haine
suscitée par le fantasme des parents combinés s’atténue également ; l’imago paternelle se conforte et des relations oedipiennes pourront s’installer. Dès lors les mécanismes adaptatifs se
rapprocheront du registre névrotique, « normal ».
L’Identification Projective CHECK DEFINITION
C’est un fantasme de l’enfant qui s’imagine ou projette des parties de lui-même à l’intérieur
du corps de la mère (pour lui le non-soi), pour le maîtriser, le posséder et éventuellement le
détruire en voulant contrôler les mauvais objets qui s’y trouvent déjà eux-mêmes projetés par
exemple, le pénis du père, les excréments, d’autres enfants.
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En retour le Moi va introjecter l’objet idéal, en faire une partie de lui-même et s’identifier à
celui-ci.
Dénégation
Mécanisme plus archaïque que le refoulement : le représentant pulsionnel gênant n’est pas
refoulé, il apparaît donc dans le conscient mais le sujet s’en défend en refusant d’admettre
qu’il puisse s’agir d’une pulsion qui le touche personnellement. Ex. : « La femme qui apparaît
dans mon rêve n’est pas ma mère ».
Dépression anaclitique
L’absence prolongée de cet objet total qu’est la mère fait perdre à l’enfant un appui nécessaire
(il y a l’idée d’appui dans anaclitique). Le développement psychosexuel est stoppé dans un
état d’atonie dépressive, vide d’affect qui constitue aussi le modèle des futures dépressions
graves de l’adolescent.
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