Les minéraux dans l`alimentation des ruminants
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Les minéraux dans l`alimentation des ruminants
Les minéraux dans l'alimentation des ruminants Les minéraux, les vitamines et les oligo-éléments sont vitaux. Ils doivent être apportés de manière régulière et en quantité couvrant les besoins. Carences et excès peuvent nuire à la santé et limiter les capacités de production des animaux. Les apports doivent respecter les besoins des animaux Les matières minérales sont absorbées au niveau de l’intestin. Elles sont ensuite réparties dans l’ensemble de l’organisme. Le squelette, qui renferme la majeure partie des minéraux, sert de réservoir et libère les éléments en fonction des besoins de l’organisme. La salive recycle des minéraux majeurs (Ca, P, Mg, Na). Les excès sont rejetés dans les bouses. Si l’apport est insuffisant les animaux peuvent se réguler en augmentant leur capacité d’absorption intestinale, en limitant les pertes et en mobilisant les réserves. Pour les vitamines, si les carences légères ont peu d’impact, les carences sévères ont des conséquences graves. Au final il y a toujours des chutes de production, des retards de croissance et de l’infécondité. A savoir : souvent un élément en excès peut perturber l’assimilation d'un autre. Les objectifs d'une alimentation efficace et économe sont des apports quotidiens autour des apports recommandés. Un défaut d'alimentation n'est en général pas immédiatement détectable par des signes visibles sur les animaux. Complémenter nécessite d'évaluer d'abord correctement les apports Pour déterminer les apports en minéraux nécessaires dans un élevage, il faut avoir la meilleure estimation possible des teneurs en minéraux et vitamines des aliments utilisés : • disposer de résultats d'analyses en Calcium et Phosphore sur le fourrage principal ou de références locales (groupe d'éleveurs, petite région, département), • disposer d'une base de données locale sur les teneurs en oligo-éléments et vitamines des fourrages et concentrés, • disposer des étiquettes de composition pour les aliments concentrés du commerce. Ensuite on prend les quantités de fourrages et concentrés ingérés par les animaux, auxquelles on attribue les valeurs retenues précédemment pour calculer les apports réellement pratiqués. La comparaison entre les apports réels calculés (/kg de MS de ration totale) et ceux recommandés permet de proposer une correction. L'essentiel est avant tout de bien gérer les transitions En plus de l'équilibre alimentaire, il ne faut pas oublier la capacité des animaux à valoriser correctement les aliments. Lorsqu'il y a changement de statut physiologique (mise bas) ou modification importante du régime (mise à l'herbe) une phase de transition est nécessaire. Dans l'idéal la transition alimentaire se réalise par paliers progressifs sur quatre semaines, les nouveaux aliments étant proposés lorsque les animaux sont plutôt repus. Anne BLONDEL (CL01), Patrice DUBOIS (SPEL69) et Michel DUPRES (GDS38) I 32 33 Qu'attendre des analyses sanguines ? Le dosage des oligo-éléments dans le sang est à prendre avec beaucoup de précautions. Les taux sanguins ne reflètent pas les réserves et la couverture des besoins des animaux. Ces analyses donnent plutôt une approche de l’absorption intestinale. Les valeurs normales sont très variables d'un animal à l'autre. Seule une évaluation sérieuse de l’ensemble des apports alimentaires confrontée aux symptômes permet d’identifier un déficit et ses véritables causes. Rôles et principaux signes d'alerte pour les minéraux et les vitamines rôles principaux minéraux situation à risque pour les ruminants effets d'un apport déséquilibré Squelette, contractions musculaires, équilibre transitions alimentaires non sanguin, composant majeur du lait préparées autour de la mise bas carence : Fièvre du lait (hypocalcémie), boiterie chronique, fractures osseuses, ostéomalacie excès : réduit l'absorption des oligo-éléments phosphore squelette métabolisme énergétique tampon du pH du rumen (salive) croissance production de lait chute de croissance, boiterie, baisse de la production laitière, baisse de la fertilité. Attention aux excès alimentaire : surtout si déséquilibre entre le Ca et le P : atonie utérine, chute de la fertilité. écotoxicité : en cas excès alimentaire, rejets par les bouses du phosphore en excès d'où pollution. magnésium métabolisme énergétique contraction musculaire mise à l'herbe carences : Tétanie hypomagnésique, non délivrance et rétentions placentaires, ralentissement de croissance sodium influx nerveux, contractions musculaires, équilibre sanguin apports de sel insuffisant Perte d'appétit, pica, teneur réduite en matières grasses du lait. Combinée avec une carence en potassium : acidose. potassium influx nerveux, contractions musculaires, équilibre sanguin excès de fourrage (riches) dans la ration excès : accélèrent le transit digestif et la mobilisation des graisses. Alcalose. Ils augmentent le risque de carence en Sodium. Au tarissement ils augmentent le risque d'œdème mammaire. soufre synthèse protéique dans le rumen excès d'azote non protéique réduction de la consommation de fourrage et de la synthèse protéique dans le rumen : dépilations, chute de production, défaut de croissance Vitamines vision (rétine) ; régule la multiplication en hiver les animaux alimentés cellulaire ; effet anti-inflammatoire uniquement avec des fourrages épaississement de la peau, squames, perte de vision et kératite, sensibilité accrue aux maladies pulmonaires vitamine D absorption et fixation osseuse du calcium et du phosphore animaux enfermés à l’abri du soleil rachitisme, fragilité du squelette, sensibilité accrue aux carences en calcium. Attention, la vitamine D est toxique en cas d'excès : calcifications anormales (aorte, rein, articulations, ...). vitamine E antioxydant biologique complémentation est indispensable dégénérescences musculaires (myopathie) Oligo-éléments indispensable à la synthèse des hormones thyroïdiennes utilisation de sel ou de minéraux qui avortements en fin de gestation, veaux faibles, rétention placentaire, ne sont pas supplémentés en iodée infécondité, défaut d'immunité Manganèse cofacteur de nombreuses réactions enzymatiques très peu de données sur les besoins - défaut d'aplomb, boiterie, infécondité (perturbation de la synthèse carences rares des hormones stéroïdes) Cuivre Intervient comme cofacteur dans le métabolisme supplémentation excédentaire en soufre Zinc cofacteur du métabolisme, hormones Pic de lactation. Jeunes veaux nourris épaississement de la peau et dépilation, articulations douloureuses, stéroïdiennes, vision, défenses au lait reconstitué. Présence dans les problèmes d'onglons. immunitaires aliments de composés bloquant le zinc Sélénium anti-oxydant Cobalt Indispensable pour la synthèse de la carences très exceptionnelles chez les vitamine B12 dans le rumen elle ruminants, sauf en cas d'excès même indispensable à la multiplid'apport du zinc. cation cellulaire. Anémie, cachexie, troubles nerveux Fer constituant de l'hémoglobine Anémie calcium vitamine A Iode absence de supplémentation jeunes nourris exclusivement au lait poils décolorés et fragiles notamment autour des yeux, défaut d'immunité, boiterie, jeunes peu réactifs et lents, anémie. Attention à très forte toxicité du cuivre pour les ovins ! dégénérescence musculaire (myopathie), rétention placentaire, susceptibilité accrue aux mammites Lorsqu’un diagnostic de carence est porté, pensez toujours d’abord à étudier l’ensemble de la ration avant de faire une sur-supplémentation ! Il arrive fréquemment que des apports corrects ne soient pas assimilés à cause d’un excès par ailleurs. I 34 35