LaVoixdesFrancsCatholiques

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LaVoixdesFrancsCatholiques
La Voix des Francs Catholiques
NOTRE-DAME DE FRANCE
AU PUY EN VELAY
Numéro 40
Avril 2016
Gesta Dei per francos
ÉDITORIAL
Ce numéro arrive en une période riche en événement. Tout
d’abord la Semaine Sainte et la grande fête de Pâques, qui est particulière cette année, car le Vendredi Saint tombe le 25 mars jour
de l’Annonciation. Cette concordance de date, qui ne se reproduira qu’en 2157, si le Jugement Dernier n’a pas eu lieu entre-temps,
détermine le jubilé de Notre-Dame du Puy, qui est Notre-Dame
de France.
À cette occasion nous avons réédité l’excellent ouvrage de
l’abbé Peyron Mois de Marie – Historique de Notre-Dame du Puy, 205
p., 17 € : « Marie a illustré, par ses
apparitions et ses miracles, ce petit coin
de la France. Elle en a fait pendant de
longs siècles, un des lieux le plus fréquentés du monde. Elle en fit en particulier, au quinzième siècle, le refuge de
la royauté malheureuse et le ferme rempart de la défense nationale. C’est elle
enfin, qui, de la miraculeuse statue
vénérée sous les voûtes de la basilique
Anicienne, fit véritablement, aux époques de crise et de danger, le Palladium
sacré de la grande et de la petite patrie !
Qui sait cela aujourd’hui ? Personne,
hormis quelques prêtres studieux et
quelques laïques érudits. Voilà pourquoi nous avons voulu faire connaître les gloires de notre pays à tous ceux qui
avaient le malheur de les ignorer. Notre petit livre sera pour le plus grand
nombre une véritable révélation. Puissions-nous avoir tous les habitants du
Velay pour lecteurs ! Nous faisons ce vœu, non pour la vaine gloriole d’être
lus, mais parce que l’amour de notre pays nous tient au cœur et que nous
voudrions remettre en possession, chacun de nos compatriotes, de ce que nous
considérons comme leur meilleur et leur plus glorieux patrimoine ! »
ÉDITORIAL
3
Toutes les conditions pour gagner les indulgences attachées au
Jubilé sont indiquées dans le livre. Ajoutons que selon le dernier
acte pontifical valide à ce sujet, à savoir la Lettre Apostolique
Refert ad Nos de Pie XI, du 31 janvier 1932, il faut visiter pieusement la cathédrale du Puy en Velay entre le 25 mars et le 10 avril,
en y priant « aux intentions du Souverain Pontife » (exaltation de
la Sainte Église catholique ; propagation de la foi ; extirpation des
schismes et des hérésies ; conversion des pécheurs ; la paix et la
concorde entre les princes chrétiens ; autres besoins de la chrétienté).
La diffusion de l’ouvrage de Malachi Martin La Maison Battue
par les vents, le roman du Vatican, que nous avons fait paraître en
novembre 2015, a été exceptionnelle : 1000 ex partis en 5 mois.
Nous en lançons un deuxième tirage de 1000 ex. Ernest Larisse
revient sur cet ouvrage en premier article de ce numéro, pour
approfondir ce que Malachi Martin révélait dans son récit, sur
l’intronisation de Satan au Vatican le 29 juin 1963.
Nous retranscrivons dans un deuxième article un chapitre magnifique du père Ayroles sur Notre-Dame du Puy et Sainte Jeanne
d’Arc. Le Jubilé était vraiment l’occasion de nous replonger dans
cette histoire, d’autant plus que l’anneau de la Sainte de la Patrie
vient d’être réintroduit au Puy du Fou en ce 20 mars 2016, dimanche des Rameaux. Belle date symbolique choisie pour ce retour de l’anneau de la messagère du Christ-Roi, puisqu’aux Rameaux nous chantons la royauté de Notre Seigneur : Gloria laus et
honor tibi sit, Rex Christe !
Nous avons rédigé en troisième article une défense de
l’authenticité de l’anneau – mis en doute par la caste médiatique –
racheté par MM. De Villiers aux anglais. Bravo et félicitations au
Puy du Fou !
Bruno Saglio
L’ANNEAU DE RETOUR EN FRANCE
OU
LA MISSION POSTHUME DE SAINTE JEANNE D’ARC
M. Philippe de Villiers et Nicolas son fils, ont annoncé avoir
racheté aux Anglais – au nom du parc du Puy du Fou – l’anneau
de Sainte Jeanne d’Arc, au cours d’une vente aux enchères, pour
la somme de 376 000 €. L’annonce du retour de l’anneau de la
Sainte de la Patrie a suscité aussitôt des réactions de mépris de la
part de la caste médiatique aux ordres des ennemis du Christ-Roi,
sans doute dues aussi à la personnalité des acquéreurs et à ce
qu’ils représentent à leurs yeux. En effet ces médias, ont immédiatement publié des articles pour faire planer le doute sur
l’authenticité de cet anneau relique de la messagère du Christ Roi
de France. Objet ô combien symbolique qui, on le comprend
bien, dérange les héritiers de la Révolution, qui a voulu exterminer la Vendée catholique par un effroyable génocide méthodiquement préparé. Mais voilà, l’anneau ne revient pas n’importe
où. Il revient au Puy du Fou, au cœur de cette Vendée qui bat
encore.
Nous vous livrons ci-dessous ce que faisait paraître L’Express
pour essayer de mettre le doute. Nous exposons après les sources
historiques des textes où il est question de l’anneau. Le lecteur
pourra constater la légèreté et le parti pris de ces médias qui ne
citent pas les textes exacts pour faire croire à des contradictions là
où il n’y en a pas.
L’Express 05/03/2016 :
Le parc d’attraction a annoncé avoir acquis l’anneau de Jeanne
d’Arc. Mais les historiens s’interrogent sur l’authenticité de cette relique.
Un anneau ayant appartenu à Jeanne d’Arc entre au Puy du Fou. Le
parc d’attraction a annoncé l’avoir acquis vendredi à Londres pour
376 883 euros. Philippe de Villiers, le fondateur du Puy du Fou,
n’émet "aucun doute sur l’authenticité de cet anneau" qui est selon
lui, "la dernière réplique de Jeanne d’Arc". Certains historiens se
montrent toutefois plus sceptiques.
Après 6 siècles d’exil, l’anneau de Jeanne d’Arc revient enfin en
France !
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LA VOIX DES FRANCS CATHOLIQUES N°40
— Puy du Fou (@PuyduFou) March 4, 2016
"On a tous les certificats fournis par les commissaires priseurs" de
Londres où la pièce a été achetée, affirme Philippe de Villiers, qui
ajoute : "Il y a notamment une expertise qui date l’anneau, qui est
bien du XVe siècle". L’ancien président du parti souverainiste Mouvement pour la France (MPF) prend appui sur Jacques Trémolet de
Villers, ancien avocat de Paul Touvier (condamné en 1994 pour crimes contre l’humanité) et auteur du Procès de Jeanne d’Arc, qui
aurait identifié l’anneau.
"Contradiction majeure"
Le site internet de la société de vente aux enchères britannique TimeLine se montre pour sa part plus prudent. Il y est indiqué qu’il
s’agit d’un anneau "associé à Jeanne d’Arc". L’anneau était la "propriété du fils d’un médecin français venu en Grande-Bretagne avec
le général de Gaulle pendant la Seconde guerre mondiale", selon
TimeLine.
Une précaution pas infondée. Le service de presse de l’Historial
Jeanne d’Arc à Rouen a en effet indiqué que le musée ne se "positionnait pas" car son "comité scientifique", composé notamment
d’universitaires, "n’a pu certifier l’authenticité" de l’anneau.
Sur France Info, l’historien spécialiste de Jeanne d’Arc, Olivier Bouzy, se montre encore plus sceptique. "Il y a une contradiction majeure entre l’anneau vendu et la description faite de la relique par
Jeanne d’Arc elle-même", considère-t-il. "Elle décrit un anneau en
cuivre alors que celui qui a été vendu est en argent. Elle affirmait
aussi que cet anneau était entre les mains des Bourguignons". Et
d’ajouter : "On ne compte plus les armures qui auraient appartenu ou
qui représentent Jeanne d’Arc... Ce n’est pas toujours évident de
faire le tri". Vrai ou pas, l’anneau devrait toutefois être exposé à partir de mi-avril au Puy du Fou.
L’ANNEAU DE SAINTE JEANNE DE RETOUR EN FRANCE
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QU’EN EST-IL DES AFFIRMATIONS DE CES MÉDIAS ?
Allons aux sources :
LA VRAIE JEANNE D’ARC
par le père Jean-Baptiste Ayroles, S.J.
Nous avons extrait de cette œuvre grandiose tous les passages où il est
question de l’anneau de Sainte Jeanne d’Arc. Les voici :
LA VRAIE JEANNE D’ARC
par le père Jean-Baptiste Ayroles, S.J.
Le père Ayroles, qui fut l’âme du procès de
canonisation de la Sainte. Publié à l’époque
à 500 exemplaires, avec un bref de SS Léon
XIII, cet ouvrage devenu introuvable est
désormais à la portée de tous. Tous les
spécialistes reconnaissent le travail le plus
accompli réalisé sur cette messagère de
Jésus-Christ, Roy de France. Chaque tome
peut se commander séparément : Tome I :
LA PUCELLE - Tome II : LA
PAYSANNE ET L’INSPIREE - Tome III
: LA LIBERATRICE - Tome IV : LA
VIERGE GUERRIERE - Tome V : LA
MARTYRE - Tome VI, supplément :
JEANNE DEVANT L’UNIVERSITE DE
PARIS
200 € les 6 volumes
+
Table
analytique et
alphabétique
des matières
contenues dans
les
cinq
premiers
volumes La Vraie Jeanne d’Arc. 11 € (108 p.)
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L’ANNEAU DE SAINTE JEANNE DE RETOUR EN FRANCE
LA VRAIE JEANNE D’ARC, Tome II La Paysanne et l’Inspirée,
par le père Jean-Baptiste Ayroles, S.J., pp. 113-115, éditions StRemi :
Un double cadeau fait par la famille, celui de deux bagues,
nous a valu les détails suivants : « N’aviez-vous pas des bagues ? »
lui fut-il demandé le 1er mars. Jeanne, s’adressant alors à Cauchon :
« Vous en avez une, Monseigneur ; l’autre est aux mains des Bourguignons ; si vous avez cette dernière, montrez-la moi, Monseigneur, je vous en
prie.
— Qui vous a donné cet anneau qui est entre les mains des Bourguignons ?
— C’est mon père ou ma mère ; on y voit écrit, ce me semble, les noms Jhesus, Maria ; je ne sais pas qui les y a fait graver ; il n’y avait pas de chaton ;
à ce que je crois, cet anneau m’a été donné à Domrémy. Pour celui que vous
avez, Monseigneur, c’est mon frère qui m’en a fait cadeau ; je charge votre
conscience de le donner à une église. Je n’ai jamais guéri personne par le
moyen de mes anneaux.1 »
On passa à une autre matière, à cette séance, mais, en quête de
signes superstitieux, les interrogateurs y revinrent dans la suite.
Le 3 mars : « Est-ce que les bonnes femmes de Saint Denys ne
faisaient pas toucher leurs anneaux à votre anneau ?
— Maintes femmes ont touché mes mains et mes anneaux ; mais
j’ignore leurs vues et leur intention. »
Le 17 mars : « Cet anneau sur lequel était écrit Jhesus, Maria, de
quelle matière était-il ?
1
Interrogata an ipsamet Johanna haberet anulos, respondit loquendo nobis
episcopo praedicto : « Vos habetis à me unum ; reddite mihi ». Item dicit quod
Burgundi habent alium anulum et petivit à nobis quod si haberemus praedictum anulum, ostenderemus ei. Interrogata quis dedit sibi anulum quem habent
Burgundi respondit quod pater ejus vel mater, et quod videtur ei quod ibi erant
scripta nomina Jhesus, Maria ; nescit quis fecit scribi, nec ibi erat aliquis lapis,
ut ei videtur ; fuit que sibi datus anulus apud villam de Domprémi. Item dicit
quod frater suus dedit sibi alium anulum quem habebamus et quod nos onerabat de dando ipsum ecclesiae. Item dicit quad nunquam sanavit quamcumque
personam de aliquo anulorum suorum. (Procès, p. 86-87).
L’ANNEAU DE SAINTE JEANNE DE RETOUR EN FRANCE
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— Je ne le sais pas bien exactement ; s’il est d’or, il n’est pas d’or fin ; je ne
sais si c’est or ou laiton ; je pense qu’il doit y avoir trois croix, et pas d’autre
signe que JHESUS, MARIA.
— Pourquoi vous plaisiez-vous à regarder cet anneau, quand
vous alliez à la guerre ?
— Par plaisance et par honneur pour mon père et pour ma mère, et parce
qu’ayant cet anneau en ma main et à mon doigt, j’ai touché sainte Catherine
qui m’apparaît.
— A quel endroit avez-vous touché sainte Catherine ?
— Vous n’en aurez pas autre chose.1 »
D’Estivet reproduit tous ces détails, et mêle ces réponses avec
ce que Jeanne avait dit de sa bannière et de son épée de Fierbois ;
il y voit autant de signes superstitieux, et d’instruments de sorcellerie. Jeanne se contente de répondre : « Je m’en rapporte à ce que j’en
ai déjà dit. Dans tout ce que j’ai fait, il n’y avait ni sorcellerie, ni mauvais
artifice.2 »
Les dépositions des témoins de Domrémy nous montreront
que, même avant son départ du lieu natal, Jeannette y était
connue sous le nom de la Pucelle : la « Vierge ». Un souffle, dont
les bons paysans ignoraient l’origine, les avait inclinés à donner à
l’angélique enfant le glorieux surnom que les anges lui donnaient
dans l’intimité. N’est-ce pas pour ratifier cette alliance avec
l’Époux des Vierges, que le père et la mère de la jeune fille lui
1
« Interroguée de l’un de ses agneaulx, où il estoit escript Jesus Maria, de
quelle « matière il estoit, respond : « Elle ne sçait proprement, et s’il est d’or il
n’est pas de « fin or ; et si ne sçait si c’estoit or ou lecton, et pense qu’il y avoit
trois croix, et « non autre signe qu’elle sache, excepté Jésus Maria. » Interroguée pourquoi c’estoit « qu’elle regardoit voulentiers cet anel, quand elle aloit
en fait de guerre, respond « que : « Par plaisance et par l’onneur de son père et
de sa mère, et elle, ayant son « anel en la main et en son doy, a touché à saincte
Catherine qui lui appareist. » Et « interroguée en quelle partie de ladite saincte
Catherine répond : « Vous n’en aurez « autre chose. » (Procès, p. 185.)
2
Et audivit dici ab unâ muliere nominata Johannâ, uxore majoris Alberici,
gallicè du maire Aubery de illâ villa, quae erat ipsias Johannae loquentis matrina, quod ipsa ibi viderat praedictas dominas fatales, sed ipsa loquens nescit an
utrum hoc esset verum vel non. (Procès, p. 67.)
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LA VOIX DES FRANCS CATHOLIQUES N°40
avaient donné l’anneau mystique si cher à son cœur ? Que l’on ne
dise pas qu’ils voulurent la marier. Ce ne fut là qu’un effort de la
dernière heure, pour l’arrêter au seuil d’une carrière trop inouïe,
pour qu’ils pussent croire à sa réalisation. Un chroniqueur, bien à
portée d’être instruit, nous raconte que Jeanne aimait beaucoup à
regarder son anneau. Il lui rappelait sa céleste alliance, la famille
de la terre et du Ciel. N’y a-t-il pas là, matière à un rapprochement avec l’anneau de saint Louis ? Ne sont-ce pas les sentiments
qu’il réveillait dans le coeur du saint roi qui y avait fait graver ces
trois mots : Dieu, France et Marguerite.
Tome IV, pp. 297-298 CHAPITRE VI LA VIERGE-GUERRIÈRE
D’APRÈS LES CHRONIQUES ÉCOSSAISES ET LES DOCUMENTS
D’AUTRES NATIONS :
Bower reprit le travail, et conduisit le Scoto-Chronicon jusqu’à
l’année 1436.1
Voici comment il parle de la Libératrice au sujet des affaires de
France :
« Vers ce temps, vint de Lorraine une Vierge toute jeune qui se
disait envoyée par le Très-Haut, pour repousser et rendre impuissantes les prétentions des Anglais. Le roi ayant mis sous sa
conduite deux mille hommes d’armes, elle vint à Orléans avec un
convoi de vivres, après avoir envoyé devant elle un héraut porteur
d’une lettre, par laquelle elle ordonnait aux assiégeants, de la part
de Dieu, de quitter Orléans et la France, sous peine, s’ils désobéissaient, d’avoir à encourir de terribles châtiments. Le message
fut non avenu, et le messager accueilli avec tant de mépris qu’on
ne daigna pas lui donner une réponse à rapporter. La jeune fille,
qui marchait toujours vêtue en guerrier, introduisit les vivres par
bateau, conquit des bastilles, tua Glacidas avec plus de six cents
de ses hommes, entra dans la ville, et en réconforta heureusement
les habitants. Elle vint ensuite à Tours, auprès du roi, réunit de
plus grandes forces, regagna Orléans avec le duc d’Alençon et le
Connétable de France, et fit lever le siège.
1
Tiré de la préface de l’édition d’Edimbourg, 1759, 2 vol in-f°.
L’ANNEAU DE SAINTE JEANNE DE RETOUR EN FRANCE
51
« Les Anglais se retirèrent dans la place de Meung-sur-Loire.
La Pucelle les poursuivit, et leur livra bataille en rase campagne ;
trois mille Anglais y trouvèrent la mort ; il n’y périt que vingt
hommes parmi les Français et les Écossais ; les sires de Talbot et
de Scales y furent pris. La Pucelle, allant de l’avant, assiégea Jargeau et l’emporta par assaut. Le comte de Suffolk y fut fait prisonnier avec deux de ses frères.1 A la suite de ces victoires, le roi,
sur le conseil de la Pucelle, vint à Reims en Champagne ; il y fut
couronné et sacré avec le chrême de l’ampoule apportée par un
Ange à Charles le Grand2. Un Écossais, Jean Kirkmichael. était
alors en qualité d’évêque à la tête de l’Église d’Orléans. « La Pucelle mit une garnison à Reims, vint à Senlis qui lui fit soumission,
et ensuite à Saint-Denys qui lui ouvrit spontanément ses portes.
Laissant le roi à Saint-Denys, la Pucelle vint avec dix mille hommes de Saint-Denys à Paris, et elle donna l’assaut à la ville, beaucoup d’hommes d’armes de l’armée du roi y périrent frappés par
les projectiles lancés par les frondes, les arbalètes, les pierriers,
atteints par les flèches. La Pucelle elle-même eut les deux cuisses
transpercées d’un garrot.
« À cette vue le roi se retira à Orléans, et la Pucelle à Valois,
d’où, après guérison, elle se transporta à Compiègne. Là, guettée
et prise par les Anglais et les Bourguignons, elle fut transférée à
Rouen, où par sentence du seigneur Jean, le Régent, mise en niche3, elle fut réduite en cendres.
C’est qu’elle fut pour le royaume de France la source de biens
nombreux, tandis que, durant quelque temps, elle fut la terreur
des Anglais. Quel esprit lui a fait entreprendre ce qui vient d’être
dit, celui-là le sait auquel rien n’est caché. Elle portait à l’index
de la main gauche un anneau qu’elle avait coutume de re-
1
Encore que cet abrégé des exploits de la Pucelle soit substantiellement vrai,
l’ordre des événements y est interverti, et la manière dont ils se sont accomplis,
altérée.
2 L’hisorien écossais faiy ici une erreur, il s’agit de l’évêque saint Remi.
3
Dolio inclura. Les bûchers étaient construits en forme circulaire; de métaphore de Walter Bower, dolio inclusa, enfermée dans le tonneau.
52
LA VOIX DES FRANCS CATHOLIQUES N°40
garder continuellement, ainsi que je le tiens d’un témoin des
faits racontés. »
Dans le XXème article du réquisitoire contre Sainte Jeanne
d’Arc, il est fait mention de son anneau, au même titre que son
étendard :
Tome V, La Martyre, p.321 :
Art. XX : « La même Jeanne a attaché un sort à son anneau, à son étendard, à certaines pièces de toile et aux panonceaux, qu’elle avait coutume de porter et de faire porter
par les siens, tout comme à l’épée qu’elle prétend avoir trouvée
par révélation, à Sainte-Catherine de Fierbois. Elle a pratiqué sur
ces objets de nombreuses exécrations, conjurations, en plusieurs
et divers lieux, assurant publiquement que c’était le moyen de
faire de grandes choses, et de remporter la victoire sur les ennemis. Elle prétendait que ses gens, dès qu’ils avaient de pareils panonceaux, n’avaient à craindre aucun malheur dans leurs attaques
et leurs combats, et qu’il ne pouvait leur arriver aucune infortune.
C’est ce qu’elle a ouvertement et publiquement annoncé à Compiègne, la veille du jour où, à la tête de son armée, elle sortit
contre le seigneur duc de Bourgogne, sortie dans laquelle il y eut
de nombreux blessés, de nombreux morts et prisonniers, et dans
laquelle elle-même fut prise et appréhendée. Elle avait publié et
fait publier la même chose à Saint-Denys, en excitant l’armée à
l’assaut de Paris.
Jeanne : « Je m’en rapporte à ce que j’ai dit sur ces divers
points, et j’ajoute : dans quelque chose que j’ai faite, la sorcellerie,
ni aucun art criminel, n’ont eu la moindre part. Quant au bonheur
de mon étendard, ce bonheur doit être rapporté au bonheur que
Notre-Seigneur y a envoyé.1 »
1
Quoad vicesimum, se refert ad ea quæ super hoc respondit. Et ulterius addit :
que de chose qu’elle ait fait, it n’y avoit ne sorcerie, ne autre mauvès art. Et du
boneur de son estaindart dit que de l’eur, s’en rapporte à l’eur que Nostre
Seigneur y a envoyé. » (Ibid., p. 237.)
L’ANNEAU DE SAINTE JEANNE DE RETOUR EN FRANCE
L’anneau de Sainte Jeanne d’Arc
53
54
LA VOIX DES FRANCS CATHOLIQUES N°40
Reprenons le point clé :
L’Express citant Olivier
Bouzy :
Il y a une contradiction
majeure entre l’anneau
vendu et la description faite
de la relique par Jeanne
d’Arc elle-même", considère-t-il. "Elle décrit un anneau en cuivre alors que
celui qui a été vendu est en
argent"
Le document historique :
Le 17 mars : « Cet anneau
sur lequel était écrit Jhesus,
Maria, de quelle matière
était-il ?
— Je ne le sais pas bien
exactement ; s’il est d’or, il
n’est pas d’or fin ; je ne sais
si c’est or ou laiton ; je pense
qu’il doit y avoir trois croix,
et pas d’autre signe que
JHESUS, MARIA.
Or, selon les éléments officiels apportés par le Puy du Fou,
cette bague est surtout faite d’argent (et d’un peu de cuivre), mais
surtout, elle était plaquée or. Cela correspond parfaitement à la
description faite par Sainte Jeanne, car précisons pour le lecteur
que le laiton est un alliage (cuivre et zinc) qui à la base ressemble
à l’or, mais avec l’usure du temps prend la couleur argent. Il n’y a
donc pas de contradiction majeure, comme le prétendent
L’Express et France Info.
Il est curieux qu’Olivier Bouzy, présenté comme le grand spécialiste de Jeanne d’Arc fasse une telle erreur ! Jeanne ne décrit
aucunement un anneau en cuivre. Est-ce une erreur de M. Bouzy
ou une mauvaise interprétation des médias trop heureux de trouver une contradiction pour mettre en doute l’authenticité de
l’anneau, qu’ils redoutent de par ce qu’il représente ?
Voici le témoignage de Philippe de Villiers interrogé le 4 mars
sur Boulevard Voltaire : « Pendant tout le procès, on interroge
Jeanne d’Arc pour savoir d’où vient cet anneau et à quoi il correspond. Cet anneau, répond-elle, lui a été donné à l’occasion de
sa première communion par son père et sa mère. C’est un petit
anneau en laiton sur lequel sont inscrits les noms de Jésus et Marie. Elle le porte par plaisance et pour l’honneur de sa famille, je la
L’ANNEAU DE SAINTE JEANNE DE RETOUR EN FRANCE
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cite. Elle dit un moment qu’il a touché sainte Catherine lors de
ses apparitions, qu’elle le regardait avant chaque bataille, et que
dès qu’elle traversait une ville, les pauvres venaient chercher auprès de cet anneau quelques consolations. »
Le site Aleteia.org ose prétendre que :
« Aucune des données que présente Philippe de Villiers ne figure
dans les textes du procès »
Et d’ajouter :
Des affirmations qui laissent dubitative Marie-Véronique Clin, historienne spécialiste de Jeanne d’Arc et élève de Régine Pernoud. La
doctorante de troisième cycle sur les sources de l’histoire de la Pucelle et ancienne directrice du Centre Jeanne d’Arc à Orléans, affirme que l’anneau en question n’est presque mentionné nulle part
dans les textes du procès. « J’ai parcouru les minutes du procès, les
interrogatoires publics comme secrets. Aucune des données que
présente Philippe de Villiers n’y figure, seul apparaît le fait qu’elle le
baisait en l’honneur de son père et de sa mère. Dans le reste du
procès on n’en parle pas », conclut l’historienne.
Encore une « spécialiste » qui contredit la vérité. Nous avons
cité plus haut les textes du procès tirés de l’œuvre du père Ayroles
où Jeanne décrit son anneau et tous les détails que donne M. de
Villiers. Revoyez votre copie Mme Clin !
Face à ces « doutes » de la caste médiatique, la fondation vendéenne a fait expertiser l’anneau par trois professionnels qualifiés
en orfèvrerie médiévale. Voici ce qu’en disent les rapports :
Premier enseignement : c’est bien un anneau du XVe siècle. Réalisée
en décembre 2015 par le laboratoire Oxford X-ray Fluorescence
Ltd, une analyse indiquait déjà que son métal était « cohérent avec
[leur] base de données des objets d’art en argent du XVème siècle ». Ayant étudié sa forme et ses gravures, Anne-Sophie Aimé,
Bijoutière Joaillière, est catégorique: « De par son apparence et les
moyens de fabrication utilisés, nous avons une bague correspondant parfaitement à la typologie des bagues du XVème siècle. »
Son confrère Louis-Guillaume Piéchaud, expert en orfèvrerie,
56
LA VOIX DES FRANCS CATHOLIQUES N°40
confirme: « Il ne fait nul doute qu’il s’agit là d’un travail pouvant
être daté du XVème siècle. »
Deuxième information: la nature de l’alliage et les lettres inscrites
corroborent la description effectuée par Jeanne d’Arc dans les
minutes du procès de Rouen (21 février-30 mai 1431): « Je ne sais
proprement. S’il est d’or, il n’est pas de fin or. Je ne sais si c’était
or ou laiton. Je pense qu’il y avait trois croix et non autre signe
que je sache, excepté « JHESUS MARIA ». » Des examens approfondis font effectivement apparaître des « traces de métal jaune »
en plusieurs endroits. Ce qui fait dire à Anne-Sophie Aimé:
« Nous sommes en présence d’une bague en argent plaqué or, soit
du vermeil. » Selon Vanessa Soupault, expert en bijoux anciens et
modernes, Docteur en Histoire de l’Art et Archéologie, « les inscriptions portées sur l’anneau (IHS d’un côté et MAR de l’autre)
semblent correspondre à celles indiquées dans les minutes du
procès. »
Ils nous agacent ces soi-disant « spécialistes » officiels, qui
ignorent et ne citent jamais l’œuvre du père Ayroles vrai spécialiste retenu par Rome à l’occasion de la canonisation de Sainte
Jeanne d’Arc. Mais ils veulent l’évacuer, car le père Ayroles,
mieux que tous les autres auteurs, a su mettre en avant à sa juste
place, tout l’aspect surnaturel et miraculeux de la Sainte. Cette vie
baignée de surnaturel, témoigne de sa mission qui était de proclamer Jésus-Christ Vrai Roy de France. Cela déplait fortement à
ces républicains démocrates qui chantent en veux-tu en voilà :
« qu’un sang impur abreuve nos sillons ! »
La première parole de Jeanne à Charles dans leur premier entretien à Chinon avait été : « Gentil Dauphin, j’ai nom Jeanne la
Pucelle, et vous mande le Roi des Cieux par moi, que vous serez
sacré et couronné dans la ville de Reims et vous serez Lieutenant
du Roi des Cieux, qui est Roi de France ».
Pour terminer, il nous plaît de considérer que c’est en cette
année 2016, jubilé de Notre-Dame du Puy qui est Notre-Dame
de France, que l’anneau de Sainte Jeanne d’Arc, la vierge guerrière
L’ANNEAU DE SAINTE JEANNE DE RETOUR EN FRANCE
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de Notre-Dame, revient en France, au Puy du Fou, où M. de Villiers s’efforce de redonner aux français l’amour et la fierté de
l’histoire de France, que les mondialistes judéo-talmudistes veulent faire disparaître. Serait-ce un signe de la Providence ? Le
commencement de la Mission Posthume de Sainte Jeanne d’Arc ?
Bruno Saglio
LA MISSION POSTHUME DE SAINTE JEANNE D’ARC
et le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ
par Mgr Henri DELASSUS
édition entièrement recomposée, 416 p., 26 €
Le règne social du Christ Roi de France à travers l’Histoire depuis les origines
jusqu’à Jeanne d’Arc. Son rôle providentiel et sa mission future pour le rétablissement du règne de Jésus Christ par la France. Indispensable pour bien
connaître l’histoire de France.