L`animal est dans l`ADN de Jardiland
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L`animal est dans l`ADN de Jardiland
ENTREPRISE INTERVIEW Guilhem Porcheron « L’animal est dans l’ADN de Jardiland » Guilhem Porcheron, directeur général du groupe Jardiland. L’animalerie, qui représente près d’un quart du chiffre d’affaires de Jardiland, fait partie de l’offre de l’enseigne depuis sa création. Guilhem Porcheron, son directeur général, nous livre la conception de l’animal de compagnie de l’entreprise. Elle est guidée par le souci constant d’une intégration aussi parfaite que possible de tous les animaux au sein du cercle familial. Propos recueillis par Eric Leforestier Petmarket Magazine : Quelle place prend l’animal chez Jardiland ? Guilhem Porcheron : Chez Jardiland, l’animal n’est pas quelque chose de nouveau venu s’ajouter au reste. Le rayon animalerie existe depuis la création de Jardiland, il y a vingt-huit ans. Quand un client entre dans son magasin, par la serre chaude, il va tout de suite entendre le chant des oiseaux, qui lui parvient depuis l’oisellerie. Cette présence musicale réelle vient amplifier l’ambiance tropicale dans laquelle il se promène déjà. Cette complémentarité symbolise la symbiose totale qui existe entre animal et végétal dans chacun de nos points de vente. PM : Concrètement, que représente l’animalerie en termes d’activité ? G.P. : L’animalerie représente 24 % de notre chiffre d’affaires. En 2009, elle a progressé de 6 %, soit le double de la progression du marché français. La surface que nous lui consacrons en magasins est en augmentation constante. Initialement de 400 m2, elle dispose aujourd’hui d’une surface minimum de 600 m2. Sur notre nouvelle unité pilote à Lyon, nous présentons une animalerie de 1 000 m2 conçue comme un espace ouvert sur l’ensemble du magasin. Une telle disposition confirme notre conception familiale de l’animal de compagnie. Le jardin est présenté aujourd’hui comme une nouvelle pièce à vivre. Dans cet espace, il y a des animaux qui vivent et échangent avec les membres de la famille. Nous répondons à tous leurs besoins avec les mêmes codes que nous déployons sur le jardin : authenticité, expertise, passion, proximité, éthique et innovation. PM : Quelle est votre démarche sur ce rayon en termes d’éco-responsabilité ? G.P. : Nous considérons que notre rôle est de résoudre en amont toutes les difficultés liées à cette éco-responsabilité. Ceci pour que le client ne soit pas amené à douter, à culpabiliser. C’est un élément normal de la vie de notre entreprise. Par le passé, nous avons déjà stoppé la vente d’animaux exotiques pour lesquels nous n’étions pas certains qu’ils ne soient pas prélevés en milieu naturel. Notre démarche « Qualité Achats » met tout en œuvre pour garantir, autant que faire se peut, un « sourcing » sans prélèvement en milieu naturel, en particulier en développant le partenariat avec des éleveurs opérant sur le territoire national. PM : Considérez-vous que votre communication soit suffisante dans ce domaine ? G.P. : Notre métier n’est pas de claironner sur tout ce que nous faisons en la matière. Nous voulons en revanche être éthiquement correcte et que, par la responsabilisation de chacun, l’éco-responsabilité s’inscrive de façon durable dans le développement de Jardiland, plus comme une culture de fond que comme une proclamation. C’est dans cet esprit que travaillent l’ensemble de nos collaborateurs. PM : Pouvez-vous nous donner quelques exemples de vos démarches sur ce thème ? G.P. : Sur l’ensemble des animaux que nous présentons à la vente, nous travaillons avec une vigilance permanente sur la qualité du « sourcing », quitte parfois à prendre le risque de présenter des bacs vides à nos clients quand nous avons des doutes sur l’origine d’un sujet. Comme je vous l’ai dit, nous développons des partenariats de plus en plus poussés avec des éleveurs locaux ; nous les aidons, par des conventions d’engagement, de façon à travailler avec la chaîne d’approvisionnement la plus courte possible, ce qui permettra de réduire les transports, source de stress pour les animaux. Et le travail est de taille quand, rappelons-le, nous sommes une enseigne nationale. Nous développons également des relations dans la durée avec les SPA locales 16 . PETMARKET N°196 196 INTERVIEW.indd 16 29/01/10 15:46 ENTREPRISE INTERVIEW PM : Quelle est l’activité de cet Institut ? G.P. : L’Institut Jardiland a été créé il y a trois ans. C’est une association loi 1901. Sa mission est de soutenir des projets orientés vers l’amélioration du cadre de vie, la préservation et le développement du patrimoine végétal, mais aussi animal. Il a ainsi par exemple accordé son soutien à Nicolas Vanier pour la réalisation de son « Ecocamp » dans le Vercors. Doté d’un budget de 3,5 millions d’euros sur cinq ans, cet institut est autonome. Il fonctionne avec son propre conseil d’administration. Son secrétaire général analyse les différents dossiers que nous recevons et un bureau composé d’experts indépendants sélectionne les plus pertinents. PM : Qu’est-ce qui a motivé votre soutien à l’« Eco-camp » de Nicolas Vanier ? G.P. : C’est tout d’abord une rencontre entre deux personnes : Nicolas Vanier et Michel Conte, président du directoire de Jardiland. La sympathie de Nicolas Vanier a séduit. Cela n’explique pas tout bien sûr, mais c’est important pour Jardiland qui est d’abord une entreprise de personnes. La dimension sportive du personnage à travers ses explorations, mais aussi écologique et scientifique à travers la création de son « Eco-camp », a retenu l’attention du comité de sélection. Et enfin, surtout, le fait que ce camp soit tourné vers l’éducation des plus jeunes est en cohérence évidente avec la démarche de Jardiland, qui travaille déjà avec de nombreuses écoles. PM : Comment prend forme ce partenariat ? G.P. : Nous avons un simple rôle de mécène. Libre ensuite à Nicolas Vanier d’utiliser notre soutien comme il le souhaite. Notre démarche ne va pas au-delà. C’est l’esprit de l’Institut Jardiland : rester discret et ne pas chercher à transformer une action en coup d’éclat marketing. Certes, nous sommes une entreprise marchande, mais nous n’attendons pas de retour sur investissement dans ce domaine. PM : Envisagez-vous de mettre en place une certification dans votre gestion du « vivant » ? G.P. : Chaque animal, comme chaque plante, est unique. Cette singularité du vivant impose à notre sens une priorité à l’action et à l’initiative de la personne sur celle du « process ». Sur le terrain, les équipes travaillent dans une démarche simple : « Voyons d’abord le niveau minimum de qualité garanti et faisons le monter ensuite au plus haut possible. » C’est comme cela que nous parvenons à fixer notre label de qualité. Le Groupe Jardiland se compose d’une dualité de magasins intégrés et de magasins franchi- sés, ce qui ne correspond pas forcément à la mise en place d’une démarche centrale et globale comme peut l’être une certification, trop souvent décrétée en label « parapluie ». Ce n’est pas notre philosophie. Notre responsabilité est de relever le niveau d’exigence minimal. PM : Proposerez-vous un jour des chiots ou des chatons à la vente dans vos magasins ? G.P. : Alors là, c’est clair : non et non. Mis à part une ou deux exceptions parmi nos franchisés, nous n’avons jamais vendu de chiots ni de chatons et nous n’en vendrons pas. Cette vente ne correspond pas au style de notre marque. Elle fait appel à un marketing de l’attendrissement que nous refusons. L’achat d’un chien ou d’un chat ne doit pas se faire par impulsion. Il doit s’effectuer à notre sens chez un éleveur, chez qui on peut voir l’animal évoluer dans son environnement et connaître ses géniteurs. Notre rôle est en revanche de tout faire, aussi bein à travers nos conseils qu’à travers nos produits, pour faciliter l’intégration de l’animal chez ses nouveaux maîtres. PM : La formation des vendeurs est primordiale en animalerie. Où en êtes-vous dans ce domaine ? G.P. : Dans le domaine de la formation, n ous avons effectué un vrai travail de fond depuis maintenant deux ans en procédant à un état des lieux sur les connaissances, les aptitudes et les besoins de nos vendeurs en animalerie. Ce repositionnement qui s’est fait tout au long de l’année 2009 va nous permettre de réaliser cette année un vrai travail de formation définie à partir des besoins complémentaires. PM : Etes-vous attentifs aux produits verts en animalerie ? G.P. : Un petit mot d’abord sur l’ensemble de notre offre en produits manufacturés d’animalerie pour souligner combien elle a bénéficié d’un gros travail à la fois sur la cohérence des gammes et sur leur présentation. Quand un client est devant l’un de nos linéaires, il sait qu’il se trouve dans un magasin Jardiland. Pour ce qui concerne les produits « verts » maintenant, souvent plus chers et manquant quelque peu d’efficacité, les premiers produits mis en place dans le rayon n’ont pas forcément convaincu nos clients, mais les choses bougent dans le bon sens et la filière s’organise. ■ L’animalerie en chiffres chez Jardiland 24 % du chiffre d’affaires 6 % de progression en 2009, soit le double de la progression du marché français 600 m2 minimum par magasin 1000 m2 dans la nouvelle unité pilote à Lyon © Thaddée Vieille-Cessay pour organiser des week-ends d’adoption qui sont aussi des rendez-vous d’éducation pour les futurs maîtres. L’Institut Jardiland participe également aux actions d’éco-responsabilité de Jardiland. Camp Nicolas Vanier Une vitrine pédagogique B asé à Vassieux-en-Vercors, au cœur du Parc naturel du Vercors, le Camp de Nicolas Vanier, explorateur des pays du Grand Nord et amoureux des chiens, est une infrastructure pensée pour réduire au maximum son empreinte écologique. Construit dans le cadre d’une ferme ancienne, à 1200 mètres d’altitude, sans eau courante et non raccordée au réseau d’électricité, il a ouvert ses portes fin 2009 aux entreprises, particuliers et scolaires qui souhaitent apprendre des solutions simples pour protéger l’environnement. Ils découvriront en outre la flore et la vie sauvages de cette région grâce à de nombreuses activités nature. « Nous avons la prétention de croire qu’en repartant les gens auront un rapport à l’eau, à l’électricité et à la nourriture plus sain, en ce sens qu’ils réapprendront leur rareté et leur valeur », souligne Nicolas Vanier. Le Camp abrite notamment un chenil, dont les jeunes pourront découvrir la vie quotidienne. Février 2010 . 17 196 INTERVIEW.indd 17 29/01/10 15:46