MARIE NOTRE MODELE - Familles Nouvelles

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MARIE NOTRE MODELE - Familles Nouvelles
MARIE NOTRE MODELE
Nazareth : le modèle d’une vie de famille simple et lumineuse
Comment Marie est-elle perçue ?
Marie de Nazareth ne laisse personne indifférent. Si les catholiques et les
orthodoxes paraissent les plus proches d’elle, les protestants, tout en remettant
en cause une certaine idolâtrie mariale, lui reconnaissent sa place dans l’histoire
du Salut. Les musulmans la vénèrent sous le nom de Myriam. Et beaucoup
d’incroyants restent fascinés par cette famille de Nazareth.
C’est le cas de Jean-Paul Sartre, dans cet extrait de son livre « Bariona ou le Fils
du tonnerre. Récit de Noël pour chrétiens et incroyants » :
« Mais comme c’est aujourd’hui Noël, vous avez le droit d’exiger qu’on vous
montre la crèche. La voici.
Voici La Vierge et voici Joseph et voici l’enfant Jésus. L’artiste a mis tout
son amour dans ce dessin mais vous le trouverez peut-être un peu naïf. Voyez,
les personnages ont de beaux atours mais ils sont tout raides: on dirait des
marionnettes. Ils n’étaient sûrement pas comme cela. Si vous étiez comme moi,
dont les yeux sont fermés… Mais écoutez: vous n’avez qu’à fermer les yeux pour
m’entendre et je vous dirai comment je les vois au-dedans de moi.
La Vierge est pâle et elle regarde l’enfant. Ce qu’il faudrait peindre sur son
visage, c’est un émerveillement anxieux qui n’a paru qu’une fois sur une figure
humaine. Car le Christ est son enfant, la chair de sa chair et le fruit de ses
entrailles. Elle l’a porté neuf mois et elle lui donnera le sein et son lait
deviendra le sang de Dieu. Et par moments, la tentation est si forte qu’elle
oublie qu’il est Dieu. Elle le serre dans ses bras et elle dit: mon petit! Mais à
d’autres moments, elle demeure tout interdite et elle pense: Dieu est là – et elle
se sent prise d’une horreur religieuse pour ce Dieu muet, pour cet enfant
terrifiant. Car toutes les mères sont ainsi arrêtées par moments devant ce
fragment rebelle de leur chair qu’est leur enfant et elles se sentent en exil devant
cette vie neuve qu’on a fait avec leur vie et qu’habitent des pensées étrangères.
Mais aucun enfant n’a été plus cruellement et plus rapidement arraché à sa
mère car il est Dieu et il dépasse de tous côtés ce qu’elle peut imaginer.
Et c’est une dure épreuve pour une mère d’avoir honte de soi et de sa
condition humaine devant son fils.
Mais je pense qu’il y a aussi d’autres moments, rapides et glissants, où elle
sent à la fois que le Christ est son fils, son petit à elle, et qu’il est Dieu. Elle le
regarde et elle pense: «Ce Dieu est mon enfant. Cette chair divine est ma chair.
Il est fait de moi, il a mes yeux, et cette forme de sa bouche c’est la forme de la
mienne. Il me ressemble. Il est Dieu et il me ressemble.
Françoise et Jean-François ANTIGNY
Familles Nouvelles
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Et aucune femme n’a eu de la sorte son Dieu pour elle seule. Un Dieu tout
petit qu’on peut prendre dans ses bras et couvrir de baisers, un Dieu tout chaud
qui sourit et qui respire, une Dieu qu’on peut toucher et qui vit. Et c’est dans ces
moments-là que je peindrais Marie, si j’étais peintre, et j’essaierais de rendre
l’air de hardiesse tendre et de timidité avec lequel elle avance le doigt pour
toucher la douce petite peau de cet enfant-Dieu dont elle sent sur les genoux le
poids tiède et qui lui sourit.
Et voilà pour Jésus et pour la Vierge Marie.
Et Joseph? Joseph, je ne le peindrai pas. Je ne montrerai qu’une ombre au
fond de la grange et deux yeux brillants. Car je ne sais que dire de Joseph et
Joseph ne sait que dire de lui-même. Il adore et il est heureux d’adorer et il se
sent un peu en exil.
Je crois qu’il souffre sans se l’avouer. Il souffre parce qu’il voit combien la
femme qu’il aime ressemble à Dieu, combien déjà elle est du côté de Dieu. Car
Dieu a éclaté comme une bombe dans l’intimité de cette famille. Joseph et Marie
sont séparés pour toujours par cet incendie de clarté. Et toute la vie de Joseph,
j’imagine, sera pour apprendre à accepter. ».
La relation de chacun avec Marie de Nazareth, mère du Christ, est très différente
d’une personne à une autre, en fonction de sa foi, de sa confession chrétienne, de
son histoire, de son expérience spirituelle.
Il y a néanmoins des points qui sont partagés par un grand nombre, par exemple
beaucoup la voient comme une mère, à l’école de Thérèse de Lisieux qui disait :
« J’ai compris que j’étais son enfant, aussi je ne pouvais plus lui donner que le
nom de Maman » ou encore du Père de Montfort qui disait : « Comme dans la
génération naturelle il y a un père et une mère, de même dans la génération
surnaturelle et spirituelle il y a un père qui est Dieu, et une mère qui est Marie.
Qui n’a pas Marie pour mère n’a pas Dieu pour Père »
La vie de Marie est une voie pour tous
Une autre caractéristique de plus en plus mise en évidence dans le dialogue
œcuménique, est de la voir comme celle qui précède tout chrétien dans la vie de
l’Evangile, sur la voie de sainteté à laquelle Dieu nous appelle tous, la première
en chemin comme le dit un beau chant liturgique.
D’une certaine manière Marie est notre modèle, et c’est l’Evangile qui nous aide
à découvrir ce modèle pour pouvoir s’en inspirer. Les différents moments de sa
vie, présentés dans l’Evangile, sont comme des étapes successives, vers
lesquelles nous pouvons nous tourner pour comprendre les étapes de notre
propre vie, que ce soit sur le plan individuel, ou sur le plan conjugal et familial.
Parcourons cette voie de Marie qui éclaire la nôtre.
Françoise et Jean-François ANTIGNY
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1. L’annonciation
Pour Marie c’est l’annonce du plan de Dieu sur elle, son acceptation, son « oui »
au delà de ses doutes et interrogations.
Pour chacun c’est la découverte de l’amour de Dieu et le désir de le suivre.
Pour un couple, c’est l’étincelle amoureuse réciproque du début et l’intuition
profonde que leur histoire commune est pour toujours, même si comme Marie
on peut se demander « comment cela va t-il se faire ? » pour durer.
Comme Marie qui a dû, dans les moments difficiles de sa vie, se rappeler de
cette illumination de la visite de l’ange, il est bon de revenir souvent à notre
découverte amoureuse de Dieu, et à cette intuition qui a fondé notre couple, pour
en garder ou en raviver la fraîcheur et l’enthousiasme.
2. La visitation
Pour Marie c’est un acte d’amour concret pour sa cousine et la communication
profonde de ce qu’elle a dans l’âme, à travers l’expression du Magnificat.
Pour chacun c’est la compréhension que Dieu nous demande d’aller vers les
autres, pour les servir, et puis s’ils sont ouverts, pour partager notre expérience.
Pour un couple, c’est l’invitation à se visiter l’un l’autre, entrer en communion
d’âme, se partager entre mari et femme ce qu’il y a de plus profond en nous, ce
que Dieu fait découvrir à chacun pour le couple et la famille.
3. La naissance de Jésus
Pour Marie c’est l’expérience extraordinaire d’être l’instrument de l’incarnation
de Dieu, de donner Jésus au monde.
Pour nous c’est la même possibilité de faire naître au milieu de nous, la présence
spirituelle de Jésus, comme il l’a promis à ceux qui sont unis en son nom.
Faire l’expérience entre conjoints d’avoir Jésus au milieu du couple, est
certainement ce qui comble le plus, comme Noël l’a fait pour Marie. Cette
expérience aidera les parents à accueillir les enfants comme un don de Dieu, et
à les éduquer de manière responsable mais non possessive, en se mettant à
l’écoute du seul maître, Jésus au milieu de la famille.
4. La présentation de Jésus au temple
Pour Marie c’est la joie de s’inscrire dans l’offrande rituelle, mais aussi
l’annonce des douleurs à venir par le vieillard Siméon.
Pour chacun c’est la compréhension, après la découverte de Dieu, que le chemin
sera difficile et que pour le suivre, Jésus demande de porter sa croix.
Pour un couple c’est le sacrement de mariage, qui inscrit leur vie commune au
cœur de la société et de l’Eglise, et qui leur fait prendre l’engagement de s’aimer
dans toutes les circonstances. Un dicton populaire dit qu’on se marie pour le
meilleur et pour le pire. De façon plus positive on pourrait dire que le sacrement
de mariage prépare l’amour du couple à partager les joies et à affronter les
difficultés, en restant face à tout, ensemble et le plus unis possible.
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5. La fuite en Egypte
Pour Marie c’est la douleur de l’exil pour fuir la persécution et protéger Jésus.
Pour chacun c’est être parfois signe de contradiction, en voulant vivre l’Evangile
et se heurter ainsi à des critiques ou même à une exclusion d’un groupe.
Pour un couple c’est la construction de l’intimité, la fondation d’une nouvelle
famille, qui se heurte parfois aux désirs de récupération par les anciens amis ou
par les familles d’origine. Dans le but de protéger leur amour et leur projet, des
conjoints doivent parfois prendre des décisions, s’éloigner géographiquement
d’une famille trop possessive, ou couper des relations anciennes qui ne veulent
pas intégrer cette nouvelle réalité du couple.
6. La perte de Jésus au temple
Pour Marie c’est la recherche angoissée de Jésus pendant trois jours.
Pour chacun c’est l’épreuve du doute, des tentations qui reviennent, de la perte
de l’enthousiasme de la foi, qui peut faire crier à Dieu, comme Marie à Jésus,
« Où étais-tu, où te cachais-tu ?»
Pour un couple ce peut être l’impression que leur amour s’est éteint, que leur vie
à deux n’a plus de sens, avec des tentations d’infidélité ou de fuite à l’extérieur
de la maison. Avoir alors envie de demander des comptes à l’autre, et à Dieu.
Mais voir dans cette épreuve une occasion de grandir. Marie a mieux compris
dans cette étape que Jésus était fils de Dieu, et qu’elle ne pouvait pas le garder
pour elle. Toute crise est une occasion de mieux comprendre entre mari et
femme, ce que chacun doit perdre pour donner et alimenter l’amour.
7. L’intimité de la vie à Nazareth
Pour Marie c’est la vie quotidienne de toutes les femmes, c’est l’amour délicat
de Joseph, mais aussi l’extraordinaire de cette vie d’intimité avec Jésus.
Pour chacun c’est l’union au christ par la prière, la Parole, et l’Eucharistie.
Pour un couple c’est le bonheur simple de la vie de famille, qui n’est pas exempt
d’épreuves, mais qui est alimenté par l’amour réciproque qui se décline selon
toutes ses formes, amour conjugal, amour paternel et maternel, amour filial,
amour fraternel. Mais comme la famille de Nazareth, aucune famille ne peut être
heureuse en se refermant sur elle, mais en étant solidaire de son entourage.
8. La vie publique de Jésus
Pour Marie c’est au préalable l’expérience du veuvage. Joseph est sans doute
mort avant que Jésus ne commence sa prédication. Marie seule l’a accompagné
et l’a même poussé à se dévoiler à Cana.
La moitié des personnes mariées font un jour l’expérience de la mort de l’être
aimé et doivent trouver un sens à leur veuvage : se donner avec un cœur de mère
pour les autres, à l’intérieur comme à l’extérieur de sa famille, témoigner de
Jésus en invitant à écouter sa parole, dire comme Marie à Cana « Faites tout ce
qu’il vous dira ».
Françoise et Jean-François ANTIGNY
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9. La désolation
Pour Marie c’est la passion de son fils qu’elle accompagne jusqu’au bout,
debout au pied de la croix, prenant son corps mort dans ses bras, et pleurant sa
mise au tombeau.
Pour tous ce sont les douleurs qui paraissent insupportables, insurmontables.
Il est des mères qui font l’expérience concrète de Marie, de prendre dans leurs
bras, leur enfant mort de maladie ou d’accident, comme des Pieta de MichelAnge en chair et en os. Sans vivre cette extrémité tous les parents connaissent un
jour l’angoisse vis à vis de leurs enfants. Nous pouvons alors, avec l’aide de
Marie, nous redire qu’ils ne nous appartiennent pas, nous abandonner en les
confiant à Dieu, et si nous ne pouvons rien faire pour eux, continuer à aimer les
autres comme s’ils étaient nos enfants, comme Marie qui sur invitation de Jésus,
a pris Jean comme un nouveau fils.
10.La vie au milieu des Apôtres
Marie a vécu la Résurrection, l’Ascension et la Pentecôte, au milieu des apôtres,
actrice de l’Eglise naissante.
Elle nous invite tous, mais en particulier les familles, à vivre dans l’Eglise, à
soutenir ses pasteurs, à être en communion avec nos évêques, à nous engager au
service de l’Evangile comme de petites églises domestiques disséminées dans le
monde pour l’éclairer.
Etre une autre Marie
Marie, on peut donc l’honorer, la visiter dans les sanctuaires qui lui sont dédiés,
la chanter, lui construire des œuvres d’art, la prier, lui demander des grâces,
mais on peut surtout l’imiter, être d’autres Marie sur la terre.
Là, il n’y a plus de sensibilité catholique, protestante ou orthodoxe, il y a Marie
de l’Evangile qui est notre modèle de vie, dans notre relation de couple, dans
l’éducation des enfants, dans le travail, la vie sociale, dans les joies et les peines.
C’est ce que Chiara a compris un jour dans sa prière :
« Entrée un jour dans une église, le cœur plein de confiance, j’ai demandé à
Jésus : « Pourquoi as-tu choisi de rester sur la terre en tous lieux, dans la très
douce eucharistie, et n’as-tu pas inventé, toi qui est Dieu, une manière de nous
laisser aussi Marie, notre maman à tous qui sommes en chemin ? »
Dans le silence, Jésus semblait répondre : « Je ne l’ai pas laissée car je voudrais
la retrouver en toi. Même si vous n’êtes pas immaculés, mon amour vous rendra
vierges. Et toi, vous tous, ouvrirez des bras et un cœur de mère à l’humanité qui,
comme alors, a soif de Dieu et de sa mère. A vous maintenant d’apaiser les
douleurs, de panser les plaies, d’essuyer les larmes. Chante les litanies et
cherche à te refléter en elles. »
Françoise et Jean-François ANTIGNY
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